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Livres - Page 473

  • Fontenoy est revenu !...

    Ecrivain et journaliste, passé du surréalisme au fascisme et mort à Berlin en avril 1945, Jean Fontenoy ne peut pas laisser indifférent. Gérard Guégan, qui a fréquenté l'ultra-gauche et dont les démélées avec Guy Debord sont bien connues, lui a consacré une biographie intitulée Fontenoy ne reviendra plus, qui d'abord publiée chez Stock en 2011, vient d'être rééditée au Livre de poche.

    On notera que Philippe Vilgier a lui aussi signé une biographie de l'auteur de Shangaï secret, intitulée Jean Fontenoy, aventurier, journaliste et écrivain, qui a été publiée en 2012 aux éditions Via Romana.

     

     

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    Jean Fontenoy, ou Tintin à la Wehrmacht

    Du communisme au fascisme, de Shanghai à Berlin, Jean Fontenoy a vécu en aventurier. Gérard Guégan retrace le parcours de cet oublié des lettres françaises.

    Jean Fontenoy, c'est Tintin qui aurait viré fasciste. Il commence comme petit reporter chez les Soviets puis en Chine - Hergé lui rend même hommage, dans Le Lotus bleu, en dessinant une fausse Une du Journal de Shanghai, que Fontenoy avait créé là-bas - et termine dans les pages de Bagatelles pour un massacre, ce brûlot de Louis-Ferdinand Céline que notre ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a dû "relire" pour s'aviser qu'il était affreusement antisémite. Ce grand écart dit tout de cet inconnu des lettres françaises que Gérard Guégan a eu la bonne idée de ressusciter dans une biographie attachante et documentée. 

    Jean Fontenoy (1899-1945) aura été un aventurier, dans tous les sens du terme. "Drogué, gangster intellectuel, deux fois suicidé", résumera cruellement Maurice Martin du Gard. Emergeant par miracle d'une famille qui tire le diable par la queue, son amour pour la révolution bolchevique - tendance Trotski-Maïakovski - le mène jusqu'à Moscou, où il sera le correspondant de l'ancêtre de l'AFP. Puis c'est Shanghai, où il finit conseiller de Tchang Kaï-chek et, hélas, opiomane invétéré - Le Lotus bleu, toujours... Il traverse ce début des années 1930 entre amitiés surréalistes, flirt avec la NRF (son ami de toujours sera Brice Parain, éminence grise de Gaston Gallimard), paquebots transatlantiques et jolies femmes - une mystérieuse danseuse roumaine, puis une intrépide aviatrice... 

    Soudain, en 1937, la bascule et l'adhésion au Parti populaire français de Jacques Doriot. Comme pour Céline et l'antisémitisme, difficile de déterminer avec certitude ce qui fait plonger Fontenoy du côté du fascisme. Officiellement, ce serait en réaction aux purges staliniennes : il prend sa carte au PPF le jour de la condamnation du maréchal Toukhatchevski. La réalité est plus contrastée, mélange diffus de haine des riches et d'amour pour le whisky, de hantise d'une impuissance sexuelle et d'échecs littéraires. Qui, aujourd'hui, serait capable de citer un seul livre de Fontenoy ? il y eut pourtant - notez le sens des titres - Shanghai secret, L'Ecole du renégat ou Frontière rouge, frontière d'enfer... 

    A partir de là, si l'on excepte quelques gestes d'héroïsme - en 1940, prêt à mourir pour Helsinki, il s'engage dans l'ar- mée finlandaise et part combat- tre l'Armée rouge par - 40 °C -, il semble se complaire dans une certaine abjection. Le voilà qui parade en uniforme de la Wehrmacht au Café de Flore, en 1942 ; un peu plus tard, il demande au sinistre Darquier de Pellepoix de lui dénicher un appartement saisi à des juifs ; évidemment, on retrouve sa signature dans Je suis partout et Révolution nationale, qu'il dirigea même un temps. Il semble fait pour naviguer dans les eaux troubles de la collaboration, entre conjurations, subsides de l'ambassade du Reich et officines cagoulardes. "Fontenoy me touche par une espèce de pureté confuse", écrira pourtant Cocteau. 

    Ce "renégat" fait partie de ces personnalités foncièrement faibles qui se rassurent par des engagements forts. Ses derniers jours ressemblent à sa propre caricature : Oberleutnant de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme sur le front de l'Est, fuite à Sigmaringen ("La bronzette, terminé !" lui lance, ironique, Céline) et suicide effroyablement romanesque dans les ruines de Berlin, en avril 1945. Son corps ne sera jamais retrouvé. 

