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macron - Page 43

  • Feu sur la désinformation... (208)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : Macron. Après le léchage, le lâchage ?
      Clip de propagande critiqué, exagérations sur un retour des années 30, surdité face à la grogne des Français et, dernièrement, propos sur Pétain, les derniers jours du Président de la République ont été très compliqués. Les médias dominants lâchent-ils Emmanuel Macron ?
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Sur le plateau de Touche pas à mon poste, un Gilles Verdez hystérique appelle à censurer totalement Zemmour tandis que Thinkerview, média libertaire de gauche diffusé sur Youtube, donne la parole à Laurent Obertone sur son dernier livre.

    • 3: Malgré l’hystérie médiatique, Donald Trump en position de force
      Défaites pour les uns, victoire pour les autres, la belle performance de Donald Trump pour les élections de mi-mandat ne laisse personne indifférent. Et pendant que les médias mettent en avant les nouveaux visages des minorités démocrates, le Président des Etats-Unis semble bien parti pour être le favori des élections présidentielles de 2020 !
    • 4 : Les tweets de la semaine
      L’entreprise Google s’installera peut-être à Berlin dans l’ancien siège de la Stasi ! Si on en croit Breizh-Info, qui décode à nouveau « Les Décodeurs » du Monde, l’immeuble pourrait bien être partagé par d’autres entités. Les « zouaves » de Paris Match pourraient d’ailleurs également y avoir un bureau.
    • 5 : Violences d’Halloween, les médias en mode mineur
      Ultra-violence durant la nuit d’Halloween. La fameuse « purge » annoncée sur les réseaux sociaux a bien eu lieu. De nombreux Français, dont notamment des policiers, en ont fait les frais. Et si cette « purge » ponctuelle n’était finalement qu’une nuit de violences presque banale parmi d’autres ?

     

                                         

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  • Pavane pour une république (presque) défunte...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de réflexion de Patrice Gueniffey, cueilli sur le blog de Maxime Tandonnet et consacré à la lente agonie de la Ve république... Historien, Patrice Gueniffey est spécialiste de la Révolution et de la période napoléonienne. Il est notamment l'auteur d'un Bonaparte (Gallimard, 2013).

     

    République défunte.jpg

    Pavane pour une république (presque) défunte

    Depuis la Révolution française, toute notre histoire constitutionnelle et politique pourrait être résumée à une quête : celle du gouvernement qu’appelle la société démocratique issue de la Révolution française. Si celle-ci avait en effet inventé un nouveau type de société, elle avait échoué à lui donner un gouvernement.

    Entre parlementarisme (quatre républiques et deux régimes monarchiques et parlementaires) et autoritarisme (deux empires), il aura fallu près de deux siècles pour trouver enfin, en 1958-1962, une solution pas très différente du régime auquel songeaient les hommes de 1789 : qui associe autorité et liberté, exécutif fort et droits du parlement, monarchie et république, la première inscrite dans la fonction présidentielle (qui rappelle à bien des égards la figure du roi de justice), la seconde dans la coopération du gouvernement et du parlement.

    Autrement dit, pour la première fois dans notre histoire moderne, la France possède depuis 1958 un régime politique entouré d’un large consensus – l’unanimité n’est pas de ce monde – qui réunit les deux caractéristiques que le constitutionnaliste anglais Walter Bagehot estimait, dans un traité publié en 1864, The English Constitution, indispensables à tout régime politique, qu’il soit de forme monarchique ou républicaine : la dimension « dignified » et la dimension « efficient », la première incarnée par l’exécutif, la seconde trouvant son expression dans l’action des pouvoirs publics. Et d’ajouter :

    « In such constitutions there are two parts (…) : first, those which excite and preserve the reverence of the population – the dignified parts, if I may so call them ; and next, the efficient parts – those by which it, in fact, works and rules. There are two great objects which every constitution must attain to be successful (…) : every constitution must first gain authority, and then use authority ; it must first win the loyalty and confidence of mankind, and then employ that homage in the work of government. »

    Autant dire qu’un régime politique ne tient pas seulement dans un assemblage plus ou moins ingénieux d’institutions. Il s’explique également, et d’abord, par la pratique des institutions, et par la personnalité ou le comportement de ceux qui gouvernent. La constitution, il est vrai, confère la capacité juridique de vouloir et de décider ; mais en aucun cas elle ne donne la capacité politique de vouloir et de décider.

    Cette dernière dépend avant tout de la confiance, cette relation un peu mystérieuse qui ne se quantifie pas, aussi appelée légitimité, que le suffrage peut bien établir, ou en tout cas attester au moment de l’élection, mais sans garantir qu’elle se maintiendra jusqu’à la prochaine échéance. Si les institutions autorisent à gouverner, la possibilité de gouverner effectivement dépend d’une relation entre gouvernants et gouvernés dont la substance est avant tout morale et se déploie au-delà du cercle tracé par la constitution.

    En d’autres termes, et cela vaut pour tous les régimes politiques, sauf hypothèse d’un système purement tyrannique dont on chercherait en vain un exemple dans l’histoire – même les pires tyrannies ne se sont maintenues qu’autant qu’elles étaient soutenues par une fraction au moins de l’opinion –, s’il ne peut exister de capacité réelle de décider sans confiance, la confiance ne peut exister sans respect ni déférence.

