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effondrement - Page 4

  • Devant l'effondrement...

    Les éditions Les Liens qui Libèrent viennent de publier un essai d'Yves Cochet intitulé Devant l'effondrement - Essai de collapsologie. Docteur en mathématique, ancien ministre de l’Écologie et parlementaire, Yves Cochet , a publié de nombreux ouvrages et est aujourd’hui président de l’Institut Momentum, un groupe de réflexion sur l’imminence de l’effondrement de la civilisation industrielle et les moyens à mettre en œuvre pour tenter de réduire son ampleur.

     

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    " Les années à venir ouvriront la période la plus bouleversante qu’aura jamais vécue l’humanité en si peu de temps. L’effondrement de notre civilisation industrielle s’y produira à l’échelle mondiale. Précurseur de la collapsologie, Yves Cochet nous fait vivre, en historien du futur proche, ce moment de grande transition.

    Il se propose d’examiner les origines écologiques, économiques, finan­cières et politiques de cet effondrement, et, surtout, leurs relations sys­témiques. Car ce sont ces liens entre causes qui transforment une petite faiblesse quelque part en un effondrement global, une épidémiologie des dominos qui tombent les uns après les autres, dépassant ainsi les seuils de nos « limites planétaires ».

    Petite cause, grandes conséquences. Dans son « scénario central », le scientifique décrit et incarne les étapes de l’effondrement depuis les an­nées 2020 jusqu’aux années 2050. Parmi celles-ci, citons la réduction drastique de la population mondiale, la ruine des États, incapables de gérer les questions de santé ou de sécurité, la fin des énergies fossiles et nucléaire, le passage obligé à une alimentation plus végétale, plus locale, plus saisonnière, ou encore l’avènement d’une mobilité low tech.

    Cet ouvrage répond à certaines des questions qui surgissent lorsqu’une telle perspective sans retour devient évidente. Comment diable se fait-il que les dirigeants du monde aient ignoré cette perspective ? D’où pro­vient cet aveuglement au futur proche, ce déni de réalité ? Y aura-t-il encore une humanité civilisée en 2050 ? Quelles sont les institutions qui garantiront aux humains de faire société ? Dans quelles conditions de vie subsisteront-ils ? "

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  • Le temps des barbares...

    Les éditions Ring viennent de publier le nouveau roman de Laurent Obertone intitulé Guérilla - Le temps des barbares, qui fait suite à Guérilla - Le jour où tout s'embrasa (Ring, 2016). Journaliste, Laurent Obertone est l'auteur de trois enquêtes essentielles, La France Orange mécanique (Ring, 2013), La France Big Brother (Ring, 2015) et La France interdite (Rig, 2018), qui ont réussi à ébranler l'édifice du politiquement correct, ainsi que du récit Utøya (Ring, 2013).

     

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    " Du sang, des armes et des larmes.
    Voyage au bout de la guerre totale.

    Plus d'État.
    La France s'est effondrée en trois jours, livrée aux assassins qui tiennent les rues, aux chiens de guerre qui terrorisent les campagnes. Partout le pillage. La folie. La survie. Partout le silence des réseaux détruits. Et partout la violence.

    Plus de règles.
    Des crânes perforés de balles, des ombres qui fuient, des rues dévastées, des cadavres déchiquetés à perte de vue, des ordres, des plaintes, des cris, des rafales d'armes automatiques se répondant d'une rue à l'autre, des geysers de flammes et le bruit sourd des rotors brassant le ciel ardent des villes.

    Plus d'issue.
    Ils étaient de simples citoyens. Ils ne sont plus que des créatures humaines, privées de tout, isolées dans leur méfiance, prêtes à tuer pour un bidon d'essence.

    Best-seller international, Guerilla – Le jour où tout s'embrasa décrivait l'effondrement de la France en soixante-douze heures. Bienvenue dans la suite vertigineuse de l'odyssée. "

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  • Une disparition d'Internet est-elle possible ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son blog Huyghe.fr et consacré à l'hypothèse d'une disparition d'Internet. Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne et est l'auteur de nombreux essais sur le sujet, dont, récemment, La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018). Avec Xavier Desmaison et Damien Liccia, François-Bernard Huyghe vient de publier Dans la tête des Gilets jaunes (VA Press, 2019).

