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effondrement - Page 5

  • Ingérence américaine...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dmitry Orlov, cueilli sur le blog francophone du  Saker et consacré à l'implosion de la démocratie américaine... De nationalité américaine mais d'origine russe, ingénieur, Dimitry Orlov, qui a centré sa réflexion sur les causes du déclin ou de l'effondrement des civilisations, est l'auteur d'un essai traduit en français et intitulé Les cinq stades de l'effondrement (Le Retour aux sources, 2016).

     

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    Ingérence américaine

    Depuis novembre 2016, une bonne partie des classes bavardes aux États-Unis ont glosé sur l’« ingérence russe » dans l’élection présidentielle. Les détails ne cessent de changer, mais l’histoire reste la même : la Grande Méchante Russie a corrompu la démocratie américaine … comme si la démocratie américaine n’était pas corrompue dès le départ. Le DNC n’a-t-il pas truqué les primaires en faveur de Clinton ? Le FBI n’a-t-il pas reçu l’ordre par Obama d’arrêter d’enquêter sur Clinton qui avait mal géré les secrets d’État ? Clinton n’a-t-elle pas reçu les questions du débat [pour les présidentielles, NdT] avant le débat ? N’a-t-elle pas reçu des contributions de campagne de la part d’oligarques étrangers bien louches ? Et techniquement, n’aurait-elle pas remporté l’élection, si on n’avait pas tenu compte de cet étrange collège électoral sclérosé [les grands électeurs, NdT] ? Il semble que « l’ingérence russe », si elle est réelle, serait loin dans la liste des choses qui ne vont pas avec la démocratie américaine ; sur l’échelle des situations d’urgence, « maison en feu » s’évalue généralement plus haut que des « souris dans le garde-manger », n’est ce pas ?

    Peut-être n’êtes-vous pas d’accord avec cette évaluation ? Dans ce cas, il y a une autre considération à prendre en compte. Il est certain que les États-Unis ne sont pas du tout une démocratie, ce qui implique que les Russes n’ont rien à voir là-dedans. Une étude de l’Université de Princeton menée par Gilens and Page a effectué une analyse de régression sur plus d’un millier de décisions politiques aux États-Unis. Ils ont déterminé que l’effet de l’opinion publique sur la politique publique est nul. C’est vrai, il n’y en a aucun. Peu importe comment vous votez parce que votre vote n’affecte pas le résultat de façon mesurable. Par extension, cela vaut aussi pour le fait de protester, de s’organiser, de vous arroser d’essence et de vous enflammer sur les marches du Sénat américain, ou quoi que ce soit d’autre que vous pourriez faire. Cela n’influencera pas ceux qui sont au pouvoir.

    Et qui sont ceux au pouvoir ? Ce sont les oligarques, bien sûr, les gens qui possèdent à peu près tout, y compris vous-même. Oui, vous êtes à eux, leur propriété. Gilens et Page ont déterminé que les opinions de l’élite économique et des groupes d’affaires ont par contre un effet profond sur la politique publique. Si ce groupe est réticent par rapport à une volonté politique, elle ne sera pas adoptée : 0% de soutien par ce groupe signifie aucune chance d’adoption de cette politique. Si, en revanche, ce groupe est à 100% derrière quelque chose, les chances que cela soit adopté grimpent jusqu’à 70%. Bref, alors que voter pour ou contre une question ne compte pour rien, dépenser beaucoup d’argent pour l’un ou l’autre camp sur cette question importe beaucoup. Les partis politiques, les campagnes, les campagnes électorales et toutes ces bêtises ne sont qu’un spectacle.

