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afrique - Page 15

  • Pour une Afrique maîtresse de son destin !...

    Vous pouvez visionner ci-dessous une présentation par Bernard Lugan de son livre Décolonisez l'Afrique !, publié aux éditions Ellipses. Pour l'auteur, "l'Afrique subit une recolonisation économique, politique et morale. Un demi siècle après les fausses indépendances, la véritable libération de l'Afrique est donc à la fois nécessaire et urgente."


    Bernard Lugan : "Décolonisez l'Afrique !" par realpolitiktv

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  • L'enculé !...

    Evidemment, l'affaire DSK était taillée pour lui... Marc-Edouard Nabe ne l'a donc pas laissée passer et réapparait dans le paysage littéraire avec un roman intitulé L'enculé, consacré aux frasques new-yorkaises de l'ex-directeur du FMI et autoédité par ses soins comme pour son précédent roman, L'homme qui arrêta d'écrire. Un brulôt, comme vous pourrez le constater en lisant l'entretien qu'il a accordé à Pierre Ancery pour Bibliobs...

    Le roman est disponible exclusivement sur le site de Marc-Edouard Nabe : http://www.marcedouardnabe.com/

     

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    Nabe : «DSK, c'est moi!»

    Pierre Ancery - Le livre est sorti très vite, trois semaines après l'intervention de Dominique Strauss-Kahn au JT de Claire Chazal. Vous l'avez écrit au fur et à mesure de l'affaire?

    Marc-Édouard Nabe - À mon retour de Tunisie, je me suis mis à écrire un autre livre sur les révolutions arabes, l’assassinat de Ben Laden, les conspirationnistes, qui devait sortir pour l'anniversaire du 11 septembre. Puis je me suis rendu compte que le nouveau 11 septembre, dix ans après, c'était l'affaire DSK. Je n’ai pas changé mon fusil d’épaule, j’ai changé de fusil, et toujours sur la même épaule. Plus l’affaire s’enrichissait, plus on aurait dit un scénario écrit pour moi, avec tous les éléments qui m'intéressent: le sexe, l'argent, la politique, l’Amérique, l'Afrique, les Noirs, les Juifs, etc. J'ai donc écrit ma fiction en fonction des rebondissements réels de l’affaire, qui étaient autant d'épisodes romanesques ou cinématographiques que j'intégrais au fur et à mesure dans le roman.

    Pierre Ancery - Pourquoi avoir choisi la forme du roman?

    Marc-Édouard Nabe - Je ne voulais pas juste donner mon avis, être dans le commentaire. J'aurais pu écrire un pamphlet ou un tract, mais le roman me permettait de me glisser dans la tête de DSK, ce qui est quand même beaucoup plus marrant. C'est un travail assez complexe d'élaboration. Ce qui m'a passionné, c'est de le faire en direct. Il y en a qui ont fait des livres sur des faits divers, par exemple Morgan Sportès avec son livre sur Ilan Halimi. Il écrit cinq ans après le fait divers et il change les noms : la belle affaire! Moi  j'ai gardé les vrais noms. Et j'étais avec Strauss-Kahn en permanence, je vivais avec lui pendant quatre mois. J'estime que j'étais plus avec lui que tous ses défenseurs. J'étais en connexion mentale.

    Pierre Ancery - Quelle est la part de Nabe dans ce personnage? Par moments, on sent que c'est vous qui parlez à travers lui.

    Marc-Édouard Nabe - Oui, mais c'est normal. Regardez tous les écrivains qui se sont mis dans la peau de quelqu'un d'autre, leurs personnages c'est aussi eux. Rien de plus banal, Flaubert disait : « Madame Strauss-Kahn, c’est moi !» En revanche, se dissoudre dans un homme connu mondialement, c’est autre chose. Vidé par les médias, DSK était devenu creux, personne ne savait comment lui vivait son histoire de l’intérieur, je l’ai rempli de littérature et d’une vérité, il me semble, plus juste que celle que les journalistes et ses « proches » ont inventé pour l’attaquer ou le défendre. C'est presque un cadeau que je lui fais d'aller aussi profondément dans son âme, une âme qu'il n'a peut-être pas à ce niveau-là. Beaucoup de ceux qui le connaissent m'ont dit qu'il était moins bien que ça dans la réalité. Ce que j'ai appris de lui, c'est ce que tout le monde sait, mais j'ai rajouté évidemment tout un tas d'éléments qui me permettaient d'arriver à la substance du personnage. Il faut signaler que je ne le connais pas du tout, et pourtant c'est tout à fait lui. C’est magique. Je crois à la magie. D’ailleurs, depuis l’apparition de mon roman, DSK s’est fait pousser la barbe, à l’exact moment où l'Enculé est sorti de l’imprimerie. Même s’il l’ignore, ce livre va le changer.

