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censure - Page 2

  • Les snipers de la semaine... (251)

    Connery_James Bond.jpg

    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site de Causeur, Jean-Paul Brighelli rafale les censeurs qui veulent réécrire les œuvres des auteurs disparus...

    James Bond sous les ciseaux des censeurs

    Ian Fleming_Censure.jpg

    - sur la chaîne Youtube de Ligne droite, François Bousquet dézingue ces nouvelles influenceuses, ex-starlettes de la télé-réalité converties à l’islam, qui cumulent des millions d’abonnés, ainsi que la jeunesse zombifiée qui les suit.

    Mila Jasmine.jpg

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  • L'oeuvre de l'écrivain Roald Dahl passée au tamis du politiquement correct...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Hubert Heckmann  au Figaro Vox à propos de la suppression par l'éditeur anglais Puffin de tous les passages jugés «offensants» des livres pour enfants de l'écrivain Roald Dahl.

    Agrégé et maître de conférences en littérature médiévale à l'université de Rouen, Hubert Heckmann est membre fondateur de l'Observatoire du décolonialisme.

     

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    «En réécrivant les œuvres de Roald Dahl, on insulte l'intelligence des enfants»

    LE FIGARO. - Selon le Daily Telegraph , la réédition par Puffin, puissant éditeur britannique de livres pour enfants, des œuvres de Roald Dahl, en a éliminé tous les passages jugés «offensants». Le texte littéraire peut-il se réduire à un discours qui provoque l'adhésion, et qu'il faudrait donc évaluer d'un point de vue moral ?

    Hubert HECKMANN. - La question n'est pas nouvelle, surtout au sujet des œuvres adressées aux enfants : Rousseau s'insurgeait déjà dans Émile ou de l'éducation contre l'habitude de faire apprendre aux enfants les fables de la Fontaine : les animaux y incarnent le plus souvent des vices, déplorait le philosophe. La fourmi refuse l'aumône à la cigale, le loup exerce sur l'agneau la loi du plus fort, le renard obtient le fromage en flattant le corbeau… La pureté morale de l'enfant est-elle corrompue par ces fables qui reflètent cyniquement les injustices et les vices de la société ? Ou bien faut-il prendre le risque d'exposer l'enfant à la cruauté des fictions qui lui feront voir plus juste en lui-même et l'aideront à mieux comprendre le monde tel qu'il est, et non tel que ses éducateurs rêveraient qu'il soit ?

    Le Telegraph a recensé les coupes qui ont été opérées dans les romans pour enfants de Roald Dahl, et publie une impressionnante liste de passages réécrits. Tandis que l'éditeur mentionne une simple «révision du langage» pour l'adapter au lectorat contemporain, la comparaison de l'édition de 2022 avec celle de 2001 révèle un véritable massacre à la tronçonneuse : des centaines de modifications ont été apportées, qui ne touchent pas seulement à l'expression mais au sens même des histoires. L'inventaire de ces mutilations est un excellent baromètre du conformisme ambiant qui aurait à la fois désolé et réjoui Flaubert : l'auteur du Dictionnaire des idées reçues a travaillé à une Histoire de l'art officiel dans laquelle, à côté d'une liste de classiques expurgés, aurait figuré le texte de Madame Bovary faisant apparaître une par une chacune des coupes et corrections exigées par son premier éditeur. Flaubert voulait ainsi archiver la bêtise du censeur, garder une trace indélébile de cet autre livre que la censure a fabriqué en défaisant son roman.

    Se livrer, dans cet esprit, au jeu des différences avec les deux versions de l'œuvre de Roald Dahl, c'est à la fois prospecter l'extension du domaine de nos susceptibilités et redécouvrir certaines caractéristiques du style de Dahl, parfois particulièrement abrasif, mais aussi éprouver la différence fondamentale entre le plaisir que procure une bonne histoire et l'ennui que sécrète le conformisme de la bonne morale. Dans Fantastique Maître Renard, «c'était une sorte de nain ventru» devient «il était ventru». Dans Les deux gredins, «Oh, la ferme, vieille sorcière !» devient «Oh, la ferme, vieux corbeau !». L'imaginaire est placé sous la surveillance du politiquement correct : les rêves et les terreurs de l'enfance ne doivent plus vexer personne.