    Les tribulations de la Ve République, et en vérité ce qui ressemble bien à sa chute, en offrent une illustration frappante, et pour une raison évidente : la personnalisation de la fonction présidentielle y renforce l’importance de tout ce qui tient à la personne et au comportement de ceux qui en sont investis.

    Sans prétendre dévoiler un secret qui n’en est plus un, il est évident aujourd’hui que, si la lettre de la Constitution demeure (partiellement, tant le texte a été amendé, au point d’en être défiguré), son esprit a disparu.

    Pour le comprendre, reprenons la distinction établie par Bagehot et demandons-nous jusqu’à quel moment la Ve République a été « efficient ». Il n’est pas exagéré de dire que le tournant s’est produit en 1986, lorsque François Mitterrand, la gauche ayant été battue aux législatives, ne s’est pas démis de ses fonctions et que la droite a accepté, par crainte d’une crise de régime et par un désir irrépressible de revenir aux affaires et de prendre sa revanche sur 1981, de gouverner avec le Président socialiste. En fait, la droite se résignait, en échange d’un pouvoir purement nominal, à ne pas gouverner puisque, même sortie vainqueur des élections, sa légitimité législative pouvait difficilement rivaliser avec celle, présidentielle, d’un chef de l’Etat au surplus décidé à ne pas faire la vie facile au nouveau gouvernement. L’institutionnalisation, au sommet de l’Etat, de la paralysie et de l’impuissance fut le premier résultat de cette cohabitation, contre l’esprit de la Ve République, qui était justement de remédier à l’impuissance qui avait marqué la fin du régime précédent.

    Cette situation, sanctionnée par la défaite de Jacques Chirac en 1988, se reproduisit par deux fois, à intervalles rapprochés, avec les mêmes conséquences, en 1993-1995 d’abord, en 1997-2002 ensuite. La réforme du quinquennat acheva de faire du régime fondé en 1958 l’expression même de la paralysie et de l’impuissance : le Président ne se voyait-il pas pour ainsi dire destitué de la position en surplomb qui lui avait été accordée, transformé en un super-premier ministre, rôle où il perdait encore un peu plus l’apparat propre à la fonction, dépossédé enfin, pratiquement, du recours à la dissolution qui faisait de lui l’arbitre de la vie politique ?

    Le « dignified » ne pouvait survivre longtemps à l’écroulement de « l’efficient ». On peut dire de cette « dignified part » qui suscite le respect et constitue la condition sine qua non de l’action politique qu’elle a subsisté jusqu’à la présidence de Jacques Chirac incluse, en raison d’un facteur purement accidentel : la prestance naturelle du personnage.

    Ce qui veut bien dire que cette « qualité » ne tient pas tant à la somme des pouvoirs réunis dans les mains du Président qu’au respect dont l’investissent les Français, mais qu’il doit ensuite conserver. Or, ce côté « dignified », c’est tout simplement la légitimité qui seule rend possible l’usage politique des prérogatives juridiques prévues par la Constitution. Si la personne de Chirac a permis de prolonger un peu l’apparence du pouvoir gaullien – dont il faut reconnaître qu’il fit encore usage en 2003, en s’opposant à la guerre d’Irak –, en réalité toute « légitimité » avait déjà disparue. Les costumes croisés de Chirac étaient comme un voile qui dissimulait le vide et le néant.

    Dans l’histoire politique française, on a très souvent vu le peuple renverser ses gouvernants, par l’émeute ou par les urnes. Mais, de mémoire d’historien, on n’avait encore jamais vu le gouvernement renverser le peuple : même le 18 brumaire, même le 2 décembre 1851, et même le 10 juillet 1940. Or, c’est ce qui se passa en 2005 à l’occasion du référendum sur le traité établissant une constitution pour l’Europe. Evénement gravissime – qui rappelle ce que Guglielmo Ferrero écrivait dans son essai Pouvoir. Les Génies invisibles de la cité : la base de toute confiance politique réside dans le respect loyal, par les gouvernants, de la constitution qui les oblige. Ferrero admettait une exception, en faveur des « gouvernements qui commencent » et que ne protège aucun consensus majoritaire. Dans le cas de la Ve République, en 2005, il y avait longtemps que le consensus majoritaire était acquis, ce qui ôte au crime toute circonstance atténuante.

    Cette trahison – plus encore, ce véritable coup d’Etat contre la constitution et les principes de notre république – a marqué le divorce définitif entre le peuple et ses élites. D’un côté, des électeurs qui n’attendent plus rien de leurs dirigeants, de l’autre des élites qui se croient désormais déliées de tout devoir envers leurs commettants.

    C’est alors, entre le vote du 29 mai 2005 et la ratification par le Congrès du traité de Lisbonne en février 2008, que la dimension « dignified » de la Constitution s’est défaite.

