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europe - Page 77

  • L'Empire contre-attaque ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de Caroline Galactéros, cueillie sur son site Bouger les lignes et consacrée aux conséquences pour l'Europe de la future politique étrangère américaine. Docteur en science politique et dirigeante d'une société de conseil, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et publie régulièrement ses analyses sur le site du Point et sur celui du Figaro Vox.

     

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    L'Empire contre-attaque !

    Donald Trump sera donc le 45ème président des États-Unis. Un revers cinglant pour l'Establishment mondial, les médias et les instituts de sondages occidentaux, qui ont, une fois encore, pratiqué la méthode Coué et refusé de prendre la mesure de la colère d'un peuple qui rejette sa marginalisation politique, culturelle et économique. Une auto-intoxication médiatique qui en France, menace d'atteindre aussi la primaire de la droite et du centre, celle de gauche et l'ensemble de la compréhension des enjeux du scrutin présidentiel…

    Ce qui est surprenant, c'est en fait que les grands «leaders» et analystes soient si surpris de cette victoire. Surprenant et inquiétant, pour ce que cela révèle du divorce des perceptions et des attentes entre cette superstructure composée des élites mondialisées occidentales et les «populations» qu'elles prétendent diriger ou informer, leur déniant le statut de peuples comme leur profond besoin de cohérence et de protection identitaire. Un besoin en somme, d'être des «Nations» plutôt que des agrégats d'atomes projetés nus dans la violence économique et sociale du monde.

    Le divorce est donc consommé. L'expression se libère. Les peuples se rebiffent. On objectera que c'est la victoire d'un populisme nauséabond, rétrograde et vulgaire. Celle d'une population blanche sous-diplômée, raciste, xénophobe, homophobe. Celle des «deplorables», celle de citoyens américains pitoyables selon Hillary Clinton. L'ancienne secrétaire d'État du Président Obama a ce jour-là dévoilé son mépris profond du peuple (pas uniquement blanc d'ailleurs) dont elle quêtait les suffrages, et elle a perdu une belle occasion de se taire. Alors, la victoire «du Donald» est-elle l'expression d'un populisme rance ou d'un sursaut démocratique? Je penche pour cette seconde possibilité et la tiens pour un cri d'angoisse d'une (grande) partie de l'Amérique - blanche, noire, hispanique - qui, lasse d'être ignorée, a saisi sa chance, ici incarnée en cet homme si représentatif du fighting spirit américain, de dire sa colère et son sentiment d'abandon.

    Besoin de frontières, besoin d'identité, ces thèmes ne sont pas très «hype» ni «bobos», on en conviendra. Mais ces crispations sont celles d'une société américaine qui réalise que son avenir est sombre. Non pas, comme chez nous, parce que l'État-providence est en faillite et ne peut plus payer pour tout… puisqu'on ne lui demande quasiment rien là-bas. Mais parce que la liquidité du monde, sa virtualisation galopante, ont mis à mal le rêve américain lui-même, et rompu la chaîne de l'espoir en un avenir meilleur pour ses enfants - non par l'opération du Saint-Esprit ou les largesses de l'État-providence - mais par l'effort et le travail acharnés.

    C'est là probablement la vraie rupture qui a noué la victoire de Trump. Le gouffre toujours plus grand des inégalités liées à la financiarisation de l'économie, le surendettement de la jeunesse étudiante, la précarisation structurelle de couches entières de la population a transformé le rêve américain en mythe de Sisyphe désespérant. Un rêve américain qui n'est pas un slogan outre-Atlantique, mais une conviction très profondément ancrée en chacun de la valeur du travail et du courage pour améliorer sa condition initiale, quelle qu'elle soit, ou pour y échapper spectaculairement.

    Alors, plutôt que de déclarer légèrement que cette élection «ouvre une ère d'incertitude», comme l'a fait notre président, qui n'a manifestement toujours pas compris ce que la fonction présidentielle exigeait de hauteur de vue et d'intelligence de situation en matière internationale, nous devrions féliciter le nouveau président américain et l'assurer de la disponibilité de la France, au-delà de toute alternance politique, à consolider une relation bilatérale essentielle pour nos deux pays. Nous devons aussi sans attendre, tirer les conséquences de cette bascule géopolitique probable et majeure avec lucidité, et nous atteler à restaurer notre image abîmée d'allié secondaire trop docile. Peut-être en fait la réaction française s'explique-t-elle par un «vertige» (exprimé de manière intempestive par notre ambassadeur à Washington), non pas devant la victoire de Trump, mais devant le désaveu massif de la «politique» moyen-orientale de Paris depuis bientôt cinq ans que cette victoire augure. Nous avons «eu tout faux» depuis 2011 en Libye, mais bien plus encore en Syrie. L'heure est venue soit de changer radicalement d'approche, soit, si nous nous entêtons, d'en payer le prix par un isolement gravissime et une décrédibilisation durable dans toute la région et au-delà.

