Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

grece - Page 13

  • Le Minotaure planétaire...

    Les éditions du Cercle viennent de publier un essai de Yanis Varoufakis intitulé Le Minotaure planétaire - L'ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial. Professeur d'économie politique, Yanis Varoufakis est devenu ministre des finances de Grèce à l'occasion de la victoire de la coalition Syriza aux élections législatives.

     

     

    yanis varoufakis,grèce,syriza,minotaure,chaos,états-unis,dollar

    " Le Krach de 2008 était-il programmé ?

    Tout commence en 1929, avec la Grande Dépression et son cortège d’immenses souffrances. L’absence de régulation bancaire aux États-Unis et la cupidité sans bornes des acteurs de Wall Street plongèrent le monde dans un chaos tel qu’il fallut une guerre mondiale – plus de 50 millions de morts et un champ de ruines sur l’Europe et le Japon – pour remettre un peu d’ordre dans les esprits.

    Se saisissant de l’occasion qui leur fut offerte au sortir de la guerre, les États-Unis s’arrogèrent alors le rôle de maître d’œuvre de la reconstruction du monde occidental. Les ennemis d’hier, l’Allemagne et le Japon, sont désormais leurs protégés et deviennent de fait les deux piliers de leur nouvel ordre mondial, ouvrant ainsi la voie aux « Trente Glorieuses ».

    Cet ordre mondial cédera cependant sous le poids écrasant des déficits américains et poussera Washington, en 1971, à suspendre la convertibilité du dollar en or afin d’assurer son hégémonie sur des bases radicalement différentes. C’est à ce nouvel arrangement que Yanis Varoufakis donne le nom de Minotaure planétaire : un ogre à la fois tuteur et cannibale de l’économie mondiale.

    Portant en lui les gènes de sa propre destruction, le Minotaure planétaire tombera sous les coups de la nouvelle dérégulation bancaire aux États-Unis et de la cupidité redoublée de la finance internationale, provoquant le Krach de 2008.

    Quel avenir pour le monde après le Minotaure planétaire ? Et qu’espérer de l’Europe quand l’insuffisance de ses dirigeants et les égoïsmes nationaux mènent droit à la désunion ?

    C’est la question, vitale, à laquelle Yanis Varoufakis tente de répondre dans cet essai à la fois brillant, iconoclaste et palpitant. "

    Lien permanent Catégories : Economie, Livres 0 commentaire Pin it!
  • Le sourire d'Homère...

    Les éditions de Fallois ont publié en septembre un essai de Jean Soler intitulé Le sourire d'Homère. Agrégé de lettres classiques et ancien diplomate, Jean Soler s'est spécialisé dans l'histoire et la philosophie des monothéismes et a écrit plusieurs livres sur le sujet comme L'invention du monothéisme (de Fallois, 2002) ou La violence monothéiste (de Fallois, 2009). Son essai Qui est Dieu ? (de Fallois, 2012) a déclenché une violente polémique.

    La revue Eléments (n°146, janvier-mars 2013) a publié un entretien avec Jean Soler, et on peut également trouver un texte de cet auteur dans la revue Krisis (n°36, février 2012).

     

    Sourire d'Homère.jpg

    « Il y a deux mille neuf cents ans, à la charnière de l'Europe et de l'Asie, sur les bords de la Méditerranée, une poignée d'hommes qui parlaient grec ont imaginé puis mis par écrit deux épopées, l'Iliade et l'Odyssée, qui ont inauguré la littérature occidentale. Ces œuvres, quels qu'en soient les auteurs - donnons-leur, par convention, le nom d'Homère -, relèvent du divertissement. Un poète jouait de la cithare en psalmodiant des vers harmonieux et rythmés devant des auditeurs qui oubliaient pour un temps leurs préoccupations. Il leur racontait des histoires, vraisemblables ou non, qui les captivaient, les émouvaient ou les faisaient rire.Se demander ce que ces récits, comme on le fait généralement, peuvent avoir d'historique, me semble incertain et sans réel intérêt. Je traite l'Iliade et l'Odyssée comme des fictions littéraires qui nous parlent encore, après avoir passionné les Grecs pendant mille ans et s'être diffusées dans l'espace méditerranéen, jusqu'à ce que le dieu supposé unique évince tous ses concurrents. Même si ces épopées ne poursuivent aucun but didactique, elles transmettent la vision du monde et les valeurs du peuple qui les a conçues. C'est cette vision, ce sont ces valeurs que je me propose de restituer.J'ai tâché de faire, avec Homère, pour la civilisation grecque et, plus largement, méditerranéenne, le même travail de remontée aux sources que celui que j'ai effectué, avec la Bible, pour la civilisation hébraïque et les monothéismes qui en sont issus. Ce livre est un complément ou plutôt un préambule à la synthèse de la pensée grecque que j'ai rédigée dans La Violence monothéiste, sous l'intitulé « Le modèle grec », et que j'ai fait suivre d'un « Parallèle entre Athènes et Jérusalem ».Pour traduire Homère, j'ai privilégié l'exactitude du sens, sans essayer de rendre, par des moyens forcément artificiels, la métrique et la musicalité du vers homérique. Et je donne des citations très nombreuses, souvent étendues, pour que le lecteur puisse contrôler sur pièces ce que j'avance, et qu'il ait un contact direct, comme dans une anthologie, avec le texte même d'Homère, plutôt qu'au travers de thèses échafaudées à son sujet.Homère, rien qu'Homère ! Pour le plaisir. » Jean Soler

