Économie. Une campagne d’opinion manipulatoire en faveur de l’immigration massive
L’immigration est-elle une nécessité pour pourvoir les besoins en main-d’œuvre de l’économie française ? Sans aucun doute, oui, si l’on en croit l’intense campagne d’opinion organisée dans ce sens.
Pour peu, on en oublierait que la France sort à peine d’une des plus graves crises économiques de son histoire.
En 1841, Chateaubriand soulignait dans ses Mémoires d’outre-tombe les écueils de la formation des opinions : « Tout mensonge répété devient une vérité. » La période récente illustre l’entreprise de conditionnement des esprits visant à faire accepter aux Français une immigration extra-européenne massive, une entreprise qui confine à la saturation cognitive. Les exemples qui suivent en témoignent : c’est une nouvelle fois par la répétition que la nomenklatura veut faire accepter aux Français ce que la majorité d’entre eux refuse, comme en attestent les nombreux sondages réalisés à ce sujet.
L’immigration massive est indispensable, selon la Commission européenne
La position de la Commission européenne est constante en la matière : les pays européens doivent accueillir plus d’immigrés.
En 2008, les bureaucrates européens estimaient déjà que « suite au vieillissement rapide de la société, l’Europe n’a désormais plus d’autres choix que celui de prendre des décisions courageuses, y compris dans le domaine de l’immigration, si l’on veut garantir la croissance économique et la richesse aux générations futures. […] Pour remédier [à la baisse prévisible, NDLR] de la taille de la population en âge de travailler, l’UE devra, à l’avenir, attirer plus d’immigrants et ce, à chaque niveau de compétence et de qualifications ».
Les successeurs de Jacques Delors, de Manuel Barroso et de Jean-Claude Juncker n’ont pas dévié de la ligne tracée par leurs illustres prédécesseurs.
En mars 2017, le commissaire européen aux migrations et aux affaires intérieures, Dimítris Avramópoulos, s’exprimait dans le journal suisse Le Temps : « Les Vingt-Sept auront besoin à l’avenir de 6 millions d’immigrés. »
Plus proche de nous, le 23 septembre 2020, la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, était tout aussi catégorique : « L’immigration fait partie de ce qui rend notre continent prospère. Nous avons beaucoup d’immigration à destination de l’UE. Et nous avons besoin de ces gens, notre société vieillit. Mais nous avons aussi besoin de nouvelles voies d’immigration légale. »
Mais professer des opinions en la matière n’est pas suffisant. Plusieurs études parues durant le premier semestre 2021 visent à donner à ces positions un vernis scientifique. Il s’agit autant de produire un travail argumenté que de communiquer : ces travaux ont dépassé le cadre des cercles dirigeants et ont été très largement médiatisés. C’est un véritable festival.
Le livre vert de la Commission européenne sur le vieillissement
La Commission européenne a lancé le top départ en rendant public le 27 janvier 2021 un « livre vert sur le vieillissement ». Si ce rapport vise à mieux prendre en compte le vieillissement de la population dans l’Union européenne, il n’en oublie pas pour autant de souligner que l’une des « manières de prévenir ou de limiter les conséquences négatives du vieillissement sur notre société » est de « favoriser l’immigration légale ».
Les clefs pour préserver notre modèle social, selon le haut-commissariat au plan
La conviction de la nécessité de recourir à une immigration massive est également partagée par nos « élites » nationales. Le 16 mai, le haut-commissaire au plan, François Bayrou, rendait public un « pacte pour la démographie » afin de sauver le modèle social français.
L’avenir démographique de la France ne serait plus assuré compte tenu de la baisse de l’augmentation de la population (!). Deux solutions cumulatives sont proposées par la haut-commissaire au plan pour faire face à ce problème : avoir plus d’enfants et… « accueillir des personnes d’autres pays ».
Ignorant toutes les conséquences sociales et culturelles de l’organisation d’une immigration extra-européenne massive, le haut-commissaire ne cesse dans son rapport de vanter l’intérêt que la France devienne un « champion démographique » en Europe. Ceci afin notamment de « mieux peser au sein de l’Union européenne ». Mais à aucun moment François Bayrou ne s’interroge sur l’identité d’un pays dont la composition serait modifiée en profondeur. Peser, oui, mais qui pèsera et dans quel sens, compte tenu de l’immigration majoritairement de culture musulmane qui arrive en France ?