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    La fin d’Internet

    Internet pourrait-il disparaître ? L’hypothèse semble paradoxale, puisque, par définition, il a été conçu (du moins ses ébauches par la Darpa), pour résister à une guerre atomique. Le principe du réseau (x peut passer par A ou par B pour atteindre C) était précisément pensé dans cette perspective : décentralisation contre interruption ; jamais la communication ne serait empêchée puisqu’elle transiterait par d’innombrables canaux. Mais, bien qu’Internet soit supposé ultra résilient - et on le disait aussi dans les années 90 impossible à censurer ou à limiter et nous savons maintenant que ce n’est pas vrai- une thèse s’est répandue très tôt : celle du « big one », la grande catastrophe, le Pearl Harbour informatique » : puisque sur Internet, chaque point du réseau peut joindre tout autre, tout peut être contaminé par tout. Des think tanks comme la Rand imaginent donc qu’une puissance hostile paralyse l’ensemble du système. Une autre variante, beaucoup plus vraisemblable, serait qu’une opération contre certains systèmes informatiques détraque non pas Internet ou tous les pays, mais certaines fonctions indispensables à la vie d’une nation : plus d’électricité, de banques ou de transports, au moins pendant quelques heures, cela permettrait-il à un adversaire de nous imposer sa volonté ou de produire une effet de chaos irréversible ?

    Toute utopie suscite ses dystopies, toute description d’un monde idéal enfin libéré des contraintes du présent appelle des avertissements en retour : si nous n’y prenons garde, des forces mauvaises détourneront les possibilités de la technologie ou les aspirations des hommes pour construire le pire des mondes : toute la rhétorique de la cyberguerre et de la cybersécurité est basée sur l’hypothèse la plus pessimiste.
    Elle n’est pas absurde sur le plan des principes : tout finira un jour, y compris la planète terre ou l’auteur de ces lignes. Mais comment et pourquoi ?
    On peut, et la thèse à déjà circulé, imaginer une fin d’Internet, soit indirectement par suite d’une catastrophe générale ou d’une crise énergétique grave interdisant de l’alimenter en électricité, soit par insuffisance de bande passante (une thèse à la mode vers 2005), soit délibérément.
    Une première idée serait d’interrompre l’infrastructure physique d’Internet : le système repose sur une couche matérielle (à côté des couches dites logicielles et sémantiques, les règles qui font fonctionner le tout et les messages qui s’adressent aux utilisateurs finaux : des êtres humains). Et tout ce qui est matériel peut être saboté. Peut-on couper les câbles sous-marins par lesquels circulent les échanges ? Intervenir de vive force dans les data centers, sur les routeurs, chez les grande plateformes et en tous lieux - après tout situés dans des immeubles, donc susceptibles d’être attaqués ou ravagés ? Pour le dire autrement : tout ce qui passe sur Internet passe quelque part sur des ordinateurs ou les données sont physiquement stockées quelques part, donc, il y a des lieux que pourraient attaquer des terroristes, par exemple.
    On peut imaginer une cause involontaire de destruction des infrastructures - électriques, par exemple - indispensables pour faire fonctionner le tout. Météorites, ondes, tempête solaire, incendies gigantesques ? Cela devient une question d’échelle pour les désastres naturels. D’une panne d’électricité d’une province à la disparition de la Silicon Valley dans une faille, et à une interruption durable à l’échelle de la planète? - Et pour une action menée par l’homme, sauf à imaginer une secte millénariste qui veuille nous ramener à un stade technologique antérieur, quelle serait leur motivation, si l’on part de l’hypothèse qu’une panne générale frapperait aussi tout pays susceptible de les commanditer ?
    De la même façon, il est permis de fantasmer sur un logiciel malicieux qui infecterait l’ensemble du Net, aurait le temps de s’installe et ne rencontrerait pas de contrepoison à sa mesure ? C’est un scénario sur lequel travaillent des gens très sérieux. Mais à supposer même que l’épée transperce le bouclier - et que des centaines de sociétés high tech avec des milliers de chercheurs qui vivent précisément du repérage et de l’élimination des dangers numériques contagieux n’y puissent rien - quel intérêt stratégique autre que nihiliste ? Nous sommes là typiquement devant le « cygne noir » absolu : un événement d’une probabilité presque inenvisageable (et par définition s’en préserver demanderait des efforts immenses destinés à être renouvelés constamment face à l’ingéniosité de l’attaquant présumé, forcément innovant) mais aux conséquences immenses.
    Ce type de terreurs est nourri par le fait qu’il y a eu des coupures partielles d’Internet, soit du fait d’une décision politique comme en Égypte en 2011, soit de manière accidentelle, comme lorsqu’une paysanne géorgienne de 75 ans, la « hackeuse à la bêche » qui préparait son jardin coupa un fil en cuivre et priva d’Internet une partie de l’Arménie en 2011. Il y aussi eu des projets bizarres. Pour mémoire, rappelons qu’en 2010 des sénateurs américains avaient proposé de créer un kill switch, un bouton d’urgence qui aurait permis au Président américain de couper Internet, comme on coupe le courant, en cas d’urgence.
    En toute hypothèse, définitive ou temporaire, partielle ou planétaire, la coupure d’Internet, s’inscrit dans la logique selon laquelle tout ce qui fonctionne est susceptible d’être détraqué ; elle nous obligerait surtout à penser à nos réactions, aux fonctions et aux soutiens, y compris psychologiques, dont nous serions privés et à nos réactions. Dans un livre digne des modernes collapsologues, mais datant de 1971, Il Medioevo prossimo venturo (le Moyen-âge qui vient), Roberto Vacca, un scientifique italien, imaginait une sorte de panne par contagion (électricité, routes encombrées, paniques dans les villes) qui finissait par balayer notre civilisation. Et c’était avant Internet.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 20 juillet 2019)