    Alors, pourquoi y a-t-il un besoin soudain de se concentrer sur une ingérence russe inexistante, pendant 15 mois, sans souffler ? Je crois que la réponse est évidente : le spectacle qui est celui de la « démocratie américaine » tout aussi inexistante n’est plus à même d’être diffusé, et le public doit être réorienté pour regarder ailleurs. Tout le système s’effondre. Rappelez-vous le plafond de la dette ? Ne vous embêtez plus, maintenant le ciel est la limite − jusqu’à ce que quelque chose craque, ce qui sera le cas, et votre bout de plastique cessera de vous permettre de payer pour acheter des biens. Les États-Unis viennent de bombarder la Syrie, et … tout ce qui s’est passé, c’est que les Syriens sont sortis dans la rue pour célébrer leur victoire, car rien ne s’est passé à part quelques éclairs lumineux et de fortes explosions dans le ciel. La CIA, en la personne de Mike Pompeo, vient de prendre le contrôle du Département d’État. Diplomatie ? De quoi parles-tu ? Le président américain vient de déclarer que le président Français était son jouet. Relations étrangères ? Désolé, ça va devoir attendre, ces messieurs sont occupés ! Oui, tout se transforme en blague, mais vous feriez mieux de ne le dire à personne ! Ce serait comme crier « Au feu ! » dans un théâtre bondé : si suffisamment de gens réalisent ce qui se passe, cela pourrait provoquer une panique et quelqu’un pourrait être piétiné.

    Entre-temps, il y a beaucoup de problèmes aux États-Unis et ils ne sont pas résolus. Voici un exemple : supposons que vous vouliez empêcher les États-Unis de tomber dans l’enfer de la dette. Eh bien, alors vous devriez commencer par fabriquer des choses au lieu de les importer. Mais voici un problème sous-jacent : le revenu moyen des particuliers aux États-Unis est d’environ 27 000 $ par année, ce qui, selon les normes internationales, est un peu trop élevé pour qu’une entreprise manufacturière demeure compétitive sur le plan international, mais peu importe. Maintenant, l’assurance-maladie pour une famille de quatre personnes (où papa travaille dans une usine alors que maman est occupée à élever la prochaine génération de travailleurs industriels) est d’environ 26 000 $ par année. Alors, d’accord, la famille a 1 000 $ par année pour tout le reste. Mais que se passe-t-il si quelqu’un tombe malade ? Eh bien, il y a une franchise de 8 000 $ à payer avant que l’assurance-maladie n’entre en jeu. Ainsi, si la famille vit dehors, boit de l’eau de pluie et mange des pissenlits pendant huit ans, elle pourrait survivre à une seule maladie sérieuse comme l’appendicite. (Il y a 40% de chance que quelqu’un dans une famille de six en contracte une, et c’est juste une maladie commune parmi beaucoup d’autres). En bref, si vous voulez faire quelque chose d’économiquement utile aux États-Unis … ne vous embêtez même pas. Le système n’est pas configuré pour que vous réussissiez.

    Tout cela est assez déprimant, n’est-ce pas ? C’est peut-être pourquoi quelque chose comme un quart des Américains est sous anti-dépresseurs. Regardez Nikki Haley, le représentant américain à l’ONU. Notez son côté glacé, lapin-pris-dans-les-phares et cet air à demi renfrogné. Notez son comportement délirant : il y a quelques jours, elle a essayé d’imposer de nouvelles sanctions à la Russie. Lorsqu’elle a été mise au défi, elle a insisté sur le fait qu’elle avait raison et que la Maison Blanche avait tort … avant ensuite de se dédire. Si vous pensez qu’avoir des gens délirants au Conseil de sécurité de l’ONU est une mauvaise idée, alors vous avez raison.

    Ce que font les anti-dépresseurs, c’est que les personnes qui ont des raisons objectives d’être déprimées (par exemple, du fait que leur pays est en train de s’effondrer), commencent chaque jour avec un sourire et une attitude séduisante, pour être à-la-hauteur. Cela semble hors sujet. Les anti-dépresseurs leur permettent de se faire des illusions en pensant que « tout ira bien » alors que ce n’est absolument pas le cas et ça ne le sera jamais. Et quand un quart des gens dans la salle sont délirants, alors des décisions sérieusement erronées sont prises et les choses ont tendance à aller de mal en pis.