Le Center for Global Development, le vernis scientifique de l’immigrationnisme
Alors que le haut-commissaire au plan se base sur des chiffres de l’INSEE pour préconiser de recourir à davantage d’immigration, c’est à partir de chiffres fournis par l’ONU que deux économistes tentent de répondre à la question « L’Europe peut-elle éviter l’imminente crise du vieillissement ? » dans une étude publiée le 14 juin par le Center for Global Development.
Le constat est sans appel : « la faible immigration est un problème croissant ». 22 millions d’emplois risqueraient d’être vacants en 2050 dans l’Union européenne et au Royaume-Uni. Le continent européen doit redoubler d’efforts pour attirer des immigrés, en ouvrant les universités, en acceptant un grand nombre de réfugiés pour attirer encore plus de migrants ensuite, etc.
Cela n’étonnera personne qu’au rang des généreux donateurs du think tank américain figure en bonne position la Commission européenne.
Le mentor d’Emmanuel Macron préconise « d’aller chercher des étrangers, européens ou non »
Le mentor d’Emmanuel Macron, Jacques Attali, ne manque jamais une occasion pour dispenser ses précieux conseils. Le 18 juin, il s’interrogeait sentencieusement sur son blog : « on fait comment » pour exercer « des métiers pour lesquels il n’existe pas, aujourd’hui, en France, assez de gens compétents pour les exercer » ?
L’activation des dépenses sociales, ou, pour dire de façon plus directe, remettre les chômeurs au travail, est balayée d’un revers de main : cela serait « compliqué », cela pourrait être « contourné » et « la formation des chômeurs est encore un désastre dans la société française ».
En fidèle allié de la superclasse, l’ancien conseiller de Mitterrand préconise « d’aller chercher des étrangers, européens ou non ».
Joignant les actes aux paroles, dix dirigeants de grandes sociétés annoncent se mobiliser à partir du constat que « les réfugiés sont des talents pour nos entreprises » dans une tribune parue dans le JDD du 19 juin.
L’association chargée de la formation professionnelle des adultes (l’AFPA) a pris de l’avance : elle communique dans un tweet paru le 21 juin sur le fait que « 12 réfugiés viennent de terminer avec succès leur parcours dans le cadre du programme HOPE à l’AFPA Vesoul. Formés au métier de préparateur de commandes, leurs compétences répondent à besoin important de recrutement sur le territoire. Ils intégreront PSA à Vesoul dès le 22 juin ! ».
On ne pouvait trouver plus belle illustration de ce qui est présenté depuis plusieurs années comme une évidence : la France a un ardent besoin de main-d’œuvre étrangère.
Patatras, le lendemain, le tribunal de commerce de Dijon annonçait la liquidation de la fonderie MBF Aluminium à Saint-Claude, qui devrait se traduire par la suppression de 300 emplois.
Cette annonce nous rappelle une triste réalité, bien éloignée des messages véhiculés par certains grands dirigeants et intellectuels dogmatiques : la France est en voie de désindustrialisation accélérée. Les fermetures d’usines comme celle de Bridgestone à Béthune ou de MBF Aluminium à Saint-Claude sont de véritables catastrophes pour les bassins d’emplois concernés. Pire, ce sont des emplois tertiaires d’ingénieurs, de comptables, etc. qui sont désormais délocalisés, en Irlande, en Pologne, en Inde, etc.
Cela fait des décennies que, en s’appuyant sur des exercices hasardeux de prospective, nos dirigeants essayent de convaincre les Français que l’immigration est une nécessité. Pendant ce temps, le nombre de chômeurs et de bénéficiaires des minima sociaux ne fait qu’augmenter. Le cynisme de ceux qui considèrent le « stock » des chômeurs de longue durée comme quantité négligeable est sans limite.
Paul Tormenen (Polémia, 1er juillet 2021)