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Livres - Page 506

  • Sacré art contemporain...

    Les éditions Jean-Cyrille Godefroy viennent de publier Sacré art contemporain - Eveques, Inspecteurs et Commissaires, un essai d'Aude de Kerros. Sculpteur, l'auteur a déjà publié L'art caché - Les dissidents de l'art contemporain, consacré aux artistes qui rejettent l'art conceptuel officiel et subventionné, autrement appelé "art contemporain" ou AC.

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    Ce livre évoque une controverse artistique et intellectuelle qui traverse notre époque sous l’angle particulier du lien qui existe entre la création, l’art et le sacré. Une crise s’est ouverte en 2011 avec les manifestations populaires contre des œuvres subventionnées de Serrano (Piss Christ) Castellucci (Sur le visage du Christ) et Garcia (Golgotha Picnic ). Fruit de la commande publique, faite désormais selon des critères conceptuels de l’Art contemporain, c’est un  art sacré d’Etat qui a pris place dans les églises. Ce phénomène massif a provoqué des transferts inédits, de légitimité, de sens et de sacré. Un véritable clergé administratif, « les inspecteurs de la création », a usé de  son prestige et de sa séduction auprès du clergé d’église, et imposé dans les sanctuaires la foi conceptuelle, son culte et son dogme fondé sur la déclaration créatrice de l’artiste.  Concevoir une œuvre d’art devient désormais un acte terroriste non sanglant visant, par le détournement des objets, situations, lieux et mots à faire exploser tout contexte et semer la confusion dans le monde immatériel de l’esprit, des idées et du sens.Cette nouvelle définition de l’art défendue et sacralisée par l’Etat est estimée être un Service Public. 

    Aude de Kerros est graveur, essayiste, critique d’art, auteur de « L’Art Caché  » et de nombreux articles et analyses sur l’Art contemporain. Elle nous fait l’histoire de la captation du sacré par une administration en quête de légitimité historique et monétaire. Elle révèle la dernière métamorphose de "l'Art contemporain", AC, en une nouvelle religion aux pratiques cultuelles archaïques."

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  • Skinheads ?...

    Les éditions Au Diable Vauvert publient cette semaine Skinheads, un roman de John King. Figure de la littérature populiste anglaise, John King est l'auteur de Football Factory (L'Olivier, 2004), de La Meute (L'Olivier, 2000) et d'Aux couleurs de l'Angleterre (L'Olivier, 2005), une trilogie percutante consacrée au monde des supporters de football, amateurs de bière et de bagarre... Dans ce nouveau roman, il rend justice au mouvement skinhead, apparu chez les jeunes prolétaires anglais en réaction à la mode hippie qui fleurissait parmi la jeunesse estudiantine et bourgeoise, un mouvement, comme l'indique bien Jacques Lindecker dans un article de L'Alsace, porteur "des valeurs de la classe ouvrière britannique : défense de la communauté, virilité, amour de la bière, fraternité, patriotisme", et qui ne peut pas être réduit à sa minorité extrémiste et politisée.

     

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    "Trois générations d'une même famille, trois hommes issus du milieu prolétaire britannique. Terry English, skinhead propriétaire d’une petite société de taxis, n’est pas sûr d’être encore vivant pour ses cinquante ans, mais garde malgré tout sa joie de vivre grâce au ska et à sa jolie assistante Angie. Il décide de s’investir corps et âme dans la réouverture de l’Union Jack Club. Nutty Ray, punk, employé par Terry, lutte pour contrôler sa haine de la société et n’a qu’un seul plaisir : passer son temps libre à provoquer les flics de Chelsea. Et enfin Lol, quinze ans, skater punk adolescent à la recherche de lui-même…

    À travers ces trois personnages, John King va revenir sur l’apparition de la culture skin, une culture prolétaire qui s’enracine d’abord dans la musique, comme toujours en Angleterre, et une musique de pauvres, le reggae qui va s’épanouir dans le ska des années 70, en rupture avec l’époque, alors hippie. Mais qui s’accomplit aussi dans l’amour de la sape, de la bière, et du pays. Il rend un remarquable hommage au mouvement culturel britannique des années 1960, mouvement complexe, souvent caricaturé et finalement incompris, qui a déchaîné une peur sociale et symbolique encore plus forte que le punk, décuplée par son essence radicalement et ostensiblement prolétaire."

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  • Les cinq guerres de Jünger...

    L'excellent site de polémologie Theatrum Belli met à la disposition des internautes un court essai de l'historien Jean-Jacques Langendorf, intitulé Les cinq guerres de Jünger, consacré à l'évolution de la vision de la guerre chez l'auteur d'Orages d'acier.