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Nous les descendants d'Athéna...

    Les éditions Apopsix viennent de publier en deux tomes, Nous les descendants d'Athena, un essai d'Ivan Blot. Président de l'association "Démocratie directe", Ivan Blot a récemment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012) et Les faux prophètes (Apopsix, 2013).

     

    Descendants d'Athena.jpg

    " Nous sommes tous des héritiers d'Athéna, la déesse de la sagesse grecque. Les Grecs nous ont donné la science, la médecine, la philosophie, la politique, les jeux olympiques, l'art classique et jusqu'à l'alphabet complet, avec les voyelles et consonnes. Le Christianisme lui-même s'est enraciné dans l'hellénisme et Saint Augustin a puisé dans Platon, comme Saint Thomas d'Aquin dans Aristote. Le Grec est une des deux langues de la révélation divine, selon, l'autorité vaticane et l'on peut parler d'helléno-christianisme plutôt que de judéo-christianisme, pour désigner la Civilisation issue de la rencontre de l'héritage grec et du message chrétien. Leurs valeurs qu'ils ont incarnés, liberté, patriotisme, esprit de compétition, humanisme, juste mesure, sont encore les nôtres. Mais pour combien de temps ?

    Nous sommes tous les héritiers d'Athéna mais nous sommes sur le point d'être déshérités. Les valeurs de l'humanisme classique issu des Grecs sont en voie d'effacement, avec le concours des médias et de l'appareil éducatif. L'objet de ce livre est de nous réapproprier notre héritage grec sans lequel notre Civilisation ne peut que se dissoudre. Autour des « Descendants d'Athéna », c'est l'avenir de la France, de l'Occident et même de l'humanité toute entière qui est en jeu !

    « Nous les descendants d'Athéna » est aujourd'hui un ouvrage de synthèse indispensable à qui veut connaître les origines grecques de notre civilisation et les conditions pour que celle-ci résiste à la menace de déshumanisation barbare qui pèse sur le monde aujourd'hui."

     

     

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Deviens qui tu es !...

    Les éditions Albin Michel viennent de publier Deviens qui tu es, un essai de Bertrand Vergely. Professeur de philosophie, Bertrand Vergely est également théologien orthodoxe.

     

    Deviens qui tu es.jpg

    " Les anciens Grecs sont toujours parmi nous. Tout comme ils ont eu leurs dieux, leurs mythes et leurs héros, nous avons les nôtres. Aspirant à l'idéal sans pour autant négliger la réalité, nous sommes comme eux en quête d'équilibre. Ils le trouvaient dans une acceptation de la vie et du monde mêlant sens du corps et de l'âme, de la vertu et du bonheur, de la République et de la démocratie, de la raison et de l'initiation, du désir et de l'amitié, de la sagesse et de la philosophie.
    Malgré notre individualisme apparent, nous aimons nous penser comme faisant partie d'un univers où existent malgré tout la beauté et l'harmonie. Nous admirons les êtres humains qui se distinguent par une noblesse d'âme ou bien encore les vies qui sonnent justes. Si nous devons aux Anciens la part idéale qui vit en nous comme une secrète nostalgie, nous leur devons aussi la part réaliste de nous-mêmes.
    Un ouvrage fascinant où chaque chapitre part d'un événement, personnage ou lieu contemporain pour dresser un tableau de correspondances entre l'univers de l'Antiquité grecque et le nôtre. Ainsi le Planétarium de la Villette introduit sa réflexion sur la Nature et le Cosmos, les égouts de Paris servent de métaphore pour le chapitre sur l'ombre, le personnage de Coluche enclenche le chapitre sur l'ironie, la comédie et la démystification, le film Le Parrain illustre les sophismes de la violence, de l'efficacité de l'audace et de la grandeur et le Crazy Horse ouvre les réflexions sur le désir de l'amour ! "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Retour au soleil...

