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délinquance - Page 8

  • La criminalité, une conséquence de la pauvreté ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de Laurent Obertone, cueilli sur Atlantico et consacré à l'absence de lien automatique entre criminalité et pauvreté. Laurent Obertone vient de publier La France orange mécanique, aux éditions Ring, une description hallucinante de l'insécurité et de la violence qui règne dans notre pays...

     

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    Non, la criminalité n'est pas forcément liée à la pauvreté

    La criminalité est-elle liée à la pauvreté, à l’environnement ou au chômage ? La Creuse (96e), le Cantal (89e), et le Lot (71e), présentent les PIB les plus bas de France. Ce sont aussi les trois départements les moins criminels et délinquants. On peut les comparer avec trois départements parmi les plus criminels et délinquants, c’est à dire la Seine-Saint-Denis (15e), les Bouches-du-Rhône (11e) et le Rhône (3e).

    Les départements à forte criminalité que sont le Rhône, l’Essonne, le Val-de-Marne, la Seine-et-Marne, ont des taux de chômage beaucoup plus bas que la Creuse, le Cantal, ou le Lot. Selon l’Apce, 8 000 entreprises se créent par an dans le « 9-3 », qui dispose de pôles économiques gigantesques, et où les investissements de rénovation urbaine sont fréquents et sans équivalent (Anru). Le revenu moyen des ménages y est de 2 186 euros par mois, légèrement supérieur à la moyenne nationale. Saisissante est la comparaison avec la Creuse (1 777 euros par mois). Quant aux bénéficiaires du RSA, ils représentent la même proportion en Seine-Saint-Denis que dans l’Aude, les Ardennes ou encore les Pyrénées-Orientales (Insee, 2010). Au niveau régional, l’Île-de-France, région la plus touchée par la criminalité, présente le troisième taux de chômage le plus bas de France.
    « L’exclusion », ce fut d’abord celle des habitants historiques des grands ensembles. Immigrés portugais, polonais, italiens ou manœuvres français, ce sont eux qui ont fui massivement le nouveau communautarisme qui s’installait dans les banlieues dès les années 60. Contrairement à ce qu’affirment certains sociologues, « l’exclusion » est endogame. Tous les plans de mixité sociale, de logements sociaux, de rénovation urbaine et d’aménagement de la ville n’empêcheront jamais les communautés de se regrouper. C’est humain, et on observe ces phénomènes dans tous les pays du monde, quelles que soient les communautés. L’individu n’existe pas sans son groupe. Il ne s’en éloignera que par la contrainte. Les gens ne sont pas figés ou « parqués » dans un environnement soi-disant responsable de leurs déprédations. Un observateur attentif remarquera qu’autour des banlieues il n’y a pas de miradors et de factionnaires prêts à tirer dans le dos des fuyards.
    Qu’est-ce qui empêche ces habitants de partir, comme l’ont fait des milliers de Français, d’Italiens ou de Portugais tout aussi modestes ? Des barrages de police ? Le coût de l’immobilier ? À Bobigny, le mètre carré est à 3 200 euros. Il est en moyenne de 6 000 euros à Paris, mais à 1 700 euros à Brest, ou encore à 2 300 euros dans une ville dynamique comme Dijon. Un studio en Seine-Saint-Denis est beaucoup plus cher qu’en province. Les aides sociales permettent largement de s’y établir, d’autant que les logements sociaux provinciaux et ruraux sont plus accessibles. L’Insee, dans son enquête nationale logement 2006, nous apprend qu’après Paris, « c’est en Seine-Saint-Denis que les ménages consacrent la part la plus importante de leur revenu (13 %) à se loger », y compris en secteur HLM (12 %). Des chiffres comparables à ceux de la France métropolitaine pour la location classique et pour les hlm (12,8 % dans les deux cas). On ne peutdonc pas dire qu’un loyer excessivement avantageux les retientdans le « 9-3 ». Comment nos sociologues expliquent-ils que les parfois très modestes gens du voyage se déplacent et se sédentarisent où bon leur semble ?
