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Points de vue - Page 182

  • Les funérailles de la France blanche...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque les funérailles de Jean d'Ormesson et de Johnny Hallyday. On pouvait s'en douter, il n'a pas vraiment aimé...

    Auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), Richard Millet a publié cet automne aux éditions Léo Scheer un roman intitulé La nouvelle Dolorès.

     

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    Les funérailles de la France blanche

    Qu’on ne se leurre pas : enterrés en grandes pompes avec la bénédiction de l’État français, le comte d’Ormesson et le chanteur populaire Hallyday ont toujours été morts. Ils ne représentaient rien d’autre que la mort française, la France étant morte, on le sait, depuis un demi-siècle, Mai 1968 n’ayant rien été d’autre que l’ultime contrecoup de la débâcle de 1940, et l’immigration de masse l’accomplissement voulu par le capitalisme mondialisé.

    L’unanimité nationale, pompeuse, grotesque, hypocrite qui s’est constituée autour de ces deux personnages est donc la version française du nihilisme contemporain. Certains ont trouvé bon d’évoquer la mort de Cocteau, éclipsée par celle de Piaf, en 1963. Cocteau et Piaf sont encore perçus, à l’étranger, et à des degrés différents, comme des représentants de l’esprit français, lequel n’existe plus depuis longtemps. D’Ormesson et Hallyday sont, eux, inconnus hors de l’hexagone : ils ne sont que des parodies, le premier d’une littérature qui s’est réfugiée dans le simulacre, l’autocensure, la police de la pensée, la falsification, et dont le comte d’Ormesson était la version aimable ; le deuxième n’étant que l’« Elvis français », c’est-à-dire rien : l’ersatz local de cet instrument de domination planétaire qu’est la sous-culture yankee, et qui rappelle que la liberté n’est en vérité que jouissance de la condition d’esclave.

    Des « héros », d’Ormesson et Hallyday ? On a ceux qu’on peut, et les « icônes » sont bel et bien des effigies du Démon. Les hommes qu’on a enterrés avec la bénédiction du chef de l’État et de la clique médiatico-littéraire sont, j’y reviens, des symboles de la mort française : la bourgeoisie déculturée se regrette elle-même dans cet homme de lettres certes sympathique mais littérairement sans intérêt, quoiqu’il fût entré dans cette espace de symbolisation culturelle qu’est la Pléiade (comme, avant lui, ces vermicules littéraires que sont le dialoguiste Prévert et l’histrion Boris Vian), tandis que l’autre, « Johnny », non moins sympathique, est pleuré comme un « Dieu » par le « peuple » français, ou par ce qu’il en reste – nul immigré ni descendant d’immigré ne se trouvant à ses funérailles, de la même façon que ces mêmes post-Français ignorent l’existence du comte d’Ormesson, la France américanisée, aliénée, abrutie de rock, de moto, de cannabis et d’athéisme enterrant aussi, en sous-main, un des ultimes représentants de la « vieille France » – la bourgeoisie et le « peuple » devenus l’une et l’autre des zombis sur un territoire qui n’est plus qu’une dépendance de  l’Union européenne.

    Situé entre le royaume islamique de Belgique et celui, anciennement très catholique, d’Espagne, entre l’Allemagne toujours plus luthérienne et une Italie quasi mafieuse, la France est ravagée par la déchristianisation, l’inculture, la médiocrité, le communautarisme, le séparatisme provincial qui s’ajoute à sa provincialisation post-culturelle : elle n’entretient plus que sa propre caricature sous la forme d’écrivains et de chanteurs insignifiants, ou de produits dérivés tels que le très idéologique Louvre d’Abou Dhabi, qui n’est qu’un Disneyland post-culturel aux mains du pouvoir sunnite.

    Ce pays qui ne fait plus que commémorer et enterrer – mais qui a ignoré la mort d’Henri Dutilleux et à peine commenté celle de Pierre Boulez – bannit en revanche les esprits qui continuent à dénoncer le devenir parodique de la culture dans la redéfinition perverse de la « personne humaine », au sein d’un présent où s’agitent des collabos du néant : écrivains et journalistes aussi vulgaires que les « bikers » qui ont descendu les Champs-Elysées, cette prétendue « plus belle avenue du monde » où ils ont défilé, drapeaux américains sur la selle, sous l’œil ému des « Français » qui se croyaient à l’enterrement de Victor Hugo – le pouvoir culturel ayant délivré le message selon lequel culture est désormais passée de Hugo à d’Ormesson, comme de Piaf à Hallyday, avant d’« acter » que les chanteurs chantent maintenant directement en anglais, tandis que le marquis du Clézio, la parolière post-féminine Ernie et le chansonnier Ben Jelloon écrivent dans un sous-français automatiquement traduit « vers » l’anglais par une plateforme de traduction située au Bengladesh.

    Le même soir, je suis descendu dans un des rares endroits où s’est réfugié le réel : le RER – ce réseau électif de la réalité. On y est confronté à l’abomination sociale, morale, ethnique, écologique. Cette nuit-là, à la station Gare-de-Lyon, je me tenais le plus loin possible des humanoïdes qui attendaient le train – tout près d’un haut chariot chargé de poubelles transparentes (car même les « sacs poubelles » doivent être transparents, voire « démocratiques »). J’en admirais le contenu comme on peut le faire d’une « pièce » d’art contemporain : gobelets, emballages de sucreries et de kebabs, journaux gratuits, paquets de cigarettes vides, gants perdus, mouchoirs en papier – mais pas de bébé mort). Le balayeur africain me regardait en souriant : « En Afrique, ces déchets vaudraient de l’or », m’a-t-il dit, en un français bien meilleur que celui de deux pouffes blanches dont j’avais fui jusqu’à la voix. « Oui, c’est le monde à l’envers ; ou c’est le nouvel ordre du monde », ai-je répondu avant qu’il n’aille chercher d’autres poubelles, me laissant devant ces déchets somme toute plus estimables que mes contemporains.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 10 décembre 2017)

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  • Vers la submersion ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Jean-Yves Le Gallou, cueilli sur Polémia et consacré à l'actualité des questions migratoires, presque deux après la parution de son ouvrage Immigration, la catastrophe- Que faire ? (Via Romana, 2016).

     

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    Nous serons submergés par un islam conquérant et des Africains prolifiques, sauf si…

    Riposte laïque : 18 mois après la publication d’Immigration : la catastrophe. Que faire ? comment jugez-vous l’évolution de la situation ?

    Jean-Yves Le Gallou : Le torrent migratoire s’accélère. Le nombre de titres de séjour distribués en 2016 s’est établi à 227.923 : en augmentation de 5% par rapport à 2015.

