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  • Guerre et poésie...

    Les éditions des Syrtes viennent de publier un essai de Zakhar Prilepine intitulé Officiers et poètes russes. Journaliste, combattant et publiciste, Zakhar Prilepine est également un des écrivains russes contemporains les plus célèbres. Une partie importante de son œuvre est disponible en traduction française, dont ses romans San'kia (Actes sud, 2009), Le Péché (Syrtes, 2009), L'Archipel des Solovki (Actes sud, 2017), son récit tiré de son expérience en Tchétchénie, Pathologies (Syrtes, 2017), ou encore son Journal d'Ukraine (La Différence, 2017) et, dernièrement, Ceux du Donbass (Syrtes, 2018).

     

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    " « Vous avez sous les yeux le premier tome de mon livre, Officiers et poètes russes. Dans ce volume sont réunies les biographies de quelques littérateurs nés au XVIIIe siècle. L'aspect militaire de la biographie de la plupart des héros de ce livre a toujours occupé une position secondaire, contingente, quand il n'a pas été totalement ignoré. Cela, alors même que le littérateur russe de la période classique passait son temps à guerroyer ou, quand il n'y avait pas de guerre, demeurait sous les drapeaux, prêt à prendre les armes à toute heure du jour et de la nuit.» Zakhar Prilepine.

    Une démarche originale et pertinente : dévoiler le lien entre la poésie de guerre (souvent abondante) des écrivains classiques russes et leurs réelles expériences militaires, aujourd'hui oubliées ou méconnues. A travers les portraits de Gavrila Derjavine, Alexandre Chichkov, Denis Davydov, Konstantin Batiouchkov, Piotr Viazemski, Alexandre Bestoujev-Marlinski, Piotr Tchaadaev et Alexandre Pouchkine, c'est le portrait littéraire et historique d'une époque, avec, de la part de l'auteur, de fréquents clins d'oeil aux lecteurs et une grande proximité avec ses personnages. "

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  • La droite a-t-elle perdu la bataille culturelle ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une analyse de Vincent et Nicolas sur Sunrise consacrée à l'imposition du modèle cosmopolite grâce à la pop culture...

     

                                          

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  • Le temps des barbares...

    Les éditions Ring viennent de publier le nouveau roman de Laurent Obertone intitulé Guérilla - Le temps des barbares, qui fait suite à Guérilla - Le jour où tout s'embrasa (Ring, 2016). Journaliste, Laurent Obertone est l'auteur de trois enquêtes essentielles, La France Orange mécanique (Ring, 2013), La France Big Brother (Ring, 2015) et La France interdite (Rig, 2018), qui ont réussi à ébranler l'édifice du politiquement correct, ainsi que du récit Utøya (Ring, 2013).

     

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    " Du sang, des armes et des larmes.
    Voyage au bout de la guerre totale.

    Plus d'État.
    La France s'est effondrée en trois jours, livrée aux assassins qui tiennent les rues, aux chiens de guerre qui terrorisent les campagnes. Partout le pillage. La folie. La survie. Partout le silence des réseaux détruits. Et partout la violence.

    Plus de règles.
    Des crânes perforés de balles, des ombres qui fuient, des rues dévastées, des cadavres déchiquetés à perte de vue, des ordres, des plaintes, des cris, des rafales d'armes automatiques se répondant d'une rue à l'autre, des geysers de flammes et le bruit sourd des rotors brassant le ciel ardent des villes.

    Plus d'issue.
    Ils étaient de simples citoyens. Ils ne sont plus que des créatures humaines, privées de tout, isolées dans leur méfiance, prêtes à tuer pour un bidon d'essence.

    Best-seller international, Guerilla – Le jour où tout s'embrasa décrivait l'effondrement de la France en soixante-douze heures. Bienvenue dans la suite vertigineuse de l'odyssée. "

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  • Protectionnisme : le péché n’empêche pas la vertu...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christopher Coonen cueilli sur Geopragma et consacré à l'urgente nécessité de la mise en œuvre d'une politique protectionniste intelligente pour la France et l'Europe. Secrétaire général de Geopragma, Christopher Coonen a exercé des fonctions de directions dans des sociétés de niveau international appartenant au secteur du numérique.