    En effet, dès lors qu’il est devenu inutile de conquérir et de s’attacher durablement la confiance du pays pour donner une base solide au pouvoir de gouverner, donc de décider, pourquoi se gêner ? D’autant qu’à ce moment où l’ancienne génération politique issue de la guerre et des années 1950 et 1960 finissait de disparaître, on assistait, comme dans tous les secteurs, à une baisse de la qualité du personnel politique, de plus en plus formé au moule des grandes écoles ; de plus en plus issu de l’administration ; de moins en moins instruit ; associant de plus en plus souvent manières vulgaires et intérêts sans intérêt ; sans compter enfin que, venu à la politique dans un temps de paix, son apprentissage s’était identifié plutôt au management ou à la gestion d’affaires prosaïques qu’aux grandes décisions requises dans les temps de troubles et de dangers.

    Forts de la victoire qu’ils avaient remportée en 2005, nos dirigeants ont donc commencé à prendre leurs aises. D’un autre côté, s’ils n’ont plus de raisons de respecter les citoyens dont ils ne tiennent plus leur pouvoir, ceux-ci n’ont plus besoin d’être très regardants sur les qualités de leurs dirigeants, puisque de toute façon ils n’en attendent plus rien, ou en tout cas rien de mieux qu’une suite sans fin de trahisons et de manquements aux règles.

    Vous aurez observé que depuis 2007, et la date n’est pas innocente, le quinquennat se réduit en fait à un mandat présidentiel annuel (et probablement la situation serait-elle la même si l’on avait conservé le septennat, renouvelable ou non). Nicolas Sarkozy, qui pourtant ne manquait ni de talent, ni de volonté, ni de courage, ni d’idées, a été « tué » par de minuscules incidents, mais dotés d’une très forte charge symbolique : la malencontreuse soirée au Fouquet’s, le yacht de Bolloré, le (plutôt touchant d’ailleurs) « Avec Carla, c’est du sérieux », sans oublier, bien sûr, le fameux « Casse-toi, pauv’ con ! ». On n’en finirait pas d’égrener les bourdes, les scènes grotesques et les propos malheureux dont François Hollande se fit une spécialité, et il serait cruel d’égrener tant de fautes que n’équilibre aucun bilan positif, à aucun moment ni dans aucun domaine. On rappellera simplement que si cet homme par ailleurs plutôt sympathique fut méprisé comme aucun autre chef d’Etat avant lui, il le dut à son dialogue plein de sollicitude et d’humanité avec Leonarda. D’un coup, ce qui pouvait lui rester de prestige et même seulement de respect en cet automne 2013 se dissipa comme un rond de fumée. Jamais il ne se remit de cette humiliation infligée aux Français. C’est comme s’il était descendu, entraînant avec lui la France dans l’abjection.

    Episodes minuscules, fautes de comportement, maladresses qu’on pardonnerait à tout un chacun, certainement, et, dira-t-on, que l’on devrait rapporter à leur juste mesure en ne les confondant pas avec les questions vraiment importantes. C’est vrai, mais ces petites choses insignifiantes ont agi sur l’organisme comme la prolifération sournoise de cellules cancéreuses. On songe à Victor Hugo disant de Napoléon III : « Ce n’est pas que nous le haïssons, c’est qu’il nous fait honte ! » Il est des humiliations que le coupable ne peut pas plus réparer que les témoins ne peuvent les oublier. C’est comme si les Français se sentaient  insultés par celui qui a la charge de représenter.

    Certainement notre obsession de la transparence n’arrange rien. On savait bien que de Gaulle ne portait pas toujours dans son cœur le peuple français, mais à l’exception du fameux « Tous des veaux », ils n’étaient pas nombreux à connaître les commentaires peu amènes qu’il faisait à l’endroit des Français : « Qu’ils crèvent ! » était son mot favori. Mais ces propos amers ne franchissaient pas les murs de la Boisserie, et chaque Français n’avait pas encore endossé le costume du valet de chambre qui traque sans répit sur les réseaux sociaux la moindre parole et le moindre geste des puissants. Peut-être est-il aujourd’hui matériellement impossible d’échapper à l’inquisition médiatique et de conserver un respect auquel contribuait notablement l’ombre dont s’enveloppaient ceux qui gouvernent : le secret de la famille cachée de Mitterrand ne fut pas éventé avant sa disparition. Il faut dire que Jean-Edern Hallier, qui menaçait de tout révéler, fut opportunément écrasé alors qu’il circulait à bicyclette.

    Mais il y a autre chose : peut-être la Ve République souffre-t-elle du même syndrome que la monarchie d’Ancien Régime. Louis XIV avait fait du métier de roi quelque chose de presque inaccessible au commun des mortels, qui exigeait du souverain qu’il renonçât à tout bonheur privé et fût roi vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Aucun de ses successeurs, ni Louis XV ni Louis XVI, n’avait réussi, ni même essayé, de se tenir à cette altitude. L’un tenait à ses plaisirs, l’autre au bonheur simple de la vie de famille, et ce qu’ils avaient d’humain, de trop humain, n’avait pas peu contribué à la perte de prestige d’une monarchie dont le Roi-Soleil restait, pour ainsi dire, le mètre-étalon. Le général de Gaulle n’a-t-il pas fait la même chose en fondant le Ve République ? Qui d’autre que lui pouvait, lui succédant, devenir de Gaulle ? Pompidou n’y réussit pas mal, mais il était couvert par l’ombre encore très présente du Général. Giscard d’Estaing ne put s’empêcher de jouer de l’accordéon, d’avoir des accidents avec des actrices, de boire le café avec des éboueurs et d’accepter quelques diamants offerts par des potentats africains. L’air est trop pur à ces altitudes. Comme il n’y eut pas de deuxième Louis XIV, il ne pouvait y avoir de nouveau de Gaulle. Seul François Mitterrand, en cultivant le secret et en s’entourant d’un mur d’apparence, sut endosser le costume taillé pour le chef du Coup d’Etat permanent.

