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droite - Page 19

  • Droite/gauche : c'est fini !...

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°164, janvier - février 2017) est disponible en kiosque à compter de ce jour, 21 janvier 2017.

    A côté du grand entretien avec Marcel Gauchet et du dossier consacré à la fin du clivage droite/gauche,  on trouvera les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» et les jeunes plumes talentueuses qui font le succès, mérité, de la nouvelle formule de notre revue préférée.

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

     

    L'éditorial d'Alain de Benoist : Deux dynamiques et une question

    Forum          

    L’entretien

    Marcel Gauchet sans tabous

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : L’AF et ses dissidents

    Une fin du monde sans importance par Xavier Eman

    Cinéma : Un coup de tonnerre (de Brest) pour rien

    Champs de bataille : La dernière charge des cuirassés

    Musique : Grand Blanc, avis de tempête

    Sciences

    Le combat des idées

    Les nouvelles têtes à claques du libéralisme

    Éric Brunet, le Père Ubu du libéralisme

    Guy Verhofstadt, alias « Baby Thatcher »

    La France buissonnière de Sylvain Tesson

    Vivre et penser comme des loups

    Littérature : entretien avec Louis Jeanne

    La leçon de Gabriel Matzneff

    Tintin : retour au pays des Soviets

    Or noir : la guerre du Chaco

    À la redécouverte de Thomas Sankara

    Entretien avec Ludovic Maubreuil

    Après nous le déluge ? La réponse de Sloterdijk           

     

    Dossier

    Droite-gauche, c’est fini !

    Fiction : Le Pen-Mélenchon au second tour ?

    L’obsolescence programmée du clivage droite-gauche

    Droite + gauche, et vice versa

    Le moment populiste

    Permanence du clivage droite-gauche

    Pourquoi les vrais socialistes font la guerre à la gauche

    Entretien avec Charles Robin

    Rencontre avec Bernard Langlois

     

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Série télé : Black Sails

    Philosophie : L’esprit dépend-il de la matière ?

    L’esprit des lieux : Venise

    C’était dans Éléments : Pourquoi le terrorisme ?

    Éphémérides

     

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  • «Le but de la politique est la continuation de la nation dans la durée»...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Robert Redeker au Figaro Vox et  consacré au discours politique autour des "valeurs"... Philosophe, Robert Redeker est l'auteur de nombreux essais et vient de publier L'école fantôme (Desclée de Brouwer, 2016).

     

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    Robert Redeker : «Le but de la politique est la continuation de la nation dans la durée»

    FIGAROVOX. - Le mot «valeur» est partout en politique. On parle sans cesse des valeurs de la République. Qu'y a-t-il derrière l'omniprésence de ce mot?

    Robert REDEKER. - Pas grand-chose de consistant. Les valeurs ne sont ni des idées, ni des concepts, ni des principes. L'invocation politique rituelle des valeurs est une mode très récente. Plongez-vous dans la littérature politique d'il y a une trentaine d'années seulement, écoutez les discours d'alors, vous constaterez l'absence de ce recours obsessionnel aux valeurs. Au lieu de révéler ce que l'on pense, le mot valeur le dissimule. Pourquoi? Parce qu'il est aussi vague qu'abstrait. Il peut aussi cacher que l'on ne pense rien du tout, que l'on n'a pas de conviction arrêtée, justifier tous les revirements. Le même Premier ministre peut au nom des valeurs user et abuser du 49.3 avant de mettre à son programme présidentiel la suppression de ce 49.3 pour honorer ces valeurs!

