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  • Quand les Occidentaux conjuguent l'arrogance avec l'impuissance !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 13 mai 2014 et consacrée à deux événements, l'affaire d'Ukraine et l'enlèvement de deux cents jeunes filles par la secte islamiste Boko Haram au Nigéria, qui viennent parfaitement illustrer à la fois l'arrogance et l'impuissance de l'Occident...

     


    Quand les Occidentaux conjuguent l'arrogance... par rtl-fr

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  • Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary

    «Tout, chez toi [BHL], est imaginaire. Le supposé ex-gauchiste, première hypostase, ce personnage de révolutionnaire d’opérette que tu t’es inventé rétrospectivement de toutes pièces, comme faire-valoir de ton reniement, même toi tu sembles douter qu’il ait jamais existé. « Ce fameux « émoi de Mai », auquel la légende veut que j’ai participé depuis ma chambre, entre un transistor et une carte d’état-major » (légende et état-major par toi inventé), écris-tu en préface à la réédition des Indes rouges. Et encore : « il y a beaucoup de faux, certes, dans la légende. Mais il y a un peu de vrai aussi. Et la vérité c’est que je n’ai pas été, en effet, un acteur majeur du mouvement… » Très curieux, ce vague, cette incertitude sur soi-même. Dites-moi ce que j’ai vécu, demandes-tu, car tu ne sembles pas le savoir toi-même. Brummell, devant les lacs italiens, demandait à son valet de chambre : « Est-ce ce paysage que j’aime ? ». Ta seconde hypostase est aussi incertaine, falote. Le néo-philosophe concocté sous Giscard pour rallier la droite s’est retrouvé socialo sous Mitterrand. La troisième, l’artiste insondable au regard hanté, le Radiguet trop vieux, le romancier truqueur, a la même indécision, la même artificialité. Comme si tu avais, au lieu d’une biographie, un fantôme de biographie, fait de morceaux empruntés, de clichés volés à trois vies différentes et célèbres du passé. »

    «Pour devenir les néo-bourgeois des années 1980, les maos-gauchos-contestos crachant sur leur passé ont profité de l’hypocrisie nationale que fut le pouvoir socialiste. Sous lui, ils s’installèrent dans tous les fromages. Plus que personne, ils s’en goinfrèrent. Deux reniements ainsi se sont alliés : celui des « ex » de Mai 68 devenus conseillers ministériels, patrons de choc ou nouveau guerriers en chambre, et celui du socialisme passé plus à droite que la droite. Votre apostasie servit d’aiguillon à celle de la gauche officielle.»

     

    Les éditions Agone viennent de rééditer Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, le brûlot de Guy Hocquenghem, écrit en 1986, peu avant sa mort et adressée à ses anciens amis de l'extrême gauche soixante-huitarde ralliée au système... Trente ans après, ceux qu'il visait tiennent toujours le haut du pavé... 

