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Livres - Page 522

  • Milieu hostile...

    Les éditions Baleine viennent de publier Milieu hostile, un polar sombre et désenchanté de Thierry Marignac, dont l'intrigue se déroule pour l'essentiel dans l'Ukraine post-communiste et néo-libérale d'aujourd'hui. Auteur rare - six romans avant celui-ci, de Fasciste (Payot,1988) à Renegade Boxing Club (Gallimard, 2009) - Thierry Marignac a aussi écrit de nombreuses nouvelles qui ont été rassemblées dans un recueil intitulé Le pays où la mort est moins chère (Moisson rouge, 2009).

     

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    "Dans Milieu hostile, l’intrigue est lente et cuisante, comme la plaie mal refermée laissée par les soviets à quelques degrés à l’Est du formatage atlantiste « cut » des lecteurs de polar occidentaux, gavés de produits cinématographiques ou télévisuels d’origine ou d’inspiration américaine. Au point que toute autre forme de narration les perturbe. Dans Milieu hostile, on est au cœur du complot : l’industrie pharmaceutique impose ses exigences et sa marge bénéficiaire au mépris de la valeur d’usage, aux gouvernements, ONG et nomenklaturas médicales ; la presse joue son rôle de charognard au service des uns puis des autres, vendant aussi peu d’information que les labos vendent de soins ; l’Est et l’Ouest dansent maladroitement leur valse-hésitation au gré des tractations et des arrosages constants d’oseille pour graisser les rouages ; les dirigeants changent de discours aussi souvent que de chaussettes. Mais ça ne ressemble pas, me serine-t-on à un polar, et je veux bien le croire, je ne sais pas en écrire, peu familier avec les canons débiles d’un genre plein de détectives imbibés amateurs de quartet à cordes et de policiers divorcés férus d’humanisme, piétinant dans une enquête laborieuse dont les indices prouveront que les riches sont des pourris et que les meilleurs des pauvres deviennent parfois méchants à force de morfler. Peut-être que la plongée dans l’abîme de la perte intime, des amours qui s’effondrent, une amitié qui se déchire, pourrait tirer Milieu hostile vers le « noir », un fourre-tout très sérieux et propre sur lui où l’on glisse ce qui sort du « polar », mais où traînent quelques cadavres de victimes. Mais l’insistance, le trait qui redouble l’intrigue géopolitique d’une intrigue humaine ressemble trop à de la littérature générale, un label qu’on ne va tout de même pas m’accorder, ce ne serait pas un service à me rendre. Et puis les poules de Milieu hostile, transfuges intimes de la femme soviet, ne sont ni avocates à Manhattan, ni portoricaines dans le Bronx. Les lascars n’ont aucune ascendance irlandaise, les drogues ne viennent pas de Colombie, on les bricole soi-même à Kiev et Sébastopol, on les confectionne à Vilnius, on les interdit à Paname. Si le retour de la vieille équipe de staliniens aux affaires d’Ukraine est au centre du roman, il n’y a donc pas le moindre gangster mexicain ou caïd maniaco-dépressif à la Scorcese. D’ailleurs, Milieu hostile, ça ne se passe ni à Chicago, ni dans l’East End, ni à Marseille. Mon casier judiciaire s’alourdit. Peut-être que Milieu hostile aurait pu être reconnu par le genre noir, à l’époque, quarante ans en arrière où il représentait l’antidogme, foisonnant, inventif, part maudite de la société, avant l’avènement des doctrines, quand, par exemple, Viard et Zacharias adaptaient L’Iliade et Hamlet dans la France des Trente Glorieuses, que Dard pondait l’inoubliable Une Seconde de toute beauté, qu’on rangeait les implacables mécaniques Guerre Froide de Len Deighton en collec polar version espionnage.

    Avant l’irruption des doctrines.

    Quand le polar n’était pas encore un Milieu hostile.
    Thierry marignac"
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  • Carl Schmitt et la théologie politique...

    Les éditions du Cerf viennent de publier un recueil comportant quatre essais inédits du juriste et philosophe politique allemand Carl Schmitt. Le volume est présenté par Bernard Bourdin, professeur de philosophie et de théologie à l'université de Metz, et préfacé par Jean-François Kervégan, auteur récent d'un essai intitulé Que faire de Carl Schmitt ? (Gallimard, 2011).

