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enracinement - Page 6

  • Un nouveau survivalisme ?...

    Le succès du livre de Piero San Giorgio, Survivre à l'effondrement économique,  (Le retour aux sources, 2011) a relancé le débat sur la question du survivalisme. Que faut-il penser de cette pratique ? S'agit-il d'une nouvelle forme d'individualisme exacerbé ? Traduit-elle la tentation du repli sur soi ou de la sortie de l'histoire (à la façon des Amish) ? Ou est-ce plutôt une saine réaction devant les fragilités de notre société, qui vise à renforcer la résilience de communautés enracinés, ou même, peut-elle être l'amorce de projets politiques localistes ? Un débat intéressant que nous alimentons par un point de vue émanant de Volwest, responsable du site Le survivaliste et tenant d'un néo-survivalisme éloigné des caricatures médiatiques...

     

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    L'image du survivaliste
     
    Quand j'ai commencé ce blog il y a plus de deux ans mon idée était simple; déposer sur la toile une vision de la responsabilisation citoyenne, de la préparation et plus largement du survivalisme, au delà de certains clichés, au delà d'une certaine caricature psychologique trop souvent exploitée par la machine médiatique en mal de sensations fortes et de racolages plus ou moins malhonnêtes, et pouvant, a contrario, témoigner d'un survivalisme fondé sur la raison, et non sur l'émotion.
     
    Cependant, comme toujours chez l'humain, et ceci qu'il soit rose ou bleu, fort ou faible, croyant ou dé-croyant, politisé ou polarisé, intelligent ou grossier…son rapport aux choses est souvent limité par le poids conscientisé ou non de son patrimoine génétique, de son éducation, et bien sur et plus généralement de son conditionnement.
     
    Dès lors, le survivalisme est fatalement la construction d'une montagne d'idées plus ou moins cohérentes…d'une montagne de perceptions plus ou moins libres d'une chaine quelconque: conceptuelle, politique, théologique, émotionnelle, culturelle, médiatique, sensuelle, intellectuelle…

    Ce qui est intéressant dans ce jeu d'images, c'est que si nous demandions a milles personnes de décrire le survivalisme, nous aurions sans doute milles échos différents tant l'information est ici dénuée de sens commun, et perpétuellement plongée dans un brouillard souvent auto-généré…mais si nous demandions a ces mêmes milles personnes de décrire en quelques mots un survivaliste, nous aurions sans doute ici une ébauche beaucoup plus uniforme, beaucoup plus palpable et dirigée.
     
    Les mots clés de cette direction ?

    - Armes
    - Fin du monde
    - Peur
    - Guerre atomique
    - Zombies
    - Asociale 
    - Solitaire
    - Bunker
    - Malade
    - Extra terrestre
    - Eruption solaire
    - Complot
    - 2012
    - Farfelu
    - Paranoïaque
    - Masque a gaz
    etc.
     
    Malheureusement pour nous, force est de constater qu'il nous est encore impossible d'échapper a ces associations parfois démoralisantes, tant ces trajectoires transpirent encore plus ou moins maladroitement aux travers de survivalistes pour la plupart victimes de leur propres uni-vers…victimes de leurs propres limites intellectuelles, et inévitablement, consciemment ou non, complices du malentendu ambiant.
    Car soyons honnête, l'image du survivaliste, et même si soigneusement malaxée et entretenue par la bulle médiatique, est principalement définie par l'émanation que nous, les survivalistes, projetons sur le monde.
    C'est donc principalement sur ce champs de bataille souvent abstrait, sur cet échiquier "mentalisé" et imbibé de tendances plus ou moins douteuses, que la totalité de mon travail repose.
    Il n'est bien sur pas question pour moi de redéfinir le survivalisme, cette tache ne peut être que collective, mais bien de rendre possible ici l'alchimie du malentendu premier, c'est a dire la transformation des mots clés servant aujourd'hui a définir le survivaliste.
     
    Les nouveaux mots clés ? 