    Même les États-Unis en effet, ont besoin d'alliés forts et intellectuellement autonomes. Leur nouveau président, bien plus que son prédécesseur, croit manifestement dans le rapport de force comme vecteur de structuration de toutes les relations, d'affaires, internationales et interpersonnelles. Il s'accommodera parfaitement d'une France qui assume son indépendance d'esprit et de comportement et défend ses intérêts sans trahir ses alliances. Il sera très probablement bien entouré. On parle de Newt Gingrinch comme secrétaire d'État et du Général Michael Flynn - ancien directeur du renseignement américain -, connu pour son réalisme et sa clairvoyance sur la marche réelle du monde et des grands équilibres à préserver ou à restaurer notamment au Moyen-Orient et vis-à-vis de la Russie. Son conseiller pour la politique étrangère, le libanais Whalid Phares, paraît être aussi un facteur sinon de pondération, tout au moins de créativité pragmatique. Or, le monde à un urgent besoin d'innover pour s'apaiser. Par ailleurs, les fondamentaux géopolitiques de l'Amérique ne vont pas disparaître avec l'arrivée de Donald Trump et ils sont largement trans-partisans. Le style va changer, les méthodes sans doute aussi, mais le nouveau président sera très vite «bordé» et de fait contrôlé par un entourage sérieux mais probablement plus réaliste que celui d'Hillary Clinton, qui augurait d'un interventionnisme classique dogmatique et moralisateur. Le monde n'en veut plus et n'y croit plus.

    Néanmoins, on peut sans doute attendre - et espérer - quelques inflexions notables dans la façon qu'aura la nouvelle Administration de projeter la puissance américaine sur une scène internationale qui a considérablement évolué depuis 2008. Tout va donc dépendre de la confiance et du respect initial portés par les acteurs internationaux au nouveau leadership américain, mais aussi de la capacité de l'Europe à prendre son destin en main. Car le nouveau président, dont les discours de campagne ont souvent été contradictoires, a toutefois exprimé quelques convictions fortes: la Chine étant le peer competitor ultime de l'Amérique, le temps est venu pour l'Europe de se prendre davantage en charge pour sa sécurité, y compris au sein de l'OTAN, qui pourrait être appelée à évoluer vers une structure de lutte contre le terrorisme international plutôt que demeurer une alliance lourde préparant à grands frais des guerres … qui ne se mèneront pas.

    Un homme d'État au pouvoir en France saisirait cette occasion historique pour impulser enfin, autour d'un petit noyau structurant, une vaste initiative de défense et de sécurité européenne, sans naturellement nier l'OTAN, mais en prenant en compte les intérêts propres de notre continent, et en y associant activement Moscou. Cela nécessiterait peut-être d'oser parler de notre sortie éventuelle du commandement militaire intégré de l'Alliance. En effet, notre «réintégration» en 2009, si elle nous associe désormais à la planification des opérations auxquelles nous participons, n'a en vérité pas vu notre poids décisionnel augmenter sensiblement. Or, la France doit retrouver une voix libre, totalement indépendante et forte. Il existe un «besoin de France» qui s'exprime toujours aux quatre coins de la planète et que nous ne pouvons ni ne devons plus ignorer.

    Donald Trump a aussi dit vouloir en finir avec l'Accord sur le nucléaire iranien, essentiellement pour complaire à tel Aviv sans doute. Ce pourrait être une très forte source de tensions régionales…mais aussi une opportunité pour une nation telle que la France, dont le rôle doit être celui d'une puissance médiatrice et équilibrante. De mon point de vue, dans une politique étrangère nationale refondée, il faudrait au contraire savoir s'appuyer sur l'Iran et l'Inde pour promouvoir une stabilisation progressive de la région. La Russie l'a compris. La France devrait l'imiter, plus encore d'ailleurs, si l'Amérique ne le juge pas ou plus souhaitable, pour des raisons propres à sa relation particulière avec Israël. Nous avons ici aussi une belle carte à jouer.

