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  • Au coeur du pouvoir...

    "Si vous ne me croyez pas, allez faire un tour, à condition que l'on vous laisse entrer, à l'Automobile Club de France (hôtel Crillon), place de la Concorde, un soir où Le Siècle, le club de cette superclasse dirigeante, se réunit pour dîner. A défaut, vous verrez au moins les chauffeurs des limousines noires qui attendent patiemment la sortie de leurs maîtres. A l'intérieur, des hommes en costume gris et quelques femmes en tailleur sobre échangent des opinions, des adresses, des tuyaux, des services, parfois des fonctions, des positions sociales, voire des amants ou des maîtresses. Dans ce milieu fermé où les socialistes ont leur place à côté des gros bataillons de la droite française, fermente l'idéologie de la classe dominante: modernisme discret, bien-pensance sociale et culturelle, conformisme économique, respect absolu de la puissance de l'argent. La pensée unique, comme dit Jean-François Kahn, est là, et bien là. Il existe, derrière les apparences successives des combinaisons ministérielles, un gouvernement de facto, un gouvernement invisible des élites financières et institutionnelles, qui à défaut de dicter sa loi, fournit la pensée et inspire l'action des élites françaises."      Jacques Julliard, dans l'article DSK, la gauche et l'argent, publié dans Marianne (4 au 10 juin 2011)

     

    Pour en savoir plus sur Le Siècle, le club de la superclasse dirigeante, il faut évidemment se procurer la nouvellle édition d'Au coeur du pouvoir, l'ouvrage, publié aux éditions Facta, que le journaliste indépendant Emmanuel Ratier, par ailleurs directeur de la lettre d'informations Faits et documents, lui a consacré. Une très utile présentation d'une des coulisses les plus discrètes du pouvoir...

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    "« Les membres du Siècle ne se contentent pas d’occuper les fauteuils ministériels : ils détiennent pratiquement tous les postes stratégiques, ceux qui, en dehors de leur importance technique, ont un rôle politique déterminant. En fait les cent premières entreprises françaises sont, pratiquement sans exception, représentées au Siècle. De même, tous les grands journaux, tous les grands corps de l’État, comme la Cour des comptes, le Conseil d’État, la Cour de cassation, l’état-major militaire, l’Inspection des Finances, etc. » Cet extrait de La République mondaine, un ouvrage paru en 1975, n’a rien perdu de son actualité. Le club Le Siècle, fondé en 1944, réunit, depuis plus de 65 ans, la quasi-totalité du pouvoir politique, économique, financier ou médiatique français. Soit environ 600 personnes qui concentrent entre leurs mains l’essentiel du pouvoir. Tout gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche, a du tiers à la moitié de ses membres qui y appartient.

    Cette volonté de secret, associée à un contrôle de pratiquement tous les grands médias et de toutes les maisons d’édition, fait qu’aucun ouvrage n’a jamais été consacré au club Le Siècle. Pour la première fois, Au coeur du pouvoir dévoile les arcanes de ce club très secret, que d’aucuns ont comparé à la franc-maçonnerie ou à la Synarchie. Se fondant sur des centaines de documents internes et confidentiels, Au coeur du pouvoir révèle l’itinéraire sinueux de son fondateur, de son empire de presse et d’influence qu’il développa durant un demi-siècle. Dans une entière indépendance mais aussi une stricte objectivité, il décrit le déroulement de ses réunions et dîners, son système de cooptation, et raconte ce qui s’y trame, s’y noue et s’y décide, de la chute des ministères aux alliances entre banquiers ou capitaines d’industrie.

    Ce livre n’est pas fait pour juger sommairement du Siècle, de ses membres et de son fonctionnement. Savoir s’il s’agit d’un « complot » ou non ne présente qu’un intérêt strictement secondaire. En revanche, ce livre sera d’une grande utilité pour mieux comprendre le sens de telle ou telle nomination, le rachat d’une entreprise par une autre, la montée en puissance d’hommes politiques recrutés très jeunes, le silence des médias sur certains sujets, la solidarité évidente dont bénéficient ses membres, le réseau relationnel et les alliances inhabituelles, etc. Autant d’éléments que la plupart d’entre eux n’ont jamais souhaité voir exposés au grand public. Et sur lesquels Le Siècle avait jusqu’alors réussi à conserver la confidentialité la plus totale.