    Dans le même temps 85.696 étrangers ont déposé une demande au titre du droit d’asile : en augmentation de 7% par rapport à 2015, 40% par rapport à 2013 et 120% par rapport à 2007. Bien sûr les 3/4 ou les 4/5 de ces demandeurs seront déboutés mais le plus grand nombre de ces déboutés resteront comme clandestins dans l’espoir d’être régularisés.

    A-t-on une idée du nombre de clandestins ?

    Je ne me hasarderai pas à une estimation… par crainte de sous-estimation ! Simplement les bénéficiaires de l’Aide médicale d’État étaient 300.000 en 2016 : en augmentation de 49% depuis 2011… Or l’immense majorité des clandestins sont des jeunes hommes qui ne doivent pas avoir souvent besoin de consultations médicales…

    On a l’impression qu’il n’y a plus du tout de frontières.

    C’est le ressenti des dirigeants et des fonctionnaires de la police aux frontières. On ne contrôle plus les entrées… et on n’expulse plus personne ou quasiment plus personne.

    Toutes causes confondues, le ministère de l’Intérieur prétend avoir expulsé 12.961 clandestins en 2016, un chiffre en baisse de 15% par rapport à 2014. Encore est-il doublement bidonné : il prend en compte les rares sorties volontaires ; lorsqu’un clandestin qui s’apprête à quitter (volontairement) la France est détecté et à la frontière il se voit notifier un OQTF (Obligation de quitter le territoire français) : cela ne sert à rien, puisque c’est précisément ce qu’il est en train de faire, mais cela gonfle les statistiques de réussite de la procédure !

    Par ailleurs, s’agissant des retours vraiment forcés, le gouvernement a menti au Sénat. Il a donné le chiffre de 6.166. Mais la Commission européenne qui rembourse les frais correspondants dans le cadre du FAMI (Fonds asile migration et intégration) n’a reçu que 2.429 dossiers. Bref, une arnaque statistique de 250% !

    Le gouvernement veut-il vraiment arrêter l’immigration clandestine ?

    Non ! Macron fait des simagrées expliquant devant les caméras à une clandestine marocaine voilée : « Madame, il faudra repartir ». Mais il fera jour demain… Et dans la vraie vie les crédits budgétaires 2018 consacrés à la lutte contre l’immigration diminuent de 7%, alors que le reste des crédits de la mission « Asile, intégration, immigration » augmente de 12% : 85 millions (en baisse) contre l’immigration clandestine, 1,2 milliard (en hausse) pour « l’accueil ».

    On a le sentiment d’une vraie préférence étrangère ?

    C’est hélas vraiment le cas ! J’ai déjà cité un exemple : accueil, les crédits augmentent ; refoulement des clandestins, les crédits baissent. Pas besoin d’un dessin pour comprendre !

    Mais voici d’autres exemples.

    Si vous avez un enfant, il doit subir, nolens volens, 11 vaccins sinon il ne pourra pas être scolarisé ; mais les clandestins, eux, ne sont pas vaccinés ; et les immigrés réguliers non plus, d’ailleurs, ce que déplore le rapport sénatorial. Le nombre des visites médicales passées à l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration) s’est effondré en moins de trois ans, passant de 210.000 à 50.000, au moment même où l’épidémie de tuberculose revient. Ces gens-là sont des criminels.

    Dans le top 10 des associations les plus subventionnées par l’État, cinq se consacrent exclusivement ou principalement à l’immigration, dont France Terre d’Asile à hauteur de 40 millions d’euros.

    Le plus ahurissant est le 6e considérant de la décision du Tribunal administratif de Paris du 25 novembre 2017 retenant comme motif important pour interdire la manifestation de Génération identitaire contre l’islamisation l’existence d’un grand nombre de manifestations à Paris dont : des rassemblements de la mouvance panafricaine, de la Brigade Anti-négrophobie, de collectifs et associations, telles que le Collectif représentatif des associations noires (CRAN), l’association Unies et solidaires pour l’Afrique et sa renaissance (AUSAR), le collectif Black Lives Matter France, le Parti des indigènes de la République (PIR) ainsi qu’une manifestation de ressortissants togolais. Or, toutes ces manifestations, qui avaient été déclarées plus tard à la préfecture de police que celle de Génération identitaire (déclarée le 25 octobre, un mois avant !), se sont vu accorder une véritable priorité. De même le pouvoir a toléré tous les vendredis pendant 8 mois l’occupation de la Place de la mairie de Clichy par des musulmans prétendument en prière. Successeur de Maurice Papon, le préfet de police Michel Delpuech applique la préférence étrangère dans le droit de manifester.

    Et la politique agricole commune prévoit des crédits nouveaux pour implanter les « migrants » dans les campagnes.

    L’immigration c’est la faute à l’UE alors ?

    Non, c’est une vision aussi simpliste que fausse.

    Certes, l’Union européenne met en œuvre, tout comme l’État français et les principaux États européens de l’Ouest, une politique mondialiste et immigrationniste. Ceci étant, expliquer comme l’a fait Philippot, et Marine Le Pen lorsqu’elle était à sa remorque, qu’il suffirait de sortir de l’Union européenne pour maîtriser l’immigration est un mensonge absolu. Il s’agit d’un détournement de la lutte contre l’immigration en lutte contre l’UE, en refusant de voir les vrais problèmes de l’immigration et en évitant les sujets qui fâchent les médias. Bref, un discours qui a mélangé cynisme et lâcheté, paresse et ignorance.

    Quelques faits, quelques chiffres :

    – En 2016, en France, 88.510 entrées au titre du regroupement familial imposé depuis 1979 par une décision du Conseil d’État surinterprétant la Convention internationale des droits de l’enfant. Ce n’est pas davantage l’UE.

    – En 2016, en France, 73.324 entrées au titre de l’immigration des étudiants… alors même qu’il n’y a pas assez de places dans les universités pour les Français, d’où les procédures de tirage au sort. Ce n’est pas non plus l’UE.

    – En 2016, en France, 85.696 demandes d’asile en application de la Convention de Genève surinterprétée de manière laxiste par les juges. Ce n’est toujours pas l’UE.

    – En 2016, en France, à peine plus de 2.500 retours forcés de clandestins par application laxiste d’une législation française complexe par des juges –administratifs et judiciaires – surinterprétant la Convention européenne des droits de l’homme. Ce n’est pas non plus l’UE.

    – Ce n’est pas davantage l’UE qui impose au gouvernement des naturalisations indues d’étrangers (tels que parasites vivant uniquement de l’aide sociale ou candidats au titre de Français ayant déchiré la charte de citoyenneté), c’est le Conseil d’État.