    Les cinq guerres de Jünger

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  • Eloge du populisme...

    Il faut s’arrêter un instant sur l’expression des adversaires de l’immigration, qui caractérisent celle-ci comme une immigration “de peuplement”. On s’accorde généralement à faire de 1974 un point de bascule quant à la nature de l’immigration, par l’effet du regroupement familial. On passa alors de l’immigration provisoire d’individus, dont les motifs étaient économiques ou de refuge (asile politique), à une immigration d’implantation. Si l’expression “immigration de peuplement” est plus juste encore que ceux qui l’emploient ne le croient, c’est parce qu’elle n’est pas seulement un phénomène quantitatif, mais un phénomène qualitatif : il s’agit effectivement de “faire peuple” à l’intérieur d’un peuple déjà existant. Ce phénomène, qui est loin d’être majoritaire, est en partie nouveau, ne se limite pas à la France, et crée de véritables diasporas à l’intérieur des pays d’accueils. C’est dans la mesure où les immigrés veulent conserver leur similitude avec le peuple du pays d’origine qu’ils refusent l’assimilation au peuple d’accueil, et cela parce qu’il est impossible d’être similaire à deux modèles contradictoires. Il est curieux que l’on déplore comme “populiste” l’attachement du peuple d’accueil à sa similitude, et que l’on encense l’attachement des immigrés à la similitude de leur peuple d’origine.

    Les éditions Elya viennent de publier Eloge du populisme, un essai signé par Vincent Coussedière. Professeur de philosophie, Vincent Coussedière en appelle au travers de ce livre à une recomposition de l'offre politique.

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    "Si un éloge du populisme reste possible, c’est parce que le populisme n’est pas ce phénomène de ressentiment identitaire critiqué par les experts, confondant populisme du peuple et démagogie populiste. Le populisme est d’abord une affirmation, l’affirmation d’un attachement profond à une tradition qu’il s’agit d’imiter. Ce que le peuple veut conserver, ce n’est pas son identité, car il n’a pas d’identité et il le sait. Ce qu’il veut conserver, c’est sa capacité d’imiter une tradition et de reconnaître la similitude de ceux qui l’imitent avec lui. C’est très maladroitement que les mouvements populistes expriment leur revendication dans un langage identitaire, tombant ainsi dans le piège des démagogues. Etre conservateur ne consiste pas à vouloir conserver une identité mais à vouloir conserver une liberté.
    A rebours de cette interprétation méprisante du « populisme », cet essai propose une réévaluation du phénomène. Le populisme n’est plus rabattu sur une forme de démagogie et d’appel au peuple, mais il est repensé comme la réaction, saine en elle-même, d’un peuple politique à sa destruction. Car il y a plus de mémoire politique dans le populisme du peuple que dans les interprétations que proposent les experts de « la tentation » populiste ou de « l’illusion » populiste. C’est cette mémoire politique, retenue encore dans le peuple populiste, et perdue par les élites, qui ménage paradoxalement un avenir au peuple français."

     

     

     

     

     

     

     

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  • Villes sous contrôle...

    Les éditions La Découverte viennent de publier Villes sous contrôle - La militarisation de l'espace urbain, un essai de Stephen Graham. Les travaux de Stephen Graham, géographe de formation, s'inscrive dans la lignée de ceux de l'américain Mike Davis, l'auteur de City of Quartz, Le stade Dubaï du capitalisme, Paradis infernaux : les villes hallucinées du néo-capitalisme...

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    "Checkpoints, drones, GPS, passeports biométriques, insectes cyborgs, puces RFID, détecteurs de cibles, essaims de nanocapteurs, soldats-robots, barrières Jersey, dirigeables de surveillance, bombes « incapacitantes » et arsenal « non létal »... Qu'ont en commun toutes ces « technologies » qui, pour certaines, semblent relever de la science-fiction et qui, pour d'autres, imprègnent déjà notre quotidien de citadins ? Concoctées dans les laboratoires de l'armée, elles sont les nouvelles armes de la guerre en cours, cette « guerre asymétrique » ou « permanente » qui transforme les armées occidentales en forces contre-insurrectionnelles high-tech et chacun d'entre nous en cible potentielle nécessitant d'être identifiée, pistée, surveillée, au nom de la prévention d'une menace indistincte.
    Avec Israël comme laboratoire et la « guerre contre le terrorisme » comme terrain d'application mondial, cette nouvelle forme de conflit touche de manière très différenciée les habitants du monde riche et ceux des territoires post- et néo-coloniaux. Elle se signale cependant par un trait commun à tous : ses champs de bataille ne sont plus les plaines ou les déserts, mais les principales agglomérations urbaines mondiales. Dans le sillage des travaux de Mike Davis, Naomi Klein ou Eyal Weizman, le livre de Stephen Graham nous donne les clés pour comprendre les logiques profondes de cet emballement militaro-sécuritaire globalisé."