    Dahl savait composer des histoires qui plaisent aux enfants. «Je me fous de ce qu'en pensent les adultes», avait-il coutume de dire. Quand on voit le charcutage opéré dans la nouvelle édition, on se dit que puisque ce sont les adultes qui achètent les livres aux enfants, c'est donc des enfants que se fout l'éditeur. Peu importe que l'histoire leur plaise, il faut qu'elle rassure les clients, c'est-à-dire les parents, en n'offrant aucune prise aux polémiques artificielles des réseaux sociaux. On vendra donc un Roald Dahl de bon goût, sans outrance ni violence. Sur la boîte d'une poudre que Georges Bouillon mettait dans son chaudron, on pouvait lire dans la version originale : «Poudre qui fait exploser les chiens». On lira désormais, dans la version expurgée : «Poudre qui fait sauter les chiens comme des puces». Demandez donc à des enfants quelle version ils préfèrent ! Il est tellement plus plaisant d'imaginer le chien exploser... et c'est bien ce plaisir de l'enfant qui risque d'inquiéter et de déranger les plus sérieux des parents, soucieux du message qui est communiqué à leur enfant : incitation à la haine spéciste et à la cruauté envers les animaux ? Apologie du terrorisme caniphobe ? Les histoires inoffensives sont ennuyeuses, mais elles n'offensent personne.

    Le style de Dahl est fondé sur des métaphores exagérées et des adjectifs grotesques et colorés. En s'attaquant aux mots jugés «offensants», ne s'attaque-t-on pas aussi à l'auteur ?

    En effet, Dahl est cruel avec ses personnages, aussi bien dans son langage que dans les situations qu'il imagine. Cette cruauté relève du domaine de la fiction, et c'est céder à la confusion que de la prendre pour une méchanceté visant des individus ou des groupes, qu'il faudrait protéger dans la réalité en rectifiant le texte. L'un des ressorts de la «cancel culture» que j'analyse dans Cancel ! est l'incapacité ou le refus de distinguer le réel de la fiction.

    Les romans pour enfants de Dahl sont considérés comme dangereux parce qu'ils prennent les enfants au sérieux : ils abordent la question du mal et de la perversion, par exemple lorsqu'ils mettent en scène des personnages comme les sorcières qui font du mal aux enfants au nom de ce qu'elles estiment être le «Bien». La violence est filtrée par l'humour de Dahl, qui permet aux enfants de se délecter de descriptions qui les choquent ou les repoussent par ailleurs, et d'évacuer ainsi leur tension par le rire. Les romans de Dahl permettent aux enfants de se confronter au problème ou au mystère du mal : c'est ce qui leur est aujourd'hui reproché.

    Certes, en réécrivant son œuvre, on s'attaque à l'auteur, mais ce n'est pas ce que je trouve ici le plus grave. Le plus consternant, c'est la manière dont cette réécriture s'attaque aux enfants, et insulte leur intelligence. En gommant toute trace de négativité dans les histoires qu'on leur fait lire, on présente aux enfants l'image d'un monde aseptisé, faux, dénué du moindre intérêt. Les héros de Roald Dahl sont des enfants, révoltés contre la bêtise, qui échappent, notamment par la lecture, à leur sort et à la médiocrité. C'est cette révolte qui est condamnée par les sorcières dans la fiction et par les censeurs dans les maisons d'édition, dans les deux cas sous des apparences faussement bienveillantes…

    Dans Sacrées sorcières, Matilda ou encore James et la grosse pêche, les figures d'autorité se révèlent hypocrites : les enfants protagonistes de ces œuvres ne sont pas menacés par des monstres mais par des adultes dont la haine des enfants est déguisée sous le masque de la bienveillance. Dans Sacrées sorcières, le jeune narrateur est d'abord rassuré d'avoir rencontré des «dames splendides» et des «gens merveilleusement gentils», mais la façade s'effrite rapidement : «À bas les enfants !», entend-il chanter par les sorcières.