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    Protectionnisme : le péché n’empêche pas la vertu

    Nous assistons depuis une dizaine d’années à la refonte de l’ordre économique et monétaire mondial. Le point de bascule a entamé son renversement avec la crise financière des Sub-primes en 2007 aux Etats-Unis, suivi d’un enchaînement de cracks boursiers et de faillites bancaires en 2008. C’était le retour de bâton d’une mondialisation débridée.

    Les Etats-Unis et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, et Chine) ont alors tous progressivement mis le cap sur des politiques protectionnistes dont le but était de protéger et renforcer leurs souverainetés respectives, tout d’abord dans leurs marchés domestiques, mais avec l’objectif de plus en plus explicite d’assoir dans la durée leur projection de puissance au niveau régional et mondial. Ces gouvernements ont donc défini une stratégie aussi étendue que possible pour inclure dans cet élan de renationalisation les domaines stratégiques et inextricablement interconnectés de l’industrie, du numérique et de la monnaie. Les leaders et gouvernements de ces cinq pays ont depuis tous accéléré ce mouvement, prônant une politique de préférence nationale, « repliant » leurs champions industriels sur une ligne politique de consolidation pour mieux conquérir ensuite d’autres marchés.  Reculer pour mieux sauter en somme.

    Sans prendre la mesure politique et stratégique de ce mouvement profond, ni en admettre le sens et la légitimité, l’Europe quant à elle s’est contentée de poursuivre sa politique d’élargissement sans garde-fous et de signature d’échanges commerciaux mondiaux tous azimuts, plus récemment avec le Canada et le Mercosur. Elle a poursuivi ainsi ses objectifs louables en théorie mais bien naïfs d’une vision pour un continent appelé à l’emporter commercialement du simple fait de son génie industriel, de sa démographie, et de son poids économique cumulés. L’intégration politique s’est donc poursuivie mais sans mise en place de son indispensable ferment : une structure économique et fiscale pensée et concertée. Face notamment au combat de titans entre les Etats-Unis, l’empire installé depuis 1945, et l’empire montant du Milieu, la Chine, l’Europe et la France en particulier ont continué de leur ouvrir leurs marchés sans contrainte et avec une absence totale de stratégie industrielle et économique.

    Le résultat ne s’est pas fait attendre : des pans entiers de nos industries, stratégiques ont été bradés et constituent une perte irrattrapable pour le savoir-faire, l’innovation, l’avantage concurrentiel et la projection de puissance européens. Citons les abandons désinvoltes des Français aux Américains : Alstom à General Electric (GE), et Technip à FMC. Arrêtons-nous sur le cas d’Alstom, devenu un acteur mondial incontournable dans le domaine des turbines nucléaires. Avec 178 turbines installées, il couvre 30 % du parc nucléaire mondial. Ses nouvelles turbines, Arabelle, sont considérées comme les plus fiables du monde assurant 60 ans de cycle de vie aux centrales nucléaires et elles équipent les futurs EPR. Alstom a également des contrats avec Rosatom en Russie et avec la Chine pour la livraison de quatre turbines de mille mega-watts. Ce fleuron stratégique français est donc maintenant dans l’escarcelle de l’américain GE : c’est désormais le groupe américain qui décidera à qui vendre les turbines et aura le dernier mot sur la maintenance du parc nucléaire en France !  Au gré de mensonges éhontés de l’Elysée et de Bercy, bien d’autres douloureuses prétendues fusions « entre égaux », se sont révélées être de gravissimes chimères pour notre souveraineté en lambeaux.

    Alors que l’Europe devrait se doter de géants industriels capables de gagner des contrats et des parts de marché contre ses concurrents américains et chinois, voilà que Bruxelles refuse d’avaliser la fusion d’Alcatel avec l’allemand Siemens au prétexte parfaitement spécieux et suicidaire d’une possible « domination non-concurrentielle ». Mais justement, nous avons besoin de tels champions pour notre « marché unique ». Nous marchons sur la tête ! La France se doit de préserver et d’assurer le développement de l’industrie qui lui reste : « nationaliser » les appels d’offres dans l’Hexagone en privilégiant nos champions et aussi les TPE et PME françaises. Les Allemands le font sans états d’âme, en faisant « fi » de la bureaucratie européenne et de ses diktats normatifs qui visent son affaiblissement et sa vente progressive à la découpe ! Pas plus tard que la semaine dernière, la SNCF a annoncé qu’elle préférait l’espagnol CAF à Alstom pour l’achat de vingt-huit rames Intercités.