    - Indépendance
    - Résilience
    - Autonomie
    - Intelligence
    - Prévoyance
    - Entraide
    - Harmonie
    - Enracinement
    - Adaptation
    - Liberté
    - Responsabilité
    - Cohérence
    - Clan
    - Durabilité
    - Mais aussi "fais pas chier"
     
    Cette transformation des mots clés, des mots gouvernants et fondateurs, est pour moi nécessaire, car le survivaliste d'hier (au sens propre comme au sens figuré), vestige d'une époque et d'un raisonnement précis dans sa manière de vivre le monde, ne peut représenter a lui seul la diversité et la pertinence de notre démarche d'indépendance, d'autonomie et de résilience…
    De plus, il me semble important, et surtout dans la jungle actuelle, de réaliser que notre travail de sensibilisation se doit non pas d'être entendu par le plus grand nombre (quantité), mais se doit d'être le plus logique et raisonné possible (qualité).
     
    La bonne nouvelle est que le survivalisme a évolué et évolue encore.
     
    Majoritairement, les survivalistes ne sont plus ces individus en marge perdus au fin fond de l'Idaho Américain, et habités d'une démarche exclusivement axée sur le retranchement bunkarisé, ou encore calculée sur une inévitable apocalypse…non, majoritairement, les survivalistes sont aujourd'hui ces parents par exemple, qui sensibilisés par la santé d'une économie mondiale basée sur la dette, et le risque de plus en plus probable d'une simple perte de l'emploi a la maison ou d'une austérité soudaine, se penchent, entre autre, sur une gestion du foyer nous rappelant celle de nos aïeux, et axée sur le stockage de produits régulièrement consommés, et la consommation de produits régulièrement stockés.
     
    Ce sont aussi ces millions d'individus, de familles et de clans, qui s'investissent dans la production de nourriture, dans la récupération des eaux de pluies, dans le recyclage et la réparation, dans la prise en main intelligente de leur propre sécurité, dans l'indépendance énergétique quelle qu'elle soit, dans l'économie locale et surtout, dans un consumérisme intelligent qui n'est pas celui de "l'objet plaisir", mais bien celui de "l'objet utile", si chère a nos ancêtres.

    Les survivalistes, aujourd'hui, sont tout simplement vous et moi.
     
    Ce consumérisme intelligent évoqué plus haut, trop souvent amalgamé par manque de compréhension et de logique a son rejeton modernistique le consumérisme compensatoire (et oui, un poêle a bois est utile, tout comme un jerrican, une trousse de premiers soins, une casserole en fonte ou un bon couteau), est sans aucun doute l'une des pierres fondatrice du malentendu qui sépare le survivaliste de ces concitoyens, et qui vient ajouter a cette image d'un individu ne pouvant être qu'égoïste et sur un axe psychologique névrosé de repli sur soi.
     
    Sans glisser dans le fatalisme ou le catastrophisme, ce qui est loin d'être ma tasse de vin, il me parait évident que nous n'avons plus le luxe ni le temps de prétendre que notre monde est en bonne santé, que nos ressources sont intarissables ou que notre drogue première, le pétrole bon marché, ne peut avoir, a court, moyen ou long terme, un impact décisif sur nos modes de vie si celui-ci venait a manquer.

    Cette santé globale, tant écologique qu'économique, tant politique que sociale, pour la moins fragile et ceci depuis des décennies, est peut être la source même d'une multitude de comportements pouvant paraître plus ou moins radicaux et farfelus selon notre niveau de tolérance…et en ce sens, il est difficile de vraiment savoir si la démarche intériorisée par ce que nous nommons librement ici "le survivaliste", vient de son propre univers interne, ou si elle n'est pas simplement le reflet et l'ébauche d'une réponse plus ou moins adaptée a une réalité difficilement dissimulable aujourd'hui.

    Quelle que soit la source du malaise ambiant, interne, externe ou les deux, il me semble important de garder a l'esprit que même si certains survivalistes cultivent et s'obstinent a vendre une image complice du racolage médiatique ambiant: fin du monde, apocalypse, 2012, complotisme etc…l'énorme majorité des survivalistes / preppers, c'est a dire des millions d'individus de tout horizons sociaux, culturels et économiques, de tout âge et de tout sexe, de toutes philosophies, sont simplement des gens a l'écoute des problématiques globales aujourd'hui évidentes, et travaillant a des solutions de plus en plus locales, de plus en plus primordiales, et de ce fait se donnant les moyens d'influencer leur niveau d'indépendance, d'autonomie et de résilience face a une "machine" de plus en plus instable et incertaine.
     