    Emmanuel Macron le montre bien, lui qui, après une si détestable campagne électorale (« Il n’y a pas de culture française ! »), avait su se glisser dans le costume présidentiel avec une aisance déconcertante et qui, le soir de son élection, en impressionna plus d’un. J’avoue avoir alors pensé, comme beaucoup de Français qui n’étaient pas de son camp, que peut-être on avait trouvé l’oiseau rare, celui qui, sans être de Gaulle, possédait assez d’épaisseur et de substance pour enfin réformer ce pays réputé irréformable. Ses apparitions à l’étranger tranchaient avec le débraillé et le comportement toujours un peu ridicule de son prédécesseur.

    Las, ce n’était qu’une illusion d’optique, liée précisément à l’insignifiance du prédécesseur. Au fond, n’importe qui serait apparu comme un prodige après le précédent locataire de l’Elysée. Il aura suffi, après une année dont on ne peut dire qu’il n’en restera rien, d’un été pour que tout s’écroule, et de la même façon qu’après 2007 et 2012. Ce ne sont pas les attaques de l’opposition (qui, dans le cas d’Emmanuel Macron, n’existe pas, sauf sous la forme du Rassemblement national qui est en fait, aujourd’hui, sa meilleure chance de survie politique), qui ont mis un terme prématuré à son quinquennat, mais, une nouvelle fois, d’infimes choses qui touchent à l’essentiel : des petites phrases mal contrôlées prononcées hors des frontières ; un mépris mal caché pour ceux qui l’ont élu – les retraités en particulier – ; un goût juvénile pour l’affrontement et une certaine vulgarité d’époque, dont il y aurait beaucoup à dire.

    Encadrant la mystérieuse affaire Benalla qui, parce que mystérieuse, nourrit fantasmes et soupçons, deux photos qui ont en vérité profondément choqué les Français : la première prise à l’Elysée lors de la fête de la musique, la seconde à Saint-Martin en compagnie de deux personnages douteux à demi-dénudés.

    Il est probable qu’Emmanuel Macron s’est prêté à l’objectif du photographe sans penser à mal. C’est un désir profond des gens arrivés au sommet que de redescendre de temps en temps, et de descendre d’autant plus bas qu’ils sont montés plus haut. On rencontrait les mêmes dans l’aristocratie française à la veille de la Révolution. Il est bien normal que l’aristocratie de l’ENA adopte aujourd’hui les mêmes comportements et se livre, sans honte, à ce que Tom Wolfe appelait d’une expression si parlante, « La nostalgie de la boue », le plaisir de se vautrer, d’épouser l’espace d’un instant le contraire de ce qu’on est. Tom Wolfe en avait donné un exemple dans Le Gauchisme de Park Avenue : le grand chef d’orchestre Leonard Bernstein faisant la roue devant les Black Panthers, le temps d’une réception mondaine.

    Mais laissons là ces considérations sociologiques sur les faiblesses de nos élites technocratiques, qui témoignent surtout de ce qu’en fait, aucun de nos gouvernants ne peut plus monter très haut.

    La constitution protège notre Président, et c’est heureux. Son mandat réel d’un an, désormais expiré, se prolongera encore, nominalement, jusqu’en 2022. Sauf catastrophe bien sûr. Des événements graves pourraient même lui redonner momentanément un peu de lustre, même si les attentats de 2014 et 2015 ont montré qu’il ne fallait pas en escompter un regain durable de crédibilité politique. Surtout, l’absence toute opposition organisée, sauf aux extrêmes, protège non seulement le Président, mais le système tout entier dont la famille Le Pen est le meilleur allié puisque, ne pouvant accéder au pouvoir, elle assure comme une rente aux vieux partis, en dépit du discrédit qui est le leur. Et il est peu probable de voir la gauche et la droite se renouveler et se reconstituer, tant elles ont été laminées par l’absurde système des primaires que ces têtes molles avaient inconsidérément adopté en 2017.

    Dans ces conditions, peut-être, mais nous abordons ici en terre d’Uchronie, verra-ton ce président désormais privé de toute vraie légitimité, abandonné par la confiance et réduit au maigre carré de ses soutiens de départ (moins Gérard Collomb), continuer de gouverner un peu dans l’intérêt de ses amis et beaucoup dans l’intérêt du cahier des charges fixé par Bruxelles, délivré de toute crainte par l’absence d’alternative. Pour rester en Uchronie et en supposant que la droite et la gauche restent plongées dans l’état de coma dépassé qui est le leur, François Hollande ne pourrait-il pas concevoir l’audacieux scénario d’un retour gagnant en 2022, où il apparaîtrait, le temps ayant fait son œuvre, comme une sorte de Jacques Chirac bonnasse et grâce à Dieu mieux portant ? Il y a des époques où il vaut mieux s’amuser de tout.

