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macron - Page 36

  • Psychologie et méthode du macronisme...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné le 1er mars 2019 par Yannick Jaffré à Xavier Moreau pour Stratpol et consacré au macronisme. Professeur de philosophie et auteur d'un essai intitulé Vladimir Bonaparte Poutine - Essai sur la naissance des républiques (Perspectives libres, 2014), Yannick Jaffré est responsable du blog, Sévèrement français.

     

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  • Les snipers de la semaine... (179)

    Scamarcio in una scena di Romanzo Criminale

     

    Au sommaire cette semaine :

    - sur son blog, Maxime Tandonnet exécute proprement le clip de campagne de La république en Marche...

    « Vous n'avez pas le choix »

    Résultat de recherche d'images pour "clip LREM"

     

    - sur son site, L'Observatoire du journalisme sort la sulfateuse pour faire une petite revue de presse du politiquement corrrect dans les médias au cours du dernier semestre...

     
     
    Quand le politiquement correct s’affiche dans les médias, revue de presse
     
     
    - sur le Point, Jacques Dupont dézingue le gentil lobby hygiéniste...
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  • Pour en finir avec le peuple...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur Huyghe.fr et consacré à la stratégie d'étouffement de la révolte populaire des Gilets jaunes retenue par le pouvoir.

    Spécialiste de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne et est l'auteur de nombreux essais sur le sujet, dont, récemment, La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018). Avec Xavier Desmaison et Damien Liccia, François-Bernard Huyghe vient de publier Dans la tête des Gilets jaunes (VA Press, 2019).

     

    Macron_Complices du pire.jpg

    Pour en finir avec le peuple

    La stratégie macronienne ou, disons, « progressiste » au sens que les élites donnent à ce mot, vis-à-vis des couches populaires est assez simple.

    Depuis le début de l’affaire des Gilets jaunes s’est posée la question des périphériques : ouvriers, artisans, petits patrons, retraités, unis par un même sentiment d’être relégués. Furieux d’être prélevés par l’État providence tout en perdant des services publics, éloignés des flux économiques, sociaux et culturels de la France « ouverte » d’en haut, réduits au statut des sans espoirs (ni leur situation, ni celle de leurs enfants ne s’améliorera) ils se sont révoltés hors des schémas politiques connus. Hors des villes, hors des syndicats, hors des divisions droite-gauche, hors norme, hors d’atteinte des médias traditionnels, hors lois du genre, en tout cas.

    Que faire ? Réprimer et en éborgner quelques uns ? Faire peur (ce qui accessoirement ramène vers vous la droite ennemie du désordre et des couches dangereuses) ? Proposer un grand débat qui va surtout servir à opposer les gentils qui vont discuter comme dans un séminaire d’entreprise et les méchants qui vont aux manifestations et seront complices du pire ?

    Mais la stratégie macroniste fait mieux à partir de trois catégories simples

     »Fasciser le peuple. Il y a de multiples façons de poser l’équation foules égale foules haineuses, égale bête immonde. Peuple égale populiste. Manifestant égale factieux. Populo égale facho.
    - On recherche des traces d’une infiltration d’extrême-droite (quite à inventer des « drapeaux d’ultra-droite »),
    - On trouve des incident homophobes ou racistes sur les ronds-points,
    - On explique que la peste brune va remonter les Champs-Élysées, puis que manifester illégalement c’est attenter aux valeurs de la République donc a) être responsable de toutes les violences et surtout celle que l’on subit 2) être factieux et subversif, donc un ennemi autoritaire de la démocratie
    - On cherche les déclarations les plus délirantes des leaders auto-proclamés les plus excités pour faire l’amalgame avec Dieudonné, le général Boulanger, Salvini
    - Et on gagne le jackpot en tirant la carte antisémitisme : quatre ou cinq salafistes injurient Finkielkraut (plutôt favorable aux Gilets jaunes)et voici que chaque manifestant en acte, en pensée ou en intention est accusé de ne pas s’être désolidarisé assez bruyamment de cette anti-France, donc ne pas la dénoncer assez, donc de l’excuser peut-être, donc d’en être un peu complice, donc d’être animé par une haine antisémite potentielle, donc... reductio ad hitlerum suit.