    Nous sommes ici très loin de ce survivaliste "camouflé", sa boite de quenelles sous l'épaule, armé de son fusil, de son Berger Allemand et prêt a devenir le sauveur-vérité d'une humanité séquestrée dans le gouffre de sa déchéance moralisatrice…nous ne pouvons raisonnablement pas avoir cette prétention, mais cet axe est pourtant sous-jacent chez quelques survivalistes en mal d'attention…et au passage, ce sont souvent ces mêmes individus qui sont toujours les premiers a entraver, refuser ou rejeter l'un des piliers fondamental de la survie qu'est le lien social et l'idée de réseau.
     
    Soyons tranchant. C'est la totalité de ces frustrations incomprises et ce syndromes du "Je suis une légende", chère a la machine hollywoodienne, qu'il nous faut ici combattre…et il me parait évident qu'une grande partit de cette caricature découle invariablement d'un manque de maturité intrinsèque chez certains.

    On me contacte souvent pour justement raconter et définir ce survivaliste "légende"…comme si ma démarche pouvait objectivement être associée a la quelconque gourmandise d'un pouvoir ou d'une attention préméditée, a la quelconque gourmandise d'un trône unique.
    Comme si ma philosophie tendait a redécouvrir et bourgeoisement m'amuser de quelques gestes anciens pour combler une peur systémique de ne pouvoir être a la hauteur de ma virilité dans un futur ou mon rang social, ma profession, mon compte en banque, mes rentes ou la marque de ma voiture n'aurait plus aucun poids, plus aucune valeur.
     
    Le problème de l'image du survivaliste est simplement que celle-ci est systématiquement construite et maintenue en place par l'utilisation d'individus type ne pouvant rien offrir d'autre qu'un "témoignage reflet" des mots clés désignés par la stupidité ambiante comme étant la nature même du survivalisme et de la responsabilisation individuelle, familiale, clanique mais aussi collective.
     
    On ne me demande jamais par exemple de parler de l'organisation prévoyante et assurément survivaliste des écoles américaines, qui dans leurs cours d'écoles ou leurs caves stockent des provisions, de l'eau, des couvertures et de l'équipement dans des conteneurs maritimes pour assurer leurs enfants a charge une certaine autonomie dans le cadre d'un événement dramatique. 

    On ne me demande jamais de parler de la campagne de sensibilisation de la croix rouge, avec a sa tête l'actrice Jamie Lee Curtis, pour encourager le publique a préparer un kit de survie familiale, en mettant en place un plan (et donc en formulant certaines préoccupations), en stockant de l'eau, de la nourriture, des médicaments et de l'énergie…car exposer ne serait-ce que l'idée d'une responsabilité individuelle qui n'est pas systématiquement liée a l'apocalypse, et donc prenant sa source dans la raison et non l'émotion, dans la logique et non l'imaginaire complexé, pourrait sous-entendre que le citoyen est, au final, foncièrement responsable de sa propre vie, de son propre destin, et non l'Etat ou le voisin.
     
    Notre responsabilité doit être totale et résolue.
     
    Totale dans la gestion de votre cercle d'influence immédiat, car vous seul êtes aux premières lignes, et résolue car personne au monde ne va considérer votre vie ou la vie de vos proches comme vous allez la considérer…et c'est sur cette intime et humble compréhension que l'image du survivaliste devrait se construire, et non sur les ruines d'un monde post-apocalyptique.
     
    Volwest (Le survivaliste, 26 septembre 2012)
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  • Eléments pour la civilisation européenne !

    “La lutte de l’avenir n’opposera plus la droite et la gauche, le socialisme et le libéralisme mais les forces identitaires d’enracinement qui défendent la cause des peuples – de tous les peuples…”

    Alain de Benoist

     

     

     

    La revue Eléments est à la pointe du combat pour la civilisation européenne depuis près de 40 ans !

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  • Les idées à l'endroit !...

    Avec Les idées à l'endroit, l'essai d'Alain de Benoist, les éditions Avatar rééditent un grand classique de la pensée non-conformiste. L'ouvrage, publié initialement en 1979, a été augmentée d'un avant-propos inédit. On pourra y retrouver des textes importants comme "Fondements nominalistes d'une attitude devant la vie", "Vingt-cinq principes de morale", "Une nouvelle anthropologie", "L'élite ?" ou "Contre le racisme", qui constituent des jalons dans l'évolution intellectuelle de leur auteur.

     

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    Pour une ligne de conduite décisive face à la modernité.