    Il est extraordinairement ironique de constater que la réécriture qui abolit la négativité, en recouvrant les descriptions de la cruauté et de la bêtise humaines d'un masque bienveillant, s'inscrit dans la continuité de l'hypocrisie des sorcières elles-mêmes, comme s'il fallait éviter que la façade des belles apparences ne s'effrite. Ce faisant, la réécriture s'attaque directement à la liberté que ces petits héros gagnent grâce à la littérature. De Matilda, Dahl écrit : «Les livres la transportaient dans des univers inconnus et lui faisaient rencontrer des personnages hors du commun qui menaient des vies exaltantes. Ainsi navigua-t-elle sur d'antiques voiliers avec Joseph Conrad, explora-t-elle l'Afrique avec Ernest Hemingway et l'Inde avec Rudyard Kipling.» La version expurgée ne permet plus à Matilda d'emprunter ce qu'elle veut à la bibliothèque, ni de livrer les clés de son imaginaire au premier inconnu, fût-il un romancier de génie. L'imaginaire de Matilda devra désormais respecter la parité et délaisser les auteurs associés au colonialisme : «Elle a visité des propriétés du XIXe siècle avec Jane Austen. Elle est allée en Afrique avec Ernest Hemingway et en Californie avec John Steinbeck.» La surveillance des lectures des jeunes filles n'aura été négligée que durant une brève parenthèse, pendant la seconde moitié du XXe siècle : un nouveau conformisme vient prendre le relais de l'ordre moral bourgeois. Parions qu'il est voué au même échec, à condition de susciter les mêmes révoltes. Des révoltes dignes de Matilda !

    Des termes jugés «offensants» à une époque ne le sont pas à une autre. En réécrivant les livres, en fait-on un produit destiné à s'inscrire uniquement sur le temps court ?

    Cette accélération du temps, accompagnée d'une obsolescence programmée des produits culturels, est déterminée par des enjeux commerciaux : Netflix a acquis en 2021 la compagnie qui gère les droits de Roald Dahl. Tandis que Matilda découvrait et conquérait la liberté par la lecture, l'industrie culturelle souhaite transformer les romans de Dahl en un «univers» décliné en produits dérivés. Le lecteur de Charlie et la chocolaterie se rappellera comment Dahl dénonce au vitriol la débilitation des enfants par cette industrie culturelle, incarnée à l'époque par la télévision. Il n'y a pas de pire trahison de l'œuvre de Roald Dahl que la gestion actuelle de ses droits, et la réécriture des romans s'inscrit dans l'offensive idéologique de grande ampleur menée par des firmes comme Disney ou Netflix.

    La réécriture des romans de Dahl a été confiée au collectif Inclusive Minds, l'une des nombreuses officines qui se donnent pour mission d'exercer la tyrannie des minorités. On voit apparaître en français l'expression «lecteurs sensibles», pour traduire l'anglais «sensitivity readers» : il s'agit en fait de censeurs identitaires, que Salman Rushdie vient de dénoncer au sujet de l'affaire qui nous occupe comme une «police des sensibilités». L'industrie culturelle s'appuie sur la police des sensibilités pour acheter la paix auprès des entrepreneurs identitaires. Il s'agit donc d'une censure préventive fondée sur la peur de perdre de l'argent. La réécriture a pour but de neutraliser par avance toute polémique possible, ce qui tourne vite à l'absurde : les couleurs sont effacées quand il s'agit de personnes (James n'est plus «blanc de peur» dans James et la grosse pêche), mais aussi quand il s'agit d'objets : les tracteurs de Fantastique Maître Renard ne sont plus noirs…

    Dahl a été critiqué de son vivant et a même déjà été contraint de réécrire lui-même certains passages de ses romans pour enfants. En 1973, sous la pression de la National Association for the Advancement of Colored People, Dahl a partiellement réécrit Charlie et la chocolaterie. Les Oompa Loompas étaient dans la version de 1964 «une tribu de Pygmées minuscules», que Willy Wonka avait «fait venir d'Afrique» pour travailler dans son usine sans autre rémunération que des fèves de cacao. Sans reconnaître de racisme dans la version originale, Dahl a accepté de faire des Oompa Loompas des créatures issus du «Loompaland» à la «peau blanche rosée».

    On connaît aujourd'hui les préjugés racistes, notamment antisémites, de Roald Dahl. Faut-il donc craindre que son œuvre soit contaminée, ou toxique ? On ne le saura qu'en examinant le texte qu'il a écrit, et de ce point de vue aussi la réécriture est une absurdité, puisqu'elle ne fait que camoufler les vices que certains prêtent à l'œuvre.

    Non seulement la réécriture s'inscrit dans un temps très court, puisqu'il faudra à chaque réédition opérer une mise à jour idéologique ou une mise en conformité avec les dernières normes du conformisme moral, mais elle fait échapper l'œuvre à l'Histoire : les romans de Dahl n'appartiennent plus à leur époque, datée par ses préjugés, mais elle est revue et corrigée à l'aune de nos propres préjugés. Réécrire les œuvres du passé au lieu de les analyser et de les critiquer, cela revient à réécrire l'Histoire en fonction de nos désirs. Ce n'est plus une démarche critique, mais la fuite en avant dans la production d'un délire qui s'oppose au réel, à la façon des mensonges totalitaires.

