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guerre - Page 75

  • Guerre d'Irak : le sang du pétrole !...

    Nous reproduisons ci-dessous un article cueilli sur Oil Man - Chronique du début de la fin du pétrole, un excellent blog du journaliste indépendant Matthieu Auzanneau, que nous vous invitons à consulter régulièrement.

     

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    La guerre d’Irak était BIEN une guerre du pétrole (cette fois, c’est prouvé !)

    On s'en doutait, quelques-uns l'avaient affirmé, mais on n'avait pas vu encore la fumée sortie du canon. C'est désormais chose faite, grâce au militant britannique Greg Muttitt et à son livre d'enquête Fuel on The Fire, publié en avril.

     

    L'accès au brut irakien était bel et bien au coeur de la décision britannique de s'engager aux côtés des Etats-Unis lors de l'invasion de l'Irak en 2003. C'est ce que prouvent des documents confidentiels obtenus par M. Muttitt grâce à la loi britannique sur la liberté d'information, et dont le quotidien The Independent s'est fait l'écho. [Je gardais sous le coude cette info, en attendant de voir si elle allait faire scandale en Grande-Bretagne : loupé, à ma maigre surprise.]

    Cinq mois avant le début de l'invasion lancée en mars 2003, la ministre du commerce britannique, la baronne Elisabeth Symons, déclarait aux représentants des majors britanniques qu'elle ferait en sorte que ces dernières aient accès aux réserves d'hydrocarbures dans l'Irak d'après Saddam Hussein.

    Le compte-rendu d'une réunion avec BP, Shell et BG (British Gas) datée du 31 octobre 2002 indique : « La baronne Symons a reconnu qu'il serait difficile de justifier que les compagnies britanniques puissent sortir perdantes en Irak (...) si la Grande-Bretagne devait être un allié proéminent du gouvernement américain durant la crise. » La ministre a alors promis « de rendre compte aux compagnies avant Noël » du résultat de ses tractations auprès de l'administration Bush à Washington.

    Le ministère des affaires étrangères britannique invitait BP le 6 novembre 2002 à parler des opportunités en Irak « après le changement de régime ». Dans le compte-rendu de la réunion, on peut lire : « L'Irak est la grande opportunité du pétrole. BP est prêt à tout pour y aller, et s'inquiète que des accords politiques ne la privent de cette opportunité. »

    Après une autre réunion, en octobre 2002, le directeur du Moyen Orient au Foreign Office notait : « Shell et BP ne pourraient pas se permettre de ne pas avoir leur part en [Irak], pour le bien de leurs futurs à long terme. (...) Nous sommes déterminés à obtenir pour les compagnies britanniques une part honnête de l'action dans l'Irak post-Saddam. »

    Un mois avant l'invasion de l'Irak, en février 2003, l'ex-premier ministre Tony Blair qualifiait d' « absolument absurde » l'idée que cette invasion puisse être motivée par le pétrole. Le 12 mars 2003, le patron de BP de l'époque, Lord Browne, déclarait : « De mon point de vue, et du point de vue de BP, ce n'est pas une guerre du pétrole. »

    Aux Etats-Unis, l'administration Bush n'a, bien entendu, jamais reconnu le rôle joué par le pétrole. Les mobiles, c'était les armes de destructions massives (inexistantes) de Saddam Hussein et les liens (fictifs) de ce dernier avec l'organisation terroriste Al-Qaida.

    Quelques personnalités liées à l'administration Bush ont pourtant pu révéler le secret de Polichinelle, notamment Paul Wolfowitz (« La plus grosse différence entre la Corée du Nord et l’Irak (...) : l’Irak nage dans une mer de pétrole ! ») et Alan Greenspan (« Je suis attristé qu'il soit politiquement inconvenant de reconnaître ce que tout le monde sait : la guerre d'Irak est largement une histoire de pétrole »).

    Lors des réunions de l'Energy Task Force assemblée par le vice-président Dick Cheney en 2001, dans les premières semaines de l'administration Bush, une carte fut produite, faisant état d'un découpage possible de futures concessions pétrolières en Irak. L'existence de cette carte fut révélée en 2002 par décision de la justice américaine.