    Les idées à l’endroit sont parues aux éditions Libres Hallier en 1979. C’était peu de temps après la grande campagne de presse sur la Nouvelle Droite (ND) de l’été. L’auteur, Alain de Benoist, s’était trouvé au cœur de cette campagne. Il avait souhaité y répondre en essayant de dissiper bien des malentendus. Les idées à l’endroit sont pourtant beaucoup mieux qu’un livre de circonstance. Si l’auteur, dans une longue préface ici reproduite, rappelait le contexte des débats d’idées des années 1970 et le rôle que lui-même et ses amis y

    ont tenu au travers de livres, de rééditions de classiques de la pensée politique et — déjà — de la revue Eléments, le livre ouvrait des perspectives qui gardent toute leur pertinence. Trente ans après la première édition, bien entendu épuisée, il est temps de redécouvrir cet ouvrage de fond.

    Non que l’auteur n’ait évolué. Au contraire, dans sa préface de 2010, Alain de Benoist rappelle brièvement (car il l’a fait plus complètement ailleurs, notamment dans Au temps des « idéologies à la mode », dans la réédition de Vu de droite en 2001, et dans Cartouches) le chemin parcouru et les pistes abandonnées, et le pourquoi des nouvelles explorations.

    Les textes des Idées à l’endroit sont bien autre chose que des textes datés. Ils définissent des orientations, et plus encore une attitude. Que celle-ci relève ou nom du qualificatif de « nominaliste » est accessoire. C’est l’attitude même qui compte, comme le montre le texte intitulé « 25 principes de “morale’’ ». La meilleure preuve en est que c’est précisément l’attitude, ou encore la méthode, qu’Alain de Benoist définit dans ce livre qui a permis à sa pensée de poursuivre son itinéraire, de se dégager de quelques simplismes, et plus encore de sortir des ambiguïtés de la critique de l’égalitarisme pour mettre l’accent sur la dénonciation de l’« idéologie du Même ». C’est en ce sens un livre capital.

    Paru pour la première fois en 1979, Les idées à l’endroit voulaient répondre à une demande créée par l’événement, en l’occurrence la grande campagne de presse autour de la « Nouvelle Droite » qui s’est déroulée durant l’été 1979. Ce texte, qui reste de première actualité, était épuisé depuis de nombreuses années. Cette réédition, très attendue, est augmentée d’un nouvel avant-propos de l’auteur.

    Nouvelle édition augmentée d’un avant-propos inédit

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  • Vers un capitalisme coopératif ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, publié sur son blog Regards sur le renversement du monde et consacré à la construction d'un capitalisme coopératif, local et enraciné comme réponse à la finance mondialisée... Stimulant, comme toujours !

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    Vers un capitalisme coopératif ?

    Faut-il crier : attention, danger ? A la recherche éperdue d’un autre modèle, d’un autre système, ceux qui ont dû faire leur deuil du communisme et du socialisme d’Etat, ceux qui n’ont jamais aimé l’entreprise privée comme ceux qui sont pris de vertige devant les dérives de l’entreprise financiarisée, annoncent avoir trouvé la solution ; le capitalisme coopératif ! Le mot fleurit chez les candidats à la candidature du Parti socialiste comme chez ceux de la nouvelle gauche, et s’il manque encore dans le discours national de la droite libérale comme de la droite nationale, il est bien présent parmi les multiples entités locales et régionales où se joue le combat politique. C’est qu’il revient de loin, le vieux mot de coopération, c’est qu’il trouve de nouveaux accents et une nouvelle portée au moment où la peur de manquer, le spectre du déracinement et le sentiment d’impuissance recréent partout en Europe, et particulièrement en France, certaines des conditions morales et sociales qui ont présidé à la naissance et au succès du mouvement coopératif à la fin du XIXè siècle ! Exode rural, affaiblissement des institutions et du lien social, recul de la foi religieuse et des identités exclusives, perte des repères et des structures traditionnelles, plus directement encore, confrontation à la pauvreté, au manque et plus encore, à l’indignité des conditions de vie ouvrière ; fantasmés ou réels, ces caractères liés à la première révolution industrielle ne sont pas sans rapport avec la situation des sociétés européennes en crise. Et le combat du XIXè siècle contre les usuriers, contre les profiteurs et les accapareurs, contre un capitalisme industriel et financier, colonial et brutal, n’est pas sans actualité au moment où les prédateurs qui ont provoqué la crise de 2007-2008 affichent une insolente santé, s’emploient à liquider les résistances des sociétés qu’ils n’ont pas achevées de coloniser à la loi du rendement financier, la loi de leur intérêt, et exercent à nouveau leur capacité de nuire sur ces sociétés désarmées.