     

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    "L'expression « théologie politique » n'a jamais été utilisée en tant que telle par les théologiens chrétiens. Elle n'apparaît pour la première fois que dans le titre d'un ouvrage majeur de la philosophie du XVIIe siècle, le « Traité théologico-politique » de Spinoza. L'intention de son auteur était de conjoindre la souveraineté et la liberté de pensée, et par là même de régler le « problème théologico-politique ». Il faut attendre l'anarchiste Bakounine, au XIXe siècle, pour « réhabiliter » la théologie politique à des fins révolutionnaires, puis pour dénoncer le déisme de Mazzini.

    En 1922, en rédigeant son premier texte sur la théologie politique, Carl Schmitt prend le contre-pied de l'anarchisme révolutionnaire. Avec le juriste rhénan, la théologie politique est désormais identifiée à la théorie de la souveraineté. C'est par une formule lapidaire, devenue célèbre, qu'il commence son essai : « Est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle. » Dès la fin du IIe Reich, puis dans le context de la république de Weimar, tout le projet intellectuel de Schmitt est d'articuler sa théorie du droit et du politique à une structure de pensée théologico-politique. Le problème de la démocratie libérale est son incapacité à disposer dune véritable théorie de la représentation, en raison de l'individualisme inhérent à la pensée libérale. Face à cette impuissance, le catholicisme, par sa structure ecclésiologique, offre au contraire tous les critères de la représentation politique et de la décision.

    Les textes que Bernard Bourdin présente dans ce volume, parus entre 1917 et 1944, sont des plus explicites s'agissant de ces aspects de la théorie schmittienne : institution visible de l'Église, forme représentative et décisionnisme. Ils mettent de surcroît en évidence la double ambivalence de la pensée de Schmitt dans son rapport au christianisme (catholique) et à la sécularisation. En raison de son homologie de structure entre Dieu, État et Église, la nécessité d'une transcendance théologico-politique plaide paradoxalement pour une autre approche d'une pensée politique séculière. Ambivalence qui ne sera pas non plus sans équivoque."

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  • Jünger et ses dieux...

    Les éditions Orizons ont publié en début d'année un essai de Michel Arouimi intitulé Jünger et ses dieux. Michel Arouimi est maître de conférence en littérature comparée à l'Université du Littoral de la région Nord-Pas-de-Calais.

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    "Le sens du sacré, chez Ernst Jünger, s'est d'abord nourri de l'expérience de la guerre, ressentie comme une manifestation de la violence que le sacré, dans ses formes connues, semble conjurer. D'où le désir, toujours plus affirmé chez Jünger, d'une nouvelle transcendance. Mieux que dans ses pensées philosophiques, ces problèmes se poétisent dans ses grands romans, où revivent les mythes dits premiers. Or, ces romans sont encore le prétexte d'un questionnement des pouvoirs de l'art, pas seulement littéraire. Dans la maîtrise des formes qui lui est consubstantiel, l'art apparaît comme une réponse aux mêmes problèmes que s'efforce de résoudre le sacré. La réflexion de Jünger sur l'ambiguïté du sens de ces formes semble guidée par certains de ses modèles littéraires. Rimbaud a d'ailleurs laissé moins de traces dans son oeuvre que Joseph Conrad et surtout Herman Melville, dont le BillyBudd serait une source méconnue du Lance-pierres de Jünger. La fréquentation de ses " dieux littéraires ", parmi lesquels on peut compter Edgar Poe et Marcel Proust. a encore permis à Jünger d'affiner son intuition de l'ordre mystérieux qui s'illustre aussi bien dans la genèse de l'oeuvre écrite que dans un destin humain."

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  • L'industrie de la contrainte...

    Les éditions Pièces et main d'oeuvre viennent de publier  en publiant un essai de Frédéric Gaillard intitulé L'industrie de la contrainte. Avec ce livre, elles poursuivent un travail de critique radicale de la société moderne, notamment dans sa dimension techniciste...

