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macron - Page 40

  • Les snipers de la semaine... (176)

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    Au sommaire :

    -sur Vu du droit, Mathieu Morel rafale Macron,"pitre arrogant, mégalomane, narcissique et infantile"...

    Emmanuel Macron en mode Charles VI le roi fou ?

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    - sur Lundi matin, Alain Brossat dézingue le mépris de classe du Monde pour le mouvement des Gilets jaunes...

    De la violence médiatique

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  • Violences policières : la revanche des faibles...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli sur Antipresse et consacré à la question des violences policières face au mouvement des Gilets jaunes.

    Auteur de plusieurs essais essentiels comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) ou De l'extermination (Thaël, 1993 puis Xénia, 2013) Eric Werner vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

     

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    Violences policières : la revanche des faibles

    De plus en plus on se rend compte que les gouvernants européens ont tendance à traiter leurs propres populations comme autrefois les anciennes métropoles coloniales, à ce qui se dit aujourd’hui, traitaient les peuples colonisés. Ce retournement endocolonial vient de trouver son illustration dans les récents débordements policiers en France, qui ont surpris tout le monde par leur ampleur. Mais peut-être ne faut-il y voir qu’une élucubration complotiste.

    On dit volontiers que l’État est le détenteur de la violence physique légitime. Mais on s’accorde en même temps à dire que lorsque l’État en vient à recourir à la violence, ce n’est jamais très bon signe : très bon signe pour lui. Car il montre ainsi qu’il n’arrive pas autrement à se faire obéir. En d’autres termes, qu’il est très faible.

    Qui plus est, le recours à la violence contribue à l’affaiblir davantage encore. Hannah Arendt a écrit de très belles pages à ce sujet (1). Le recours à la violence est peut-être payant à court terme, mais si l’on prend en compte ses effets à moyen ou long terme, l’État a plutôt intérêt à s’en abstenir.

    C’est à tout cela que l’on pense en voyant le déchaînement actuel de la violence policière en France. Il n’en est bien sûr que très peu question dans les chaînes d’information officielles. Pour s’en faire une idée un peu précise, il faut aller sur l’internet (2), et en particulier consulter certains sites spécialisés (ceux-là mêmes sur lesquels les chaînes en question ne cessent, en permanence, de déverser leur venin, au motif qu’ils diffuseraient de « fausses nouvelles » : belle actualisation, n’est-ce pas, de la parabole de la paille et de la poutre).

    D’abord quelques chiffres. On apprend ainsi qu’entre le 17 novembre et le 6 janvier, près de 2000 personnes ont été blessées par les forces de l’ordre en France. Parmi elles, au moins 93 blessés graves. Certaines, 13 au total, ont été éborgnées, d’autres encore défigurées ou ont perdu un membre. Beaucoup de ces blessures sont dues à l’utilisation d’armes comme les lanceurs de balles de défense (LBD) : arme qui n’est utilisée par aucune autre police européenne.

    Il semble également que des grenades offensives aient été utilisées pour l’occasion, alors même, on s’en souvient, que cette arme avait causé il y a cinq ans la mort d’un militant écologiste lors d’une manifestation à Sivens.

    Toujours au cours de la même période, pas moins de 5339 personnes ont été placées en garde à vue, certaines, comme le montrent des vidéos, après avoir été plaquées au sol et menottées dans le dos. Plus de 400 l’avaient déjà été le 17 novembre, premier jour de mobilisation des gilets jaunes. Ces personnes étaient pour la plupart des manifestants pacifiques ou même de simples passants. Notons à ce propos que les forces de l’ordre recourent volontiers en France à la stratégie de l’encerclement, ce qui leur permet de maximiser le nombre des arrestations. En bon français, cela s’appelle une rafle.

    On signale également le cas d’un gilet jaune arrêté chez lui en pleine nuit par des policiers du RAID, après que ces derniers eurent défoncé sa porte. Rappelons que le RAID est un service de police spécialisé dans la lutte contre le terrorisme. Jusqu’à preuve du contraire, les manifestations de gilets jaunes n’ont rien à voir avec le terrorisme.

    Voilà donc ce qu’on apprend sur les sites susmentionnés. On comprend mieux à partir de là la hargne des chaînes officielles à leur endroit, en même temps que l’intention souvent prêtée aux dirigeants français actuels de les interdire purement et simplement, au risque de se voir accuser, à tort bien sûr, de vouloir instaurer en France un régime orwellien, avec contrôle total de l’information. Encore une élucubration complotiste.

