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Entretiens - Page 67

  • Vers un renouveau du conservatisme ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle vidéo d'Ego Non qui évoque la pensée d'Armin Mohler, figure intellectuelle majeure de la nouvelle droite allemande. Secrétaire d'Ernst Jünger après le second conflit mondial, il est l'auteur, notamment, d'un essai majeur, traduit en français et intitulé La Révolution conservatrice allemande 1918-1932 (Pardès, 1993).

     

                          

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  • Identité civique, identité ethnique...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Henri Levavasseur à la revue Le Bien Commun à l'occasion de la publication de son essai L'identité, socle de la cité - Réconcilier ethnos et polis (La Nouvelle Librairie, 2021).

    Docteur en histoire, médiéviste et germaniste, Henri Levavasseur a notamment collaboré à La Nouvelle Revue d’histoire, ainsi qu’à deux ouvrages édités par l’Institut Iliade : Ce que nous sommes — Aux sources de l’identité européenne (Pierre-Guillaume de Roux, 2018), et Nature, excellence, beauté — Pour un réveil européen (La Nouvelle Librairie, 2020). Il a également contribué à La Bibliothèque du jeune Européen, recueil dirigé par Alain de Benoist et Guillaume Travers (Le Rocher, 2020).

     

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    Identité civique, identité ethnique

    Jean-Yves Le Gallou évoque, dans l’Avant-Propos de votre livre L’identité, socle de la Cité, le « retour de balancier » qui viendrait contrecarrer la domination, fastidieuse et arrogante, des épigones de la démocratie libérale et mondialiste. Vous prônez l’organisation d’une avant-garde. Le stade de l’avant-garde n’est pas celui du retour de balancier : il y travaille, le prépare, sans avoir encore les moyens de restaurer l’équilibre. À quel moment nous trouvons-nous de la prise de conscience de la mutilation de nos identités, et par conséquent de notre vie sociale ?

    Nous vivons une crise sans précédent, caractérisée par l’ébranlement des fondements anthropologiques de notre civilisation. L’histoire semble s’accélérer de manière vertigineuse, atteignant le point névralgique où se produit la « fin d’un monde », pour reprendre le titre du dernier livre de Patrick Buisson.

    L’effondrement de la « maison commune » paraît imminent – phénomène qui surprend naturellement ceux qui persistent à s’aveugler sur le degré de solidité du vieil édifice. Pour les adeptes de la religion du progrès comme pour le « déclinistes », cette évolution s’inscrit dans le sens de l’histoire. Elle mène à l’instauration d’un nouveau monde qui ressemblera, pour le meilleur ou pour le pire, à celui qu’imaginent les sages de Davos. Telle n’est pas ma vision. Rien n’est écrit : ce nouveau monde sera ce que nous en ferons. C’est là qu’intervient la notion d’avant-garde, capable d’amorcer ce retour de balancier évoqué par Jean-Yves Le Gallou. Osons le dire : la question n’est plus celle des moyens nécessaires pour éviter une catastrophe dont le mécanisme se trouve déjà enclenché. Il s’agit en vérité de savoir comment nous traverserons cette épreuve, afin d’en sortir plus forts.

    « L’âme d’une nation ne se conserve pas sans un collège chargé de la garder », nous dit Renan. Tel est le rôle de l’avant-garde que nous devons former, en nous engageant dans la voie d’une véritable « révolution conservatrice ». Le mot de révolution ne renvoie pas ici à une entreprise de destruction. D’autres, hélas, se sont chargés de cette sinistre besogne. J’emploie le terme révolution au sens premier, pour désigner le mouvement de retour à l’origine qui se produit nécessairement à la fin d’un cycle, avant toute renaissance. Cet élan est conservateur, dans la mesure où il préserve le principe même de notre civilisation. Celui-ci ne réside pas dans des formes figées et périmées, mais dans la force vitale, dans le feu sacré qui brûle encore dans nos âmes. Pour entretenir cette flamme, il importe de procéder à ce que Renan appelait une « réforme intellectuelle et morale ».

