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Points de vue - Page 181

  • Dr. Emmanuel et M. Macron : chronique d'une imposture écologique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Joachim Imad cueilli sur Figaro Vox et consacré à la politique d'Emmanuel en matière d'écologie. l'auteur est vice président de l'association Critique de la Raison européenne.

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    Dr. Emmanuel et M. Macron : chronique d'une imposture écologique

    Avec l'ouverture ce mardi à Paris du sommet pour le climat, Emmanuel Macron réaffirme son ambition de faire de la France un acteur décisif sur la question écologique. Ce projet trouve ses racines dans son intention consistant à «Make our planet great again», exprimé habilement suite au retrait du président américain Donald Trump de l'Accord de Paris. Si nous ne pouvons que déplorer la décision de ce dernier, il importe tout de même d'admettre que malgré sa puissance symbolique indéniable, l'Accord de Paris demeure largement insuffisant pour espérer endiguer le processus de destruction de notre planète. Cette destruction menace l'Homme lui-même et des experts estiment que près de 200 millions de personnes seront considérées comme des déplacés environnementaux, mais l'indifférence sur ce sujet semble généralisée. Brandir l'étendard du bien en se posant comme le défenseur de l'Accord de Paris comme le fait Emmanuel Macron est moralement coupable en plus d'être concrètement inefficace. Une telle posture vise certainement à nous aveugler sur ses incohérences en matière écologique. Il est en effet légitime de craindre que la sensibilité écologique revendiquée d'Emmanuel Macron, relativement nouvelle et probablement opportuniste, ne finisse par se heurter à son adhésion sans faille à l'Union européenne et à la mondialisation néolibérale. Emmanuel Macron n'échoue jamais à afficher son européisme béat comme nous l'avait montrée la cérémonie de célébration de sa victoire à la présidentielle, placée sous les auspices de l'hymne à la joie. Pourtant, l'Union européenne telle qu'elle est construite et pensée idéologiquement est incompatible avec tous les engagements qu'il conviendrait de prendre pour défendre un programme résolument écologique et capable de sauver notre «maison commune».

    L'Union européenne est tout d'abord anti-écologique de par son ADN authentiquement libéral. L'Acte Unique de 1986, qui sanctifie la libre-circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes, représente la quintessence de cette vision du monde, tout comme l'ensemble des traités qui l'ont suivi et n'ont en rien abdiqué cette croyance folle aux vertus de la circulation sans limites.

    L'Union européenne acte le refus d'un modèle de société fondé sur la réhabilitation du local et des circuits courts, pourtant davantage respectueux des savoir-faire des producteurs et dont le rôle est salvateur pour nos terroirs comme pour l'environnement. L'UE soutient même une philosophie fondamentalement antithétique à l'écologie en ceci que ses règlements et les traités de libre-échange qu'elle promeut, à l'instar du CETA qui est déjà appliqué sans pourtant avoir été ratifié par la France, imposent une distance toujours plus accrue entre le producteur et le consommateur et promeuvent des modèles de production allant toujours plus loin en matière d'élevage intensif.

    La construction de la ferme-usine des 1000 vaches en Picardie était déjà suffisamment inquiétante, mais plus rien ne semble en mesure de s'opposer à la marche néo-libérale de l'Europe lorsque l'on découvre l'existence d'une ferme industrielle aux 2000 vaches à Kemberg en Allemagne. Une telle course au gigantisme, qui consacre par ailleurs notre droit à traiter l'animal comme un produit à l'usage des besoins humains et à le soumettre à l'inquiétante ivresse de notre toute-puissance, est évidemment encouragée par les traités de libre-échange qui poussent au nivellement par le bas des normes mais aussi par la logique de la PAC. L'attribution des aides de la PAC dépend en effet du nombre d'hectares et pousse donc inexorablement les exploitants agricoles à agrandir leurs fermes. Cela va évidemment de pair avec le développement de modes de production qui contaminent l'environnement, notamment en raison de l'emploi d'engrais et pesticides très concentrés et nocifs. L'agriculture fait figure d'exemple parmi tant d'autres des erreurs funestes de l'Union européenne en matière d'écologie, mais c'est bien la logique de libre-échange qui lui est inhérente qui constitue le fond du problème. Emmanuel Macron ne compte aucunement revenir sur ce postulat fondateur des traités européens. Pire encore, il y souscrit.