    La violence policière est en France une constante historique. On pense ici bien sûr à la Commune de 1871, et en remontant plus haut encore dans le temps aux journées de juin 1848. De la répression sanglante de juin 1848, un historien disait il y a une vingtaine d’années qu’elle avait « influé sur l’évolution de la société française jusque sous la Ve République, non pas en dépit mais à cause de son refoulement, qui a empêché qu’elle ait été repensée théoriquement » (3). On pourrait également évoquer dans ce contexte la période 40-45 (elle aussi refoulée), mais aussi les guerres coloniales du XXe siècle, guerres, selon certains auteurs, qui ont directement inspiré la doctrine française actuelle en matière de maintien de l’ordre (4). Les mêmes méthodes que celles autrefois utilisées contre les anciennes populations colonisées le seraient donc aujourd’hui contre les citoyens français eux-mêmes.

    Ce qu’il y a de dangereux dans la situation présente, ce n’est pas seulement que beaucoup de choses, effectivement, dorment dans l’inconscient collectif : elles y dorment donc, et donc également sont prêtes, en toute occasion, à refaire surface. Les LBD, ou le retour du refoulé. Parallèlement aussi, on pourrait évoquer certaines attitudes et comportements, attitudes et comportements qui ne sont pas sans lien avec le racisme social aisément repérable chez nombre de représentants de la classe possédante au XIXe siècle. Car, on le sait, la haine de classe fonctionne dans les deux sens. Les dérapages à répétition du président Macron dans ce domaine le montrent bien. On les interprète volontiers comme des provocations, mais peut-être faudrait-il y voir surtout des lapsus, lapsus lui échappant sans qu’il y fasse trop attention. En cela même, d’ailleurs, d’autant plus significatifs.

    Ainsi, le 27 juin 2017, peu de temps donc après son intronisation, ne déclarait-il pas : « Une gare c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». C’est moins, il est vrai, ici la haine que le mépris qui est ici en cause. Ce représentant choisi de la suprasociété dit ici ouvertement ce qu’il pense de certains de ses concitoyens : ils ne sont rien. Or il n’est de loin pas seul à le penser. Voyez par exemple comment les médias mainstream, sous couvert de défense de la société ouverte et de lutte contre ses ennemis, se permettent de parler des partis dits « populistes » et de leurs électeurs. On ne peut même plus ici parler de partialité. Les insultes coulent à jets continus. Les « populistes » écoutent, la plupart encaissent, mais certains non : ils n’encaissent pas. Il ne faut pas s’étonner ensuite s’ils entrent en insurrection.

    La IIe République française, responsable des massacres de l’été 48, était un régime faible, passablement brinquebalant même. Quatre ans plus tard il cédera la place au Second Empire. Ceci explique sans doute cela. En 1871, rebelote. La France venait de perdre une guerre, celle qu’elle avait elle-même déclenchée contre la Prusse. Le régime issu de cette défaite, une autre république, avait donc une revanche à prendre : revanche qu’elle prit sur sa propre population. Ce fut la « semaine sanglante » : 20’000 prisonniers passés par les armes. A défaut d’être capables de défendre le pays contre l’ennemi extérieur, les pouvoirs en place, en France, sont volontiers tentés de se refaire une santé aux dépens de l’ennemi intérieur : les gens qui ne sont « rien ». Chacun mesure aujourd’hui le zèle que met le président Macron à défendre les frontières de la France et son autonomie dans tous les domaines.

    Eric Werner (Antipresse n°164, 20 janvier 2019)

     

    NOTES
    1. Cf. en particulier les textes réunis sous le titre : Du mensonge à la violence, Calmann-Lévy, coll. Pocket, 2012.

    2. Cf. l’entretien d’Aude Lancelin avec David Dufresne, Le Média, 7 janvier 2019.

    3. Dolf Œhler, Le spleen contre l’oubli. Juin 1848, Payot, 1996, p. 28.

    4. Cf. Mathieu Rigouste, La domination policière, Une violence industrielle, La fabrique, 2016. En 1951 déjà, dans la première partie de The Origins of totalitarianism, Hannah Arendt avait relevé cet effet boomerang du colonialisme. Paul Virilio reprendra plus tard cette thématique dans L’Insécurité du territoire (1993).

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  • Feu sur la désinformation... (218)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : Les médias ouvrent enfin les yeux sur ceux qui les perdent
      Après plusieurs semaines de silence gêné sur les violences policières, les médias ont enfin décidé d’évoquer le sujet. Gageons qu’ils n’auraient pas attendu autant s’il s’était agi de Poutine, d’Orban ou même de Marine Le Pen.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Sur BFM TV, Jean-Michel Apathie et Apolline de Malherbe se questionnent sur la défiance des Gilets Jaunes à l’encontre des médias. Pendant ce temps-là, le CSA s’inquiètent de l’influence de Russia Today.