    – On pourrait aussi parler de la nouvelle filière d’immigration clandestine : de grands gaillards africains qui se déclarent « mineurs », généralement sans l’être, et qui sont alors pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, ce qui coûte 50.000 euros par an et par tête aux départements. Ce n’est pas davantage l’UE mais un détournement de la Convention internationale des droits de l’enfant.

    Vous le voyez, le pouvoir politique est comme un bouchon de liège ballotté dans une mer agitée par les associations, les médias et les juges – les juges qui ont le vrai pouvoir.

    Il n’y a donc pas de solutions ?

    Si. Que le pouvoir politique reprenne le pouvoir de décision aujourd’hui accaparé par les juges. C’est ce que font les gouvernants à l’Est en Tchéquie, en Pologne, en Hongrie. Ces dirigeants ne sont pas sortis de l’UE mais ils ont engagé les réformes constitutionnelles nécessaires pour échapper à la paralysie judiciaire. En France cela signifie 5 grandes mesures : inscrire le droit à la défense de l’identité dans la Constitution, retirer au Conseil constitutionnel le droit de corriger les lois sur le fond, dénoncer les conventions internationales interprétées de manière abusive (Asile, CEDH, CIE), supprimer les subventions aux associations immigrationnistes, libérer les tribunaux de la tyrannie des juges immigrationnistes.

    Et sinon ?

    Le reste c’est du baratin. Si nous ne faisons pas cela nous serons submergés par un islam conquérant et des Africains prolifiques.

    Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 04 décembre 2017)

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  • Braquages et cambriolages en France : mensonges officiels et médiatiques...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur Atlantico et consacré à la présentation biaisée qui nous est faite par les autorités et les médias des statistiques de la délinquance.

    Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et a également coordonné l'ouvrage collectif intitulé La première cyber-guerre mondiale ? (Eska, 2015).

     

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    Braquages et cambriolages en France : mensonges officiels et médiatiques 

    Systématiquement (et de longue date) une coalition de tricheurs trafique les statistiques concernant les deux types de crimes les plus redoutés de la population française : cambriolages et vols à main armée.

    Cette coalition comprend le service spécialisé du ministère de l'Intérieur et l'ONDRP (Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale) puis, juste en aval, l'AFP qui transmet aux médias la "ligne du parti".

    "Ligne" ensuite pieusement reproduite, sans nulle critique et sous la dictée, par des journalistes bousculés n'enquêtant plus, réduits à mendier toutes leurs informations au ministère de l'Intérieur et hors d'état de les vérifier par eux-mêmes.

    Le 8 novembre 2017, "papier d'angle" de l'Afp sur "le déclin continu des braquages en France". L'ONDRP l'affirme : "baisse généralisée", en s'appuyant sur le Service statistique de la sécurité Intérieure et l'Office central de lutte contre le crime organisé.

    2 900 vols à main armée en 2016 - moins 24% en un an. Tout va bien alors ?

    Non : car ce qui baisse n'est pas le nombre des braquages, mais bien plutôt ce que l'Intérieur considère comme tel, en maquillant la réalité criminelle.

    Réalité publiée par l'ONDRP-même le 25 novembre écoulé, dans un silence de cathédrale.

    Des chiffres que pas un journaliste-pavolvien n'a repris et que semble-t-il, ils ignorent : n'ayant pas été sifflés, ils sont restés au chaud à la niche.

    D'abord, pourquoi ne publier que les braquages commis avec armes à feu ?

    Un braquage commis avec une machette ou un poignard est-il moins effrayant pour ses victimes ? La protection due aux français par l'Intérieur est-elle sélective, revolver oui, couteau de boucher, non ?

    Rétablissons donc la réalité des braquages (chiffres de l'ONDRP, insistons) :

    - "Vols à main armée, ou avec armes blanches, contre des établissements industriels et commerciaux" : (3108+1028) : 4136

    - "Vols à main armée, ou avec armes blanches, contre des particuliers à leur domicile" (717+681) : 1 398,

    - "Autres vols à main armée" : 1 208,

    - "Vols à main armée contre des établissements financiers" : 158,

    - "Vols à main armée contre des entreprises de transports de fonds" : 26.

    Total : 6 926.

    Plus bien sûr, les vols à main armée escamotés par la justice : Toujours plus, ces braquages passibles de la Cour d'assises sont déclassés en simples délits, type "vol violent avec arme", ou "violences en réunion sous la menace d'une arme".

    Le nouveau braquage arrive au Parquet selon sa "nature d'affaire" (NATAF). Mais il en sort selon une "nature d'infraction" (NATIF) qui l'escamote, bonneteau judiciaire faisant statistiquement baisser des infractions qui, dans les rues, augmentent toujours.

    Si des journalistes consciencieux lancaient une minutieuse enquête sur les braquages au quotidien, ils verraient qu'en réalité, ces vols avec armes sont en France, plus près de 10 000 par an que de 7 000.

    Mais bien sûr, "Décodeurs", "Décryptages" & co. préfèrent harceler leurs ennemis de droite.

    Trucages encore pour les cambriolages, si éprouvants pour la population. L'Intérieur ne publie d'usage que ceux "d'habitations principales", balayant tout le reste sous le tapis, avec la poussière.

    Voici donc sur ce point les récents chiffres de l'ONDRP : cambriolages (habitations principales, résidences secondaires ; locaux industriels, commerciaux ou financiers, autres lieux) plus, logiquement, les violations de domicile en France :

    2016 : 577 461 (1 580 par 24h, 66 par heure, plus d'un par minute...)

    2015 : 553 243,

    2014 : 549 194 (+ 5% encore, de 2014 à 2016...)

    Voilà ce que les médias taisent ou ignorent.

    Sont-ils plus affutés en matière de crime organisé ? Hélas non.

    Le 2 décembre écoulé, Libération publie un article sur les mafias italiennes, où tout est faux.

    Non, malgré son trompeur qualificatif, le procès Mafia capitale n'avait rien à voir avec la mafia. Preuve : il existe en Italie un crime d'appartenance mafieuse et nul des prévenus dans cette histoire (d'authentiques escrocs par ailleurs) n'a été condamné de ce chef.

    Et non, chers "Décodeurs", les "clans mafieux d'Ostie" n'ont rien non plus à voir avec les mafias du Mezzogiorno. Les Spada sont un clan Tzigane ; or y a-t-il un seul Gitan, Tzigane, Rom ou autre, dans les mafias du sud de l'Italie ? Aucun.

    Pour savoir cela, pas besoin d'enquêter sur le terrain, tout figure sur Internet. Mais peut-être est-ce encore trop demander à ces Uber-journalistes...

    Xavier Raufer (Atlantico, 5 décembre 2017)

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  • La mauvaise chute de Tariq al-Capone...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Slobdan Despot consacré à Tariq Ramadan et cueilli dans les n°103 et 104 d'Antipresse, sa lettre d'information, dont la nouvelle formule sera disponible en début d'année 2018. Éditeur et écrivain, Slobodan Despot vient de publier, après Le miel (Gallimard, 2014), un deuxième roman intitulé Le rayon bleu (Gallimard, 2017).