    Le premier courage est celui de la lucidité. Sachons dresser un constat réaliste de l’état de la Cité. Le lien entre identité civique et identité ethnique est aujourd’hui rompu. Cette rupture s’est d’abord produite sur le plan symbolique et institutionnel, lors de la Révolution française, sans altérer d’emblée l’identité ethnoculturelle de la population. Un changement beaucoup plus radical s’est produit au cours de ces quarante dernières années, avec les vagues migratoires massives qui sont venu bouleverser nos équilibres démographiques plurimillénaires. Dans une certaine mesure, la première étape a préparé la seconde et l’a rendu possible. En coupant le lien qui unissait les institutions à la patrie charnelle, en instaurant une définition purement idéologique et contractuelle de la citoyenneté, le système républicain a directement contribué à briser nos défenses immunitaires. Il a créé une fragilité que nous avons longtemps pu ignorer, mais qui prend les proportions d’une faille béante lorsque survient le choc des grandes vagues migratoires. Confrontés à cette situation inédite, certains poursuivent désormais une sorte de fuite en avant. Ils continuent de chanter les louanges de la « diversité », ou de proclamer l’impérieuse nécessité du « vivre ensemble ». D’autres placent leur espoir dans l’hypothétique recours à une politique d’assimilation, sans doute possible au niveau individuel, mais parfaitement inopérante à l’échelle des millions d’êtres humains qui ont pénétré dans notre espace civilisationnel en l’espace de quelques décennies. Ces postures sont intenables, car elles conduisent à entériner une modification radicale de la substance des peuples européens, voués au déracinement sur leur propre terre.

    Ne nous y trompons pas : cette situation n’est que la conséquence de notre déclin civilisationnel, elle n’en est pas la cause. Jamais l’Europe n’eut été submergée par de telles vagues migratoires, si le traumatisme des deux Guerres mondiales n’avait auparavant plongé les Européens dans un état de complète sidération et d’oubli d’eux-mêmes. Le triomphe du modèle occidental libéral, matérialiste et universaliste, a effacé la « longue mémoire » de nos peuples au profit d’une mémoire sélective, orientée vers ce qui les nie et détruit leur âme.

    À l’instar de Renan, il ne faut pas se satisfaire du constat, mais proposer des remèdes. La seule issue possible est celle de la réaffirmation de notre identité. Ceci passe par une réflexion fondamentale sur « ce que nous sommes », réflexion que j’ai esquissée dans ce livre.

    Ernest Renan et son incontournable conférence de 1882, « Qu’est qu’une Nation », ne pouvaient être absents de votre ouvrage. Vous rappelez la volonté française, après l’humiliante défaite de 1870, de contester la conception allemande de la Nation, telle que Fichte la développa au début XIXe siècle. Dans son ouvrage « De la France d’abord à la France seule ; l’Action Française face au national-socialisme et au troisième Reich », Michel Grunewald écrit ( p52) : « Jacques Bainville soulignait que le nationalisme d’outre-Rhin se distingue de tous les autres du fait d’une particularité qui le rendait dangereux pour le reste de l’Univers : il déborde ses frontières parce qu’il ne les connait pas” ». Illimitation des prétentions universelles dans la conception française de la nation (quoique vous montriez que le discours de Renan est à la fois plus profond et plus subtil que cela), illimitation de l’expansion territoriale permise par la conception de la nation allemande héritée de Fichte, certes ici hâtivement résumée : n’est-ce-pas l’hybris, qui constitue le trait commun à ces deux approches, que l’on se plait si souvent à opposer ?

    Il faut tout d’abord se garder des caricatures et des anachronismes. Il suffit de relire la « Réforme intellectuelle et morale » de Renan, ouvrage auquel je faisais précédemment allusion, pour saisir toute la dette intellectuelle de l’auteur à l’égard de la pensée allemande dont il était familier. Fichte, pour sa part, fut d’abord un admirateur de la Révolution française avant d’écrire son célèbre « Discours à la nation allemande ». Nietzsche admirait les moralistes français du Grand siècle, tout comme Carl Schmitt fut influencé par la lecture de Maurras, avant d’inspirer les constitutionnalistes de la Ve république.

    Rappelons que Bainville et Maurras n’étaient nullement des monarchistes de tradition et de cœur, mais seulement de raison : c’est le sentiment de la faiblesse française face à la puissance de l’Empire allemand qui les a convertis à l’idée monarchique. Cette attitude est bien différente de celle des hommes qui se sont battus pour Dieu et le roi sous la Révolution. Parce qu’ils identifiaient la nation au souverain et concevait la patrie comme la « terre des pères », les chouans ou les soldats de Condé ne pouvaient reconnaitre aucune légitimité à la patrie idéologique des révolutionnaires. Ils ont donc logiquement préféré la marine anglaise et les canons prussiens au délire sanglant des sans-culottes. C’est une vision bien différente de celle qui légitime l’Union sacrée prônée par l’Action Française en 1914, comme l’a bien montré Jean de Viguerie dans son livre : « Les deux patries ». Sans doute le contexte de la première moitié du xxe siècle justifiait-il le « nationalisme intégral » de l’Action française. Mais peut-on encore se réclamer de la « France seule », devant le cataclysme qui menace aujourd’hui d’emporter toute notre civilisation ?