    • 3: Lettre et le néant
      Empêtré dans ce que les communicants appellent pudiquement une « séquence compliquée », Emmanuel Macron a réagi en 2 temps. Et les journalistes ont été conquis.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Le CSA s’inquiète du manque de diversité ethnique dans les médias français. Toujours aucune inquiétude en ce qui concerne la diversité d’opinion.

    • 5 : Eurovision : médias en pâmoison
      Le grand favori pour représenter la France à l’Eurovision en 2019 s’appelle Bilal Hassani, un youtubeur homosexuel d’origine maghrébine. Évidemment, les médias adorent !

     

                               

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  • Les assassins de l’Europe et leur arme de destruction massive...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Plouvier, cueilli sur EuroLibertés et consacré à la menace vitale que font peser sur l'Europe les politiques migratoires délirantes menées par les dirigeants européens depuis plusieurs années.

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    Les assassins de l’Europe et leur arme de destruction massive

    Comme chacun sait qu’un assassinat est un meurtre commis avec préméditation.

    Le Pacte de Marrakech, approuvé par un pape et des prélats catholiques délirants, par Angela Merkel qui reste en place bien qu’elle ait été désavouée par ses électeurs, par Grand Président Macron qui est sur une sellette éjectable, ne fait que reprendre, en l’étendant, le génocide initié en 1976 par Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac, qui, rattrapés par la sénilité, mourront impunis pour leur décret 76-383 du 29 avril, paru au Journal Officiel de la République le 2 mai 1976.

    Quel dommage de ne pouvoir croire raisonnablement en un Enfer ! On aimerait que ces êtres, vendus stricto sensu à la Finance anonyme et vagabonde – il n’est pas besoin de cultiver la fleur royaliste en France pour adopter cette phrase prononcée par un prétendant au trône il y a près de 120 années –, subissent des tourments jusqu’à la fin des temps.

    Une autre fin est programmée, celle des Nations européennes, amenant inévitablement leur remplacement par les migrants massivement importés… sauf réaction puissante des Européens, encore majoritaires sur un continent qui n’appartient qu’à eux.

    Rien qu’en France, en additionnant aux adultes les rejetons nés sur le sol réputé français et devenus citoyens « par droit du sol », on compte environ 15 millions de sujets d’origine africaine. On sait que dans de nombreuses régions, plus du tiers des naissances sont à risque de drépanocytose, soit un marqueur génétique d’origine africaine.

    En Allemagne, on sait que depuis 2015, la folle chancelière a importé 50 % d’illettrés – il n’existe pas de statistique disponible de ce type dans la très démocratique République française. En revanche, l’INSEE nous apprend que chez les « immigrés de première génération », le taux de chômage des sujets en âge et en état de travailler est de 35 %… on a importé des masses sans qualification autre que l’intense désir de participer à la féérie de consommation qui est le fondement de l’économie actuelle.

    Consommer sans Produire ou sans avoir produit, c’est aussi le slogan des immigrés âgés importés inutilement et auxquels l’État français offre une retraite… parfaitement illégale, puisque non ouverte par des cotisations antérieures. Que ceux des retraités français autochtones qui ont travaillé et cotisé 41 années pour gagner à peine de quoi survivre soient heureux : leurs cotisations servent à payer des retraites aux vieillards importés !

    Lorsque, durant les années 1980-2000, des toqué(e)s écrivaient qu’il fallait importer des immigrés pour « payer les retraites », ils ou elles (sans compter les personnes de sexe-genre à géométrie variable) ne croyaient pas si bien dire : on a importé un tiers de chômeurs et un nombre imprécis, mais fort grand si l’on en croit les statistiques allemandes et scandinaves, de populations inutilisables.

    Il est évident qu’il existe, au sein de la très composite immigration, des techniciens, voire des savants, mais cette élite africaine ou moyen-orientale devrait retourner dans son continent ou son sous-continent d’origine, pour l’amener au même degré de civilisation que les Européens ont haussé l’Occident.

    Le gouffre financier de la Sécurité sociale a pleinement bénéficié de l’immigration : on soigne – pour quelques milliards d’euros de plus – toutes les familles importées, dont certaines utilisent abusivement de façon collective une seule carte individuelle d’accès aux soins. Et l’on soigne bien évidemment aussi les clandestins dits « sans papier », sans existence légale, mais néanmoins pourvus d’allocations spécifiques et de droits.