    Au coeur du pouvoir comporte aussi un très important annuaire biographique qui retrace la carrière de ses 2000 membres ou invités du début des années 1970 aux années 2010."

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  • Une Saint-Jean pour le XXIe Siècle !...

    En ce jour de solstice d'été, vous pouvez lire ci-dessous un texte d'Alain de Benoist, publié en 1979, dans le Figaro Magazine, et consacré à la tradition des feux de solstice...

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    UNE SAINT-JEAN POUR le XXIe SIECLE

     

    Lancée à l'initiative de l'association Espaces pour demain, la grande kermesse de l'énergie solaire culmine aujourd'hui, 23 juin, avec la « Journée du Soleil ». Après six mois d'une campagne d'animation et d'information à laquelle se sont associés aussi bien les ministères que l'industrie et la télévision, les organisations de consommateurs et les collectivités locales, c'est donc à la célébration du solstice d'été que la France entière est conviée – renouant ainsi avec une antique tradition.

    « A l'idée d'une fête de solstice, écrit Marguerite Yourcenar, un étrange vertige nous prend, pareil à celui d'un homme qui se maintient en équilibre sur une sphère glissante. Cette apogée signale le commencement d'une descente ; les jours, désormais, iront raccourcissant jusqu'au nadir du solstice d'hiver ; l'hiver astronomique commence en juin, comme l'été astronomique commence en décembre, quand les heures de lumière croissent insensiblement de nouveau… Nous sommes pris dans cette double spirale, montante et descendante “Arrête-toi, tu es si beau”, pourrait dire Faust au solstice de juin. Il le dirait en vain. C'est en nous seuls, et encore sans trop l'espérer ni trop y croire, qu'il faut chercher la stabilité » (Le Figaro, 22 juin 1977).

    Comme chaque année et comme toujours, ce soir, des feux s'allumeront dans toutes les régions de France et d'Europe pour célébrer la nuit la plus courte de l'année. La population aura amassé des fagots et construit le bûcher. Un mât orné de branchages, décoré aux couleurs de la région, se dressera à son faîte et, la nuit venue, quand la flamme, après avoir hésité, aura définitivement triomphé, les chants et les danses se poursuivront longtemps, autour du brasier flamboyant.

    Cette « fête du Soleil » vient du plus lointain passé. « Pour les Indo-Européens, explique Pierre Vial, le soleil était la source de la lumière, de la chaleur et de la vie. Attentifs à la course du soleil dans le ciel, les Indo-Européens célébraient avec ferveur le solstice d'hiver et avec magnificence le solstice d'été. Ils célébraient la puissance du soleil dans la joie » (Les solstices. Histoire et actualité, Copernic, 1977.) En Angleterre, dès le IIIe millénaire av. notre ère, le site de Stonehenge, immense cercle de pierres levées, « cathédrale » proto-historique et temple mutilé, forme un observatoire astronomique dont l'enceinte extérieure regroupe 125 pierres réunies par des linteaux. Les hommes, déjà, y rendent un culte au Soleil : « Une avenue d'accès, jalonnée par quelques menhirs, détermine dans le monument un axe, très exactement orienté sur le soleil levant au solstice d'été » (Fernand Niel).

    Le mot même de « dieu » chez les Indo-Européens – deus, theos ou deiwos – exprime à l'origine une notion de luminosité : le dieu souverain est dieu « du ciel lumineux ». En Grèce, Hélios, de la race des Titans, accomplit chaque jour, monté sur son char d'or attelé de trois chevaux ailés, une course à travers les cieux. Embrasant d'un seul regard toute la surface de la Terre, il renseigne l'Olympe sur ce qui s'y passe. Son fils, Phaéton (dont le nom signifie « celui qui brille »), tenta un jour de conduire son attelage, mais fut vite dépassé par la tâche. Sous l'effet de sa course désordonnée, les fleuves se transformèrent en vapeur, les montagnes et les forêts s'embrasèrent, la terre se fendit en plusieurs endroits. Pour mettre fin au désastre, Zeus dut foudroyer l'imprudent, qui fut précipité dans le fleuve Eridanos. Ses sœurs, les Héliades, vinrent pleurer sur sa tombe des larmes d'ambre (cet épisode renvoie peut-être aux catastrophes naturelles qui eurent lieu en Europe du nord au XIIe siècle av. notre ère et qui provoquèrent l'invasion des Doriens en Grèce. Le fleuve Eridanos serait alors l'Eider, qui s'ouvre dans la mer du Nord aux parages de Héligoland, là où, précisément, on extrayait l'ambre jaune dans l' Antiquité).