     

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    "IBM, Thalès, Clinatec : un filet global de capteurs électroniques, des outils informatiques pour traiter des myriades de données, un laboratoire pour "nous mettre des nanos dans la tête". Nous entrons dans la société de contrainte. Au-delà de ce que la loi, les normes sociales et la force brute ont toujours imposé ou interdit aux sans-pouvoir, des innovations issues de l'informatique et des statistiques, des nano et neurotechnologies, des super-calculateurs et de l'imagerie médicale, permettent bientôt la possession et le pilotage de l'homme-machine dans le monde-machine. La gestion de flux et de stocks d'objets au lieu de la perpétuelle répression des sujets : macro-pilotage d'ensemble et micro-pilotage individuel. Voilà ce que montre ce livre à travers des cas concrets et leurs effets voulus autant qu'inéluctables. De ces exemples d'un mouvement général, il ressort : que la possession est l'état de ceux que gouverne une puissance étrangère (neuroélectronique) qui les prive de leur libre arbitre et en fait l'instrument de sa volonté ; que la guerre est une violence destinée à contraindre autrui à faire nos volontés ; que la technologie est la continuation de la guerre, c'est-à-dire de la politique, par d'autres moyens ; que l'innovation accélère sans fin le progrès de la tyrannie technologique. Que nul ne peut s'opposer à l'ordre établi ni au cours des choses sans d'abord s'opposer à l'accélération technologique."

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  • La subsistance de l'homme...

    Les éditions Flammarion viennent de publier La subsistance de l'homme, un ouvrage de Karl Polanyi. D'origine hongroise, historien, économiste et anthropologue, Karl Polanyi est l'auteur de La Grande Transformation - Aux origines politiques et économiques de notre temps (Gallimard, 1983 ; rééd. 2009), un essai publié initialement en 1944, qui a fait date. Il s'oppose à la vision libérale du monde ainsi qu'au rôle central du marché et défend le principe d'une économie encastrée dans la société.

     

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    "Ce recueil de textes posthumes livre, à travers une étude socio-historique, une interprétation de la nature et des racines de l'économisme contemporain.

    Penseur majeur de l'économie de marché et historien du libéralisme, Karl Polanyi reste l'un des rares théoriciens capables de nous aider à comprendre la nature du libéralisme en économie et à reconnaître les limites actuelles de nos démocraties. La Subsistance de l'homme - ouvrage inachevé paru aux États-Unis en 1977, et enfin disponible en français - prolonge et complète son oeuvre magistrale, La Grande transformation. Polanyi y formulait une critique de l'utopie libérale du XIXème siècle à l'origine du mouvement social d'autoprotection, de l'"État providence", aujourd'hui encore fortement menacé.

    En prenant le parti d'analyser la subsistance de l'homme sur une très longue période historique, Polanyi offre ici une interprétation originale de la nature et des racines de l'économisme contemporain. L'économie des sociétés primitives, de la vieille Babylone, de l'Égypte ancienne et du royaume du dahomeu au XVIIIème siècle permet de repenser l'universalité et la spécificité des relations sociales et des modes d'"encastrement" de l'économie au sein de la société. Dans la grèce antique, le commerce extérieur, les usages de la monnaie et l'émergence de marchés à l'échelle locale ou méditerranéenne sont autant d'exemples où l'échange était subordonné à la réciprocité et à la redistribution et où l'économie était étroitement liée au politique.

    Derrière ce travail de recherche, exigeant et exceptionnel, se déploie l'une des grandes pensées humanistes du XXème siècle, aujourd'hui indispensable pour desserer l'emprise que la logique libérale exerce sur notre représentation de l'économie et du monde."

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  • De l'esprit d'aventure...

    Les éditions Arthaud viennent de rééditer en collection de poche De l'esprit d'aventure, un dialogue entre Gérard Chaliand, Patrice Franceschi et Jean-Claude Guilbert sur le thème de l'aventure. Et les trois auteurs savent de quoi ils parlent...

     

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    "Qu’est-ce que l’esprit d’aventure ? Quelle est son importance pour l’individu ? Quel rôle joue-t-il au sein des sociétés ? Dans ce dialogue à trois, les auteurs tentent de répondre à ces questions en proposant une conception renouvelée et originale de cet esprit d’aventure, en revisitant l’histoire des sociétés et en interrogeant leurs propres parcours.
     
    Cela les conduit à redéfinir les liens entre action et réflexion, à porter un regard neuf sur les hommes qui ont élargi le champ de la connaissance et sur les personnages mythiques qui ont marqué notre imaginaire."

    Gérard Chaliand, grand voyageur, a théorisé ses expériences d'observateur-participant dans les luttes armées. Patrice Franceschi, président honoraire de la Société des explorateurs français, écrivain-aventurier, est le capitaine du trois-mâts La Boudeuse. Jean-Claude Guilbert, reporter-écrivain, est également l’héritier d’Hugo Pratt.

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