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Points de vue - Page 364

  • Un choix ?... Quel choix ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de Bruno Bertez, cueillie sur le site suisse Les Observateurs et consacrée à l'absence de choix qu'offre le deuxième tour de l'élection présidentielle.

     

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    Majorité et opposition en France: interchangeables?

    Il y a deux sortes de responsabilités, celles que l’on ne prend pas et celles que l’on reproche aux autres de ne pas avoir prises. Les premières sont jeux de princes, les secondes plaisirs d’opposition.

    Dans la situation présente, qui est celle d’élections, il n’y a plus de princes, il n’y a qu’un combat d’opposants. Rien n’est plus distrayant que ces joutes électorales, dès lors que l’on est capable de les remettre à leur place, de les prendre pour ce qu’elles sont, c’est à dire un spectacle.

    Une élection, ce n’est pas la maitrise des choses, des situations, c’est la conquête des voix, des suffrages. Dans le cas présent, s’agissant du pseudo affrontement entre Hollande et Sarkozy, il n’y a pas divergence sur le fond, c’est à dire sur les mesures à prendre pour faire face à la crise, il n’y a même pas de changement de programme de gouvernement, il y a tout simplement changement de clientèle.

    Le choix des deux candidats est le même: reconnaître les dettes, sauver les banques, sauver la kleptocratie, la ploutocratie, réduire les dépenses publiques, augmenter les impôts, respecter le pacte fiscal européen .

    Pour ceux qui ne le savent pas, nous les informons que Hollande a abandonné sa rodomontade de contester le pacte Merkozy en échange de petits cadeaux misérables consentis par les Allemands en faveur d’une cosmétique de soutien de l’activité.

    Bref, le choix des deux candidats, c’est l’austérité imposée aux citoyens pour honorer les dettes et stabiliser l’ordre social tel qu’il est  Personne ne propose de restructurer les dettes, de les étaler, moratorier. Personne ne propose que les banques centrales allègent les dettes des agents économiques sur-endettés, tout le monde est d’accord pour que les largesses monétaires aillent aux banques pour compenser le capital que leurs actionnaires, propriétaires, ne veulent pas reconstituer. Dans les deux cas, les candidats sont défenseurs de l’usure et ils sont prêts à courir le risque de la déstabilisation sociale comme en Grèce ou en Espagne pour que les usuriers fassent leur plein. L’économie dirigée dans laquelle Sarkozy s’est engagé depuis trois ans sera prolongée et amplifiée par Hollande.

    Les différences sont à la marge, elles portent sur la répartition des charges de l’austérité .

    La question des impôts est révélatrice, on taxe plus chez Hollande, on fait semblant de surtaxer plus exactement, les très riches, pour mieux faire avaler la pilule de la spoliation des classes moyennes, lesquelles sont les seules à être assez nombreuses pour faire une recette significative. Les très riches, amis de Hollande et de Sarkozy,  sont à l’abri depuis longtemps, soit par la géographie, soit par les structures de leur patrimoine. En revanche, dans les deux cas, on spolie les retraites publiques, privées et individuelles.

    Dans les deux cas, on refuse le débat sur le bien fondé du choix de l’austérité, sur la politique monétaire de répression financière et de spoliation de l’épargne.
    Non seulement, on est d’accord pour refuser le débat, mais même, on est d’accord pour ne pas clarifier le diagnostic. Surtout il ne faut pas favoriser les prises de conscience populaires, cela pourrait rendre le pays ingouvernable.

    N’avez-vous pas remarqué que, dans tous, sans exception, les pays en crise de surendettement, les solutions sont exactement les mêmes, que le pays soit gouverné par la droite dite conservatrice, la gauche social-démocrate ou les dictateurs imposés par l’Europe , dictateurs nommés, non élus comme Monti et Papademos.

    Quand la social-démocratie est usée, comme on Espagne, c’est le tour de la droite, quand la droite est usée, comme en France, c’est le tour de la gauche social-démocrate et quand les deux sont usées, c’est le tour des soi-disant hommes providentiels, technocrates, imposés de l’extérieur, non élus, que nous appelons dictateurs. Allez voir la répression sociale et fiscale en cours dans l’Europe du sud et vous me direz si ce n’est pas une atteinte, une violence, aux libertés individuelles.