    Pierre Ancery - Votre DSK littéraire est-il si proche du DSK réel? Vous en avez fait un prédateur sexuel, mais aussi un personnage raciste et antisémite. Ça sort un peu de nulle part, non?

    Marc-Édouard Nabe - Renseignez-vous : quand vous lisez la biographie de Michel Taubmann, on voit bien que DSK a pris conscience de sa judéité quand il a rencontré Anne Sinclair, c'est elle qui l'a poussé à défendre Israël mordicus. Lui, ça ne l'avait jamais intéressé tout ça, il n'y est allé qu'à l'âge de 40 ans. Ses deux femmes précédentes et ses cinq enfants ne sont pas juifs. Après, j'ai extrapolé. De la même façon, j'ai imaginé que DSK parlait très mal anglais, ce qui n'est pas le cas dans la réalité.

    Ce qui m'intéressait, c'était de construire un personnage profond. Que j'y ai mis mes soi-disant marottes, ça se discute, le but c'est de savoir si c'est crédible ou pas, et tout le monde a trouvé ça hyper crédible sur le plan psychologique. Qu’il soit gavé par l’obsession de son épouse pour l’Holocauste est tout à fait plausible. C’est un des ressorts de tout couple : détester ce que l’autre adore. Mon DSK n’est pas le premier Juif romanesque qui ne peut plus supporter sa communauté !

    Pierre Ancery - Auriez-vous pu publier ce livre dans le système éditorial classique?

    Marc-Édouard Nabe - Non. Ce livre était une espèce de défi éditorial et littéraire: j’ai écrit et je publie un livre qui est impossible, logiquement, à écrire et à publier. «L'Enculé», le titre, déjà : quel éditeur publierait ça? Aucun. Il faut savoir que «l'enculé», c'est au sens de celui qui s'en sort à chaque fois. Il s'est sorti de l'affaire du Sofitel, il s'est sorti de l'affaire Banon, il va se sortir du Carlton, il se sort de tout, il n'a aucun problème pour se tirer des difficultés. C’est un cynique allègre et qui assume. J'ai voulu créer un type comme Le Misanthrope. Oui, rien que ça ! Mon originalité, c'est que tout le monde connaît le personnage de L’Enculé alors que les personnages dont Molière s'est inspiré pour faire l'Avare ou le Tartuffe ont peut-être existé, mais nous ne les connaissons pas.

    Pierre Ancery - Les allusions aux singes sont très fréquentes dans le livre. Pourquoi?

    Marc-Édouard Nabe - C'est très simple : Tristane Banon, dans sa première interview chez Ardisson, raconte que DSK lui avait fait l'impression d'un chimpanzé en rut. J'ai gardé cette métaphore et je l'ai filée. Et je me suis dit : pourquoi ne l'assumerait-il pas lui-même? À partir du moment où il assume d'être un singe, pourquoi ne se métamorphoserait-il pas, de façon kafkaïenne, en chimpanzé ou en gorille suivant le moment de la journée? Et puis il a cette passion des nasiques, un singe que j'adore parce qu'ils sont drôles, à la fois grotesques, touchants, encombrés par leur trompe, avec toute la symbolique sexuelle qui va avec.

    Pierre Ancery - Vous peignez Anne Sinclair en hystérique obsédée par le sionisme, qui passe ses soirées à pleurer en regardant des documentaires sur Auschwitz. Vous n'en faites pas trop?

    Marc-Édouard Nabe - C'est beaucoup plus près de la réalité que ce que vous croyez... Bien sûr, j'ai exagéré son sionisme pathologique et sa passion pour tous les détails de la seconde de guerre mondiale, mais ça c'est mon humour et mon mauvais goût à moi. Ceux qui n'apprécient pas, tant pis pour eux.

    Pierre Ancery - Il y a un passage où DSK, atteint de diarrhée dans sa cellule, s'essuie avec La nuit d'Elie Wiesel. Quand vous écrivez ça, vous savez pertinemment que ça va susciter des réactions...

    Marc-Édouard Nabe - Je n'écris pas pour susciter des réactions. Je m'en fous, ça n'a aucune importance. Parce que j'ai suffisamment dit tout ce que je pensais de ces questions-là pour qu'on ne me fasse pas le procès de croire que je me sers de DSK pour parler à sa place. S’il est indiqué « roman » sur la couverture c’est que c’en est un. À ce niveau-là, on n’espère pas ne pas être attaqué en mettant simplement «roman» sur la couverture. Ce livre a été écrit dans une liberté totale, sans aucune retenue ni autocensure, c’est un exemple de ce qu’il faudrait toujours faire et que l’édition, la critique, les lecteurs, bref la bourgeoisie, empêchent. Tant pis pour ceux qui acceptent ce fatras social contraire à l’art.