    Si les antidépresseurs ne sont pas votre truc, il y a aussi des opiacés. Aux États-Unis, les décès par surdose s’élevaient à environ 60 000 en 2016, soit 20% de plus qu’en 2015. À ce rythme, en moins de dix ans, la moitié des gens seront sous tranquillisants et plus aucune décision ne sera prise, défectueuse ou non. À mon avis, les drogués américains sont moins une menace internationale que les Américains sous anti-dépresseurs. Les drogués aux États-Unis commencent généralement avec une prescription contre la « douleur » (parce que la vie aux États-Unis est en effet douloureuse). Quand cela se termine, ils passent à l’héroïne afghane, qui est bon marché et abondante grâce à l’occupation de l’Afghanistan par l’armée américaine.

    Mais qu’y a-t-il à faire si rien de tout cela ne vous plaît ? Eh bien, c’est le printemps, alors plantez ! Plantez de la roquette et des tomates cerises, elles vont bien ensemble. Cultiver des piments, pour pimenter les choses. Ensuite, dans quelques semaines, vous devrez passer du temps à lutter contre les mauvaises herbes. Cela devrait détourner votre attention du fait que votre pays s’effondre. En tout cas, c’est ce que je prévois de faire. Et s’il y a une souris dans votre garde-manger, essayez de mettre quelques bouts de fromages pour l’appâter.

    Dmitry Orlov (Le Saker francophone, 26 avril 2018)

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  • Vers le krach ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Marc Rousset, économiste et ancien dirigeant d'entreprise, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la menace grandissante d'un krach boursier de grande ampleur... Marc Rousset a notamment publié La nouvelle Europe - Paris-Berlin-Moscou (Godefroy de Bouillon, 2009) et Adieu l'Argent-roi ! (Godefroy de Bouillon, 2016).

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    L’année 2018 sent plus l’apocalypse à venir qu’un simple krach

    Le centriste Macron ne fait rien en matière régalienne (immigration, sécurité) et rêve en matière économique, ne pensant qu’Europe et jeunes pousses. Alors que certains s’effraient d’un cataclysme économique à venir, Macron, comme sœur Anne, ne voit absolument rien venir.

    Et pourtant, les faits sont là. Nous aurons au minimum un krach style 1929. Les Bourses et le bitcoin montent dans le monde entier mais vont bientôt s’effondrer. L’indice de Shiller, qui indique la surchauffe des marchés, est actuellement à plus de 31, alors qu’il était pourtant inférieur à 30 en 1929 et qu’il ne doit jamais dépasser ce chiffre. Cet indice, mis en place par le professeur à Yale et prix Nobel d’économie Robert Shiller, consiste tout simplement à diviser le cours de Bourse par le bénéfice par action, mais en ajustant techniquement les données.

    Cette fois-ci, ce sera plus grave qu’en 1929 et qu’en 2008, où l’on a soigné un patient drogué perclus de dettes en augmentant sa dose. Parler de la Grèce, de la dette publique américaine de 20.000 milliards de dollars, de la dette française de 2.000 milliards d’euros est d’un classicisme ringard dépassé. Il faut, en réalité, parler de la dette mondiale totale publique et privée, qui a doublé depuis 2006 pour atteindre 230.000 milliards de dollars. Mais à ce chiffre, il convient d’ajouter les engagements hors bilan des gouvernements et des agents économiques, soit 250.000 milliards de dollars. Et il faut enfin ajouter le volume des produits bancaires et boursiers dérivés, soit 1.500.000 milliards de dollars. La somme totale astronomique de la dette mondiale est donc de deux millions de milliards de dollars, soit ce que les Anglo-Saxons appellent deux quadrillions de dollars !

    Les banquiers prétendent benoîtement qu’il ne faut pas raisonner en valeur absolue du montant des contrats passés pour les produits dérivés et qu’il faut seulement s’intéresser au montant net des transactions, mais encore faut-il que les contreparties puissent répondre à leurs obligations contractuelles. Kerviel, à lui tout seul, a bien failli faire sauter la Société générale !