    Dans le domaine numérique, après 25 années d’existence du e- et m- commerce, force est de constater que les titans mondiaux sont là aussi américains et chinois. Encore une fois il y a une absence de représentation totale de géants du net européens. Dans le contexte de l’affrontement qui s’intensifie entre les Etats-Unis et la Chine, nous parlerons bientôt non seulement des « GAFAM » américains mais de plus en plus aussi des « BAXIT », les chinois Baïdu, Alibaba, Xiaomi, et Tencent. A l’instar de Washington, le gouvernement chinois déploie son appareil juridique et ses politiques d’investissement derrière ses champions, enrayant le développement de concurrents américains tels que Google ou Facebook. En Russie, Facebook est absent, c’est son équivalent local V Kontakte qui domine ce marché.

    Les dépenses des ménages et des entreprises européens vont donc tout droit enrichir nos concurrents étrangers qui pour la plupart ne s’acquittent pas de leur juste part d’impôts. Pire, la sensibilité et la richesse de nos données personnelles qui profitent au développement d’algorithmes d’intelligence artificielle toujours plus performants tombent aussi dans des mains adverses.

    L’Europe se retrouve donc complètement dépendante et démunie. Une esclave consentante, stockholmisée par son maitre américain qui par ailleurs décide même désormais de ses projets commerciaux légitimes en lui dictant via l’extraterritorialité juridique, les frontières de son licite et illicite…en fonction des intérêts nationaux américains. Une notion aux contours extensibles…

    Enfin, cette offensive de « renationalisation » active se joue également dans le domaine monétaire. D’abord, la « dédollarisation » de l’économie mondiale est en route : la Russie a largement vendu des Dollars depuis 2018, qui ne représentent plus que 27% de ses réserves, derrière l’Euro (39%) – source Banque Centrale Européenne. Sa Banque centrale a aussi acheté l’équivalent de quelques dizaines de milliards de dollars du Yuan convertibles chinois. La Chine et la Russie ont en parallèle massivement acheté de l’or ces dernières années afin de soutenir leurs devises, avec l’objectif pour les Chinois de détrôner à terme les Américains et pour les Russes d’échapper à la pression de Washington. La solidité de leurs devises repose aussi sur leur faible taux d’endettement. La Russie est quasi à l’équilibre. La Chine elle fait face à une situation plus complexe :  le taux d’endettement du gouvernement central et des collectivités locales est estimé à 37%, loin derrière celui du Japon (240 %), la Grèce (181,1 %), l’Italie (132,2 %), le Portugal (121,5 %), les États-Unis (107,2 %), ou encore la France (98,4 %) – source ministère français de l’Economie et des Finances, CEIC Data.

    Ensuite, afin d’assainir ses finances et parer à la crise de 2007, Pékin a lancé un plan de relance en novembre 2008 visant à injecter sur le marché 4 000 milliards de yuans (586 milliards de dollars) afin de stimuler la demande intérieure face au ralentissement de la croissance et à la stagnation de ses exportations. Elle investit massivement dans ses différents projets des Routes de la Soie en Asie Centrale, en Europe, en Afrique, et en Amérique Latine afin d’augmenter la croissance de son économie et de lui donner un avantage géopolitique de puissance « tranquille » mais incontestablement en projection. Elle crée son « contre monde » et déjà ses contre standards. Les Chinois voient loin, très loin, au-delà des péripéties immanquables de leur stratégie à l’échelle d’un siècle entier. Cette vision leur confère un avantage certain par rapport à des politiques très court-termistes en Europe et d’une certaine manière aux Etats-Unis.

    Finalement la politique du « quantative easing » de la Banque Centrale Européenne affaiblit à terme l’euro, sachant que l’injection massive de liquidités dans le système financier européen au travers du rachat de Bons du Trésor et autres obligations équivaut à faire tourner la planche à billets sans croissance réelle de l’économie. Une vulnérabilité mortifère dans un contexte de très forts taux d’endettement de certains pays membres dont la France.