    Le deuxième problème majeur que pose l'Union européenne à tout écologiste convaincu réside dans le poids pris par les lobbies dans ses institutions et dans ses cercles de décisions. Comme l'a brillamment montré la juriste Anne-Marie Le Pourhiet, la Commission européenne est ainsi courtisée par des lobbies de grandes entreprises qui manœuvrent dans l'ombre afin de défendre des intérêts privés, par essence, contraires à l'intérêt général, et particulièrement à l'intérêt de la planète.

    Les débats sur l'interdiction du glyphosate, un herbicide particulièrement controversé, ont constitué une démonstration probante de la tyrannie des lobbies à Bruxelles. Nous savons à présent que l'agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) a copié-collé, dans son rapport sur le glyphosate, plus d'une centaine de pages émanant d'un document produit directement par Monsanto, une entreprise américaine qui utilise du glyphosate pour produire son produit phare, le Roundup.

    Cependant, le refus de voir le réel semble être la chose la mieux partagée au monde par les dirigeants européens. Quiconque s'interroge sur la prégnance des lobbies dans l'Union européenne ou encore sur l'existence de conflits d'intérêts, qui conduisent souvent à sacrifier les intérêts de la planète par ailleurs, est immédiatement voué aux gémonies au nom de l'accusation de complotisme. Emmanuel Macron, s'il était sincèrement animé de la sensibilité écologique qu'il prétend porter, dénoncerait le poids des lobbies à Bruxelles. Il ne le fera pas, pas plus qu'il ne le fait à l'échelle nationale. Cela n'est évidemment pas une surprise lorsque l'on connaît le poids des intérêts privés et des grandes fortunes dans sa campagne, mais n'en reste pas moins grave pour autant. Entre l'Union européenne et sa promesse d'interdire le glyphosate en France d'ici trois ans, Emmanuel Macron choisira certainement la première pour ne pas risquer toute querelle avec les commissaires européens.

    Au-delà des pudeurs, voire de la servitude, d'Emmanuel Macron sur la question européenne, on peut regretter que son entourage soit traversé par des contradictions irréconciliables. La nomination au ministère de l'écologie de Nicolas Hulot aurait pu être de bon augure, mais la ligne qu'il incarne semble de plus en plus marginalisée, ce qui n'est pas surprenant lorsque l'on mesure l'étendue des différences qui l'opposent au Premier ministre Edouard Philippe, l'ancien directeur des affaires publiques d'Areva.

    Le projet du président français de prendre la tête du mouvement écologique au niveau mondial n'est rien d'autre qu'une façade idéologique, un excellent coup de communication, discipline dans laquelle Emmanuel Macron règne en maître. Son hypocrisie sur la question écologique est à l'image de sa gouvernance de la France, entièrement fondée sur l'ambivalence et l'ambiguïté, la volonté de satisfaire toutes les sensibilités intellectuelles, par la manipulation sémantique. Après avoir théorisé l'idée de souveraineté européenne sans demos européen, Macron nous vend l'écologie libre-échangiste comme nouvelle fin de l'histoire. Le monde décrit par George Orwell n'est jamais bien loin.

    Emmanuel Macron espère en effet s'appuyer sur des mesures techniciennes, sur les progrès de la science et sur le bon vouloir des entrepreneurs pour régler le drame écologique dont notre terre est le théâtre. Il refuse néanmoins d'interroger les idéologies et le rapport fou à la consommation qui encadrent la vie des habitants des sociétés occidentales. Il existe une contradiction fondamentale entre la philosophie libérale qui l'anime et l'écologie politique. Tandis que le libéralisme repose sur le refus de toute entrave au marché, au nom du dogme de la concurrence libre et non faussée, l'écologie est conservatrice par essence et nous invite à nous donner des limites. Or notre société se meurt précisément du fait qu'elle a oublié l'idée chère à Aristote de juste mesure et criminalise toute éthique de la transmission.

    L'urgence n'est plus au changement ou à la recherche effrénée de croissance, mais à la modestie et à l'acceptation de la finitude du monde et de l'homme lui-même. Une formule somptueuse d'André Thérive gagnerait à être méditée de tous, tant elle s'applique à l'écologie: «Ce que nous voulons poser par simple prudence, c'est le mécanisme du frein. La pente n'a pas besoin de défenseur.» Nous sommes cependant en droit de douter qu'Emmanuel Macron, comme la Commission européenne, qui se rejoignent dans une même soumission à l'hubris, sauront se montrer à la hauteur de l'histoire et tirer les leçons que l'urgence de la situation climatique rend pourtant indispensables.