    Notre ami Maurice Rollet s'est éteint mardi 21 janvier dans la matinée, à l'age de 80 ans, après un long parcours militant.

    Médecin, poète et barde, Maurice Rollet était un des fondateurs du GRECE et, pour tous ceux qui l'ont connu, un grand vivant.

    Nous reproduisons ci-dessous les paroles d'une de ses chansons, écrite pour le Docteur Merlin...

     

    Visage aigle Trémois.jpg

    Dis-moi

    Dis-moi le jardin des mots
    Et le mystère des choses
    Dis-moi le secret des eaux
    Et la naissance des roses
    Dis-moi dans ces îles lointaines
    Où vont les oies sauvages
    Dis-moi les verts horizons
    Les merveilleux rivages
    Dis-moi dans les neiges éternelles
    Pourquoi la biche s'enfuit-elle ?
    Je veux savoir
    Je veux l'impossible
    Raconte-moi
    L'éternel retour
    Dessine-moi le monde invisible
    Apprends-moi
    La légende des jours
    Dis-moi la voix des forêts
    Les sources vagabondes
    Dis-moi l'ombre des marais
    Mélusine et ses rondes
    Dis-moi si on peut
    Arrêter le temps
    Ouvre pour moi le livre de la nuit
    Dis-moi pour qui chante l'oiseau bleu
    Où naît le vent où disparaît la pluie
    Révèle-moi le secret du feu
    Je veux savoir
    Je veux l'impossible
    Raconte-moi
    L'éternel retour
    Dessine-moi le monde invisible
    Apprends-moi
    La légende des jours
    Dis-moi, dis-moi
    Comment on cueille l'amour ?
    Maurice Rollet

     

    Lien permanent Catégories : Infos 0 commentaire Pin it!
  • Noël, fête du solstice d'hiver !...

    Joyeux Noël aux lecteurs de Métapo infos.

    Et en ce jour sacré pour les Européens, nous vous proposons un texte du Groupement de recherches et d'études sur la civilisation européenne (GRECE) consacré aux origines païennes de cette fête immémoriale...

     

    tour-de-jul.jpg

    Noël, fête du solstice d'hiver

    Comme chacun le sait, la fête de Noël (Jul) correspond aux anciennes festivités indo-européennes du solstice d'hiver.

    Le mythologue Marc de Smedt le rappelle, après bien d'autres : "Noël n'est qu'une adaptation à la nouvelle religion (chrétienne) des fêtes que les Anciens et les Barbares célébraient lors du solstice d'hiver - et il en est de même pour toutes les fêtes chrétiennes, bien que l'Eglise l'ait très longtemps nié" (Le Nouvel Observateur, 23 décembre 1974). C'est ainsi que la fête de l'annonce à Marie, le 25 mars, soit neuf mois avant Noël (durée de la période de gestation) était célébrée à Rome bien avant le christianisme : c'était la fête de l'annonce à Cybèle.

    Après beaucoup d'hésitations, l'Eglise s'est décidée à fixer la date de la naissance supposée du Christ au 25 décembre afin de la faire coïncider avec un rite plus ancien : la première mention latine de cette date comme fête de la Nativité remonte à l'an 354, la célébration proprement dite n'étant apparue qu'à la fin du IVe siècle. En 525, Dyonisius le Petit, consacrant une tradition alors vieille d'un peu moins d'un siècle, fixe la date de la naissance supposée de Jésus au 25 décembre de l'an 1, qu'il assimile à l'an 754 de la fondation de Rome. En fait, si les festivités du solstice d'hiver ont toujours eu lieu à la même époque de l'année, nous ignorons non seulement le jour de la naissance de Jésus, mais même l'année. Sur ce point comme sur bien d'autres, la contradiction entre les canonistes est totale.  
     

    On notera à ce sujet que les contradictions concernant la naissance de Jésus s'étendent plus loin encore, jusqu'au lieu même de sa naissance (Nazareth, ou Bethléem ?) et à son ascendance davidique présumée. David Flusser écrit à ce sujet :  [...] "Les deux généalogies de Matthieu et de Luc ne sont identiques que d'Abraham à David. Les difficultés propres aux deux successions et leurs importantes divergences laissent donc l'impression que les deux généalogies de Jésus ont été établies dans le seul but d'établir la descendance davidique de Jésus". (Jésus, Le Seuil, 1970). La volonté de manipuler et de récupérer l'histoire au service de la Révélation ne pouvait manquer de s'appliquer également à des festivités aussi populaires et aussi enracinées que celles qui entourent les deux périodes solsticiales.