    De trop nombreux politiciens sombrent dans l'illusion suivante: les valeurs sont les buts de l'action politique. Pourquoi faire de la politique? Pour les valeurs! C'est-à-dire pour du vide! Funeste erreur! On fait de la politique pour la nation, pour la France, pour le peuple, pour le social, pour l'histoire, jamais pour des valeurs. Les valeurs ne constituent ni la réalité d'un peuple ni un projet de société, ces objets de la politique. Elles sont trop inconsistantes pour définir un projet de cette nature. Les valeurs ne sont que le cadre à l'intérieur duquel la politique peut se déployer. Elles ne sont pas un programme, elles sont des bornes. Les valeurs sont hors politique, elles sont extra-politiques. Loin d'avoir affaire aux valeurs, la politique rencontre les projets, les réalités et, par-dessus tout, la nation et le souci du bien commun. .

    À gauche particulièrement, ce mot est dans toutes les bouches...

    La rhétorique creuse des valeurs est le linceul dans lequel a été enveloppé le cadavre de la gauche. C'est une thanatopraxie, le maquillage du cadavre. Cette fatigante psalmodie sur les valeurs évoque les récitations funéraires. C'est parce qu'elle est morte, parce qu'elle n'a plus rien à dire, plus rien à proposer pour l'avenir à partir de son passé (le socialisme), que la gauche se gargarise, de tréteaux en tribunes, avec les valeurs. Les valeurs fournissent la matière d'une péroraison se substituant aux défuntes promesses de socialisme (le progrès social, l'émancipation dans et par le travail). La thématique des valeurs est le dispositif que la gauche a bricolé pour basculer de la défense des classes populaires («les travailleurs» comme, elle disait d'un mot que symptomatiquement elle n'emploie jamais plus) vers celle des minorités sexuelles et ethniques. La gauche a abandonné son projet social (réaliser la justice économique) pour lui substituer un projet anthropologique (l'exaltation des différences sexuelles et culturelles). Le discours sur les valeurs a permis de prendre ce virage. Autrement dit, l'invocation des valeurs est le moyen trouvé par la gauche pour abandonner les classes populaires. L'extrême-droite récupère la mise. Dernier point: ce discours sur les valeurs est aussi l'instance qui la dispense la gauche du devoir d'inventaire. La ridicule prestation de Ségolène Royal aux obsèques de Fidel Castro est, à cet égard, pleine d'enseignements: la gauche ne parvient pas à condamner totalement certaines dictatures sanguinaires, donc à liquider l'inventaire, parce que celles-ci ont prétendu s'appuyer sur les idéaux (l'égalité, la justice, le partage, etc.…) dont elle se veut le bras armé.

    Lors de la primaire de la droite, les électeurs étaient invités à signer la charte des valeurs de la droite et du centre. Pour exprimer leur souhait que la droite retrouve son identité, beaucoup évoquent la «droite des valeurs». Est-ce le bon chemin que la droite emprunte?

    Je réponds en trois temps. D'une part, la droite s'est laissé imposer par une gauche pourtant en coma dépassé l'obligation d'en appeler sans cesse aux valeurs. Par la reprise de cette thématique, la droite se croit obligée de répliquer aux accusations permanentes d'anti-républicanisme et au soupçon larvé de racisme, de fascisme, voire d'inhumanité, que la gauche fait peser sur elle. Nous avons dans ce soupçon et dans la propension de la droite à y répondre, l'ultime résidu de feu l'hégémonie idéologique de la gauche. Mieux: la dernière métastase de l'antifascisme. D'autre part, évoquer des «valeurs de droite» revient à les relativiser. Le relativisme pointe le bout de son nez dès que l'on latéralise politiquement les valeurs. Si des valeurs existent, elles sont universelles. Il est plus pertinent de parler d'idées et de programmes de droite ou de gauche.

    À ces deux remarques il faut ajouter une précision. Les valeurs ne sont pas le contenu de l'action politique, mais ses frontières. Elles ne disent rien de positif, elles tracent des limites. Elles définissent un intérieur et un extérieur. La laïcité, par exemple, que l'on hisse au statut de valeur, est une telle frontière: elle exprime une limite à ne pas dépasser dans l'expression publique d'un sentiment religieux. À l'image de toutes les valeurs elle fonctionne comme le démon de Socrate: une voix intérieure qui dit non. Ainsi de toutes les valeurs. Ces frontières s'imposent à la droite comme à la gauche.