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  • Une promenade idéologique passionnante...

    Fondateur de Polémia, Jean-Yves Le Gallou a lu et apprécié Mémoire vive, le livre d'entretiens d'Alain de Benoist avec le journaliste François Bousquet. Nous reproduisons ci-dessous le compte rendu qu'il en a fait sur son site.

    Nous vous rappelons, par ailleurs, que Mémoire vive, publié aux éditions de Fallois, est disponible en librairie ainsi que sur le site de la revue Eléments.

     

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    Mémoire vive est un livre singulier : c’est une promenade intellectuelle à travers le dernier demi-siècle, et qui remonte même bien au-delà. Car Alain de Benoist est un « intellectuel engagé » qui s’intéresse aux origines et à la généalogie. Celle de sa famille éclaire son parcours. De père aristocrate et de mère issue d’un milieu populaire, il n’a guère d’ancêtres bourgeois ; encore moins de sympathie avec l’esprit bourgeois, en qui il voit la domination de l’argent : « L’argent (…), cet équivalent universel qui transforme la qualité en quantité. » Le refus de Mammon sera une constante du parcours d’Alain de Benoist. Tout comme son goût pour les périphéries régionales, son attachement aux racines locales, sa méfiance à l’égard des jacobinismes.

    Pic de la Mirandole avec un clavier

    Son parcours, Alain de Benoist l’a commencé enfant dans les années 1950. Des années frugales. C’est l’époque des « Dinky toys » où un jeune garçon n’avait guère plus d’une dizaine de voitures miniatures, des jouets qui le suivaient de l’enfance à l’adolescence. Aujourd’hui, son fils ou son petit-fils en aura des dizaines qui se succéderont les unes aux autres : à peine achetées, sitôt jetées ! Belle initiation à la société de consommation, une société de consommation qui ne s’est épanouie qu’à partir des années 1960.

    Ceux qui sont nés plus tard l’ignorent et ceux qui ont vécu ces années-là l’ont oublié : mais, jusqu’en 1960, « la grande césure », la moitié des Français n’avaient pas l’eau courante au robinet et les plus riches – ceux qui avaient des maisons de campagne ou des châteaux – allaient tirer l’eau au puits durant leurs vacances. Alain de Benoist évoque, avec sensibilité, cette époque avec « des façons de parler, des sentiments et même des types humains aujourd’hui quasiment disparus », balayés par la modernisation et le confort qui sont des « avancées » très récentes.

    Pour autant, le jeune Alain de Benoist s’est d’emblée frotté à la technologie : dès huit ans, il tapait ses devoirs à la machine à écrire. Acquérant dans l’art de la frappe une dextérité extraordinaire qui l’aide aujourd’hui à diriger deux (voire trois ?) revues, écrire plusieurs livres à la fois et travailler sur de nombreux articles, tout en répondant courtoisement aux courriels de ses très nombreux correspondants. Alain de Benoist, c’est Pic de la Mirandole avec un clavier.

    Doué d’une intelligence précoce, Alain de Benoist a aussi connu un engagement précoce : « une jeunesse agitée » qui, sur les ruines de l’Algérie française, lui fait découvrir le militantisme (la ronéo) et le combat intellectuel dès l’âge de quinze ans. De ce militantisme il dit qu’ « il est une école de discipline, de tenue, d’exaltation et d’enthousiasme, une école de don de soi (…) Un creuset d’amitié comme il y en a peu. »

    Depuis 1960, la presse française a eu deux grandes écoles de formation.

    • – l’école d’extrême gauche, qui s’est constituée, à partir de 1968, dans les fanzines communistes, maoïstes ou trotskystes et qui, par « reproduction » successive, contrôle aujourd’hui une bonne partie des médias ;
    • – l’école issue de la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), qui est née entre 1962 et 1967. Deux jeunes hommes y firent leurs premières armes : Amaury de Chaunac-Lanzac (François d’Orcival) et Alain de Benoist (Fabrice Laroche) qui publièrent ensemble Le Courage est leur patrie et Rhodésie, pays des lions fidèles, préfacé par Ian Smith, héros de l’indépendance blanche de la Rhodésie*.