    C'est avant tout un roman drôle. Vous savez, on n'est pas si nombreux en littérature à savoir faire rire. Moi je ne veux pas faire sourire ou pouffer, je veux l'éclat de rire, je veux la jouissance. Évidemment, si vous lisez ça comme un rapport de police, c'est pas marrant. Et je pense que DSK lui-même peut se bidonner à la lecture. Humainement, c'est impossible de résister, même quand il s'agit de soi. 

    Pierre Ancery - Cet humour très noir est proche de celui qui régnait à Hara-Kiri, où vous avez fait vos débuts. Par exemple, dans le passage où le détective engagé pour enquêter en Afrique finit mangé par des cannibales...

    Marc-Édouard Nabe - Bien sûr, oui. C'était aussi un moyen de dire beaucoup de choses sur l'Afrique et sur le racisme. Je trouve que dans cette affaire, il y a eu un mépris de l'Afrique de la part de plein de gens comme Jean-François Kahn ou Robert Badinter qui n'ont jamais prononcé le nom de Nafissatou Diallo. Cohn-Bendit est toujours incapable de le dire correctement. On a quand même entendu des choses énormes : Ivan Levaï qui explique qu'on ne peut pas violer si on n'a pas un couteau ou un pistolet... Je réponds par avance à ça dans le roman, quand j'explique le point de vue d'une femme qui se fait violer.

    Finalement, mon livre est très féministe, lorsque j'explique comment un type peut violer une femme sans arme, et comment le corps se détend à un moment donné pour accepter cette horreur. Ce genre de passage ferait du bien à toutes les féministes du genre Clémentine Autain si elles étaient moins tristement sectaires. Parce que même si je ne suis pas un militant de Nafissatou Diallo ou de Tristane Banon, je suis de cœur à leur côté. Pas parce que je cherche le paradoxe, mais parce que je suis pour la vérité. Et je suis évidemment absolument persuadé qu'aucune des deux n'a menti.

    Pierre Ancery - Dans vos livres, vous attaquez souvent le physique des gens. Vous vous considérez comme un caricaturiste ?

    Marc-Édouard Nabe - Je n'aime pas ce mot, qui fait un peu trop dessinateur de la place du Tertre. Par contre, si vous pensez à des gens comme Vuillemin ou Reiser, alors oui. Le Gros Dégueulasse sans une couille qui dépasse de son slip, n’est plus Le Gros Dégueulasse. Mais je n'attaque pas le physique : je transfigure le physique. Dans le livre, DSK nomme son bouledogue Martine Aubry parce qu'il lui ressemble, mais ça a un sens précis... Mais peut-être est-ce une question d'époque ou de génération, aujourd'hui ce genre d'humour est pris trop au sérieux.

    Pierre Ancery - Vous n'avez pas peur qu'on vous fasse un procès pour ce roman? Les occasions n'en manqueraient pas.

    Marc-Édouard Nabe - Mais je ne demande que ça ! Anne Sinclair, l'héritière de son grand-père Rosenberg, le marchand de tableaux qui a fait tout son argent avec Picasso, Braque, et Matisse, qui est archi-millionnaire, intentant un procès à un écrivain qui autoédite un livre à 2000 exemplaires ? Là, on arriverait à des degrés de mise en abîme de ma propre littérature qui seraient extraordinaires. C'est Picasso qui servirait à me ruiner, moi qui ne suis même pas ruinable, puisque je n'ai rien ! J'irais à Rikers Island et ma femme m'apporterait Bagatelles pour un massacre pour que je puisse me torcher avec...

    Pierre Ancery - Un procès validerait votre prétention au «terrorisme littéraire».

    Marc-Édouard Nabe - Un premier imprimeur a refusé de l'imprimer, j'ai dû en trouver un autre qui a accepté à condition de ne pas mettre son nom, et pour le deuxième tirage j'ai dû le faire imprimer en Allemagne. Et pourtant les imprimeurs ne risquent rien, c'est sur moi que tomberaient les emmerdements. On n'est plus à la Révolution française où on coupait la tête de l'imprimeur d’un livre avant celle de l'auteur. Le premier m’a dit en gros: «  Vous n’avez qu’à les faire imprimer en Chine, vos saloperies ! » Les imprimeurs français m’encouragent à délocaliser !