    Joachim Imad (Figaro Vox, 15 décembre 2017)

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  • Trump : la fin du soft power U.S. ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son blog Huyghe.fr et consacré à la fin de la suprématie des Etats-Unis dans le domaine du soft power. Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information et directeur de recherches à l'IRIS, François Bernard Huyghe a publié récemment La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et, dernièrement, Daech : l'arme de la communication dévoilée (VA Press, 2017).

     

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    Trump : la fin du soft power U.S. ?

    Trump peut-il détruire le soft power américain ? Dans tous les cas, il suffit d’ouvrir un journal ou une télévision n’importe où dans le monde pour être au courant de sa provocation quotidienne, des manifestations ou des déclarations qui se déchaînent contre lui, des indignations qu’il suscite. Nixon au moment des bombardements du Vietnam ne provoquait pas plus de rejet, ou, pour employer un mot à la mode, n’était pas plus clivant. Et le contraste entre les mois Trump et les années Obama, dont le passage en France vient de montrer l’incroyable popularité hors frontières souligne le contraste.

    Bien entendu, que l’image d’un homme ou d’une politique repousse n’implique pas que l’on parle moins anglais à travers le monde, que l’on porte moins de Nike ou que l’on programme moins de blockbusters, ni même que nos mœurs politiques ou autres s’américanisent moins en profondeur comme le montre Régis Debray dans Civilisation. Mais, si l’on considère que le soft power comprend un volet d’attraction spontanée, celle d’un mode de vie, d’une culture, des goûts des populations(au sens du mainstream, de ce qui plaît à tout le monde, sur toute la planète) mais aussi une part de stratégie délibérée de séduction, de réseaux et de persuasion, le second volet fait singulièrement défaut.

    Au-delà du caractère d’un homme ou de l’image d’une politique, l’influence ne se réduit pas au fait d’être gentil ou de bien communiquer.
    Comme on le sait, le terme « soft power » a été « inventé », ou au moins popularisé, par Jospeh Nye dans un livre de 1990, Bound to Lead.

    L'émergence de ce concept-valise dans cette période s'inscrivait dans un contexte de soulagement (disparition de l’ennemi) et d'optimisme (la mondialisation heureuse). Il fait la synthèse d'une pluralité d'éléments :

    - l'assimilation des industries culturelles américaines à un modèle universel : l'irrésistible attirance du contenu "mainstream" prolonge la prédominance politique et économique de l'hyperpuissance

    - l'exemplarité du mode de vie US, que l'on cherche à imiter partout sur la planète, l'admiration pour une société ouverte et prospère

    - plus largement encore, la notion qu'une sorte de sens de l'histoire qui menait l'humanité à adopter un même modèle politique, économique et culturel, favorisé par la fin de la grande confrontation Est Ouest et par l'émergence des nouvelles technologies

    - le triomphe des valeurs occidentales confirmé par leur victoire contre le communisme

    - et la stratégie qui semblait en découler : chercher le plus possible à obtenir le consensus, l'alliance et le soutien de autres nations. Bref, ne pas se montrer autoritaire pour rester séduisant.

    Le tout repose sur deux éléments : l'absence de réelle compétition face à un modèle présumé triomphant, et la fin inéluctable de l'hostilité. Contrairement à la vision volontariste et agressive de la diplomatie publique antérieure (la lutte idéologique contre le communisme menée depuis les années 60 sous l’étiquette « diplomatie publique »), il ne s’agissait plus de gagner une compétition entre deux visions du monde ou de déstabiliser l'autre, mais d'assurer paisiblement une transition heureuse sur fond de pax americana. De ne pas contrarier un mouvement auquel tendent les lois de l'économie et de la technique (via la révolution de l'information ). Et d'attirer encore davantage vers ce que tous tendent naturellement à admirer.