    Après avoir quitté le gouvernement, Lady Symons, aujourd'hui âgée de 59 ans, est devenue conseillère de la banque d'affaires MerchantBridge, qui a réalisé d'importants profits dans des contrats de reconstruction dans l'Irak d'après-guerre, précise The Independent. En mars, Elisabeth Symons a rompu les contacts qu'elle entretenait avec le Conseil de développement économique national libyen, auprès duquel elle intervenait en tant que conseillère bénévole.

    L'Irak détient 8,3 % des réserves mondiales de pétrole. C'est aujourd'hui le seul producteur majeur dont les capacités de production semblent pouvoir être accrues de façon substantielle, face à la perspective d'un déclin des extractions de nombreux autres grands producteurs (voir aussi [oil man] 'Peak Oil' : LE DOSSIER).

    Les intérêts britanniques dans le pétrole irakien remontent à la veille de la première guerre mondiale, à l'époque de la Turkish Petroleum Company. Ceux des compagnies américaines remontent à la création de l'Iraq Petroleum Company, en 1929.

    Matthieu Auzanneau (Oil Man, 14 juin 2011)

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  • Intervention en Libye : un cruel révélateur...

    Nous reproduisons ci-dessous un éditorial du quotidien Le Monde (dimanche 12 - lundi 13 juin 2011) qui pose quelques bonnes questions sur la défense française et européenne... De renoncements en renoncements, diposerons-nous encore dans quelques années des instruments nécessaires à la souveraineté ?...

     

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    Le cruel révélateur de l'intervention en Libye

    Il ne faudrait pas que l'affaire libyenne dure encore plusieurs mois. Pour le peuple libyen martyrisé par son dictateur, bien sûr. Mais pas seulement. Les lendemains risquent d'être douloureux pour les armées européennes qui participent à cette intervention.

    Trois nations en donnent le tempo : les Etats-Unis, acteur hors catégorie par sa puissance, la France et le Royaume-Uni. Seize autres pays jouent les seconds rôles, pour ne pas dire les figurants.

    Il ne faut pas leur en vouloir, a tenu à dire le secrétaire américain à la défense, Bob Gates, le 9 juin, qui, pour la énième fois, appelait les Européens à "partager le fardeau" de la sécurité mondiale : "Franchement, bon nombre de ces alliés restent à l'écart, non parce qu'ils ne veulent pas participer, mais simplement parce qu'ils ne peuvent pas. Les moyens militaires ne sont tout simplement pas là."

    La France s'est vantée d'avoir été la première à frapper, le 19 mars. Elle fait remarquer à ses alliés plus frileux qu'elle assume ses responsabilités de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Nos avions et nos bateaux sont partis à l'heure, avec des hommes prêts à servir, disent les chefs militaires. Mais demain, préviennent-ils, ce sera une autre affaire. Ainsi, comme l'admettent sans fard les responsables de la marine nationale, si le porte-avions Charles-de-Gaulle est engagé en Libye jusqu'à la fin de 2011, il devra s'arrêter totalement en 2012.

    Car les armées européennes, pourtant ultramodernes et ultra-coûteuses, ne savent plus durer. Les Rafale français dépendent des ravitailleurs américains. Les F16 danois n'ont plus de munitions après deux mois de frappes. Les Typhoon britanniques n'ont pas assez de pilotes qualifiés. Plus traumatisant pour cette grande puissance maritime, une bonne part de ses navires actuellement au combat dans le monde sont voués à la casse dans le cadre de la réforme budgétaire en cours.

    L'Irak (pour le Royaume-Uni), l'Afghanistan, le Liban, les conflits africains, ont placé aux limites de leurs capacités de déploiement des appareils militaires soumis aux sévères cures d'amaigrissement de l'après-guerre froide.

    Derrière, les entrepôts sont vides. L'effort du moment, très important, entame la préparation de l'avenir, comme le coureur finit par consommer sa masse musculaire. Le hiatus entre les ambitions affichées et les moyens de les réaliser est donc cruellement mis à nu.

    A l'aube de la campagne présidentielle, les responsables militaires ne se privent donc pas d'interpeller la nation. C'est, si l'on ose dire, de bonne guerre pour tenter d'obtenir des moyens d'action plus consistants et convaincants.

    Mais, au-delà de ce classique plaidoyer pro domo, des questions cruciales sont posées : la France veut-elle conserver un modèle d'armée cohérent et complet ? Est-elle prête à en payer le prix ? Quelle indépendance stratégique entend-elle défendre ? Faute de réponses sérieuses, les ambitions affichées sur la scène mondiale ne feront pas longtemps illusion.