    Donald Trump veut encore en finir avec l'État islamique, et pour cela agir en convergence avec Moscou. On ne peut que s'en réjouir. Vladimir Poutine appelle à une coordination occidentale contre le terrorisme international depuis 2001, et plus encore depuis son implication militaire en Syrie à l'automne 2015. Mais le nouveau président américain a-t-il bien pris la mesure des implications considérables d'une telle détermination? Cela signifie en effet d'en finir avec une politique du chaos et de la déstabilisation des grands États laïcs, menée depuis le milieu des années 2000 par l'Amérique, la Turquie et le Qatar notamment, au profit du courant Frères musulmans ; de cesser immédiatement le soutien aux groupes islamistes prétendument modérés (par contraste avec la sauvagerie spectaculaire de l'EI) qui déchirent le corps de la malheureuse Syrie depuis 5ans pour s'en attribuer le pouvoir et les richesses. Il faut donc décider de sauver l'État syrien et préparer une transition politique crédible et viable au régime d'Assad. Cela veut dire, parallèlement, une politique de grande fermeté vis-à-vis du Qatar, de l'Arabie saoudite et de la Turquie, qui pourrait aller jusqu'à les contraindre à constituer une coalition arabe sunnite véritablement modérée et à cesser leurs doubles jeux délétères. Cela suppose enfin de mener au plus tôt une action diplomatique sincèrement convergente entre Washington et Moscou, pour imaginer et aménager une place politique aux sunnites irakiens mais aussi syriens sans laisser s'y immiscer Al-Qaïda et ses succédanés mêlés à des «reconvertis» de Daech, qui gardent pour cible la déstabilisation des monarchies pétrolières, mais aussi à terme, la fragilisation des nations européennes et de la civilisation occidentale en général.

    Pour Paris, s'arrimer à une telle offensive en claire rupture avec l'actuelle politique occidentale au Moyen-Orient, lui permettrait de sortir d'une impasse et d'un piège aux implications sécuritaires majeures. Nous soutenons en effet de facto en Syrie un islamisme combattant qui nourrit la haine d'une frange de notre propre jeunesse sur notre territoire national et qui ourdit des attentats qui frappent nos concitoyens et minent notre résilience nationale. Nous devons là aussi faire un choix politique et identitaire, l'assumer sans états d'âme et le faire respecter en mettant notre action militaire extérieure enfin en cohérence avec cet objectif politique et sociétal intérieur.

    On compare ici ou là, l'élection de Donald Trump au Brexit. C'est effectivement un second coup de semonce qui affecte l'Europe et la met au pied du mur de ses trop longues inconséquences. Soit l'Europe se reprend et saisit sa chance historique de refonder sa légitimité et de trouver sa place dans un monde qui est en train de se réarticuler sans elle, soit la vague de fond populiste, protectionniste et xénophobe, nourrie par le ralentissement de la croissance mondiale et ses conséquences en termes d'emploi et de creusement des inégalités risque, en France, en Italie, en Autriche, aux Pays Bas et ailleurs, de faire imploser un édifice européen fragilisé qui ne survivra pas longtemps s'il persiste à refuser de répondre aux enjeux identitaires, d'immigration et de frontières qui fragilisent sa légitimité profonde.

    L'économisme béat a ses limites, le quantitative easing aussi. La croissance chinoise marque le pas, ce qui fait craindre une nouvelle crise financière et économique internationale, dont l'EU ne se relèvera pas en ordre dispersé et sans gouvernance politique forte. L'heure est donc au courage et à l'ambition.

    Finalement, au lieu de geindre et de pousser des cris d'orfraie, il faut sans doute se réjouir. Le verdict du peuple américain est rafraîchissant et même rassurant. «L'empire» n'est pas mort. Il renaît de ses cendres et veut exister face à son challenger chinois. Dans ce vaste mouvement géostratégique, la position russe et la manière dont l'Amérique de Trump mais aussi l'Europe vont être capables d'en finir avec leurs vieux cauchemars de Guerre froide pour y associer la Russie, sont rien moins que cardinales. Nul doute que des pressions immenses - à Washington mais aussi en Europe de l'est - vont s'exercer pour poursuivre l'ostracisation de Moscou et la «construction d'un ennemi» qui fait la fortune de l'Alliance atlantique et celle du complexe militaro-industriel américain.

    Pourtant le défi est bien plus grand. C'est l'Occident entier qui devrait faire taire des querelles dépassées pour conjuguer ses forces et stopper l'expansion d'un islamisme conquérant qui a décidé de déstabiliser le ventre mou européen, mais aussi la civilisation occidentale dans son ensemble dont l'Amérique se veut encore la championne. Or, n'en déplaise aux russophobes compulsifs à courte vue, la Russie est un bout d'Occident, et un bout d'Europe évidemment.