     

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    La mauvaise chute de Tariq al-Capone

    J’ai toujours considéré inélégant de tirer sur l’ambulance. Mais que faire lorsqu’on est en guerre et qu’on se rend compte que l’adversaire utilise les ambulances pour exfiltrer ou relocaliser ses troupes? On l’aura deviné, je parle du panier à salade qui a évacué M. Tariq Ramadan de l’arène des idées pour le transférer sur le terrain du procès de mœurs. Malgré la gravité des accusations qui pèsent sur lui, certains en éprouvent comme une frustration. Comme si Frère Tariq, tel Fantômas, s’était encore une fois tiré d’affaire avec son habileté d’anguille.

    Voici quelques jours, mon ami Christophe Calame publiait sur les réseaux sociaux quelques phrases de journal consacrées à l’affaire. «La formule était cinglante — «Tariq Ramadan est tombé, comme sont tombées Mossoul et Raqqa» — mais hélas incomplète. Tariq Ramadan est tombé comme Mossoul et Raqqa seraient tombées non en tant que bastions de l’État islamique, mais, par exemple, en tant que lupanars (ce qu’elles étaient sans doute aussi, mais collatéralement).

    Loin de moi l’idée de considérer le viol comme une faute collatérale. Je laisse ce mépris aux copains et défenseurs parisiens de M. Strauss-Kahn. Mais Tariq Ramadan est «tombé», tel Al Capone piégé par le fisc, à cause d’un sous-produit de son industrie, et non à cause du «cœur du business» qu’il serait urgent de démonter.

    La focalisation sur le comportement privé du petit-fils de Hassan al-Banna (et petit-neveu du «réformiste libéral» et dissident Gamal al-Banna dont il ne se réclame guère) risque d’escamoter son action publique et la subversion rétrograde qu’il a efficacement contribué à répandre. Bref, ce magistère idéologique (n’allons pas l’appeler spirituel, car on peine à déceler une quelconque spiritualité dans sa rhétorique) qui continue d’intimider une part significative de l’opinion et d’en électriser une autre. Et qui a sans doute efficacement prolongé son impunité sur un chemin parsemé d’abus inaperçus par des yeux qui regardaient ailleurs et de dénonciations non entendues par des oreilles soudain fermées à la détresse féminine. Quand il ne s’agissait de pure et simple indolence, comme celle de Mme Brunschwig-Graf qui, alors ministre de l’instruction publique du canton de Genève, s’était refusée à agir «sur la base de rumeurs» — mais qui ne s’est nullement empressée non plus de faire vérifier lesdites rumeurs. (Fort heureusement, elle allait par la suite devenir présidente de la Commission fédérale contre le racisme, et donc en mesure de sévir contre ceux qui auraient eu l’idée de creuser ces rumeurs et d’en tirer d’abusives conclusions.)

    Des vertus de la présomption d’innocence

    Des mois, voire des années durant, les responsabilités pénales hypothétiques du professeur genevois vont donc occulter ses responsabilités morales établies. Car, en attendant son verdict, M. Ramadan bénéficie de toutes les protections que lui confère l’État de droit, à commencer par la présomption d’innocence que défendront jusqu’à la dernière miette de vraisemblance certains des avocats les plus prestigieux et les plus coûteux du barreau genevois.

    Que Frère Tariq soit condamné ou non au terme du processus n’est même pas si important que ça. On savoure d’ores et déjà l’ironie de l’histoire qui a fait de cet islamiste sophistiqué le héros d’une nouvelle affaire Dreyfus. Les camps sont formés et ne démordront pas de leurs positions. En cas de condamnation, ceux qui ont d’emblée crié au «complot sioniste» n’y verront bien entendu que la confirmation de leur thèse. En France, la polémique entre la tribu Médiapart (pro-TR) et la tribu Charlie Hebdo (anti-TR) a rapidement enflé jusqu’à l’accusation d’appel au meurtre!

    En attendant, plus personne ne songera à s’occuper du message central du gourou.

    Mais quel est-il, au fait? Dans le brouhaha de ces derniers jours, on l’a complètement perdu de vue. Pour peu qu’on ait jamais eu envie de le voir, de le décomposer et de le résumer. Ce travail-là eût été une affaire d’intellectuels et d’universitaires — en particulier lorsqu’il s’agit, comme ici, d’un intellectuel particulièrement bien verni. Mais les intellectuels du domaine francophone semblent fort réticents à croiser le fer avec Frère Tariq. Ils préfèrent laisser cette périlleuse besogne à des politiques bien moins outillés pour cela. Quand ils ne pétitionnent pas en sa faveur.

    Petite parenthèse: de l’impunité des «grands intellectuels»

    La levée de boucliers en faveur de Frère Tariq est à l’opposé diamétral du lynchage public de Harvey Weinstein, alors que les deux étaient accusés, à peu près, des mêmes forfaits. C’est que l’un est un «grand intellectuel» dénoncé par des femmes sans éclat tandis que l’autre n’est qu’un jouisseur et un faiseur de fric accusé par des stars. Et peu importe si l’intellectuel ne laisse qu’un sillage de brumes et de louvoiements alors que le jouisseur, tout poisseux qu’il est, a produit certains des meilleurs films de ces dernières décennies.

    C’est étrange, chez les intellos, ce besoin de se décerner des alibis, aurait observé Michel Audiard. On songe à la vague de compassion dont a bénéficié parmi ses pairs cet autre enfumeur de haut vol, le philosophe marxiste Louis Althusser, lorsqu’il étrangla sa femme. Ce crime sordide, qui n’aurait valu à un homme ordinaire que honte et répudiation publique, a fait d’Althusser un mythe, surtout parmi ceux qui ne l’avaient jamais lu. Le médiocre rimailleur Cantat, en orchestrant son come-back, s’est sans doute cru lui aussi membre de la caste des druides lévitant au-dessus de la loi commune. Mais il s’est pris les pieds dans le tapis: il n’avait pas pondu suffisamment de théories obscures pour que le meurtre sauvage de Marie Trintignant lui soit tout à fait pardonné.

    Coincer l’escobar

    Mais revenons au message central de Frère Tariq, à son rôle dans le dispositif. Il n’est jamais aisé de cerner la tactique d’un jésuite: nos amis catholiques en savent quelque chose avec leur dernier pape (et le premier issu de la Compagnie de Jésus). Or Frère Tariq est, par son habileté rhétorique et ses procédés, l’autre grand jésuite qu’il nous reste. Il mérite même, stricto sensu, l’appellation d’escobar, ce substantif que nous a légué Blaise Pascal en exposant dans ses Provinciales l’hypocrisie du pompeux jésuite espagnol Antonio Escobar y Mendoza (1589-1669).