    Car l’on a inventé un droit des clandestins, un droit des illégaux ! Nos politicards ignorent jusqu’à la sémantique, mais ils sont servis par une armée de juristes oubliant sur commande les fondements du Droit… en quelle que sorte des parjures.

    La réaction nécessaire des Européens est à l’évidence double. D’abord et de façon urgente, il leur incombe de se révolter et de chasser les guignols irresponsables et corrompus qui ont trompé leurs électorats et qui ruinent le continent pour le seul profit des financiers cosmopolites, des producteurs exotiques et des distributeurs, en principe européens. Ensuite, il faut stimuler la natalité autochtone en combattant le féminisme délirant des folles du « droit à la non-grossesse ».

    Les Nations européennes menacées dans leur survie n’ont pas besoin de ringards de la politique atteints par la limite d’âge, ni même de « penseurs ». Elles ont besoin d’hommes d’action qui sont prêts à se battre pour assurer l’avenir de leur peuple et le dynamisme de leur patrie. Elles ont besoin de femmes décidées à mettre au monde de véritables enfants d’Europe.

    Bernard Plouvier (EuroLibertés, 15 janvier 2019)

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  • Voyage au bout des ruines libérales-libertaires...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux publient aujourd'hui un pamphlet de Matthieu Baumier intitulé Voyage au bout des ruines libérales-libertaires. Écrivain, Matthieu Baumier a déjà publié un essai intitulé La démocratie totalitaire (Presses de la Renaissance, 2007).

     

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    " « La “Mondialisation”, c’est en effet cela : la victoire, ou plutôt la croyance en la victoire du monde maritime contre le monde terrestre, de la mer contre la terre. De la société “ouverte” et “liquide”, comme une poignée de main macronienne, sur le réel enraciné. Les hommes liquides s’appellent entre eux “élites mondialisées”, comme pour avouer innocemment le caractère sectaire de leur conception  du monde – cette même conception qu’il s’est agi de nous imposer. Mais... chers amis, nous n’en voulons pas de votre conception du monde, que pensiez-vous ? Nous sommes le Peuple, voilà tout. Ceux qui ne sont rien, de votre point de vue. »

    Un pamphlet qui ne mâche pas ses mots. Où l’on découvre le gouffre abyssal entre les idéaux tout faits, venus d’en haut et la réalité à terre, "notre " réalité de plus en plus pauvre, isolée, moribonde. "

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  • Violence : la compétition symbolique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son blog Huyghe.fr et consacré aux enjeux symbolique que recèle la question de la violence dans la révolte des Gilets jaunes... Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

     

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    Qui a dit guerre civile ? (3) - Violence : la compétition symbolique

    Après les déclarations de Luc Ferry (1) (Et alors ? Écoutez franchement, quand on voit des types qui tabassent à coups de pied un malheureux policier qui est par terre. Qu’ils se servent de leurs armes une bonne fois… On a la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ces saloperies), après des appels à la dénonciation (Madeleine Schiappa contre les gens qui contribuent à la cagnotte dite «du boxeur» que l’on devrait inculper comme complices, Aurore Bergé indiquant qu'elle allait signaler à la justice les propos de cadres de LFI incitant à la violence), après que l’on ait invoqué l’ultra-sécurité et l’ultra-fichage ultra-préventif contre l’ultra-violence… difficile de ne pas ressentir l’ultra-peur des dirigeants face aux classes dangereuses.

    Ou de ne pas penser à la marquise de Sévigné écrivant en 1675 lors de la répression de la révolte dite « du papier timbré » : On a pris soixante bourgeois ; on commence demain à pendre. Cette province est un bel exemple pour les autres, et surtout de respecter les gouverneurs et les gouvernantes, de ne leur point dire d’injures, et de ne point jeter des pierres dans leur jardin.

    La question de la violence, sur fond de dramatisation et de culpabilisation, est devenue décisive pour au moins deux raisons.