    Mais ce qui est intéressant, c'est ce qui est écrit, pas les suites judiciaires. Cela dit, il est évident que si j'avais soumis le texte à un avocat, il m'aurait dissuadé de le faire, comme un éditeur m'aurait dissuadé de l'écrire. C'est un livre impossible à récupérer. Il y a des gens qui l'ont déjà transmis à Kenneth Thompson : c'est le seul livre au monde pour l'instant qui défend Nafissatou Diallo, mais je suis persuadé que si Thompson se fait traduire ça, il sera choqué.

    Pierre Ancery - On devine que vous ne portez pas DSK dans votre cœur, pourtant, finalement, ses faiblesses le rendent sympathique.

    Marc-Édouard Nabe - Il représente tout ce que je hais : la richesse, l'abus de pouvoir, le cynisme, la manipulation, la corruption, la vulgarité. Ce qui est odieux chez lui, c'est sa position politique, sa tromperie sur la gauche. Quand on pense que tous ceux qui lui crachent dessus aujourd’hui auraient voté pour lui sans état d’âme au second tour face à Sarkozy !... Alors qu'ils savaient très bien qui il était, pas seulement comme queutard, mais comme torpilleur de la finance, comme nettoyeur au FMI, comme équarisseur de la Grèce ou de l'Irlande.

    Mais à côté de ça, ce qui est sympathique dans le personnage, c'est que c'est un type qui au final n'a rien à foutre de rien, de la politique, du FMI. Tout ce qui l'intéresse, c'est de voir un cul qui passe. Il sait qu'il a 62 ans, que le temps est compté, il ne va pas pouvoir triquer jusqu'à 90. Il y a là une humanité que je suis arrivé à toucher, je crois. On fait tout un barouf autour du mystère de la jouissance de la femme, mais ce qui se passe dans la tête d'un homme quand le désir monte en lui, on n'en parle jamais. Je pense d'ailleurs que beaucoup de femmes peuvent apprendre par ce livre ce qui se passe chez un homme. Cette souffrance, qu'aucune femme ne peut connaître... Et on peut s'interroger là-dessus. Parce que si on enlève tout, il reste juste un homme qui a eu envie de baiser à un moment donné et qui a tout sacrifié à ce désir. C’est ça qui est beau, c’est ça qui rend mon personnage et celui qui l’a inspiré universels.

    Pierre Ancery - La publication de L'Enculé signe-t-elle la fin de votre retour en grâce dans les médias? La presse en a très peu parlé alors que votre précédent roman, L'Homme qui arrêta d'écrire, qui avait été nominé pour le Renaudot, avait rencontré un franc succès médiatique.

    Marc-Édouard Nabe - Que la presse pourrie littéraire fasse semblant d’ignorer mon livre, j’y suis habitué. Plus étonnant, est le silence de mes alliés… Hormis Besson et Giesbert – encore eux ! – qui m’ont dégagé une formidable page dans Le Point, les autres préfèrent se planquer, comme si L’Enculé les compromettaient. Très décevant de les voir nier qu’ils chient dans leur froc alors qu’à l’évidence ça cocotte ! Taddeï me dit que ce serait mauvais pour moi de passer dans son émission… L’Express, qui s’est fait traiter de «tabloïd» par Strauss-Kahn devant des millions de téléspectateurs, n’est pas foutu de faire un ban d’honneur à mon roman. Que Christophe Barbier ne se plaigne pas ensuite qu’on accuse la presse d’être toujours du côté du pouvoir !

    Quant à mon ami Delfeil de Ton, intarissable d’enthousiasme au bistrot sur L’Enculé, il préfère raconter ma « farce » à un jeune  homme de « BibliObs », qui ne l’a pas lue, pour qu’il en rende compte à sa place. À vous même, Jérôme Garcin, qui s’est dit très excité en privé de lire mon Enculé, ne donne pas d’espace dans la version papier pour parler de ce livre… Seuls David Abiker et Guy Birenbaum, à priori plutôt hostiles, n’ont pas hésité à m’inviter à en parler en direct sur Europe 1. Il faut dire que eux ne tremblent pas de peur à l’idée qu’on puisse les taxer d’antisémitisme, ce qui n’est pas le cas de mes chers amis goys… Je crois que je vais arrêter avec les goys! Mais tout cela n’a pas d’importance. Le livre se vend et se lit. Aujourd’hui, un écrivain comme moi n’a plus besoin des médias.

    Propos recueillis par Pierre Ancery (Bibliobs, 8 novembre 2011)

    L'Enculé de Marc-Edouard Nabe, 24 euros.
    Disponible uniquement sur www.marcedouardnabe.com

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  • Décolonisez l'Afrique !...

