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Livres - Page 588

  • Le déni du réel...

    Le livre du sociologue Hugues Lagrange, Le déni des cultures, publié au Seuil, a suscité un tollé chez les bonnes âmes de la bienpensance en osant bousculer les vérités enseignées par le catéchisme politiquement correct sur l'immigration et la délinquance. Nous reproduisons ici un article de la philosophe Chantal Delsol, publié par Valeurs actuelles, qui revient sur cette polémique.

     

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    Le déni du réel

    L’émotion souvent haineuse qu’a suscitée le livre d’Hugues Lagrange, le Déni des cultures (Éditions du Seuil), est en elle-même significative. Un tabou a été touché.

    Il y a des pans entiers de la réalité que l’on ne doit même pas nommer – faute de les faire exister ? Et bien des soi-disant penseurs disent clairement que la langue de bois représente une nécessité démocratique…

    En l’occurrence, la langue de bois veut que l’on ne nomme pas les cultures, qu’on ne les distingue pas, qu’on n’en fasse pas un facteur d’explication. Or voilà un auteur – un chercheur sérieux et pondéré, non un histrion – qui explique en partie les problèmes d’échec scolaire et de délinquance par des causes culturelles. On le voue aux gémonies. Il se fait insulter dans les médias. Pourtant, il produit des enquêtes chiffrées et argumentées après un long travail sur le terrain, il reste prudent toujours, il n’enrobe pas cela d’une opinion personnelle : bref, c’est un scientifique. Et naturellement il peut se tromper en tant que scientifique, mais dans ce cas, il faudrait lui opposer d’autres enquêtes et d’autres arguments : on l’injurie.

    On peut se demander pourquoi une société si fière de son multiculturalisme, de son côté black-blanc-beur, refuse avec hargne que soient étudiées les différentes cultures avec ce qu’elles recèlent de conséquences sur les comportements des individus. Ce qui ressemble à une grossière contradiction. En réalité, la diversité est considérée comme un avantage si l’on ne regarde que son côté folklorique : quelle fierté de voir une équipe de France multicolore – ce qui rassure notre réputation de pays accueillant. Mais tout ce que cela signifie en termes de manières de vivre, d’organisation familiale, d’éducation… surtout n’en pas parler ! Cela ferait ressortir des disparités profondes, et naturellement des hiérarchies sous-entendues (dans quelles familles sait-on éduquer à l’autonomie ?). Ce qui est insupportable à notre prétention égalitaire. Cela semblerait jeter sur l’une ou l’autre culture un opprobre moral : certaines manières de vivre fabriquent des délinquants… La république aime la diversité, à condition qu’elle ne se décline pas.

    Au fond, ce que l’on reproche à Hugues Lagrange, c’est de ne pas confirmer cette certitude imposée qui nous vient du marxisme : les malheurs de l’individu, et surtout ceux qui l’écartent de la société, sont le fruit exclusif de sa situation socioéconomique. Tout ce qui différencie un individu – en termes d’éducation, de réussite scolaire, de civilité – proviendrait de sa classe sociale et de son niveau de revenus. Ainsi, les plus pauvres devraient être mal élevés, et les plus riches, situés en haut de l’échelle sociale, en état de réussite morale et scolaire. (Quelle sale injure pour tant de familles dans la gêne qui jettent tous leurs soins, avec succès, dans l’entreprise éducative ! Quelle cécité devant certains enfants de la haute bourgeoisie qui se comportent comme des voyous !)

    Cette analyse des comportements par les causes exclusivement économiques a été abandonnée depuis longtemps : il s’agit d’un parti pris matérialiste, qui met l’argent au-dessus de tout et croit que tout arrive grâce à lui. Nous savons que bien d’autres facteurs entrent en ligne de compte. Que certaines organisations familiales, que certaines éducations développent davantage la politesse, la violence, le sens du travail ou le machisme, il suffit d’un peu de bon sens pour le savoir – l’essentiel étant de ne pas proférer des généralités stéréotypées et de ne pas généraliser à partir de quelques cas… d’où l’importance de la sociologie. Dire que la culture n’existe pas et que l’individu se résume à son porte-monnaie et à sa position sociale, c’est valoriser l’avoir au détriment

    de l’être. Nous ne sommes pas seulement ce que nous possédons. Nous sommes, et surtout, caractérisés par des comportements, des habitudes, des humeurs, des rites, dont nous héritons en partie par transmission de longue date et qui nous enracinent dans un art de vivre singulier.

