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européens - Page 6

  • " Du point de vue de l’idéologie dominante, l’immigration n’est pas un problème... "

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la position des Européens face à l'immigration massive... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « L’Union européenne est en train de se casser sur la question des migrants »

    En s’amplifiant, la crise des migrants semble en train d’aboutir à une crise institutionnelle en Europe. Quand la fronde anti-migratoire ne concernait que des pays « mineurs » et « lointains » (Pologne ou Hongrie), la Commission européenne pouvait encore traiter cette affaire par le mépris. Mais quand c’est l’Italie, pays fondateur de l’Europe, qui tape du poing sur la table, l’affaire ne prendrait-elle pas une autre tournure ?

    Les historiens de l’avenir retiendront que l’Union européenne, qui avait survécu tant bien que mal à un élargissement hâtif, à un déficit de démocratie permanent et à la crise de l’euro, est aujourd’hui en train de se casser sur la question des migrants. C’est un tournant effectivement historique, mais peut-on s’en étonner ? Au fil des années, les pathologies sociales liées à l’immigration ont fini par occuper la première place dans les préoccupations des Européens. Les gens ne supportent tout simplement plus ce qu’ils perçoivent comme une « invasion » ou une « submersion », et ils le supportent d’autant plus mal qu’ils ont l’impression que les flux ne sont pas près de se ralentir. Plus important encore, ils ne croient plus ceux qui, depuis des années, leur expliquent doctement que l’immigration est une « chance » économique et démographique, et qu’il faut avoir le cœur singulièrement sec pour ne pas y voir aussi une « obligation morale ». Les Français sont volontiers xénophobes, mais absolument pas racistes (les Allemands, c’est le contraire). Ils savent bien que ce ne sont pas les « préjugés » qui leur gâchent la vie. Bref, ils voient ce qu’ils voient, et ils savent qu’ils le voient.

    L’Europe se disloque, mais aussi se recompose. Les pays d’Europe centrale, qui ne veulent pas se transformer à leur tour en caravansérails, se retirent du jeu. On dit qu’ils se replient sur eux-mêmes, mais ils s’associent entre eux. Non seulement les pays du groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) s’opposent frontalement aux consignes immigrationnistes de la Commission de Bruxelles, mais ils ont aussi rallié l’Initiative des trois mers, lancée il y a trois ans par le président polonais Andrzej Duda et la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarović, qui comprend également les trois pays baltes, l’Autriche, la Slovénie, la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie. Ce bloc de douze pays et de 120 millions d’habitants, s’étendant de la Baltique à l’Adriatique et à la mer Noire, pourrait bien constituer l’embryon d’une autre Europe.

    Les sondages montrent que la question migratoire arrive depuis longtemps en tête des préoccupations des Français et des Européens, et que l’hostilité à l’immigration ne fait que croître. Pourquoi les gouvernements n’en tiennent-ils pas compte, alors que cela risque de leur coûter politiquement très cher ?

    D’abord parce qu’ils sont tétanisés par les lobbies associatifs et médiatiques, qui répètent soir et matin les mantras du politiquement correct. Ils ne veulent les affronter à aucun prix. Mais la raison la plus profonde est qu’ils sont eux-mêmes acquis à l’idéologie dominante. Or, du point de vue de l’idéologie dominante, l’immigration n’est pas un problème et ne peut pas en être un, puisque les cultures et les peuples comptent pratiquement pour rien. Seuls comptent les individus. Toute réglementation de l’immigration revient à violer le principe libéral selon lequel on ne peut accepter l’utilisation des aspects contingents de l’identité des individus, à commencer par leur origine ou leur appartenance socioculturelle, pour légitimer des « inégalités de traitement ».

    Le libéralisme aborde la question dans une optique purement économique : l’immigration se résume à une augmentation du volume de la main-d’œuvre et de la masse potentielle des consommateurs. Elle se justifie, en outre, par l’impératif de libre circulation des hommes, des capitaux et des marchandises. Un million d’extra-Européens venant s’installer en Europe, c’est donc seulement un million d’individus qui viennent s’ajouter à d’autres millions d’individus. Le problème, c’est que les habitants du pays d’accueil, eux, ne voient pas arriver des « individus » mais des contingents de Maliens, de Sénégalais, de Maghrébins, de Pakistanais, etc., dont ils constatent qu’ils sont porteurs de mœurs difficilement conciliables avec les leurs. C’est ce qui fait toute la différence.

    En Italie, l’union des populistes de gauche (M5S) et de droite (la Ligue) est une nouveauté par rapport à l’Autriche, par exemple, avec sa coalition droite-extrême droite. Ce phénomène est-il spécifiquement italien ou peut-il survenir dans d’autres pays, dont la France, toujours à la recherche de son éternelle « union des droites » ?