    Le Monde (12-13 juin 2011)

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  • Vendée : une guerre populaire oubliée...

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    Le deuxième numéro hors-série de La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque. Il est entièrement consacré à la guerre de Vendée. On y trouve un entretien avec Reynald Secher, le spécialiste du génocide vendéen, ainsi que des articles de Stéphane Courtois ("Reynald Secher et le mémoricide"), de Dominique Venner ("Le peuple contre la révolution"), de Charles Vaugeois ("L'épopée en sabots de la Vendée"), de Guy Chambarlac ("Les colonnes infernales"), de Jean-Joël Brégeon ("L'affaire Carrier") ou encore de Jean Tulard ("Qui gouvernait sous la Terreur")... Bref, un numéro copieux !

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  • Le général Desportes et les enseignements de la guerre en Afghanistan...

    Excellent connaisseur de l'armée américaine, le général Vincent Desportes s'est fait connaître du public en juillet 2010 par une prise de position assez hostile à l'engagement militaire français en Afghanistan, qui lui a valu d'être sanctionné par le ministre de la défense. Il est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages de réflexion sur la guerre et la stratégie, tels que Comprendre la stratégie (Economica, 2001), Décider dans l'incertitude (Economica, 2004), La guerre probable (Economica, 2008) et dernièrement Le piège américain (Economica,2011).

    Le 11 mai 2011, à l'occasion d'un colloque organisé par l'IFRI et consacré à la guerre d'Afghanistan, il a exposé avec beaucoup de clareté et de franchise les enseignements qu'il tirait de cette guerre...

     

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    Les enseignements militaires et stratégiques du conflit afghan

    Je vais traiter de manière plus théorique le sujet qui a été donné : Les enseignements stratégiques & militaires du conflit afghan. Pour constater qu’en fait ce conflit valide à nouveau des concepts stratégiques persistants, qui affirment en chaque occasion leur pertinence, quel que soit le mépris qu’on puisse leur porter.

    Quelques idées :

    Première idée, c’est celle de la vie propre de la guerre. L’idée de Clausewitz, on le sait. Dès que vous avez créé la guerre, la guerre devient un sujet et non pas un objet. Clausewitz évoque la volonté indépendante de la guerre, les événements finissant par avoir leur dynamique propre. La guerre a sa vie propre qui vous conduit, pour de nombreuses raisons, là où vous n’aviez pas prévu d’aller.

    L’exemple de l’Afghanistan est particulièrement frappant. La guerre commence le 7 octobre, avec un objectif clair : faire tomber le pouvoir taliban à Kaboul et détruire le réseau d’Al-Qaïda en Afghanistan. En gros, l’objectif est atteint fin novembre 2001. Il y a alors moins de 2.000 militaires occidentaux au sol.

    Dix ans après : les objectifs de guerre ont totalement changé, il y a presque 150.000 soldats déployés en Afghanistan. C’est ce qu’un général résume d’une autre manière en parlant du niveau instable des décisions politiques, ce qui amène les stratèges militaires à adopter des modes de guerre successifs, qui s’avèrent contre-productifs par la suite.

    Cette évolution afghane éclaire donc deux réalités éternelles de la guerre. La première : toute guerre est marquée par une dérive de ses buts et le plus souvent une escalade des moyens, deuxièmement, les fins dans la guerre influent toujours sur les fins de la guerre.

    Deuxième idée – on doit concevoir la guerre et sa conduite non pas en fonction de l’effet tactique immédiat, mais en fonction de l’effet final recherché, c’est-à-dire le but stratégique. Autrement dit la forme que l’on donne initialement à la guerre a de lourdes conséquences ultérieures, ce qui est perdu d’entrée est très difficile à rattraper. Prenons les deux premières phases de la guerre en Afghanistan :

    - Première phase, celle du modèle afghan.

    2001, où selon les mots de Joe Biden, la stratégie minimaliste américaine. Lancée le 7 octobre 2001 cette phase associe la puissance aérienne américaine, les milices afghanes et un faible contingent de forces spéciales américaines. Résultat : on constate que le modèle a fonctionné pour faire tomber le régime des Taliban, mais beaucoup moins pour débusquer les membres d’Al-Qaïda et détruire les militants qui doivent se réfugier dans leurs zones sanctuaires. Conséquence : cette stratégie a contribué à renforcer les chefs de guerre locaux, en particulier ceux dont le comportement avec la population était honni et qui étaient hostiles au gouvernement central de Kaboul. Cela a renforcé la puissance tadjike et donc aliéné d’autant la population pachtoune. Tout cela a affaibli ce qui allait être essentiel ultérieurement, les deux piliers centraux de la reconstruction : l’État central et la bonne gouvernance.