    Peut-être n’est-il pas question pour les communautés concernées de se disperser sur le territoire. Peut-être ne veulent-elles pas partir. La Cour des comptes a montré en 2012 que la fameuse mixité sociale n’existait pas, malgré dix années de dispositifs censés la favoriser. « Il ne suffit pas de modifier le visage des quartiers pour modifier les visages des quartiers, qui restent colorés », expliquait le sociologue Renaud Epstein (Le Point, 18/07/12). L’homme n’est pas mû seulement par l’argent ou l’amour de l’Autre. L’attachement de certaines communautés aux grands ensembles est réel. Les barres d’immeuble sont parfois considérées comme un territoire, le substitut d’une identité perdue, qui n’a jamais su se reconstruire.
    Mais le discours médiatique ne veut pas de cette réalité. Lui n’évoque que l’exclusion pour expliquer, justifier, exorciser le communautarisme, et à travers lui les cahots d’une société devenue hétérogène. Comme les problèmes demeurent, s’aggravent, alors que les discours et les analyses restent les mêmes, les gens commencent à se poser des questions. Et si les experts se trompaient ? Et s’ils avaient renoncé à la vérité ? Et s’ils incitaient tout le monde à y renoncer, sous peine de poursuites ? Pourquoi le feraient-ils ? Peut-être bien pour l’égalité républicaine, « âme de la France » selon François Hollande. Tout le monde est égal. Entendez, tout être humain a les mêmes capacités physiques et intellectuelles, tout un chacun peut s’adapter à tout environnement, devenir champion d’échecs, éboueur ou haltérophile, faire la même chose que n’importe qui, ressembler à n’importe quoi, donc se constituer le même patrimoine, éprouver les mêmes satisfactions, vivre les mêmes aventures que celui que l’on choisira de jalouser. 
    Comme de tels décrets ont la fâcheuse tendance à ne pas se réaliser, les égalitaristes ont décidé de favoriser ceux qui n’y arrivaient pas, par l’éducation, l’accès à la culture, les aides sociales, l’invention de droits spécifiques. Et comme ça ne fonctionnait toujours pas, ils ont eu la brillante idée d’accuser ceux pour qui ça fonctionnait d’être de vils spoliateurs. Bien entendu, toute ressemblance avec des situations ayant existé est purement fortuite. 
    De favoriser les faibles on en vient tout naturellement à pénaliser les forts. Lorsque l’on prétend lutter « contre les inégalités », on lutte contre la réussite, c’est-à-dire contre la propriété, le pouvoir, le possédant, le méritant, le riche, l’héritier. Celui qui n’a pas été exclu ou volé, celui qui a été favorisé par sa roublardise, son état-civil, et sûrement ses atteintes aux droits de l’Homme. En clair, le Français qui rapporte de l’argent à la société, qui peut se targuer de sa réussite, de son patrimoine, de son histoire, de sa civilisation occidentale. Pour rééquilibrer les choses, on a décidé de le grever d’un lourd handicap. On a fait en sorte qu’il devienne, par la magie des médias, un salaud de colonialiste, esclavagiste, un pillard trop riche, trop beauf, trop raciste, machiste, homophobe, exploiteur, stigmatisant, même pas de gauche, voilà la conséquence première de la logique de fraternité appliquée au droit. Ces dernières années, l’égalitarisme, un véritable culte de l’envie, a inondé tous les compartiments de la société. Jamais autant de Français ne se sont haïs eux-mêmes. Jamais autant d’esprits a priori normalement constitués ne se sont persuadés que « tout le monde était bon » à part eux, que c’était incroyable qu’il y ait « encore des guerres et des pauvres au xxie siècle », qu’il était urgent de « faire payer les riches », que la criminalité c’est « l’exclusion parce que l’immigration est une chance pour la France”.
    Laurent Obertone (Atlantico, 20 janvier 2013)



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  • La France orange mécanique...

    Les éditions Ring publient cette semaine La France orange mécanique, un document percutant de Laurent Obertone, qui bénéficie d'une préface de Xavier Raufer. Journaliste à la plume acérée, Laurent Obertone est un des chroniqueurs habituels du site Ring.