    L’impact économique et social, mais aussi politique de ces inquiétants développements sera très concret et massif. Pour en prendre la mesure, l’analyse du PIB par le biais du pouvoir d’achat par parité ou PPP est intéressante car elle permet de comprendre l’état réel de la puissance économique via la richesse créée concrètement pour les citoyens des pays concernés. Si nous prenons les projections du FMI, de la banque Standard Chartered, d’Oxford Economics, et du Brookings Institute sur le classement des dix plus grandes puissances économiques au regard du PIB en termes de PPP en 2030, nous constatons plusieurs choses :

    1. Sur les dix pays, quatre seront asiatiques.
    2. La Chine et l’Inde seront respectivement au premier et deuxième rang, reléguant l’actuel numéro un, les Etats-Unis, au troisième.
    3. Les BRICS y figureront tous, avec d’autres pays « émergents » d’aujourd’hui – l’Indonésie (4ème), la Turquie (5ème) et l’Egypte (7ème).
    4. L’Allemagne clôturera la liste
    5. La France sera absente !
    6. L’Union européenne pourrait et devrait y figurer mais, au vu des politiques et interférences désastreuses de ces dix dernières années mentionnées supra et en l’absence d’une politique économique et industrielle cohérente, elle manquera également à l’appel.
    7. Le G7 dans son actuel format sera devenu complètement caduque, réclamant sans doute l’arrêt de ce forum pour privilégier le format du G20…

    Nous sommes donc devant deux visions apparemment en opposition mais qui peuvent en fait se rejoindre : un libre-échangisme mal-pensé et un protectionnisme pondéré et assumé. Il serait temps que l’Europe et la France fassent une correction de cap courageuse, décisive et retentissante. Pécher par prudence et engager une politique visionnaire et stratégique nationale et communautaire claire sur l’industrie, le numérique, et la monnaie, afin que nos champions puissent tout d’abord exister et qu’ensuite ils puissent sortir gagnants de la nouvelle concurrence mondiale.

    Christopher Th. Coonen (Geopragma, 23 septembre 2019)

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  • Coups de vieux...

    Les éditions Robert Laffont viennent de publier un polar de Dominique Forma intitulé Coups de vieux. Scénariste, et réalisateur, Dominique Forma est déjà l'auteur de plusieurs romans. On ne ratera pas celui-ci dans lequel il piétine joyeusement le politiquement correct !...

     

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    " Ils ont passé l'âge... Si ce n'est de faire justice eux-mêmes. Clovis le facho et André le gaucho. Deux frères ennemis à la longue histoire de coups tordus.
    Le soir tombe sur Le Cap d'Agde. André, la soixantaine, s'aventure dans les dunes des échangistes. Bientôt, il aperçoit l'objet de ses fantasmes : une belle femme nue allongée sur le sable. Il s'approche. Son désir s'éteint aussitôt : la belle est morte, assassinée.
    Craignant de devenir le suspect n° 1, André appelle Clovis à la rescousse. Avec l'aide d'Alexe, une libertine craquante, le duo improbable Algérie française et Gauche prolétarienne débute une sulfureuse enquête parsemée de sang, de sexe et de sales magouilles... "

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  • Les pervers du PAF...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous le point de vue des rédacteurs du site Idiocratie sur l'affaire Yann Moix, dont le déroulement est symptomatique de la perversité du système médiatique.

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    Les pervers du PAF

    Si les perturbations météorologiques de plus en plus visibles font planer au-dessus de nos fronts inquiets le spectre du dérèglement climatique, l'immuable régularité avec laquelle le cycle des saisons littéraires s'accomplit est propre à nous rassurer. A la manière des tempêtes qui reviennent inlassablement ravager les Tropiques, le monde des lettres connaît lui aussi, à la même période, une saison cyclonique. Celle-ci ne fait cependant pas de victimes, ce n’est qu’une tempête dans un verre d’eau. Un verre d’eau servi au prestigieux Café de Flore, avec un café à cinq euros par un serveur désagréable, mais un verre d’eau tout de même. Cette année l’ouragan qui frappe le microcosme des lettres françaises se nomme Moix. Apparemment c’est un cyclone de force 5 capable de faire souffler les vents mauvais de l’antisémitisme et de déchaîner avec une force jamais vue auparavant les courants du narcissisme et du voyeurisme dans les hautes couches de l’atmosphère littéraire.