    Se tromper d'ennemi par paresse intellectuelle, intérêt immédiat ou dogmatisme est criminel. La France et l'Europe sont sous le feu. Il faut oser une rupture cognitive, intellectuelle et même morale pour réintégrer la Russie dans notre camp, au lieu de la pousser dans les bras chinois qui pourraient l'asphyxier. La Chine est en embuscade en effet. Avec son pharaonique projet de «Nouvelle Route de la Soie», qui vise la création d'un marché asiatique gigantesque unique, l'accaparement des ressources économiques et énergétiques des pays traversés, le désenclavement du Pakistan et de l'Afghanistan, mais aussi, au bout de la mire, l'endiguement des puissances américaine et russe et le contournement de l'Inde, la Chine change de modèle de puissance. Elle passe d'une croissance intérieure à un déploiement de puissance et d'influence vers l'extérieur. Elle prend ses points d'appui en Asie centrale et au Moyen-Orient (mais aussi en Afrique et en Amérique latine) pour atteindre les marchés européens, via un maillage d'infrastructures terrestres et maritimes sans précédent, adossé à une renaissance militaire considérable et à des structures bancaires aux moyens colossaux. Nos technocrates européens s'en rendent-ils compte? Comment comptent-ils réagir, se défendre et/ou saisir les opportunités liées à ce projet? Silence radio. À terme, c'est une alternative financière et normative complète au FMI et à la Banque mondiale qui s'ébauche, avec le rêve d'une nouvelle monnaie de référence -chinoise- des échanges internationaux qui détrônera le dollar. Un «système de Bretton Woods-bis» en somme, mais qui ne dit pas encore son nom et avance à petits pas. Pékin est en train, à bas bruit, de mettre en place un véritable «contre-monde» global.

    Alors? Et si l'on changeait enfin notre logiciel mental, et que l'on considérait ce nouveau président américain - après la «phase Obama» souhaitable pour faire oublier l'aventurisme militaire de Bush fils - comme une divine surprise, le héraut involontaire d'un «kairos» (moment opportun) stratégique inespéré pour l'Europe en pleine déconfiture? Cet homme est certes un peu «rough», rustique, emporté, mais aussi très humain, comme l'a montré son tout premier discours après la confirmation des résultats. C'est surtout un pragmatique. Il n'a pas peur du rapport de force et sans doute peut comprendre qu'un bon deal n'est pas forcément celui qui humilie le concurrent ou le détruit et que l'Amérique sera d'autant plus grande, admirée et suivie qu'elle saura nouer des relations plus équilibrées avec ses grands challengers et ses alliés. Dialoguer avec tout le monde est une marque de force et de confiance en soi, pas de faiblesse. Quant à «l'imprévisibilité» du nouveau Président, dont on veut croire qu'elle va rendre le monde plus instable, c'est sans doute l'une des marques même d'une personnalité de leader.

    Nous sommes bien dans «la fin de la fin de l'Histoire». La question est: veut-on écrire une nouvelle Histoire, plus intelligente et humaine, ou nier l'évidence et se scléroser dans des schémas de pensée dépassés que la réalité du monde dément quotidiennement?

    L'Amérique a en fait aujourd'hui l'occasion inédite de restaurer son crédit moral et politique mondial si entamé depuis 2001 et plus encore depuis 2003, et de retrouver un leadership basé sur une politique stabilisatrice plutôt que sur celle de l'organisation permanente du chaos au Moyen-Orient comme en Europe. Il faut s'en réjouir.

    Ironie du sort, c'est peut-être le nouveau possible «reset» de la politique américaine vis-à-vis de la Russie qui conduira l'Europe à devoir elle-même reconsidérer son ostracisation entêtée de Moscou. Le prochain président français devra tenir compte de cette bascule géostratégique majeure, et, il faut le souhaiter, avoir l'intelligence d'initier et de nourrir une relation constructive et de dialogue respectueux avec notre grand voisin qui n'est pas notre ennemi, mais le pôle asiatique naturel d'une Europe des Nations qui compte enfin dans les nouveaux équilibres mondiaux.

    «Qu'ils me haïssent pourvu qu'ils me craignent» disait l'empereur Caligula. Peut-être Donald Trump est-il tombé un jour sur cette citation.

    Caligula disait aussi: «j'aime le pouvoir car il donne ses chances à l'impossible». C'est plus engageant.