    Les phénomènes politiques de grande ampleur s’exportent rarement à l’identique d’un pays à l’autre, mais y prennent plutôt des formes différentes. Il en va ainsi des mouvements populistes, qui ne cessent aujourd’hui de monter dans toute l’Europe, mais qui s’y configurent de manière variable. Ils ont, cependant, un trait essentiel en commun. C’est que le sentiment d’insécurité culturelle suscité par la vague migratoire ne suffit pas à expliquer le populisme. Il ne commence à y avoir de populisme que là où l’insécurité économique et sociale s’ajoute à l’insécurité culturelle, essentiellement dans les couches populaires et dans une partie (grandissante) des classes moyennes. C’est pour cela que le clivage « exclus d’en bas contre nantis d’en haut » se substitue de plus en plus au clivage gauche-droite. Et c’est exactement ce qui se s’est passé en Italie, pays en première ligne face aux flux migratoires, mais qui a aussi été très gravement touché par la crise financière de 2008. N’en doutons pas, c’est ce qui va se produire de plus en plus ailleurs.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 16 août 2018)

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  • Le testament d'un Européen...

    Les éditions Dualpha viennent de rééditer l'essai marquant de Jean de Brem intitulé Le testament d'un Européen. Journaliste à Match, membre de l'OAS, Jean de Brem a été abattu par la police, à Paris, en avril 1963, alors qu'il corrigeait les épreuves de son livre.

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    Jean de Brem, auteur de ce livre, devenu journaliste après une brillante campagne en Algérie, puis en Égypte, était féru d’histoire, de géographie et de politique. Il a laissé avant de mourir tragiquement le manuscrit de son unique ouvrage, prophétiquement intitulé : Le Testament d’un Euro­péen. Ce « testament » ; œuvre d’érudition, mais très facile à lire, résume l’histoire des Européens depuis la mythologie grecque jusqu’au milieu duXXe siècle. La première partie traite de l’Antiquité et du Moyen Âge ; la seconde s’étend de la renaissance à nos jours.

    Défenseur de la civilisation chrétienne déclinante et convaincu que, seule, l’union étroite de l’Europe peut la sauver, Jean de Brem fréquentait les organisations européennes, assistant à la plupart de leurs congrès. La littérature perd en lui l’un de nos écrivains d’avenir ; les partisans de l’Europe unie, un fervent promoteur de leur idéal. Dans ce dernier tome, l’auteur exalte la Renaissance, époque de la grande curiosité des nations européennes : cette qualité a sans doute provoqué un nouvel essor des arts, des lettres et des sciences, mais aussi une redoutable rivalité entre les pays frères dans l’exploration de l’univers et l’exploitation de ses richesses.

    Ces compétitions néfastes s’accentuent aux XVIIe et XVIIIe siècles. L’hégémonie des États change de mains, selon la nature de leur puissance et la politique de leurs monar­ques ; dans cette lutte, la persévérance l’emporte, fort justement, sur l’insouciance. Puis éclatent quatre révolutions importantes pour le monde occidental. Celui-ci comprendra-t-il enfin que, seule, une cohésion sincère et permanente de tous ses ressortissants peut assurer son salut et celui de la civilisation chrétienne, menacée de toutes parts ?

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  • L’indispensable radicalisation de la Nation française ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue (radical !) de Bernard Plouvier, cueilli sur EuroLibertés et consacré à la nécessité vitale pour pour les Français et les européens de redresser la tête. Médecin, Bernard Plouvier est l'auteur de plusieurs essais et d'études historiques, comme Faux et usage de faux en histoire (Dualpha, 2012) ou Le dérangement du monde (Dualpha, 2016).

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    L’indispensable radicalisation de la Nation française

    On ne cesse de nous parler d’islamistes « radicalisés », alors qu’ils ne sont que des fanatiques prêts à tuer n’importe qui dans le cadre de leur Djihâd moyenâgeux et oriental. Une fois encore, les fabricants d’opinion publique jouent sur les mots (en termes nobles : ils usent et abusent des confusions sémantiques) pour tromper les nations européennes.

    Le terme « radical » implique le refus de transiger avec ses principes d’ordre éthique et les nôtres sont simples et démocratiques : travail, famille, patrie européenne, égalité de tous devant la Loi, strict respect des libertés d’opinion et d’expression, laïcité de l’État (ce qui implique de combattre tout fanatisme religieux), enfin respect de la logique géographique – ce qui signifie que pour devenir membre de la Nation française, il faut, par définition, appartenir à la race européenne.

    Toute mixité raciale ne peut que créer une société multiraciste. De même, les cultures exotiques ne sont que des curiosités pour esthètes, à la façon des pièces de musée ethnographique. L’Europe est riche de sa race civilisatrice et d’une culture plurimillénaire ; elle n’a nullement besoin d’importer du fatras exotique, sauf à titre de curiosités (comme l’on disait au XVIIIe siècle).

    Les partisans des sociétés multiraciales et multiculturelles peuvent s’expatrier là où l’on aime le genre pot-pourri, par exemple dans les Amériques. Mais nous autres, Européens, n’avons pas à subir les effets pervers d’un afflux monstrueux – par le nombre, la brutalité et l’insociabilité – d’immigrés inadaptés à nos conditions de vie, parce qu’étant issus de pays sous-développés, aux mentalités opposées à la véritable modernité.