    Comme en bien d'autres occasions, l’Église, après avoir cherché à détruire, a fini par composer.

    Au départ, son hostilité ne fait pas de doute. N'est-il pas écrit dans le Deutéronome : "Quiconque aura honoré le soleil ou la lune, ou un être dans les cieux, devra être lapidé jusqu'à ce que mort s'ensuive" (XVII, 2-5) ? Le psychiatre Ernst Jones a été jusqu'à écrire : "On pourrait se demander si le christianisme aurait survécu s'il n'avait pas institué la fête de Noël avec tout ce qu'elle signifie" (Psychanalyse, folklore et religion, Payot).

    Aujourd'hui, René Laurentin reconnaît que cette "naissance de Jésus, dont les Evangiles ne nous disent pas la date, l'Eglise l'a située au solstice d'hiver" (Le Figaro, 26-27 novembre 1977). Il ajoute : "Le symbole cosmique du solstice d'hiver popularise et vulgarise à la fois la fête de Noël parmi nous" (ibid.).

    Marc de Smedt explique : "Ce n'est pas par hasard que, la date exacte de la naissance de Jésus restant inconnue, un concile décidé néanmoins de fête l'anniversaire de cette nativité le jour du 25 décembre, jour du solstice d'hiver, qui ouvre la phase ascendante et lumineuse du cycle annuel. Partout, on allumait alors des feux en signe de joie. Saint-Augustin et l'Eglise démentirent, bien sûr, ces origines païennes, mais il n'en reste pas moins que le 25 décembre était l'anniversaire des dieux soleil [...] Jésus naît la nuit, il vainc l'obscurité, cette vieille angoisse de l'homme, et symbolise la victoire périodique de la lumière fraternelle qui va aider au renouveau de la vie et à l'éclosion cyclique de la nature porteuse de fruits. La réanimation de la lumière équivaut à un renouvellement du monde. La partie du solstice d'hiver ouvre un cycle : dans la tradition hindoue, c'est le début du deva-yâna, la voie des dieux, par opposition à la pitri-yâna du solstice d'été, qui figurait le commencement de la voie des ancêtres" (Le Nouvel Observateur, art.cit.).

    D'un autre côté, la fragilité de l'argumentation historiciste appuyant cette récupération, ainsi que la prégnance de vieux symboles païens dans les célébrations de Noël, ont induit dans certains milieux chrétiens une tendance marquée à la "démythologisation" de Noël. Le fait, à vrai dire, n'est pas nouveau. Certaines sectes protestantes récusent le caractère de fête du 25 décembre et y voient une célébration purement païenne. Tel est le cas des Témoins de Jéhovah (qui font remarquer que, si le jour de la naissance de Jésus avait eu la moindre importance, la Bible l'aurait à coup, sûr mentionné) et, aux Etats-Unis, de la Worldwide Church of God fondée par Herbert W. Armstrong (cf. le Sunday Sun du 28 décembre 1980). Par ailleurs, pour l'église orthodoxe, la fête de Pâques a toujours eu plus d'importance, on le sait, que la fête de Noël.

     

     

    La nouveauté est que cette tendance atteint également les milieux catholiques. Une thèse de ce genre est notamment développée par Raymond E. Brown, membre (catholique) de l'Union Theological Seminary, dans un livre intitulé The Birth of the Messiah (1977). A Paris, dans La Croix du 21-22 décembre 1980, Etienne Got propose lui aussi de " démythiser Noël ". Tel est d'ailleurs le titre de son article. Sa conclusion est la suivante : " Démythisons, mais gardons l'essentiel : une jeune juive nommée Marie donne naissance, loin de chez elle, dans un pays occupé, à un garçon qu'elle nomme Jésus, qu'elle pressent être le Messie ".

    A Rome, bien avant la célébration de Sol Invictus, le solstice est nommé bruma, breuissima (dies), journée qui correspond au 21 décembre. On a également recours à une autre racine, qui a donné le mot angor. "Il est de bon latin, à toute époque, de notre par angustiae un espace de temps ressenti comme trop bref, fâcheusement ou douloureusement bref, et Macrobe ne manque pas de l'employer et de le répéter quand il dramatise ce tournant de l'année" (Georges Dumézil, La religion romaine archaïque, Payot, 1966).