    Caroline Galactéros (Bouger les lignes, 11 novembre 2016)

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  • Le Marais et le Feu...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexandre Douguine cueilli sur Katehon et consacré aux conséquences de la victoire de Donald Trump... Théoricien politique russe influent, nourri par les penseurs de la Révolution conservatrice des années 30 ainsi que par les idées des nouvelles droites européennes, Alexandre Douguine est la figure principale du mouvement eurasiste. Pour découvrir de façon plus précise ses idées, on pourra se reporter à L'appel de l'Eurasie (Avatar, 2013), le texte d'une longue conversation entre lui et Alain de Benoist, mais également à deux de ses œuvres traduites en français, La Quatrième théorie politique (Ars Magna, 2012) et Pour une théorie du monde multipolaire (Ars Magna, 2013).

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    Donald Trump : le Marais et le Feu

    « Le Marais » c’est le nouveau nom de la secte globaliste, des adeptes de la société ouverte, des pervers LGBT, de l'armée de Soros, des post-humanistes et ainsi de suite. Il est absolument impératif de dessécher le Marais non seulement pour les États-Unis: c’est un défi global pour nous tous. A nos jours, chaque peuple est prisonnier de son propre Marais. Nous, tous ensemble, devons commencer la lutte contre le Marais russe, le Marais français, le Marais allemand etc. Nous avons besoin de purger nos sociétés de l'influence du Marais. Au lieu de nous battre entre nous, desséchons-le ensemble. Assécheurs de Marais du monde entier, unissez-vous !

    L'autre point c’est que l'anti-américanisme est fini. Non pas parce que c'était faux, mais exactement le contraire : parce que le peuple américain lui-même a commencé la révolution justement contre ce côté des États-Unis que nous avons tous haï. Maintenant l'élite dirigeante européenne, ainsi qu'une partie de l'élite russe (qui est encore libérale), ne peuvent pas être blâmées comme avant pour être trop pro-américaines. Ils doivent désormais être blâmées pour être ce qu'ils sont : une bande corrompue, pervertie, avare de banksters et destructeurs des cultures, des traditions et des identités. Alors, laissez-nous égoutter le Marais européen. Assez avec Hollande, Merkel et Bruxelles ! L’Europe pour les européens. Soros et sa secte doivent être publiquement condamnés !

    Dorénavant, le Marais est un phénomène extraterritorial, exactement comme un réseau terroriste international. Le Marais est partout et nulle part. Hier, le centre du Marais, son noyau, était situé aux États-Unis, mais plus maintenant. C'est une chance pour nous tous de commencer à les chasser. Le Marais ne se manifeste plus sous une forme fixée au niveau régional. Néanmoins, il existe et a toujours une puissance extrêmement grande. Mais son caractère antinational est maintenant explicitement évident. Le Marais ne peut plus se cacher derrière l'Amérique. Il est parti en exil. Mais où ? Au Canada ? En Europe ? En Ukraine ? Pour d'autres planètes où divers acteurs et actrices dopés promettaient d'émigrer dans le cas de la victoire de Trump ? Maintenant, il est temps pour eux de tenir leur promesse. Tout cela semble être l'ascension des globalistes. Ils sont maintenant absorbés dans un non-lieu, une utopie, dans la terre de l'utopie libérale - un « no man's land ». Nous sommes maintenant témoins de la déterritorialisation du Marais, de l'élite mondialiste et du gouvernement mondial.

    Quelle est la structure du Marais ?

    Premièrement, le Marais est une idéologie - le libéralisme. Nous avons besoin d'un procès de Nuremberg pour le libéralisme, la dernière idéologie politique totalitaire de la Modernité. Fermons cette page d'histoire.

    Deuxièmement, le Marais est une culture spéciale postmoderniste. Elle est basée sur la décomposition de toute entité par digitalisation, schizomorphisme obligatoire, et ainsi de suite. Le drainer signifie de rétablir l'unité de l'art apollinien. L'art doit revenir au holisme.

    Troisièmement, c’est le capitalisme mondial transnational. Ceci est le moteur matériel du Marais. C’est des emprunts et la Réserve fédérale qui imprime des billets verts virulents. Nous devons mettre fin à tout cela et revenir au secteur productif réel et à l’approche mercantiliste.