    La vie moderne est faite d’un travail où l’intelligence et l’adaptation ont remplacé la force physique, nettement moins efficace et contrôlable que l’énergie matérielle. Elle est faite aussi de respect absolu de la vie privée, des sentiments d’autrui, de la liberté de penser et de s’exprimer pour tout citoyen honnête. La vie publique moderne est donc laïque, le phénomène religieux étant d’ordre strictement privé.

    Notre conception de la vie est en tout point opposée au fanatisme mahométan. Dans la société islamique, totalitaire comme toute société à dogme unique – qu’il soit de nature religieuse ou politique ne fait rien à l’affaire –, le moindre crétin fanatique peut dénoncer son « frère » en Allah, comme autrefois le communiste dénonçait au Parti ou à la police politique le « camarade déviant » ou « l’ennemi de classe ».

    Envahies, appauvries, meurtries, les nations européennes doivent contre-attaquer. Le milieu politico-médiatique étant, sinon entièrement pourri, du moins assez faisandé et largement pénétré par la propagande globalo-mondialiste, métisseuse de races et de cultures, les Nations ne peuvent espérer de salut que par le populisme.

    Un mouvement populiste efficace doit diffuser quotidiennement sur les réseaux sociaux un bilan des pillages, incendies, scènes de vandalisme, rackets et viols perpétrés par la racaille (autochtone et immigrée), de façon à ce que même le bobo le plus larvaire comprenne, grâce aux images et au discours, simple et véridique, que notre pays est délabré par l’effet d’un mauvais usage de l’argent public, dévasté de façon pluri-hebdomadaire par des individus hautement indésirables et que des citoyens français y sont molestés de façon pluriquotidienne.

    L’on n’a pas besoin du discours néolibéral des mollassons du « Front National nouvelle vague ». L’on a besoin d’images du désastre français et de l’invasion exotique. L’on a besoin d’un avatar de Jean-Marie Le Pen, jeune et charismatique, qui ne dise pas de sottise par goût immodéré de la provocation : les faits réels sont suffisamment graves pour qu’on n’y adjoigne pas de polémique stupide sur le passé. Seuls comptent le présent et l’avenir.

    Il est absurde de discuter de problèmes économiques, financiers, sociaux, etc. tant que l’on n’a pas défini une attitude générale de défense vigoureuse – ce qui implique une action dure – de nos valeurs et tant que l’on n’a pas pris la ferme décision de rejeter l’envahisseur inassimilable.

    La globalisation de l’économie fait de l’Europe (à l’exception de l’Allemagne, pour l’instant) un désert industriel. C’est le seul problème économique et social à régler d’urgence… alors que les démagogues parlent de réduire la quantité de travail à fournir par ceux qui ont (encore) un emploi !

    L’ouverture des frontières aux êtres et aux biens, fondement de la société globalo-mondialiste, fait de l’Europe un caravansérail pour inadaptés, tout en créant les conditions optimales pour une fin de civilisation.

    L’Europe ne sera de nouveau forte que lorsqu’elle ne contiendra que des Européens de souche et n’englobera que des terres européennes. Les territoires extra-européens doivent être abandonnés, sauf s’ils sont peuplés quasi-exclusivement d’Européens (tels le Groenland et les îles Saint-Pierre-et-Miquelon, qui appartiennent à la plaque tectonique nord-américaine). Les DOM-TOM ne font en aucun cas partie intégrante de la France : la décolonisation doit être complétée, tant pis pour les nostalgiques du XIXe siècle conquérant.

    A contrario, il faut organiser sans faiblesse le retour intégral en leurs terres d’origine des Extra-Européens. La preuve est faite, et largement, du caractère inassimilable des populations exotiques demeurées primitives, même si les rares élites d’origine extra-européenne s’assimilent assez aisément… mais que font ces personnes en Occident ? Leur devoir, envers leur race et leur continent, est de retourner dans leurs contrées d’origine pour les civiliser.

    Pour défendre nos valeurs, nous devons radicaliser notre discours, mais surtout nos actes. La seule radicalisation efficace, c’est d’organiser des manifestations de grande ampleur, soit témoigner de notre force. Les arguments logiques sont manifestement inopérants auprès des pantins qui se sont hissés aux apparences du Pouvoir pour servir des maîtres non-européens. La preuve est faite que l’expression de la volonté populaire est biaisée par le matraquage médiatique au service du pouvoir économique, ce qui revient à dire : la Finance.

    Le discours populiste n’est en aucun cas suffisant. Un mouvement populiste doit être orienté vers un militantisme politique pour reconquérir les rues et les places publiques, de façon à permettre la libre expression de tous – et plus seulement celle des pseudo-gauchistes, nervis de la finance cosmopolite, et des forts en gueule exotiques – et pour assurer la libre déambulation, ce qui implique d’aider les forces de l’ordre, totalement dépassées, à lutter contre les bandes de sauvages qui pillent, violent, incendient, rackettent, molestent.