    Le 11 septembre bouleversa tout. Autant que la révélation de sa fragilité, l'Amérique fut frappée par le retour du tragique et du conflit. La figure de l'Ennemi revient et avec elle le principe de compétition idéologique. Dans un réflexe presque pavlovien, l'une de premières réactions de l'administration Bush fut de recréer un sous secrétariat d'État à la Diplomatie Publique. Ses missions : répondre à l'angoissante question "Mais pourquoi nous haïssent-ils ?", rétablir l'image de l'Amérique en lançant de nouveaux médias arabophones cette fois (et, modernité oblige quelques sites Internet), mener une politique de séduction envers le monde arabe en séparant ceux avec qui l'Amérique a "des valeurs communes" de "ceux qui haïssent notre liberté et notre mode de vie". Plus tard, on s’essaiera au contre-discours et à la déradicalisation comme réponse psychologique à un problème géopolitique. On commencera aussi à pratiquer quelques interventions pour soutenir des mouvements politiques de type révolutions de couleurs qui devaient liquider les derniers autocrates de la planète, avec de l’argent, des médias et une formation à l’activisme non violent.

     Les schémas de guerre froide trouvent une nouvelle jeunesse dans une perspective de guerre au terrorisme (que l'administration Obama rebaptisera pudiquement "combat contre l'extrémisme violent"). Avec la même notion sous-jacente d'un malentendu : si les gens nous connaissaient vraiment, ils nous aimeraient. L'anti-américanisme est évoqué en termes de "misperception", comme si tout était affaire de mauvaise compréhension. Une bonne communication « basée sur les faits », qu’elle passe par des chaînes internationales ou par les réseaux sociaux (où va se déployer une diplomatie numérique) doivent y porter remède.

    Durant les années Obama, l’image du personnage - celle qui lui permet, par exemple, d’avoir été le président américain qui a fait le plus de guerres et le plus longtemps pendant ses mandats tout en ayant la réputation d’être l’archange de la paix - occulte bien des choses.

    D’abord la multiplicité des acteurs qui s’essaient au jeu du soft power. Les autres grandes Nations qui adoptent des stratégies d'image (on parle désormais de "Nation branding") et de communication. La prolifération des chaînes internationales d'information (y compris qatarie, saoudienne, vénézuelienne, russe...) en est un bon symptôme. La Chine, la Russie adoptent les mêmes méthodes : développement de médias internationaux, réseaux d’influence, protections de leur espace Internet et intervention sur celui des autres.

    Mais les États ne sont pas seuls à jouer le nouveau jeu : les lobbies internationaux, les mouvements d'idées, les ONG, les groupes activistes transnationaux, etc. sont aussi entrés en lice avec des moyens de dénonciation, d'inspiration, de mobilisation jusque là inconnus. Ils sont désormais à même d'imposer leur thématique, leurs débats, leurs exigences à des États courant souvent derrière l'évolution de l'opinion pour reprendre le contrôle de leur agenda et l'initiative politique. Même les mouvements terroristes (après tout le terrorisme, "propagande par le fait" est aussi un moyen d'influence) fonctionnent avec des moyens d'expression nouveaux que ce soit sur le Net ou à travers des médias classiques (voir le Hezbollah se dotant d'une chaîne de télévision par satellite).

    - Les réseaux numériques perturbent la donne. En interne, ils affaiblissent le contrôle des États : la critique venue de l'extérieur ou de l'intérieur, l’appel à la résistance et à l’action se développent avec le Web 1.0 puis 2.0. Tandis que dans le camp des démocraties, le discours officiel est contredit par le journalisme citoyen, la fuite ou le "whistle blowing" (de la circulation des images de sévices à Abou Graibh aux révélations à très grande échelle de Wikileaks). La tendance lourde d'Internet s'est exaspérée (une capacité de communiquer avec la planète entière à la portée de chacun, pourvu qu'il parvienne à mobiliser les réseaux de l'indexation, de la citation, de la recommandation etc, qui permettront à son message d'émerger et d'attirer l'attention de l'opinion en situation de surinformation). Du coup, ce qui enchantait l’Occident au moment du printemps arabe - l’État ne peut contrôler l’expression, les réseaux se jouent des frontières, l’information est produite par tout un chacun, émetteur et prescripteur à la fois - change de signe au moment de l’Ukraine et surtout de l’année de l’élection présidentielle US. C’est désormais la subversion 2.0 que l’on craint.

    Avec la propagande djihadiste, les États-Unis ont découvert la résistance de croyances « archaïques » face aux effets sophistiqués des machines à produire du consensus global. En clair le fondamentalisme islamique se renforce du spectacle de nos démocraties et de nos modes de vie. Et, surprise, voilà que se développent des courants populistes, des idéologies « illibérales », assumées à l’est de l’Europe, et que la Russie recommence à exercer attraction et influence hors de ses frontières.