    Infantiliser le peuple. Regardez : ces gens agissent par ressentiment, parce qu’ils ne comprennent rien aux réalités économiques et géopolitiques, ils sont furieux de leur propre médiocrité, ils ne savent même pas quelles sont leurs propres revendications, c’est n’importe quoi. Et les chefs, vous avez vu les chefs ! En plus ils leurs coupent eux-mêmes la tête ! Démocratie directe et pourquoi pas Noël toutes les semaines ! Des enfants vous dis-je. Et des enfants jaloux : notre président trop beau, trop intelligent, trop moderne leur renvoie une image inversée de leur propre débilité, alors ils sont dans la colère, ces gamins ringards !

    Médicaliser le peuple. Au fond ces gens souffrent de maux imaginaires. Ils sont victimes des théories complotistes. Ils sont noyés de fake news sur les réseaux sociaux (il va d’ailleurs sérieusement demander à nos amis des GAFA de ne plus laisser circuler ces poisons pour l’esprit). Et d’ailleurs ne sont ils pas atteint par des virus mentaux, ceux de la désinformation : les russes, la fachosphère, la mélanchonosphère ? Un beau cas d’intoxication en fait.

    Ce dernier point, la réduction d’une catégorie politique à une métaphore médicale, a un énorme avantage : il permet de ne pas penser l’adversaire, ou du moins celui qui vous critique, comme un opposant politique, qui a des intérêts, des valeurs et des revendications qui diffèrent des vôtre. Il ne peut être qu’atteint en tant qu’individu (et non comme sujet politique-, par une contagion que ce soit celle du faux ou celle de la haine.Tout est affaire de psychologie et de fantasmes, vous dis-je.

    La stratégie de Macron peut se résumer dans l’idée de dépolitiser la révolte en la réduisant à des pensées à exclure (antisémitisme, discours de haine, antirépublicanisme) et à des affects à soigner. Pour combien de temps ?
     
     
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  • Macron en pleine radicalisation autoritaire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la dérive autoritaire du président de la République... Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    L’évolution autoritaire de la présidence Macron en 10 points

    Selon un récent sondage, Emmanuel Macron « inquiète » une proportion croissante de nos concitoyens : 62 %  exactement, soit 6 points de plus depuis juillet 2018 [1]. Retour sur dix bonnes raisons, au moins, de s’inquiéter de l’évolution autoritaire de la présidence Macron.

    1er sujet d’inquiétude : la loi sur les fake news

    Emmanuel Macron a fait voter une loi contre les fake news [2] qui a officiellement pour objet la censure par un juge unique statuant en urgence, des informations qui seraient jugées fausses, en période électorale.

    Mais la notion d’information « fausse » reste très imprécise et ouvre la voie à la censure judiciaire des informations qui pourraient gêner le Pouvoir lorsqu’il se présentera devant les électeurs.

    La loi sur les fake news vise en réalité les médias alternatifs qui diffusent une information concurrente de celle des médias mainstream, lesquels voient justement leur crédibilité diminuer constamment dans l’opinion, à cause de leur évidente partialité.

    Et contrairement à ce que l’on entend dire parfois, cette loi sera appliquée sinon on ne voit pas pourquoi le président l’aurait initiée avec autant de constance.

    2e sujet d’inquiétude :  la surveillance numérique par la police de la pensée

    Le gouvernement a passé un accord avec Facebook [3] au terme duquel des « régulateurs » français assisteront le personnel de la plate-forme dans la répression des contenus dits « racistes, antisémites, homophobes ou sexistes ». Mais il faut rappeler que Facebook n’autorise pas « les critiques à l’égard des politiques d’immigration et les arguments qui consistent à restreindre ces politiques »… Donc il s’agit de censurer ceux qui critiquent la folle politique d’immigration de l’Union européenne.