    L’organisation de milices non-armées d’autodéfense, constituées de deux ou trois dizaines d’hommes rompus aux sports de combat, est la seule véritable démarche citoyenne, dans le contexte de la France urbaine actuelle.

    L’époque du bobo consommateur béat, tiers-mondiste et féministe, est révolue – aux USA comme en Europe, d’ailleurs, mais la décrépitude de la classe moyenne d’Outre-Atlantique est dépourvue d’intérêt pour les Européens, qui n’ont pires ennemis que les financiers installés en Amérique du Nord qui façonnent l’opinion mondialiste.

    Finies les années de jouissance molle et de bêtise crasse. Commencent les années rudes de la guerre des races et des religions en notre Europe. Ou nous nous battrons, ou nos descendants seront esclaves… comme les Européens de l’Est le furent des Mongols, puis des assassins marxistes.

    L’avenir de notre continent dépend de notre action.

    Bernard Plouvier (EuroLibertés, 21 avril 2018)

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  • Penser le transhumanisme avec la Tradition...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Rochedy, cueilli sur son blog et consacré à la question du transhumanisme.

     

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    Penser le transhumanisme avec la Tradition

    La guerre des Intelligences de Laurent Alexandre

    Le livre du docteur Laurent Alexandre « La guerre des intelligences » est à mettre dans toutes les intelligences. Son objet est sans appel : nous sommes en train de vivre une véritable révolution anthropologique, peut-être la plus importante de toute notre histoire, et personne ou presque, en Europe, ne s’y intéresse véritablement. Est-ce encore un signe de la volonté presque maladive des européens de sortir définitivement de l’Histoire et, donc, du jeu des puissances ? Peut-être bien, hélas, mais ce ne sera pas le sujet de cet article.

    J’aimerais réfléchir à haute voix sur la thèse de Laurent Alexandre – laquelle me semble difficilement contestable – et sur la réaction philosophique et politique que nous devons avoir à son égard. Quand je dis « nous », je parle bien sûr des Français, et plus généralement des Européens, mais chacun comprendra que je me concentre plus encore sur les réactions des penseurs « de droite », « conservateurs » et/ou traditionalistes, dont je fais parti, car cette révolution qui est à l’œuvre nous invite aussi à révolutionner nos idées.

    Résumons rapidement la thèse du docteur Alexandre : l’intelligence artificielle et la dépendance à son égard ne cessent de croitre. Celle-ci dépasse déjà les capacités humaines en bien des domaines et pourrait logiquement détruire la plupart des métiers que l’on croyait autrefois dévolus aux hommes et aux hommes seuls (comme la médecine par exemple). Afin de « concurrencer » cette IA, et, surtout, de pouvoir la manier, l’homme devra nécessairement améliorer ses capacités cognitives, sous peine d’être complétement dépassé. Dès lors, tous les progrès de l’IA appellent par nature des progrès de ce que l’on appelle le « transhumanisme », l’un ne pouvant aller sans l’autre. Ainsi, sauf à cesser toutes recherches sur l’IA, et à détruire dès maintenant les smartphones que nous avons entre les mains, les études et les pratiques sur le génome, le cerveau et notre corps ne s’arrêteront pas et bouleverseront très bientôt notre expérience de l’humain. Inutile de dire que personne ne détruira son Smartphone, et que, de toutes façons, si un pays décidait unilatéralement l’arrêt des recherches, la Chine et les Etats-Unis, qui se conçoivent encore comme des puissances (contrairement à nous), ne sont pas prêts, eux, de cesser.

    Que tous ceux qui doutent de cette thèse lisent le livre de Laurent Alexandre avant de continuer de lire cet article. Je le crois très convainquant, et je partirai donc du postulat que sa thèse est véridique.

    Le bio-conservatisme et la peur du transhumanisme

    La première réaction des « gens de chez nous » face au transhumanisme et au progrès de l’IA est la peur, voire le dégout. Ceux-ci nous font entrer dans un monde que nous ne connaissons pas et nous sommes naturellement gorgés de fantasmes à son propos. Nous imaginons un monde déshumanisé où règnerait la froide technique, rempli de manipulations génétiques accomplies par de patibulaires scientifiques à l’accent allemand. De surcroit, nos conceptions holistes et communautaires regimbent face à l’idée d’un homme-Dieu démiurge de lui-même, sorte d’acmé de l’individualisme libéral occidental, prêt à abolir les règles de la Création pour satisfaire son Ego et sa soif de puissance. La réaction « instinctive » d’un être humain est de plisser les yeux en signe d’inquiétude et de défiance. Si cet « être humain » est de droite, c’est à dire plus rétif que les autres à ce que l’on appelle « le progrès », il les plissera d’autant plus en signe d’agressivité, souhaitant s’enfermer dans une idéologie « bio-conservatrice » dont l’unique objet ne peut être qu’un statu quo, lui-même ne voulant pas revenir sur les progrès de la médecine et de ses superordinateurs qu’il utilise déjà.