    Je propose de redécouvrir les idées de Pitirim Sorokin. Il a noté que la dynamique sociale de l'histoire est une chaîne de paradigmes sociaux qu'il appelait idéationnelle, idéaliste, et sensualiste. L'idéation est la domination absolue de l'esprit sur la matière, l'ascétisme et la soumission vigoureuse du monde matériel à l'aspiration spirituelle et religieuse. Le type idéaliste est équilibré et fondé sur la coexistence harmonieuse de l'esprit et de la matière, où la partie spirituelle est légèrement dominante, mais non exclusive (comme dans le type idéationnel). Le type sensualiste de la société est la domination de la matière sur l'esprit, le corps sur l'âme. Le Marais est le type sensualiste de la société. Jusqu'à récemment, il semblait que « sensualiste » et « américain » étaient synonymes. Mais après le triomphe de Trump, tout est différent. Maintenant sensualiste signifie global et excentrique. Il y a une sorte de "translatio imperii" nulle part et partout.

    Sorokin a souligné que la nature cyclique de la société suit l’unique chaîne de succession : de l'idéationnel à l'idéaliste, puis sensualiste. L'idéaliste ne peut pas succéder au sensualiste, comme il est impossible pour le Marais de se retransformer en semi-Marais. Après le Marais vient le Soleil, c'est-à-dire le Feu, l'Esprit - l'Esprit dans sa forme radicale et idéationnelle. Pour dessécher le Marais, nous avons besoin du Feu Solaire, un Grand Feu qui devrait être en abondance.

    Le Marais et le Feu sont deux éléments opposés répartis à travers la terre. La géopolitique devient alors verticale. Les deux peuvent être trouvés à tout endroit. Le sens du lieu maintenant est l'élan du processus de drainage du Marais. Où ? Ici et maintenant.

    Le Marais n'est plus l'hégémonie américaine car le Président de l'Amérique lui-même rejette une telle hégémonie. C'est donc l'hégémonie « tout court », l'hégémonie comme telle avec un vide purement postmoderniste au centre.

    Les Etats-Unis sont l'Extrême Occident du monde. C'est l'espace de Minuit. Et là, le dernier point de la Chute est atteint. Le moment qui se déroule est celui du changement de pôles. L'Occident se transforme en Orient. Poutine et Trump sont dans les deux coins opposés de la planète. Au XXème siècle, ces deux extrêmes étaient incarnés par les formes les plus radicales de la Modernité - le capitalisme et le communisme - deux monstres apocalyptiques - le Léviathan et l’Hippopotame. Maintenant, ils se sont transformés en deux promesses eschatologiques : la Grande Russie de Poutine et l'Amérique qui se libére sous Trump. Le XXIème siècle a enfin commencé.

    Donc tout ce dont nous avons besoin maintenant, c'est le Feu.

    Alexandre Douguine (Katehon, 14 novembre 2016)

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  • Quand la Turquie contredit les rêveurs qui la voyaient européenne...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 1er novembre 2016 et consacrée à la Turquie et au choix de son président d'une rupture avec l'Union européenne...

     

                            

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  • Europa : un panorama historique et géopolitique de l'Europe et de ses peuples...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la présentation par Robert Steuckers d'Europa, son ouvrage en trois volume, à paraître en décembre aux éditions Bios, consacré à l'histoire de l'Europe et de ses peuples.

    Europa : Valeurs et racines profondes de l'Europe (tome 1)

    Europa : De l'Eurasie aux périphéries, une géopolitique continentale (tome 2)

    Europa : L'Europe, un balcon sur le monde (tome 3)

     

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  • Où chercher les racines de notre civilisation ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du docteur Bernard Plouvier, cueilli sur le site d'Eurolibertés et consacré aux racines de la civilisation européenne.

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    Où chercher les racines de notre civilisation ?

     

    À l’occasion des curiosités islamiques qui ont, depuis l’année 2014, souillé notre pays, ensanglanté notre Nation et déshonoré l’État, la fraction la moins sotte des Français de souche européenne (estimons-la aux alentours de 25 – 30 %) a débuté une réflexion sur la guerre des races et des religions qui empuantit notre vie publique.

    On comprend qu’un lecteur du Monde ou de Libération, un spectateur assidu des actualités télévisées des chaînes publiques ou mondialistes – il n’existe nulle différence entre elles –, soit décérébré, admirablement formaté au point de nier la réalité du fait : la guérilla civile qui est en train de basculer vers la guerre ouverte. Nier l’évidence des faits, c’est la définition même du délire et celui-ci est organisé par les vrais maîtres : les patrons de la production des biens de consommation et de leur distribution.

    Comme ce fut toujours le cas de l’histoire humaine, seule compte l’élite de la pensée et surtout de l’action. Toutefois, il ne faut pas se tromper dans sa réflexion de fond et confondre civilisation et choix individuel qui, pour être authentique, doit être librement adopté (et sûrement pas « consenti »).