    Par ailleurs, cette réécriture ne montre-t-elle pas aussi une ignorance et un mépris absolus du processus d'écriture ? Un livre est-il la somme de n'importe quels mots ?

    Ce qui me frappe dans la version réécrite de l'œuvre de Dahl, c'est son caractère impersonnel. Le collectif Inclusive Minds qui a expurgé les textes indique sur son site qu'il travaille à «une représentation plus authentique» et à une «meilleure inclusion» dans les livres pour enfants. Dans le projet du collectif, les personnages de fiction sont censés représenter les lecteurs et leurs différentes identités, en leur ressemblant. Il faut donc gommer tout ce qui pourrait empêcher dans cette optique l'enfant d'aujourd'hui de s'identifier au personnage, et effacer en particulier la différence sexuelle. Ainsi les «père et mère» deviennent «les parents», les «garçons et filles» deviennent «les enfants», etc. Considérons le passage de La Potion magique de Georges Bouillon où la grand-mère de Georges lui demande de manger des chenilles : «Les chenilles rendent intelligent, dit la vieille femme. — Maman lave soigneusement les feuilles de chou, répliqua Georges. — Maman est aussi idiote que toi, affirma Grandma. Le chou n'a aucun goût sans quelques chenilles bouillies, ni sans limaces.» La version réécrite en 2022 remplace évidemment les phrases où il est question de «Maman» par «Papa et Maman». «Papa et Maman lavent les feuilles de chou», dit Georges. «Papa et Maman sont aussi idiots que toi», déclare Grandma. Ce que l'on gagne en inclusion, puisque Papa et Maman se partagent les tâches ménagères aussi bien que les insultes de leur mère et belle-mère, on le perd en acuité psychologique.

    La sorcière est contrainte par la censure à entretenir exactement la même relation avec sa fille et son gendre, alors qu'elle détestait chacun d'une manière spécifique. L'histoire perd tout son sel si les relations deviennent interchangeables. Le domaine spécifique de la littérature de fiction, c'est le particulier et non le général. Un roman peut atteindre l'universel à travers la description d'une situation singulière, mais s'il vise le général il rate sa cible à coup sûr. Roald Dahl a minutieusement choisi les mots qui décrivent le mieux les situations spécifiques qu'il a imaginées, avec son humour cruel. Ces modifications n'aideront personne à mieux s'identifier aux personnages (il n'y a jamais eu besoin de ressembler aux héros à qui l'on s'identifie), mais elles sonnent si creux qu'elles font la preuve par l'absurde que les personnages ne servent pas à représenter les lecteurs. Le lecteur, qu'il soit enfant ou adulte, préférera toujours un personnage différent de lui mais spécifique, singulier, plutôt qu'une abstraction conceptuelle censée représenter de façon plus inclusive des identités plus ouvertes.

    On peut aussi établir un rapprochement avec la récente version de ChatGPT : au jeu du conformisme, de la pauvreté syntaxique et du vocabulaire univoque, l'intelligence artificielle risque, à terme, de nous battre. La liberté de ton n'est-elle pas aussi un rempart face à l'IA ?

    Là où ChatGPT fabrique du même, en recyclant des discours préalablement digérés, l'œuvre littéraire confronte à l'autre. Cette altérité peut bousculer, mais le vrai respect de l'enfant n'est pas d'éviter de le heurter, c'est de respecter la singularité de son intelligence. Au lieu de l'enfermer dans le conformisme, il faut lui donner à lire les livres qui lui permettront de sortir de lui-même pour qu'il s'ouvre à de nouvelles perspectives, qu'il découvre des formes culturelles et artistiques complexes et ambiguës ne servant aucune cause et ne se réduisant à aucun message, mais qui lui permettront d'enrichir ses moyens d'appréhender le monde.

    L'œuvre de Roald Dahl répond magnifiquement par anticipation à l'entreprise de nivellement linguistique et de censure idéologique dont elle est victime, et en cela elle confirme son statut d'œuvre littéraire. Les Oompa Loompas de Charlie et la chocolaterie nous adressent un message plein de nostalgie mais aussi d'espoir :

    «Que faisiez-vous, étant petits
    Pour vous vitaminer l'esprit ?
    C'est oublié ? Faut-il le dire
    Tout haut ? LES… ENFANTS… SAVAIENT… LIRE !»