    Je suis personnellement parti de cet instinct, que je crois normal et plutôt sain. J’ai partagé de prime abord les conceptions « bio-conservatrices ». Mais désormais, je les crois vaines. Le transhumanisme passera comme sont passées toutes les autres révolutions techniques et humaines, laissant toujours les conservateurs dans leurs larmes au bord de la route. Depuis au moins deux siècles, les conservateurs perdent toujours car ils ne peuvent, en définitive, que perdre, la vie et l’Histoire étant par essence des fleuves mouvants que nul ne peut arrêter. Les conservateurs n’arrêtent jamais rien, ils ajoutent seulement de l’aigreur aux tremblements de terre qui agitent périodiquement l’humanité. Il faut être sûr de cela : ne pas accepter la révolution à l’œuvre, pour des raisons morales et éthiques, n’empêchera en rien que celle-ci suive son cours.

    Je crois, dès lors, qu’il faut non pas aborder cette question avec des positions conservatrices, mais plutôt traditionalistes. La différence est énorme. Le conservatisme est une défiance et une prudence qui peuvent dégénérer en sclérose. Il faut garder la défiance et la prudence, mais se garder de la sclérose. C’est en quoi la pensée traditionaliste est utile.

    Objectifs de la pensée traditionnaliste

    La pensée traditionnaliste n’est pas, contrairement à ce que l’on peut croire, « réactionnaire ». Elle s’intéresse plutôt au sens donné à l’humanité et aux exigences particulières qui lui échoient. Deux éléments la caractérisent depuis l’origine : la volonté d’amélioration de l’homme et l’harmonie avec l’Univers auquel il doit accéder. Voyons donc si ces deux ambitions peuvent se marier avec le « transhumanisme ».

    Contrairement à la pensée roussauiste du « bon sauvage », la pensée traditionnelle n’a de cesse de valoriser depuis ses origines l’éducation et la sélection. L’homme n’est pas, par nature, quelque chose ayant une « valeur en soi », mais plutôt quelque chose qui peut, potentiellement, accéder à la valeur, par ses actes et ses pensées, ses réflexions et ses réalisations. Depuis le jeune hindou à l’école du maître brahmane jusqu’au polytechnicien actuel, l’on sait qu’un être humain nécessite d’être formé, instruit et éduqué, voire parfois « dressé », pour atteindre le véritable statut « d’homme » qui seul, lui fait honneur. C’est en travaillant sans cesse sur son corps et sur son esprit que l’homme peut se différencier de l’animal, produire de l’art et de la philosophie, amplifier son influence dans le monde, se protéger des périls et développer au mieux ses capacités. L’éducation, du moment que l’on valide son principe, a pour objectif d’accroitre les capacités cognitives et physiques de l’être humain, et ce depuis l’origine.

    Cette éducation et son corollaire, la sélection, ont fondamentalement pour objectif d’améliorer l’espèce, laquelle est ainsi capable d’explorer l’univers, de percer les mystères de l’Esprit, de mieux comprendre la nature du monde à travers la philosophie et la spiritualité, et de produire l’art, c’est à dire, précisément, ce qui excite l’imagination et la création au service de la beauté et de l’émerveillement. C’est à travers ces objectifs que l’humanité trouve son sens depuis la nuit des temps, un sens qui lui est propre, qui la différencie des autres espèces mammifères et qui seul, lui fait honneur.

    Quel est l’objectif suprême de cette éducation, de cette volonté d’améliorer l’homme et de l’augmenter ? A la source de la pensée Traditionnelle, les brahmanes de la période védique, celle des incomparables Upanishads, orientaient les hommes afin qu’ils puissent intégrer et comprendre « l’âtman », c’est à dire « l’âme du monde », afin d’être véritablement en contact avec la Création, avec l’Univers. Cette faculté d’atteindre l’âtman, le stade ultime, demandait des capacités cognitives de hautes volées, et toute la société brahmanique était tournée vers cet objectif suprême. Le christianisme médiéval n’était pas loin non plus de partager un objectif similaire, invitant les « meilleurs », c’est à dire les saints, à se « connecter » à Dieu par des exercices spirituels, philosophiques et métaphysiques qui n’étaient assurément pas à la portée de tout le monde. Dans l’Islam soufi, la plus spirituel qui existe, l’objectif n’est pas différent : il faut être capable de pénétrer l’ « Un », sorte de resucée de l’âtman védique. Ainsi, tous les grands courants de pensées spirituels, les plus élevés de l’histoire humaine, ont toujours réclamé plus d’intelligence, plus de capacités et plus de force.