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    "Nul n'est censé ignorer la réalité : ces derniers jours, un charmant individu, que nous nommerons Vladimir, a ramassé 30 ans pour le meurtre de sa compagne. Période de sureté de 22 ans, soit un an le coup de marteau. Ledit Vladimir, quelques semaines plus tôt, était jugé dans le cadre de la désormais célèbre « affaire des tournantes », où la justice a expliqué aux françaises, sans trembler, qu'on pouvait être un violeur en réunion et s'en tirer avec du sursis. Sur 14 prévenus, Vladimir était l'heureux élu, le seul à prendre de la prison ferme. Un an. Pendant ce temps-là, une dame âgée de cent ans a été poussée au sol et gravement blessée par « plusieurs personnes ». Une montre et un collier, ça valait le coup. Pendant ce temps là, une jeune femme qui refusait d'enlever sa burqa, qui a agressé des policiers, qui n'a pas pris d'avocat, qui a boudé son audience, a été condamnée à 6 mois de sursis et 100 euros d'amende. Si vous êtes flashé à 51km/h dans un village, sans burqa ni contestation, vous vous en tirez pour 10 euros de moins. Les policiers seront ravis d'apprendre que leur agression vaut 10 euros, TTC. Neuf fois moins qu'un km/h de trop. Pendant ce temps-là, on apprend que Christine Taubira, Ministre de la Justice, veut « rompre avec le tout-carcéral », qui n'existait pas sous Nicolas Sarkozy. Pendant ce temps-là, dans notre société de confiance et de civisme, on apprend que les barquettes de viande vendues dans un supermarché de Lille sont protégées par des antivols. Pendant ce temps-là, un policier de la BAC a été lynché dans une « cité sensible » de Montpellier. Pendant ce temps-là, un Toulousain a eu l'idée pas très vivre-ensemble de klaxonner derrière un véhicule qui bloquait la chaussée d'un « quartier populaire ». Vigilants, vingt riverains lui ont administré une correction citoyenne, à coups de chaises et de tessons de bouteilles. Alors, pourquoi ce livre ?

    Car aujourd'hui, un simple regard peut tuer."

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  • Délinquance : l'autre héritage de mai 68 ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier, ancien rédacteur en chef de Flash,cueilli sur le site de Boulevard Voltaire et consacré au développement d'une délinquance violente qui ne reconnaît aucune limite...

     

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    Délinquance, l'autre héritage de mai 68

    Les faits divers se suivent et se ressemblent. Tous plus sordides les uns que les autres. À une cadence de plus en plus serrée. Buraliste abattu à Marseille pour un butin se montant à quelques dizaines d’euros. Fillette sciemment poussée sous un train à Yerres. Fusillade dans un restaurant d’Orly, un mort et plusieurs blessés graves. Et on ne compte plus les malheureux tabassés à mort pour un regard de travers ou une cigarette qu’ils n’ont pas voulu donner.

    C’est quoi ce monde devenu fou ?

    Bien sûr, le crime est aussi vieux que le monde en question. Bien sûr, il y a toujours eu des dingues en circulation. Mais sans jouer au ronchon réactionnaire estimant que c’était mieux avant, il n’est pas incongru que de constater que cela ne s’est pas arrangé depuis. Ainsi, pardonnez le « je » haïssable, mais l’auteur de ces lignes peut s’enorgueillir d’avoir, objectivement en vain, sonné le tocsin, plus d’un quart de siècle durant, dans la presse dissidente, ou « d’extrême droite » pour aller court. Et, quand à l’aube des années 80 du siècle dernier, nous tentions d’alerter nos concitoyens sur les ravages déjà visibles de la mentalité dominante issue de mai 68, on nous riait au nez. Il ne fallait pourtant pas être grand clerc pour comprendre qu’un professeur acceptant de se laisser tutoyer par ses élèves savonnait la planche à ses successeurs qui se font aujourd’hui casser la gueule par ces pères ulcérés que leur cher petit trésor, leur enfant roi, ait pu être tutoyé ou verbalement rudoyé par un de ces profs débordés parce que n’ayant jamais appris dans les IUFM que, pour être respecté, il faut être respectable, c’est-à-dire, bien rasé, pas vêtus de pulls aux manches trouées et si possible parler du haut d’une estrade. Merci Mai 68 ! Les enseignants se sont mis au niveau de leurs élèves. Distance idéale pour se prendre des baffes. Finalement pas toujours imméritées…

    Et puis, l’immigration et les enfants d’icelle. Comme on disait chez nous, dans la banlieue de Montgeron (91), tous les Noirs et les Arabes ne sont pas des voyous, il se trouve seulement que tous les voyous sont des Noirs et des Arabes… Mon Dieu, quelle horreur ! Comment ose-t-on ! Ah, les têtes de rosières effarouchées de l’époque… Et pourtant c’était vrai et ça l’est globalement toujours.