    Mais revenons à la question centrale : si l’absence de dignité accroît l’inefficacité (l’impuissance politique), l’inefficacité structurelle explique aussi l’indignité et la médiocrité de nos dirigeants (même quand ils se réclament de la pensée de Paul Ricoeur).

    Le déclin de l’efficacité du politique a commencé juste après la mort de De Gaulle, lorsqu’on a commencé d’élargir les compétences du Conseil constitutionnel.

    J’irai vite. Ce « juge », qui n’était là que pour protéger l’exécutif contre les empiètements du législatif, a peu à peu conquis le statut de « juge de la loi », évolution qui exprimait en fait le renversement des relations entre droits individuels et intérêt commun. Le territoire de compétence du Conseil constitutionnel n’a cessé de s’accroître, au point que l’action du gouvernement (et de tous les responsables politiques) est exposée aujourd’hui à la menace permanente d’un veto des juges, et de juges dont chacun sait qu’ils ne sont pas neutres politiquement.

    Les rapports entre démocratie et république (qui ne vont pas forcément ensemble) s’en sont trouvé bouleversés : on est passé d’une république où l’intérêt public l’emportait, le cas échéant, sur les droits individuels, à une démocratie où rien n’est supérieur aux droits des individus.

    Ce qui a conforté cette évolution, contribué à ce véritable renversement hiérarchique entre autorité du politique et pouvoir des juges, et entraîné l’impossibilité pratique de toute vraie action politique qui en découle (le gouvernement administre mais ne gouverne plus), c’est que, depuis la fin des années 1970, le pouvoir est essentiellement et de plus en plus empêché : le « souverain captif » d’André Tardieu, ce n’est plus le peuple, mais l’Etat.

    Si, concernant les relations entre politique et magistrature, nous sommes revenus à la fin de l’Ancien Régime, lorsque les Parlements (qui étaient alors des cours judiciaires auxquelles on avait donné le droit d’enregistrer, donc de rendre applicables les lois) avaient le pouvoir de faire échec aux politiques réformatrices, dans le domaine strictement politique la marge d’action des gouvernements s’est vu réduite comme peau de chagrin : la décentralisation administrative les a désarmés par le bas ; la construction européenne et la fin des monnaies nationales les ont désarmés par le haut (quelle politique peut-on conduire si l’on ne dispose pas de la maîtrise de la monnaie ?) ; enfin, la globalisation économique a réduit leurs possibilités d’intervention en matière industrielle ou commerciale. L’économie échappe aujourd’hui en grande partie au contrôle des Etats, en tout cas de ceux qui ont laissé tomber de leurs mains « le sceptre et la couronne ». Pour ceux-là – et je ne parle ici que de l’Europe occidentale – le territoire de l’action politique a considérablement rétréci.

    On comprend bien que cette déconstruction systématique de l’Etat et la réduction de son champ d’action a eu des conséquences : d’abord le remplacement de l’action politique par les techniques de la « communication », celles-ci ayant pour fonction de couvrir d’un rideau de fumée l’impuissance réelle de nos gouvernements ; et, comme il faut bien faire quelque chose, le déplacement de la décision de l’important vers l’accessoire et l’inutile, autrement dit ce que nous appelons pompeusement les « questions sociétales », ce bric-à-brac où le grotesque côtoie le insignifiant, mais qui, dans la pratique, se traduit par la mise en œuvre et la garantie de droits toujours plus nombreux au bénéfice des individus et, surtout, de prétendues minorités.

    Marcel Gauchet l’avait écrit dès 1980 : « Les droits de l’homme ne sont pas une politique. » Les droits de l’homme, c’est en réalité ce qui reste lorsqu’il n’y a plus de politique.

    Imagine-t-on, en cas d’accident nucléaire, nos malheureux gouvernements envoyer sur le lieu de la catastrophe, pour éviter que les conséquences n’en soient encore pires, 600 000 militaires, ouvriers, techniciens et pompiers, comme l’ont fait les Soviétiques à Tchernobyl en 1986 ? Certes non. Le nucléaire est d’ailleurs une très bonne illustration du passage, en un demi-siècle, de l’efficacité à l’impuissance politique. Dans quel autre domaine trouve-t-on l’exemple d’une politique qui fut l’effet d’une décision ensuite appuyée par la volonté et la détermination de gouvernements qui surent mobiliser les ressources nécessaires pour mener à bien ce projet ? C’est l’un des grands chapitres de l’histoire des IVe et Ve Républiques. Nous le savons, la plupart de nos centrales ont aujourd’hui dépassé la durée pour laquelle elles avaient été conçues. Pour être à la hauteur des initiateurs de cette politique, il faudrait, en procédant à des arbitrages et des choix douloureux en matière budgétaire, lancer un grand programme de rénovation et de remplacement de notre parc nucléaire, étant entendu qu’il n’existe pas aujourd’hui d’alternative sérieuse à ce mode de production de l’énergie. Mais c’est justement que nos gouvernants n’ont plus les moyens, et moins encore le courage, d’aller contre l’opposition d’une poignée d’écologistes brandissant de grands principes moraux qui ont désormais valeur de tables de la loi et qui, pour le savoir, n’avoueront jamais que l’abandon du nucléaire signifie, comme en Allemagne, de renouer avec le charbon. Comme tétanisés, nos gouvernants promettent donc la fin du nucléaire, suffisamment éloignée dans le temps pour être certains de ne pas avoir à assumer les conséquences de cette capitulation, tout en sachant que le vieillissement des centrales en activité n’est pas sans exposer à quelques risques bien plus sérieux.

