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médias - Page 8

  • Attentats, marches et commémorations...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré aux formes de réaction aux attentats que la classe politico-médiatique promeut et au refus du réel qu'elles traduisent... Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information et directeur de recherches à l'IRIS, François Bernard Huyghe vient de publier La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2016).

     

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    Attentats, marches et commémorations
     
    Quand Merah tue douze soldats et enfants en 2012, personne ne manifeste au cri de " je suis un parchutiste" ou " je suis un enfant juif", et le terrorisme jihadiste que peu osent alors nommer ainsi (on parle d'un loup solitaire présumé déséquilibré), est surtout présenté comme une affaire individuelle, de folie et de "haine".

    En janvier 2015, des millions de gens défilent en disant " je suis Charlie" et "pas d'amalgame", ils affirment ainsi que l'acte des frères Kouachi (le crime ouvertement antisémite de Coulibaly passant au second plan) est une atteinte politique à nos "valeurs". Valeur de liberté d'une part, ce à quoi nous répondrions fièrement en affirmant le droit de caricaturer et résisterions en achetant des exemplaires de Charlie. Valeur de tolérance, puisqu'il fallait "refuser de tomber dans le piège" qui aurait consisté à accuser tous les musulmans pour le crime de quelques uns, or ce crime , tout le monde le répétait, ministre de l'Intérieur qui doit être un grand islamologue, n'avaient rien à voir avec l'islam ou une quelconque religion.

    À l'époque, les masses rêveuses - plutôt blanches, bourgeoises et vivant en centre ville comme le démontrera Todd - se rassurent de se voir si nombreuses et si résolues. Dans l'affirmation publique de leur attachement au vivre ensemble, elles puisent la satisfaction sinon d'impressionner l'adversaire (on commence à parler de guerre et d'ennemi) du moins de n'avoir rien concédé à la peur et à la désunion. C'est d'ailleurs ce que répètent les hommes politiques qui ne cessent de se dire renforcés dans leur résolution. Résolution de quoi au fait ? De ne rien "céder" ? C'est assez difficile face à des crimes qui ont précisément pour caractéristique de ne rien revendiquer ( comme : libérez Untel, cessez de soutenir le régime de X....) mais ont pour fonction nous "punir". Donc résolution de persévérer dans l'être, quand ce n'est de faire plus du même (rendre nos sociétés plus conformes à leur idéal, plus tolérantes, plus libérales et plus sécurisées à la fois).

    Les médias semblent grosso modo souscrire à un triple interdit - pas de rapport avec la religion, pas d'amalgame, pas de haine ou de discours qui entretiennent la peur-. Cela implique une triple affirmation complémentaire, de notre unité, de notre résolution et de nos valeurs. Mais aussi une négation symétrique. D'une part c'est sans rapport avec la politique étrangère de notre pays, d'autre part avec l'islam. Toute esquisse d'explication faisant appel à la figure du père, à l'exclusion ou à la stigmatisation, au passé colonial aux réseaux sociaux ou à la quête d'identité est admissible. Pour que l'on ne parle pas géopolitique ou idéologie religieuse.

    En novembre, on ne défile plus, état d'urgence oblige. On allume des bougies, on écrit des poèmes. Et on réaffirme haut et fort son intention de vivre comme avant. ce qui serait la réplique la plus cinglante aux assassins. Surgit alors un autre discours, puisqu'il est maintenant difficile de parler d'actes individuels ou de dérives psychosociologiques sans rapport avec leurs buts affichés-. Les "barbares" s'en prendraient à notre "mode de vie". Les belles filles dans les cafés qui boivent un verre avant d'aller écouter un concert rock leur seraient insupportables. Le bien vivre, plutôt que le vivre ensemble, ce que l'on appellera la "lecture hédoniste". Elle suppose que ces puritains haïssent outre notre liberté (G.W. Bush appelait déjà les terroristes d'al Qaïda des "freeddom haters") notre bonheur. Du coup, la forme de résistance recommandée consiste à boire des canons et à se rouler des pelles, ce qui est plus facile que d'imiter Jean Moulin. Si les terroristes avaient tué la foule du stade de France comme ils en avaient le dessein, qu'aurait-il fallu faire ? Défiler en criant "Je suis un supporter" et dribbler contre la haine ?