    Mais dans cette presse dissidente plus haut évoquée, nous nous interrogions déjà sur le thème : pourquoi des gens issus de sociétés patriarcales, formatée par des religions d’ordre, islam comme christianisme, dans lesquelles le peu de délinquance qu’il y a se règle à coups de bâtons et les incivilités à coups de beignes se conduisent-ils, une fois la Méditerranée franchie, comme les pires des sauvageons ?

    Un camarade médecin qui exerçait ses talents en milieu carcéral nous avait de suite éclairés : « Le déracinement lié à l’immigration suscite des pathologies particulières. Oubli de la culture d’origine, incompréhension de celle d’accueil, sentiment de perte d’identité doublé par celui de n’être nulle part à sa place et les plus fragiles dérapent… » Plutôt bien vu. Diagnostic qui peut encore être complété par cette autre résultante de l’esprit soixante-huitard : après la culture du laxisme, celle du consumérisme effréné, assez paradoxale pour des gosses de bourgeois qui entendaient lutter contre la société de consommation et brandissaient la figure tutélaire d’un Guy Debord qu’ils avaient manifestement lu de travers. Bref, pour « être », il faut « avoir ». Les fringues de marque qu’il faut et tout le toutim. Cette société est une machine à créer de la frustration. Et le problème, c’est que les « frustrés » sont de grands gaillards ne connaissant plus limites ni morale, abrutis de sous-culture, de jeux vidéos dans lesquels la mort n’est que mascarade. Et quand il y a mort pour de vrai, flics et gendarmes vous le diront, les assassins en herbe n’ont même plus conscience de la portée de leurs gestes.

    Il n’est pas question ici d’excuses, mais d’explications : ce monde qui schlingue de plus en plus a enfanté des monstres. Les siens. Qu’il a de plus abandonnés. « Un homme, ça s’empêche », assurait le père d’Albert Camus. Rien à ajouter.

    Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 26 novembre 2012)

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  • Vers la guerre civile ?...

    Tous les observateurs sérieux le sentent : la colère monte dans notre pays. Nous reproduisons ci-dessous un éditorial de Robert Ménard pour Boulevard Voltaire qui traduit bien le climat actuel...

     

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    Vers la guerre civile ?

    Deux récents « faits divers » pourraient bien, a posteriori, apparaître comme les prémices d’une guerre civile. Rappelez-vous, il y a quelques semaines, à Marseille, des heurts opposaient des Maghrébins de la cité des Créneaux, dans les quartiers Nord de la cité phocéenne, à des Roms venus installer leur campement près de chez eux. Les premiers avaient pris le dessus.

    Le 27 octobre dernier, dans les rues de Hellemmes, en banlieue de Lille, une grosse centaine d’habitants a pris en chasse le maire de la ville, bien décidée à lui dire son fait après l’ouverture d’un village d’insertion pour Roms.L’édile a dû prendre la fuite.

    J’en suis persuadé, ce n’est qu’un début. Ces réflexes d’autodéfense sociale vont se multiplier tant le peuple se sent abandonné par les élus, ignoré par les médias, méprisé par les élites. Et convaincu, dorénavant, qu’il devra assurer lui-même sa tranquillité et son avenir. Pour son bien mais au risque de faire voler en éclats un ordre social qui ressemble de plus en plus, sous les coups de boutoir du laisser-aller prôné par les partis qui se partagent à tour de rôle le pouvoir, à un désordre social dont ce même peuple est le premier à faire les frais.