    Le phénomène arroseur arrosé culmine en 2016 et 2017 quand l’appareil d’État américain se met à dénoncer la désinformation et les manipulations que subiraient les U.S.A. L’ingérence venue du froid est devenue une machine à expliquer la conduite des peuples qui votent mal (Brexit, Trump, Catalogne)... Moscou utiliserait conjointement les réseaux humains (sa cinquième colonne) et les réseaux virtuels pour répandre théories conspirationnistes et fake news. Pire, les Russes attaquent sur tous les fronts (cela s’appelle la guerre hybride) : interventions militaires et soutiens à des gouvernements ou mouvements armés, propagande par des médias internationaux (Russia Today et Radio Spoutnik), trolls et pirates en ligne, intrusions dans les ordinateurs du Parti démocrate ou de Macron pour faire fuiter des informations compromettantes, alimentation des réseaux de fausses nouvelles...

    Que Trump se fiche du soft power, c’est une évidence. Il s’adresse bizarrement à son électorat, à des gens qui hurlent de joie chaque fois qu’il choque les médias et les élites, des gens qui l’ont, après tout, élu sur un programme isolationniste. Mais derrière Trump cause, il y a Trump symptôme. Celui d’une Amérique qui avait déjà perdu le monopole des moyens et de l’ambition de séduire la planète. Idéologiquement, en tout cas.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 6 décembre 2017)

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  • Vers le krach ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Marc Rousset, économiste et ancien dirigeant d'entreprise, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la menace grandissante d'un krach boursier de grande ampleur... Marc Rousset a notamment publié La nouvelle Europe - Paris-Berlin-Moscou (Godefroy de Bouillon, 2009) et Adieu l'Argent-roi ! (Godefroy de Bouillon, 2016).

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    L’année 2018 sent plus l’apocalypse à venir qu’un simple krach

    Le centriste Macron ne fait rien en matière régalienne (immigration, sécurité) et rêve en matière économique, ne pensant qu’Europe et jeunes pousses. Alors que certains s’effraient d’un cataclysme économique à venir, Macron, comme sœur Anne, ne voit absolument rien venir.

    Et pourtant, les faits sont là. Nous aurons au minimum un krach style 1929. Les Bourses et le bitcoin montent dans le monde entier mais vont bientôt s’effondrer. L’indice de Shiller, qui indique la surchauffe des marchés, est actuellement à plus de 31, alors qu’il était pourtant inférieur à 30 en 1929 et qu’il ne doit jamais dépasser ce chiffre. Cet indice, mis en place par le professeur à Yale et prix Nobel d’économie Robert Shiller, consiste tout simplement à diviser le cours de Bourse par le bénéfice par action, mais en ajustant techniquement les données.

    Cette fois-ci, ce sera plus grave qu’en 1929 et qu’en 2008, où l’on a soigné un patient drogué perclus de dettes en augmentant sa dose. Parler de la Grèce, de la dette publique américaine de 20.000 milliards de dollars, de la dette française de 2.000 milliards d’euros est d’un classicisme ringard dépassé. Il faut, en réalité, parler de la dette mondiale totale publique et privée, qui a doublé depuis 2006 pour atteindre 230.000 milliards de dollars. Mais à ce chiffre, il convient d’ajouter les engagements hors bilan des gouvernements et des agents économiques, soit 250.000 milliards de dollars. Et il faut enfin ajouter le volume des produits bancaires et boursiers dérivés, soit 1.500.000 milliards de dollars. La somme totale astronomique de la dette mondiale est donc de deux millions de milliards de dollars, soit ce que les Anglo-Saxons appellent deux quadrillions de dollars !

    Les banquiers prétendent benoîtement qu’il ne faut pas raisonner en valeur absolue du montant des contrats passés pour les produits dérivés et qu’il faut seulement s’intéresser au montant net des transactions, mais encore faut-il que les contreparties puissent répondre à leurs obligations contractuelles. Kerviel, à lui tout seul, a bien failli faire sauter la Société générale !

    Avec Trump, la dette publique américaine va continuer à croître sur la lancée d’Obama. Le Bureau central du budget américain estime la dette publique américaine à environ 40.000 milliards de dollars en 2024, soit le double de la dette actuelle. Il n’est pas possible que les choses restent en l’état et que les taux actuels d’environ 1,25 %, compte tenu des risques démentiels encourus, ne retrouvent pas bientôt les sommets de 19 % des années 1981.