    Négligeant totalement le discours que tiennent les djihadistes - notamment ceux du Bataclan qui hurlaient que c'était pour punir Hollande et pour les bombardements -, on cherche donc chaque fois à surinterpréter, réduisant leur acte stratégique, politique et religieux à des haines et frustrations, à des désirs inassouvis ou à des stigmatisations. Bien entendu, il n'est pas question de nier que des gens qui tuent et se tuent ainsi ne relèvent pas d'une explication par leur histoire personnelle, leur sexualité, leur chômage ou leur passage par la délinquance, leur milieu ou par un ressentiment qui se nourrit suivant le cas dus sentiment d'être discriminé, de la conviction que "les croisés", Obama et Hollande en tête, persécutent l'Oumma, voire de souvenirs coloniaux. Mais toutes ces explications, pour autant qu'elles valent pour éclairer des trajets individuels, n'aident pas à comprendre comment fonctionne une organisation qui a des objectifs si explicites (qui vont de l'annulation de la ligne Sykes Picot à la reconquête d'al Andalous) et obéit à un code aussi binaire (bons musulmans/ennemis, licite/illicite, croisés agresseurs/musumans persécutée). En divisant le monde en victimes (nous) et en barbares, nous ne les aidons guère à renoncer à voir des persécutés et des croisés.


    PS Dernière minute :
    Les organisateurs de la marche de la peur de Bruxelles annoncent son annulation pour raisons de sécurité.
    Ce qui démontre :
    - l'absurdité d'une manifestation qui n'est même pas contre Daesh ou contre les terroristes mais contre un sentiment que l'on se défend d'éprouver. Pourquoi pas des manifestations contre l'envie, contre la haine ou contre la jalousie qui jouerient ainsi une fonction non pas politique mais psychothérapique ou éthique
    - la contradiction entre la volonté d'afficher son courage pour impressionner l'adversaire (dont on imagine la réaction !) et le fait d'appliquer simultanément le principe de précaution. Le courage mais avec sécurité garantie !
    Selon ses organisateurs on devait , « mettre en avant le " vivre ensemble " et la solidarité » et « montrer à ceux qui veulent nous mettre à genoux que nous resterons debout ". Démonstration éloquente.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 26 mars 2016)

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  • Les snipers de la semaine... (124)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur son blog Confiture de culture, Pierre Jourde dézingue Christine Angot et c'est comme toujours un régal...

    Angot dit l'essentiel sur Duras

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    - sur Hashtable, H16 rafale le cirque politico-médiatique autour des attentats de Bruxellles...

    Attentats de Bruxelles – Le cirque

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  • Les Bobards d'or 2016 !...

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    Lundi 14 mars 2016, dans une semaine, la Fondation Polémia organisera sa 7e cérémonie des Bobards d'or, destinée à fustiger les pire mensonges médiatiques de l'année.

    La cérémonie se déroulera, à partir de 19 heures 30, au Théâtre du gymnase Maie-Bell, 38 boulevard de Bonne Nouvelle à Paris (10e).

    Vous pouvez réserver votre place et voter pour l'un des dix bobards sélectionnés pour l'année 2015 sur le site des Bobards d'or.

     

     

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  • Les snipers de la semaine... (118)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur son site, Michel Onfray mouche les journalistes et la fable du monde qu'ils nous racontent...

    La poussière sous le tapis

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    - sur son blog Confiture de culture, Pierre Jourde dézingue le trio Eribon-Lagasnerie-Edouard Louis. Ça balance à Saint-Germain-des-Près...

    Un cas intéressant d'endogamie intellectuelle

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    - sur La voie de l'épée, Michel Goya flingue le président et son premier ministre pour l'insignifiance de la réponse politique et militaire apportée à l'Etat islamique...