    Yann Moix a donc commis un roman intitulé Orléans, dans lequel il raconte avoir été un enfant battu et dépeint le tableau cauchemardesque de son enfance martyrisé, entre une mère Folcoche et un père Tenardier. Il faut croire que la mise à mort des géniteurs par voie de littérature est devenue un lucratif fond de commerce. Edouard Louis a rencontré le succès en descendant sa famille de prolos dans En finir avec Eddy Bellegueule en 2014, Yann Moix a décidé de réitérer l’exercice en 2019 avec Orléans. Il ne s’agira pas ici de discuter de la véracité des faits relatés par Moix dans Orléans. La polémique autour du livre a commencé quand les principaux intéressés – le père, la mère, le frère de Yann Moix – ont protesté face au traitement qui leur était réservé dans le vrai-faux roman, de la même manière que la famille d’Edouard Louis avait émis quelques réserves vis-à-vis de la manière dont leur fils les avait traité dans son roman. Les deux ouvrages présentent certaines qualités littéraires. Quant aux querelles de familles, elles sont, comme les viscères, inextricables et vouées à rester cachées. Quand on les étale au grand jour, elles puent et répugnent au commun des mortels. On ne sait par quel bout s’en saisir et on n’y peut trouver aucune vérité. Souhaitons bon courage aux juges qui sont parfois chargés de les examiner de près. Quand un écrivain décide d’étaler ses viscères au grand jour et que la machine médiatique s’empare de la tragédie familiale pour en faire le scandale de la rentrée littéraire, elle n’en devient que plus incompréhensible. Le vrai sujet de l’affaire Moix, c’est Moix lui-même. Yann Moix. Yann MOI. 

    Au crapoteux étalage des tourments familiaux c’est ajoutée la révélation des frasques antisémites du jeune Moix. Le 26 août 2019, un article de L’Express a révélé les publications produites par Yann Moix il y a trente ans, dans un sympathique fanzine antisémite finement nommé Ushoahia, le magazine de l'extrême. Pris dans la tourmente médiatique, l'auteur d'Orléans a courageusement affirmé que, s'il était bien l'auteur des (très mauvaises) caricatures publiées dans Ushoahia, les textes tout aussi affligeants signés « Auschwitz Man » avaient pour auteur trois anciens camarades de Sup de Co. Il ne fait visiblement pas bon être l'ancien camarade de Yann Moix. La défense de l'écrivain s'est effondrée face aux nouveaux documents à charge publiés dans les jours suivants par L'Express et Moix a dû se résoudre à laisser en paix ses anciens camarades de Sup de Co, assumer son lourd passé et reconnaître ses « erreurs de jeunesse ». Après la tragédie familiale romancée et les révélations du passé antisémite, le troisième acte de ce soap opera littéraire et médiatique commençait. Intitulons-le « Yann Moix à la recherche du Grand Pardon ». 

    C'est sur le plateau de On n'est pas couché que l'ancien chroniqueur de Laurent Ruquier est venu jouer la scène la plus importante de la comédie de la rédemption pour laquelle, à défaut d'obtenir un jour le prix Goncourt, on lui accordera peut-être le César du meilleur acteur. Face à un Ruquier partagé entre gêne et complaisance et à des invités dont pas un ne semble vraiment au courant de l'affaire ou n'a jeté même un œil sur les fameuses caricatures, Moix surjoue le repentir, clame face caméra que « l'homme de cinquante ans que je suis crache au visage de celui de vingt ans », admet sa faute, bat sa coulpe, endosse le rôle de victime, puis retrouve rapidement ses réflexes de procureur médiatique. Il a fauté, certes, il y a trente ans, mais il s'est repenti et il porte depuis le poids de cette faute qui l'a amené à devenir un justicier, à traquer partout les salauds qui ont failli enfermer le jeune homme de vingt ans mal dans sa peau dans la nasse de l'antisémitisme, du racisme et de la haine. «J’étais un impuissant, j’étais un raté et j’étais un faible. Toute ma vie, j’ai essayé de m’arracher à ce trou noir, à cette espèce d’attraction maléfique. » Le diable s'est emparé il y a trente ans de la plume de Yann Moix, le forçant à écrire, sous la dictée de la dépression les horreurs que d'ailleurs ni Ruquier, ni aucun des invités de l'émission ne prend soin de rappeler. Ce n'est pas Yann Moix qui écrivait en 1989 dans Ushoahia « un noir qui chie, c'est la figure emblématique de la génération spontanée », c'est le mal-être. Et ce mal-être, instrumentalisé par l'extrême-droite, a failli faire de Yann Moix un sale bonhomme. Alors Yann Moix a changé, il a retrouvé le bon en lui, grâce à Bernard-Henri Lévy, « l'ange de lumière » qui lui pardonna de l'avoir traité de « youppin dont le crâne n'a hélas pas été rasé par les amis d'Adolf » et l'arracha à l'emprise de Satan pour l'élever, lui aussi, vers la lumière. Celle des spotlights, celle que Yann Moix révère entre toute. 