    Avec Trump, la dette publique américaine va continuer à croître sur la lancée d’Obama. Le Bureau central du budget américain estime la dette publique américaine à environ 40.000 milliards de dollars en 2024, soit le double de la dette actuelle. Il n’est pas possible que les choses restent en l’état et que les taux actuels d’environ 1,25 %, compte tenu des risques démentiels encourus, ne retrouvent pas bientôt les sommets de 19 % des années 1981.

    Lorsqu’on prend conscience, enfin, à quelle vitesse et d’une façon subite s’est détériorée la situation en Allemagne à partir de janvier 1922, il faut se méfier de l’eau qui dort ! Une once d’or coûtait 3.976 marks en janvier 1922 et 87.000 milliards de marks le 30 novembre 1923.

    Un autre facteur géopolitique, bien plus préoccupant que la Corée du Nord, est le coup d’État réalisé par le prince héritier Mohammed ben Salmane en Arabie saoudite. Les États-Unis, suite à leur défaite en Syrie, sont en train de perdre la main au Moyen-Orient et lorsqu’on a beaucoup d’ennemis des princes du sang, un assassinat est toujours possible dans ces pays. Il suffirait également que l’Arabie saoudite passe au « pétro-yuan » pour que le dollar, dont la domination repose sur le pétrodollar, s’écroule !

    De plus, toutes ces émissions de crypto-monnaies (bitcoin, ethereum), avec l’augmentation vertigineuse des cours, sentent le soufre et l’écroulement d’un système à la Ponzi qui pourrait déclencher le début de l’apocalypse ! Joseph Kennedy, le père du président John Fitgerald Kennedy, fit sa fortune en vendant en 1929 avant tout le monde car, disait-il, « quand votre cireur de chaussures vous parle d’actions, il est temps de vendre ».

    Marc Rousset (Boulevard Voltaire, 14 décembre 2017)

     

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  • Notre monde va-t-il s'effondrer ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un résumé percutant et profondément pessimiste des principales thèses de la collapsologie, qui est l'étude des perspectives d'effondrement de notre civilisation.

    Pour aller plus loin sur le sujet, on pourra utilement se référer à Comment tout peut s'effondrer - Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes (Seuil, 2015) de Pablo Servigne et Raphaël Stevens. Et si l'on veut avoir une idée réaliste de la résilience dans un contexte d'effondrement, on consultera avec profit Survivre à l'effondrement économique (Le Retour aux sources, 2011), de Piero San Giorgio.

     

                                        

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  • Quel avenir ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dmitry Orlov, cueilli sur Arrêt sur info et consacré aux scénarios de l'avenir qu'il privilégie. D'origine russe, ingénieur, Dimitry Orlov, qui a centré sa réflexion sur les causes du déclin ou de l'effondrement des civilisations, est l'auteur d'un essai traduit en français et intitulé Les cinq stades de l'effondrement (Le Retour aux sources, 2016).

     

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    Quel avenir ?

    J’aime me flatter en pensant que la raison principale pour laquelle tant de gens ont creusé un chemin vers mon blog et continuent à acheter mes livres est que pendant plus d’une décennie j’ai toujours deviné correctement quelle forme prendrait l’avenir ; pas tout le temps, mais suffisamment souvent pour inciter les gens à y prêter attention. J’essaie d’être très prudent dans mes pronostics. Je ne prédis jamais des événements relativement insignifiants tels que les krachs boursiers, les changements dans la composition des gouvernements nationaux et d’autres incidents qui ne se produisent que sur le papier ou sur un coup de tête.

    Au lieu de cela, j’essaie de me concentrer sur les aspects de la réalité physique – les flux d’énergie en particulier – qui limitent la forme de l’avenir. Je ne fais pas non plus de prédiction en ce qui concerne le calendrier : savoir si quelque chose va arriver est souvent une question qui a une réponse ; savoir quand quelque chose se produira est souvent une question pour laquelle aucune méthode ne donne de réponse fiable. En gardant cela à l’esprit (pour ne pas être déçu), je vais prendre quelques risques et faire quelques prédictions sur la forme générale de l’avenir qui se matérialisera au cours d’une seule vie humaine et peut-être même un peu plus vite.