    Soixante-seize ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, cent-cinquante ans après la proclamation de l’Empire Allemand dans la galerie des glaces de Versailles, il est sans doute temps de dépasser certains antagonismes, et de percevoir ce qui unit les peuples d’Europe face aux mêmes périls existentiels, plutôt que ce qui peut continuer à les opposer pour le plus grand bonheur de leurs ennemis communs.

    Il convient de dénoncer l’imposture intellectuelle que constitue la récupération de la conférence de Renan par les tenants d’une construction nationale principalement idéologique, fondée sur l’adhésion à des « valeurs universelles ». Le texte de Renan est pourtant sans ambiguïté : « On aime la maison qu’on a bâtie et qu’on transmet. Le chant spartiate : “Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes” est dans sa simplicité l’hymne abrégé de toute patrie. » Nul doute que le Breton Renan, s’il revenait à nos côtés, se sentirait davantage d’affinités avec un Bavarois catholique, solidement enraciné dans sa terre et fidèle à ses traditions, qu’avec certaines militantes « indigénistes » françaises.

    Comprendre cela, ce n’est pas vouloir abolir nos différences et nos spécificités nationales, pour nous fondre dans un « grand tout » européiste et néo-jacobin, aussi universaliste et destructeur de nos patries charnelles que la construction « républicaine ». Celle-ci n’a d’ailleurs plus grand-chose à voir avec la notion de république au sens où l’entend encore Jean Bodin au XVIe siècle, c’est-à-dire avec l’exercice de la souveraineté en vue du bien commun de la Cité.

    Le siècle qui vient de s’écouler a surtout révélé les conséquences néfastes d’une forme hypertrophiée de nationalisme qui prend sa source dans l’hybris du patriotisme révolutionnaire, hérité de certains penseurs des Lumières. Dans cette perspective, l’histoire de l’occidentalisation du monde se confond, comme l’a bien vu Martin Heidegger, avec le déploiement d’une véritable « métaphysique de l’illimité ». La démesure propre au mythe du progrès linéaire et infini constitue le ressort ultime de la modernité. Face aux prétentions totalitaires de ce discours universaliste, c’est évidemment le retour à l’enracinement local qui permettra de ressouder le lien nécessaire entre la polis et l’ethnos.

    Vous distinguez les notions de polis et d’ethnos sans les opposer, mais en montrant les réalités qu’elles recouvrent, ainsi que le nécessaire ordonnancement des critères qui les fondent et des conditions qui garantissent leur pérennité. Elles sont aujourd’hui en désordre, au point précisément d’animer un lancinant débat sur la priorité à établir entre promotion de la souveraineté et promotion de l’identité, ou sur la recherche du Bien Commun, par exemple chez Guilhem Golfin. En quoi le rappel des différences et des complémentarités entre les notions de polis et d’ethnos peut-il utilement contribuer à ce débat ?

    Pour saisir le caractère fondamental de l’articulation entre ces deux notions, il faut revenir à une anthropologie réaliste, débarrassée de la vision libérale fondée sur une vision abstraite de la nature humaine. L’homme n’est pas un individu doté de droits universels protégés par un contrat social. Aristote nous rappelle que l’homme est un animal politique : il n’est pas citoyen du monde, mais membre d’une Cité, d’un espace politique clairement délimité. Par ailleurs, l’homme est un « être de culture par nature », comme l’a montré Arnold Gehlen. Cela signifie que la disparition des limites et des frontières mène à la disparition de toute forme de culture enracinée, c’est-à-dire à une dénaturation profonde de l’existence humaine. Car l’émergence d’une culture authentique suppose l’alliance d’un certain type d’homme et d’un territoire. La culture ne se réduit pas à un simple savoir, c’est-à-dire une donnée échangeable. Elle est un phénomène vivant, plongé dans le fleuve de l’histoire, et suppose l’existence d’une communauté humaine qui l’incarne. Elle s’exprime à travers un ethos spécifique, qui traduit le génie propre à un ethnos (les deux mots étant d’ailleurs étymologiquement apparentés).

    La notion d’éthique renvoie, dans le sens premier du mot grec, à une « position dans le monde » : elle suppose un enracinement, la combinaison d’une hérédité et d’un milieu, l’attachement à un lieu, à un topos à partir duquel l’existence humaine se déploie. Tel des arbres majestueux, les hautes cultures peuvent couvrir de leur ramure un espace d’autant plus vaste que leurs racines sont profondes : elles possèdent à ce titre une dimension universelle, dans la mesure où elles enrichissent la polyphonie de la diversité humaine. Ce phénomène n’a rien à voir avec l’idéologie « universaliste », qui prétend regrouper l’humanité dans une catégorie unique. Fonder la Cité sur une démarche purement contractuelle, la transformer en un conglomérat d’individus sans passé commun, c’est ignorer à la fois les conditions de son existence et sa vocation ultime, qui est de permettre l’épanouissement d’un type humain et d’une culture.