    Vieille rengaine, ou idée neuve ? L’entreprise coopérative serait la forme du capitalisme du XXIè siècle, réconciliant la société et la performance économique, le marché et le lien, la production et la répartition. Il vaut la peine d’y aller voir de plus près, tant la coopérative est comme l’iceberg ; connue pour sa surface parfois agitée, lors d’accidents ou de dérives, elle est inconnue pour l’essentiel, son fonctionnement, son activité, les services qu’elle rend, son idéologie. Que ceux qui choisissent la coopération sachent ce qu’ils choisissent, pour l’utiliser, pour l’inventer, ou pour la refonder ! Car la coopération a été une arme, pas seulement pacifique, pour faire entendre raison ou pour mater les prédateurs, les usuriers ou les négociants ; les dirigeants coopératifs qui se laissent séduire par les banquiers d’investissement et serrent la main de leurs pires ennemis devront s’en souvenir. Car la coopération est forte d’un enracinement dans un territoire, dans une communauté professionnelle, dans un collectif identifié, déterminé et circonscrit ; la coopération instaure et nourrit une relation exigeante au collectif, à l’opposé de l’individualisme souverain, des droits inconditionnels et de la déliaison instituée par les Droits de l’homme. Car la coopération est discriminante dans l’espace; seuls, ceux qui participent au projet commun et se sont engagés dans le combat collectif en retirent les fruits, et aussi bien dans le temps ; chaque génération de sociétaires sacrifie d’autant plus volontiers une part du rendement financier de l’entreprise coopérative, qu’elle considère que ses enfants, et les enfants de ses enfants, bénéficieront.

    Perte des limites, du bon sens et de la raison ; la crise économique récente est la crise d’un modèle d’entreprise qui a dévoré la société, privatisé l’espace public et ignoré la gratuité, l’identité et la frontière. L’opinion ne s’y trompe pas, qui plébiscite les PME mais juge durement les sociétés du CAC 40, salue les entrepreneurs mais ne pardonne pas aux financiers de faire passer la rentabilité du capital avant leur territoire, leurs voisins et leur Nation. Même les représentants américains évitent désormais de se faire photographier en compagnie de dirigeants de banque ! Autre chose doit venir, autre chose va venir, mais quoi ? Des candidats à la candidature à l’élection présidentielle française, de jeunes et moins jeunes entrepreneurs, des communautés en quête d’autonomie, espèrent avoir trouvé la réponse avec la coopérative. Version 2012 de la nationalisation, version post-moderne de la propriété collective des moyens de production, ou bien version correcte du corporatisme, du localisme  et du régionalisme, la coopérative serait la réponse qu’on n’attendait pas à des questions qui taraudent les élus et, de plus en plus, les Français, et dont la moindre n’est pas la reprise de contrôle par la société d’une système économique et financier qui lui échappe. Tôt ou tard, la coopération serait au cœur de la révolution identitaire qui va conquérir l’Europe, au cœur de cette insurrection de la différence qui marquera la démondialisation engagée. Peut-être, mais attention ! Le danger de récupération est considérable, à un moment où certains de ceux qui ont détruit le socialisme en le convertissant à l’individualisme des Droits universels et du libéralisme intégral, entendent formater la coopération selon leurs intérêts ou leurs ambitions. Et le mouvement coopératif doit redevenir radical, c’est-à-dire retrouver ses racines, qui sont territoriales, communautaires, identitaires, et sa logique d’appartenance, qui fait passer les fins avant les moyens et les nôtres avant les autres. Ceux qui ont promu un sans-frontièrisme délétère, refusé l’application de la préférence nationale et développé un socialisme de l’assistance qui débouche sur l’isolement individuel n’ont rien à faire avec la coopération, sinon pour parasiter, polluer et dégrader un modèle qui a existé sans eux, qui existera après que les Français et les Européens en aient fini avec eux.

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 12 mai 2011)

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  • Pour une économie enracinée et solidaire !