    Dans la conception actuelle, un grand homme d’État, c’est un personnage qui sait contenir la turbulence de ses concitoyens au profit… au profit de qui… de quoi ?

    L’homme d’État dans les circonstances présentes, mais est-ce que cela a été différent avant, l’homme d’État est là pour persuader ses concitoyens qu’il se préoccupe de leur bonheur, de leur dignité le temps d’une élection. Et le pire est que cela suffit généralement, ils le croient l’espace d’un scrutin.

    La plus grande mystification politique est de faire croire que le peuple a un pouvoir et que le mauvais chef d’État est sanctionné par sa non réélection! Vous savez que nous sommes pour les vraies sanctions, sanctions des erreurs, sanctions des mensonges, sanctions des fautes. Mais, pour cela, il faut, il faudrait, des contrepouvoirs et ceux-ci, en France, font défaut, tous les gouvernements s’étant acharnés à les détruire, les manipuler et les contrôler. Le premier étant évidemment les soi-disant élus du peuple, en réalité nommés, désignés, par les partis, c’est à dire le chef de l’État.

    Le vrai projet, celui qui n’est pas dit, celui qui est escamoté, c’est l’ordre, le maintien de l’ordre en place. Le sauvetage du Système. Pour le système, point n’est besoin qu’un homme d’État réussisse, le système s’en fiche du moment que l’ordre règne, que les choses suivent leur cours, sur la voie la plus propice à la reproduction de ce qui existait avant. Le but, aussi bien de Sarkozy que de Hollande, est que tout reste, rentre dans l’ordre.

    L’homme d’État se targue de résoudre les problèmes, de prévoir l’avenir, de le préparer, mais il sait qu’il doit rester prudent, qu’il doit taire ses idées, s’il en a,
    jusqu’à ce que les évènements lui permettent d’affirmer qu’il les a conduits, maitrisés et de s’auto-glorifier.
    Voilà pourquoi dans les campagnes électorales, les candidats de l’ordre se bornent à débiter pompeusement des généralités, à la fois évidentes et énigmatiques, comme les voyantes. Voila pourquoi ils entretiennent touts les ambiguïtés, cela permet les interprétations les plus variées, voire contradictoires.

    Le but du pseudo combat de Sarkozy et de Hollande n’est pas de donner à choisir entre une analyse et une autre, entre une voie de sortie de crise et une autre, non il est de renforcer le mythe de l’État, le mythe du chef qui sait, qui veut et, à ce titre, a le droit d’imposer. Les élections ne sont rien d’autre que le passage public et solennel du témoin, du sceptre, des emblèmes du Pouvoir. Lequel Pouvoir n’est rien d’autre que celui de faire semblant de gouverner, de conduire les événements alors que l’on ne fait que s’y soumettre.

    Bruno Bertez (Les Observateurs.ch, 22 avril 2012)

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  • Pierre Le Vigan analyse les résultats du premier tour...

    En exclusivité pour Métapo infos, Pierre Le Vigan analyse les résultats du 1er tour de l'élection présidentielle .

    Collaborateur régulier de la revue Eléments, Pierre le Vigan a récemment publié La banlieue contre la ville (La barque d'or, 2011) et Le malaise est dans l'homme (Avatar, 2011).

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  • Nous refusons de changer de civilisation...

    Nous reproduisons ci-dessous la tribune libre de l'écrivain Renaud Camus, publiée cette semaine dans le quotidien Le Monde, et dans laquelle il explique les raisons du soutien qu'il apporte à la candidature de Marine le Pen. Renaud Camus, qui a récemment publié deux essais, Décivilisation (Fayard, 2011) et Le grand remplacement (David Reinharc, 2011), sort prochainement chez Fayard son journal de l'année 2011, Septembre absolu.

     

     

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    Nous refusons de changer de civilisation

    On me demande les raisons de mon vote en faveur de Marine Le Pen et même de l'appel du parti de l'In-nocence, que je préside, à soutenir cette candidate. Je dois d'abord préciser que le vote du 22 avril est déjà, pour nous, une sorte de deuxième tour en une élection qui en compterait trois, le premier s'étant clos le 16 mars quand il nous a fallu constater que ma propre candidature à l'élection présidentielle ne pouvait être menée à terme, faute des fameuses cinq cents signatures.