    La revanche du serpent à plume

    michel onfray,médias,pierre jourde,didier éribon

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  • Les « migrants » et le lobby « artistocrate »...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente analyse de l'Observatoire des journalistes et de l'information médiatique consacré  à l'action médiatique du lobby « artistocrate »...

     

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    Les « migrants » et le lobby « artistocrate »

    Après la tragédie, la farce. Des mythes fondateurs et panthéonisés, dans l’imaginaire collectif français, de ces intellectuels prenant la défense des faibles et des opprimés contre le système et la foule, cette chevalerie de la plume dont les modèles furent Voltaire et Zola, on est tombés à la simagrée parodique et répétitive dont l’appel de Calais et ses 800 signataires représentent la plus accomplie des dénaturations. Dans ces grands modèles d’origine, rappelons en effet que l’intellectuel est d’abord isolé, fort de son seul prestige, en dissidence d’avec le pouvoir monarchique et l’Église quand il s’agit de Voltaire ; d’avec le pouvoir juridique et l’Armée, quand il s’agit de Zola. Enfin, ces derniers défendent des membres de la communauté nationale « stigmatisés » en raison de leurs spécificités religieuses (protestantisme, libre-pensée, judaïsme) et victimes d’injustice de la part de cet État qu’ils interpellent. Au terme de la dégradation de la geste initiale, non seulement il ne reste plus grand chose d’une pareille configuration mais celle-ci s’est carrément inversée. L’ « Appel des 800 » est une occurrence exemplaire du phénomène, qui joue une dissonance si flagrante d’avec la mélodie consacrée qu’il mérite d’être étudié comme symptôme.

    De Voltaire à Balasko

    D’abord, considérons en qualité de quoi accusent nos nouveaux Zola. L’« artistocrate » pose très spontanément en haute conscience de la nation, mais avons-nous bien sur l’estrade en question de grands écrivains ou de profonds philosophes qui soient à la fois studieux, instruits et doués d’une autorité intellectuelle remarquable ? Dans les 800 signataires, y a-t-il seulement une personnalité qui représente symboliquement un demi-Voltaire ? Quel est d’ailleurs le rapport de cette masse avec, à proprement dit, le métier de la réflexion, de la critique éclairée ou des spéculations métaphysiques ? Tous ces signataires ont partie liée avec le champ culturel au sens large, certes, mais tout de même, on brade à peu de frais la notion d’autorité morale ! En quoi des auteurs de bandes dessinées comme Joan Sfar ou Enki Bilal, des slammeurs comme Abd-Al Malik, des chanteurs de variétés comme Cali ou des actrices comme Josiane Balasko et Emmanuelle Béart disposeraient-ils d’une légitimité particulière à poser en sages, en guides, en éveilleurs du peuple ? Christine Angot a-t-elle un rapport véritable avec Goethe ? Ces « artistes », qui ne sont qu’exceptionnellement des « intellectuels », ne sont par ailleurs « artistes » qu’au sens galvaudé que donne à ce terme la société de divertissement. Difficile d’associer de simples vedettes, des amuseurs, des comiques (Sophia Aram), des rimailleurs, au prestige consacré par toute une civilisation à un Van Gogh ou un Dante, à Beethoven ou Hegel…

    Le médium et le message

    Le « grand intellectuel isolé », dans la dernière version du mythe, se trouve ainsi désormais être une foule de 800 personnes composée essentiellement d’intermittents du spectacle… Et cette foule s’exprime sur un support particulier : Libération. Or, sans aller jusqu’à affirmer avec le célèbre philosophe des médias Marshal McLuan que « Le message, c’est le médium », le support n’en reste pas moins une part non négligeable de la communication elle-même. Il se trouve précisément, comme l’a déjà exposé l’OJIM, que le quotidien mao en chute libre s’est recyclé depuis quinze ans dans l’antifascisme d’opérette le plus caricatural (rappelons-nous de l’absurde couverture sur Clément Méric, exposé comme un véritable Jean Moulin du XXIe siècle le lendemain de son décès et avant même la moindre enquête). Ainsi, le journal n’en finit-il pas de publier pétitions et manifestes pour tenter de rallumer la flamme, comme un vieux gauchiste nostalgique rabâcherait sans cesse le souvenir de sa première manif’ en espérant retrouver par là l’illusoire ressort d’une insurrection historique. Dans le contexte particulier de cette rentrée 2015, alors que Le Monde a déjà publié le manifeste grotesque d’Édouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie déclarant lutter contre les intellectuels néo-réacs qui occupent le champ médiatique, Libé, pour ne pas être en reste, a publié cet appel dans une optique assez similaire de reconquête idéologique et en attaquant les mêmes intellectuels. À la compassion pour les migrants ne se mêle donc pas moins la compassion pour le journal Libération lui-même et, d’une manière générale, la pitié qu’inspire à toute une classe médiatico-culturelle son hégémonie perdue.