    Gérard Guégan, lui, a su retrouver l'esprit de ce second couteau des lettres, sorte de métaphore parfaite des errements intellectuels d'un demi-siècle. Certes, son Fontenoy ne reviendra plus aurait pu, peut-être, faire l'économie d'une centaine de pages sur près de 500. Après tout, l'auteur de Shanghai secret n'a eu ni la vie de Malraux ni l'oeuvre de Céline. Il n'empêche : avec ce livre, on peut dire que Fontenoy est revenu. 

    Jérôme Dupuis (L'Express, 25 février 2011)

     

     

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  • Il est de retour !...

    Er ist wieder da ! Il est de retour ! Qui ? Lui...  Et le livre, signé par le romancier Timur Vermes et publié chez Eichborn Verlag, qui raconte son retour, fait un tabac dans les librairies outre-Rhin, avec plus de 360 000 exemplaire vendus, et suscite, en prime une belle polémique. Peut-on rire d'Hitler et, surtout, critiquer par son entremise certains travers de notre société ? Les lecteurs français pourront juger d'eux-mêmes puisque la traduction française de ce roman sera disponible en France en 2014.

     

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    Hitler de retour ?

    Berlin — « Il est de nouveau là » : 80 ans après l’accession d’Hitler au pouvoir, un roman racontant son retour en 2011 à Berlin est un best-seller en Allemagne, mais un Führer de comédie n’est pas du goût de tous.

    « Soldat des Jeunesses hitlériennes Ronaldo ! Indiquez-moi la rue ! » 30 août 2011. Adolf Hitler se réveille soudainement sur un terrain vague de Berlin sans avoir la moindre idée de ce qui lui est arrivé depuis 1945.

    Déboussolé, le Führer, qui en réalité s’est suicidé dans son bunker le 30 avril 1945, demande le chemin de la chancellerie du Reich à des jeunes qui portent le maillot de la star brésilienne du foot. « C’est qui le pépé, là ? », se demandent les garçons, éberlués. « Ça va, t’es sûr, Man ? »

    Le ton de l’oeuvre du journaliste Timur Vermes, 45 ans, est donné. Durant près de 400 pages, le dictateur nazi découvre une Allemagne gouvernée par une femme, où vivent plusieurs millions de Turcs. Une société régie par les taux d’audience, où la célébrité se conquiert sur YouTube et se mesure en clics « j’aime/j’aime pas » sur Facebook.

    Très vite repéré par une société de production, Adolf Hitler devient la vedette d’une émission télévisée de divertissement animée par un Turc. Bild, quotidien le plus lu d’Europe, titre : « Il a assassiné des millions de personnes. Aujourd’hui des millions de personnes l’acclament sur YouTube. »

    « Vous valez de l’or, mon cher ! On n’en est qu’au début, croyez-moi ! », lui lance son producteur.

    Au fil des pages, le lecteur suit Hitler dénichant « des pantalons de coton bleus qu’on appelle des dchjins », tentant désespérément de se créer une adresse e-mail (« Hitler89 est déjà pris […] Vous pouvez avoir “ Queuedeloup6” »), découvrant les émissions de cuisine à la télévision (« Je pris le petit appareil en main, appuyai sur le premier bouton […] Je vis un cuisinier en train de hacher menu des légumes. »).

    Farce de mauvais goût pour les uns, satire politique pour les autres, Er ist wieder da (« Il est de nouveau là ») est un gros succès de librairie.

    Imprimé à 360 000 exemplaires, il vient d’entrer dans la liste des meilleures ventes. Le livre est déjà promis à une carrière internationale : il va être publié en français et en anglais ainsi qu’en 15 autres langues.

    Son auteur affirme avoir « voulu présenter Hitler sous un nouvel angle ». « Nous avons trop souvent l’attitude de refus des gens qui ne conçoivent Hitler que comme un monstre pour se sentir mieux, confie-t-il à l’AFP. Or je trouvais important de montrer comment il fonctionnait et comment il agirait aujourd’hui. »

    Le récit - à la première personne - est entrecoupé de longs monologues intérieurs aussi ennuyeux que Mein Kampf, le pamphlet rédigé par Hitler en 1924 et dont l’Allemagne envisage la réédition dans deux ans pour la première fois depuis 1945.