    D’ici peu, le vote pour le Front national apparaîtra comme une réponse posée, réfléchie et républicaine — n’en déplaise à certains — à l’exaspération, au ras-le-bol du plus grand nombre face à la poursuite d’une immigration dont ils ne veulent plus. Aussi, on est en droit de s’interroger : ne joue-t-on pas avec le feu quand on fait tout pour réduire, marginaliser la représentation du parti de Marine Le Pen dans les différentes assemblées… alors que, selon les enquêtes d’opinion les plus sérieuses, près de 40% des Français se sentent proches du FN ? Il serait même le premier parti en termes d’adhésion à des idées !

    On pourrait bien, d’ici quelques années, regretter d’avoir classé les heurts de Marseille et Hellemmes dans la rubrique des « faits divers »

    Robert Ménard (Boulevard Voltaire, 5 novembre 2012)

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  • La France vue par la télévision russe...

    Découvrir le monde qui nous entoure au travers d'un regard étranger peut parfois s'avérer salutaire...

    Ce reportage de la télévision publique russe, cueilli sur le site François Desouche montre une partie de la réalité française rarement évoquée de façon aussi brutale sur nos chaînes d'information...

     

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  • Ils sont pas fous, ces Roumains !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue grinçant de Cyril Benassar, cueilli sur Causeur et consacré à la question des Roms...

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    Ils sont pas fous, ces Roumains !

    Je peux bien l’avouer à présent, l’élection de François Hollande m’a plongé dans une crise de misanthropie aiguë. Je ne hais pas la terre entière mais j’en veux encore à cette majorité de Français votants qui, pour des raisons plus lamentables les unes que les autres, ont préféré la voix de la démocratie molle à celle de la république dure et la promesse de carottes à la garantie du bâton.

    Les vacances aidant, j’ai fui la réalité rabat-joie et les médias, incapable d’entendre un mot de plus du chef des armées aux intentions désespérément et irrémédiablement pacifiques qui préside au sommeil national, et j’ai tourné le bouton du poste et le dos à cette France où les chiens redemandent du collier et imposent des muselières antirépressives, antiracistes, antisexistes, antilibérales, à ce qui reste de loups. Mais l’actualité revient toujours me tirer par l’oreille tôt ou tard et c’est avec l’affaire du démantèlement des camps roms que j’ai fait ma rentrée en politique. Et je ne suis pas déçu.
    Quel spectacle comique que celui des gentils d’aujourd’hui, ministres, députés ou journalistes, venant dans les médias défendre inconditionnellement les décisions gouvernementales qu’ils dénonçaient hier, quand ils pourfendaient les méchants en criant au retour du pétainisme voire du nazisme. Comme il est drôle de les voir, gonflés de la responsabilité que donne l’exercice du pouvoir, avaler des couleuvres comme ils lançaient des vipères quand, enflés par le devoir de dénoncer les oppressions, ils se la jouaient accusateurs publics.

    Or rien ne distingue en l’occurrence la politique sarkozyste de sa sœur jumelle hollandiste. Les mêmes carcans européens, les mêmes impératifs électoralistes, les mêmes décisions de justice avec lesquels il faut ménager, sur la question rom, la chèvre et le chou et arbitrer entre le paysan ou l’artisan propriétaire et le romanichel chapardeur, entre l’usager du métro et le mendiant pickpocket, entre les réseaux électriques d’ERDF ou de la SNCF et les pillards de cuivre. Dans un Etat souverain, les seconds pèseraient bien peu face aux premiers qui font les élections, mais quand la Commission Européenne des droits de l’homme et le bobo qui ne voit des tsiganes qu’au cinéma et qui adore le jazz manouche, même et surtout joué par des gosses de stars, s’en mêlent, les forces s’équilibrent et les choses se compliquent.
    Voici sans doute pourquoi le problème que posent les nomades d’Europe reste entier, le traumatisme causé par la Solution finale n’aidant pas à réfléchir à une issue qui concilierait les intérêts des peuples sédentaires, les cultures des « gens du voyage » et l’idée que nous nous faisons de l’humanité. Mais les difficultés sont bien réelles et ne relèvent pas de fantasmes racistes, contrairement à ce qu’on dit dans Libé, sur France Culture ou au CNRS.