    Les éditions Ellipses viennent de publier Décolonisez l'Afrique !, le nouvel essai de Bernard Lugan. Africaniste de terrain et universitaire, Bernard Lugan est l'auteur de nombreux ouvrages, notamment d'une monumentale Histoire de l'Afrique, des origines jusqu'à nos jours (Ellipses, 2009) ainsi que d'une Histoire de l'Afrique du sud (Ellipses, 2010) et d'une Histoire du Rwanda (Bartillat, 1999). 

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    "L'Afrique subit une recolonisation économique, politique, philosophique et morale : le FMI et la Banque mondiale imposent leurs diktats à des peuples sidérés dont les gouvernants dociles sont tenus en tutelle ; les pays du Nord exigent qu'y soit appliquée la démocratie individualiste qui débouche sur l'ethno mathématique ; les multinationales et les puissances asiatiques pillent ses matières premières et colonisent ses terres arables ; l' " immigration choisie " lui vole ses élites ; la " jet set " internationale s'approprie des sites majeurs pour y étaler son insolente richesse et ses vices ; le droit d'ingérence humanitaire, version contemporaine de la " guerre juste ", bombarde les rares dirigeants indociles, en Côte d'Ivoire et en Libye. Un demi siècle après les fausses indépendances, la véritable libération de l'Afrique est donc à la fois nécessaire et urgente. Bernard Lugan est l'auteur de nombreux livres consacrés à l'Afrique, et a publié récemment aux éditions Ellipses une monumentale Histoire de l'Afrique qui fait référence ainsi qu'une Histoire de l'Afrique du Sud. L'essai qu'il signe ici est un cri du cœur face à une Afrique déchirée et humiliée. Les Africains et tous les amoureux de l'Afrique devraient y trouver des pistes d'espoir."

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  • Plutôt le Monomotapa que Louis XIV ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'africaniste Bernard Lugan, cueilli sur son blog, à propos des nouveaux programmes d'histoire au collège.

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    L’histoire de l’Afrique doit-elle être enseignée dans le secondaire aux dépens des fondamentaux de l’histoire de France ?