    «ESCOBAR, subst. masc. — Personnage hypocrite, sachant utiliser d'adroits subterfuges pour arriver à ses fins ou les justifier.»

    Nous n’avons plus hélas de logiciens suffisamment lucides et déterminés pour disperser comme un Pascal la jésuiterie orchestrée par Tariq Ramadan et son entourage de frères musulmans. Nous n’avons même plus, du reste (et c’est plus grave), suffisamment de foi en la logique. Il nous faut nous débrouiller tout seuls avec nos modestes moyens intellectuels et notre aversion pour l’esbroufe, cet instinct précieux que toute notre éducation supérieure s’emploie à endormir.

    En pareil cas, le mieux est de ramener le cas à ses éléments fondamentaux. Quelles sont les fins de Tariq Ramadan? Rendre l’ordre social et politique de l’islam légitime en Europe — et bien entendu légal dans un deuxième temps. Et ses adroits subterfuges? Essentiellement, le double langage, «la duplicité des polémistes jésuites, qui usent de deux poids et deux mesures selon qu’ils ont affaire à leurs amis ou à leurs ennemis».

    Il n’est qu’à comparer la dissonance entre les propos tenus par Frère Tariq à l’attention de sa clientèle européenne et ceux qu’il réserve au «B2B», à sa communication intraislamique. D’autres l’ont relevée, il suffit de prendre la peine de lire.

    Pour amadouer son public infidèle et le convaincre de la compatibilité de l’ordre politique islamique avec l’état de droit européen, Ramadan convoque une vaste et superficielle bibliographie de philosophes occidentaux, mais en évitant soigneusement de mettre en question ses propres dogmes fondamentaux. Il insinue, sous-entend, calomnie (au sens pascalien). Détail hautement significatif: le retour perpétuel de la phrase «vous me faites dire ce que je n’ai pas dit» — due sans doute à la malveillance de ses détracteurs, mais également à la cautèle dont il entoure ses propres positions.

    Pour lever cette brume, pourtant, il y a un procédé simple: mettre le maçon au pied du mur. Lui demander, par exemple, de préciser si le meurtre pour Dieu demeure toujours plus halal que le meurtre par emportement, comme il l’illustre dans un livre de 1995, faisant passer avec art la violence djihadiste pour une non-violence «théologique».

    Plus concrètement encore, insister pour obtenir du rhéteur une condamnation sans équivoque (par oui ou par non) de la lapidation des femmes, en tant que symbole des pratiques les plus incompatibles qu’on puisse imaginer avec un ordre social moderne. C’est cette condamnation fondamentale qu’aucun adversaire de Ramadan n’a jamais pu obtenir. Tout juste a-t-il concédé l’idée d’un «moratoire» sur les châtiments corporels — et l’a traduite par un appel monocorde conçu pour ne pas être entendu là où il aurait dû l’être.

    Imagine-t-on un responsable politique européen, un intellectuel, un prof par surcroît, proposer un «moratoire» (et non un rejet net et absolu) sur les pratiques pédophiles?

    Il est étrange que tous ses interlocuteurs aient passé outre cette hypocrisie fondamentale sans jamais lui opposer la politique de la chaise vide. Une femme lapidable, pourtant (avant ou après le fameux «moratoire»), est par excellence aussi une femme violable. L’argument a étrangement échappé aux féministes indignées, qui ont préféré dénoncer la «culture du viol» qui serait la marque de «l’homme» en général, plutôt que la signature du prédicateur moraliste en particulier, quelle que soit sa religion.

    Dans le monde dit musulman, heureusement, tout le monde n’a pas cette myopie de dindes et d’autruches. Certain.e.s ont très clairement établi le rapport entre un comportement et l’idéologie qui le sous-tend. A commencer par les victimes elles-mêmes.

    Comme on pouvait s’y attendre, la déchéance de l’islamiste le plus présentable dans les salons et les auditoires a encore donné lieu à des exercices comiques de contorsion bien-pensante. D’accord, il a agressé des femmes (à moins que ce soit un «complot sioniste», qui sait?), mais enfin, quel homme ne l’a pas fait — ou pas eu envie de le faire? Toutes les sociétés sont phallocratiques, clament les puritain.e.s islamogauchistes, toutes reposent sur une «culture du viol», réel ou symbolique, et T. R. n’est que le dernier arrivé dans un club d’abuseurs qui accueille déjà du beau linge: éminents producteurs et réalisateurs de cinéma, journalistes, etc.

    La condition d’entrée au Rape club est simple: il suffit d’être adulte et de sexe masculin. Tout homme, tôt ou tard, finira par frapper à la porte…

    Par cette vaste généralisation, on détourne les regards de ce qui est le véritable éléphant dans la pièce. Et si l’on focalisait un peu? Si, en dehors de l’appartenance sexuelle, on se penchait aussi sur l’idéologie ouvertement professée par cet abuseur à répétition présumé?

    Une fable édifiante

    Revenons pour commencer sur une leçon parcourue un peu trop vite. Je mentionnais la semaine dernière un ouvrage que Frère Tariq avait publié au Liban en 1995. On y lisait un exemple édifiant tiré de la vie d’Ali. Au moment d’achever un ennemi vaincu qui lui avait craché au visage, le guerrier avait rengainé son épée et laissé vivre l’homme terrassé. Devant les récriminations outrées de ses très humanistes compagnons d’armes, Ali leur explique: «Il m’a craché au visage et j’ai craint de le tuer par colère vis-à-vis de ma propre personne et non pour Dieu.»

    Cet épisode, selon Frère Tariq, «permet de mesurer combien les premiers compagnons du Prophète (bsl) étaient proches de Dieu et l’aimaient de tout leur être». Car il permet de répondre à une question capitale: «Est-ce parce qu’on nous insulte personnellement qu’on réagit ou est-ce l’exigence de justice et de dignité devant Dieu qui est notre moteur?»

    Ainsi donc, en se bornant à rappeler un exemple canonique, notre escobar en arrive sans se mouiller personnellement (l’esquive étant sa grande spécialité) à justifier la violence djihadiste. Car ce conte moral est évidemment destiné à être lu à rebours. Ce qu’il n’est pas permis de faire à cause de nos sentiments propres, il est permis de le faire au nom de la «dignité» de Dieu. Tuer l’ennemi à terre n’était pas un problème pour Ali: c’était de le tuer pour soi-même et non en tant qu’offrande à Allah. Or de la permission à l’injonction, il n’est qu’un pas.