    Une civilisation est-elle définie par des valeurs, des coutumes, des attachements?

    Pas uniquement. Les aspects dont vous parlez procure à l'existence collective d'un peuple sa couleur, sa particularité. Si on se limite à ces aspects, on parlera plutôt d'une culture. La culture, toujours particulière, toujours bornée, toujours nationale, est le terreau à partir duquel une civilisation peut germer et se développer. Une civilisation se définit par ce qu'elle donne au monde, et qui est pourtant marqué du sceau de la culture qui la nourrit. La France donne au monde, entre autres choses, Molière et Stendhal, dont les œuvres n'auraient pu voir le jour ailleurs. Elle donne au monde son architecture, sa musique, ses savants, et même sa gastronomie… C'est le don irremplaçable, insubstituable, qui définit une civilisation plutôt que seulement ses valeurs et coutumes.

    La référence aux valeurs va souvent de pair avec le discours «droits-de-l'hommiste». N'y a-t-il pas un paradoxe entre des valeurs qui peuvent impliquer une forme de relativisme et des droits de l'homme qui sont considérés comme naturels et objectifs, dépassant les volontés humaines?

    Les droits de l'homme, devenus les droits humains, sont une invention métaphysique du XVIIIe siècle. Ils sont suspendus dans les nuées. Ils servent de principes structurant l'action politique, et non, comme les valeurs, de frontières. Ils sont affirmatifs, positifs, et non limitatifs, négatifs. La différence est alors celle-ci: posés au départ, les droits de l'homme ne sont pas déduits, ils sont une hypothèse politique, tandis que les valeurs sont un résultat, une construction politique. Plutôt que de paradoxe, je parlerai de jeu, comme d'un roulement à billes «qui a du jeu»: une valeur comme la laïcité trace la frontière que la liberté de penser et de croire, comprise dans les droits de l'homme, ne peut dépasser. Néanmoins il faut éviter d'être la dupe de ces droits de l'homme: ils n'ont rien d'évidents ni de nécessaires, ils sont une illusion métaphysique propre à une certaine civilisation. Ils n'auraient pu être inventés ailleurs que dans l'Europe chrétienne et rationaliste. Ils sont enfants d'une certaine civilisation, la nôtre. Ils ne sont pas universels, mais universalisables.

    L'histoire est faite de mots comme la nation ou la République qui sont davantage des êtres voire des personnes morales et fictives que des concepts ou des idées. Diriez-vous que l'abus du mot «valeur» traduit une certaine impuissance du politique, qui n'est plus en prise avec le réel?

    Guettée par le relativisme, souvent thanatopraxique, la péroraison sur les valeurs fait oublier l'essentiel, qui est ceci: le but de la politique est d'assurer la survie d'un peuple dans la durée malgré les vicissitudes et selon le souci du bien commun. La République est une structure politique, qui dans notre histoire s'est appelée tantôt monarchie, tantôt empire, ou tantôt «république» (au sens de démocratie). La nation est l'âme de cette structure. C'est une âme qui survit à chaque vie individuelle qu'ainsi qu'aux différents états de la République (les régimes politiques). C'est aussi une âme fragile, qui peut disparaître si on ne la nourrit pas (par la transmission). Qu'est ce que l'éducation publique sinon une forme de transmigration de cette âme, la nation, qui renaît de génération en génération? L'éducation est bel et bien une métempsychose politique. Le but final de la politique est la continuation de la nation dans son originalité irremplaçable par-delà l'existence et les intérêts de chacun. C'est de cela bien plus que des valeurs que gauche et droite doivent parler.