    Chez les peuples nordiques, les solstices donnaient également lieu à de grandes célébrations. Dans les calendriers runiques, le jour du solstice d'hiver est figuré par une roue – et le char attelé de Hélios trouve sa contrepartie dans le célèbre char solaire germanique découvert à Trundholm (Danemark), aujourd'hui au Musée national de Copenhague, constitué d'un assemblage attelé supportant un grand disque doré aux faces ornées de spirales et de cercles concentriques. Chez les Indo-Aryens, le Rig-Véda mentionne à maintes reprises la « roue de Souria », la roue du Soleil, symbole du devenir du monde, qui tourne éternellement : « Un coursier unique au septuple nom meut la roue au triple moyeu, la roue immortelle que rien n'arrête, sur laquelle reposent tous les êtres ». A Rome, la fête de la déesse Palès, le 21 avril, coïncide avec le dies natalis de la capitale de l'Empire. « Bien souvent, écrit Ovide, au jour des Parilia, j'ai sauté à travers trois brasiers alignés ; bien souvent, dans mon enfance, j'ai aspergé l'autel d'eau lustrale avec une branche de laurier […] Imitez-moi, jeunes bergers, allumez les feux, faites passer rapidement vos corps généreux à travers les amas embrasés de paille qui pétille… » (Fastes, IC, V, 720).

    Dans le calendrier julien, le 25 décembre était autrefois appelé « jour de la naissance du Soleil » (Pline, Hist. nat., XVIII, 221.) Fait révélateur : quand la vieille religion gréco-romaine disparaîtra, on verra le soleil prendre une place essentielle dans le culte païen menacé, ainsi qu'en témoignent le traité Sur le Soleil roi, de l'empereur Julien, ou l’Hymne au Soleil, de Proclus. En 274, l'empereur Aurélien construit un temple au Soleil sur le champ de Mars. Le 25 décembre, déjà fête de Mithra, devient la fête du Soleil invaincu (Sol invictus). Le mithracisme, culte solaire s'il en fut, connaît alors son apogée. On connaît le mot de Renan : « Si le christianisme avait été arrêté dans sa croissance par quelque maladie mortelle, le monde eût été mithriaste ».

    L'Église tenta d'abord de résister aux vieux rites. Au début du VIIe siècle, saint Éloi écrit : « Ne vous réunissez pas au solstice, qu'aucun de vous ne danse et ne saute autour du feu ni ne chante de chansons en ce jour ». Il ajoute : « Que personne n'appelle le soleil son maître et ne jure par lui ! » Charlemagne recommande aux évêques de proscrire « ces feux sacrilèges qu'on appelle ned fratres et d'autres vaines observances des païens ». Mais ces instructions restèrent lettre morte, si grande et si enracinée était la ferveur populaire. La hiérarchie entreprit alors de composer. Elle reprit à son compte, en les détournant de leur sens, de nombreuses coutumes du paganisme qui faisaient obstacle à la propagation de la foi nouvelle. Le solstice d'hiver devint la fête de la Nativité (Noël) ; le solstice d'été, la « Saint-Jean ». Réalisant un habile syncrétisme, saint Augustin déclare : « A la nativité du Christ, le jour croît ; à la nativité de saint Jean, il décroît. Le jour augmente lorsque se lève le Sauveur du Monde ; il diminue lorsque naît le dernier des prophètes ».