    Tout est fait pour attirer le lecteur. La couverture en noir et blanc façon ombre chinoise présente uniquement la mèche de cheveux caractéristique d’Hitler. À la place de la moustache apparaît le titre du roman. Il est vendu 19,33 euros, en référence à l’année où le Führer est devenu chancelier.

    Er ist wieder da est « la dernière excroissance d’une machine de commercialisation d’Hitler qui brise tous les tabous pour faire de l’argent », critique l’hebdomadaire Stern.

    Alors que cela était impensable il y a dix ans encore, Hitler est aujourd’hui recyclé par les humoristes et les artistes. Un film humoristique réalisé par un Juif et une comédie musicale burlesque ont été présentés ces dernières années. Un phénomène que Daniel Erk, journaliste et spécialiste du dirigeant nazi, n’hésite pas à qualifier de « banalisation du mal ».

    « C’est une bonne occasion pour les Allemands de se dédouaner de toute faute et de toute responsabilité, analyse-t-il. Cet Hitler-là est le seul et unique responsable de la guerre et du génocide. »

    (Agence France-Presse, 26 janvier 2013)

     

     

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  • Attentifs ensemble !...

    Les éditions de la Découverte viennent de publier Attentifs ensemble - L'injonction au bonheur sécuritaire, un essai de Jérôme Thorel. L'auteur est journaliste indépendant et réfléchit depuis longtemps sur la mise en place de la société de surveillance grâce à l'utilisation des technologies numériques...

     

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    " « Attentifs ensemble ! » Ce message d'appel à la vigilance diffusé dans le métro parisien est l'un des plus emblématiques de l'ordre sécuritaire qui s'est lentement mis en place, en France et dans le monde, depuis la fin des années 1970, et qui s'est considérablement renforcé avec les attentats du 11 Septembre et la « guerre contre le terrorisme ». Le principal modus operandi de cet ordre sécuritaire consiste à nous impliquer en permanence dans la sécurisation de nos existences, tout en faisant de chacun de nous, selon une logique « proactive », des coupables en puissance. Ainsi sommes-nous sommés de tout dévoiler, y compris les éléments les plus intimes de notre vie, et à mettre en berne notre liberté au nom de notre prétendue sécurité.
    Ce livre, fruit de nombreuses années de recherches, est une enquête sur les mécanismes et les institutions de cet ordre sécuritaire : les « marchands de contrôle » et les officines plus ou moins officieuses de conseils en sécurité ; les émissions de télévision et la presse dédiées à l'ordre policier ; les paravents éthiques et les garde-fous illusoires comme la CNIL - qui en sont à la fois les rentiers et les porte-parole, les pompiers et les pyromanes. Il offre aussi une plongée vertigineuse dans l'univers technologique qui lui sert de colonne vertébrale : les produits high-tech de la surveillance généralisée, nouvel eldorado du capitalisme policier..."

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  • La trahison des chefs ?...

    Les éditions Fayard publient cette semaine La trahison des chefs, un essai de Guillaume Bigot consacré à la "culture" du management. Ancien journaliste, économiste et historien, Guillaume Bigot est l'auteur de plusieurs essais intéressants et orientés vers la prospective, comme Sept scénarios de l'apocalypse (Flammarion, 2000), Le Zombie et le fanatique (Flammarion, 2002), ou Le Jour où la France tremblera (Ramsay, 2005).

     

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    " Où sont passés les chefs ? Dans les salles de classe, au bureau mais aussi dans l’arène politique, le commandement se délite, disparaît, quand il ne dégénère pas en tyrannie ou en anarchie. L’entreprise semble être le dernier lieu régi par un principe hiérarchique, celui où une autorité s’exerce encore sur un collectif. Hélas, le capitalisme anglo-saxon a noyé l’art du bon gouvernement dans les eaux saumâtres du management.
    Désormais, on laisse faire ses collaborateurs, on les abreuve de mots, on feint de les écouter, on les réunit et on les évalue sans cesse, on peut même les pousser au suicide : voilà quelques-unes des manifestations les plus courantes ou les plus spectaculaires de cet anti-machiavélisme de base, naïf et méchant, que l’on nomme le management. Imitant les patrons de multinationales, vos supérieurs hiérarchiques et vos élus politiques tentent d’appliquer à leur niveau les mêmes méthodes.
    La Trahison des chefs explique brillamment pourquoi « manager », c’est préférer la précarité des salariés, le recrutement de clones et in fine le chômage. Et comment cette logique mène nos sociétés droit dans le mur."