    — Cette violence autour des Gilets jaunes ne ressemble pas à celle des vieilles manifs ou émeutes qui répondaient à un schéma territorial connu. Soit on se bagarrait avec la police ou les soldats dans son quartier, devant son université, son usine etc, éventuellement avec occupation illégale des lieux familiers comme l’atelier, le quartier ou la fac. Soit le peuple, ou ceux qui luttaient en son nom, marchait vers la Bastille, le Palais d’Hiver, etc. pour en finir.
    Or dans les affrontements actuels, on voit bien des «territorialisés» se rassembler près de chez eux, aux carrefours (mais le carrefour n’est pas le lieu où l’on habite mais le lieu où ça circule et où l’on peut ralentir métaphoriquement un processus qui vous broie). Il y a aussi les mobiles pendulaires. Ceux qui, neuf semaines de suite, ont fait un long trajet pour affirmer : 1) nous sommes le peuple, nous allons où nous voulons, devant vos boutiques de luxe ou dans vos ministères. Après tout, c’est le peuple le patron 2) Nous voulons être entendus, nous réunir pour nous sentir bien et faire plus de bruit, nous voulons vous défier et vous dire notre colère en face.

    Car qui dit violence dit humiliation et affirmation, lutte de statut et de territoire, compétition symbolique avec l’autre.

    — Cette violence structure complètement le front idéologique.
    La dimension de surenchère symbolique a enclenché un cycle infernal : pas de manif, elle est interdite - mais nous avons bien le droit…- fachos subversifs - mais vous nous gazez - vous être manipulés par des extrémistes, vous allez monter à Paris pour détruire et pour tuer - mais nous sommes pacifiques, nous sommes tout, nous voulons tout - vous menacez la République - mais c’est nous, la République, et maintenant, nous voulons la démocratie directe - vous êtes d’une violence inouïe, il faut vous répondre par une ultra-fermeté, foule haineuse - ben oui, maintenant, on vous déteste, vous et la presse à votre botte qui fait du deux poids deux mesures - vous attaquez la liberté de la presse qui, par ailleurs, vous invite trop à vous exprimer - mais il y a des violences policières, des yeux crevés, des passages à tabac - de pire en prie vous vous radicalisez et maintenant, vous glorifiez Robin des Boxes, au mépris de la République, alors que nous vous proposons un Grand Débat, etc.

    La question de la violence a été traitée en termes de responsabilité :

    Extrême-droite ? les preuves sont peu concluantes quand on en est réduit à prendre le drapeau picard ou celui de l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste comme indices d’une infiltration brune.
    Extrême-gauche ? Un dimanche aux Champs-Elysées, certainement. Pour le reste, guère En tout cas, pas mille black blocs comme le 1° mai dernier.
    Racaille ? Pilleurs? Il y en eût certainement et qui n’avaient aucune intention politique.
    Mais il est devenu évident, au fil des semaines, que de « vrais » Gilets jaunes réagissaient fortement souvent en se justifiant : vous nous gazez et nous ne sommes pas des délinquants.

    Du coup la représentation de la violence est devenu déterminante dans le discours.
    Impossible de passer sur un plateau de télévision sans se voir poser la question cruciale de la condamnation : vous condamnez bien les violences ? Vous n’allez pas les justifier ? Vous ne niez pas que cette manifestation était interdite ? Et cette violence inouïe ? Vous êtes bien pour les gentils contre les méchants ? Vous n’allez pas relativiser et mettre sur le même plan maintien de l’ordre et insurrection ? Vous n’avez pas de double discours ? Pas de casier, pas d’objet contondant ? Vous êtes sûr que vous êtes sincèrement indigné ? Vous êtes bien contre Hitler, contre Staline et contre la torture des chatons queers de moins de 50 ans ?

    C’est la compétition au plus moralement légaliste pacifique respectueux des valeurs de la République, sans oublier l’inévitable : vous n’avez pas peur que cela favorise les extrémistes ? Mais évidemment, plus le discours joue dans le registre incapacitant (la haine à laquelle il ne faut pas inciter comme facteur explicatif général), plus la réalité obéit à une autre logique. Les forces de l’imaginaire se sont mises en branle : épopée, batailles, résistance (on ne lâchera pas, voire héroïsation (le boxeur du peuple…).

    Une vision de la violence est en train d’émerger qui n’est pas sans rappeler Sorel côté Gilets jaunes : facteur d’unité de classe, productrice de mythes mobilisateurs, grande révélatrice des fronts. En face, le discours macronien contre la chienlit et pour l’ordre semble (s’il faut en croire le dernier sondage IFOP) l’aider à rassembler une partie de la droit bourgeoise souvent fillonienne autour du parti de l’ordre. Cela peut-il tenir jusqu’à l’irruption du tragique dans le conflit (un mort tué de main d’homme d’un côté ou de l’autre par exemple) ?
     
    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 9 janvier 2019)
    Note :
    (1) Par la suite, Luc Ferry a rectifié en précisant qu’il songeait à des armes non létales.
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