    L’histoire des mondes non européens a toujours figuré dans les programmes scolaires, cependant, elle n’était pas enseignée aux dépens de l’histoire de France. De plus, cette nécessaire ouverture ne se faisait qu’à partir du moment où les fondamentaux de notre histoire étaient acquis par les élèves. Aujourd’hui, il en va tout autrement avec la réforme Darcos qui prépare le délitement de l’imaginaire historique national, ce précieux socle auquel les Français sont encore arrimés.
    Les ravages commencent désormais dès la classe de 5° qui a subi des amputations insensées et même proprement « ubuesques » de son programme d’histoire. Or, ces amputations ont été rendues nécessaires afin de dégager autant de plages horaires destinées à l’étude des civilisations non européennes, qu’elles soient africaines, asiatiques ou autres. Pour ce qui concerne l’Afrique, seront ainsi étudiés plusieurs royaumes avec un point central, celui du Mali. Pour leur « faire de la place », Louis XIV a donc été relégué en toute fin de programme et il ne sera donc « survolé » que si le Monomotapa (!!!) a été vu. De même que les crédits de l’armée constituent la variable d’ajustement des déficits de l’Etat, l’histoire de France devient quant à elle la variable d’ajustement des apprentis sorciers du ministère de l’Education nationale.
    Toute éducation supposant l’acquisition de fondamentaux et de connaissances de base sans lesquelles il est impossible ou vain de vouloir aller plus loin, il est donc insensé de vouloir faire apprendre l’histoire du Mali à des enfants qui ne savent pas si Napoléon a vécu avant ou après Louis XIV…Les « docteurs Folamour » du pédagogisme ne l’ignorent pas. Ils en sont même parfaitement conscients, mais ce sont d’abord des militants dont le but est de casser tous les enracinements européens considérés par eux comme susceptibles de déclencher des réactions identitaires.
    Ne nous cachons pas derrière notre pouce et disons les choses clairement : le premier but de cette aberrante réforme de l’enseignement de l’histoire est de toucher le public de ces établissements mosaïques dans lesquels 30 à 40% d’élèves possédant moins de 350 mots de vocabulaire, ne sachant ni lire, ni écrire, ni même raisonner et encore moins comparer, pourrissent littéralement l’apprentissage de classes entières. Les assassins de notre mémoire espèrent, grâce à cette réforme, capter l’attention de ces auditoires « difficiles » et avant tout peu intéressés par l’histoire de France, en leur proposant une histoire sur mesure, une histoire à la carte, une histoire ethno sectorielle en quelque sorte.
    Les élèves d’origine mandé-malinké de Tremblay en France seront peut-être attentifs à l’histoire de l’empire du Mali qui fut constitué par leurs ancêtres, mais il risque de ne pas en être de même avec les petits soninké de Garges les Gonesse, héritiers, eux, du royaume de Ghana qui fut détruit par les premiers…De plus, comment vont réagir les rejetons des nombreux autres peuples africains ? N’y a-t-il pas une forme de discrimination à leur égard ? En effet, pourquoi privilégier le Mali ou le Ghana et passer sous silence l’empire Luba et le royaume zulu ?
    Un autre but de ce programme qui fait naturellement de continuelles références à la traite des esclaves vue comme une sorte de fil conducteur de la matière, est de tenter de faire croire aux élèves que l’histoire du monde est d’abord celle de la confrontation entre les méchants, lire les Européens, et les bons, lire les autres. L’ethno culpabilité est décidément sans limites !
    De plus, et là est peut-être le plus important, l’histoire de l’Afrique a son propre temps long qui n’est pas celui de l’Europe. Elle s’appréhende avec une méthodologie particulière impliquant une maîtrise de la critique des sources orales, une connaissance approfondie de l’anthropologie, de l’archéologie, de la linguistique, etc., Or, les professeurs qui vont devoir enseigner cette histoire à leurs jeunes élèves n’ont pas été formés pour cela.
    Un exemple : la connaissance que nous avons de Philippe le Bel repose sur des dizaines de milliers d’études, de thèses, de documents d’archives, de mémoires, de correspondances, de traités etc. Son contemporain, Abu Bakr II empereur du Mali (+- 1310-1312), dont l’existence n’est même pas certaine, n’est connu que par des traditions orales tronquées, des sources arabes de seconde ou même de troisième main et par une chronologie totalement erronée établie par Maurice Delafosse en 1912. L’histoire de son bref règne, s’il a véritablement eu lieu, est pourtant largement enseignée en Afrique où ce souverain est présenté comme une sorte d’explorateur conquistador parti à la tête de 2000 ou même 3000 pirogues pour découvrir les Amériques.  
    Les professeurs des classes de 5° qui vont devoir parler du Mali, cœur du nouveau programme, devront évidemment étudier cet empereur. Or, sont-ils formés pour expliquer à leurs élèves que l’histoire scientifique ne se construit pas sur des légendes? De plus, le seul fait, dans un cours, de consacrer le même temps d’étude à un personnage historique attesté d’une part, et à un autre, largement légendaire d’autre part, conduira automatiquement les élèves à prendre le virtuel pour la réalité, ce qu’ils sont déjà largement enclins à faire avec les jeux électroniques.   
    Mais allons encore au-delà et abordons l’essence même de la question. Face à ces élèves « en difficulté» (traduction en langage politiquement incorrect : enfants dont la langue maternelle n’est pas le français), les enseignants oseront-ils, sans risquer un hourvari, expliquer qu’un tel voyage n’a jamais eu lieu?  En effet, si tout est faux dans cette légende c’est parce que les Africains de l’Ouest -à la différence de ceux de l’Est-, ne pouvaient affronter la haute mer car ils ignoraient l’usage de la voile ainsi que celui de la rame et parce que leurs pirogues étaient sans quille. 
    Les mêmes enseignants sont-ils armés pour faire comprendre à leurs classes que pour atteindre l’Amérique, les hommes d’Abu Bakr II auraient été contraints de pagayer durant plus de mille kilomètres à travers l’océan atlantique avant de rencontrer enfin le courant des Canaries, seul susceptible de leur permettre de dériver ensuite vers l’Ouest… et cela sur 6000 km ? Enfin, seront-ils en mesure de mettre en évidence l’incohérence majeure de cette légende que certains considèrent comme une histoire vraie, à travers un exemple clair : comment l’expédition de l’empereur malien aurait-elle pu atteindre l’Amérique alors que les Africains ignoraient l’existence de l’archipel du Cap-Vert situé à 500 km « à peine » de la péninsule du Cap-Vert, point le plus occidental du littoral ouest africain contrôlé par l’Empire du Mali et qui leur barrait la voie du grand large ? En effet, cet archipel était vierge et vide d’habitants en 1450,  au moment de sa découverte par le Génois Antonio Noli qui était au service du Portugal...[1]
    L’enseignement de l’histoire africaine ne s’improvise pas !
    Hier la méthode d’apprentissage de la lecture dite « globale » fabriqua des générations d’illettrés et de dyslexiques; la réforme des programmes d’histoire donnera quant à elle naissance à des générations de zombies incapables de rattacher des évènements ou des personnages à une chronologie et ayant pour toute culture historique celle du volapük mondialisé.
     
