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Entretiens - Page 71

  • Qui était Yéschoua, le Jésus de l'histoire...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh-Info, dans lequel il évoque sa monumentale synthèse sur Jésus intitulée L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021), qu'il vient de publier et qui représente plus de quarante année de travail.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020) et La puissance et la foi - Essais de théologie politique (Pierre-Guillaume de Roux, 2021).

     

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    Alain de Benoist : « Mieux cerner la personne du Jésus de l’histoire et l’état actuel de la recherche »

    Breizh-info.com : Vous publiez « L’homme qui n’avait pas de père», fruit non pas de quelques mois d’écriture, mais bien de plusieurs décennies, c’est bien cela ? Comment est-ce qu’on mène un tel travail ?

    Alain de Benoist : N’oubliez pas le sous-titre : Le dossier Jésus, qui dit bien ce dont il s’agit. Comment réalise-t-on pareil travail ? Tout simplement en se tenant au courant. Il paraît chaque année d’innombrables travaux d’exégètes et d’historiens qui portent sur les origines chrétiennes. Les revues spécialisées sont également très nombreuses, certaines, comme le Journal for the Study of the Historical Jesus, étant entièrement consacrées à Jésus. Pour connaître le sujet, il faut lire régulièrement les uns et les autres, les annoter, les archiver, en évaluer le degré de cohérence et de sérieux. C’est effectivement un gros travail, d’autant que la majorité de ces travaux n’ont pas été traduits en français. Mais c’est aussi le but de mon livre : présenter l’état actuel de la question, sans rien masquer des divergences entre les différentes thèses en présence.

    Breizh-info.com : Alain de Benoist, dont la sensibilité est liée au paganisme, menant l’enquête sur Jésus… N’y a-t-il pas là matière à interrogation ?

    Alain de Benoist : Non, pourquoi ? Le fait de se sentir plus proche de l’esprit des anciennes religions européennes que du monothéisme chrétien n’interdit pas, que je sache, de s’intéresser aussi aux origines chrétiennes et à la personne de Jésus. Il y a aujourd’hui dans le monde plus de deux milliards d’hommes et de femmes qui croient en la divinité de Jésus, ce n’est pas rien. Notre calendrier trouve lui-même son point de départ dans la date de la naissance supposée de Jésus, bien qu’en route rigueur personne ne puisse dire avec certitude en quelle année il est né. Ce n’est pas rien non plus. On peut aussi être athée ou agnostique et désirer en savoir un peu plus sur Jésus. Je comprends très bien que le sujet n’intéresse pas tout le monde, mais moi je le trouve passionnant. J’ajoute que, dans mon livre, qui est tout le contraire d’un livre polémique, je ne porte aucun jugement sur la personne de Jésus ou sur la valeur de son enseignement. Ce n’est pas l’objet de l’ouvrage.

    Breizh-info.com : Qu’est-ce que trouveront dans votre ouvrage les catholiques, avec qui vous avez eu de vrais sujets de discordes, dures, notamment dans les années 1980 ?

    Alain de Benoist : Ils y trouveront ce qu’y trouveront tous ceux qui s’intéressent au sujet, en l’occurrence un dossier historique de la « quête » menée depuis deux siècles par les chercheurs pour mieux cerner la personne du Jésus de l’histoire et l’état actuel de la recherche. Encore faut-il, bien sûr, qu’ils aient le désir d’en savoir un peu plus que ce que disent les pieux récits évangéliques. Beaucoup de catholiques me paraissent aujourd’hui être d’une ignorance monumentale sur leur propre histoire et leurs propres dogmes. Des théologiens catholiques de premier plan, comme John P. Meier ou Raymond Brown, occupent pourtant une place très importante dans la recherche actuelle.

    Breizh-info.com : Pourquoi est-il nécessaire selon vous de distinguer le « Jésus de l’histoire » du « Jésus spirituel » ?