    L’adhésion à une religion, ou son refus, est affaire purement personnelle et ne devrait jamais être imposée à autrui. Même le port ostentatoire de symboles religieux – et beaucoup de fidèles se croient investis de la mission divine de propager leur croyance – est une atteinte à la liberté des autres, une nuisance identique à celle des vêtures bizarres, du rap ou des musiques gitanes que les immigrés imposent aux Français de souche européenne.

    En aucun cas, une religion ne peut être considérée comme la ou l’une des « racines » d’un peuple. Si elle est considérée comme telle, de fait ou de droit, c’est qu’elle a été imposée comme mythe fondateur. C’est le cas pour la religion juive, particulariste à l’extrême, pratiquant l’exclusion des autres.

    Ni le christianisme, ni le crétinisme marxiste, ni la religion des droits de l’homme ne font partie des racines de l’Europe et l’islam n’a pas vocation pour le devenir. Une foi n’est un fondement spirituel et moral que pour celles et ceux qui l’ont librement choisie, idéalement après mûre réflexion et pas seulement par héritage familial.

    Il en va tout autrement des sources d’une civilisation. Celles-ci sont un mélange d’usages domestiques et communautaires, de culture juridique, intellectuelle et artistique, enfin d’heurs et de malheurs vécus en commun au fil des siècles. La religion n’en fait partie qu’à titre individuel pour les conduites morales, à titre collectif par ses créations architecturales et ses éventuelles œuvres d’art non grotesques.

    En Athènes, au Ve siècle avant J.-C., on tolérait qu’un Démocrite fût athée. Il demeure l’immortel auteur d’une phrase parfaitement adaptée à notre monde aléatoire et à la programmation génétique des comportements animaux (remaniée, chez l’homme, par l’intervention du libre arbitre et de la transcendance) : « Tout ce qui existe est le fruit du hasard et de la nécessité ». Un siècle et demi plus tard, le plus grand philosophe de l’Antiquité, Épicure – le vrai, pas celui des légendes colportées par ses ennemis stoïciens –, pouvait soutenir que les essences supérieures, si elles existent, ne se soucient nullement de l’humanité.

    Les racines de l’Europe ne sont en aucun cas « judéo-chrétiennes », ni même chrétiennes, comme des convaincus veulent nous le faire accroire, en pitoyable réaction au fanatisme des sectaires de l’islam conquérant. Nos racines, ce sont la culture gréco-romaine, bien connue des humanistes, et la culture celto-germanique, dont on commence seulement à comprendre la grandeur. Ce sont aussi la féerie de la grande Renaissance, celle du Quattrocento italien et de sa poursuite en Europe occidentale au XVIe siècle, ainsi que les progrès scientifiques et techniques ininterrompus depuis l’aube du XVIIIe siècle.

    En revanche, la religiosité hypocrite des Droits de l’homme est une invention britannique et nord-américaine, et, comme tout ce qui vient de ces cyniques contrées, c’est une croyance entachée d’argent et de manipulation de l’opinion publique à des fins commerciales. On peut donc la négliger.

    Enfin et surtout, la principale racine d’un continent, c’est sa race. On comprend que les Chinois, les Mongols ou les Japonais puissent se glorifier de leurs ancêtres et de leurs civilisations respectives. On ne trouve que les Européens, depuis l’année 1945 – l’An Zéro de la réflexion politique, historique et sociologique sur notre continent –, pour cracher sur leur histoire et en renier des pans entiers… comme l’apport de la civilisation technique et scientifique moderne aux peuples d’Afrique et d’Océanie ou assoupis après un départ grandiose (Asie et Amérique du centre et du sud).

    Cette repentance, absurde et grotesque, n’est rien d’autre qu’un délire de négation, à soigner par un regain d’orgueil et une cure d’action. Il est évident qu’il ne manque pas de points d’application à cette dernière mesure : nettoyer notre continent, devenu porcherie ; lutter contre toute forme de fanatisme religieux.

    Certes, il est nécessaire de créer une communauté eurasiatique, amplement justifiée par une égalité de comportement des Européens et des Extrême-Orientaux face au travail, mais cette institution devra être précédée par l’établissement de l’Empire européen, de l’Atlantique à Vladivostok, exclusivement peuplé d’Européens.

    Chacun chez soi : l’expérience des sinistres années qui ont suivi l’An 1976 en France démontre à l’évidence l’intelligence profonde de ce dogme. Les amateurs de métissage et de melting-pot ont l’immense continent des Trois Amérique pour assouvir leur passion.