    Hubert Heckmann (Figaro Vox, 22 février 2023)

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  • Feu sur la désinformation... (404) : Cyril Hanouna enrage le PAF !

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      Une caricature faussel de la Provence, qui manque clairement d'inclusivité.
    • 2 - Ministre de la culture, ou de la censure ?
      Retour sur les propos polémiques de Cyril Hanouna qui ont enragé le PAF ! Parlons service public audiovisuel, ARCOM et ministre de la censure.
    • 3 - Revue de presse
    • 4 - Deux poids deux mesures (judiciaires)
      L'analyse de deux affaires judiciaires, l'une abondamment traitée par la presse et l'autre non.

     

                                              

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  • De la culture de la censure à l'effacement de la culture...

    Les éditions Intervalles viennent de publier un court essai de Hubert Heckmann intitulé Cancel ! - De la culture de la censure à l'effacement de la culture. Agrégé de lettres et normalien, Hubert Heckmann est maître de conférences en langue et littérature françaises du Moyen Âge à l’université de Rouen.

     

     

    Heckmann_Cancel.jpg

    " Que désigne-t-on par l’anglicisme « cancel culture » ? S’agit-il seulement d’une « culture de l’effacement », selon la francisation recommandée par l’Académie française ?

    L’histoire de la cancel culture depuis son émergence dans les mouvements progressistes américains de défense des minorités, mise en perspective dans une histoire plus large de la censure des opinions et des oeuvres, permet de comprendre les dangers qui menacent aujourd’hui, en France, le débat d’idées et l’art.

    L’expression « cancel culture » peut bien avoir un usage polémique, elle n’en décrit pas moins une réalité : celle d’une culture de la censure qui est en train de s’instaurer sous nos yeux au nom des meilleures intentions. "

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  • Feu sur la désinformation... (383)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      Les images de la prise du palais présidentiel sri-lankais par des manifestants remontés ont fait le tour du monde. Et si les médias vous dissimulaient certaines causes de la crise économique qui bouleverse ce pays ? Jean-Yves Le Gallou revient sur un tabou médiatique français.
    • 2 - Gangs pakistanais, viols, censure : ça continue en Angleterre !
      Samantha Smith, journaliste conservatrice britannique, s'est exprimée à la télévision anglaise vendredi dernier. Elle-même violée lorsqu'elle était plus jeune dans sa ville natale (Telford), elle affirme que le phénomène des viols collectifs de mineures par des gangs de pakistanais subsiste toujours dans la commune. La réaction des policiers anglais va certainement en scandaliser plus d'un.
    • 3 - Revue de presse
      Coupure du gaz russe, Clémentine Autain assume mentir aux français, Musk livre bataille à Twitter, les médias seraient infestés par l'extrême-droite et bien d'autres sujets ... Tous les moments médiatiques marquants de la semaine sont passés au crible par Jean-Yves Le Gallou et son esprit caustique !
    • 4 - Uber Files : une affaire louche
      Qui est le lanceur d'alerte à l'origine des "Uber Files" ? Les médias français posent-ils les bonnes questions dans cette affaire ? Jean-Yves Le Gallou vous explique ce qui est reproché à Uber et à Emmanuel Macron et ne mâche pas ses mots envers la caste médiatique.

     

                                               

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  • Livres en danger : regard sur les nouveaux censeurs...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'Observatoire du journalisme consacré à la censure rétro-active qui s'installe pour purger les œuvres du passé de leurs mauvaises pensées...

     

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    Livres en danger : regard sur les nouveaux censeurs

    Censurer la pensée en exerçant un contrôle strict sur la littérature est loin d’être un phénomène propre au XXIème siècle. Depuis la nuit des temps, les hommes et les femmes de rang ont toujours exercé leur pouvoir sur les ouvrages qui, d’une manière ou d’une autre, s’avéraient nuisibles à leur influence.