    Nous devons tirer les conséquences de cet échec qui est d'abord le mien, celui de mes propres capacités politiques, sans doute, mais qui est dû aussi au manque d'ouverture des élus, sévèrement contrôlés par les grands partis, et à mes mauvaises relations de toujours avec les médias, qui ont fait silence ou à peu près sur mon initiative et celle de l'In-nocence.

    Il s'agit donc pour nous, d'emblée, de désigner pour un report des voix éventuelles, comme pour un second tour, un candidat ou une candidate de substitution, qui ne sera pas notre candidat naturel et, fatalement, ne saurait correspondre point par point à notre propre ligne politique.

    Le parti de l'In-nocence, c'est-à-dire de la non-nocence, de l'absence de nuisance, est fondé sur des principes de civisme, de civilité, de civilisation, d'urbanité, de respect de la parole et de non-agression, que ce soit à l'égard des personnes, des biens, de la nature ou du patrimoine. Il est attaché à la culture et à la civilisation françaises, qu'il estime compter parmi les plus précieuses qu'ait élaboré l'humanité dans son long effort pour mettre sur pied un pacte de vie commune ménageant à la fois la liberté, la dignité, l'élévation spirituelle et le bonheur du plus grand nombre.

    Il observe qu'avec l'immigration de masse et le changement de peuple s'ensuivant, qui s'opère à vue d'oeil, la France est confrontée à la secousse la plus profonde, la plus radicale en ses conséquences, qu'elle ait connue depuis quinze ou seize siècles.

    Il remarque que de cette transformation formidable il n'est pour ainsi dire pas question dans le débat politique, alors que même la crise économique ou la dette sont secondaires par rapport à elle. Christopher Caldwell (auteur d'Une révolution sous nos yeux - Comment l'islam va transformer la France et l'Europe, éditions du Toucan, 2011) demande si l'Europe peut être la même avec une autre population : il est évident que la réponse est non. Le Parti socialiste publie un livre-programme intitulé Pour changer de civilisation (Odile Jacob, 2011). Nous sommes de ceux qui, au contraire, refusons de changer de civilisation.

    Un des désastres de l'histoire française contemporaine c'est qu'au parti et à l'homme qui ont manifesté le plus de clairvoyance face à ce qui survenait - à savoir le changement de peuple -, il était, des décennies durant, pour des raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas, impossible d'apporter son suffrage.

    Même quand ils étaient d'accord avec Jean-Marie Le Pen et avec le Front national sur la question capitale de l'immigration, beaucoup de Français, dont je suis, ne pouvaient pas voter pour lui, à cause du "détail" (en 1987 sur RTL, le président du FN avait déclaré à propos des chambres à gaz : "Je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale") et de quelques autres particularités mal savoureuses. Je considère, c'est un pari, qu'avec Marine Le Pen cette impossibilité funeste est levée.

    Elle a eu sur l'occupation, sur le sort des juifs, sur l'horreur des camps de la mort, des mots que je crois sincères et qui, en ce qui me concerne, lèvent un interdit. Il ne s'agit en rien d'adhérer au FN, de se laisser aller à de vieilles tentations qui, pour ma part, n'ont jamais existé ou de "tomber le masque", alors que je ne crois pas être très porté sur les masques et la dissimulation.

    Il s'agit de faire barrage au changement de peuple, de refuser fermement la poursuite de l'immigration et d'esquisser si possible son renversement, pour ceux des immigrés dont l'attitude impliquerait, pour notre pays, un changement de civilisation.

    Nous sommes bien loin d'être d'accord avec tout le programme de Marine Le Pen et, a fortiori, avec celui du FN. Nous ne partageons pas leurs vues économiques, nous sommes beaucoup plus attachés qu'eux à l'Europe, nous ne venons pas, c'est le moins qu'on puisse dire, du même milieu culturel et idéologique.

    J'ai demandé à Marine Le Pen, avant de lui apporter mon soutien, son accord sur quatre points pour nous capitaux : fin de l'immigration, droit pour les parents, les professeurs et les élèves volontaires à une éducation "réformée", lutte contre la "banlocalisation" du territoire, défense de la langue. Elle y a souscrit.

    Je crois en sa parole et en son honnêteté, je suis sensible à son amour de la patrie, j'admire son courage, son équanimité, son humour maintenu face à la hargne constante des médias.