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    " Avant de mourir, à 41 ans, Guy Hocquenghem a tiré un coup de pistolet dans la messe des reniements. Il fut un des premiers à nous signifier que, derrière la reptation des " repentis " socialistes et gauchistes vers le sommet de la pyramide, il n'y avait pas méprise, mais accomplissement, qu'un exercice prolongé du pouvoir les avait révélés davantage qu'il les avait trahis. On sait désormais de quel prix - chômage, restructurations sauvages, argent fou, dithyrambe des patrons - fut payé un parcours que Serge July résuma un jour en trois mots : " Tout m'a profité. " Cet ouvrage qui a plus de quinze ans ne porte guère de ride. L'auteur nous parle déjà de Finkielkraut, de BHL, de Cohn-Bendit, de Bruckner. Et déjà, il nous en dit l'essentiel. On ignore ce qu'Hocquenghem aurait écrit d'eux aujourd'hui, on sait cependant que nul ne l'écrira comme lui. Lui qui appartenait à leur très encombrante " génération " - celle des Glucksmann, des Goupil, des Plenel et des Kouchner - se hâtait toutefois de préciser : " Ce mot me répugne d'instinct, bloc coagulé de déceptions et de copinages. " Il aurait souhaité qu'elle fût moins compromise, en bloc, par les cabotinages réactionnaires et moralistes de la petite cohorte qui parasita journaux et " débats ". Il aurait essayé d'empêcher qu'on associât cette " génération "-là aux seuls contestataires qui ouvrirent un plan d'épargne contestation avec l'espoir d'empocher plus tard les dividendes de la récupération. Renonçant aux apparences de la bienséance, de la suavité bourgeoise propres à ceux qui monopolisent les instruments de la violence sociale, Guy Hocquenghem a usé de la truculence, de la démesure. Il a opposé sa clameur à la torpeur des temps de défaite. Son livre éclaire le volet intellectuel de l'ère des restaurations. Les forces sociales qui la pilotaient il y a vingt ans tiennent encore fermement la barre ; les résistances, bien qu'ascendantes, demeurent éparses et confuses. Nous ne sommes donc pas au bout de nos peines. Les repentis ont pris de l'âge et la société a vieilli avec eux. L'hédonisme a cédé la place à la peur, le culte de l'" entreprise " à celui de la police. Favorisés par l'appât du gain et par l'exhibitionnisme médiatique, de nouveaux retournements vont survenir. Lire Guy Hocquenghem nous arme pour y répondre avec ceux qui savent désormais où ils mènent. " 

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  • Un professeur d'énergie...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jean-Yves Le Gallou à Boulevard Voltaire à l'occasion du colloque du 17 mai 2014, consacré à Dominique Venner, qui se déroule à Paris, à la Maison de la Chimie.

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    Dominique Venner : un fabuleux professeur d’énergie…

    Jean-Yves Le Gallou, vous allez assister, samedi 17 mai à 14 h 30, au colloque consacré à Dominique Venner, à la Maison de la chimie à Paris à l’invitation de l’Association pour l’histoire. Expliquez-nous pourquoi…

    Il y a un an, j’ai eu l’honneur, avec Bernard Lugan, Philippe Conrad et Fabrice Lesade, de partager avec Dominique Venner son dernier déjeuner. Je n’oublie pas l’accolade – l’abrazo – qu’il nous a donnée lorsqu’il est parti vers son destin. Ce sont des moments qui marquent un homme pour le restant de sa vie.

    Que retenez-vous de Dominique Venner ?

    Un grand écrivain. Un historien méditatif. Un professeur d’énergie.

    Un grand écrivain ?

    Dominique Venner était un merveilleux conteur. Son Dictionnaire amoureux de la chasse, notamment, est admirable. Je le dis avec d’autant plus de force que je ne suis pas moi-même chasseur. Mais on y trouve une formidable leçon sur les relations de l’homme à la nature, à l’animal et aux traditions.

    Un historien méditatif ?

    Dominique Venner a apporté un regard lumineux sur 30.000 ans d’histoire européenne dans Histoire et tradition des Européens. Avec lui, nous savons d’où nous venons. Et pourquoi nous devons refuser le grand effacement et le Grand Remplacement. « Les racines des civilisations ne disparaissent pas tant que n’a pas disparu le peuple qui en était la matrice. » Pour Dominique Venner, « l’historien méditatif […] [est] créateur de sens, éveilleur de rêves ».
    Nous devons aussi à Dominique Venner Le Siècle de 1914, un livre, là aussi, d’une lumineuse clarté. En 1914, l’Europe est une société traditionnelle avec ses monarques et ses aristocrates, ses paysans et ses soldats, tous attachés à leur lignée et aux valeurs d’effort, de courage et d’honneur. Les combats de 1914 industrialisent la mort (80 % de tués par éclats d’obus) et la figure du héros cède la place à celle de la chair à canon. Les grands empires s’effondrent et le chaos s’installe au cœur de l’Europe.