    De Nabuchodonosor à l’Inquisition

    Nabuchodonosor déjà, roi de Babylone, fit incendier les livres religieux des juifs lorsqu’il s’empara de Jérusalem au VIIème siècle avant Jésus Christ. Les chrétiens, lorsqu’ils purent asseoir leur contrôle sur l’Europe purgèrent les archives littéraires païennes des gréco-romains puis, aux temps de l’Inquisition, décidèrent de ce qu’on pouvait lire, écrire et dire. Mais la censure n’est pas le seul fait des mouvements religieux. Les deux grands régimes athées, nazisme et communisme, conceptualisèrent l’idée d’autodafé à grande échelle. On détruisit des centaines de milliers d’ouvrages, au simple motif que les mots qui y figuraient n’allaient pas dans le sens de la doxa des dirigeants. La victoire du libéralisme à la fin du XXème siècle nous fit croire, de manière illusoire, que le temps de la censure était achevé. « La fin de l’histoire » écrivait Fukuyama, devait être le commencement de la liberté absolue et, plus jamais, un auteur ne se verrait brimer par quelconque influence de pouvoir.

    La société inclusive attaque !

    Mais en 2022, à l’heure de la société inclusive, du woke et de la cancel culture, les censeurs semblent faire leur triomphal retour sur les vestiges d’un Occident « déconstruit ». En 2021, une polémique éclate après qu’une école catholique canadienne annonce avoir épuré ses bibliothèques, en 2019, de près de 5000 ouvrages. Parmi les concernés, les albums de Lucky Luke, Tintin, Astérix mais aussi des biographies de l’explorateur français Jacques Cartier. Raison invoquée ? La « réconciliation » avec les autochtones et la lutte contre les stéréotypes négatifs héritiers de la « pensée coloniale » canadienne.

    Aux États-Unis, le grand classique de Margaret Mitchell, « Autant en emporte le vent » paru en 1936 et adapté en film 3 ans plus tard a également subi le courroux des nouveaux censeurs. Retiré de la plateforme HBO (un géant parmi les plateformes de diffusion) afin d’être « mieux contextualisé », on reprochera au monument du cinéma américain de projeter la face d’une histoire nationale jugée trop « offensante » pour une partie de la population. La fameuse émission de France Inter consacrée au cinéma, « Le Masque et la Plume », verra l’une de ses chroniqueuse, Patricia Martin, dire du roman qu’il est « écrit avec les poumons, mais dont l’arrière-fond raciste est insupportable ». Retraduit en français en 2020 par l’écrivain Josette Chicheportiche, cette dernière précise, dans un entretien accordé à France 24, avoir pris le soin de changer la façon dont s’exprime un personnage noir en « supprimant les ‘r’ à chaque début de phrase », supposés rendre compte de l’accent des esclaves afro-américains. Mme Chicheportiche récuse toutefois l’accusation  de racisme faite au livre, considérant qu’il est plutôt une critique du racisme des États-Unis du XIXème siècle.

    Réécriture bien-pensante

    Il reste que s’obstiner à vouloir « recontextualiser » une œuvre ou bien en modifier la forme afin de la rendre moins « offensante »  s’apparente bien à de la réécriture et se transforme en censure.

    De ce côté-ci de l’Atlantique, nous ne sommes évidemment pas épargnés. En France, c’est l’inoubliable roman policier d’Agatha Christie, « Les dix petits nègres » qui est passé entre les griffes des censeurs. Non pas pour son histoire, qui n’aborde en rien le sujet ethnique, mais simplement pour son titre, référence à la chansonnette qui constitue le fil central de l’ouvrage. C’est que le « N word », comme disent les anglo-saxons, n’a pas sa place dans les rayons de nos libraires. Rebaptisé « Ils étaient dix », le seul titre de l’œuvre n’a pas été changé mais aussi les soixante-dix fois où le mot « nègre » apparaissait.

    Sur RTL, James Pritchatd, le petit fils d’Agatha Christie dira en guise de repentir : «Mon avis, c’est qu’Agatha Christie était avant tout là pour divertir et elle n’aurait pas aimé l’idée que quelqu’un soit blessé par une de ses tournures de phrases. Nous ne devons plus utiliser des termes qui risquent de blesser : voilà le comportement à adopter en 2020″.

    Ainsi la littérature d’hier à la vie dure aujourd’hui, malmenée par certains qui voient en elle une effrayante menace venue d’une autre époque et rapportant l’existence passée de mœurs différentes, incompatibles avec le monde moderne.