    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, vendredi 23 septembre 2011)
     
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  • L’Afrique n’est plus le (seul) berceau de l’Homme moderne...

    La parution du numéro de la revue Sciences et Avenir de juin 2011 consacré aux "nouvelles histoires de l'homme" est importante. Elle rend publique la fin d'un des dogmes les plus tenaces de la paléoanthropologie, celui de la théorie appelée "Out of Africa" qui postulait  une origine africaine de l'homme moderne ; théorie avec laquelle on nous bassine depuis plus de quarante ans... Nous reproduisons ci-dessous un excellent texte de Bernard Lugan, publié sur son blog, qui expose clairement les enjeux de cette petite révolution scientifique...

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    L’Afrique n’est plus le (seul) berceau de l’Homme moderne

    Déclarant à la revue Science et Avenir (n° 772, juin 2011) que « L’Afrique n’est pas le seul berceau de l’Homme moderne », Yves Coppens fait voler en éclats le postulat de l’exclusivité des origines africaines de l’humanité. Il évacue également d’une phrase plusieurs dizaines d’années d’un hallucinant « bourrage de crâne » scientifique construit autour du paradigme du « Out of Africa ». Pour mémoire, selon ce dernier, les Homo sapiens seraient sortis d’Afrique sous leur forme moderne entre moins 100 000 ans et moins 60 000 ans, et ils auraient partout remplacé les populations antérieures, ce qui fait que nous sommes tous des Africains…

    C’est en prenant en compte les découvertes récentes qu’Yves Coppens a radicalement révisé ses anciennes certitudes. Désormais, pour lui, ni l’Homme moderne européen, ni l’Homme moderne asiatique ne descendent de l’Homme moderne africain puisqu’il écrit : « Je ne crois pas que les hommes modernes aient surgi d’Afrique il y a 100 000 à 60 000 ans (…) Je pense que les Homo sapiens d’Extrême-Orient sont les descendants des Homo erectus d’Extrême-Orient ».

    Comment serait-il d’ailleurs possible de continuer à soutenir que les Asiatiques ont une origine africaine quand, dans une Chine peuplée en continu depuis 2 millions d’années, les découvertes s’accumulent qui mettent en évidence la transition entre les hommes dits archaïques et l’Homme moderne dont les Chinois actuels sont les très probables descendants (Dong, 2008 : 48)[1]. Il en est de même avec les Européens.

    Les importantes découvertes archéologiques qui ont permis une totale révision des modèles anciens ne sont pas des nouveautés pour les lecteurs de l’Afrique Réelle. Dans un dossier publié dans le numéro 11 du mois de novembre 2010[2], il a ainsi été montré que l’Homme moderne, qu’il soit asiatique, européen ou africain est issu de souches locales d’hominisation ayant évolué in situ. Un peu partout dans le monde, nous voyons en effet et clairement des Homo erectus se « sapiensiser » et donner naissance à des lignées locales, peut-être les plus lointains marqueurs des « races » actuelles.

    Ces « sapiensisations » observables à la fois en Asie, en Europe, dans le monde méditerranéen et en Afrique, réduisent à néant le postulat du diffusionnisme au profit de l’hypothèse multi régionaliste que je défends depuis de nombreuses années[3]. Les découvertes qui s’accumulent, de la Georgie[4] à l’Espagne[5], de la Chine au Maroc ou encore d’Israël à l’Australie et à la Mongolie vont ainsi toutes dans le sens d’hominisations indépendantes de (ou des) l’hominisation africaine.

    Cette déferlante ayant fait céder les fragiles digues dressées par la pensée unique, ses derniers défenseurs en sont réduits à jongler avec les faits. Le célèbre généticien André Langaney n’a ainsi plus qu’un pauvre argument à opposer aux nombreuses et très sérieuses études faites en Chine puisqu’il ne craint pas d’écrire : « Des scientifiques orientaux au nationalisme mal placé veulent à toute force que l’homme de Pékin ou d’autres fossiles chinois soient leurs ancêtres » (Sciences et Avenir, page 63). Fin du débat !

    Le dossier de Science et Avenir constitue une étape essentielle dans la libération des esprits car il va toucher le plus grand nombre. En dépit d’inévitables scories idéologiques qui font surface ici ou là, et de concessions appuyées au politiquement correct, sa publication signifie qu’il n’est désormais plus possible de cacher au grand public une vérité que les spécialistes connaissaient mais qu’ils conservaient prudemment dans leurs tiroirs afin de ne pas désespérer le « Billancourt de la paléontologie »… La théorie de « l’Eve africaine » et celle d’ « Out of Africa » peuvent donc être désormais rangées dans le rayon des idéologies défuntes, quelque part entre la « lutte des classes » et le mythe de la « colonisation-pillage ».