    Les récits abondent sur la placidité des djihadistes qui, lors des attentats, poignardent ou fusillent des femmes et des enfants sans haine particulière, juste parce que leur sang serait censé satisfaire la justice d’Allah. C’est pas pour eux, c’est pour Dieu. Ça change tout! Et l’on ne manque pas non plus de témoignages de proches sur le calme, la douceur, voire la gentillesse de tant de jeunes gens qui viennent d’accomplir d’épouvantables carnages avant de se détruire à leur tour. «On ne comprend pas! Un garçon si sympa, si ordinaire…»

    Bien sûr qu’on ne comprend pas. Puisqu’on ne lit pas ce qui est écrit en toutes lettres…

    «Le moment est crucial», note Frère Tariq. Serait-il suffisamment crucial, chez les partisans de cette lecture-là de l’islam, pour qu’on puisse étendre cette éthique de la violence admise à d’autres domaines que la razzia et la guerre? Par exemple, aux rapports avec les femmes?

    La vie, c’est le Mal

    Il ne me semble ni abusif ni original de relever que l’islam traditionnel a un problème avec les femmes. Le christianisme aussi, du reste, à ce détail près que le modèle de société qu’il a fondé a passé son temps, ces deux ou trois derniers siècles, à repousser les ténèbres du puritanisme. Sans oublier cet autre détail que le puritanisme est combattu en tout premier lieu par le Christ lui-même, ami des prostituées et ennemi juré des scribes, des pharisiens et des formalistes de tout poil, qu’il traite joliment de «sépulcres blanchis».

    Vassili Rozanov, l’un des plus audacieux penseurs chrétiens, a consacré des pages troublantes à cette étrange dérive d’une parole de vie et de lumière vers une idéologie de la stérilité et de la noirceur à mesure que le christianisme s’officialisait. Les hommes de la clarté lunaire sont-ils encore évangéliques, se demande-t-il. Ou ne seraient-ils pas retombés — enchaînons-nous — dans les dérives manichéennes que le christianisme des origines a justement combattues? De la Perse ancienne jusqu’aux gnostiques, des gnostiques aux délires écolo-gauchistes et véganes, la haine des cathares (des purs, en grec) pour le joyeux bordel, la bransloire perenne (selon Montaigne) qu’est ce monde peuplé d’humains mal torchés est une objection constante à l’insouciance coupable où nous nous vautrons depuis la nuit des temps. Quel baume au cœur des rabat-joie et des frustrés de tout genre que de pouvoir déclarer le monde entier bon à brûler parce qu’ils n’y ont pas trouvé leur juste place! Quel alibi pour les révolutionnaires, les inquisiteurs et les tartuffes que de pouvoir régler leurs comptes avec de moins ratés qu’eux au nom d’une raison supérieure liée à la malignité de la vie elle-même. Or qu’est-ce qui perpétue cette vie mal embouchée sur terre, sinon la fertilité de la femme?

    Un certain islam, ainsi, a décidé de mettre des barrières entre les hommes innocents et leurs éternelles tentatrices. Il faut être ouest-européen et n’avoir eu avec l’islam que des rapports expéditifs de colon à colonisé pour accorder foi aux fables selon lesquelles les voiles plus ou moins intégraux «protégeraient» les femmes et témoigneraient du «respect» qu’on leur porte. Cela serait-il vrai, du reste, qu’il faudrait s’interroger sur l’incapacité de ladite idéologie à juguler les pulsions bestiales du mâle autrement qu’en supprimant l’objet de leur concupiscence.

    Dans les sociétés qui ont une pratique plus longue et plus quotidienne de cette idéologie, comme l’Inde, la Russie, la Grèce ou la Chine, on se berce d’un peu moins d’illusions. C’est pourquoi, dans lesdites sociétés, tout «dialogue» avec les repose avant tout sur un rapport de forces. Sans rapport de forces, point de dialogue car la soumission, dans son concept même, l’exclut.

    La leçon oubliée de Cologne

    Ainsi en va-t-il aussi, du reste, dans les sociétés arabo-musulmanes elles-mêmes lorsqu’elles essaient de prendre part à la modernité (et que nos donneurs de leçons ne les renvoient pas à coups de bombes ou de révolutions montées à leurs coutumes régressives). C’est qu’on y est un peu informé du problème. C’est pourquoi la pratique et la prédication de l’islam sont sévèrement encadrées par l’Etat dans tous les pays musulmans, alors qu’en Suisse ou en Grande-Bretagne les prédicateurs fondamentalistes et leurs sponsors du Golfe persique ont pratiquement carte blanche. Ce n’est que dans un tel cadre qu’un tartuffe fondamentaliste peut sévir dans la plus parfaite impunité des années durant.

    On aurait pu croire que la vague migratoire de ces dernières années finirait par mettre au parfum nos oies blanches. Nous en sommes encore loin, alors même que les agressions de Cologne nous ont donné un aperçu grandeur nature des défis qui attendent les femmes en Europe, et qui sont d’une tout autre nature que l’«outrage sexiste verbalisable» que M. Macron a soudain décidé de réprimer avec la dernière énergie.

    Au lendemain de ce gang-bang en place publique, j’ai raconté (Antipresse n° 7, 17.1.2016) comment mon salon de coiffure «hommes» (mais tenu par des dames) à Belgrade avait soudain été envahi par de petits groupes, certes très candides, de jeunes réfugiés syriens:

     «La coiffeuse n’en revenait pas:

     — Pourquoi nous ? Il y a tant de salons tenus par des hommes, en ville…

     Pour ma part, c’était justement la raison. Les jeunes réfugiés venaient là moins pour se faire couper les cheveux que pour se faire frôler par des femmes. Combien d’entre eux avaient été touchés au corps par une femme autre que leur mère ? Ils arrivaient rarement de Damas, plus souvent de campagnes reculées. La visite dans ce salon de coiffure était pour eux une expérience érotique avouable.»

    A la suite des mêmes événements, l’écrivain algérien Kamel Daoud livrait, dans une tribune du Monde, une analyse beaucoup plus incisive du conflit entre l’islam et la femme:

     «Le rapport à la femme est le nœud gordien, le second dans le monde d’Allah. La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée. Cela dénote un rapport trouble à l’imaginaire, au désir de vivre, à la création et à la liberté. La femme est le reflet de la vie que l’on ne veut pas admettre. Elle est l’incarnation du désir nécessaire et est donc coupable d’un crime affreux: la vie.

     C’est une conviction partagée qui devient très visible chez l’islamiste par exemple. L’islamiste n’aime pas la vie. Pour lui, il s’agit d’une perte de temps avant l’éternité, d’une tentation, d’une fécondation inutile, d’un éloignement de Dieu et du ciel et d’un retard sur le rendez-vous de l’éternité. La vie est le produit d’une désobéissance et cette désobéissance est le produit d’une femme.»