    Je ne vois dans son programme rien de contraire à l'honneur ou à la morale. Je pense qu'elle est la mieux à même de sauver ce qui peut l'être encore. Voilà pourquoi je lui apporte mon suffrage et invite à faire de même les quelques personnes qui m'écoutent.

    Renaud Camus (Le Monde, 19 avril 2012)

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  • Pierre Le Vigan analyse la campagne électorale...

    Vous pouvez visionner ci-dessous une analyse de la campagne électorale par Pierre Le Vigan. Collaborateur régulier de la revue Eléments, Pierre le Vigan a récemment publié La banlieue contre la ville (La barque d'or, 2011) et Le malaise est dans l'homme (Avatar, 2011).

     

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  • Les indignés du bocal...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à la mobilisation de "l'Empire du bien"  et de ses éminents représentants contre le régime syrien...

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    Les indignés du bocal

    Si j’en crois les quelques images que j’ai pu glaner les quelques rares fois que je regarde les déformations de la télévision – et je ne m’en porte pas plus mal – on paraissait se bousculer mardi dernier, sur le parvis du Trocadéro. Les figurants (le terme est sans doute approprié pour ce type de spectacle), étaient pris en gros plan, de façon à ce que la réalité de la mobilisation n’apparaisse pas cruellement (200 personnes, selon les uns, 50 selon les autres, après un matraquage médiatique omniprésent). Cela n’empêche pas tel journal de plastronner : « Une véritable « vague blanche » a déferlé, mardi soir ». La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme n’épargnait pas non plus le tonneau à blabla : « Pour réclamer l'arrêt des massacres en Syrie, hissons des tissus blancs. Partout dans le monde des hommes, des femmes, des enfants, un tissu blanc à la main ». Pourquoi « blanc » ? Jouirait-on, par là, du monopole de la pureté ?

    Quoi qu’il en soit, on reconnaîtra le style boursoufflé des indignés de circonstance, que l’on trouve toujours quand le système claque du doigt. Ce style grandiloquent ne fait, au fond, que reproduire la logorrhée déclamatoire des merdias enrégimentés, alimentés par le douteux Observatoire syrien des droits de l’homme, domicilié à Londres, et les envolées grotesques des chancelleries occidentales, en particulier de nos histrions (sinon hystériques) nationaux, Alain Juppé, ministre des indignations sélectives, et BHL, ministre de la Propaganda. Le philosophe du micro, d’ailleurs, évoquant les « méthodes particulièrement inhumaines » du régime syrien (et le lynchage de Kadhafi ? c’était une bagarre d’écoliers ?), tempête : « Autant de crimes qualifiés par les organisations humanitaires et par l’ONU de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité. » « Chaque jour perdu est une chape de plomb qui s’abat un peu plus sur le peuple syrien ». On reconnaît bien le style gracieux et aérien de notre pourfendeur de l’ « idéologie française », « philosophe et membre du conseil de surveillance du Monde », comme il se désigne lui-même sans rire ! De la part de gens qui ont toutes les indulgences pour l’Etat juif de Palestine, cela porte pourtant à rigoler. Il vaudrait le coup de relever toutes les hyperboles vibrantes qui parsèment, tels des épouvantails, leur misérable champ de patates : quand ce n’est pas « impitoyable », c’est « sanguinaire », « innommable », « tyrannique », etc., agrémentées, comme l’est de son chapeau difforme notre épouvantail, d’adverbes d’intensité : « particulièrement », « extraordinairement », « incroyablement », comme si, les substantifs et les adjectifs s’usant à l’emploi, on avait recours à des modalisateurs, ainsi qu’une huile moteur dans un moteur un peu grippé, à bout de course, et qui n’a pas été vidangé depuis belle lurette. Il faudrait se purger !

    Du reste, à parcourir la liste des signataires de l’appel du « Collectif urgence solidarité Syrie », on retrouve des noms connus, les idiots utiles, bien sûr, mais aussi les cyniques, les politiciens atlantistes et sionistes (celui de Frédéric Encel est tout un programme !), ceux aussi qui savent que ce serait bien de figurer là, pour la réclame, enfin, tous ceux qu’on ne verra pas manifester contre les arrestations arbitraires et la colonisation en Israël, contre la torture et les arrestations arbitraires en Libye, contre les massacres de l’Otan et la politique agressive des Etats-uniens envers des nations indépendantes et libres (François Hollande s’y trouve, ce qui augure bien mal de sa volonté de prendre des distances par rapport à l’empire américain…).