    Robert Redeker, propos recueillis par Alexis Feertchak (Figaro Vox, 16 décembre 2016)

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  • François Fillon, la droite munichoise...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gabriel Robin, cueilli sur le site de Politic Région et consacré à François Fillon, le candidat de la droite conservatrice et libérale aux élections présidentielles de 2017... Gabriel Robin est secrétaire général du Collectif Culture, Libertés et Création.

     

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    François Fillon, la droite munichoise

    « Ca n’est pas difficile de passer pour fort, va ; le tout est de ne pas se faire pincer en flagrant délit d’ignorance » Guy de Maupassant – Bel Ami
     
    « Il y a une bourgeoisie de gauche et une bourgeoisie de droite. Il n’y a pas de peuple de gauche ou de peuple de droite, il n’y a qu’un peuple ». Georges Bernanos – Les grands cimetières sous la lune
     
    François Fillon sera donc le candidat de la droite aux élections présidentielles de 2017. Opposé en duel à Alain Juppé, il a confirmé la dynamique du premier tour en balayant son adversaire. Le maire de Bordeaux était une baudruche médiatique. Il aura néanmoins réussi à prouver une chose essentielle : l’électorat de droite n’aura plus jamais de complaisance pour les complices de l’islamisme ou les tièdes. Si nous verrons plus tard que François Fillon n’a rien du dur que les médias se plaisent à décrire, il est certain que sa victoire s’est construite en rejet du multiculturalisme qu’Alain Juppé portait en étendard. En effet, une majorité des électeurs de François Fillon ne l’ont pas plébiscité pour son programme mais parce qu’il était un antidote à un homme que beaucoup craignait n’être qu’un Hollande bis, en pire. Sans rien accomplir de particulièrement notable, le Sarthois a accumulé un capital sympathie inversement proportionnel à la défiance suscitée par la personnalité du candidat Juppé ; lequel déclarait en campagne que 200.000 immigrés légaux par an n’étaient pas de trop ! Bien sûr, François Fillon ne pipait mot, trop heureux de profiter de l’amnésie proverbiale de la France de droite. Il ne sait que trop bien qu’il fut, pendant cinq ans, sans jamais montrer un signe d’agacement, premier ministre du président Nicolas Sarkozy. Cinq années durant lesquelles l’immigration massive ne s’est pas seulement poursuivie, mais aggravée dans des proportions dramatiques. Alain Juppé a été détruit pas sa Némésis, Ali. Il ne put jamais se défaire de cette seconde peau aux odeurs méphitiques.  Clou du spectacle, quelques personnalités se sont chargées de donner une aura sulfureuse à ce brave Fillon qui n’en demandait pas tant. Alain Juppé a tenté, dans une manœuvre de panique, de diaboliser son adversaire, rapidement rejoint en ce sens par toute la gauchosphère. Et c’est ainsi que le très lisse et très consensuel Fillon est passé, en l’espace d’à peine quelque jours, du statut d’ancien collaborateur soumis de Nicolas Sarkozy à celui d’homme du renouveau de la droite française, incarnation vivante du pays réel. Divine surprise pour tous les concernés, à l’exception d’Alain Juppé qui, par orgueil, refusait d’accepter sa défaite.
     