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  • Sur l'effondrement qui vient...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli sur le site d'Antipresse et consacré à la crise climatique et à l'effondrement sur lequel elle doit déboucher.

    Penseur subtil et profond, Eric Werner est l'auteur de plusieurs essais marquants comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) L'après-démocratie (L'Age d'Homme, 2001), Douze voyants (Xénia, 2010), De l'extermination (Xénia, 2013) ou Le temps d'Antigone (Xénia, 2015) et de recueils de courtes chroniques comme Ne vous approchez pas des fenêtres (Xénia, 2008) et Le début de la fin et autres causeries crépusculaires (Xénia, 2012). Il vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

     

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    Sur l'effondrement qui vient

    La crise climatique inquiète, et à juste titre. Car elle est bien réelle. On ne peut plus aujourd’hui dire, comme l’ont longtemps fait (et continuent d’ailleurs encore à le faire) certains (ceux qu’on appelle les «climatosceptiques»), qu’elle n’existe pas. Oui bien sûr qu’elle existe. En sous-estimer la gravité est même d’une particulière stupidité.

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  • Effondrement, collapsologie, catastrophisme : l’heure serait-elle à la fin du monde ?...

    Dans cette émission du Plus d’Éléments, diffusée par TV Libertés, l'équipe de la revue, autour d'Olivier François, évoque, à l'occasion de la sortie du nouveau numéro, les risques d'effondrement de la civilisation mais également Mélenchon et les Insoumis en butte à la question migratoire, l’inquiétant phénomène des études scientifiques bidons et « Saint-Ex » loin des clichés. On trouvera sur le plateau François Bousquet, rédacteur en chef, Patrick Lusinchi, directeur artistique, Fabien Niezgoda et Christophe A. Maxime.

                                     

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  • Quand l'argent pue...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dimitry Orlov, cueilli sur De Defensa et consacré à l'indispensable dédollarisation du monde. De nationalité américaine, mais d'origine russe, ingénieur, Dimitry Orlov, qui a centré sa réflexion sur les causes du déclin, voire de l'effondrement, des civilisations, est l'auteur d'un essai traduit en français et intitulé Les cinq stades de l'effondrement (Le Retour aux sources, 2016).

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    Quand l'argent pue

    L’expression “pecunia non olet”(l’argent n’a pas d’odeur) aurait été pondue (sans jeu de mots) par l’empereur romain Vespasien qui régna de 69 à 79 après J.-C. Elle signifie généralement que la valeur de l’argent reste la même quelle que soit la façon dont il a été obtenu. (Eh bien, dites-le à une équipe de blanchiment d’argent !) Vespasien avait raison : la monnaie romaine était principalement utilisée sous forme de pièces d’argent qui tiraient leur valeur de leur teneur en argent plutôt que de toute autre chose.