    Nature et dignité de l’homme

    En somme, lorsque l’on résume la pensée traditionnelle, les objectifs qu’elle demande à l’humanité et les différents moyens pour les atteindre, l’on constate que tout était fait pour améliorer l’humanité (et notamment son intelligence) afin de mieux comprendre l’Univers. C’est là le sens de la « dignitas » de l’homme autrefois théorisé dans l’humanisme classique. Dans les possibilités qu’offre le transhumanisme, notamment l’amélioration du QI et la force du corps, il n’y pas de différences de nature avec le « sens » de l’Homme que donnait autrefois la Tradition, seulement une différence de degré. A partir du moment où nous sommes d’accord avec l’idée que l’homme trouve sa dignité dans l’amélioration de lui-même par l’éducation et le dépassement en vue de mieux conquérir l’Univers, de mieux le comprendre, et dans sa capacité à créer, il n’y a dès lors pas lieu d’incriminer les nouveaux moyens pour y parvenir. C’est comme si l’on trouvait raisonnable d’aller d’un point A à un point B à cheval et déraisonnable d’y aller en voiture. C’est comme si l’on trouvait raisonnable de tuer un homme avec un gourdin mais pas de le tuer avec une arme à feu. Cela serait absurde. Le principe reste le même, seuls les moyens changent. Par conséquent, si le conservateur « valide » le principe, il doit s’ouvrir aux nouveaux moyens au service du même principe, sous peine d’être illogique en plus d’être aigri.

    On pourrait me rétorquer que les différents moyens autrefois utilisés pour atteindre ces objectifs humains appartenaient encore à la nature quand les méthodes transhumanistes ne sont que techniques. A ceux-là, une réflexion : le philosophe allemand Schelling, à la fin du XVIIIe siècle, introduisit dans la pensée occidentale la « philosophie de la nature », sorte de prémisse du romantisme allemand du siècle suivant, lequel, après deux siècles de pensées rationalistes et abstraites, renouera quelque peu avec la pensée de la Tradition et de son lien charnel avec la Nature. Or, que nous dit Schelling ? Que les accomplissements de l’homme, puisque lui-même fait parti de la Nature, sont à interpréter comme des accomplissements de la Nature elle-même. La technique, l’art et les constructions humaines ne sont pas des tentatives d’échapper à la Création, mais bien des phénomènes issus de la Création elle-même. Le transhumanisme et l’intelligence artificielle sont aussi des créations de la Nature, car il est dans la nature même de l’homme de créer.

    L’enjeu : le sens donné au transhumanisme

    L’enjeu sur la question du transhumanisme appartient davantage au sens avec lequel l’humanité doit l’utiliser plutôt que sur la question de savoir s’il faut l’abolir ou non. Afin que les choses soient claires, prenons des exemples concrets : le transhumanisme doit-il servir à l’homme médiocre qui ne veut plus que jouir, en se faisant greffer trois vagins et deux anus pour prendre plus de plaisir, comme dans un roman de Houellebecq ? Ou doit-il plutôt servir l’homme qui augmenterait ses capacités intellectuelles et physiques pour mieux atteindre les objectifs que la Tradition lui a prescrit: créer, conquérir et comprendre ? L’IA doit-elle permettre aux hommes médiocres de ne plus travailler, la robotique remplaçant tous les travaux, et par conséquent se complaire dans une inactivité oisive sous curatelle d’un revenu universel, ou au contraire pousser l’homme à chercher de nouveaux théâtres d’expansion, qu’ils soient physiques (l’univers, l’écologie) ou intellectuels (l’art, la spiritualité) ? Plus prosaïque encore : l’IA et le transhumanisme ne doivent-ils servir que la puissance de nos concurrents que sont les Etats-Unis et la Chine, ou doivent-ils aussi permettre à l’Europe de rester une puissance mondiale ?

    Toutes ces questions montrent que la droite a tort de s’enfermer dans un posture négative à l’égard de ce progrès technique, car en vérité celui-ci demande absolument qu’on lui détermine un « sens » pour son utilisation. Ce sens, si la pensée de la Tradition ne lui donne pas en souhaitant échapper au débat et en fermant les yeux, lui sera alors procuré par des individus en effet peu recommandables, des apprentis sorciers imbus d’eux-mêmes et aux instincts médiocres. Je le répète : la question du sens donné au transhumanisme doit seul être l’enjeu, le débat, pas le transhumanisme en lui-même qui, de toutes façons, est déjà là.

    Il y aurait encore bien des choses à dire. Je m’arrête là pour aujourd’hui, mais les perspectives que nous offrent ces nouvelles technologies, si elles peuvent nous faire tourner la tête, demandent justement une colonne vertébrale solide. C’est pourquoi la Tradition peut parfaitement épouser les progrès techniques et humains : elle doit être la colonne grâce à laquelle nos têtes tiendront, surtout si celles-ci deviennent, demain, plus lourdes d’intelligence.

    Julien Rochedy (Blog de Julien Rochedy, 29 mars 2018)

     

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  • La repentance ? Basta !... Soyons fiers d'être Européens !

    L'Iliade, l'institut pour la longue mémoire européenne, qui organise son colloque annuel le samedi 7 avril 2018 à la Maison de la chimie à Paris, sur le thème "Soyons fiers d'être Européens, a produit pour l'occasion une superbe vidéo que nous vous invitons à découvrir.