    Le gouvernement français soutient d’ailleurs  l’adoption du règlement européen  dit « censure terroriste » , écrit en collaboration avec Google et Facebook , qui vise à soumettre tous les hébergeurs à des obligations très strictes, notamment le retrait en une heure des contenus désignés par ….une autorité nationale. Donc par le gouvernement.

    Et il a signé le Pacte de Marrakech sur les migrations qui prévoit aussi la répression des médias qui critiqueront l’immigration .

    3e sujet d’inquiétude : le renforcement des pouvoirs de censure du CSA

    La loi sur les fake news prévoit un renforcement des pouvoirs de contrôle du CSA, pourtant déjà étendus, qui sera aussi chargé de la refonte de la loi de 1986 sur l’audiovisuel.

    Le nouveau président du CSA, nommé par Emmanuel Macron, n’a d’ailleurs pas caché son ambition d’étendre son « pouvoir de régulation » -et donc de censure- aux réseaux sociaux.

    La mise au pas du dernier espace de liberté est donc en marche !

    4e sujet d’inquiétude : la reprise en main  des médias mainstream

    Les médias mainstream ont fait l’élection d’Emmanuel Macron mais cela ne semble plus lui suffire. Car à l’occasion du mouvement des gilets jaunes et de l’affaire Benalla Emmanuel Macron leur a reproché de leur donner encore trop d’importance.

    Dans des propos rapportés par l’hebdomadaire Le Point [4], Emmanuel Macron affirme d’ailleurs que « le bien public, c’est l’information. Et peut-être que c’est ce que l’État doit financer. Le bien public, ce n’est pas le caméraman de France 3. Le bien public, c’est l’information sur BFM, sur LCI, sur TF1, et partout. Il faut s’assurer qu’elle est neutre, financer des structures qui assurent la neutralité ».

    Ce qui revient à préconiser une sorte de nationalisation des médias pour s’assurer qu’ils diffusent une information conforme à ce que souhaite le pouvoir. En d’autres termes Emmanuel Macron veut le retour de l’ORTF à son profit!

    5e sujet d’inquiétude : l’affaire Benalla

    L’affaire Benalla, qui connaît d’incessants rebondissements depuis juillet 2018 malgré les multiples tentatives pour l’étouffer, a mis en lumière non seulement le comportement violent de certains collaborateurs de la présidence de la république mais surtout les curieuses protections dont ils semblent avoir  bénéficié au plus haut niveau de l’Etat et au sein des pouvoirs publics.

    Cette affaire inquiète, car elle démontre l’existence d’un véritable« Etat profond » français, parallèle aux institutions et agissant en toute impunité. Mais au service de qui ?

    6ème sujet d’inquiétude :  la violente répression policière et judiciaire des Gilets jaunes

    Le mouvement populaire et social des Gilets Jaunes lancé en novembre 2018 a fait l’objet d’une répression policière et judiciaire sans équivalent dans notre pays depuis la guerre d’Algérie.

    Le ministre de l’Intérieur s’est comporté en outre comme s’il pouvait donner des directives (en réclamant «des réponses judiciaires sévères» )à l’autorité judiciaire , en violation de la séparation des pouvoirs comme l’a relevé un collectif d’avocats [5] , s’inquiétant par ailleurs de nombreuses anomalies de procédure vis à vis des Gilets Jaunes interpellés.

    Une sévérité qui tranche avec le traitement habituellement réservé aux racailles de banlieues, aux casseurs d’extrême-gauche ou aux délinquants multirécidivistes.

    Pourquoi , sinon pour  intimider la France périphérique ?

    7e sujet d’inquiétude : les restrictions au droit de manifester

    Avec le mouvement des gilets jaunes les forces de police et de gendarmerie , à rebours de ce qui se pratiquait auparavant, se sont efforcées de bloquer les manifestations plutôt que d’assurer leur sécurité : notamment par l’usage de gaz lacrymogènes , de canons à eau, par le « nassage » des manifestants ou par la mise en œuvre d’interpellations préventives [6]. Et à l’occasion des déplacements présidentiels dans le cadre du « Grand Débat » les forces de police ont notamment menacé d’amendes illégales les porteurs de gilets jaunes.