    Cibles indirectes

    « (Aux côtés de Romain Goupil), le cinéaste Nicolas Philibert ajoute: “Il y a un sentiment collectif de ras-le-bol face au mutisme des politiques et à la montée d’une pensée réactionnaire disséminée par une demi-douzaine d’intellectuels médiatiques”. Dans leur viseur, Alain Finkielkraut, Michel Onfray, Éric Zemmour ou Michel Houellebecq, en couverture des hebdomadaires et invités régulièrement à la télévision », lit-on sur le site du Figaro dans le cadre d’un entretien du journaliste avec les initiateurs de l’appel. Où l’on voit à quel point on s’éloigne du modèle mythique voltairo-zolien, puisque les adversaires directs et indirects de la tribune ne sont pas un pouvoir constitué mais précisément des intellectuels ou écrivains tels que ne peuvent globalement prétendre l’être les signataires, et des intellectuels justement isolés et dissidents. Nous ne nous trouvons donc pas dans la configuration de l’intellectuel isolé face aux passions de la foule mais dans celle d’une foule arguant fallacieusement d’une autorité morale pour s’en prendre à des intellectuels isolés et cela selon un ratio de deux-cents contre un !

    Soutien de l’État

    Enfin, autre distorsion fondamentale, ces animateurs du spectacle culturel qui s’en prennent à des intellectuels se trouvent être immédiatement soutenus par l’État ! À peine l’appel est-il publié que le ministre de l’Intérieur débarque à Calais : « Ces artistes “manifestent une préoccupation que j’entends et que je partage”, a réagi Bernard Cazeneuve. “Ils sont la voix d’une France mobilisée, solidaire, généreuse, d’une France qui refuse le repli sur soi et le rejet”, a ajouté le ministre de l’Intérieur. » Tout de même, voilà qui ne ressemble guère à l’attitude chevaleresque et héroïque que nous évoquions en préambule, mais paraît au contraire se résumer à un trivial échange de bons procédés entre un pouvoir désavoué d’un côté, et des privilégiés discrédités de l’autre… Quel risque prennent des gens qui sont à la fois du bon côté de la pyramide sociale, du bon côté de l’idéologie dominante, du bon côté du pouvoir politique et du bon côté du levier du chantage moral ? L’aura automatique de « Zola ressuscités » que prétendraient leur allouer de vieux réflexes que personne ne prend le temps de réévaluer n’est-il pas outrageusement usurpée ? Pendant que l’État échoue à protéger les frontières du pays et à défendre la population de la déferlante migratoire, des saltimbanques déguisés en Voltaire s’insurgent quant aux conditions d’accueil faites à ceux qui ont violé les frontières, transformant la faiblesse en générosité, et surtout, soustrayant aux administrés français leur statut de victimes, quand ils le sont de l’incompétence de leur gouvernement, pour l’allouer exclusivement aux migrants. Les migrants devenant même, davantage que des bombardements qui les auraient fait fuir, victimes de la frilosité des Français, les victimes initiales devenant en un tour de passe rhétorique des coupables n’étant plus en mesure de demander les comptes qu’ils auraient été en droit de demander à leur gouvernement… C’est pourquoi, structurellement, cet « Appel de Calais », ressemble surtout, en définitive, à une opération de com’ du gouvernement socialiste réalisée grâce au lobby « artistocrate », et par l’entremise de Libération, feuille officielle de la gauche libérale au pouvoir.