    Les inscriptions au colloque sont ouvertes sur le site de l'Iliade.

     

                              

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  • A charge de revanche !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue Cyril Raul, cueilli sur Polémia et consacré à l'esprit de revanche, sentiment simplement réactif, mais néanmoins vital pour la réveil des  Européens...

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    À charge de revanche

    La racine originelle de la haine des djihadistes « français » à notre encontre ne repose pas que sur le mépris de notre mode de vie occidentalisé ou les quelques bombardements hebdomadaires de nos forces armées en Syrie et en Irak. La véritable source de cette haine est bien plus profonde et ancrée. Elle transcende les siècles et les générations ; elle dépasse même la « simple » question djihadiste. C’est parce que nous sommes aujourd’hui désarmés face à cette haine qu’il est devenu plus que nécessaire d’en cerner les fondements.

    Derrière le djihad, la revanche

    Le plus simple consiste à s’intéresser aux propos tenus par les djihadistes eux-mêmes, sans filtre. Dans son livre Les Revenants, le journaliste David Thomson raconte ses entretiens avec des combattants « français » de retour de Syrie et d’Irak. Au fil des pages et des portraits de ces islamistes, une des raisons du mépris et de la haine de la France et des Français revient fréquemment : la colonisation.

    Un passage est particulièrement parlant. C’est celui où « Lena », une jeune Maghrébine de retour de Syrie, nous explique les causes de son engagement :

    « J’ai toujours eu l’impression d’être inférieure du fait que j’étais musulmane », dit Lena, qui répète détester la France. Une détestation entretenue par un ressentiment post-colonial (…). « Moi étant d’origine algérienne, j’ai mon grand-père qui est mort durant la guerre [d’Algérie, NdA]. J’aime pas dire guerre car c’était pas à armes égales, moi je dis souvent « le génocide français ». Le djihad, c’est se battre pour retrouver notre dignité qu’on a perdue, qu’on a voulu écraser » (David Thomson, Les Revenants, éditions Seuil, page 189).

    Plus loin, un certain Abou Moujahib tient à peu près le même discours :

    « Nous, on est des Marocains, des Algériens et la France elle est venue en Algérie, elle a fait la guerre, elle a exterminé, elle a fait un génocide, elle a tué, elle a égorgé les têtes des Algériens. Donc il y a non seulement sa guerre contre l’islam dans sa politique actuelle, mais il y a aussi sa guerre contre l’islam dans son histoire. Voilà pourquoi la France est une des premières cibles ».

    Et David Thomson d’en conclure que « bien au-delà de son intervention en Syrie et en Irak, de sa politique actuelle jugée hostile à l’islam, la France paierait donc aussi, sur le tard, les blessures issues de la colonisation » (Les Revenants, page 254).

    Des propos dont la teneur nous est familière, car déjà formulés dans bien d’autres bouches que celles de djihadistes. Ce mépris des Français en raison de la colonisation, on le retrouve aussi dans les cours d’école, on le lit également dans les commentaires sur les réseaux sociaux, on l’entend même sur les plateaux de télévision. Car du djihadiste à la racaille du collège en passant par la « beurgeoisie » médiatisée, on observe toujours les deux mêmes ressorts : le mépris plus ou moins exprimé des nôtres (le Blanc, le Français, nos ancêtres responsables de tous les maux) et le sentiment de revanche. Entre la haine affichée à notre égard par la racaille, le djihadiste et le « militant anticolonial » de la 25e heure, il y a une différence de degrés, mais pas de nature.

    Ce sentiment de revanche de musulmans à l’encontre des Européens n’est pas un phénomène nouveau dans l’Histoire. Dans son livre Esclaves blancs, maîtres musulmans sur la traite des chrétiens en Méditerranée de 1500 à 1800, l’historien Robert C. Davis dresse le constat suivant :

    « En Barbarie, ceux qui recherchaient des esclaves pour en faire la traite attendaient sans aucun doute d’en tirer un profit, mais dans leur trafic de chrétiens il y avait toujours une dimension de revanche, presque de jihad, en réparation des torts de 1492 [NdlR : la chute de Grenade et la fin de la Reconquista]. (…) C’est peut-être l’aiguillon de cette vengeance – à opposer aux rouages indifférents du marché – qui a rendu les traitants musulmans tellement plus actifs et, au départ au moins, plus prospères dans leur entreprise que leurs homologues chrétiens ».

    De manière peut-être diffuse mais bien tangible, la traite des Blancs en Méditerranée était perçue comme une réponse à la Reconquista, tout comme, plusieurs siècles après, les attaques contre la France et les Français (les attentats mais aussi les agressions et les insultes du quotidien) sont, de manière plus ou moins consciente selon les cas, appréhendées comme une réponse à la colonisation et à l’exploitation supposée de l’Afrique par les Européens. Il s’agit ici d’un mécanisme séculaire : le sentiment de revanche est une pensée de fond qui s’inscrit sur le temps long et transcende les générations.