    Le gouvernement vient au surplus de faire voter une nouvelle loi dite « anti-casseurs », liberticide, qui prévoit notamment de donner aux préfet -agent public nommé par le gouvernement- le pouvoir d’interdire de manifestation certaines personnes et l’établissement d’un fichage politique des manifestants.

    Veut-on dissuader de manifester contre Emmanuel Macron ?

    8e sujet d’inquiétude :  la diabolisation officielle des opposants

    La diabolisation des opposants au Système était jusqu’alors avant tout effectuée par les médias de propagande. Désormais Emmanuel Macron et ses ministres n’hésitent plus à s’en charger eux-mêmes.

    De plus en plus souvent ils affirment que les opposants à la politique libérale/libertaire et européiste qu’ils conduisent, diffusent des fausses nouvelles, qu’ils sont complotistes ou qu’ils sont manipulés par l’étranger. Emmanuel Macron a d’ailleurs significativement affirmé à propos du Brexit, qu’il s’agissait d’un « référendum qui a été manipulé, manipulé de l’extérieur » [7], mais il tient des propos comparables vis-à-vis des gilets jaunes.

    Et alors que la répression policière a fait de très nombreux blessés parmi les gilets jaunes , Emmanuel Macron et ses ministres n’ont eu aucun mot de commisération à leur égard. Au contraire ils n’ont vu en eux qu’une « foule haineuse [8]» , la peste brune ou des factieux qui veulent renverser la république.

    Tandis qu’à l’Assemblée nationale, les incidents contre l’opposition parlementaire sont désormais courants.

    De proche en proche toute critique d’Emmanuel Macron et de sa politique se trouve assimilée non pas à une opinion mais à un délitou à une folie complotiste ; ce qui traduit un inquiétant refus du débat démocratique.

    9e sujet d’inquiétude : le projet d’organiser un référendum dans la suite du grand débat national, le même jour que les élections européennes

    Le « grand débat national » donne déjà une piètre idée de la façon dont le président de la république conçoit la consultation des Français : un long monologue présidentiel, des questions cadrées par avance et un public sélectionné pour ne pas déplaire au pouvoir.

    Mais si le projet d’organiser un référendum dans la suite du grand débat national, le même jour que les élections européennes,devait se confirmer, il conduirait en réalité à priver le peuple français d’un débat sur l’Union Européenne, au moment même où elle est de plus en plus contestée en Europe.

    Officiellement ce projet de référendum serait destiné à mettre un terme à la crise des Gilets Jaunes .

    Mais ne s’agit-il pas aussi d’empêcher à tout prix une remise en cause de la ligne mondialiste et atlantiste de l’Europe de Bruxelles, qu’impose la Davocratie et que soutien Emmanuel Macron ?

    10e sujet d’inquiétude : le mépris ostensible du peuple français

    Malgré les conseils de ses communicants, Emmanuel Macron ne peut s’empêcher de critiquer les Français et notamment ceux de la France périphérique. Et donc d’exprimer un arrogant mépris de classe, alors même que les sondages montrent que deux Français sur trois au moins ,ont une mauvaise opinion du président de la république et de sa politique.

    Car, à la différence de la racaille de banlieue qui « quelles que soient ses bêtises, parce que bien souvent, parce que c’est un enfant de la République, il n’a pas choisi l’endroit où il est né, et il n’a pas eu la chance de ne pas en faire » [9], les Français ne trouvent jamais grâce à ses yeux.

    Mais ce mépris de classe cache aussi celui ,plus inquiétant , de la démocratie , entendue comme la souveraineté du peuple.

    De plus en plus de soutiens à Emmanuel Macron cherchent d’ailleurs à relativiser le principe de la souveraineté populaire. Tel Bernard-Henry Lévy affirmant : « Mais arrêtons de sacraliser le peuple. En Europe, le peuple ne doit pas être le seul souverain! » [10].