    Sur les ruines du monde ancien, quatre idéologies naissent et s’opposent. Le fascisme (que Dominique Venner distingue avec finesse du nazisme), le national–socialisme, le communisme et le wilsonisme, c’est-à-dire le mondialisme anglo-saxon, surgissent de ses décombres et s’affrontent. Les trois premières ont disparu. La quatrième est à bout de souffle. L’empire américain ne sera pas éternel et l’Europe sortira de sa « dormition ».

    Reste le professeur d’énergie…

    Ce sera le thème du colloque qui se tiendra samedi 17 mai à 14 h 30 sur le thème « Dominique Venner, écrivain et historien au cœur rebelle ». Cela correspond à la réédition de son très beau livre Le Cœur rebelle.

    Voici quelques maximes extraites de l’œuvre de Dominique Venner, d’Un samouraï d’Occident, en particulier : « Exister, c’est combattre ce qui me nie »,« Une action politique n’est pas concevable sans le préalable d’une mystique »,« Être un insoumis : préférer se mettre le monde à dos que se mettre à plat ventre »« Être un insoumis : être à soi-même sa propre norme par rapport à une norme supérieure »« Être un insoumis : veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse »« L’opposant radical doit puiser en lui-même ses justifications, affronter la réprobation générale, l’aversion du grand nombre et une répression sans éclat ». De belles leçons d’énergie, assurément !

    Comment interpréter son geste sacrificiel ?

    Dominique Venner s’en est expliqué lorsqu’il a déclaré (dans une vidéo aujourd’hui disponible), quelques semaines avant le 21 mai 2013 : « Il est parfois nécessaire que des hommes se sacrifient […], sacrifier sa vie, mettre sa vie en jeu, la sienne, pas celle des autres, sacrifier sa vie pour authentifier ses paroles, créer aussi peut-être un choc. » Ce propos du samouraï d’Occident éclaire aussi son geste : « Si l’emblème des samouraïs est la fleur de cerisier qui tombe avant d’être fanée, ce n’est pas un hasard. »

    Vous comprenez cela ?

    Oui, lorsque j’étais étudiant, j’ai eu deux « professeurs d’énergie » : Nietzsche et Barrès. Mais avec toujours un peu de gêne pour Barrès. Voilà un homme qui a chanté les valeurs héroïques et qui, à l’aube de la guerre de 1914, s’est engagé à… publier un éditorial par jour. Ce qui lui valut le méchant surnom de« rossignol des cimetières ». Certes, Barrès avait dépassé 50 ans et rien ne l’obligeait à partir sur le front. Mais Émile Driant, député, avait 59 ans en 1914. Il s’est néanmoins engagé et est mort en héros à la tête de ses chasseurs, au bois des Caures, en retardant de manière décisive l’avance allemande sur Verdun.

    Je crois que Dominique Venner avait le souci de l’exemplarité, le souci de montrer que ses écrits n’étaient pas des paroles en l’air. C’est aussi pour cela qu’il a choisi de mourir en combattant, à 78 ans.

    Un geste qui a pu choquer les catholiques…

    Bien sûr. Je le comprends parfaitement. Mais j’ai été frappé par l’empathie qu’ont montrée beaucoup de mes amis catholiques en la circonstance. La difficulté et la force du geste n’ont échappé à personne. Elles ont souligné l’adéquation entre l’homme et l’œuvre. Le cœur rebelle est mort en insoumis. On lit désormais Dominique Venner avec plus de conviction encore : on a la certitude absolue de la vérité de l’homme.

    Jean-Yves Le Gallou (Boulevard Voltaire, 12 mai 2014)

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  • Une nouvelle guerre froide ?...

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    Le numéro de mai 2014 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque. 