    Symbole classique du paganisme, le soleil apparaît dans l'iconographie chrétienne surtout à partir du Moyen Age. L'or, couleur du soleil, devient symbole de triomphe et de joie. Jésus, déjà désigné dans les évangiles comme le « soleil levant » (Matthieu 4,2 ; Luc l,78), est assimilé à la « lumière du monde » et au « soleil de justice ». Le cierge prend le relais de l'ancienne torche. L'ostensoir en forme de soleil rayonnant sert aux bénédictions solennelles. A partir du Ve siècle, l'habitude se prend d'orienter les églises selon la direction est-ouest, avec l'abside tournée vers le soleil levant. Et saint François d'Assise exprime sa foi en ces termes : « Loué soit Dieu, mon Seigneur, à cause de toutes les créatures, et singulièrement pour notre frère messire le Soleil, qui nous donne le jour et la lumière ! »

    Allusions historiques (le « soleil d'Austerlitz »), noms de villes idéales (la Citadelle solaire des Rose-Croix, la Cité du Soleil de Campanella), envolées littéraires ou lyriques, formules empreintes d'exaltation ou de ferveur : « messire le Soleil » n’a cessé, sous mille avatars, d'inspirer les hommes et de garder sa signification originelle. Bernardin de Saint-Pierre écrit : « Soleil, viens me réchauffer de tes feux et m'éclairer de ta lumière, cœur du monde, œil de la nature, vivante image de la Divinité ». Le poète normand Malfilâtre s'exclame : « Je te salue, âme du monde, sacré soleil, astre de feu, image de mon Dieu ! » Chez Leconte de Lisle, Hjalmar, le héros intrépide, va s'asseoir après sa mort « parmi les dieux, dans le soleil ». Le Chanteclerc de Rostand s'écrie : « Je t'adore soleil ! Toi sans qui les choses ne seraient que ce qu'elles sont ». Au dernier acte des Revenants, Ibsen laisse Oswald Alving demander : « Mère, donne-moi le soleil ». Verlaine fait du soleil le « complice de [sa] joie ». Nietzsche déclare : « Moi qui suis né sur la Terre, j'éprouve les maladies du soleil comme un obscurcissement de moi-même et un déluge de ma propre âme ».

    La renaissance de la pratique sportive au XIXe siècle, l'irrésistible poussée des masses vers les plages durant les mois d'été, ont encore accentué et souligné l'antique familiarité des hommes et de l'astre flamboyant. Renan disait : « L'histoire du monde n'est que l'histoire du soleil » !

     

    Alain de Benoist (Le Figaro Magazine, 23 juin 1979)

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  • Orphelins de partis et d'idéaux ?...

    Dans le numéro 68 de Flash, le journal gentil et intelligent, on s'intéresse à ces Français qui, venant de tous horizons, rejoignent le parti de Marine Le Pen, mais aussi à la répression féroce de la "délinquance" routière et à ses objectifs réels... On brise aussi quelques idoles : sainte Anne Sinclair, saint Jorge Semprun... Et puis on va aussi voir qui sont les "indignés", les nationalistes hongrois ou les fondamentalistes protestants... Bonne lecture ! 

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    Au sommaire :

    Les néo-frontistes : qui sont ces nouveaux militants lepénistes ? David Rachline, Thierry Gourlot, Fabien Engelmann, Gauthier Bouchet et Vénussia Myrtil nous en disent plus !

    Les automobilistes encore plus mal traités que les délinquants multirécidivistes. Quand la répression routière se dissimule sous l'alibi de la sécurité... pour encore mieux nous soutirer nos deniers ! Entretien avec le porte-parole de la ligue de défense des conducteurs.

    Pour les fondamentalistes protestants, Jésus est isrélien !

    Pour le Parti nationaliste hongrois Jobbik, les enfants des Huns sont préférables à ceux des autres...

    Innocente, sainte et martyre ? Sainte Anne Sinclair ? On ne la fait pas à Topoline !

    Derrière les mouvements des "indignés", une nouvelle manip ? Clovis Casadue nous en dit plus...

    Paix pour les morts, mais que certains nous foutent la paix ! Jorge Semprun, "stalinien éclairé"...

    La "Conquête" avant la "Chute", le film sarkozyste passé au crible...