    Ces quelques assauts contre le cinquième art (et le cinéma) ne sont en Europe pour le moment l’apanage que de certains cercles que l’on peut qualifier d’hystériques. Mais l’essor de ce genre de pratique est à craindre dans un Occident où l’on s’offense pour un rien, ou l’on crie au racisme pour tout, et où l’on « cancel » et « fact-check » tout ce qui nous tombe sous la main. La multiplication d’autodafés contemporains est loin de paraître fantasmagorique, et celle-ci pourrait concerner plus que des déconstructivistes en quête de déconstruction. Il y a quelques années, en Irak, Daech brûlait des centaines de milliers de livres dont certains avaient des siècles derrière eux. Qui nous dit que demain, dans les quartiers perdus de la République, les quelques bibliothèques publiques restantes et autres MJC ne connaîtront pas le même sort ?

    Richard Ovenden et la bibliothèque d’Oxford

    Richard Ovenden, libraire et responsable de la richissime bibliothèque d’Oxford, a publié un ouvrage en 2020 (Burning the books, a history of knowledge under attack) à l’ambition historique mais dont le propos est brûlant d’actualité. Faisant le bilan des innombrables bouquins détruits au cours des millénaires, Ovenden nous rappelle à quel point la sauvegarde de la connaissance, et donc de la pensée, peut s’avérer fragile. Nous ne sommes nullement à l’abri de voir les nouveaux censeurs se multiplier, encore et encore, et faire taire la pensée libre partout dans le monde. La toute-puissance des GAFAM, a mis au silence le président de la 1ère puissance mondiale alors qu’il était encore en fonction ! Et alors qu’Emmanuel Macron, dans ses vœux, annonçait fièrement l’aboutissement de la Commission Bronner, organe de surveillance généralisée de la presse dont le but est de « lutter contre la désinformation et le complotisme », on pouvait lire entre les lignes : la liberté d’expression est aujourd’hui plus que jamais remise en cause.

    Observatoire du journalisme (Observatoire du journalisme, 22 janvier 2022)

     

    Censurer la pensée en exerçant un contrôle strict sur la littérature est loin d’être un phénomène propre au XXIème siècle. Depuis la nuit des temps, les hommes et les femmes de rang ont toujours exercé leur pouvoir sur les ouvrages qui, d’une manière ou d’une autre, s’avéraient nuisibles à leur influence.

    De Nabuchodonosor à l’Inquisition

    Nabuchodonosor déjà, roi de Babylone, fit incendier les livres religieux des juifs lorsqu’il s’empara de Jérusalem au VIIème siècle avant Jésus Christ. Les chrétiens, lorsqu’ils purent asseoir leur contrôle sur l’Europe purgèrent les archives littéraires païennes des gréco-romains puis, aux temps de l’Inquisition, décidèrent de ce qu’on pouvait lire, écrire et dire. Mais la censure n’est pas le seul fait des mouvements religieux. Les deux grands régimes athées, nazisme et communisme, conceptualisèrent l’idée d’autodafé à grande échelle. On détruisit des centaines de milliers d’ouvrages, au simple motif que les mots qui y figuraient n’allaient pas dans le sens de la doxa des dirigeants. La victoire du libéralisme à la fin du XXème siècle nous fit croire, de manière illusoire, que le temps de la censure était achevé. « La fin de l’histoire » écrivait Fukuyama, devait être le commencement de la liberté absolue et, plus jamais, un auteur ne se verrait brimer par quelconque influence de pouvoir.

    La société inclusive attaque !

    Mais en 2022, à l’heure de la société inclusive, du woke et de la cancel culture, les censeurs semblent faire leur triomphal retour sur les vestiges d’un Occident « déconstruit ». En 2021, une polémique éclate après qu’une école catholique canadienne annonce avoir épuré ses bibliothèques, en 2019, de près de 5000 ouvrages. Parmi les concernés, les albums de Lucky Luke, Tintin, Astérix mais aussi des biographies de l’explorateur français Jacques Cartier. Raison invoquée ? La « réconciliation » avec les autochtones et la lutte contre les stéréotypes négatifs héritiers de la « pensée coloniale » canadienne.

    Voir aussi : Autodafés au Canada, le wokisme fait détruire 5000 livres

     

    Aux États-Unis, le grand classique de Margaret Mitchell, « Autant en emporte le vent » paru en 1936 et adapté en film 3 ans plus tard a également subi le courroux des nouveaux censeurs. Retiré de la plateforme HBO (un géant parmi les plateformes de diffusion) afin d’être « mieux contextualisé », on reprochera au monument du cinéma américain de projeter la face d’une histoire nationale jugée trop « offensante » pour une partie de la population. La fameuse émission de France Inter consacrée au cinéma, « Le Masque et la Plume », verra l’une de ses chroniqueuse, Patricia Martin, dire du roman qu’il est « écrit avec les poumons, mais dont l’arrière-fond raciste est insupportable ». Retraduit en français en 2020 par l’écrivain Josette Chicheportiche, cette dernière précise, dans un entretien accordé à France 24, avoir pris le soin de changer la façon dont s’exprime un personnage noir en « supprimant les ‘r’ à chaque début de phrase », supposés rendre compte de l’accent des esclaves afro-américains. Mme Chicheportiche récuse toutefois l’accusation  de racisme faite au livre, considérant qu’il est plutôt une critique du racisme des États-Unis du XIXème siècle.