    Résolument détaché du réel, l’idéalisme des Lumières aboutit à deux excès contradictoires : réduire l’homme à une entité abstraite, ou à une « machine biologique ». Or, les hommes et les peuples sont porteurs d’un double héritage, culturel et génétique. Ces deux dimensions ne se confondent pas, mais ne sont pas non plus entièrement dissociables. Incapables de penser ensemble ces deux aspects de l’identité, nos contemporains souffrent aujourd’hui d’une véritable hémiplégie intellectuelle, qui provoque des débats stériles et sans fin sur le sexe des anges. Au lieu d’opposer l’identité civique et l’identité ethnique, il convient d’en saisir le nécessaire ordonnancement, fruit d’une très longue histoire. La rupture de cet équilibre rend illusoire l’exercice d’une souveraineté orientée vers la défense du bien commun, puisqu’elle entraine précisément la disparition de la notion même de « communauté ». Ce dernier terme n’est plus guère employé qu’en mauvaise part aujourd’hui, alors qu’il désigne la matrice de la philia, de l’affectio societatis qui constitue le socle de tout édifice politique.

    Vous incitez dans votre ouvrage les Européens à reprendre conscience de leur longue mémoire, dans laquelle vous discernez précisément l’origine d’un destin commun (p. 51) : « À défaut d’unité politique, l’espace géographique de l’Europe coïncide de toute évidence avec l’existence d’un ensemble de peuples étroitement apparentés par l’origine, la culture et les mœurs. » Le constat est sans appel. Mais cette coïncidence des origines ne présage pas de la capacité des peuples européens à accomplir de grandes choses ensemble, du moins volontairement. Beaucoup des sommets du « génie européen » relevèrent davantage de la prédation (concrète ou symbolique), que de la circulation harmonieuse. Les peuples qui composent la France mirent quasiment un millénaire à se fondre dans l’espace national, jusqu’aux sinistres exacerbations républicaines. Alors que la France et l’Europe seraient en « dormition », quelle cause pourrait convaincre des peuples européens différents à conjuguer leur génie ? Cette conjugaison du génie de peuples différents a-t-elle la moindre chance d’exister mue par des volontés libres, et non par un pouvoir autoritaire ?

    La prise de conscience d’un destin commun n’implique pas nécessairement la constitution immédiate d’une unité politique. En tant que civilisation, l’Europe n’existe qu’à travers le développement polyphonique d’identités spécifiques, dont les voix concordent parce qu’elles sont issues d’une matrice commune. À l’échelle du continent, le peuplement de l’Europe n’a connu aucun bouleversement majeur depuis l’arrivée des conquérants indo-européens issus des steppes pontiques, au quatrième millénaire avant notre ère. Ces derniers nous ont légué leur langue, qui se trouve à l’origine de la quasi-totalité des langues européennes connues, anciennes et modernes. L’héritage de leur vision du monde transparaît encore à travers l’aube grecque de la pensée et l’essor du génie politique romain. Le même héritage a également joué un rôle déterminant dans l’élaboration des cultures celtiques, germaniques et slaves. Combiné à l’apport nouveau du christianisme, l’imperium romain, dont le legs fut bientôt revendiqué par les royaumes barbares qui en avaient précipité la chute, a imprimé sa marque de manière plus ou moins directe sur l’ensemble continent, en particulier dans le domaine du droit et des institutions politiques.

    Si la nostalgie de l’unité romaine a pu inspirer différentes tentatives de renovatio imperii depuis le Moyen Age, force et de constater que ces tentatives n’ont jamais abouti qu’à des constructions éphémères, en dehors du Saint Empire Romain germanique (dont les frontières n’ont cependant jamais coïncidé avec celle de l’Europe dans son ensemble). À plusieurs reprises pourtant, les nations chrétiennes ont su manifester leur solidarité face à un péril commun : ce fut notamment le cas sous les murs de Vienne, en 1683, face aux Ottomans.

    On peut donc espérer que l’Europe sera capable une fois encore de se ressaisir au bord du gouffre, pour paraphraser Nietzsche. La situation présente est cependant bien différente de celle du dernier siège de Vienne : il ne s’agit plus de repousser les assauts d’une puissance étrangère installée sur une partie de l’Europe centrale et balkanique à la suite d’une conquête militaire, mais de sauver ce qui subsiste de nos vieilles patries, menacées dans leur être même par un véritable changement de substance ethnique, combiné à la destruction systématique des repères éthiques et anthropologiques fondamentaux. Ce péril est infiniment plus grand que le précédent. Il ne pourra être contré sans que les peuples européens, confrontés aux mêmes dangers mortels, n’unissent leurs efforts. Cette réaction ne passera pas nécessairement par un processus d’unification politique, mais plus surement par le rejet des institutions européennes actuelles, dont la vocation semble être de désarmer nos nations plus que de les défendre.