    Lorsqu’on prend conscience, enfin, à quelle vitesse et d’une façon subite s’est détériorée la situation en Allemagne à partir de janvier 1922, il faut se méfier de l’eau qui dort ! Une once d’or coûtait 3.976 marks en janvier 1922 et 87.000 milliards de marks le 30 novembre 1923.

    Un autre facteur géopolitique, bien plus préoccupant que la Corée du Nord, est le coup d’État réalisé par le prince héritier Mohammed ben Salmane en Arabie saoudite. Les États-Unis, suite à leur défaite en Syrie, sont en train de perdre la main au Moyen-Orient et lorsqu’on a beaucoup d’ennemis des princes du sang, un assassinat est toujours possible dans ces pays. Il suffirait également que l’Arabie saoudite passe au « pétro-yuan » pour que le dollar, dont la domination repose sur le pétrodollar, s’écroule !

    De plus, toutes ces émissions de crypto-monnaies (bitcoin, ethereum), avec l’augmentation vertigineuse des cours, sentent le soufre et l’écroulement d’un système à la Ponzi qui pourrait déclencher le début de l’apocalypse ! Joseph Kennedy, le père du président John Fitgerald Kennedy, fit sa fortune en vendant en 1929 avant tout le monde car, disait-il, « quand votre cireur de chaussures vous parle d’actions, il est temps de vendre ».

    Marc Rousset (Boulevard Voltaire, 14 décembre 2017)

     

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  • Qui est Johnny et qui ne l'est pas ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 12 décembre 2017 et consacrée aux obsèques de Johnny Hallyday. Une excellente analyse...

     

                                    

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  • La nouvelle guerre civile...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli dans le n°106 d'Antipresse, lettre d'information de Slobodan Despot, dont la nouvelle formule sera disponible en début d'année 2018. L'auteur évoque une Europe en passe de devenir une terre de confrontation entre deux idéologies totalitaires, l'islamisme et le féminisme...

    Auteur d'un essai essentiel, L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015), Eric Werner vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

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    La nouvelle guerre civile

    On assiste à l’heure actuelle au déferlement d’une marée féministe, mais en face il y a la marée islamiste. D’une certaine manière, le féminisme et l’islamisme sont les deux grandes idéologies de notre temps. Il en existe d’autres, assurément, mais leur importance est comparativement moindre.

    Il y a une trentaine d’années, l’historien allemand Ernst Nolte avait écrit un ouvrage intitulé: La guerre civile européenne, 1917–1945: national-socialisme et bolchevisme[1]. On serait tenté aujourd’hui d’écrire: islamisme et féminisme, la nouvelle guerre civile européenne.

    Islamistes et féministes mènent parfois des combats communs. L’ennemi de mon ennemi est mon ami. Voyez ainsi l’attitude de certaines féministes sur la question du voile intégral. La haine de l’ancien monde l’emporte ici sur certaines peurs: peurs, objectivement parlant, pourtant, bien fondées (il est permis au moins de le penser). La dénonciation du sexisme par les féministes est à géométrie variable. On l’a bien vu encore lors des émeutes sexuelles de Cologne en 2015.

    Pour autant, ces deux idéologies n’en sont pas moins fondamentalement antagonistes.

    Il n’est pas inutile à cet égard de revenir sur l’affaire Ramadan. Cette affaire est emblématique à plus d’un titre. Elle montre, en particulier, quelque chose d’important, à savoir que la seule force aujourd’hui capable d’équilibrer l’islamisme en Europe occidentale, autrement dit de le tenir en échec, est le féminisme. Ailleurs (en Russie, en Inde, au Moyen-Orient même, etc.), il en va peut-être autrement. Mais on ne parle pas de ce qui se passe ailleurs. On parle de ce qui se passe en Europe occidentale. S’il n’y avait pas aujourd’hui le féminisme, si le féminisme n’existait pas, l’islamisme, à coup sûr, aurait probablement aujourd’hui partie gagnée dans nos pays. Il y régnerait d’ores et déjà en maître. Car, à part le féminisme, qu’est-ce qui lui fait encore obstacle: les anciennes Églises chrétiennes désormais converties à l’islamophilie? Il est assez manifeste que non. L’État laïc et républicain? Le dernier roman de Houellebecq, Soumission, décrit bien la mécanique inexorable d’assujettissement progressif dudit État à l’islamisme. Mais il y a le féminisme.