    De quoi vivent, dans leur ensemble, ces peuples vagabonds ? Il faut manquer singulièrement de curiosité, comme un journaliste de Médiapart quand il ne fouille pas les poubelles de Madame Bettencourt, pour ne pas enquêter sur la question. Depuis qu’on en voit à la télé, les montreurs d’ours ne font plus recette sur les places des villages, et depuis Ikéa, on ne rempaille plus les chaises. Or les gitans ou les manouches affichent un goût prononcé pour les Mercedes hors de prix, bien que les Allemands ne leur accordent aucune remise, même à titre de réparations. Quant aux Roms, s’ils vivent dans des taudis ou sur les trottoirs, c’est parce qu’ils viennent d’arriver et qu’ils n’ont que des associations humanistes et irresponsables pour pleurer mais pas ou disons très peu d’allocs. Parce que les possibilités d’échanges économiques avec les populations sédentaires ont pratiquement disparu, mais aussi pour des raisons culturelles qui tiennent aux structures tribales cultivant l’endogamie, les populations nomades sont pour une large part devenues, au mieux mendiantes et parasites, au pire, délinquantes et criminelles, et souvent un peu tout ça à la fois. De plus, quand on divise l’humanité entre les siens et les autres, les « humains » et les gadjos, les règles et les codes moraux qui valent pour le groupe ne s’appliquent pas aux autres, et tout est permis.

    Ainsi, dans toute l’Europe – car il ne me semble pas que ces mendiants/voleurs se soient tellement aventurés ailleurs avec succès, par exemple dans le monde arabe où règne pourtant une religion de paix et de tolérance – ces nomades, qui ne sont pas toujours bienvenus par ceux qui les côtoient, sont accueillis et aidés par les autorités, particulièrement en France. Sur la question, l’hypocrisie et les bons sentiments règnent. « Il faut intégrer les Roms !», braillent les uns. En Roumanie, Ceaucescu a bien essayé mais l’échec a été total et pourtant il n’était entravé dans sa tâche ni par les droits-de-l’hommistes ni même par les droits de l’homme. « Il faut leur trouver du travail !», déclarent les autres. Le « y-a-qu’à-faut-qu’on » de gauche en matière d’emploi est à redouter car dans l’état actuel du marché du travail, même non qualifié, et avec le chômage chronique (ta mère) des jeunes dans nos quartiers populaires et sensibles, nous pourrions bientôt voir se profiler une tournée générale d’emplois aidés réservés aux Bulgares et aux Roumains, pour donner dans le champ lexical qui ne stigmatise pas.

    En fait, la plupart ne veulent ni travailler, ni s’intégrer, et que celui qui n’a jamais vu un film de Tony Gatlif aille leur poser la question. Ils n’ont aucune envie de troquer leurs braséros pour un chauffage central dans un appartement en centre ville (et pour le loyer donc l’emploi stable qui va avec). « C’est tout à leur honneur !», s’exclament ceux qui respectent l’attachement farouche de l’autre à son mode de vie tout en jouissant pour eux-mêmes des bienfaits de l’alphabétisation, de l’exogamie, de l’égalité de la femme et de toutes les émancipations qui en découlent.
    Le problème déborde le cadre national et avec l’ouverture des frontières et la liberté de circulation, une règle implacable et perverse pèse sur les pays d’Europe. Les plus généreux sont les plus envahis, et les douze millions de nomades attendent à l’Est de voir dans quel pays de l’Ouest l’herbe est la plus verte en matière de droits sociaux – c’est-à-dire d’allocations, à commencer par celle qu’on leur donne pour repartir – et la justice plus clémente – c’est-à-dire laxiste. Notre terre d’accueil, patrie des Droits de l’homme, gouvernée aujourd’hui par la gauche, pourrait devenir une destination particulièrement prisée.

    Heureusement, l’électeur de base et de tous bords, qui tient plus à ses poules qu’à sa belle âme, veille et souffle sur le politique qui est sa girouette. Ainsi les démantèlements et les expulsions se poursuivent comme si l’ombre n’avait pas cédé la place à la lumière. Cela devrait durer à moins qu’un assouplissement de la législation n’accorde aux Roms le droit de vote. Mais j’ai tort d’évoquer cette idée alors que Terra Nova veille et je crains qu’on n’arrête pas le progressisme.

    Cyril Bennassar (Causeur, 5 septembre 2012)

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