    Les élections primaires de la droite ont obtenu l’effet escompté par leurs concepteurs : constituer un véritable premier tour de l’élection présidentielle, au mépris de nos institutions. En un sens, les héritiers autoproclamés du général de Gaulle ont accompli l’un de ses prophéties, choisissant « le plus inodore, le plus incolore, le plus insipide ». Du moins, jusqu'au soir du premier tour, avant qu’il ne soit transformé en monstre pour le plus grand plaisir des éditorialistes qui trouvaient un nouveau marronnier. Tous y sont allés de leurs doctes analyses, oubliant de préciser qu’aucun d’entre eux n’avait vu venir la surprise Fillon. J’ai même entendu une célèbre journaliste ressortir des placards la thèse des trois droites de René Rémond, expliquant avec le plus grand sérieux que François Fillon en réalisait la synthèse, y adjoignant une petite nouvelle appelée « droite hors les murs » … Si la proposition est fondamentalement inexacte, la thèse des trois droites étant inopérante en 2016, il est néanmoins à peu près certain que la victoire de François Fillon pourrait s’avérer être une offrande pour les professionnels de la politique qui vivent sur la bête. Avec François Fillon, les vieux débats entre caciques de « droite » et « gauche » seront de retour. Préparez-vous donc à revoir à la télévision ces pièces de théâtre bruyantes qui opposent stérilement des élus menant des politiques identiques depuis quarante ans. En effet, le programme économique et social de François Fillon est une véritable aubaine pour la gauche, jusque-là moribonde, de reconstituer un clivage que la réalité a grandement complexifié. Qui en tirera profit ? Manuel Valls ? Arnaud Montebourg ? François Hollande revenu de l’enfer ? Réponse en janvier. Pour l’instant, attachons-nous à dévoiler la vérité sur François Fillon. Qui se cache derrière cette lourde carapace de velours côtelé ? D’abord, un homme du passé. Par un étrange effet de circonstance, le Sarthois paraît n’avoir jamais été aux affaires alors qu’il hante la vie politique depuis la fin des années 1970. Au commencement était un mentor, Joël Le Theule. Il fut son assistant parlementaire avant d’atterrir, à ses côtés, au ministère de la Défense. Victime d’un malaise cardiaque en 1980, Joël Le Theule mourut en laissant à son fils spirituel une circonscription qui allait bientôt le porter à l’Assemblée nationale. Vous connaissez la suite… François Fillon, professionnel de la politique à vie, a toujours pu compter sur un mandat électif ou un ministère. Un temps proche de Philippe Séguin, il sut rapidement s’en détacher pour embrasser une vision qualifiée de plus libérale sur le plan économique, soutenant notamment Edouard Balladur aux élections présidentielles de 1995.
     
    François Fillon incarne une certaine vision de l’Etat, légèrement poussiéreuse et probablement anachronique. En 2005, il soutenait le projet de Traité constitutionnel européen, trahissant ses premières convictions au motif que le traité venait « combler les lacunes du Traité de Maastricht ». Depuis, il semble tout acquis à la cause d’une folle construction européenne, machine à broyer les identités nationales et les peuples. Homme du passé au lourd passif, il n’a jamais rien réalisé de notable hors ses années à Matignon, couronnées d’échecs divers et variés. Il convient d’ajouter à ce petit curriculum vitae, un caractère ambiguë qui a pu le conduire à trahir Nicolas Sarkozy, allant jusqu’à appeler François Hollande pour qu’il accélère les procédures judiciaires contre son ancien allié. Dans son parcours, rien ne laissait supposer que François Fillon incarnerait un jour une droite enracinée. Tout l’y oppose. En 2010, alors premier ministre, il marquait l’histoire de son empreinte en inaugurant la mosquée d’Argenteuil, fief de la Non France, aux côtés d’une fillette impubère coiffée d’un voile islamique. Nicolas Sarkozy lui-même s’en était moqué, comme le rapporte Patrick Buisson dans La Cause du Peuple… On a vu mieux comme champion du pays réel. D’ailleurs, disons-le tout net : comment un homme qui n’a rien fait pendant 40 ans, cautionnant toutes les politiques qui ont entrainé notre déclin, pourrait-il aujourd’hui défendre la France historique ? François Fillon fut toujours un Munichois. Les hommes ne changent jamais vraiment. Il ne croit pas en ce qu’il dit dans ses discours. Il lit et répète mécaniquement les arguments que lui fournissent ses chargés de communication. D’où les innombrables contradictions entre le François Fillon des élections primaires et ses précédentes incarnations. Avant de se convertir opportunément à Maurice Barrés, il était acquis au multiculturalisme le plus sournois, déclarant : « Quant aux minarets, qui sont d’ailleurs assez peu nombreux en France, je dis qu’ils doivent s’inscrire de façon harmonieuse et durable dans notre environnement urbain et social ». Sera-t-il, après Bernard Cazeneuve, le nouveau bâtisseur de mosquées-cathédrales que la France n’attend pas ? Au-delà de l’image de façade, que s’est patiemment construit François Fillon durant sa traversée du désert, reste un représentant classique d’une droite beaucoup plus apatride qu’attachée à notre identité profonde. Un côté de sa personnalité qui peut d’ailleurs revenir sans crier gare. Interrogé sur l’accueil des « migrants » clandestins, le candidat à l’élection présidentielle répondait qu’il les accueillerait avec plaisir dans sa ville de Sablé-sur-Sarthe s’il en était le maire. Peut-être pas dans son manoir de prestige mais c’est là une autre question…                                                        
     
    Ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino a déclaré au micro d’Europe 1, juste après le triomphe de François Fillon : « Ce programme, je le combattrai avec toute mon énergie, jusqu'au bout. Avec un programme pareil, les classes populaires et les classes moyennes ne vont pas aller pour cette droite-là. Le programme de François Fillon, c'est une purge comme on n'en a jamais proposé depuis la Seconde Guerre mondiale. » Les mots sont durs, très durs. Mais pas infondés. Oui, le programme de François Fillon est une purge qui menace la cohésion sociale du pays. Une purge à contretemps. Une purge qui, de façon amusante, contredit son bilan de premier ministre qui a vu la France s’endetter de 600 milliards d’euros supplémentaires. En outre, si ce remède de cheval aurait pu être adapté à la France de 2005, d’avant les crises, il ne l’est plus. Le monde marche vers d’autres horizons, comme en témoignent les réformes entreprises par les conservateurs britanniques et le succès de Donald Trump. Coincé dans le siècle passé, François Fillon méprise les pistes d'avenir. Economie numérique ? Ré-industrialisation ? Fiscalité étouffante ? Rien du tout ! Un des rares constantes politiques de cet homme est son caractère farouchement antisocial, en dépit du vernis que lui procure encore sa proximité passée avec Philippe Séguin. Il a pratiqué de terribles coupes budgétaires dont ont été victimes les familles et les couples mariés. Depuis le premier mai 2008, les majorations de la caisse des allocations familiales à 11 et 16 ans ont été supprimées, provoquant une perte sèche de 600 euros par famille. Pareillement, il a orchestré la disparition de l’avantage fiscal pour les jeunes mariés. Personne ne s’étonnera donc du fait que le programme de François Fillon soit une véritable attaque en règle contre les classes moyennes. Sa réforme de la sécurité sociale a été pensée pour être supportée par les Français les plus productifs, ne remettant pourtant pas en question l’aide médicale d’Etat qui bénéficie aux étrangers. Plutôt que de s'attaquer à la gabegie qui menace les finances publiques, la droite préfère affaiblir l'Etat. Il en va probablement de la préservation de la paix sociale, le possédant ayant toujours eu besoin du lumpen-prolétariat pour maintenir son rang ... Quand John Redwood, membre conservateur du Parlement britannique, explique dans une tribune magistrale pour le Guardian que le temps de l’austérité est fini, ou que Stephen Moore, économiste de la Heritage Foundation et ancien plus proche conseiller de Ronald Reagan, explique que le Parti Républicain est devenu un parti populiste de la classe ouvrière, la droite apatride la plus bête du monde veut mettre en place une politique sortie des années 80 ! Les économies voulues par François Fillon seront réalisées sur le dos de la France des oubliés, silencieuse et laborieuse. Demain, toujours moins de policiers, d’enseignants, de médecins et de postes dans les zones rurales. François Fillon prétend défendre la ruralité ; mais laquelle ? Celle des chasses en Sologne ou celle des petits paysans ? La réponse est dans la question. Ses solutions s'adressent uniquement aux propriétaires, certainement pas aux entrepreneurs dont le monde lui est totalement étranger. Il n'est donc pas libéral, simplement capitaliste.
     