    Je crois que l’on peut deviner la forme générale de l’avenir en se concentrant sur les quatre facteurs suivants : le climat, l’énergie, la population et la géopolitique. Regardons chacun.

    Climat

    Les changements à court terme des conditions météorologiques, entraînés par le changement climatique à plus long terme résultant de l’augmentation spectaculaire des niveaux de dioxyde de carbone et de méthane dans l’atmosphère, permettent déjà d’envisager plusieurs impacts importants. Les cyclones tropicaux sont plus intenses et plus humides, entraînant des inondations massives et des dommages aux infrastructures. Cette année, les tempêtes ont assommé une grande partie de Houston, un bout de la Floride et pratiquement tout Porto Rico, plus quelques autres îles des Caraïbes. Pendant ce temps, des incendies sans précédent ont ravagé certaines parties de la Californie et du nord-ouest sur la côte Pacifique. Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées ou sont restées sans abri. De telles tendances continueront vraisemblablement à mesure que ces événements destructeurs vont augmenter en intensité. Pendant un certain temps, les gens tenteront de récupérer et de reconstruire après chaque événement, mais après, ces efforts cesseront. En reconstruisant, je suis certain que la plupart des gens refuseront de prendre des mesures raisonnables pour éviter que cela ne se répète, comme la construction de maisons sur pilotis en matériaux ininflammables ; au lieu de cela, ils vont mettre en place les mêmes structures inflammables et sujettes aux inondations, parce que c’est à cela qu’ils pensent qu’une maison doit ressembler.

    En plus des inondations et des incendies, il y a de fortes chances que des vagues de chaleur estivales catastrophiques suffiront à mettre en panne le réseau électrique dans des pays comme les États-Unis, où la population dépend de la climatisation pour survivre et où le réseau électrique est terriblement périmé. De tels événements se traduiront instantanément par des morts dans les villes du sud, où les gens, en particulier les malades, les personnes âgées et les obèses morbides, succomberont à des coups de chaud. La plupart des États de l’ouest des États-Unis seront confrontés à de tels événements catastrophiques et progresseront lentement vers des conditions beaucoup plus arides, où l’agriculture deviendra peu à peu intenable à mesure que le paysage redeviendra désertique.

    Un autre effet sous-estimé des changements climatiques continus sera la sévérité accrue des hivers de l’hémisphère nord. L’Arctique est maintenant beaucoup plus chaud et sans glace durant l’été. Cela a ouvert de nouvelles voies maritimes le long des côtes nord de la Russie et du Canada, ce qui a permis de gagner des semaines d’expédition, en contournant les canaux de Suez et de Panama. La diminution de la couverture de glace de l’océan Arctique a réduit l’albédo de l’océan (la fraction du rayonnement solaire réfléchie dans l’espace), ce qui a provoqué un réchauffement encore plus rapide. En raison de ce réchauffement, le gradient des températures hivernales entre l’Arctique et les zones tempérées plus au sud sera réduit et les flux d’air ne seront plus stratifiés le long des lignes latitudinales mais serpenteront entre le nord et le sud, amenant des tempêtes hivernales depuis l’Arctique vers le sud et rendant les gelées d’hiver très sévères beaucoup plus fréquentes.

    Dans le cas de l’Europe de l’Ouest, cet effet sera exacerbé par le ralentissement du Gulf Stream, qui avait pour effet de la rendre beaucoup plus chaude que la  grande partie de l’Europe qui s’étend des Carpates à l’Oural. Le Gulf Stream dépend de la capacité de son courant remontant vers le nord, rendu plus salin par évaporation, de couler au fond quand il atteint une zone autour de l’Islande, puis de refluer vers le sud le long du fond océanique. Mais le taux de fonte des glaciers a créé une lentille d’eau douce en expansion le long de la surface de l’océan dans cette zone, limitant l’étendue du mécanisme. En raison de cet effet, les gelées hivernales profondes commenceront à affecter les régions précédemment tempérées de l’Europe occidentale et des îles britanniques.