    - 2ème phase, celle du modèle américain 2002-2006.

    Compte tenu de l’impossibilité pour les milices afghanes de venir à bout des Taliban, les troupes américaines prennent la tête des opérations de ratissage. Il s’agissait d’opérations de bouclage avec pour but d’éliminer les caches des terroristes. Résultat : très limité. Conséquences : l’efficacité du modèle américain est limitée par un très grand défaut de sensibilisation culturelle et politique, voire par la supériorité technologique elle-même. Les bombardements aériens soulèvent des questions sensibles. On se rappelle le bombardement d’une fête de mariage en Uruzgan en juillet 2002 avec des coûts politiques considérables. Les forces américaines suscitent crainte et hostilité dans la population, ils sont perçus comme des infidèles, commencent à être véritablement perçus comme une force d’occupation. La population initialement neutre, voire favorable, est ennemie. On passera en 2006 d’une guerre « enemy-centric » à une guerre « population-centric » mais le premier mode de guerre aura commis des dommages qui semblent irréparables.

    Quatrième idée – si le centre de gravité de l’adversaire se situe au-delà des limites politiques que l’on s’est fixé, il est inutile de faire la guerre car il ne sera pas possible de la gagner. Au sens Clausewitzien, le centre de gravité des Taliban se situe dans les zones tribales pakistanaises puisque c’est de cette zone refuge qu’ils tirent leur capacité de résistance. Il est impossible pour les Américains d’y mettre militairement de l’ordre, celle-ci se situe au-delà des limites politiques qu’ils se sont fixées, ne serait-ce d’ailleurs que pour de simples raisons logistique militaire, en raison de la vulnérabilité de leurs convois militaires lorsqu’ils traversent le Pakistan.

    Cinquième idée – c’est avec son adversaire que l’on fait la paix. Selon le bon esprit de la guerre froide qui n’a pas fini de nous faire du mal, la Conférence de Bonn en décembre 2001 a été non pas la conférence d’une réconciliation, mais la conférence des vainqueurs. Elle a de fait projeté les talibans, donc les Pachtounes, dans l’insurrection. Dix ans après, nous n’en sommes pas sortis.

    Sixième idée – ce qui est important, c’est le stratégique et non pas le tactique. Nous sommes aujourd’hui plongés au cœur d’une véritable quadrature du cercle tactique, entre protection de la population d’une part, protection de nos propres troupes d’autre part, et destruction de l’adversaire taliban par ailleurs. Nous sommes engagés dans un travail de Sisyphe du micro management du camp de bataille. C’est une impasse. Nous ne trouverons pas de martingale tactique en Afghanistan, la solution est d’ordre stratégique et politique. Une accumulation de bonnes tactiques ne fera jamais une bonne stratégie. Un problème politique au premier chef ne peut être résolu que par une solution politique. Citant des officiers américains, le New York Times regrettait récemment, je cite : « la déconnexion entre les efforts intenses des petites unités – et c’est tout aussi vrai des unités françaises – et les évolutions stratégiques ».

    Je voudrais maintenant évoquer une idée de… le niveau tactique. Elle est simple : le nombre compte, « mass matters » comme disent nos amis anglo-saxons. Les coupes budgétaires progressives et l’exponentiel coût des armements ont conduit à des réductions de formats incompatibles avec l’efficacité militaire et de nouvelles conditions de guerre au sein des populations.