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  • Le protectionnisme plebiscité par les Français !

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de l'économiste Jacques Sapir, publiée sur le site Pour un protectionnisme européen, consacrée aux résultats sans appel d'un sondage de l'IFOP, réalisé au mois de mai 2011, dans lequel un échantillon représentatif de Français répond à des questions concernant le protectionnisme, le libre-échange et la mondialisation. Intéressant !

     

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    Friedrich List, théoricien du protectionnisme

     

     

    Le protectionnisme plebiscité par les Français
     
    L’identification des méfaits du libre-échange sur l’économie française apparaît à une grande majorité de français, à tel point que l’on peut parler d’une prise de conscience massive, dépassant les cadres des partis politiques, et exprimées par quasiment la totalité des couches de la société. L’ancienne opposition entre diplômes et non-diplômés qui avait été mise en avant lors du référendum de 2005 n’existe plus.
    Le peuple français oscille entre révolte et résignation, tel est le premier enseignement de ce sondage.
    • Ainsi 48% des réponses indiquent que les personnes interrogées sont « révoltées » par la situation économique de la France tandis que 30% d’entre elles sont « résignées ». On ne trouve que 14% de confiants et d’enthousiastes.
    • Les catégories sociales où le sentiment de révolte prédomine sont les ouvriers (64%), suivis des artisans et petits commerçants (55%) et des employés (52%). Le sentiment de révolte est le plus faible pour les professions libérales et cadres supérieurs, mais il atteint néanmoins 36%.


    I. Un regard critique et argumenté sur la mondialisation et le libre-échange.

    La question principale porte sur l’appréciation de l’ouverture des frontières aux marchandises de pays comme la Chine et l’Inde et globalement aux pays émergents. Les résultats témoignent d’un rejet massif de la mondialisation.

    Un jugement négatif est partagé par 73% des réponses en ce qui concerne les déficits publics, 78% en ce qui concerne le niveau des salaires et 84% en ce qui concerne l’emploi.

    Notons aussi que le pourcentage de réponses indiquant que ces conséquences ont pu être positives voire très positives n’est que de 7%, soit 12 fois moins que le pourcentage estimant que les conséquences sont négatives voire très négatives.

    Ce jugement est sans appel. Sur les trois grandes questions qui concernent l’économie, l’emploi, les salaires et les déficits, il se trouve une écrasante majorité de français pour considérer que l’ouverture de l’économie a eu des conséquences néfastes. Très clairement, la « mondialisation heureuse » n’existe que dans certains journaux ou sous certaines plumes.


     

    Cette ouverture est aussi considérée comme une mauvaise chose pour les pays développés en général (52%) et pour la France en particulier (57%). C’est aussi une mauvaise chose pour la sécurité des produits distribués en France (71%), pour les salariés (72%) et pour l’environnement (73%). La conscience des résultats négatifs de l’ouverture ne se limite donc pas à la question sociale. Elle touche aussi massivement la question de la sécurité des produits de consommation (et la sécurité alimentaire) ainsi que l’environnement. La prise de conscience qu’il y a une contradiction radicale entre le libre-échange et la préservation de l’environnement apparaît particulièrement massive.

    Quand on demande aux personnes interrogées de se projeter dans le futur, elles sont 75% à répondre que l’ouverture aura des conséquences négatives sur l’emploi dans les dix années à venir. Elles sont donc opposées logiquement à hauteur de 70% à l’absence ou la faiblesse des droits de douane sur les produits provenant des pays émergents, et partisans à 65% d’une hausse de ces droits. Les conséquences d’une politiques protectionnistes sont perçues comme favorables à la protection du savoir faire français (59%), des activités de l’industrie (57%), de l’emploi (55%) et de la croissance (50%).

    Massivement, les personnes interrogées pensent que c’est à l’Europe qu’il revient de mettre en œuvre cette politique protectionniste (80%). Mais, au cas où l’on se heurterait à un refus de nos partenaires européens à appliquer une telle politique, 57% des personnes interrogées répondent qu’il faut que la France fasse cavalier seul. On ne saurait mieux exprimer la formule « avec l’Europe si on le peut, avec la France s’il faut, contre l’Europe si on le doit » !