    Société ouverte, dictature des droits individuels, empire accablant de l’état de droit sur le destin des Nations : bien des maux abiment jusqu’à l’âme des hommes qui habitent les Nations européennes. S’ils sont évidemment les héritiers d’un temps long, ils sont aussi les débiteurs, malheureux et involontaires, des inhumanités de la vie contemporaine. La flamme de la longue mémoire peut-elle brûler encore chez suffisamment d’entre eux, pour que votre appel à « fuir le laisser-aller et refuser l’abandon de soi-même » (p. 73) trouve un écho ?

    Dans son livre La fin d’un monde, que j’évoquais au début de cet entretien, Patrick Buisson définit l’époque contemporaine comme une vertigineuse « montée du vide ». En d’autres termes, la société actuelle se caractérise par une longue éclipse du sacré, auquel se substitue la domination sans partage du matérialisme le plus trivial. Or, le poète allemand Hölderlin nous le rappelle : « Au cœur du danger, croît ce qui sauve ». Le désarroi dans lequel nous abandonnent les faux prophètes de l’heure nous force précisément à trouver en nous-même les ressources nécessaires pour faire face à la montée des périls. Cette situation nous contraint à l’excellence. Comme nous y invitait Dominique Venner dans Un samouraï d’Occident (pp. 296-297), il nous faut cultiver « chaque jour, comme une invocation inaugurale, une foi indestructible dans la permanence de la tradition européenne ». Le discours de nos adversaires, ou de tous ceux qui rabâchent les vielles antiennes « humanistes », apparait de moins en moins légitime. Il devient même tout simplement inaudible, parce qu’il se heurte au mur d’une réalité de plus en plus insupportable.

    Face à cette situation, les « déclinologues » de talent ne manquent pas : ils savent parfaitement analyser les symptômes de notre déclin, mais plus rarement imaginer des remèdes nouveaux, à la hauteur du mal qui nous étreint. C’est pourquoi je demeure intimement persuadé de la venue du kairos, du moment propice et décisif, où notre voix entrera en résonance avec l’histoire. D’où la nécessité impérieuse de réveiller par tous les moyens la conscience de l’ethos européen au sein d’une véritable avant-garde : car il suffira comme toujours d’une minorité consciente et agissante pour saisir le destin à bras le corps, et emporter la décision à l’instant opportun. Il faudra d’ici-là faire preuve de courage et d’endurance, en s’appuyant sur les communautés naturelles, sociales et politiques, notamment à l’échelon local, où l’esprit du bien commun peut encore s’épanouir. Car les périls montent.

    À cet égard, deux « remplacements » s’opèrent, qui saccagent profondément les mœurs des sociétés européennes : le premier par l’importation massive de populations aux racines absolument étrangères aux cultures européennes, l’autre au sein même de l’Europe, avec la promotion d’une série de constructions d’identités loufoques, fondées sur la souffrance identitaire post-coloniale et le plus petit commun dénominateur des inclinations sexuelles : au nom de « l’intersectionnalité des luttes », la famille traditionnelle semble vouée à la destruction, et toute piété devant le legs des Anciens devient proscrite. Ces deux remplacements, l’un altérant la culture du peuple français, l’autre le « divisant de l’intérieur », comme vous le soulignez, sont-ils à vos yeux d’une importance égale, ou hiérarchisez-vous leur dangerosité ?

    Comment hiérarchiser deux périls mortels, qui procèdent l’un et l’autre d’une même vision « fluide » de l’identité, destinée à rompre tous les obstacles qui viennent encore freiner l’accélération frénétique du « doux commerce » mondial : familles, communautés enracinées et peuples ? À cet égard, l’instauration du « mariage pour tous » apparait comme l’une des étapes les plus subversives dans le processus de transgression et de déconstruction en cours depuis 1968 : sous le prétexte de garantir l’accès de « tous » à certains droits, elle vise en réalité à modifier la nature même de l’institution du mariage pour s’attaquer au modèle de la famille en tant que cellule sociale fondée sur la transmission héréditaire. Il s’agit d’un acte éminemment « politique », qui va de pair avec l’ouverture des frontières à tous les vents du grand remplacement démographique. Il n’est donc pas possible de défendre une certaine éthique sans défendre avec le même opiniâtreté notre identité dans toutes ses composantes ethnoculturelles. L’inverse est également vrai : ethos et ethnos vont de pair. Nos ennemis ne s’y trompent pas : derrière le ridicule des postures, « l’intersectionnalité des luttes » présente une réelle cohérence révolutionnaire, que les défenseurs de la « morale traditionnelle » n’ont pas toujours perçue.