    Le dossier est consacré à la crise ukrainienne et à son influence sur les relations entre l'Europe et la Russie. On pourra y lire, notamment, des articles d'Olivier Zajec ("Une nouvelle logique bipolaire"), de Gabriel Matzneff ("La tombe d'Akhmatova") et d'Eric Branca ("L'Ukraine entre deux mondes") ainsi qu'un entretien avec Marie-France Garaud ("Aux sources du malentendu russo-américain").

    Hors dossier, on pourra aussi lire, notamment, un entretien avec Alain de Benoist ("De quoi la théorie du genre est-elle le nom ?") et des articles de François Bousquet ("Gary le magnifique"), de Stéphane Guégan ("Fantastique Gustave Doré), de Laurent Dandrieu ("Les chouans du Nouveau-Monde"), de Michel Marmin ("Thomas l'imposteur") et de Bruno de Cessole ("Les nostalgies du Guépard"). Et on retrouvera aussi  les chroniques de François d'Orcival ("Hollande vise au centre"), de Patrice de Plunkett ("Les clown ne rient pas") et d'Eric Zemmour ("Valls ou le grand aveu").

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  • L'Union européenne est-elle en train de s'autodétruire ?...

    Intellectuel croate, ancien professeur de sciences politiques au Juniata College de Pennsylvannie et ancien diplomate, auteur de nombreux ouvrages en langue anglaise et en langue croate, Tomislav Sunic a pu comparer les turpitudes des systèmes communiste et capitaliste. Cet observateur particulièrement lucide et averti du politiquement correct a bien voulu répondre à l'enquête de l'équipe de la revue Eléments consacrée à l'état de l'Union européenne.

    Tomislav Sunic a publié en France Homo americanus - Rejeton de l'ère postmoderne (Akribéia, 2010) et Croatie : un pays par défaut (Avatar, 2010) ainsi que, tout récemment, Chroniques des temps postmodernes (Avatar, 2014).

     

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    Tomislav Sunić : «L’Union européenne est en train de s’autodétruire»

    Éléments : Depuis 2010, les sondages Eurobaromètre montrent invariablement que le pourcentage global des Européens défavorables à l’Union européenne est constamment supérieur à celui des Européens qui lui sont favorables. Les déceptions qu’a engendrées jusqu’ici la construction européenne doivent-elles oui ou non remettre en question l’idéal d’une Europe politiquement unie? Pourquoi faire l’Europe?

    Tomislav Sunić: L’idée de la construction de l’Union européenne relève d’un pur constructivisme académique, du « wishful thinking » des bien-pensants occidentaux qui fut très à la mode suite à la Deuxième Guerre mondiale. Ce constructivisme européen, « à la yougoslave » ou « à la soviétique », quoique jamais exprimé officiellement, eut comme but d’endiguer la prétendue hégémonie allemande, et par détour, d'accélérer la disparition de tous les peuples européens. Or, les développements de cette construction européenne, depuis le Traité de Rome et, surtout, depuis le Traité de Maastricht, ont rétrospectivement démontré le dilettantisme de ses architectes, ainsi que le caractère surréel et donc fragile de cette construction hyperréelle. L’Union européenne est en train de s’autodétruire.

    En quoi le projet européen tel qu’il a été pensé, vous rappelle le constructivisme « yougoslave » ou « soviétique »?

    Tomislav Sunić: Le bric-à-brac de l’état multiculturel qui fut naguère l’ex-Yougoslavie fut un projet sorti ex nihilo de Versailles et de Trianon, voué donc à l’échec dès sa naissance. Le rassemblement forcené et par des oukases belgradois (à la bruxelloise) de peuples divers mena fatalement à la méfiance de tous contre tous. Idem pour l'Union soviétique. Ces deux constructions remontaient au jacobinisme français. L’Union européenne n’est aujourd’hui que le mime des deux exemples yougoslave et soviétique, qui ont déjà donné naissance à tant de haine mutuelle en Europe de l’Est et en Eurasie. L’Union européenne, telle que nous la voyons sur la mappemonde, aura une courte durée. Hélas, le prix sera élevé.