    Car de la pathétique « affaire » Yann Moix et de son larmoyant repentir télévisuel, répété à l'envi presque mot pour mot à la radio et dans les journaux, ressort le portrait d'un petit arriviste balzacien, prêt à faire feu de tout bois pour obtenir son quart d'heure de gloire littéraire. Accroché aux basques de Marc-Edouard Nabe quand celui-ci profite encore d'une certaine notoriété, faisant sa cour à Dieudonné ou Alain Soral puis répudiant ses anciennes amours pour embrasser enfin la notoriété dont il rêvait, Yann Moix a par la suite endossé avec bonheur l'uniforme du croisé de l'antiracisme, seyant mieux à sa nouvelle carrière d'écrivain et de chroniqueur à succès. Aujourd'hui mis en cause pour ce péché de jeunesse dont il a attendu durant trente ans avec terreur – dit encore Moix avec des larmes dans les yeux – qu'il soit révélé, l'écrivain s'imagine néanmoins au centre d'une nouvelle machination de l'extrême-droite. C'est elle qui a révélé à L'Express l'existence des textes et caricatures d'Ushoahia, c'est elle qui, à travers le scandale, cherche encore une fois à l'atteindre. Et celui qui aide l'extrême-droite à accomplir ses basses œuvres, c'est son frère, Alexandre Moix. CQFD.

    Yann Moix n'est pas seulement un ambitieux qui passe d'un mensonge à un autre pour sauver sa carrière. Moix semble bien au contraire croire que cette succession de fables racontées à lui-même et aux autres, de l'antisémitisme hystérique du jeune homme de vingt ans à la croisade obsessionnelle du chevalier de l'antiracisme qui siège trente ans après en procureur du petit écran, tisse un patchwork qui peut passer pour la vérité. Les vrais menteurs ne mentent pas pour cacher la vérité. Ils utilisent la vérité pour camoufler leurs mensonges. Après avoir imploré le pardon, s'être abaissé sans retenue jusqu'aux limites extrêmes de l'humiliation publique, Yann Moix conclut en posant à nouveau en victime et en pointant du doigt un complot d'extrême-droite dirigé contre sa personne. Le tout nappé de moraline télévisuelle et entrelardé des bienveillantes remontrances du père Ruquier compose un ahurissant numéro de repentance médiatique. Pour un peu on imaginerait Ted Bundy se livrant à une séance d'autocritique dans l'URSS de Brejnev. 

    Le visage que Yann Moix offre à la critique dans les médias n'est rien d'autre que celui du système médiatique qu'il a embrassé. La rhétorique de Moix est perverse mais elle reflète la perversité de la société spectaculaire qui lui donne asile. Cette société-là cultive un antiracisme pavlovien et très sélectif qui distingue soigneusement ceux qui doivent être condamnés sans pitié et ceux qui bénéficieront de l'absolution médiatique. Au temps où Yann Moix posait encore en justicier du PAF, il s'était attaqué en 2017, sur le plateau d'On est pas couché, à Renaud Camus, accusant l'auteur de Du sens de racisme et d'antisémitisme. Renaud Camus, depuis bien longtemps ostracisé et étiqueté comme écrivain d'extrême-droite, a gagné son procès en diffamation contre Moix en 2018. Aujourd'hui c'est l'auteur d'Orléans qui est dans la tourmente pour de bien plus substantielles raisons que celles qui ont valu sa déchéance à Renaud Camus. Ce dernier, pourtant l'un des écrivains français contemporains les plus talentueux, ne reviendra sans doute jamais de l'exil médiatique. Moix, faiseur brillant, a peut-être plus de chances de s'en tirer à bon compte, quand la tempête dans un verre d'eau se sera apaisée. On verra alors si la sentence de Jean de La Fontaine se vérifie toujours : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »

    Des idiots (Idiocratie, 19 septembre 2019)

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