    Quant à voir sous ces analyses de la culture un a priori racialiste, ou raciste, c’est un amalgame qui ne grandit pas ses auteurs. Cela signifie que toute évocation d’une différence ressort au racisme. Toute affirmation concernant une culture est raciste. Dire : “tel groupe favorise la polygamie” ou “tel groupe favorise le machisme” serait raciste. Avancer ces affirmations serait “faire le jeu de Le Pen”, comme Simone de Beauvoir disait que dire la vérité sur l’Union soviétique était “faire le jeu de la droite”. Autrement dit, toute vérité qui risquerait de favoriser les arguments d’un adversaire serait à nier avec virulence. Dans ce manichéisme, c’est la réalité qui s’égare. Le but unique est de contrecarrer l’adversaire, mais, pour finir, on ne sait plus ce qui en fait un adversaire, puisque les affirmations sont triées non pas en fonction de leur vérité mais en fonction du bien ou du mal qu’elles procurent à l’adversaire. Ce devient un combat obscur, dominé par les émotions, et où la raison n’a plus sa place. La recherche non plus, évidemment. 

    Chantal Delsol (Valeurs actuelles, 4 novembre 2010)

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  • Carnages !

    Dans son nouveau livre Carnages, le journaliste Pierre Péan dévoile les dessous de la guerre secrète qui se déroule dans la région africaine des Grands Lacs (Congo, Burundi, Rwanda, Ouganda), et qui, depuis près de vingt ans, a provoqué des millions de morts dans la plus grande indifférence. Une guerre dont l'enjeu est le contrôle des ressources d'une région particulièrement riche en minerais rares et qui voit les Etats-unis, et ses alliés la Grande-Bretagne et Israël, affronter la France pour l'éliminer du coeur stratégique de l'Afrique.

    Un livre que son auteur veut voir comme son grand oeuvre !

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    "Plus de 8 millions de morts ? Qui en parle ? Depuis la fin de la guerre froide, la région des Grands Lacs est devenue celle de la mort et du malheur dans une indifférence quasi générale. Avec 2 millions de Rwandais exterminés en 1994 à l'intérieur du Rwanda, plus de 6 millions de morts rwandais et congolais dans l'ex-Zaïre, des centaines de milliers de Soudanais tués, de nombreuses victimes ougandaises, plus de un demi-million de morts angolais, des millions de déplacés, quatre chefs d'Etat et des centaines de ministres et autres dirigeants assassinés, des dizaines de milliers de femmes violées, des pillages éhontés, cette zone a le triste privilège d'avoir subi plus de dommages que ceux additionnés de toutes les guerres intervenues de par le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, les médias, dans leur très grande majorité, n'ont parlé, ne parlent et ne pleurent que les centaines de milliers de victimes tutsies du Rwanda, dénoncent les Hutus comme seuls responsables directs de ces boucheries, et les Français, qui les auraient aidés dans leur horrible besogne, faisant de François Mitterrand et d'Edouard Balladur des réincarnations d'Hitler, et des soldats français, celles de Waffen SS. Une version officielle, affichée non seulement par Paul Kagamé, l'actuel président du Rwanda, mais également par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le bras justicier de la communauté internationale, et par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la majorité des autres pays..."

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  • Vive les frontières !

    "Je viens d'une terre ferme, toute ridée d'histoire, d'une Europe fatiguée d'avoir été longtemps sur la brèche, qui pense aux vacances et rêve d'une société de soins. Ses officiels ont à coeur d'effacer ses frontières linguistiques sous une langue unique, le globish, qui n'a d'anglais que le nom. Notre Euroland - capitale : Bruxelles - a officiellement répudié l'ancien " concert des nations ", d'où naissent curieusement toutes sortes de couacs et fausses notes. Il s'étonne que le Grec n'y ressemble pas au Suédois, le Lituanien à l'Italien, ce que chaque crise lui rappelle à son corps défendant."

    Une fois de plus , Régis Debray navigue à contre-courant avec cet Eloge des frontières publié ces jours-ci aux éditions Gallimard. A lire !

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    "En France, tout ce qui pèse et qui compte se veut et se dit « sans frontières ».
    Et si le sansfrontiérisme était un leurre, une fuite, une lâcheté ? Partout sur la mappemonde, et contre toute attente, se creusent ou renaissent de nouvelles et d’anciennes frontières. Telle est la réalité. En bon Européen, je choisis de célébrer ce que d’autres déplorent : la frontière comme vaccin contre l’épidémie des murs, remède à l’indifférence et sauvegarde du vivant. D’où ce Manifeste à rebrousse-poil, qui étonne et détone, mais qui, déchiffrant notre passé, ose faire face à l’avenir."

     

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  • Gouvernance mondiale : ils en rêvent !...