    Énergie

    Les combustibles fossiles resteront le pilier de l’industrie énergétique jusqu’à ce que celle-ci se réduise à un niveau permettant d’obtenir suffisamment d’énergie en ne brûlant que de la biomasse. Mais ce processus devrait prendre au moins deux ou trois décennies de plus. Les sources renouvelables, telles que les éoliennes et les panneaux solaires, ne peuvent pas être produites ou entretenues sans une industrie basée sur les combustibles fossiles et elles vont produire une électricité pour laquelle il n’y aura pas beaucoup de demande une fois que l’industrie des combustibles fossiles aura disparu. De plus, ces sources d’électricité sont intermittentes, alors que l’électricité est notoirement chère et difficile à stocker, tandis que les utilisations résiduelles de l’électricité – communications, sécurité, équipement de contrôle, etc. – nécessitent un approvisionnement régulier.

    Même s’il n’y aura pas de rupture soudaine dans la disponibilité de l’énergie fossile, nous continuerons de voir une diminution constante de la capacité des consommateurs d’énergie à travers le monde à payer pour cela, ainsi que la disparition de la rentabilité des entreprises énergétiques. À la place de puits d’où le pétrole a jailli pendant des années, tout ce qui restera aux États-Unis, ce sont des puits qui nécessitent des forages horizontaux et une couteuse fracturation hydraulique, mais qui ne laissent suinter du pétrole que pendant un an ou deux avant d’être à sec. La situation est similaire en ce qui concerne le charbon et le gaz naturel. Bien que les États-Unis soient maintenant alimentés avec cette nouvelle production basée sur la fracturation hydraulique, très peu d’argent a été gagné avec ce boom temporaire, laissant les entreprises impliquées embourbées dans leur dette. Une fois terminée, les États-Unis seront à nouveau obligés d’importer de grandes quantités de pétrole et de gaz naturel – s’ils peuvent trouver l’argent nécessaire pour le faire.

    Entre-temps, la Russie restera l’une des principales sources d’exportations mondiales de pétrole et de gaz naturel pendant encore de nombreuses décennies. Les ressources énergétiques de la Russie sont de bien meilleure qualité qu’ailleurs dans le monde et, bien que la Russie possède plus de pétrole et de gaz de schiste que tout autre pays, l’exploitation de ces ressources n’est pas considérée comme une priorité.

    Population

    Compte tenu de ces tendances en matière de météorologie et d’énergie, les pays auront des capacités différentes pour maintenir une population importante. Un autre facteur qui jouera un rôle majeur sera l’infrastructure locale. Par exemple, en Russie, les gens vivent principalement dans de grands immeubles le long des lignes de chemin de fer desservies par des transports en commun et chauffés à l’aide de vapeurs chaudes provenant des centrales électriques. Toutes les infrastructures russes sont construites selon les mêmes normes et sont conçues pour bien fonctionner à des températures inférieures à -40º et sous plusieurs mètres de neige. En comparaison, en Amérique du Nord, la plupart de la population vit dans des maisons individuelles, dont beaucoup sont mal isolées, dont beaucoup ne sont pas desservies par des transports en commun et dont le chauffage revient plutôt cher en utilisant des chaudière à gaz ou à pétrole. En hiver, face à un blizzard, de nombreuses zones aux États-Unis sont simplement bloquées, tandis qu’en Russie, le concept de « journée enneigée » est inconnu : la neige est enlevée (et non repoussée) au fur et à mesure qu’elle tombe et la circulation continue. Cette comparaison implique que les Russes pourront continuer à se permettre de vivre là où ils vivent beaucoup plus longtemps que les Américains. Des types similaires de comparaisons peuvent être appliqués à de nombreux autres endroits si vous cherchez un lieu où survivre.