    « L’Appel » dans le texte

    L’« Appel des 800 » n’est donc qu’une opération de com réalisée par le gouvernement socialiste grâce au lobby « artistocrate ». Intéressons-nous désormais au fond, c’est-à-dire au texte du manifeste proprement dit. D’abord, on nous explique que les associations sur place tentent désespérément d’alerter l’opinion publique sur les « épouvantables conditions de vie réservées aux migrants et aux réfugiés de la jungle de Calais. » Nul ne contestera, certes, que les conditions dans lesquelles vivent les « migrants » sont bien des conditions épouvantables. En revanche, l’adjectif « réservées » est tout de même pour le moins intriguant. Si ces conditions ont été « réservées » aux migrants, alors cela signifie que la population française, consciente, concertée et active dans cette histoire, aurait décidé de « réserver » pareilles conditions, plutôt que d’autres, aux foules débarquées sur son territoire. Ce qui est bien sûr absolument faux, mais qui permet insidieusement et dès le début du texte d’accuser le Français de base en faisant porter sur ses épaules la responsabilité d’une situation dont, non seulement, il n’est nullement responsable (à la limite, ses ministres, par une politique extérieure inconsidérée), mais surtout, dont il peut être le premier à souffrir, notamment quand il a le malheur d’habiter Calais, et non les premiers arrondissements parisiens où logent la plupart des signataires philanthropes.

    Si le « Camp du Bien » existe, alors tout est permis !

    Les migrants sont décrits comme « laissés à eux-mêmes » et la même expression est employée au sujet de leurs enfants. Par quoi on peut remarquer comment les artistocrates vendent mal leurs migrants à la population, puisqu’il est maladroit de vouloir démontrer à celle-ci qu’elle aurait une obligation morale de prendre en charge des gens qui, eux-mêmes, ne prennent pas en charge leurs propres enfants. Et… qui violent leurs femmes. Voilà qui donne envie de s’enrichir d’une telle présence… On parle de « violences policières presque routinières », ce qui est une attaque contre la police non étayée, plutôt perfide, et l’on s’étonne que le gouvernement n’ait pas réagi à cette phrase pour, au moins, défendre sa police. En outre, est-il judicieux de se mettre à dos les policiers quand, par ailleurs, il est patent qu’on les réclame, ne serait-ce que pour éviter qu’au sein de cette population laissée à elle-même les femmes se fassent violer ? Enfin, il est question de « ratonnades organisées par des militants d’extrême-droite », alors même qu’on n’a pas retrouvé les auteurs des faits évoqués et qu’il est donc impossible de savoir s’il s’agit de militants politiques ou simplement d’habitants violents et/ou désespérés. La probité, l’honnêteté intellectuelle, la cohérence, lorsqu’on appartient au Camp du Bien : c’est évident qu’on n’en a rien à faire.

    L’ennemi : Les réacs

    Enfin, après des formules lyriques et rhétoriques d’adolescent fumant son premier pétard (« Jusqu’à quand allons-nous nous taire ? » – Parce que vous n’êtes pas en train de parler, peut-être ? « La spirale du pire est amorcée »), sont désignés les véritables cibles du texte, les auteurs de ces « discours réactionnaires ou fascisants (qui) ne cessent depuis des années de diviser les gens ». Bien sûr, avant que Zemmour ne passe à la télé, les racailles de banlieue, tous les week-ends, après s’être rendues dans le Marais chercher leurs amis juifs ou homosexuels, s’empressaient d’aller aider les mamies « de souche » à traverser aux carrefours encombrés, tout en jurant sur le Coran qu’il ne fallait pas toucher à la République. Et puis les réacs sont arrivés et leurs propos nauséabonds ont transformé la réalité ! Très révélatrice, cette croyance du politiquement correct que le réel n’est que le discours qu’on en propose… Mais on trouve ensuite, dans le texte, un autre ennemi embusqué derrière les réacs, et cet ennemi, ce n’est ni plus ni moins que la Nation. La Nation injuste d’ériger des frontières, de faire profiter ses citoyens d’avantages dont sont exclus ceux qui ne lui appartiennent pas et qui, on l’imagine, devrait par conséquent disparaître.