    Réécriture bien-pensante

    Il reste que s’obstiner à vouloir « recontextualiser » une œuvre ou bien en modifier la forme afin de la rendre moins « offensante »  s’apparente bien à de la réécriture et se transforme en censure.

    De ce côté-ci de l’Atlantique, nous ne sommes évidemment pas épargnés. En France, c’est l’inoubliable roman policier d’Agatha Christie, « Les dix petits nègres » qui est passé entre les griffes des censeurs. Non pas pour son histoire, qui n’aborde en rien le sujet ethnique, mais simplement pour son titre, référence à la chansonnette qui constitue le fil central de l’ouvrage. C’est que le « N‑word », comme disent les anglo-saxons, n’a pas sa place dans les rayons de nos libraires. Rebaptisé « Ils étaient dix », le seul titre de l’œuvre n’a pas été changé mais aussi les soixante-dix fois où le mot « nègre » apparaissait.

    Sur RTL, James Pritchatd, le petit fils d’Agatha Christie dira en guise de repentir : «Mon avis, c’est qu’Agatha Christie était avant tout là pour divertir et elle n’aurait pas aimé l’idée que quelqu’un soit blessé par une de ses tournures de phrases. Nous ne devons plus utiliser des termes qui risquent de blesser : voilà le comportement à adopter en 2020″.

    Ainsi la littérature d’hier à la vie dure aujourd’hui, malmenée par certains qui voient en elle une effrayante menace venue d’une autre époque et rapportant l’existence passée de mœurs différentes, incompatibles avec le monde moderne.

    Ces quelques assauts contre le cinquième art (et le cinéma) ne sont en Europe pour le moment l’apanage que de certains cercles que l’on peut qualifier d’hystériques. Mais l’essor de ce genre de pratique est à craindre dans un Occident où l’on s’offense pour un rien, ou l’on crie au racisme pour tout, et où l’on « cancel » et « fact-check » tout ce qui nous tombe sous la main. La multiplication d’autodafés contemporains est loin de paraitre fantasmagorique, et celle-ci pourrait concerner plus que des déconstructivistes en quête de déconstruction. Il y a quelques années, en Irak, Daech brûlait des centaines de milliers de livres dont certains avaient des siècles derrière eux. Qui nous dit que demain, dans les quartiers perdus de la République, les quelques bibliothèques publiques restantes et autres MJC ne connaîtront pas le même sort ?

    Richard Ovenden et la bibliothèque d’Oxford

    Richard https://www.richard-ovenden.com/ Ovenden, libraire et responsable de la richissime bibliothèque d’Oxford, a publié un ouvrage en 2020 (Burning the books, a history of knowledge under attack) à l’ambition historique mais dont le propos est brûlant d’actualité. Faisant le bilan des innombrables bouquins détruits au cours des millénaires, Ovenden nous rappelle à quel point la sauvegarde de la connaissance, et donc de la pensée, peut s’avérer fragile. Nous ne sommes nullement à l’abri de voir les nouveaux censeurs se multiplier, encore et encore, et faire taire la pensée libre partout dans le monde. La toute-puissance des GAFAM, a mis au silence le président https://www.ojim.fr/apres-le-bannissement-de-trump-twitter-veut-renforcer-la-censure-contre-ses-partisans/ de la 1ère puissance mondiale alors qu’il était encore en fonction ! Et alors qu’Emmanuel https://www.ojim.fr/voeux-presse-emmanuel-macron/ Macron, dans ses vœux, annonçait fièrement l’aboutissement de la Commissionhttps://www.ojim.fr/la-commission-bronner-contre-le-complot-et-la-desinformation-ou-le-contraire/  Bronner, organe de surveillance généralisée de la presse dont le but est de « lutter contre la désinformation et le complotisme », on pouvait lire entre les lignes : la liberté d’expression est aujourd’hui plus que jamais remise en cause.

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