    Emmanuel Macron lui-même n’a-t-il pas déclaré que « toutes les paroles ne se valent pas » [11] et que « toujours j’écouterai,  j’expliquerai,  je respecterai, mais toujours à la fin je ferai » [12] ?

    Emmanuel Macron n’a manifestement nullement l’intention d’infléchir sa politique, quelle que soit l’ampleur du désaveu populaire et il ne s’en cache pas !

    Nos concitoyens ont donc de bonnes raisons de s’inquiéter !

     

    Michel Geoffroy  (Polémia, 11 février 2019)

     

    Notes :

    [1] Sondage Ifop Opinion Fiducial, Cnews, Sud Radio  des 29 et 30 janvier 2019

    [2] Le 10 octobre 2018

    [3] Annoncé le 12 novembre 2018 lors du forum sur la gouvernance d’internet

    [4] Le Point du 3 février 2019

    [5] Tribune du 2 février 2019 sur le site de France info

    [6] La ministre de la justice a reconnu le recours aux interpellations préventives de gilets jaunes sur  BFM TV du 7 décembre 2018

    [7] Le 15 janvier 2019 devant des maires de l’Eure

    [8] Vœux du 31 décembre 2018

    [9] Macron à Saint Martin le 1er octobre 2018

    [10] Interview au  Temps  du 23 janvier 2019

    [11] Le 3 janvier 2018 lors de ses vœux à la presse

    [12] Vœux du 31 décembre 2017

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  • Un grand débarras plutôt qu'un grand débat...

    Le 9 février 2019, la chaîne d'information RT France recevait François Bousquet, rédacteur en chef de la revue Éléments pour commenter la poursuite de la révolte des Gilets jaunes, et faire un point sur les revendications des manifestants et la réponse du gouvernement.

     

                                  

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  • Le macronisme comme idéologie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur Huyghe.fr et consacré au macronisme comme idéologie. Spécialiste de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne et est l'auteur de nombreux essais sur le sujet, dont, récemment, La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018). Avec Xavier Desmaison et Damien Liccia, François-Bernard Huyghe vient de publier Dans la tête des Gilets jaunes (VA Press, 2019).

     

    Macron_Grand débat.jpg

    Le macronisme comme idéologie

    L’idéologie revient (et à vrai dire, elle n’était jamais partie) : nous pouvons constater chaque jour combien nous sommes divisés par nos idées - ce qui crève particulièrement les yeux (sans jeu de mots) dès que le débat touche aux Gilets jaunes -. L’impression que deux France vivent dans deux univers mentaux est de plus en plus prégnante. Pour le dire autrement, tout ce qui peut nous séparer dans nos intérêts économiques et sociaux, dans nos modes de vie, convictions générales et habitudes culturelles prend la forme d’un affrontement non pas entre deux doctrines, car les choses ne sont pas si élaborées, mais entre deux représentations de la réalité. Comme nous l’avons souvent dit, l’idéologie ce sont des idées ou jugement qui se déplacent en groupe et s’affrontent en groupe. Généralement autour d’un front idéologique principal. Cela ne signifie en aucune manière que l’on pense la même chose de chaque côté de la barrière (par exemple un Gilet jaune qui manifeste avec la CGT peut cohabiter avec un Gilet jaune en lutte contre la fiscalité, l’immigration et la perte de souveraineté), mais certains choix sont déterminants, ne serait-ce que parce qu’ils traduisent des passions sociales et qu’ils incitent à l’action. Des choix aussi simples que pour/contre les élites ou pour/contre la démocratie directe signifient plus que le vieux critères de séparations entre droite et gauche dont les dernières années ont montré la relativité.