    Cette situation rappelle fâcheusement la fin de la IVe République, qui ne cessait d’envoyer des renforts sur l’autre rive de la Méditerranée alors même que la majorité des dirigeants ne croyait déjà plus à la possibilité de garder durablement l’Algérie.

    Face aux défis qui ne sont plus devant nous, mais qui sont déjà là – environnementaux, démographiques, migratoires ou tenant à la cohésion de nos sociétés – et qui exigeraient de définir des priorités, de faire des choix et de prendre des décisions certainement déplaisantes, nos gouvernants sont absolument désarmés.

    Les institutions restent debout ; mais il n’y a plus personne pour les habiter. Faut-il croire à un sursaut ? A une initiative forte et mobilisatrice qui permettrait de renouer les liens de confiance qui se sont dénoués ? Comme on sait, la confiance revient difficilement, dès lors qu’elle a été trahie. Les couples le savent bien. Les raccommodements durent le plus souvent ce que durent les illusions. La solution viendra-t-elle de l’extérieur du système, comme en 1800, en 1940, en 1958 ? Nul ne peut le savoir, ni prévoir sous quelle forme. L’avenir est taiseux, il garde son secret.

    Mais peut-être, pour ne pas trop accabler nos dirigeants, est-il nécessaire de rappeler aussi que les citoyens portent leur part de responsabilité dans cette situation. Après tout, si notre république se meurt, ou plutôt se vide de sa substance, c’est aussi qu’il n’y a plus vraiment de républicains. Nous formons assurément une démocratie, et même de plus en plus. Mais une république ? Le démontrer exigerait d’entrer dans quelques considérations détaillées, mais nous pouvons tenir pour acquis que la démocratie est en train de tuer la république, ou que trop de démocratie tue la démocratie. Alexis de Tocqueville en avait fait le sombre pronostic il y a plus d’un siècle : des deux formes de la démocratie, comme égalité sociale et comme liberté politique, la première aurait raison de la seconde. La démocratie comme condition sociale, poussant à l’individualisation toujours plus poussée de nos sociétés, éroderait, jusqu’à les détruire, les idées de bien commun, d’intérêt public, d’amitié sociale, de devoirs envers la collectivité sans lesquelles il ne peut y avoir de citoyenneté, autrement dit de liberté politique, cette liberté politique sans laquelle la démocratie-égalité n’aurait pu s’enraciner. La plante étouffe la racine qui l’a nourrie. Nous en sommes là. La démocratie s’est étendue, depuis la Seconde guerre mondiale, à la plus grande partie de la surface de la terre, et même là où elle ne s’est pas acclimatée, les libertés civiles progressent. Elle est partout, les citoyens nulle part. C’est que le fardeau est trop lourd à porter, et que de moins en moins nombreux sont nos contemporains qui acceptent de sacrifier aux devoirs du citoyen les droits qui n’ont cessé de se multiplier et dont chacun entend jouir pleinement et sans entraves. Une récente étude, publiée au début de 2017 par la revue Journal of Democracy, ne montrait-elle pas que plus on descend l’échelle des âges, moins la démocratie apparaît comme un régime séduisant ? C’est que le lien entre la cause – la liberté – et l’effet – les droits – s’est dénoué. Dès lors, la prédiction la plus plausible qu’on puisse faire consiste à suivre la prémonition de Tocqueville : le gouvernement non-démocratique de la société démocratique des individus, société dans laquelle Homo festivus (si bien anatomisé par Philippe Muray) succédant à Homo politicus, le régime de la simple surveillance destiné à protéger ce grand enfant démocratique contre lui-même, remplacerait le gouvernement de la collectivité par elle-même.

    Nous entrons dans une nouvelle ère, et, en définitive, nous avons les dirigeants que nous méritons. Quid, alors, de l’avenir ? Eh bien, nous verrons, ou nous ne verrons pas.

    En 1820, Joseph de Maistre, lassé d’entendre Louis de Bonald, son vieux complice en contre-révolution, se plaindre de la marche des choses, lui écrivait ceci :

    « Je vois parfaitement ce qui vous choque et vous afflige ; mais j’appelle à mon secours une de mes maximes favorites (…) : L’œil ne voit pas ce qui le touche. Qui sait si vous n’êtes pas dans ce cas, et si l’état déplorable qui vous arrache des larmes est cependant autre chose que l’inévitable nuance qui doit séparer l’état actuel de celui que nous attendons ? Nous verrons ; ou bien nous ne verrons pas, car j’ai soixante ans ainsi que vous, et si le remède est chronique comme la maladie, nous pourrons bien ne pas voir l’effet. »

    Patrice Gueniffey (Blog de Maxime Tandonnet, 21 octobre 2018)

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  • Les snipers de la semaine... (170)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur le blog Mezetulle, André Perrin, auteur de l'excellent Scènes de la vie intellectuelle en France (Toucan, 2016), mouche les magistrats de la Cour de cassation, et quelques commentateurs, à la suite d'une décision de jurisprudence sur le harcèlement particulièrement inquiétante...