    Mais déjà à l’époque, l’argent romain commençait à puer un peu : en 64 après J.-C., l’empereur Néron a dégradé les deniers de 25% en y mélangeant du cuivre. Ce processus a suivi son cours au IIIe siècle après J.-C., alors qu’un denier typique était composé de plus de 50 % de cuivre. Puis l’empereur Caracalla a introduit une pièce de deux deniers qui pesait 1,5 fois plus – une dépréciation supplémentaire de 25%. Il ne fait aucun doute que les légionnaires romains chargés de protéger les frontières de Rome contre les barbares de plus en plus nombreux, et qui étaient payés avec cet argent de moins en moins précieux, pensaient qu’il puait vraiment, et agissaient en conséquence, comme les barbares.

    Défilement rapide jusqu’à aujourd’hui, quand la pièce de monnaie impériale est devenue le dollar américain. Contrairement à la monnaie romaine, qui a perdu 75% de son argent en trois siècles, le dollar américain a perdu 96% de sa valeur, pour chaque dollar émis en 1900. Il a été, pendant un certain temps, convertible en or, mais cela a pris fin en 1970 après un recours massif aux réserves d’or des États-Unis. Depuis lors, sa valeur n’est plus attachée à rien mais elle reste soutenue par plusieurs forces. D’abord et avant tout, l’inertie pure et simple – la majeure partie du commerce international est réglée en dollars américains – est suivie de la menace de violence contre quiconque tente de fuir le système du dollar américain (comme l’Irak et la Libye, par exemple).

    Mais ces forces sont appelées à s’affaiblir avec le temps. Comme les États-Unis représentent une part de plus en plus petite de l’économie mondiale et que d’autres acteurs commencent à revendiquer une part de plus en plus grande du commerce mondial, l’inertie se dissipe. Et menacer de violence la Russie, la Chine et même l’Iran n’est pas particulièrement efficace parce que tous ces pays sont parfaitement capables de menacer les États-Unis en retour.

    Le dollar américain pue à bien d’autres égards. Le plus important est la situation financière terminale des États-Unis dans son ensemble : c’est, selon toutes les estimations raisonnables, un pays en faillite qui ne peut survivre qu’en s’endettant à un rythme de plus en plus rapide. Il n’y a aucune prétention que les dettes seront jamais remboursées ; les seuls moyens d’en sortir sont la dévaluation ou la défaillance (ou une combinaison des deux). Même le simple report de la dette deviendra impossible si les taux d’intérêt reviennent à leur moyenne historique. Comme Poutine l’a dit lors de la récente conférence internationale de Vladivostok, à laquelle ont participé les dirigeants de toutes les grandes nations asiatiques, c’est “un problème sans solution”.

    Les exigences juridiques et réglementaires de plus en plus onéreuses en matière de transactions en dollars américains viennent au deuxième rang. Toute transaction, quelle qu’en soit la taille, qui utilise des dollars américains relève automatiquement de la juridiction américaine. De son côté, le gouvernement américain a utilisé ce détournement de compétences à son avantage en punissant ses rivaux économiques et géopolitiques. Le scandale le plus récent concerne les sanctions que les États-Unis ont jugé bon d’imposer aux Chinois pour avoir acheté des systèmes d’armes à des entreprises russes déjà sanctionnées. La Chine n’a pas le droit d’acheter des armes fabriquées aux États-Unis, alors il ne s’agit même pas ici de faire mal à des concurrents, mais plutôt de faire du mal à tout le monde afin d’empêcher la Russie de prendre la première place en terme de ventes d’armes (elle est actuellement numéro deux après les États-Unis). Ajoutez à cela la menace omniprésente de voir ses fonds en dollars américains gelés à tout moment sur n’importe quel prétexte inventé, et il y a toutes les raisons de cesser d’utiliser le dollar américain. Mais comment ?

    La “dédollarisation” est actuellement un sujet de discussion très brûlant dans le monde entier. Bon nombre de pays, de manière bilatérale, notamment la Russie et la Chine, la Russie et la Turquie et plusieurs autres, sont déterminés à commencer à négocier dans leur propre monnaie, contournant ainsi le dollar américain. Mais il y a 180 monnaies en circulation dans le monde qui sont reconnues par l’ONU, et cela crée un petit problème. Tant que tout le monde transige avec le dollar américain, il en résulte un système en étoile avec le dollar américain en son centre. Pour commercer, tout le monde convertit sa devise en dollars, puis la reconvertit à nouveau en monnaie locale. Comme il est généralement plus coûteux d’acheter des dollars que de vendre des dollars, il existe une sorte de “taxe sur le dollar” que tout le monde doit payer, tandis que les États-Unis peuvent gagner de l’argent simplement en mettant des dollars américains à disposition. Ça n’a pas l’air très juste.