    Ovide écrit : "Le solstice d'été n'abrège pas mes nuits, et le solstice d'hiver ne me rend pas les jours angustos" (Les Tristes 5, 10, 7-8) . La religion ressent ces angustos dies solsticiaux : une déesse et un culte en assurent le franchissement. Cette déesse du solstice, c'est Diua Angerona, dont les festivités, dénommées Diulia ou Angeronalia, se déroulent le 21 décembre. Ce jour là, les pontifes offrent un sacrifice in curia Acculeia ou in sacello Volupiae, proche de la porte Romanula, une des portes intérieures de Rome, sur le front Nord du Palatin. Dans cette chapelle se trouve une statue de la déesse, avec la bouche bandée et scellée ; elle a un doigt posé sur les lèvres pour commander le silence. Pourquoi cette attitude ? Georges Dumézil explique, en se référant à d'autres mythes indo-européens : "Unes des intentions du silence, dans l'Inde et ailleurs, est de concentrer la pensée, la volonté, la parole intérieure, et d'obtenir par cette concentration une efficacité magique que n'a pas la parole prononcée ; et les mythologies mettent volontiers cette puissance au service du soleil menacé" (op.cit., p. 331). 

    En ce qui concerne les Germains, l'historien Grec Procope (IVe siècle) dit qu'au coeur de l'hiver, les hommes des "pays du Nord" envoient des messagers au sommet des montagnes pour guetter le retour du soleil, lequel est annoncé par des feux ou des roues enflammées auxquelles on fait dévaler les pentes. De son côté, Tacite (55-120) raconte dans ses Annales que les Germains célèbrent le solstice d'hiver par des festivités et des festins.

    Il faut noter ici que le solstice d'hiver est un simulacre du Ragnarök : la fin de l'année est la "représentation" cyclique de la fin du monde (qui clôt elle-même un grand cycle du temps). C'est pourquoi dans l'Edda, l'époque du "crépuscule des dieux", durant laquelle le soleil - comme Odhinn lui-même- est avalé par le loup Fenrir (ou par un fils de Fenrir), est appelée Fimbulvetr, c'est à dire le Grand Hiver. C'est pourquoi également Vidarr, le dieu qui permet la renaissance du monde et qui parvient à terrasser Fenrir (Völuspa, 55) - grâce à quoi le soleil est remplacé par sa fille, c'est-à-dire par un nouveau soleil (dans les langues germaniques, le mot "soleil" est du genre féminin) -, est défini comme l' "Ase silencieux". L'analogie entre l'action de Vidarr, qui implique le silence, et celle de la déesse romaine du solstice, Angerona, dont l'attitude commande aussi le silence, saute aux yeux. Le silence est nécessaire à Noël pour que le dieu / la déesse sauve le soleil du péril et de la mort.

    A cet égard, le passage essentiel de l'Edda se trouve dans le chant de Wafthrudnir au moment où, à la question de Gôngrôder : "D'où viendra le nouveau soleil dans le ciel uni, lorsque le loup aura avalé celui que nous voyons ?", le sage Wafthrudnir (Wafthrunder) répond : "Le soleil, avant d'être anéanti par le loup, donnera le jour à une fille ; quand les dieux disparaîtront, elle suivra la même route que sa mère". On notera par ailleurs que dans la mythologie germanique, le loup est constamment attesté comme le symbole de l'hiver et qu'en Allemagne du Sud, l'ancien nom du mois de Décembre (Julmond ou Julmonat) est attesté, lui aussi, en Wolfsmond, le "mois du loup".

     

     

    Dans son essai sur La vie religieuse de l'Islande, 1116-1263 (Fondation Singer-Polignac 1979, p. 369) , Régis Boyer souligne également : "Tout comme elle a dû confondre Noël et jól et, outre la jólaveizla (le "banquet de Jul") , la jóladrykkja (la "libation de Jul") , le jólabodh, les pratiques qui allaient de pair : hospitalité libéralement accordée (jólavistar) et la paix sacrée (jólafridhinn), l'Eglise a assimilé les fêtes d'équinoxe d'automne, vetr-naetr, à la Saint-Michel et celles du solstice d'été, sumarmàl, à la Saint-Jean, de même que celles de la mi-été (midhsumar)". De son côté, un auteur comme Folke Ström (Nordisk hedendom, p. 61) a montré que le jól (Jul) islandais était l'ancien sacrifice nordique de l'àlfablót.

    GRECE (Les Traditions d'Europe, 1996)


    Lien permanent Catégories : Classiques 1 commentaire Pin it!