    Un an après l’entrée officielle de votre pays au sein de l’Union européenne le 1er juillet 2013, quel est l'état d'esprit des Croates vis-à-vis des institutions européennes?

    Tomislav Sunić: Nul. Le Croate moyen est en train de déchanter. Après la première extase face aux images de l’Occident qui chante tout en versant gratuitement de l’argent aux nouveaux membres de l’UE, on est aujourd’hui témoin d’une vraie métastase institutionnelle en Croatie. Je vous renvoie sur le rapport de Reuters sur la Croatie du 5 mai 2014 (ici) qui a établi un bon certificat de décès de l’économie croate et son marché du travail. Pour chaque employé on dénombre un retraité (1,2 million d’ouvriers vs 1,2 million de retraités). Le chômage parmi les jeunes croates dépasse celui des Espagnols.

    L'Euro étant devenu un sujet majeur de discorde entre les peuples européens, faut-il dissoudre la monnaie unique pour sauver l'Europe ou doit-on défendre bec et ongles l’Euro?

    Tomislav Sunić: L’Euro n’est pas la source des problèmes de l’Union européenne. Ces problèmes sont plutôt la conséquence du mauvais fonctionnement de l’UE. Pourquoi ne pas garder l’euro, à l’instar du dollar, comme moyen de transactions financières transeuropéennes et internationales, tout en gardant les monnaies nationales pour les activités des économies nationales ? Ainsi chaque pays européen serait en mesure de fixer le taux de change de sa monnaie locale en fonction de la hausse ou de la baisse de son PIB.

    Doit-on souhaiter la dissolution de l’Union européenne ou préférer cette Europe imparfaite? Peut-on refonder la construction européenne sur d’autres bases? Lesquelles?

    Tomislav Sunić: Toute dénomination d’Union européenne, que ce soit sous le nom de « Reich », ou sous le nom d' « Union européenne », ou bien sous n’importe quel autre signifiant est souhaitable, pourvu que son signifié exprime les bases réelles de ses peuples différents, à savoir leurs fonds culturels et spirituels. En l’occurrence, le Saint Empire allemand ou même l’Empire austro-hongrois, vu leur longue durée historique, présentaient davantage de stabilité et de viabilité pour leurs peuples que l’Union européenne actuelle.

    Dans la dernière livraison de la revue Éléments, Félix Morés écrit que l’Union européenne a souffert des élargissements aux États d’Europe centrale et orientale qui ont diminué les chances de parvenir à une Union politique. Faut-il plaider pour une Europe à plusieurs vitesses? À un noyau dur autour d’une Europe des six?

    Tomislav Sunić: La proposition hypothétique d'une « Europe à plusieurs vitesses » s’inscrit dans la logique capitaliste et globalitaire. L’Europe à « deux vitesses » sera donc dès le début vouée à l’échec, ou pire encore aux guerres civiles incessantes. En revanche, une Europe, même une Europe davantage élargie, dont les peuples partagent des idées communes, à savoir le sens de leur identité locale d’une part, et leur rôle commun de grande puissance, de l’autre, peut nous donner encore une chance.

    Dans ce cadre, où arrêter les frontières de l'Europe? Quelle est l'architecture juridique qui privilégiera au mieux, selon vous, le respect des identités locales et le rôle de grande puissance de l'Europe?

    Tomislav Sunić: Ah bon. Où donc ? Dans le 12e arrondissement de Paris ou bien à Kreutzberg, ou à Neukölln, au sud de Berlin ? Ou bien à Marseille ou à Brixton, au sud de Londres ? Il vaut mieux alors que j’aille à Timgad ou à Lahore pour chercher sur les limes d’anciens Européens. Nous tous, qu’on s’appelle identitaires, nationalistes, terriens, tous épris de la glèbe ancestrale, cessons donc avec nos querelles tribales. Les frontières européennes se trouvaient jadis à Troie en Asie donc, chez les Phrygiens, chez Hector, Priam, et la belle Cassandre. Mes ancêtres croates ont dû passer par l’Hindou-Kouch et par le Caucase, il y a quelques millénaires, avant de s’installer sur la belle côte adriatique. Aujourd’hui, on trouve davantage de bons Européens à Buenos Aires ou à Sidney qu’à Paris ou à Londres. Avec nos guerres claniques, que ce soit les Russes contre les Ukrainiens ou les Serbes contre les Croates, on ne fait qu’une belle offrande aux ennemis de l’Europe.