    La pilule de désinhibition

    Kamel Daoud est sans doute un libre penseur, un hérétique. Mais ce qu’il dit entre si bien en résonance avec l’exemple du prophète Ali, loué par le bon Tariq. Tuer ou violer pour ses passions (donc pour la vie), c’est haram. Tuer ou violer pour Dieu, c’est halal. Pour se mettre en règle avec Dieu, il suffit de donner à ses pulsions une justification théologale. Une pilule de désinhibition dont les mécréants, les athées et les libertins ne disposent pas — et doivent du coup la remplacer par la drogue ou l’alcool.

    Henda Ayari, la première femme qui a porté plainte contre Tariq Ramadan pour viol, résume l’attitude de son agresseur présumé par une maxime qui claque comme un fouet: «soit vous êtes voilée, soit vous êtes violée». Si une femme est violée parce qu’elle était dévoilée, le viol n’avait pas pour «moteur» la satisfaction des basses pulsions de l’homme (qui est tout de même du châtiment l’arme nécessaire), mais «l’exigence de justice et de dignité devant Dieu».

    Encore une fois, le cas n’est pas jugé, et nous n’irons pas plus loin dans la spéculation. Après tout, la possibilité que Frère Tariq soit victime de dénonciations calomnieuses voire d’un «complot sioniste» n’est pas à exclure tout à fait.

    Sans enfreindre sa présomption d’innocence, on pourrait tout de même lui poser cette simple question à la fois théologique et pratique: sur les 72 vierges qui constituent la récompense des bienheureux dans l’au-delà, combien sont consentantes? Un bon théologien devrait pouvoir répondre sans peine.

    Slobodan Despot (Antipresse n°103 et 104, 19 et 26 novembre 2017)

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  • L’Iran, puissance montante en Orient...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du journaliste Nicolas Gauthier, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré la montée en puissance de l'Iran et au conflit entre chiites et sunnites...

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    L’Iran, puissance montante en Orient : panique à Riyad, sang-froid à Tel Aviv…

    Au-delà des emportements du moment, il y a le temps court et le temps long. L’adversaire conjoncturel et l’ennemi structurel. En cette heure du tout-médiatique, l’émotion a trop tendance à prendre le pas sur la réflexion. Phénomène qui aggrave plus encore les travers d’une doxa dominante, toujours plus prompte aux concepts binaires qu’à la pensée à long terme.

    Un tel état d’esprit n’épargne pas plus la gauche que la droite. L’une considère que les forces de la réaction identitaire marcheraient en rangs serrés, forte d’un plan ourdi de longue date ; la seconde estime qu’une oumma aussi fantasmée que fantasmatique s’apprêterait à présider les destinées du monde, obéissant à on ne sait quel génial stratège enterré sous la montagne, qui manipulerait attentats terroristes et invasions migratoires.

    La réalité est fortuitement moins lyrique, telle qu’en témoigne par exemple une actualité irano-saoudienne riche d’enseignements. Et qui nous démontre, une fois de plus, que le fameux choc des civilisations entre Occident et Orient, islam et chrétienté, relève plus du slogan de circonstance que d’autre chose. Ce qui n’empêche pas d’autres personnes, par calcul politicien ou aveuglement politique, de jouer de ce totem, espérant qu’à force d’invoquer le Diable, on puisse finir, tôt ou tard, par le faire apparaître.

    En l’occurrence, de quoi est-il question ? Une fois et encore de l’ancestrale lutte entre les deux branches majeures de l’islam, sunnites et chiites. L’occasion de rappeler, une fois de plus, que les guerres religieuses les plus sanglantes sont les guerres internes menées contre les hérétiques – catholiques contre protestants – et non point celles que l’on déclare à une religion concurrente. Dans ce conflit, deux pôles majeurs, Riyad et Téhéran. La première entend régenter le monde sunnite, tandis que la seconde a la ferme intention de fédérer les chiites de la région. Et c’est ainsi que, dans cet affrontement larvé, l’Iran est en passe de donner corps au pire des cauchemars de l’Arabie saoudite ; soit ce croissant qui va désormais de Téhéran à Beyrouth dont la double faute consiste à professer un islam hérétique et, pis, de n’être pas arabe.

    Dans Le Figaro de ce lundi, notre confrère Georges Malbrunot note, avec pertinence : « Dans cette guerre, le modèle iranien est incontestablement plus efficace. Il repose sur des milices locales, parfois plus puissantes que les armées nationales. Le génie iranien est d’avoir su tisser un réseau de relais locaux qui permet à Téhéran de contrôler sans avoir besoin d’être massivement déployé sur place. » Pour un peuple ayant inventé le jeu d’échecs, cela ne relève pas exactement de l’exploit ; ce, d’autant plus qu’il est favorisé en cette manœuvre par trois facteurs majeurs.

    L’impéritie militaire, diplomatique, politique et économique du rival saoudien. Le retrait des USA de la région et le retour en force de la Russie. Et, surtout, l’attentisme bien compréhensible de l’État hébreu. On peut encore y ajouter le fait que Riyad n’est pas la capitale la plus à même de négocier dans un contexte post-terroriste, alors qu’elle est celle ayant le plus appuyé ces mêmes mouvements, aujourd’hui en déroute. Remarque qui vaut, d’ailleurs, aussi pour l’Occident en général et Israël en particulier.

    Pourtant, cette dernière nation se montre finalement la plus lucide sur ce dossier brûlant, à en croire cette passionnante tribune publiée dans The Jerusalem Post : « Le désengagement des États-Unis au Moyen-Orient laisse le champ libre à Téhéran. » Dans cette dernière, on prend ainsi acte du récent rapprochement américano-russe : « Cet accord inattendu entre les deux grandes puissances porte le coup de grâce à la résurrection de la grande alliance contre l’Iran des pays sunnites pragmatiques. »

    Et c’est ainsi que, pendant que Riyad lèche ses plaies, que Téhéran pousse ses pions, Tel Aviv en est réduit à compter les points. Un arbitre qui menace certes de siffler la fin de la partie, mais qui n’a pas plus les moyens que l’envie de s’en prendre directement à un Iran en train de réaliser le but qui a toujours été le sien depuis des siècles ; à savoir renouer avec l’Empire perse de jadis. Temps long, disions-nous…

    Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 28 novembre 2017)

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  • Charles Manson superstar... du système !

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue cueilli sur Idiocratie et consacré à Charles Manson, figure d'une contre-culture bien utile au système...