    François Fillon est un libre-échangiste acquis au globalisme le plus pur, sur le plan économique comme humain. Son programme n’en fait pas mystère. On peut notamment  y lire à la page 58 : « Disons-le clairement : c’est un leurre et une démagogie sans nom que de prétendre rétablir les frontières nationales ». Les frontières sont pourtant les limites qui nous protègent des prédations mondiales, tant financières que démographiques. Le candidat Fillon ne compte pas s’attaquer à l’immigration de peuplement autrement qu’en paroles. Il n’aura jamais la force de le faire et n’en éprouve pas le besoin, protégé de ses effets les plus désastreux. La préférence nationale, pourtant consubstantielle au principe républicain, est totalement absente de son programme. Logique pour quelqu'un qui n'en a jamais éprouvé le besoin, la nation étant le bien des humbles.
     
    J’espère que mes compatriotes ne seront pas dupes des manœuvres mensongères de cet homme. L’heure tourne. François Fillon ne sera pas la solution à nos maux. Au mieux, il fera office d’anesthésiant avant le grand chaos ou de récréation pour les éternels cocus. Version 2.0 de Nicolas Sarkozy, il ne se distingue de l'ancien président que dans la présentation. Plus conforme aux canons de la France traditionnelle, plus bourgeois bon teint. Ah, je vois déjà venir les frileux qui imaginent qu’il faut avoir occupé dix ministères pour administrer correctement les affaires de la nation… En temps de paix, peut-être. Mais nous sommes confrontés à des défis dont l’ampleur est inédite. Signer les accords de Munich ne nous protègera pas. 
     
    Demain, la France pourrait bien ne plus être la France. En votre âme et conscience, pensez-vous que François Fillon pourra donner l’électrochoc suffisant ? Il ne faut plus se déterminer selon des réflexes de classe, lesquels nous portent, selon nos éducations, vers la droite ou vers la gauche, mais selon des réflexes de survie. Il s’agit de notre souveraineté, de notre identité, de notre peuple et de sa prospérité future. Désormais, un seul clivage existe : la France éternelle et la France d’après. François Fillon a lutté pour la France d’après pendant quarante ans. Il continuera demain.
     
    Gabriel Robin (Politic région, 28 novembre 2016)
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  • Feu sur la désinformation... (113)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Primaire de la droite : sondages et médias à côté de la plaque.
      Primaires de la droite : Les médias et les instituts de sondages se sont encore une fois trompés. Sarkozy présenté comme le candidat de la droite a été éliminé au premier tour, Juppé, le candidat des médias est largement devancé par François Fillon. Seul quelques journalistes auront le courage de faire leur mea-culpa.
      I-Média décrypte.
    • 2 : Le zapping d’I-média
      Facebook désire supprimer la publicité pour les sites qui « colportent de fausses informations ». Quid de la publicité pour les médias officiels, l’Express ( groupe Drahi) avait diffusé un bobard le 11 aout 2015 :« le fantasme de la présence de terroristes parmi les migrants ».
      Les médias ne retiennent pas les erreurs du passé : Après avoir prédit la victoire du non au Brexit, la victoire d’Hillary Clinton pour les élections américaine, Daniel Cohn-Bendit, chroniqueur pour Europe 1 ( groupe Lagardère -Qatar) explique qu’Angela Merkel est « inoxydable » et sera, de manière certaine, la prochaine chancelière.