    D’un autre côté, il y a certains avantages à utiliser le dollar américain. Tout d’abord, il est très liquide : si vous avez besoin de trouver une grosse somme de dollars à la hâte, il suffit généralement d’un seul appel téléphonique, alors que pour certaines devises mineures, cela peut prendre un temps et des efforts considérables pour trouver la somme nécessaire. Deuxièmement, il a été relativement stable, avec une volatilité relativement faible par rapport à d’autres devises, ce qui rend la détention de dollars moins risquée que celle d’autres devises plus volatiles. Enfin, pour une entreprise qui fait des affaires à l’échelle internationale, la tenue d’une seule liste de prix, en dollars, représente beaucoup moins d’efforts que la tenue de listes de prix distinctes dans chaque monnaie nationale.

    Toutefois, il va de soi que si les avantages de continuer à utiliser le dollar américain dans le commerce international sont limités, les inconvénients potentiels sont incalculables : si les États-Unis et le système du dollar faisaient faillite de manière catastrophique, les dommages causés aux relations commerciales de chacun seraient également catastrophiques. De plus en plus de pays prennent conscience de ce fait et établissent des swaps de devises et d’autres moyens pour faciliter le commerce international dans leur propre monnaie. Le problème ici est la complexité même d’un tel système. Avec la disparition du dollar américain, le diagramme en réseau des monnaies du monde devient plus complexe, car il y a 180 nœuds au lieu de quelques-uns seulement.

    Une alternative est de laisser la Chine prendre le relais. C’est déjà la deuxième plus grande économie du monde après les États-Unis, et la plus grande économie du monde par sa parité de pouvoir d’achat (les Chinois gagnent moins d’argent dans l’absolu mais ont un meilleur pouvoir d’achat que les Américains). La situation financière de la Chine est presque un miroir opposé à celle des États-Unis : c’est exactement le contraire de la faillite, avec d’importants excédents et réserves de changes avec en bonus, des réserves d’or en expansion constante. Mais la Chine a tendance à être un acteur prudent et préfère les approches graduelles, ce qui rend peu probable un remplacement suffisamment rapide du dollar (USD) par le yuan (CNY).

    Lorsqu’il s’agit de questions susceptibles d’influer sur la stabilité de l’ensemble du système financier mondial, la prudence et les précautions sont de bon augure. D’un autre côté, vous vous demandez peut-être de quelle stabilité il s’agit. L’actuel résident intellectuellement déficient de la Maison-Blanche aime se réveiller le matin et déclencher une autre guerre commerciale. Il a doté diverses autres personnes au sein du gouvernement américain de l’autorité d’imposer à elles seules des sanctions financières à des pays, des entreprises et des particuliers partout dans le monde. Le déficit budgétaire fédéral américain s’élève à 1 000 milliards de dollars par an, et ce alors que l’économie est censée bien se porter. Mais ce n’est bien sûr pas le cas : il y a près de 100 millions de chômeurs de longue durée ; l’inflation (si l’on inclut le logement, l’éducation et la médecine) est effrénée ; le pays est parsemé de municipalités et d’États insolvables, etc. L’inégalité de la richesse aux États-Unis atteint les niveaux où les pays ont tendance à exploser politiquement. Peut-être plus important encore, la qualité des élites dirigeantes aux États-Unis, qui était assez élevée il y a quelques générations à peine, est maintenant devenue abyssalement faible. Ce n’est pas seulement Trump qui est intellectuellement inquiétant ; c’est aussi le cas de tous les autres. Ils feront tout ce qu’ils peuvent pour perpétuer la fiction selon laquelle les États-Unis sont toujours riches et puissants – jusqu’à ce que les lumières s’éteignent.

    Pourtant, il serait imprudent de paniquer, parce qu’en cas de panique, tout le monde s’effondrerait d’un coup. La bonne approche de la dédollarisation consiste à y travailler avec diligence, tous les jours, en poursuivant une stratégie qui minimisera ses pertes. L’effondrement du système du dollar américain ne sera pas une occasion de se faire de l’argent pour la plupart des gens dans le monde. Au lieu de cela, il faut choisir entre perdre un peu ou tout perdre, et je conseillerais la première solution. (...)

    Dimitry Orlov (De Defensa, 24 septembre 2018)

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