    Mais l’idéologie, ce n’est pas seulement une série d’énoncés (des jugements compatibles sur les fondements du pouvoir, la réalités sociale, ou l’avenir de l’humanité), c’est aussi un lien (il y a eux et nous, la bonne réalité et la mauvaise idéologie). Elle se propage pour survivre ; elle partage et pas de la même façon, bien sûr, en lisant le Monde ou en allant sur Facebook et Youtube. C’est aussi, à certains égards, un logiciel qui fournit des réponses argumentées à l’avance et arme face à toute interrogation nouvelle. Une idéologie se reconnaît à ses points aveugles - ce qu’elle est incapable de penser - et à sa dynamique, à l’action qu’elle entraîne

    Le plus curieux de cette affaire est que le macronisme s’est présenté comme l’anti-idéologie par excellence : une pensée libérée des catégories obsolètes et des vieux fantasmes. Donc comme une heureuse synthèse de ce qu’il y avait d’applicable dans la droite et dans la gauche (le seul fait de penser en termes de problèmes et solutions étant en soi assez significatif d’un courant se pensée qui nous annonce la fin des idéologies depuis les années 60).

    Macron se vante souvent d’être un disciple de Ricœur. Or, ce dernier, dans un de ses textes les plus connus « Idéologie et utopie » distinguait deux formes de l’imaginaire social partagé : l’idéologie qu’il décrivait surtout comme une machine à justifier (une position de classe que l’on tente de faire passer pour universelle, une domination que l’on montre comme fatale et juste, ou encore une histoire commune qui rassemble un groupe). Quant à l’utopie, il la voyait plutôt comme une forme subversive, promettant un monde nouveau et servant d’appui pour critiquer l’actuel. Sans caricaturer sa pensée, car il les pensait les deux « en même temps » complémentaires, Ricœur avait tendance à sublimer la seconde et à critiquer la première. L’idéologie - fût-elle un fatras de promesses révolutionnaires - était plutôt du côté de la conservation/justification de ce qui est (fût-ce le pouvoir du parti qui se dit révolutionnaire) et l’utopie du côté de l’aspiration ou de l’invention.

    Ceci pourrait nous éclairer sur la pensée du disciple. Macron est-il utopiste ? C’est certainement un terme qu’il réfuterait puisqu’il ne cesse de se référer au réel : le réel en tant que limite (il n’y a pas d’alternative, il y a des contraintes géopolitiques, écologiques ou économiques que l’on ne peut feindre d’ignorer) et en tant que légitimation de sa politique qui serait à la fois dans le sens de la modernité et dans celui de l’efficacité. Mais, dans la mesure, où il est bougiste - tout change constamment et il est prioritaire d’accompagner ce changement - il joue passablement d’une forme de projection vers le futur radieux assez soft pour plaire à sa clientèle - disons bobo ou lib-lib - qui a besoin d’une perpétuelle excitation verbale pour se sentir toujours duc côté de l’audace et de la créativité.

    Et, évidemment, Macron s’offre la facilité de stigmatiser ses adversaires comme idéologues, mot qu’il emploie comme quasi synonyme d’extrémiste. Voire de crétin aveuglé par les fausses nouvelles ou de salopard fascisant habité par des haines et des peurs.Il manifeste par là une attitude typique des élites européennes qui ne peuvent imaginer que l’on pense autrement qu’eux sur l’essentiel (les 4 M : modernité, mondialisation, morale et marché) que sous l’effet d’une faiblesse mentale : populistes incapables de comprendre la complexité du réel, exigeant des choses contradictoires, manipulés et désinformés, etc. Ou on leur attribue des passions tristes, voire honteuses : pulsion de haine ou crispation identitaire. Le macronisme fait l’impasse totale sur le conflit politique, résumé à l’incompréhension ou à l’immoralité. C’est évidemment en cela qu’il est profondément idéologique puisqu’il propose un système d’interprétation qui exclut toute contradiction.

    Principe d’économie du macronisme : il n’est plus nécessaire de montrer que cela (le système adverse) ne marche pas ou que la doctrine de l’autre contient des contradictions, il suffit de qualifier ses propres critiques de jobards ou de haineux. La lutte idéologique se réduit à une pédagogie de ceux qui pensent mal et à une déradicalisation de ceux qui sentent mal. Et il n’est plus indispensable de prouver que votre idéologie est la bonne puisqu’elle est le réel.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 7 février 2019)

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