    Chacun son indigence

    Revenant à la ligne à chaque phrase afin de suggérer l’intensité de ses battements de cœur, l’auteur du manifeste écrit donc : « Cette mise en concurrence des indigences est ignoble. / Elle nous habitue à l’idée qu’il y aurait des misères défendables et d’autres non. / Elle sape les fondements des valeurs constitutives de la France. / Elle nie notre humanité commune. / Elle nous prépare au pire. » Là, le délire est complet. Il ne s’agit pas de dire qu’il y aurait des misères défendables et d’autres non, simplement qu’il y a des misères dont l’État est directement responsable : celles qui touchent ses administrés, et d’autres, dont il n’est pas directement responsable, ou alors il faut lui donner les compétences d’administrer toute la population de la planète ! Et l’on apprend donc que les « fondements des valeurs constitutives » (quelle redondance) de la France seraient de refuser que la France en question puisse justement se constituer en Etat ! Ce qui relève d’une incapacité assez effrayante à penser à la fois la dimension universaliste de la France et sa réalité politique, comme si l’une devait annuler l’autre, parce que rien ne pourrait jamais exister que sur le même plan et en fonction de logiques binaires ! Pour les mêmes raisons, notre « humanité commune » serait soi-disant niée dès lors qu’il existerait des nations, et comme si les deux notions étaient contradictoires. L’indigence intellectuelle des auteurs du manifeste, même avec le soutien de plusieurs états et l’aide de cent associations, paraît quant à elle, en tout cas, inexorable.

    L’absent : le peuple de Calais

    Comme l’OJIM l’avait déjà fait remarquer l’an dernier, dans cette affaire calaisienne, il y a un acteur fondamental qui est purement et simplement nié tant par les médias, hier, que par les artistocrates, aujourd’hui : le peuple de Calais. Et ce sont bien ces dessinateurs, ces slammeurs et ces humoristes parisiens, qui mettent les misères en concurrence et désarment de leurs droits de citoyens français, de leurs droits à être défendus aux frontières et sur leur propre territoire, les habitants de Calais, au prétexte que, comparée à celle de foules errantes en exil, leur misère serait très relative. On déconstruit ainsi le droit positif au nom de grandes bouffées sentimentales abstraites. Aussi, si l’on évoque les trois agressions dont ont été victimes les migrants, on n’évoque pas, en revanche, celles, nombreuses, qu’ont dû subir les Calaisiens, sans compter les vols et la dévastation de leur environnement. On n’expose pas non plus comment les migrants eux-mêmes se partagent les terres calaisiennes en zones tribales et se livrent ensuite à des affrontements afin de maintenir leur emprise sur les terres qu’ils ont pourtant violées. Et si l’égoïsme ou la frilosité des Calaisiens en particulier et des Français en général est sans cesse insinuée, la bêtise et la sauvagerie manifestes des migrants sont rarement notées par des bourgeois qui n’adorent véritablement que leur propre générosité supposée, telle que la leur renvoie à leurs yeux et par leurs journaux le concept immaculé des « migrants ». En somme, cette séquence est à ajouter à la liste des coups de pression, d’intimidation, de transes et d’incantations soudaines à quoi se livre une classe médiatico-politique paniquée de voir vaciller son pouvoir, et qui aujourd’hui plus que jamais, révèle ses imbrications secrètes et se serre les coudes, du rappeur parvenu jusqu’au premier ministre.

    OJIM (Observatoire des journalistes et de l'information médiatique, 3 et 4 novembre 2015)

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  • Feu sur la désinformation... (57)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : « Je suis Charlie », « Je suis Aylan », deux grandes manipulations médiatiques.
    • 2 : Le zapping d’I-Média.

    • 3 : Les tweets d’I-Média.
    • 4 : Campagne médiatique contre un journaliste catholique.
    • 5 : Le bobard de la semaine.

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