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    Charles Manson superstar... du système

    On ne devient pas le plus célèbre prisonnier des Etats-Unis par l’effet du hasard. Les crimes sauvages, perpétrés dans la chaleur suffocante de l’été 1969, par la « Famille Manson » révèlent l’autre facette de l’American way of life : celle du cauchemar sous acides. Depuis cette date, le regard magnétique de Charles Manson tient l'Amérique sous la menace du "démon", menace d'autant plus forte que la nation est placée sous le signe de Dieu (God bless America). En vérité, les deux versants du rêve communient ensemble  dans la société du spectacle qui naît à l’orée des années 1970 : Manson en est à la fois l’icône et la victime. Il représente le mal absolu dont le système a besoin pour se prévaloir du souverain bien.

    Depuis cette date, la partition a été jouée de multiples de fois avec, d’un côté, les rebelles de la contre-culture qui se gargarisent de renverser toutes les idoles et, de l’autre, les représentants du système qui font rempart de leurs corps institués pour assurer aux « bons » citoyens un semblant de sécurité. Pendant ce temps, à l’ombre du spectacle, la machine économique dédouble de férocité pour soumettre l’ensemble du vivant à la valeur marchande. En effet, c’est le capital « qui a brisé toutes les distinctions idéales du vrai et du faux, du bien et du mal, pour asseoir une loi radicale des équivalences et des échanges, la loi d’airain de son pouvoir »[1] ?

    Dans ce contexte, Charles Manson a finalement joué le rôle qu’on attendait de lui : celui du double maléfique. La part du mal à laquelle toute société est inévitablement confrontée quand bien même ladite société se prétend « démocratique » et « humaniste ». Or, à l’évidence, cela relève de la fable. Au contraire, Manson est un pur produit du système. Il appartient à la fraction de plus en plus importante des individus qui ne servent à rien dans le système de production, ceux que l’on appelle des « rebuts » : « ce qu’il y a de plus vil, de plus méprisable dans un groupe ». Il est simplement l’un de ces « hommes en trop » qui se retourne contre le système dont il est le pur produit. 

    Manson en a parfaitement conscience lorsqu’il déclare aux juges, non sans provocation : « Ces enfants qui viennent à vous avec leurs couteaux sont vos enfants. C’est par vous qu’ils ont été éduqués ». En effet, le « gourou » sait de quoi il parle : fils d’une mère alcoolique et d’un père inconnu, il est éduqué par des tuteurs sadiques avant d’être envoyé en maison de correction et dans divers établissements pénitenciers pour de multiples infractions. En 1967, à la veille de sa dernière libération, il fait d’ailleurs savoir aux gardiens qu’il n’a aucune envie de retourner avec les « maniaques du dehors ». On connaît la suite. Manson profite de son magnétisme indéniable pour se couler dans la contre-culture naissante : psychédélisme sous LSD, vie communautaire « libre », discours pseudo-spirituel, encens et bricolage musical, etc. Sans oublier, bien sûr, l’autre versant de cette culture soi-disant alternative : solitudes désolées, narcissisme maladif et délires égotiques.

    En tous les cas, Manson prépare sa revanche contre la société. L’élaboration du plan ne relève pas le moins que l'on puisse dire du génie criminel : il compte faire assassiner de riches blancs en utilisant les symboles des Black Panters afin de provoquer une guerre raciale au terme de laquelle il apparaîtra comme le sauveur ! A cet égard, il faut rappeler que Manson n’est pas l’assassin mais le commanditaire de la dizaine de meurtres qui vont émailler la conduite rocambolesque de ce plan. Il est rapidement arrêté avec plusieurs membres de sa « famille psychédélique ». 

    Le procès qui s’ouvre le 15 juin 1970 sera le plus long et le plus onéreux des Etats-Unis. Il inaugure la justice spectacle. Dignes de Hollywood, tous les acteurs se surpassent pour élever le fait divers au rang de récit mythique. Charles Manson en tête, la petite frappe se métamorphose en gourou satanique qui s’est rayé lui-même de la société, comme est censé le prouver la croix gammée qu’il s’est incisé entre les yeux. Le procureur développe un trésor d’ingéniosité pour transformer les crimes crapuleux en un véritable plan diabolique orchestré contre l’ordre établi. L’une des accusée, Susan Atkins, avouera plus tard que l’interprétation délirante de la chanson « Helter Skelter » des Beatles (comme motivation des crimes) lui a été fortement inspiré par les enquêteurs. Au plus haut niveau de l’Etat, c’est le président lui-même, Richard Nixon (fraîchement élu en 1969), qui se sert du procès pour se draper dans les oripeaux du protecteur de la nation. Le public éberlué suit les épisodes du procès comme celui d’une série en attendant que le rideau tombe. Le 29 mars 1971, Manson est condamné à la peine de mort – sentence commuée en peine de prison à vie en 1972. On le sait d’avance, le tueur en série qu’il n’est pas et que se plaisent à décrire les journalistes ne sortira jamais de prison. C’est l’autre rançon de la célébrité. Il s’est éteint le 19 novembre 2017.

    Cette affaire nous semble symptomatique d’une nouvelle gestion des affects en milieu capitaliste inhospitalier. Le cas Manson a permis d’absolutiser une figure somme toute banale du crime pour en faire un mal originaire, impénétrable, avec ses réminiscences religieuses et son lot de sensationnalisme. En contrepoint, l’Etat joue sur toutes les palettes de la peur des citoyens (sexe, drogue, secte) pour se présenter comme le gardien des valeurs et le garant de l’ordre. Ce qui n’était sans doute pas prévu au départ, c’est que la figure de Manson n’a cessé d’attirer à elle de nombreux artistes qui en ont fait l’un des mythes constitutifs de la contre-culture. Par ce phénomène, il a tout simplement été possible de convertir le ressentiment des déclassés et autres rebuts du système en décharges culturelles – l’on sait comment les révoltes de mai 68 sont devenus à la fois le carburant et l’alibi du néolibéralisme.

    Cette posture s’est finalement démultipliée au cours des années suivantes pour former les deux versants d’une même réalité sociale : sa face transparente et sa face nocturne – les deux étant intimement liés dans la répartition et l’inversion des rôles. Aujourd’hui, les gagnants de la mondialisation s’abreuvent très largement à la contre-culture tandis que cette dernière fonctionne tranquillement avec les codes du marché. Les traders se prennent volontiers pour des gangsters sans foi ni loi – Mathieu Pigasse est un « punk de la finance » ! – tandis que les bonnes consciences altermondialistes en appellent au développement durable. On comprend mieux pourquoi, dans un tel monde, Charles Manson est devenu l’icône de la contre-culture comme Che Guevara est celle de la révolution. L’un et l’autre ont été vidés de leur substance et parfaitement intégrés dans le dispositif spectaculaire-marchand.

    Des idiots (Idiocratie, 24 novembre 2017)

     

    Note :

    [1] Jean Baudrillard, Simulacres et simulation, 1981.

     

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