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  • De l'extermination...

    « Ce qui contribue encore à compliquer le problème, c'est que l'une des dimensions privilégiées de l'extermination n'est autre aujourd'hui que la dénonciation même de l'extermination (ou la propagande dont elle est le prétexte). Car l'extermination est ce qu'elle est, mais il y a aussi ce qu'on dit qu'elle est. Il y a les mots, mais aussi les images. Les images, mais aussi les truquages. Les sens qu'on sidère et les réflexes qu'on conditionne. Les chiffres qui s'alignent et les masses qu'on décervelle. En sorte que lorsqu'on veut aujourd'hui exterminer quelqu'un, le meilleur moyen encore est de le désigner comme exterminateur. Car que mérite un exterminateur, sinon d'être lui-même exterminé ? C'est un exterminateur, donc il est à exterminer. »


    Les éditions Xénia viennent de rééditer De l'extermination, un essai profond et subtil d'Eric Werner, publié en 1993 aux éditions Thaël et qui était devenu introuvable. Comme Alain de Benoist ou Jean-Claude Michéa, Eric Werner est un auteur qu'il faut lire. Son dernier ouvrage paru, Le début de la fin et autres causeries crépusculaires, est sorti en 2012, également aux éditions Xénia.

     

     

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    " De l’Ancien Testament à la révolution bolchévique, de la Vendée à la Shoah, le génocide n’apparaît pas, hélas, comme une exception, mais souvent comme un moyen ordinaire des guerres, voire leur but. Loin de ses modèles, Machiavel, Montaigne et le libéralisme, Eric Werner explore les causes et les fins de la guerre d’extermination totale. Une réflexion bouleversante sur la violence extrême, qui accompagne l’humanité comme son ombre."

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  • Les ravages de la désinformation...

    Les éditions Favre publient cette semaine un essai de Michel Klen, intitulé Les ravages de la désinformationOfficier saint-cyrien, qui a terminé sa carrière dans le renseignement, docteur en lettres et sciences humaines, Michel Klen est notamment l'auteur de L'Odyssée des mercenaires (Ellipse, 2008) et de  Femmes de guerre - une histoire millénaire (Ellipse, 2010). 

     

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    " La désinformation reste une « arme de destruction massive » qui a toujours été utilisée avec une efficacité redoutable par les faiseurs d’opinion et les régimes dictatoriaux. Ce livre examine ce phénomène de société en présentant les techniques fallacieuses inhérentes à ce jeu subtil de poker menteur (bluff, intoxication, rumeur, propagande, etc.) et en analysant les grandes duperies de l’Histoire. 
    La désinformation, du russe desinformatsiya, terme apparu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, était censée désigner des pratiques capitalistes visant à l’asservissement des masses populaires. Elle a évolué et fait actuellement totalement partie de l’inconscient collectif. Son objectif est de provoquer un choc émotionnel sur certains sujets particulièrement mobilisateurs pour affaiblir un régime, saper le moral d’un adversaire ou déprécier un camp hostile.
    Dans cet échiquier de la supercherie figurent notamment: le matraquage idéologique du système soviétique, les mensonges du président Bush pour justifier l’intervention en Irak, les opérations de tromperie alliées qui ont leurré Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale et la manipulation des esprits qui a faussé la perception de certains événements majeurs (l’histoire tronquée de la guerre d’Algérie, l’opération Turquoise au Rwanda, les mensonges de Kadhafi dans la crise tchadienne, etc.). 
    La nouvelle civilisation de l’information qui a émergé au milieu des années 1980 avec l’expansion brutale des nouveaux moyens de communication a ouvert la voie à de nombreuses « autoroutes de la désinformation ». En l’absence d’un code de conduite, ces nouveaux flux ont généré des situations mensongères et des dérives graves, en particulier dans le réseau Internet. Formidable espace d’échanges et de connaissances, la « Toile » s’est imposée comme une arme à double tranchant car elle présente le risque d’être exploitée par les professionnels de la falsification qui ne manquent pas d’implanter dans le réseau planétaire des paramètres altérés dans le but de tromper l’opinion publique, principal levier d’action des décideurs. Au quatrième pouvoir de la presse qui apporte l’équilibre nécessaire à l’autorité établie se superpose ainsi un authentique cinquième pouvoir, celui de la désinformation qui vient perturber les repères de notre société."

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