    La religion de l’agapè – soit l’amour supposé d’un dieu pour ses créatures et, en retour, la pratique de l’amour entre « enfants de dieu », toutes races confondues – est une utopie, que des naïfs peuvent considérer comme « admirable ». On peut, à l’inverse, estimer la charité – soit le don absolu, sans espoir de réciprocité – comme une pratique absurde, si l’on considère l’espèce humaine comme elle est, si on la juge par ce qu’elle a produit depuis des millénaires.

    Au XXIe siècle du comput actuel, que les chrétiens absolvent s’ils le jugent bon, à la suite d’un pape curieux et d’une chancelière allemande luthérienne, les violeurs, les assassins et les terroristes, cela ne regarde que leur conscience. En aucun cas, ce choix dogmatique ne doit influer sur la conduite des affaires politiques et militaires. « Pardonner aux terroristes, c’est le rôle de dieu. Les envoyer auprès de lui, c’est le mien » a fort bien dit Vladimir Poutine, en novembre 2015.

    Une saine réflexion sur les racines d’une civilisation ne doit surtout pas se tromper de définition, pour ne pas errer dans les mesures à prendre.

    Bernard Plouvier (Eurolibertés, 5 octobre 2016)

     

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  • La Russie et nous...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°11, octobre-novembre-décembre 2016), dirigée par Pascal Gauchon, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré aux relations entre la Russie et l'Europe.

    Conflits 11.jpg

     

    Au sommaire de ce numéro :

    ÉCHOS

    ÉDITORIAL

    Retour au XIXe siècle, par Pascal Gauchon

    ACTUALITÉ

    ENTRETIEN

    Jean-François Colosimo. La Russie et l'ordre du monde

    PORTRAIT

    Justin Trudeau et le "rêve canadien", par Mathieu Bock-Côté

    ENJEUX

    Le Royaume-Uni reprend le large, par Hadrien Desuin

    ENJEUX

    Les jeunes contre le Brexit ?, par Helena Voulkovski

    ENJEUX

    Timor oriental. La Cendrillon de l'Asie du sud-est, par Tigrane Yégavian

    ENJEUX

    Pour suivre les élections américaines, par John Mackenzie

    MÉMOIRES CONFLITS

    Islam et islams malais, par Maxime Arquillière, Florent Clément et François Hiraux

    IDÉES

    De quoi la Realpolitik est-elle le nom ?, par Florian Louis

    GRANDE STRATÉGIE

    L'empire arabe : la grandeur fantasmée, par Pierre Royer

    GRANDE BATAILLE

    Hastings (14 octobre 1066). Quand l'Angleterre s'arrimait au continent, par Pierre Royer

    BOULE DE CRISTAL DE MARC DE CAFÉ

    Intellectuels maoïstes. Comment leur dire merci ?, par Jean-Baptiste Noé

    BIBLIOTHÈQUE GÉOPOLITIQUE

    John J. Mearsheimer : un réaliste offensif, par Gérard Chaliand

    CHRONIQUES

    LIVRES/REVUES/INTERNET /CINÉMA

    GÉOPO-TOURISME

    Saint-Pétersbourg, ex-capitale, par Thierry Buron

     

    DOSSIER : La Russie et nous

    Le Russie et nous, par Pascal Gauchon

    Bruxelles et Moscou, deux grammaires de puissances, par Florent Parmentier

    Europe : 28 représentations de la Russie, par Pascal Marchand

    Europe/Russie. Les sujets qui fâchent, par Tigrane Yégavian

    Du panslavisme à la diplomatie énergétique, par Alexandre Moustafa

    L'Europe aux portes de Saint-Pétersbourg, par Eric Mousson-Lestang

    Bouclier anti-missile : le grand jeu nucléaire relancé, par Hadrien Desuin

    Qui gagne aux sanctions ?, par Pascal Marchand

    Indépendance énergétique : le dilemme européen, par Alexandre Latsa

    Le meilleur allié de la Russie ? Le Saint-Siège !, par Jean-Baptiste Noé

    L'aigle bicéphale : symbole géopolitique de la Russie, par Alexei Soloviev

    Le soft power de la Russie, par Didier Giorgini

    ENTRETIEN

    Thomas Gaumart : Russie, Chine, Etats-Unis. Qui est de trop ?, propos recueillis par Hadrien Desuin

    L'HISTOIRE MOT À MOT

    Churchill à propos de l'URSS, par Pierre Royer

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