    Et pour faire bonne mesure, la photographe américaine, Sarah Moon, a organisé une opération d’agit-prop, en photographiant des pipeules, effigies amusantes, qu’on a arborées au Trocadéro comme des icônes sacrées : pensez donc ! la madone Jane Birkin, toujours miraculeusement présente où il y a de l’écume, Catherine Deneuve, autre Vierge sur le retour, Piccoli, Thuram et compagnie, bref, du beau linge de bonne famille, bien propret et plié pour le service.

    Et puis il y avait Stéphane Hessel. Que diable allait-il faire dans cette galère ? Le personnage est sympathique (d’ailleurs, les autres aussi, ils sont sympathiques, ils sont mignons, ils sont talentueux, et, en plus, ils sont bons, généreux, dégoulinants de crème compatissante), et parfois, il ne se trompe pas. Car, c’est bien cela, l’inconvénient, avec les poussées d’indignation : ça tombe juste une fois sur deux.
    L’ancien Résistant a essuyé les crachats et la haine des sionistes pour son soutien à la cause palestinienne et sa critique de l’ « Etat hébreux », comme disent nos merdias, ce qui vaut bien notre indulgence et toutes les légions d’honneur de notre République, Mais pour le coup, notre vieillard « indigne » (comme le clame, en substance, cet autre clown néocon du Figaro, Rioufol), démontre que les bons sentiments ne garantissent pas la pertinence de la pensée. Il n’est certes pas question de contester sa sincérité, mais au moins aurait-il dû s’interroger, et se demander si les chiffres avancés par les organes de propagande atlantiste sont vrais, qui sont ces « victimes civiles », si elles sont aussi « civiles » qu’on le dit, et si, parmi elles, il n’y a pas des cibles innocentes des salafistes et autres mercenaires qataris, si la « rébellion » n’a pas été fomentée, si les images que les télés montrent en boucle sont authentiques, bref, si l’information est vraiment équitable, et ne se réduit pas à de la déformation, et si, plus profondément, l’offensive contre la Syrie, comme celle, il y a peu, de la Libye, et, auparavant, de l’Irak et de l’ex-Yougoslavie, n’appartiennent pas à un plan machiavélique de destruction des sociétés civiles et d’hégémonie mondiale.

    Stéphane Hessel, qui a eu son heure de gloire avec son opuscule « Indignez-vous ! », et qui a entraîné dans son sillage pathogène des milliers de jeunes formatés par la rhétorique bienpensante, et néanmoins bêtifiante, de nos lycées, pense que l’expression émotionnelle permet d’éviter d’aller plus à fond. Certes, il faut aimer le Bien et haïr le Mal. Encore faudrait-il peser ces mots, car peser, c’est penser, et se pencher un peu sur l’âpre et rugueux terrain de la réalité, qui présente infiniment plus de nuances que la morale sans détour.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 18 avril 2012)
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  • L'arbre et la forêt...

    Nous reproduisons ci-dessous la chronique d'Eric Zemmour, publiée dans le numéro d'avril de la revue Le Spectacle du Monde  et consacrée à l'affaire Merah et à ce qu'elle révèle...

     

     

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    L'arbre et la forêt

    Un monstre. Un fou. Un malade mental. Un dégénéré. Un loup solitaire. Il y a, dans les mots choisis par les principaux candidats à la présidentielle, de Sarkozy à Hollande, de Mélenchon à Bayrou (et par les médias ainsi que la horde de psys en tout genre convoqués par eux), une volonté commune de sortir Mohamed Merah du commun, de la norme, même des criminels les plus terrifiants. De le psychiatriser. Le déshumaniser, même. Le dépolitiser. Le désislamiser, surtout.

    On remarquera que le processus inverse fut à l’oeuvre pour le Norvégien fou qui devint, son massacre accompli, le porte-parole malgré lui du retour du nazisme.

    On comprend bien les multiples objectifs poursuivis par cette (touchante ?) unanimité (dont même Marine Le Pen a du mal à s’extraire). D’abord, rassurer les populations. Si le meurtrier est un monstre, mis au ban de l’humanité, son périple criminel n’est pas près d’être imité. La parenthèse monstrueuse se refermera aussitôt après sa mort.

