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Délinquance : l'autre héritage de mai 68 ?...

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier, ancien rédacteur en chef de Flash,cueilli sur le site de Boulevard Voltaire et consacré au développement d'une délinquance violente qui ne reconnaît aucune limite...

 

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Délinquance, l'autre héritage de mai 68

Les faits divers se suivent et se ressemblent. Tous plus sordides les uns que les autres. À une cadence de plus en plus serrée. Buraliste abattu à Marseille pour un butin se montant à quelques dizaines d’euros. Fillette sciemment poussée sous un train à Yerres. Fusillade dans un restaurant d’Orly, un mort et plusieurs blessés graves. Et on ne compte plus les malheureux tabassés à mort pour un regard de travers ou une cigarette qu’ils n’ont pas voulu donner.

C’est quoi ce monde devenu fou ?

Bien sûr, le crime est aussi vieux que le monde en question. Bien sûr, il y a toujours eu des dingues en circulation. Mais sans jouer au ronchon réactionnaire estimant que c’était mieux avant, il n’est pas incongru que de constater que cela ne s’est pas arrangé depuis. Ainsi, pardonnez le « je » haïssable, mais l’auteur de ces lignes peut s’enorgueillir d’avoir, objectivement en vain, sonné le tocsin, plus d’un quart de siècle durant, dans la presse dissidente, ou « d’extrême droite » pour aller court. Et, quand à l’aube des années 80 du siècle dernier, nous tentions d’alerter nos concitoyens sur les ravages déjà visibles de la mentalité dominante issue de mai 68, on nous riait au nez. Il ne fallait pourtant pas être grand clerc pour comprendre qu’un professeur acceptant de se laisser tutoyer par ses élèves savonnait la planche à ses successeurs qui se font aujourd’hui casser la gueule par ces pères ulcérés que leur cher petit trésor, leur enfant roi, ait pu être tutoyé ou verbalement rudoyé par un de ces profs débordés parce que n’ayant jamais appris dans les IUFM que, pour être respecté, il faut être respectable, c’est-à-dire, bien rasé, pas vêtus de pulls aux manches trouées et si possible parler du haut d’une estrade. Merci Mai 68 ! Les enseignants se sont mis au niveau de leurs élèves. Distance idéale pour se prendre des baffes. Finalement pas toujours imméritées…

Et puis, l’immigration et les enfants d’icelle. Comme on disait chez nous, dans la banlieue de Montgeron (91), tous les Noirs et les Arabes ne sont pas des voyous, il se trouve seulement que tous les voyous sont des Noirs et des Arabes… Mon Dieu, quelle horreur ! Comment ose-t-on ! Ah, les têtes de rosières effarouchées de l’époque… Et pourtant c’était vrai et ça l’est globalement toujours.

Mais dans cette presse dissidente plus haut évoquée, nous nous interrogions déjà sur le thème : pourquoi des gens issus de sociétés patriarcales, formatée par des religions d’ordre, islam comme christianisme, dans lesquelles le peu de délinquance qu’il y a se règle à coups de bâtons et les incivilités à coups de beignes se conduisent-ils, une fois la Méditerranée franchie, comme les pires des sauvageons ?

Un camarade médecin qui exerçait ses talents en milieu carcéral nous avait de suite éclairés : « Le déracinement lié à l’immigration suscite des pathologies particulières. Oubli de la culture d’origine, incompréhension de celle d’accueil, sentiment de perte d’identité doublé par celui de n’être nulle part à sa place et les plus fragiles dérapent… » Plutôt bien vu. Diagnostic qui peut encore être complété par cette autre résultante de l’esprit soixante-huitard : après la culture du laxisme, celle du consumérisme effréné, assez paradoxale pour des gosses de bourgeois qui entendaient lutter contre la société de consommation et brandissaient la figure tutélaire d’un Guy Debord qu’ils avaient manifestement lu de travers. Bref, pour « être », il faut « avoir ». Les fringues de marque qu’il faut et tout le toutim. Cette société est une machine à créer de la frustration. Et le problème, c’est que les « frustrés » sont de grands gaillards ne connaissant plus limites ni morale, abrutis de sous-culture, de jeux vidéos dans lesquels la mort n’est que mascarade. Et quand il y a mort pour de vrai, flics et gendarmes vous le diront, les assassins en herbe n’ont même plus conscience de la portée de leurs gestes.

Il n’est pas question ici d’excuses, mais d’explications : ce monde qui schlingue de plus en plus a enfanté des monstres. Les siens. Qu’il a de plus abandonnés. « Un homme, ça s’empêche », assurait le père d’Albert Camus. Rien à ajouter.

Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 26 novembre 2012)

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