    II. Un phénomène qui transcende les partis et les positions sociales.

    Cette dernière question est très symptomatique car elle concentre à la fois le problème du protectionnisme et celui d’une possible action unilatérale de la France,

    De manière significative, on ne retrouve cet équilibre que chez les électeurs des Verts. Les électeurs de l’UMP et du PS soutiennent quant à eux de manière importante le principe d’une politique unilatérale (58% et 56%) en dépit des positions proEuropéennes de ces deux partis. Comme on peut s’y attendre, ces positions sont plébiscitées par les personnes qui sont proches du Front de Gauche et du Front National (73% dans les deux cas). Mais, ces résultats s’inscrivent dans une tendance générale. Les chiffres du Front de Gauche et du Front National indiquent qu’ils sont plus dans une position d’influence sur la gauche et la droite modérée que dans une position d’opposition. Les résultats par catégories socioprofessionnelles confirment ce jugement. Si on retrouve 60% d’ouvriers pour considérer que la France devrait appliquer des droits de douane à ses frontières en cas de refus ou d’échec d’une solution concertée européenne, les pourcentages des artisans et petits commerçants (63%), celui des employés (57%), mais aussi – O surprise – ceux des cadres supérieurs et professions libérales (56%) ne sont guère différents.

    Il y a donc une contradiction évidente entre l’électorat et les principaux partis (PS et UMP) sur la question européenne. Par contre, le Front de Gauche et le Front National apparaissent comme bien plus en cohérence avec leurs électeurs. N’en doutons pas : si un référendum devait être organisé demain sur une telle question, il aboutirait au même désaveu de la classe politique, et des grands médias, que celui de 2005. D’ailleurs, 61% des personnes interrogées se prononcent en faveur d’une pétition pour l’organisation d’un débat à l’échelle européenne contre 21% de réponses opposées.

    Ce jugement extrêmement négatif se vérifie si on le ventile par affiliation politique (le pourcentage maximum étant celui des personnes proches du PS avec 90% et le pourcentage minimum celui des personnes proches du MODEM avec 82%). Il en va de même quand on le ventile en fonction du vote pour les candidats de l’élection présidentielle de 2007 (90% des personnes ayant voté pour Ségolène Royal partagent ce jugement négatif contre 86% pour François Bayrou).

    On observe un résultat analogue quant aux conséquences du libre-échange sur le niveau des salaires.Un jugement très négatif est partagé à égalité par les anciens électeurs de Ségolène Royal et de Jean-Marie Le Pen (89%) et ne tombe qu’à 72% avec les électeurs de Nicolas Sarkozy. Les sympathisants du MODEM sont certes les moins convaincus (encore que le pourcentage soit de 72%), mais il est de plus de 80% pour tous les partis de gauche et les Verts et de 86% pour le Front National.

    Enfin, l’impact sur les salariés français de l’ouverture est lui aussi jugé négativement à une très large majorité par les sympathisants de tous les partis et pas les personnes ayant voté pour les cinq candidats pour lesquels les résultats ont été comptabilisés.

    Jamais la divergence entre le discours des états-majors ou des futurs candidats des partis centraux de l’échiquier politique français (PS et UMP) et leurs électeurs n’aura été aussi grande que sur la question des conséquences de la mondialisation.

    Ce protectionnisme les sondés espèrent massivement qu’il pourra se mettre en place à l’échelle européenne. Mais, en même temps, ils ne sont pas dupes. Ils savent pertinemment que la construction européenne est devenue une énorme machine qui produit du règlement mais pas de politique. Alors, face à cette réalité incontournable, ils expriment aussi une forte volonté que ce soit dans le cadre national que soient formulées les solutions.

    Le choix d’une solution unilatérale provoquerait une crise majeure dans l’UE, ce qui est dit et répété là encore par une large partie de la classe politique et des médias. Pourtant, une telle solution semble être acceptée par une large majorité des personnes sondées. Non seulement l’écart entre les partisans et les opposants à une telle solution est considérable (57% contre 31%), mais on ne trouve que 10% du total des personnes interrogées pour dire qu’elles sont tout à fait opposées à une solution unilatérale, autrement dit qu’elles placent l’UE au-dessus des intérêts de la France. Le grand rêve européen, entamé par l’acte unique, s’achève et les Français se réveillent profondément attachés à leur Nation.