    Mais c’est la psychiatrisation du « forcené », sa sortie de l’humanité raisonnable – sa déshumanisation – qui permettra – permet déjà – sa victimisation. C’est le grand legs de la psychiatrie depuis les années 1970. Le fou n’est pas un monstre, mais un homme. Un homme fait de tous les hommes qui les vaut tous, pour paraphraser Sartre. Nous sommes tous des fous, ou aurions pu le devenir, c’est le message que nous a inculqué le politiquement correct psychiatrique. Il suffit d’une étincelle, d’une frustration, d’une persécution. Le fou même meurtrier n’est qu’une victime de la société. Tariq Ramadan n’a pas tardé à allumer cette flamme victimaire. Mohamed Merah ne serait, selon lui, qu’un produit excusable d’une intégration ratée. Du racisme profond de la société française, qui l’a rejeté en tant qu’immigré, en tant que musulman. Ses échecs professionnels sont le fruit d’une hostilité d’une société française malade de ses discriminations. Sa tentative vaine d’entrer dans la Légion étrangère prouve son désir d’intégration. Mohamed Merah, le Lacombe Lucien du terrorisme. Ses innombrables « bêtises » de multirécidiviste sont autant d’appels au secours. Le coupable devient une victime : on connaît le discours bien rôdé, le retournement sémantique de tous les psys, de tous les avocats. Déjà, sur Facebook, des sites – aussitôt supprimés, aussitôt rétablis – chantent la geste tragique du nouveau héros. Dans certaines classes, des profs n’ont pas osé imposer la minute de silence instituée par le président de la République en mémoire des enfants de Toulouse assassinés, car certains jeunes Maghrébins refusaient de « se lever pour des juifs ! » Ces réflexes d’identification spontanée n’ont que faire de la rhétorique savante des élites françaises – politiques, médiatiques et religieuses – pour désislamiser et dépolitiser la sarabande meurtrière du jeune homme.

    « Pas d’amalgame », tel est le cri poussé unanimement. Pourtant, alors que l’identité du tueur n’était pas connue, les grands prêtres de l’antiracisme s’étaient empressés d’amalgamer l’assassin aux « idées racistes », c’est-à-dire, en vrac, au Front national, mais aussi à Nicolas Sarkozy et à tous ceux qui refusent de se coucher devant les injonctions de nos maîtres-censeurs. « Pas d’amalgame entre l’islam et l’islamisme. » L’antienne nous fut inlassablement répétée. Avec les meilleures intentions du monde. Il ne s’agit pas, bien sûr, de prêter une quelconque responsabilité collective à des musulmans français, nos compatriotes, qui n’en peuvent mais. Il s’agit seulement de ne pas accepter des distinctions fallacieuses et des rhétoriques d’évitement. Dans le journal le Monde daté du 24 mars, un professeur de philosophie à Sophia Antipolis, Abdennour Bidar, écrit : « On dit d’un fanatisme de quelques-uns que c’est l’arbre qui cache la forêt d’un islam pacifique. Mais quel est l’état réel de la forêt dans laquelle un tel arbre peut prendre racine ? Une culture saine et une véritable éducation spirituelle auraient-elles pu accoucher d’un tel monstre ? » Mohamed Merah était un musulman de type salafiste. Il a établi sa conversion en lisant lui-même le Coran et lors de ses séjours fréquents en prison. La police soupçonne son grand frère Abdelkader de l’avoir formé et manipulé. Il était devenu un militant religieux et politique. Pas un monstre ni un fou.

    Le salafisme est la version de l’islam pratiquée en Arabie saoudite, grand allié des Etats-Unis et de l’Occident. Le mouvement salafiste a obtenu près de 20 % des voix aux élections en Egypte. Il est l’aiguillon islamiste en Tunisie, militant pour que la charia soit inscrite dans la Constitution, combattant dans la rue les laïcs.

    Le salafisme se répand dans nos banlieues comme une traînée de poudre, supplantant l’islam malékite prédominant dans le Maghreb, qui privilégiait les vertus viriles de l’honneur et de la piété filiale. On sacralise le Coran, texte sacré, décontextualisé qui s’appliquerait parfaitement à notre temps. Coran, prophète, charia, halal, tout est sacralisé. Tout est absolutisé. Les salafistes s’habillent comme le prophète, veulent vivre comme au VIIe siècle.