    Harcèlement et novlangue

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    - sur Causeur, Slobodan Despot règle son compte à Emmanuel Macron® de belle manière...

    Macron, an II : Jupiter sent le sapin…

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  • Feu sur la désinformation... (203)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé Grandchamp.

     

    Au sommaire :

    • 1 : Macron au pays des doigts de l’homme
      Emmanuel Macron à Saint Martin : opération calinothérapie ratée, une photo fait « polémique », le président a pris la pose avec deux jeunes hommes dont l’un torse nu adresse un doigt d’honneur.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Daniel Morin, humoriste pour France inter, à la pointe du sexisme. le chroniqueur a en effet tranquillement déroulé toute sa chronique ultra sexiste, réduisant sans état d’âme Charlotte d’Ornellas à son seul corps et au désir libidineux que celui-ci pouvait lui inspirer.

    • 3: Histoire d’une nation sur France 2, histoire d’une manipulation
      Histoire d’une nation : le « documentaire évènement » de France 2 revisite l’histoire de France du point de vue immigrationniste. Une histoire qui commencerait en 1870 et où toutes les immigrations se vaudraient..
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Libération s’engageait en février 2017 pour Théo et Adama. Pour ces deux cas, les forces de l’ordre étaient accusés de maltraitance, dans cas deux cas les forces de l’ordre ont été innocentés par les experts.
    • 5 : Le deuil de Patrick Jardin souillé par le journal le monde
      « Un père sur le chemin de la haine », le non-respect signé le Monde. Au lieu de comprendre la douleur d’un homme qui a perdu sa fille lors des attentats du Bataclan, le journal se borne à tracer une ligne à ne pas franchir. 

                              

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  • Education nationale : la fin de la Blanquer-mania ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la politique de Jean-Michel Blanquer à la tête du Ministère de l’Éducation nationale. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    Une couverture de Valeurs Actuelles datant de février 2018...

     

    Claude Meunier-Berthelot annonce la fin de la Blanquer-mania

    Le livre de Claude Meunier-Berthelot, Blanquer, ce monstre froid – Remède de cheval contre la « blanquer-mania »[1], arrive à point nommé au moment où le ministre de l’Education nationale – la bien mal nommée – annonce son intention catastrophique d’encourager l’enseignement de l’arabe à l’école.

    Car Claude Meunier-Berthelot dénonce dans cet essai vigoureux, mais aussi rigoureux, l’escroquerie politique et pédagogique incarnée par Jean Michel Blanquer, le ministre qu’adule une certaine droite qui ne sait pas aller plus loin que les déclarations d’intentions relayées par des médias complaisants.

    Claude Meunier-Berthelot sait de quoi elle parle : elle connaît le Mammouth de l’intérieur et a déjà écrit de nombreuses études dénonçant l’entreprise de déracinement qu’est devenue d’Education nationale, notamment depuis la loi de « refondation de l’école » de 2013.

    L’analyse clinique de la manipulation

    Son essai est de nature clinique : il en a la sèche objectivité, sans fioritures inutiles.

    Point par point, depuis l’école maternelle jusqu’à ParcourSup, en passant par la laïcité, l’autonomie des établissements ou les écoles hors contrat, Claude Meunier-Berthelot met en effet en regard des affirmations ministérielles, la réalité des circulaires, des budgets et du fonctionnement de l’Education Nationale.  C’est plus qu’un essai de 171 pages : c’est à une véritable dissection que l’auteur nous invite, décryptant et démontant chaque composante de l’escroquerie Blanquer.

    Avec un remarquable esprit de synthèse, Claude Meunier-Berthelot démontre le double langage permanent du ministre. Car en digne représentant de la macronie, Jean Michel Blanquer est avant tout passé maître dans l’art de la communication, c’est-à-dire de l’enfumage médiatique de la population. Car il dirige surtout le ministère de la parole.

    Blanquer, le ministre du statu quo

    Claude Meunier-Berthelot nous montre que Jean-Michel Blanquer, homme du Système, ne change rien du tout, sinon dans le mauvais sens. Il ne fait que poursuivre la ligne de ses prédécesseurs dont il constitue un nouveau clone.

    Il ne remet pas en cause, notamment, le cadre dressé par le vieux Plan Langevin Wallon d’inspiration communiste de 1947 et par la loi de refondation de l’école de 2013 élaborée par le socialiste Vincent Peillon, le ministre qui voulait « arracher » l’enfant de toutes ses « servitudes » pour lui inculquer les droits de l’homme.

    L’enfumage médiatique permanent

    La première méthode d’enfumage du ministre consiste à affirmer devant les caméras des orientations qui paraissent souhaitables : par exemple le port de l’uniforme ou la méthode d’enseignement de la lecture.