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 2 juin 2011)

     

    [1] Dong, W., (2008) « Les premiers hommes vus de Chine ». Les Dossiers de la Recherche, n°32, août 2008, pp. 47-49.
    [2] Pour les synthèses les plus récentes, voir l’Afrique Réelle n°11 (novembre 2010) et Lugan, B., (2009) Histoire de l’Afrique des origines à nos jours. Ellipses, pp.15-19.
    [3] Notamment dans un livre paru en 1989 et aujourd’hui dépassé sur plusieurs points qui a pour titre Afrique, l’Histoire à l’endroit.
    [4] Lieberman, D.E., ( 2007) « Paleoanthropology : Homing in on early Homo ». Nature, n° 449, 20 septembre 2007, pp. 291-292.
    [5] Carbonell, E et alii ., (2008) « The First European ? » Nature, n° 452, 27 mars 2008, pp. 465-469.

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  • Entre haines et passion...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de rééditer, dans une version revue et augmentée, la biographie que Philippe Alméras a consacré à Céline sous le titre Céline, entra haines et passion. Professeur de littérature aux Etats-Unis, Philippe Alméras est l'auteur de nombreux essais consacrés à Céline : Les idées de Céline (Berg, 1992), Je suis le bouc - Céline et l'antisémitisme (Denoël, 2000), Voyager avec Céline (Dualpha, 2003) ou encore le Dictionnaire Céline (Plon, 2004)...

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    "Cinquante ans après la mort de Louis-Ferdinand Céline, reparaît la première biographie critique consacrée à l’auteur du Voyage au bout de la nuit dans une version entièrement révisée et augmentée. Signée Philippe Alméras, cette somme - qui s’appuie sur la correspondance intégrale de Céline - a conservé toute son actualité et sa pertinence. Et pour cause…C’est Philippe Alméras qui aura imposé la réalité plus que jamais vivace d’une « idéologie » célinienne fondée sur le racisme biologique. Pas question pour lui de ménager la chèvre et le chou en séparant « le cas » de l’écrivain de génie de celui de l’antisémite notoire. Un lien intime existe entre l’oeuvre et l’homme. Et à l’intérieur de l’oeuvre, il se prolonge nettement entre le romancier révéré de Voyage au bout de la nuit et le pamphlétaire honni de Bagatelles pour un massacre et qui préconisa le nettoyage systématique des Juifs, « maison par maison, quartier par quartier ». Se refusant à flanquer le docteur Destouches d’un Mr Hyde qui sauverait un tant soit peu sa postérité, Philippe Alméras s’efforce, au contraire, de fixer l’émergence irrésistible d’un homme du ressentiment à travers toutes les haines dont il déborde. Haine des Juifs et des bolchéviques, certes, mais aussi haine des « beautiful people », haine de la femme, haine de l’homme de lettres, haine du bourgeois qui envoie l’enfant du peuple se faire tuer en 1914, haine de l’Afrique qui vous assomme de soleil et de torpeur, haine de l’Amérique glaciale et capitaliste. Et toujours cette haine qui réclame justice sans façons, à la populaire : à croire qu’elle devrait s’exécuter, d’elle-même, sur parole. Céline s’est-il cru prophète avant d’être condamnée à la vie d’ermite ? Sa montée en haine et en solitude au fur et à mesure que le siècle de passion où il gesticule devient de glace, se lit souvent « entre les lignes » : grâce à la masse de lettres qu’il a échangées. Souvent au jour le jour. Chacun les a gardées. On les a retrouvées en Australie, à Londres, au Maroc, en Californie ou chez ses éditeurs ; celles aussi adressées à Le Vigan, qui fut forcé de les vendre, ou celles encore que Je suis partout renonçait à publier en 1942 et 1943, pour « excès racistes ». Produit et miroir de son temps, Céline est scandaleux, révoltant. Mais il dit bien le haut-le-coeur qu’aura entraîné une époque de bouleversements avec ses guerres, ses massacres, et son lot de certitudes idéologiques totalitaires. S’il s’en sort, c’est une fois de plus grâce à son style : « fait de crudité drolatique, parigote et montmartroise ». Mais Philippe Alméras n’est pas dupe : « Le style joue chez lui le rôle de la voilette des jolies femmes de son temps, elle attire l’attention et elle dissimule les cicatrices de l’âge (…)»"

     

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