    François d’Orcival évoluera ensuite vers le combat libéral, le soutien à la droite parlementaire et un atlantisme pro-israélien. C’est aujourd’hui une éminente personnalité du monde de la presse, décoré de la Légion d’honneur et membre de l’Institut.

    Le parcours d’Alain de Benoist a été plus chaotique : après une grande notoriété dans les années 1970, il a vécu dans une sorte d’exil intérieur, davantage invité à l’étranger qu’en France. Il suivra un parcours de vrai dissident, n’hésitant pas à choquer ses amis ou ses soutiens : alors collaborateur à Valeurs actuelles, il avait écrit, en 1976, qu’il « préférait porter la casquette de l’Armée rouge que manger des hamburgers à Brooklyn », un propos qui pouvait paraître un peu désordre en pleine Guerre froide… Alain de Benoist s’en explique d’ailleurs avec une certaine insistance : il n’a pas « choisi une stratégie pour ses idées, de peur d’avoir les idées de sa stratégie ». Pour lui, le travail d’un intellectuel n’a de sens que s’il exprime réellement sa pensée indépendamment de calculs opportunistes.

    Le printemps de la « Nouvelle Droite »

    Le morceau de choix du livre est le long chapitre consacré à la « Nouvelle Droite ».

    C’est une période très féconde de recherche intellectuelle qui démarre avec la fondation du GRECE et la création de Nouvelle Ecole en (mars !) 1968. C’est dans les années 1970 que furent posés les jalons d’une idéologie centrée sur les origines (« Tout est beau dans les origines ») : biologiques (la question de la race n’est alors pas éludée), culturelles, civilisationnelles. On retiendra notamment les travaux sur les fêtes et les traditions, la prise en considération de l’héritage païen de l’Europe, la redécouverte des sources celtiques et nordiques, l’importance accordée aux thèses de Georges Dumézil sur l’univers trifonctionnel des Indo-Européens et le nécessaire équilibre entre les fonctions de souveraineté, de défense et de production. Nous en sommes loin aujourd’hui avec le primat absolu (et pathologique) pris par la fonction marchande.

    Alain de Benoist revisite cette période-clé avec un mélange de distance et de bienveillance. Il estime excessive la part d’explication alors accordée au déterminisme biologique. Il est vrai que l’inné n’est rien sans l’acquis et que « l’homme est par nature un être de culture » (Arnold Gehlen). Pour autant, comment expliquer, aujourd’hui, autrement que par le facteur racial, que, sur les cinq continents et dans toutes les cultures, les enfants d’origine asiatique réussissent (en moyenne) scolairement, économiquement et socialement mieux que les enfants d’origine africaine ? Bien sûr, ce constat statistique est atrocement politiquement incorrect et il est évidemment plus facile d’interdire ou d’occulter son expression que de la contester. Il n’empêche : les faits sont têtus !

    Néanmoins, Alain de Benoist reste intellectuellement fidèle à cette période : il a publié en 2006 un brillant essai, Nous et les autres : une problématique de l’identité, et vient de consacrer les deux derniers numéros de Nouvelle Ecole aux Grecs et aux Romains, un intéressant retour aux fondamentaux. Dans les années 1970 les humanités classiques étaient encore au cœur de l’enseignement ; remettre en mémoire les héritages celtes ou germaniques c’était élargir la vue du monde européen. Aujourd’hui que les humanités ont disparu des collèges et des lycées le retour aux Grecs et aux Romains est une urgence !

    Heurs et malheurs du Figaro-Magazine

    La « Nouvelle Droite », « cette belle aventure de l’esprit », ce sera aussi une formidable histoire de presse, avec la création du Figaro-Dimanche en 1977, puis du Figaro-Magazine en 1978 : un journal au contenu intellectuel brillant et aux lecteurs nombreux, jusqu’à 800.000 exemplaires hebdomadaires. C’est précisément le succès en termes de lectorat du Figaro-Magazine qui le condamna à mort. Le magazine dirigé par Louis Pauwels fit l’objet de deux attaques massives : la campagne de l’été 1979 contre la « Nouvelle Droite », première campagne française de diabolisation ; puis, en octobre 1980, la campagne de sur-diabolisation qui suivit l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic (attentat d’origine proche-orientale attribué à « l’extrême droite »), attentat que Jean Pierre-Bloch, à l’époque président de la LICRA, imputa au « climat intellectuel » créé par le Figaro-Magazine.