    Mis à part cela, et peut-être couplé avec des facteurs tels que la météo et l’énergie, certaines populations ne parviendront pas à prospérer et subiront une forte mortalité. Les États-Unis sont déjà en train de mourir de faim, les taux d’alcoolisme ayant doublé en une décennie, et une épidémie d’abus d’opioïdes rivalise avec l’expérience de la Chine d’avant les années 1950. L’esprit de désespoir absolu qui enserre maintenant les États-Unis est semblable à ce qui est arrivé à l’ex-URSS après l’effondrement soviétique, avec des conséquences démographiques similaires.
    L’expérience de l’Europe occidentale sera peut-être plus bénigne : les populations indigènes diminueront en raison de leurs très faibles taux de natalité. Entre-temps, l’Europe occidentale est de plus en plus touchée par les enclaves ethnico-religieuses de migrants qui, de plus en plus, ne parviennent pas à s’intégrer et à subsister avec les maigres subsides de l’État. Une fois ces bénéfices épuisés, ces enclaves imploseront. Elles représentent déjà un pourcentage disproportionné de la criminalité ; cette tendance va probablement s’aggraver, les habitants de ces enclaves devenant à la fois les auteurs et les victimes.

    Dans d’autres parties du monde, telles que l’Afrique sub-saharienne et certaines régions du Moyen-Orient, la mortalité sera provoquée par l’effet contraire : des taux de natalité très élevés conduiront à des conditions misérables et un surpeuplement menant à la violence et à la guerre. Ces conditions seront exacerbées par diverses catastrophes, naturelles ou artificielles, jusqu’à ce que l’on parvienne finalement à un niveau de population stabilisé beaucoup plus bas.

    Géopolitique

    Jusqu’à tout récemment, les États-Unis et l’Europe de l’Ouest ont réussi à rediriger vers eux la part du lion de la richesse naturelle restante de la planète. Le système financier érigé après la Seconde Guerre mondiale a été truqué afin que les institutions bancaires occidentales puissent servir de garde-chiourme au monde entier, prêtant à faible taux à leurs copains et à des taux élevés au reste du monde, menaçant quiconque refusant de jouer à ce jeu par des sanctions économiques, des assassinats politiques ou des guerres. Globalement, cela leur a permis de simplement imprimer de l’argent pour acheter ce qu’ils voulaient tout en forçant les autres à travailler pour eux. Un aspect clé de ce régime était que les exportations mondiales de pétrole étaient cotées et devaient être payées en dollars américains. Ce programme est actuellement en phase terminale.

    Ce qui le remplacera est encore incertain. Peut-être le nouvel arrangement tiendra sur un trépied composé de la Chine, la Russie et l’Iran. Ces trois pays ont des populations bien éduquées, disciplinées et patriotiques, et leurs jeunes ont tendance à regarder vers l’avenir avec beaucoup d’enthousiasme. Peut-être que d’autres pays pourront jouer un rôle majeur dans ce nouveau club eurasien. Mais ce qui est certain, c’est qu’à l’avenir, les gouvernements d’Europe occidentale et d’Amérique ne seront pas en mesure d’extorquer tout ce dont ils ont besoin au reste du monde pour soutenir artificiellement leur si confortable niveau de vie. Ceci va certainement causer beaucoup de ressentiment et d’agitation politique.

    Dmitry Orlov (Arrêt sur info, 29 octobre 2017)

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  • L'effondrement qui vient...

    A l'occasion de la sortie de Guérilla (Ring, 2016) , de Laurent Obertone, et de NRBC (Le Retour aux Sources, 2016), de Piero San Giorgio, les éditions Ring ont organisé au mois d'octobre dernier une rencontre entre les deux auteurs, qui, chacun à sa manière, nous sensibilisent sur les failles mortelles de notre société européenne...

     

                                    

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    Le 3 octobre 2016, Élise Blaise recevait, sur TV libertésLaurent Obertone à l'occasion de la sortie de son roman Guérilla (Ring, 2016). Journaliste et écrivain, Laurent Obertone est notamment l'auteur de La France Orange mécanique , un essai qui a rencontré un très fort écho en 2013 en mettant en lumière le niveau de violence atteint par la délinquance en France...

     

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