    Jusqu’ici, Ramadan volait de succès en succès. Toutes les portes lui étaient ouvertes (médias, universités, etc.). Il pouvait tout dire, tout se permettre. Ce grand islamologue, disait-on. Sauf que, pour une fois, il s’est cassé les dents. A force de fréquenter l’ancien monde, il s’était mis en tête que les choses iraient désormais très vite. L’ancien monde? Une pomme pourrie. Mais il avait oublié le féminisme. Là, pour une fois, Ramadan a trouvé à qui parler. Un adversaire à sa mesure, en quelque sorte.

    On ne se fait pas trop de souci pour Ramadan lui-même. Tôt ou tard il rebondira. Il n’est même pas sûr qu’il passe par la case prison. Salafisée (ou qatarisée) comme elle l’est aujourd’hui, jamais la France officielle n’osera l’envoyer derrière les barreaux. Ou ce serait très surprenant. Mais ce qui vient de se passer n’en laissera pas moins des traces. Ce n’est pas impunément qu’on se heurte aujourd’hui au féminisme. C’est une idéologie puissante. L’islamisme aussi, bien sûr. Mais justement l’islamisme trouve ici sa limite.

    En théorie, le féminisme se bat pour l’égalité entre les sexes. Il est bien connu depuis Tocqueville (De la Démocratie en Amérique) que lorsque des groupes, quels qu’ils soient, en viennent à se mobiliser pour l’égalité (sociale, raciale, etc.), l’égalité est d’ores et déjà une réalité. Les groupes en question sont toujours en retard en ce domaine: en retard sur l’évolution objective. Il subsiste, certes, aujourd’hui encore, certaines inégalités entre les sexes. Mais souvent au détriment des hommes. En Suisse, par exemple, les hommes sont astreints au service militaire, et non les femmes. C’est un lourd handicap pour les jeunes hommes, en particulier ceux poursuivant des études universitaires. En Suisse toujours, l’âge de la retraite est plus bas pour les femmes qu’il ne l’est pour les hommes, alors même que l’espérance de vie des premières est plus élevée que celle des seconds. En contre-partie, il est vrai, les salaires des femmes sont souvent moins élevés que ceux des hommes. Le principe, à travail égal salaire égal, n’est pas toujours respecté. Etc.

    Laissons cela. Le véritable objet du combat féministe n’est pas l’égalité entre les sexes (même s’il en est souvent question). Il est, ce qui est différent, de changer la nature humaine. On veut créer un homme nouveau (au féminin comme au masculin). C’est ce que résume l’idéologie du genre. En ce sens, le féminisme rejoint le marxisme-léninisme. Car changer la nature humaine, c’est aussi ce que voulaient Marx, Lénine, Staline. Le genre s’enseigne aujourd’hui dans les écoles et les universités d’Europe occidentale comme, autrefois, le diamat [2] dans les universités de Russie et d’Europe orientale. C’est notre petit diamat à nous.

    Le féminisme est aujourd’hui ce qui fait barrage à l’islamisme. On lui en saurait évidemment gré s’il n’était lui-même, comme on le constate de plus en plus, porteur de risques graves en termes d’atteintes à l’État de droit et aux libertés personnelles. L’hystérie qui caractérise les campagnes actuelles contre le «harcèlement», les surenchères qui l’accompagnent (pogroms à répétition, lois «attrape-tout», etc.), en témoignent assez. La charia d’un côté, l’idéologie du genre de l’autre. Se résignera-t-on indéfiniment à ne pouvoir combattre une espèce donnée de totalitarisme que par une autre ?

    Eric Werner (Antipresse n°106, 10 décembre 2017)

     NOTES

    1. Trad. fr. Éditions des Syrtes, 2000 (rééd. Librairie Académique Perrin, 2011.)
    2. Diamat = matérialisme dialectique. Le mot désignait le corpus idéologique stalinien.
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  • Notre monde va-t-il s'effondrer ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un résumé percutant et profondément pessimiste des principales thèses de la collapsologie, qui est l'étude des perspectives d'effondrement de notre civilisation.

    Pour aller plus loin sur le sujet, on pourra utilement se référer à Comment tout peut s'effondrer - Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes (Seuil, 2015) de Pablo Servigne et Raphaël Stevens. Et si l'on veut avoir une idée réaliste de la résilience dans un contexte d'effondrement, on consultera avec profit Survivre à l'effondrement économique (Le Retour aux sources, 2011), de Piero San Giorgio.

     

                                        

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