    La revue Réfléchir et agir publie dans son dernier numéro (hiver 2011), disponible en kiosque, un excellent dossier sur l'économie enracinée et solidaire comme alternative à l'économie prédatrice mondialisée, qui comprend, en particulier, un entretien avec Michel Drac.

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    Au sommaire du dossier :

    Dossier : Pour une économie enracinée et solidaire
    p 15 - Entretien avec Michel Drac

    p 19 - Pour en finir avec l'économie prédatrice
    p 22 - Pour une autarcie économique des grands espaces
    p 24 - Une idée économique révolutionnaire :
                la décroissance
    p 26 - Relocaliser l'économie : un impératif vital
    p 28 - Retrouvons nos fondamentaux :
                indépendance alimentaire et agriculture naturelle
    p 29 - Pour un état protecteur, mutualiste et subsidiariste
    p 31 - La funeste privatisation rampante du service public
    p 33 - Les Privatisations, arme économique de destruction des états
                nationaux au service de la gouvernance mondiale et des USA
    p 35 - L'Euro, un instrument de puissance continentale sans Etat
    p 36 - Pour le retour du Franc !
    p 37 - Pour un socialisme enraciné !
    p 39 - Tour d'Europe des programmes économiques de nos camarades européens

    On trouvera aussi un entretien avec Philippe d'Hugues sur le cinéma et une analyse de l'oeuvre de Michel Houellebecq ainsi que des notes de lecture

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  • Contre l'homogénéisation planétaire !

    Dans notre rubrique archives, nous mettons en ligne un éditorial de Robert de Herte (alias Alain de Benoist), dans la revue Eléments (n°100, mars 2001), consacré au localisme.

     

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    L'heure de la micropolitique
     