    Réhabiliter l’esprit de revanche

    Si aujourd’hui l’esprit de revanche des populations immigrées est basé sur des mythes destinés à culpabiliser leur prétendu oppresseur, l’esprit de revanche n’en est pas pour autant intrinsèquement néfaste. Tout dépend de ses motivations : dans l’Histoire il a pu aussi maintenir des peuples européens en vie. Guidé par l’espérance, l’esprit de revanche peut permettre à un peuple, au fil des générations, de survivre et de demeurer lui-même face à l’adversité. C’est le souffle de la revanche qui a animé la Reconquista pendant près de 8 siècles. C’est cet esprit qui a engendré la renaissance des pays des Balkans (Grèce, Serbie, Bulgarie…) après une longue et cruelle domination ottomane. La notion « d’esprit de revanche » mérite amplement d’être réhabilitée à la seule lumière de ces indéniables constats historiques.

    Par le passé, l’esprit de revanche pouvait, certes, aussi nourrir la rancœur et entraîner des peuples frères à une lutte stérile et autodestructrice. La Grande Guerre, source du suicide européen du XXe siècle, est un exemple criant. Mais c’est aussi, malgré tout, l’esprit de revanche face à l’Allemagne après la défaite de 1870 qui a contribué à forger la vaillance et la persévérance de nos Poilus dans les tranchées. Le chant La Strasbourgeoise est sans doute l’illustration la plus symbolique de ce sentiment qui animait nos Anciens, après pourtant quatre décennies de paix officielle. Face aux blessures infligées par l’ennemi, quel contraste entre l’attitude de la Mendiante de Strasbourg et les bien lénifiants « ils n’auront pas ma haine » d’aujourd’hui !…

    Mais l’esprit de revanche ne souffle plus sur la France. Ou plutôt si, mais en négatif : loin de la porter, le vent de la revanche souffle désormais contre elle. Et de l’intérieur. Notre peuple est attaqué de toutes parts dans son identité, sa culture, sa langue. On lui retire sa fierté, on le contraint à la repentance. On insulte ses ancêtres pour mieux culpabiliser ses enfants. Autant de syndromes pour un même diagnostic : notre peuple est en danger de mort. Pourtant, il semble comme pétrifié. Un nouvel esprit de revanche pourra t-il le ranimer ?

    Une même volonté de salir

    Entre la traite des Blancs en Méditerranée d’hier et les meurtres, les insultes et les agressions contre les Français d’aujourd’hui, il y a – outre l’esprit de revanche – une autre similarité frappante : l’expression d’un profond désir de souiller, de salir, de dégrader. Avec une humiliation perçue comme un mode d’action, un outil de la revanche.

    Dans cette entreprise, les femmes européennes constituent toujours une cible de choix. Autrefois vendues dans les marchés aux esclaves d’Alger, de Tunis ou de Tripoli, elles souffrent encore à notre époque du sentiment de revanche à leur encontre. Un phénomène qui dépasse largement la seule question des attentats, même si on songe évidemment – avec un profond sentiment de tristesse et de colère – à Mauranne et Laura, les deux jeunes filles victimes de la récente attaque à la Gare Saint-Charles de Marseille. Un crachat d’un « harceleur de rue », une insulte adressée à une caissière mère de famille, une gifle infligée à une collégienne… sont aussi les marqueurs quotidiens d’une volonté de souiller la femme européenne. Les épouses, les mères, les sœurs et les filles sont les premières cibles parce que symboliquement plus faciles à salir. En les attaquant, on vise le cœur de notre civilisation. On renvoie aussi l’Homme européen à sa lâcheté en ciblant une femme qu’il n’est trop souvent plus capable de défendre ni de protéger.

    L’avenir de l’esprit de revanche

    Toutes ces attaques, des « petites » humiliations du quotidien aux tueries de masse, ont une conséquence : elles font elles-mêmes, inéluctablement, naître un sentiment de revanche, bien qu’encore en germe, chez les Français.

    N’est-ce pas l’ébauche d’un esprit de revanche qui explique la recrudescence des engagements dans l’armée et la police après chaque attentat d’ampleur ? N’est-ce pas cet esprit ressenti en réaction à des scènes vécues qui a motivé beaucoup des nôtres à changer de vote, prendre radicalement position ou s’engager politiquement ?

    Dans toutes les communautés, le sentiment de revanche progresse. Il est en train de gagner les esprits et les cœurs comme jamais. Il s’inscrit sur le temps long. A ce titre, il animera irrémédiablement les générations qui nous succéderont au cours de ce XXIe siècle.

    Cet esprit de revanche ne constitue sans doute pas une fin en soi. Il ne représente pas nécessairement un sentiment très noble. Mais on aurait grandement tort de le dédaigner, car quand il s’exprime, il a ce pouvoir rare de ranimer un peuple en dormition et de le détourner du chemin qui le mène vers la sortie de l’Histoire. Un peuple qui sera bientôt las de baisser la tête et de compter ses morts.

    Cyril Raul (Polémia, 17 octobre 2017)

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