    • 3 : Ali Juppé, catho Fillon : portrait des candidats
      Portrait des candidats dressé par les médias : la réinfosphère impose le surnom d’Ali Juppé et la presse vole au secours de son candidat : ce surnom est « dégueulasse ». Pour les médias, François Fillon doit être diabolisé : c’est un candidat ultra-catholique, ultra-conservateur, ultra-anti avortement, ultra-anti mariage pour tous et ultra pro Poutine. La presse évoque le retour de la « droite conservatrice », pour la revue Politis c’est le retour aux « années 30 ».
      I-Média réinforme
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Arzon : Malgré une deuxième agression sexuelle, le parisien titre « les identitaires effraient plus que les migrants ».
      Pour l’obs, dans le cadre de la campagne pour la primaire, les « trolls de Poutine » auraient donné un coup de pouce à Fillon, article à mi-chemin entre le comique et le complotisme.
    • 5 : Campagne VIH l’Union de Reims dénonce ses lecteurs.
      Campagne de prévention contre du VIH à destination de la communauté homosexuelle, le journal l’Union de Reims, met au pilori les commentaires de ses lecteurs. C’est le mur de la honte.
      I-média décrypte.

     

                                    

     

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  • Gauche et droite...

    Les éditions Chronique viennent de publier dans leur nouvelle collection Le tour de la question, Gauche/Droite, un ouvrage double signé conjointement par Eric Branca et Michel Marmin. Ancien journaliste à Valeurs Actuelles, Eric Branca est notamment l'auteur d'Histoire secrète de la droite et de 3000 ans d'idées politiques. Quant à Michel Marmin, plume de la revue Eléments depuis les origines, on lui doit comme critique cinématographique  notamment des ouvrages sur Raoul Walsch (Dualpha, 2003) et Fritz Lang (Pardès 2005).

     

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    " Un ouvrage sur l’histoire de la gauche c’est bien, mais un ouvrage sur l’histoire de la gauche et de la droite, c’est encore mieux : l’idée de cette collection réside dans le parallélisme inhérent à certains sujets.

    Difficile, en effet, d’imaginer que la gauche puisse exister sans son opposé, la droite ! Plus encore, c’est en réponse à l’image que lui renvoie la droite qu’elle se construit et qu’elle évolue, et inversement. "

     

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  • La cause du peuple...

    Les éditions Perrin viennent de publier La cause du peuple, l'ouvrage attendu (ou redouté...) du journaliste et historien Patrick Buisson, qui se veut l'histoire de la présidence Sarkozy par un homme qui l'a vécue aux premières loges. C'est un livre saisissant,  qui mêle chronique acide du quinquennat et réflexions de haute volée sur le politique, dans lequel le lecteur peut, par exemple, passer en l'espace d'une page du commentaire d'un échange entre Carl Schmitt et Ernst Jünger à la description mordante d'une discussion à propos de Bienvenue chez les Ch'ti à l'occasion d'un repas à l'Elysée réunissant, outre le président et son épouse Carla Bruni, l'acteur Jean Reno, Christine Ockrent, Bernard Kouchner et l'auteur... C'est fort, profond, superbement écrit et parfois, il faut bien le reconnaitre, d'une férocité réjouissante. Et la droite de gouvernement en sort carbonisée...A lire absolument !

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    " Pourquoi, depuis quarante ans, la France traverse-t-elle une crise politique, sociale et morale sans précédent ? Comment sont advenus le règne de l'idéologie, le déni du réel, la trahison du peuple par les élites ? Et nous faut-il nous résigner au déclin ?
    Pour répondre à ces questions cardinales et découvrir le pouvoir de l'intérieur, voici le livre tant attendu de Patrick Buisson, le conseiller privilégié et controversé de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. Une chronique riche en révélations parfois cruelles et souvent cocasses sur les coulisses de l'Elysée. Une analyse aiguë, puisant dans l'histoire, chez Saint-Simon et Tocqueville comme chez Péguy et Bernanos, des contresens et des dérives de la classe dirigeante actuelle. Un appel fort, enfin, à une grande politique conservatrice de droite renouant avec le catholicisme social.
    Témoignage capital sur la déliquescence du pouvoir et contribution majeure au débat public, ce livre, où fond et forme se conjuguent, ne laissera personne indifférent. "

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