    Christine Lagarde, ministre de l'économie, Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE, Pascal Lamy, directeur général de l'OMC, François Bourguignon, directeur de l'école d'économie de Paris et Michel Camdessus, ancien président de la Banque mondiale publient aux éditions Autrement, avec le concours du journaliste Jean-Marc Vittori des Echos, un livre collectif intitulé Pour une gouvernance mondiale, qui a le mérite d'afficher clairement la couleur. On notera - mais faut-il le préciser ? -  que ces notables de l'hyperclasse sont tous membres d'officines discrète telles que le groupe de Bilderberg, la commission trilatérale ou le forum de Davos...

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    "La mondialisation, la crise économique et financière, les enjeux climatiques planétaires, toutes ces questions brûlantes pour chaque citoyen de la planète rendent chaque jour plus brûlante la question de la gouvernance mondiale. Qu’en est-il en réalité ? Faut-il la renforcer, l’assouplir, la réformer ? Comment se pratique-t-elle au quotidien ? Quel est son avenir ? C’est sur ces questions cruciales que Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux Echos, a interrogé des « grands de ce monde », qui sont tous des acteurs, à travers leur expériences et leurs responsabilités nationales ou internationales, de cette gouvernance mondiale. Dans un langage clair, accessible à tous, vous découvrez une réflexion générale sur le fonctionnement politique et économique de la planète et les dangers qui s’y profilent."

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  • Extension du domaine de la manipulation...

    Le nouveau management a promu le modèle d'un individu autonome, volontaire et authentique, qui est l'entrepreneur de sa propre vie. La philosophe franco-italienne Michela Marzano, dans Extension du domaine de la manipulation, paru initialement en 2008 et réédité en format de poche dans la collection Hachette Pluriel, démonte avec brio ce discours manipulateur et hyper-individualiste. Un complément théorique à L'openspace m'a tuer de Zuber et des Isnards !

     

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    L'épanouissement personnel par le travail est-il le nouveau mot d'ordre de notre époque? A l'heure de " l'entreprise à visage humain ", du coaching et des chartes d'éthique, jamais pourtant l'angoisse n'a été aussi forte dans le monde de l'économie. Jamais les suicides n'ont été aussi nombreux au sein de l'entreprise. N'y aurait-il pas une perversité à s'appuyer sur le couple bonheur et labeur? Les cadres d'aujourd'hui ne seraient-ils pas les victimes consentantes d'une nouvelle forme de violence ? Les " leaders " ne sont-ils pas écartelés entre des injonctions contradictoires ? Performance et épanouissement, engagement et flexibilité, autonomie et conformité... Michela Marzano, en philosophe autant qu'en polémiste, jette un éclairage inédit sur cette nouvelle forme d'aliénation contemporaine : l'extension du domaine de la manipulation, de l'entreprise à la vie privée.

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  • L'Homme et la Bête...

    L'historienne Andrée Corvol, spécialiste de l'histoire de la forêt et déjà auteur de L'arbre et l'Occident, publie aux éditions Perrin une Histoire de la chasse, ouvrage dans lequel elle replace cette pratique dans la longue durée tout en soulignant ses enjeux actuels.

     

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    Le monde a changé. Longtemps, la société célébra le chasseur qui combattait les fauves et lui procurait du gibier. Les exigences de la chasse rythmaient alors les travaux et les jours de nos ancêtres. Elles supposaient un solide entraînement et une excellente connaissance de la nature et des animaux. Le comte de Foix Gaston Phébus, avec qui s'ouvre cette passionnante histoire de la chasse, fit de cette pratique un art qui inspira des générations de rois et de nobles. Les veneurs et leurs meutes galopant à travers prés et bois constituaient un spectacle familier aux hommes de l'Ancien Régime. La chasse participait de l'éducation des princes, les préparait à la guerre, les familiarisait avec la mort.
    Jusqu'à la Grande Guerre, le droit de chasse refléta l'inégale organisation de la société et les disparités régionales. Depuis, l'urbanisation intense de la France et le développement industriel ont transformé la relation des hommes aux bêtes, à la nature, à la chasse. L'animal issu parfois d'élevage n'est plus si sauvage... Certaines espèces prolifèrent au point de compromettre les forêts et les cultures environnantes. Des chasseurs sont saisis de doute face aux défenseurs de la nature qui dénoncent une pratique barbare. En Europe, en France notamment, les nouvelles politiques qui préservent les espèces menacées et réintroduisent les espèces éteintes suscitent bien des résistances. Ainsi, au fil du temps,et contre toute attente, la chasse dont l'histoire paraissait révolue est devenue un enjeu majeur pour les régions et ses répercussions politiques ne sont pas minces.

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