    Le résultat de cette campagne fut une épuration progressive du Figaro-Magazine sous la pression des milieux bien-pensants, à la Jean d’Ormesson, et des publicitaires, en particulier Maurice Lévy, de Publicis (aujourd’hui patron de l’AFEP, la très puissante Association française des entreprises privées). Louis Pauwels dut mettre de l’eau dans son vin, se séparer de plusieurs journalistes, renvoyer son rédacteur en chef, Jean-Claude Valla, et remiser Alain de Benoist à la rubrique vidéo (ce qui revient à laisser une Ferrari au garage !).

    La réussite de cette stratégie fut au rendez-vous : le Figaro-Magazine perdit les trois quarts de ses lecteurs et… augmenta ses recettes publicitaires : preuve, s’il en est besoin, qu’en matière de presse les logiques de pouvoir sont infiniment plus fortes que les logiques économiques. Les règles du marché… ne sont pas celles que l’on croit. « C’est Tartuffe, Trissotin et Torquemada qui font la loi » (Michel Mourlet).

    Un chemin de pensée dans l’adversité

    A partir de 1980/1981, Alain de Benoist entame une longue traversée du désert. Du désert médiatique français, s’entend, car il publie beaucoup à l’étranger et y intervient souvent à la télévision, notamment italienne. Il ne se plaint pas de son sort, reprenant la devise de la reine d’Angleterre : « Never complain, never explain. » Il forge des concepts nouveaux promis à un bel avenir (la pensée unique) ou dénonce (avec Guillaume Faye) « le système à tuer les peuples ».

    Il analyse le caractère « liquide » de la pensée post-moderne. Pour lui, « la vie n’est pas neutre », d’où sa critique du libéralisme quand ce dernier « fait l’apologie d’un Etat qui resterait neutre par rapport aux choix des citoyens quant aux différentes conceptions de la “vie bonne”. Cette neutralité est illusoire. D’ailleurs, vouloir rester neutre, c’est encore s’engager, car la neutralité fait toujours le jeu de quelqu’un ».

    Alain de Benoist condamne toujours l’égalitarisme et l’idéologie de la « mêmeté ». Mais sa réflexion le porte de plus en plus sur la critique du capitalisme et de la « forme-capital », instrument de destruction de toutes valeurs traditionnelles s’opposant au culte de l’argent. C’est une analyse qu’on peut qualifier de très schumpetérienne.

    En désaccord avec toute forme de « libéralisme national » (Henry de Lesquen), Alain de Benoist juge vain d’opposer ou de distinguer libéralisme politique, économique et sociétal. Pour lui, l’un se nourrit de l’autre : reconnaissons que l’alliance médiatique du trotskysme de salles de rédaction et du capitalisme financier conforte ce point de vue.

    Alain de Benoist a aussi été parmi les premiers à mettre en avant le local par rapport au global.

    Une madone de vitrail ? Non, un intellectuel debout !

    Certes, ce païen qui dédicace son livre à l’abbé de Tanoüarn n’est pas une madone de vitrail. Sa tendance à aimer choquer ceux qui pourraient le soutenir est parfois irritante. Sa dialectique qui consiste à se démarquer de la « xénophobie », de la critique de l’immigration et de « l’extrême droite » en en reprenant les caricatures diabolisantes est à la fois facile et peu élégante. Et certains silences ne sont que des prudences.

    Reste qu’Alain de Benoist peut légitimement écrire : « Je suis fier d’être resté un esprit libre. Je suis fier de n’avoir jamais déserté la pensée critique. (…) Je n’ai jamais abandonné le désir de voir “de l’autre côté du miroir”. Je ne suis pas l’homme de la repentance ou de la Téchouvah. C’est aussi une chose dont je suis fier. » Enfant, Alain de Benoist a lu la fable de Jean de La Fontaine surLe Loup et le Chien. Il a choisi son camp. Nous aussi.

    Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 4 mai 2012)

    Note :

    *En 1965, la Rhodésie du Sud à gouvernement blanc était l’un des pays les plus calmes et les plus prospères d’Afrique. Le pouvoir fut transféré à la majorité noire et à Robert Mugabe en 1980. Devenue Zimbabwe, la Rhodésie se classe aujourd’hui au dernier rang de l’indice du développement humain de l’ONU.

    Sauf indications contraires les citations sont extraites de Mémoire vive.

    Alain de Benoist, Mémoire vive/ Entretiens avec François Bousquet, Editions de Fallois, Collection Littérature, 2 mai 2012, 330 pages.

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