    Il est donc grand temps de refonder la Cité sur une compréhension authentique de « ce que nous sommes ». Pour le dire avec Julien Langella, il nous faut « refaire un peuple ».

    Ce réveil d’une conception de la Nation réinvestie par des critères de sociabilité naturelle (proximités ethniques, linguistiques, religieuses) charmera nombre de nos lecteurs. Nous connaissons cependant la panique de nos contemporains, provoquée à grands coups de diabolisations historiques, devant toute remise en cause de la « nationalité républicaine ». Est-il encore possible de leur proposer une conception de la nationalité émancipée d’un pur idéalisme contractualiste ?

    L’aveuglement idéologique et la crispation autoritaire du système sur des positions intenables évoquent la fin du monde soviétique : pour les peuples vivant à l’Est du rideau de fer, il ne semblait y avoir d’autres univers possibles que celui du collectivisme marxiste, jusqu’au moment où le régime s’est effondré comme un château de cartes. Du jour au lendemain, ce qui paraissait relever d’un dogme intouchable devint un objet de ridicule et de rejet. Il s’agit d’un précédent historique à méditer.

    Rien ne garantit qu’il nous sera donné de vivre le moment où nos peuples retrouveront le chemin de la liberté et de la grandeur. Mais quoi qu’il advienne de nos destins personnels, puissions-nous n’avoir jamais à encourir de nos enfants le blâme qu’exprime la terrible phrase de Kipling : « Si l’on vous demande : pourquoi sommes-nous morts ? Répondez : parce que nos pères nous ont menti. »

    Henri Levavasseur (Le Bien commun, juin 2021)

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  • Un plaidoyer pour l'enracinement...

    Le 22 septembre 2021, Martial Bild recevait, sur TV libertés, Arnaud Guyot-Jeannin, à l'occasion de la publication de son essai Critique du nationalisme - Plaidoyer pour l'enracinement et l'identité (Via Romana, 2021).



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  • «Le “wokisme” prospérera tant qu'il n'aura pas d'opposition structurée contre lui»...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné au Figaro Vox par Nicolas de Pape et consacré au wokisme.  Journaliste, romancier et essayiste, Nicolas de Pape vient de publier Tout doit disparaître (Edilivre, 2021).

     

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    «Le “wokisme” prospérera tant qu'il n'aura pas d'opposition structurée contre lui»

    FIGAROVOX. - Dans votre livre, vous abordez ce qui constitue selon vous «une révolution culturelle sans précédent». Comment la définissez-vous et en quoi est-elle inédite ?

    Nicolas DE PAPE. - On vit aujourd'hui l'avènement d'une sorte de tyrannie des minorités au caractère quasi-religieux, hystérisant le politiquement correct et animée par des croyants dont le but, pas toujours avoué, est d'en finir avec «l'Occident» vécu comme une réminiscence systémiquement patriarcale, raciste, post-coloniale et discriminatoire d'un autre âge. Cette révolution s'incarne notamment dans ce qu'on appelle aujourd'hui les «wokes», c'est-à-dire les «éveillés» aux discriminations, lesquelles seraient en quelque sorte inscrites dans les gènes de notre civilisation.

    C'est sans doute la première fois dans l'histoire contemporaine qu'une révolution de ce type mobilise autant d'acteurs en même temps : ce que l'on nomme à tort «l'État profond», en réalité des personnes influentes qui partagent la même idéologie. Ce qui rend cette révolution également inédite est bien sûr la révolution numérique portée par les «Big Tech» (les fameux GAFAM – Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) qui servent d'amplificateur au wokisme et dont les dirigeants partagent partiellement l'idéologie.

    Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a investi des centaines de millions de dollars lors de la dernière campagne présidentielle américaine «pour des élections justes» mais qui visaient clairement à empêcher la réélection de Donald Trump et permettre celle de Joe Biden. Celui-ci a clairement surfé sur le wokisme, notamment en nommant un ministre transgenre. Récemment, la presse a salué le courage d'une lanceuse d'alerte au sein de Facebook, Frances Haugen. Le paradoxe est qu'elle critique son ancien employeur, non pas parce que celui-ci attente à la liberté d'expression, mais parce qu'il ne censure pas suffisamment les «réactionnaires» anti-progrès.