    Tout le microcosme médiatique, complice, se met alors à gloser sur l’audace ministérielle afin de faire croire que de simples propos correspondraient à une véritable volonté politique et ensuite à une réalité sur le terrain.

    Mais ensuite rien ne se passe : aucun texte, aucun cadrage national, ne vient confirmer les propos du ministre. Et si la rue de Grenelle accouche finalement d’une circulaire, celle-ci remettra les vagues intentions ministérielles dans le droit fil du pédagogiquement correct.

    Claude Meunier-Berthelot montre par exemple dans le détail comment Jean Michel Blanquer a trompé son monde sur la question de la méthode d’apprentissage de la lecture : car la méthode « syllabique » qu’il présente comme une alternative à la méthode « globale » n’est en réalité… qu’un succédané de cette dernière, comme l’illustre l’analyse précise de la circulaire du 26 avril 2018 à laquelle se livre l’auteur.

    Blanquer : le ministre des Autres

    La seconde manipulation, la plus lourde de conséquences, consiste à passer sous silence que l’essentiel des réformes destinées à améliorer la qualité de l’enseignement public annoncées par Jean Michel Blanquer, ne concernent en réalité… que les zones classées REP et REP+[2] ! C’est-à-dire les zones où sont scolarisés en majorité les enfants issus de l’immigration légale ou non, ceux que l’Education Nationale appelle du doux euphémisme : EANA – élèves allophones nouvellement arrivés.

    Conformément au programme présidentiel d’Emmanuel Macron, le ministre Blanquer organise en effet cyniquement une école à deux vitesses, mais bien sûr au nom de l’égalité !

    D’une part une école qui enseigne les savoirs mais avant tout pour les enfants des immigrants et qui vampirise les moyens budgétaires et humains notamment à cause du dédoublement des classes de CP.

    On ferme ainsi des « moyens d’enseignement » – donc des classes – dans la France profonde pour financer de dédoublement des CP dans les banlieues de l’immigration. Car cette école des REP et des REP + bénéficie de toutes les attentions ministérielles et présidentielles. Les banlieues de l’immigration ne sont-elles pas une… chance pour la France ?

    L’enseignement de l’ignorance pour les petits Français

    Et de l’autre côté, l’école des petits français souchiens, devenue une garderie (un lieu de vie) où l’on n’enseigne pas grand-chose car on continue d’y appliquer tous les délires pédagogiques et où l’on met des enseignants à la qualification déclinante[3]: transversalité, interdisciplinarité, « construction » des savoirs par les élèves eux-mêmes par le moyen de « parcours » sont les maîtres mots de cette nouvelle garderie. Mais une garderie où l’on veille surtout à diffuser la doxa bien-pensante, repentante, droit de l’hommiste et LGBT friendly auprès des futurs électeurs….

    Mais cela ne gêne pas l’oligarchie, bien au contraire.

    Car comme le montre Claude Meunier-Berthelot, citant Rousseau, l’ignorance ouvre justement la voie à la sujétion des Européens : « Le pauvre enfant qui ne sait rien, qui ne peut rien , qui ne connaît rien , n’est-il pas à votre merci ? »

    La destruction du savoir c’est-à-dire de la transmission de la culture et de l’identité par l’Education nationale ne résulte pas d’un accident de parcours, mais bien d’une volonté politique : celle qui programme la mise en servitude des autochtones.

    La fin de la Blanquer-mania

    Il faut donc lire le livre de Claude Meunier-Berthelot car il constitue un exemplaire et salutaire exercice de décryptage de l’enfumage macronien, d’autant plus salutaire qu’une partie de l’opinion de droite – généralement ignorante des questions d’éducation – s’est laissée prendre à l’habile communication de Jean-Michel Blanquer.

    Comme la Macron-mania n’est désormais qu’un lointain souvenir quand les sondages montrent que deux Français sur trois désapprouvent l’action et le comportement du président de la république, Claude Meunier-Berthelot nous annonce maintenant la fin de la Blanquer-mania.

    Et c’est une bonne nouvelle.

    Michel Geoffroy (Polémia, 23 septembre 2018)

     

    « Blanquer, ce monstre froid » – Remède de cheval contre la blanquer-mania – Editions des Trianons

    [1] Editions des Trianons  2018, avec une préface de François Billot de LOCHNER ;

    [2]Réseaux d’éducation prioritaire et réseaux d’éducation prioritaire renforcée ; il y en a environ 1200 REP

    [3] « emploi-avenir-professeur », « contrat de service civique » et autre « réserve citoyenne »

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  • Quand Michel Drac analyse l'actualité... (2)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une analyse fouillée et toujours passionnante de l'actualité du mois d'août 2018 réalisée par Michel Drac.

    Penseur non-conformiste, Michel Drac est l'auteur de plusieurs essais, dont  Triangulation - Repères pour des temps incertains (Le Retour aux Sources, 2015) ou, dernièrement, Voir Macron - 8 scénarios pour un quinquennat (Le Retour aux Sources, 2018).  Il est également le fondateur des éditions le Retour aux Sources, qui publient notamment Piero San Giorgio , Dmitry Orlov ou Howard Kunstler.

                               

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