    A l'époque de la modernité, la politique a été pensée de façon essentiellement institutionnelle ou constestataire de l'institution. Le pouvoir central était l'enjeu des pratiques et des luttes politiques. Quand les mécontents étaient trop nombreux, on assistait à des mouvements de colère, voire à des insurrections. Aujourd'hui, on assiste à une implosion. On ne se mobilise plus, on se détourne. Non seulement les pouvoirs officiels sont de plus en plus impuissants, mais l'abstention ne cesse de progresser. D'autant plus coupés du peuple qu'ils veulent être " proches de lui ", les politiciens ont beau assurer de façon pathétique leur " souci de transparence ", leurs programmes n'intéressent plus.
    Ceux qui ne comprennent pas que le monde a changé s'en désolent. Voyant s'effacer leur paysage familier, ils éprouvent un sentiment de dissolution. Ils confondent la fin d'un monde - le leur - et la fin du monde. Ils oublient que l'histoire est ouverte, et que ce qui se défait annonce des recompositions nouvelles. Comme la vague, dit Michel Maffesoli, qui avance alors qu'elle paraît reculer.
    Il ne faut pas en effet se tromper sur ce mouvement de retrait, en l'interprétant par exemple comme une " désertion " de type classique. Il s'agit en effet d'une nouvelle secessio plebis. Comme parfois chez l'individu, le corps ne suit plus. Mais ici, c'est du corps social qu'il s'agit. Dans un mouvement de sédition instinctive, ce corps social se dérobe à la conscience de l'institution, de la puissance sociétale. Il ne se reconnait plus dans l'institué, dans la classe politique. Ce n'est pas qu'il est devenu indifférent à tout. C'est seulement qu'il a compris que la vraie vie est ailleurs.
    Cette dynamique est déroutante parce que, contrairement à ce que l'on voyait autrefois, elle ne se finalise pas. Elle n'est pas guidée par de vastes théories, et ne se fixe pas de grands objectifs à atteindre. Les grandes notions abstraites (patrie, classe, progrès, etc.) à la lumière desquelles on avait voulu changer le monde pour le rendre meilleur, avec pour seul effet de le rendre pire, apparaissent désormais comme vides de sens. L'Histoire (avec une majuscule) est désertée au profit des histoires particulières, les " grands récits " au profit des narrations locales. Après quinze siècles de doctrines qui prétendaient dire comment le monde devait être, on en revient à l'idée que le monde doit être pris tel qu'il est. Il ne faut pas avoir peur de ce mouvement, de ce foisonnement à la fois opaque et prometteur.
    La mondialisation, qui constitue désormais le cadre de notre histoire, n'est pas moins paradoxale. D'un côté, elle est unidimensionnelle, semblant provoquer partout l'extinction de la diversité sous toutes ses formes. De l'autre, elle entraîne une fragmentation inédite. Ce faisant, elle restitue la possibilité d'un mode de vie " autopoïétique ", fondé sur l'auto-organisation à tous les niveaux, et d'abord la possibilité d'un type de pratique démocratique qui était devenu impossible dans des ensembles unitaires trop grands.
    L'action locale permet en effet d'envisager un retour à une démocratie directe, de type organique et communautaire. Une telle démocratie, prenant en compte aussi bien le moment de la délibération que celui de la décision, implique d'abord une large participation. Elle repose ensuite sur les notions de subsidiarité et de réciprocité. Subsidiarité : que les collectivités puissent le plus possible décider par elles-mêmes pour ce qui les concerne, en ne déléguant au niveau supérieur que la part de pouvoir qu'elles ne peuvent exercer. Réciprocité : que le pouvoir de décider donné à quelques-uns soit assorti du pouvoir donné à tous de contrôler ceux qui décident. Une telle démarche répond à la définition du pouvoir donné par Hannah Arendt, non comme une contrainte, mais comme un pouvoir de faire et d'agir ensemble. Elle revient à penser la vie politique à partir de la notion d'autosuffisance, en cherchant à créer les conditions de cette autosuffisance à tous les niveaux : familles élargies ou recomposées, communautés de quartier, de villes et de régions, comités locaux, systèmes intercommunaux, écosystèmes et marchés locaux.
    La Révolution de 1789, consacrant les droits de l'individu indépendamment de toute appartenance communautaire, a voulu mettre fin au système des associations, auquel elle reprochait de faire écran entre l'individu et l'Etat souverain. Rousseau n'était pourtant pas hostile au régime associatif, dont Tocqueville devait faire après lui l'un des outils de la liberté. Au XIXe siècle, le modèle de la représentation n'a cessé d'être concurrencé par celui de l'association. " L'idée proudhonienne du fédéralisme, rapporte Joël Roman, fut explicitement proposée en opposition à la représentation politique, et le mouvement ouvrier naissant se retrouva davantage dans la notion d'association." (La démocratie des individus, Calmann-Lévy, 1988, p. 129). Ce modèle a par la suite inspiré les expériences les plus diverses (conseillistes, communautaires et coopératives). Il renaît aujourd'hui, avec une portée nouvelle.
    La notion de communauté est directement liée à celle de démocratie locale. En même temps qu'une réalité humaine immédiate, la communauté est un instrument de création de l'imaginaire social. C'est à partir d'elle qu'il est possible aujourd'hui de recréer le collectif. La dimension collective associe ceux qui ont une cause à faire valoir en commun : appartient à ma communauté celui qui, dans la vie de tous les jours, ets confronté aux mêmes problèmes que moi. Mettre l'accent sur les communautés revient à réhabiliter les " matries " charnelles, concrètes, à côté de la patrie abstraite, surplombante, anonyme et lointaine. Ce réenracinement dynamique, ouvert, n'est pas de l'ordre de la régression, de la clôture ou du sur-place. Il privilégie les notions de réciprocité, d'entraide, de solidarités de proximité, d'échanges de services et d'économies parallèles, de valeurs partagées. La résistance à l'homogénéisation planétaire ne peut se faire qu'au niveau local.
    Penser globalement, agir localement : tel est le mot d'ordre de la micropolitique. Il s'agit d'en finir avec l'autorité et l'expertise qui viennent d'en haut, édictant à partir du sommet de la pyramide des règles générales, en même temps qu'avec une société où la richesse augmente au même rythme que se défait le lien social. Contre la mentalité d'assistance et l'Etat-Providence, il s'agir de travailler à la reconstitution de réseaux de réciprocité, à la resocialisation du travail autonome, à l'apparition de nouvelles " niches " sociales, à la multiplication des " noeuds " au sein des " réseaux ". Il s'agit de faire réapparaître l'" homme habitant " (Pierre George) par opposition à l'homme qui n'est que producteur ou consommateur. Il s'agit de remettre le local au centre, et le global à la périphérie. Retour au lieu, au paysage, à l'écosystème, à l'équilibre. La vraie vie est ailleurs !
     
    Robert de Herte (Eléments n°100, mars 2001)
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