    Contre l’insurrection, on connaît les ratios : en-dessous du ratio de 20 personnels de sécurité pour 1.000 locaux il est tout à fait improbable de l’emporter. Irlande du Nord : pour une population d’un million d’habitants, les Britanniques ont maintenu une force de sécurité globale de 50.000, ils sont restés vingt ans, le ratio est de 1 pour 20. En Irak, la population est de la trentaine de millions. Il a fallu mettre sur pied avec les Irakiens une force de 600.000 hommes pour que la manœuvre de contre-insurrection commence à produire ses effets. En Algérie, à la fin des années 50, les effectifs français étaient de 450.000 pour une population de 8 millions d’Algériens d’origine musulmane comme on les appelait alors. En Afghanistan, nous sommes extrêmement loin de ces ratios alors que le théâtre est infiniment plus complexe, physiquement et humainement, nous agissons en coalition, le ratio est de deux fois 140.000 pour 30 millions, c’est la moitié de ce qui est nécessaire pour avoir un espoir de gagner. Le ratio actuel forces de sécurité/population nous permet de conquérir – on le sait bien parce qu’on le fait tous les jours – mais pas de tenir. Or gagner la guerre c’est contrôler l’espace, or nous ne savons plus, nous ne pouvons plus, nous Occidentaux, contrôler l’espace.

    Pour conclure, deux dernières idées :

    Un – le conflit afghan est bien une guerre américaine. On se rappelle de ce télégramme diplomatique révélé dans Le Monde par Wikileaks, où l’ambassadeur des États-Unis à Paris demandait, sur instance de l’Élysée, que Washington trouve des façons de faire croire que la France comptait dans les options stratégiques. On se rappellera aussi que de McKiernan à Petraeus en passant par McChrystal, le commander in chief américain relève et remplace le chef de la coalition sans en référer aux autres membres. On se souviendra que les calendriers et les stratégies sont dictés davantage par les préoccupations de politique intérieure américaine que par le dialogue avec les coalisés, bien obligés de s’aligner – ceux qui ont lu Les guerres d’Obama de Woodward ne me contrediront sûrement sur aucun de ces points.

    Dernière idée – L’Afghanistan est une nouvelle preuve de l’échec de l’Europe. Je constate qu’il y a ou qu’il y a eu 15 pays de l’Union ayant engagé des forces militaires en Afghanistan : Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Hongrie, Italie, Lituanie, Lettonie, Pays- Bas, Pologne, Roumanie, Suède, République Tchèque, Portugal. Avec des effectifs non négligeables puisqu’ils représentent environ 40.000 combattants, soit un tiers de la force engagée. Or il n’y a presque pas d’Europe ou en tout cas de défense européenne en Afghanistan. On pourra toujours m’expliquer qu’historiquement l’Europe a eu du mal à s’imposer en tant que telle dans cette guerre. Certes. Mais le constat est là : l’Europe mène sa guerre la plus longue « ever », elle le fait avec des effectifs extrêmement importants et elle n’existe pas. Cela donne une résonnance nouvelle aux propos du ministre de la Défense Hervé Morin, qui affirmait fin octobre dernier : « L’Europe est devenue un protectorat des États-Unis ».

    Il est temps que l’Europe se reprenne en main. Merci.

     

     

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  • La pensée et l'action !...

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    Connaissez vous la boxe-échecs ou chessboxing ? C'est un sport inventé par le dessinateur et scénariste Enki Bilal dans sa bande-dessinée futuriste Froid Equateur(Les Humanoïdes associés, 1992),  troisième volet de la trilogie Nikopol (dont les deux premiers tomes sont La foire aux immortels (Dargaud, 1980) et La femme piège (Dargaud, 1986)). Le chessboxing voit les deux adversaires s'affronter alternativement sur l'échiquier et sur le ring.

    Un admirateur de Bilal, l'artiste performeur Iepe Rubingh décide d'organiser un premier combat en 2003. la formule connait un réel succés et des fédérations de chessboxing apparaissent en Allemagne, en Angleterre et en Russie, notamment.


    CHESS-BOXING ::: Combat au 104 - Paris par Gonzai_mag

    Le combat se déroule en onze rounds : 6 d'échecs (6 tranches d'une partie en blitz de 2x12 mn) et 5 round de boxe alternés. La victoire peut s'obtenir aussi bien sur l'échiquier que sur le ring. La partie commence évidemment par un round d'échecs et l'accés à ce type de compétition est réservé à des personnes possédant un niveau de bon joueur de club (1800 ELO).

     

     

    Ce sport extrême, où il faut "se battre sur le ring et faire la guerre sur l'échiquier" connaît maintenant des compétitions internationales , championnats d'Europe et championnat du monde...

     

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  • Une guerre ? Quelle guerre ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de Jean Bonnevey, publié sur Metamag, le magazine de l'esprit critique, à propos de l'enlisement de la guerre contre la Libye... BHL, notre stratège de pointe, serait-il parti en vacances ?...