    Dans The Game, le journaliste italien Alessandro Barrico explique que les «hippies milliardaires» de la Silicon Valley se vivent comme des révolutionnaires dont les inventions numériques empêcheront à jamais la résurgence des tyrannies du 20e siècle. La transformation de Facebook en «Meta», un méta-monde que M. Zuckerberg espère peuplé d'avatars, fait penser au film d'anticipation Matrix des sœurs Wachowski (toutes deux transsexuelles d'ailleurs) dans lequel les humains vivent dans des bocaux et croient vivre une existence rêvée mais qui est purement numérique. On le voit : cette idéologie percole, encouragée par l'industrie du loisir, Hollywood et Netflix…

    Quels sont les faits et les réalités qui nous permettent de mesurer l'ampleur du phénomène ?

    Ces néo-révolutionnaires utilisent les bonnes vieilles recettes du théoricien Gramsci : «agit-prop» (agitation propagande) via des manifestations incessantes dénonçant un «racisme imaginaire» (Pascal Bruckner) ; utilisation des médias de masse et mobilisation de la jeunesse, future génération au pouvoir, cours de déconstruction machiste pour les hommes, etc.

    En second, lieu on voit l'apparition d'une série de néologismes complaisamment utilisés en boucle par les médias, comme le «féminicide». Auparavant, on parlait de crime passionnel lorsqu'un homme tuait son épouse ou sa compagne. Certes, les violences faites aux femmes sont une plaie sociétale mais ce mot néoféministe laisse entendre que nous vivrions dans une société systémiquement patriarcale.

    Du côté de l'écologie radicale qu'on peut associer à cette néo-révolution en vertu de l'intersectionnalité des luttes - tout en nous annonçant un cataclysme climatique -, elle a inventé les termes de «justice climatique» et d'«écocide». Pensez qu'on songe à inscrire ce dernier dans le droit pénal international... Dans les démocraties aussi, la langue est une arme de destruction massive. Voyez le Robert qui a introduit le pronom «iel» dans sa dernière édition… Les nouveaux croyants utilisent la technique du salami : ils avancent par tranche et ne reculent jamais, insultant leurs adversaires pour les intimider.

    Ce mouvement se caractérise selon vous par une offensive menée contre la figure paternelle...

    Lorsqu'Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé, s'exclame qu'une femme ou même une grand-mère peut être un père, elle participe de la relativisation du statut du père. Tout est interchangeable ! Or, même dans les familles traditionnelles, le père n'est que l'homme que la mère désigne aux enfants comme leur papa. Son statut est très fragile. Avec le phénomène des mères célibataires militantes et l'homoparentalité (pour laquelle je n'ai pas d'opposition de principe), des enfants peuvent être privés de père. Pour les garçons, il fallait alors avoir l'intelligence de la part des couples lesbiens d'adjoindre une forte figure virile autour de la famille comme un parrain par exemple. Mais puisque le masculin et le féminin n'ont plus tellement d'importance aujourd'hui, est-ce bien nécessaire ?

    Vous dressez le portrait de Jordan Peterson, un psychologue canadien qui s'évertue à déconstruire les arguments néo-féministes. Avons-nous des Jordan Peterson en France ?

    À ma connaissance, le seul intellectuel ressemblant peu ou prou à Jordan Peterson en France est le sociologue Mathieu Bock-Côté qui est… Canadien lui-aussi. L'avantage de Jordan Peterson est qu'il est psychologue clinicien. Il peut donc démonter, exemples cliniques à l'appui, la théorie du genre. Mais l'espoir en France vient des femmes avec notamment la philosophe et journaliste Peggy Sastre qui officie au Point et à Causeur et qui propose une lecture biologique et évolutionniste des questions sexuelles et de genre. Des journalistes comme Elisabeth Lévy et Natacha Polony ne s'en laissent pas conter.

    En Belgique, nous avons la professeure honoraire de l'Université libre de Bruxelles, l'historienne Anne Morelli, femme de gauche et féministe historique qui déconstruit souvent les arguments des néo-féministes. Elle a d'ailleurs signé la Tribune du Monde avec Catherine Deneuve sur «la liberté d'importuner, indispensable à la liberté sexuelle». Pour elle, c'est devenu «à la mode» d'être féministe. Aux États-Unis, les wokes sont tenus en respect par les TERF (Trans-exclusionary radical feminist), des femmes féministes «binaires» presque aussi radicales qui estiment que les transgenres «invisibilisent» le vrai combat pour le droit des femmes. Les TERF pensent à juste titre que permettre à des athlètes trans devenues femmes de participer à des compétitions sportives avec les femmes biologiques est une injustice. Imaginez que Rafael Nadal concoure chez les femmes… Il gagnerait encore 13 autres Roland-Garros !