    Alain de Benoist : La distinction entre le « Jésus de l’histoire » (dont le nom véritable était Yéschoua) et le « Jésus de la foi » remonte à Martin Kähler, en 1892. Elle est aujourd’hui admise par pratiquement tous les chercheurs. Elle s’impose parce que seul le premier est susceptible de faire l’objet d’une recherche scientifique. Quand on dit que Jésus a été condamné à mort sous Tibère, dans les années 30 de notre ère, cela peut faire l’objet d’une recherche pour démontrer l’historicité de l’événement. Quand on dit, en revanche, qu’il est mort sur la croix en rémission de nos péchés, c’est une affaire de foi. L’historien n’a rien à dire là-dessus. Il peut tout au plus étudier la façon dont telle ou telle croyance est apparue et s’est ensuite répandue.

    Les théologiens chrétiens affirment que Jésus est à la fois « vrai homme et vrai Dieu ». Cette formulation canonique a été adoptée pour répondre à la fois aux adoptianistes et aux Juifs chrétiens qui voyaient en Jésus un Messie de lignée davidique, mais ne croyaient pas nécessairement en sa divinité, et aux docètes ou aux gnostiques pour qui, au contraire, Jésus, en tant que personne divine, n’était jamais « venu dans la chair » et ne pouvait avoir eu qu’un « apparence d’homme ». Mais l’expression est parlante. Quand les historiens et les exégètes parlent de Jésus comme d’un « vrai homme », ils ne sont pas loin de parler du « Jésus de l’histoire ».

    Breizh-info.com : Vous dites que l’on sait, historiquement, peu de choses sur Jésus – que l’on a peu de certitudes. Mais n’en a-t-on pas plus, historiquement, que sur bien des grands penseurs, ou sur les grands mythes de notre Antiquité, auxquels nous croyons par ailleurs ?

    Alain de Benoist : Laissons les mythes de côté, qui n’ont par définition pas de prétention à l’historicité. Nous sommes effectivement très mal renseignés sur bien des grands personnages de l’Antiquité, à commencer par ceux qui ont fondé des religions. Nous ne savons presque rien d’assuré sur Zoroastre, sur Mani, l’inventeur du manichéisme, sur les fondateurs des courants ébionite ou elkasaïte (deux importants courants judéo-chrétiens), etc. Mais sur Mahomet, on n’en sait pas beaucoup plus. Le cas de Jésus est différent. Nous disposons sur lui d’une foule d’informations, mais elles sont souvent contradictoires. Tout le travail des spécialistes est d’évaluer dans cet abondant matériau ce qui est certain et ce qui est impossible, ce qui est probable, improbable ou simplement possible.

    L’évangile de Matthieu fait naître Jésus à Bethléem parce que ses parents y habitaient, et ne les fait s’installer à Nazareth que plus tard, après leur séjour en Egypte. Il place par ailleurs la naissance de Jésus avant la mort du roi Hérode le Grand, qui est mort en 4 avant notre ère. L’évangile de Luc affirme au contraire que les parents de Jésus résidaient à Nazareth et qu’ils ne se sont rendus à Bethléem que pour satisfaire aux exigences d’un recensement ordonné par Quirinius qui a eu lieu en l’an 6 de notre ère. Les deux thèses sont évidemment incompatibles – à moins qu’elles ne soient légendaires l’une et l’autre. Voilà le genre de problème auxquels sont affrontés les chercheurs.

    Breizh-info.com : Quelles sont, aujourd’hui encore, les grandes controverses autour de Jésus ? Et les mystères qui restent à percer ? Pensez-vous qu’il soit possible que de nouvelles découvertes soient encore faites sur le sujet ?