    Nos bons esprits aiment à distinguer entre islam et islamisme. Entre la pratique individuelle des musulmans et la récupération politique par des groupuscules dangereux. Avec la victoire des islamistes aux élections, dans tous les pays libérés par le « printemps arabe », les mêmes ont dû faire assaut d’inventivité sémantique : il y a désormais les musulmans modérés et les islamistes radicaux. Mohamed Merah est donc un islamiste radical.

    Cette subtile casuistique fait fi de la réalité historique de l’islam. Comme toutes les religions, l’islam est éminemment politique. Il légitime le pouvoir comme le catholicisme consacrait le roi de France. Mais, contrairement à l’Eglise, l’islam ne connaît pas de conflit entre le pape et l’empereur, de distinction entre le sacré et le profane. Selon Marcel Gauchet, dans son livre le Désenchantement du monde, le christianisme était prédisposé à cette séparation laïque, car il était la religion de la sortie de la religion. Au contraire, l’islam est le retour à la rigueur dogmatique du judaïsme après la grande subversion du christianisme, de l’incarnation et de l’amour. L’islam est un retour au pur monothéisme et à l’orthopraxie juive.

    L’islam n’a pas non plus connu la révolution des Lumières, qui a contraint, après plus d’un siècle de combats, à limiter la religion à l’espace privé. Le retour à l’islam travaille les populations arabes. Une rivalité féroce s’exerce entre les deux pôles sunnite et chiite, Arabie saoudite et Iran, pour la domination du monde musulman. C’est une surenchère permanente à qui sera le meilleur musulman, le plus pur, le plus dur aux infidèles.

    L’islam, comme le christianisme, a toujours été un universalisme. Une religion prosélyte qui se considère comme l’ultime révélation monothéiste. Et donc le dernier mot de Dieu. L’oumma est la communauté des croyants. Elle donne une identité musulmane à ceux qui ne se reconnaissent pas une identité nationale. Pas étonnant que Mohamed Merah, citoyen français, enfant d’une famille algérienne, ni français ni algérien, ait trouvé un moule identitaire dans l’islam.

    L’islam est un communisme avec Dieu. A la fois idéal de justice et d’égalité, mais aussi contrôle sourcilleux de la vie de chacun. Un des plus grands spécialistes de l’islam, Maxime Rodinson, interrogé un jour sur la signification de l’oumma, répondit par cette boutade : « l’oumma ? C’est l’Huma ! »

    Bien sûr, Mohamed Merah ne résume pas à lui seul le destin d’une immigration arabo-africaine depuis quarante ans. Il en constitue l’exception, ou plutôt la pente caricaturale. Son destin tragique met cependant en évidence les liens entre immigration et délinquance ; entre délinquance, terrorisme et islam. Des liens que le politiquement correct nous a longtemps interdit même de dénoncer. La faiblesse inconsciente d’une politique d’immigration sans contrôle. Les limites d’un droit du sol qui fait de citoyens français des ennemis fanatisés de leur pays. Les faiblesses d’une politique de la ville qui arrose des associations sans aucun contrôle.

    Selon les spécialistes comme Gilles Kepel, on assiste à la « halalisation » de territoires entiers de la République, quand une population massivement homogène instaure un mode de vie qui va au-delà de l’abattage des bêtes, mais concerne aussi le mariage, la famille, les relations entre hommes et femmes, etc.

    La délinquance aura permis de faire fuir les Français d’origine ou les descendants lointains de l’immigration européenne. Ce qu’un écrivain comme Renaud Camus appelle le « grand remplacement ». Les Mohamed Merah sont rares, mais réussissent – comme l’enseignent les salafistes – à semer la terreur parmi les mécréants. La démographie fera le reste. Et le retour à l’islam rigoriste donnera une couleur idéologique à la pression démographique. Des départements entiers comme la Seine-Saint-Denis deviendraient alors des sortes de La Rochelle au temps des protestants, où des hommes armés faisaient régner un ordre luthérien et pourchassaient les catholiques. Jusqu’à ce que le cardinal Richelieu entreprenne le siège de la place forte protestante. C’est à cette époque que Blaise Pascal disait : « Qui fait l’ange fait la bête. »

    Eric Zemmour (Le Spectacle du Monde, avril 2012)

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