    Comment la Belgique, votre pays, réagit-elle à cette révolution culturelle ?

    La Belgique est idéologiquement coupée en deux, entre une Flandre très à droite et une Wallonie très à gauche. Le seul parti wallon «de droite», le Mouvement réformateur est plus ou moins l'équivalent de la République en marche. En Wallonie, un «cordon sanitaire» créé jadis contre d'authentiques néofascistes, s'applique désormais à tous ceux qui se situent à la droite du centre droit. La Droite politique y étant extrêmement discrète, l'Establishment et la presse évoluent entre mansuétude envers le wokisme (qu'ils confondent avec le progressisme) ou neutralité prudente. En Wallonie, il n'y a pas de Figaro ou CNEWS… Par exemple, un Eric Zemmour wallon serait interdit de télévision en vertu de ce cordon sanitaire. Mais cela vaudrait aussi pour Éric Ciotti, Nicolas Dupont-Aignan, Marion Maréchal, Philippe de Villiers… Les Français se plaignent mais la France est quand même le pays de Voltaire !

    Alerter sur la menace d'une révolution culturelle qui couve et menacerait nos civilisations, c'est un procédé que la gauche a souvent utilisé, parlant de menace fasciste ou réactionnaire. Ne pensez-vous pas tomber dans l'écueil d'une hystérisation du débat et surévaluer l'ampleur réelle de la menace woke ?

    Je n'aime pas les procédés outranciers que vous décrivez, mais il vaut mieux prévenir que guérir. Les grandes révolutions qui dévorèrent leurs enfants ont pour la plupart commencé par une poignée d'agitateurs se réunissant dans un estaminet (lors de la prise de la Bastille, Louis XVI indique dans son journal : «rien»). Aujourd'hui, c'est insidieux : les idées woke percolent partout y compris au sein des Ressources humaines des entreprises dont certaines proposent déjà aux employés des cours d'écriture inclusive ou de conscientisation au «privilège blanc».

    Dans mon pays, le directeur de la Banque nationale a été traité de machiste par une équipe de journalistes néo-féministes («Les Grenades») parce qu'il avait pointé « le charme » comme atout premier de la femme. Anecdotique à côté des nombreuses célébrités françaises accusées à tort de viol, pensons à Luc Besson par exemple. À l'ère de #BalanceTonPorc, tous les hommes sont présumés coupables, voyez Nicolas Hulot.

    Le problème est que le wokisme n'a pas d'opposition structurée pour le moment. La France, inventrice de la French Theory, reçoit aujourd'hui en pleine figure sa propre médecine. On le voit avec Rama Yade, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, revenue de trois ans «d'immersion woke» à Washington et qui prétend subir une «micro-agression» lorsqu'elle regarde la statue de Colbert. Et à l'université, temple du savoir, c'est déjà la guerre, si l'on en croit Nathalie Heinich[1]. Des professeurs seraient «obnubilés par le genre, la race et les discours de domination». Selon certains membres de l'Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires[2], «l'université est aujourd'hui le théâtre d'un affrontement idéologique mené par les tenants de la déconstruction contre l'Institution elle-même».

    Nicolas de Pape (Figaro Vox, 26 novembre 2021)

     

    Notes :

    [1] « Ce que le militantisme fait à la recherche », tract Gallimard.

    [2] https://www.lepoint.fr/politique/exclusif-le-rapport-qui-secoue-l-universite-les-extraits-16-06-2021-2431333_20.php#xtmc=theses-de-doctorat-woke&xtnp=1&xtcr=1

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  • La fin de l'africanisme...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous sur TV Libertés la quatrième partie des conversations de Paul-Marie Coûteaux avec Bernard Lugan, dans laquelle celui-ci évoque les études africaine au sein de l'université française.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020) et dernièrement Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021).

    Il est également l'auteur de deux romans avec Arnaud de Lagrange, Le safari du Kaiser (La Table ronde, 1987) et Les volontaires du Roi (réédition : Balland, 2020), ainsi que d'un récit satirique, Le Banquet des Soudards (La Nouvelle Librairie, 2020) et d'un recueil de nouvelles, Nouvelles incorrectes d'une Afrique disparue (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

                                            

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  • Mondialisme : la tyrannie des élites ultralibérales...

    Le 22 novembre 2021, Pierre Bergerault recevait sur TV libertés, dans l'émission Politique & Eco, Philippe Murer, pour évoquer son dernier essai, Sortir du capitalisme du désastre (Jean-Cyrille Godefroy, 2021). Économiste, Philippe Murer est spécialiste des questions liées à la souveraineté économique, à l'environnement et à l'énergie.

     

                                               

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