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    Y a-t-il encore une guerre en Libye ?

    Et si l’enlisement médiatique précédait l’enlisement militaire

    Depuis l’attentat de Marrakech et la mort de Ben Laden, il faut vraiment être intéressé pour savoir ce qui se passe en Libye. Les dizaines d’envoyés spéciaux de nos médias, auprès bien sûr des « combattants de la liberté », semblent réduits à une sorte de chômage technique. Pendant une semaine, il aura fallu capter une brève à la radio ou aller dans les pages intérieures de la presse, pour avoir quelques données.

    Cet enlisement médiatique n’est pas de bon augure pour une guerre qui semble, n’en déplaise à l’Otan, s’enliser. Mais ce recul de l’intérêt porté par les informateurs à la guerre contre le tyran de Tripoli correspond, fort curieusement, aux résultats d’un bombardement allié dont le résultat a été de tuer son plus jeune fils et quelques uns de ses petits enfants. Ce qui, on l’admettra, est inefficace et loin d’être très glorieux. Quand la « guerre du bien » dérape vers la sale guerre…Silence radio, diront les mauvais esprits, qui ont souvent raison de l’être.

    L'expédition militaire ne ressemble, en rien, à l'avancée éclair des forces rebelles, au début de la révolte d’une partie du pays. La bataille des airs est une guerre d'usure : elle ne détruit les forces ennemies que petit à petit. Toutefois, comme elle dispose d'un véritable relais au sol, fût-il encore bien inexpérimenté, on peut penser qu'elle finira par faire tomber Kadhafi et ses  partisans, estime toujours l’OTAN.

    Les troupes du colonel se sont, cependant, adaptées aux frappes de l'OTAN, en apprenant à se disperser rapidement, puis à se reformer au moment des attaques; mais les ressources de Kadhafi ne sont pas infinies. Son principal espoir : la puissance des alliés est aussi très limitée.

    Ce n’est pas une promenade de santé et elle coûte

    Même si les Anglais et les Français engagent des forces, qui sont loin d'être négligeables, elles sont très minces au regard des ressources nécessaires pour une campagne rapide. Selon Gérard Longuet, qui l’a communiquée devant la Commission de la Défense Nationale, la note s’élèverait déjà, selon notre confrère « Les Echos », à 50M€, dont une trentaine pour les munitions tirées: un missile de croisière coûte la bagatelle d’1ME. A dispositif inchangé, c’est 100M€ par trimestre.

    Surtout que la coalition émet des ratés, notamment du côté italien. Après une semaine de bras de fer avec le gouvernement dont elle est le principal allié, la Ligue du Nord est parvenue à faire voter à la Chambre, la semaine dernière, une motion exigeant la fixation d'une date butoir, en accord avec les alliés, à l'intervention italienne en Libye. Le texte, voté par 309 députés (contre 294), exclut une "quelconque participation italienne" à d'éventuelles opérations au sol.

    Le temps pourrait donc finir par jouer pour Kadhafi et cela augmenterait la tentation de lui faire le coup du vrai-faux-vrai Ben Laden ; si on n’a pas essayé, déjà, de le faire à plusieurs reprises. Ce qu’on nie, évidemment, en haut lieu. L'objectif de l'intervention militaire internationale en Libye «n'est pas de tuer Kadhafi» mais d'affaiblir son appareil répressif, a affirmé le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, en indiquant que le CNT venait d'établir une «feuille de route».

    «Nous ciblons des objectifs militaires sur Tripoli», a-t-il poursuivi. «Il n'est pas question de s'enliser en Libye. Au bout de sept semaines, on ne peut pas parler d'enlisement, j'espère que cela ne durera pas au-delà de quelques semaines, au plus de quelques mois, mais il est prématuré de parler d'enlisement».

    Bien vague ce baratin de notre Ministre des Affaires Etrangères qui, comme les stratèges et va-t-en guerre au petit pied euphoriques du 19 mars, se sont simplement plantés dans leur prévisions, persuadés que Kadafhi allait tomber, comme une figue sèche, en quelques jours de pétarades. Alors, un jour, une semaine, un mois, deux mois… On laissera la responsabilité de ses prévisions à notre Juju. Et on imagine, déjà, ce que sera l’avenir « otanisé » de la Libye à l’aune de leur précision.

    Jean Bonnevey (Metamag, 11 mai 2011)

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