    III. Les conséquences politiques.

    La maturité des Français, telle qu’elle se dégage de ce sondage, est assez étonnante. Qu’il s’agisse des causes de la situation économique ou des solutions à y apporter, on trouve dans les réponses la trace d’un argumentaire étoffé.

    Le principal problème vient de la divergence entre les positions politiques affirmées du PS et de l’UMP et le positionnement de leurs électeurs. La contradiction, on l’a déjà dit, est patente et massive. Elle se renforce du fait que 64% des personnes interrogées pensent que la question du protectionnisme devrait être un sujet important lors de la prochaine élection présidentielle. Ils ne sont à l’inverse que 23% à penser que cette question n’est pas vraiment importante et seulement 5% à considérer que l’ouverture économique ne constitue pas un sujet.

    Or, sur ce point, les positions des deux grands partis français sont pour le moins sujettes à caution. Si, à l’UMP, Nicolas Sarkozy avait fait durant sa campagne électorale quelques déclarations laissant à penser qu’il était en faveur d’un certain protectionnisme, elles n’ont pas été suivies d’effets. Au PS on balance entre une référence à des « écluses », voire des droits de douanes (mais uniquement contre des pays ne respectant pas les normes internationales en matière sociale, sanitaire et environnementale) et les déclarations récentes de l’un des candidats potentiels, François Hollande, qui a exclu tout recours au protectionnisme. On constate donc qu’aujourd’hui, tant la pratique des uns que le discours des autres sont à l’opposé de ce que réclament les Français.

    Une telle divergence est suicidaire. Elle l’est pour chacun de ces partis qui prend le risque de passer à côté d’un thème majeur de la future campagne électorale, et ainsi de favoriser les partis qui, eux, sont beaucoup plus en phase avec l’opinion des Français, et en particulier le Front de Gauche et le Front National. Mais, cette divergence est aussi, et même avant tout, suicidaire pour la classe politique et pour la démocratie. Elle contribue à asseoir dans l’opinion l’idée que la classe politique, du moins pour ce qui concerne les « grands partis » a des intérêts et des préoccupations radicalement différents de ceux de la population. La vague populiste qui monte dans notre pays comme dans de nombreux pays d’Europe y trouvera certainement un aliment important, et peut-être même décisif dans les mois qui viennent

    Le bon sens voudrait donc que les « grands partis » se saisissent sérieusement d’une question qui, comme l’indique ce sondage, transcende les partis et les positions sociales. Des réponses fortes et positives doivent y être apportées d’urgence, et l’on ne pourra plus s’abriter derrière l’argument d’une inaction européenne pour justifier sa propre inaction.

    À défaut, il faut s’attendre à une montée en puissance des partis qui, eux, auront compris l’importance de la question du libre-échange et de la mondialisation. Il sera trop tard, au soir d’une élection, de venir le regretter.
     
     
    Jacques Sapir (Pour un protectionnisme européen, 16 juin 2011)


     

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  • Tour d'horizon... (9)

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    Au sommaire :

    - sur Polémia, Andrea Massari analyse la normalisation en cours dans les médias...

    Présidentielle 2012 : après Zemmour, Ménard, vers la surnormalisation des médias

     

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    - sur Causeur, Jérôme Leroy nous rappelle que l'école mériterait de figurer au menu de la présidentielle.

    L'Ecole est finie

     

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  • Flash : l'émission !

    Le magazine Flash lance une émission mensuelle sur internet, A Flash, on peut fumer ! On retrouve autour d'un cendrier ( et d'un verre !) Nicolas Gauthier, Patrick Gofman, Arnaud Guyot-Jeannin, Topoline, Jonathan Gabry et Ignace. Pour cette première émission, on s'échauffe sur la question du féminisme. Une excellente initiative !

     

    A Flash, on peut fumer ! (Juin 2011) from Flash Magazine on Vimeo.

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