    Tomislav Sunic, propos recueillis par Pascal Esseyric (Blog Eléments, 8 mai 2014)

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  • Postérité...

    Les éditions Les Belles Lettres rééditent Postérité, un roman de Philippe Muray, qui avait été publié initialement chez Grasset en 1988.

    Critique impitoyable de la société et contempteur de l'Homo festivus, armé d'une plume acérée et d'un  humour féroce, Philippe Muray, mort en 2006,  s'est fait connaître en particulier par ses chroniques et ses textes ravageurs rassemblés dans les quatre volumes de ses Exorcismes spirituels et les deux volumes d'Après l'histoire, qui ont été rassemblés sous le titre Essais par les Belles Lettres en 2010.

     

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    " Que veulent les personnages de ce roman, à travers les passions qui les agitent ? Que cherchent Selma, Mimsy, Naïma ou Camille, ainsi que leurs compagnons ou amants ? Le plaisir, comme leurs aventures érotiques en témoignent. Le bonheur aussi, et l'amour. Mais, par-dessus tout, s'ils montent tant d'intrigues, c'est qu'ils subissent dans leur chair et leur âme les conséquences de la grande révolution scientifique d'aujourd'hui, qui rend désormais l'acte sexuel et la procréation parfaitement indépendants l'un de l'autre.
    Postérité, c'est d'abord cela : l'histoire détaillée des rapports orageux d'un certain nombre d'hommes et de femmes autour de la question de la prolongation de l'espèce. Rapports d'autant plus explosifs qu'eux et elles ont à présent le choix. Leur liberté toute neuve provoque des drames inédits, qui finissent par s'organiser dans l'esprit de Jean-Sébastien, le narrateur, en une étourdissante « comédie de mœurs » contemporaine. Mais ce roman, c'est aussi l'évocation d'une étrange maison d'édition, le BEST, où évoluent la plupart des héros, techniciens discrets du succès, qui constituent une société souterraine puissante et invisible. Cette entreprise est une usine de fabrication de livres en tous genres ; sujets programmés à l’avance, vedettes venant demander d’être écrites par une équipe de nègres spécialisés. Les livres se succèdent à une cadence infernale, il faut couvrir tous les thèmes, dossiers confidentiels, astrologie, spiritisme, pornographie, espionnage, biographies, magie, alchimie, histoire enchantée, romans supra-commerciaux. Tous ces mots à consommer et qui ne sont pas faits pour durer, tous ces « succès du mois » sont avalés et traités par la machine dont la description ouvre le livre : « La vérité, c’est la machine. Et la machine se fout éperdument des longs placards imprimés qu’elle fait gicler sur ses tapis roulants, à travers ses pinces, ses rouages, ses broches, ses trépidations de pilon... » Le dévoilement des coulisses plus ou moins burlesques de l'édition moderne est donc un autre des ressorts de cette histoire.
    Peu à peu, sous les yeux du narrateur, ce BEST, où il occupe lui-même une place modeste mais centrale, prend les dimensions d'un microcosme fascinant, où viennent se rassembler toutes les tendances d'une société qui, dans la plupart des domaines, voit triompher la contrefaçon et l'artifice. De cet univers bouleversé, il entreprend alors la description dans un récit ironique, mais aussi très réaliste, où passe, comme un défilé de carnaval, tout le fracas de notre fin de siècle. "

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