    Alain de Benoist : Les zones d’ombre sont innombrables. La prédication de Jésus était-elle surtout de type sapientiel ou de type eschatologique ? A-t-elle commencé quand Jean le Baptiste, dont Jésus semble avoir commencé par être le disciple, était encore vivant ou seulement après sa mort ? Marie la Magdaléenne (Marie Madeleine) est-elle ou non identique à la « pécheresse » dont parle l’évangile de Luc en 7, 36-50, et pourquoi joue-t-elle un rôle aussi important dans les évangiles apocryphes ? Quelle était la nature des différentes communautés se réclamant de Jésus qui ont donné naissance aux évangiles que l’on a canonisés (la seule sur laquelle on a quelques renseignements est la communauté de Jérusalem, dirigée par Jacques frère de Jésus) ? Pourquoi l’évangile de Jean, le plus tardif, est-il le seul à parler de la résurrection de Lazare, dont les synoptiques n’ont apparemment jamais entendu parler, alors qu’ils mentionnent les noms des sœurs de Lazare, Marthe et Marie ? Pourquoi les Actes des apôtres ne disent-ils rien de la mort de Pierre et de celle de Paul ? Je pourrais citer des centaines d’autres exemples.

    De nouvelles découvertes décisives sont assez peu probables, mais ne sont pas impossibles. La découverte en 1945 des documents gnostiques de Nag Hammâdi, qui nous a permis de retrouver le texte, que l’on croyait perdu, de l’Evangile de Thomas, de l’Evangile de Philippe, de l’Evangile des Egyptiens, etc., a révolutionné la recherche. Il serait évidemment merveilleux de retrouver aussi le texte de l’Evangile des Nazôréens, des Hypomnemata de Hégésippe, de l’Apostolicon de Marcion ou du Diatessaron de Tatien. Mais pour l’instant, on ne peut qu’en rêver !

     Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-Info, 14 juin 2021)

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  • " Immigration : l'assimilation est impossible ! "...

    Le 14 juin 2021, Martial Bild recevait, sur TV libertés, Michel Geoffroy, à l'occasion de la publication de son court essai Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021). Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018) et  La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020).

     

     

                                                      

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  • "Nous sommes dans l'empire du vide"...

    Vous pouvez ci-dessous découvrir un entretien avec Patrick Buisson, réalisé par Victor Lefebvre pour son émission Sputnik donne la parole et diffusé le 20 mai 2021 sur Sputnik,  à l'occasion de la sortie son essai La fin d'un monde (Albin Michel, 2021).

    Politologue et historien, Patrick Buisson est notamment l'auteur d'une étude historique originale et éclairante, 1940-1945, années érotiques (Albin Michel, 2008), et d'un essai politique important, La cause du peuple (Perrin, 2016).

     

                                                

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  • Un ministre de l'intérieur impuissant face à la délinquance...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Xavier Raufer à Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque l'impuissance du ministre de l'intérieur face à la délinquance...

    Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014), Le crime mondialisé (Cerf, 2019)  et, tout récemment, A qui profite le djihad ? (Cerf, 2021).

     

                                           

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  • Olivier Rey, un penseur de taille...

    Dans « Les portraits d’Éléments », vous pouvez découvrir ce mois-ci un entretien avec le philosophe et mathématicien Olivier Rey. Chercheur au CNRS et enseignant en faculté, Olivier Rey est l'auteur de plusieurs essais comme Une folle solitude - Le fantasme de l'homme auto-construit (Seuil, 2006), Une question de taille (Stock, 2014), Quand le monde s'est fait nombre (Stock, 2016), Leurre et malheur du transhumanisme (Desclée de Brouwer, 2018) ou dernièrement L'idolâtrie de la vie (Gallimard, 2020).

     

                                              

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  • Le féminisme idéologique comme métastase du nihilisme postmoderne...

    Le 24 mai 2021, Thomas Arrighi recevait Julien Rochedy dans l'émission «Sputnik donne la parole» pour évoquer avec lui la question du féminisme à l'occasion de la sortie de son essai L'amour et la guerre.

     

                                               

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