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  • Feu sur la désinformation... (257)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous, dans son nouveau format, un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      A Rennes, des militants violents d’extrême gauche ont attaqué un groupe d’étudiants participant à la rédaction de L’Etudiant libre.
    • 2 : #NousToutes… ou presque ! Des féministes de droite exclues de la manif
      Ce dimanche, à Paris, avait lieu la marche contre les violences faites aux femmes. Un événement largement relayé par des médias béats.
      Durant la manifestation, des féministes de droite ont été éjectées du cortège pour avoir parlé du profil des agresseurs sexuels.
    • 3 : Revue de presse
      Le service public en roue libre sur les migrants… Un ancien présentateur de BFM qui rejoint le Rassemblement national… Nous reviendrons ensemble sur la semaine médiatique.
    • 4 : Mali : le traitement médiatique d’un drame
      Si les médias ont quasi-unanimement communié autour du drame terrible survenu au Mali, ils ont préféré occulter le fait que de très nombreux extra-européens se sont réjouis de la mort de 13 soldats français sur les réseaux sociaux.
    • 5 : Coup de chapeau
      Wikileaks a révélé que le rapport de l’OIAC sur l’attaque chimique au chlore attribuée à Bachar Al-Assad avait été largement remanié malgré les doutes des experts mandatés par l’organisation.

     

                                           

     

     

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  • Google contre WikiLeaks...

    Les éditions Ring viennent de publier un témoignage de Julian Assange intitulé Google contre WikiLeaks. Informaticien, Julian Assange est le fondateur de WikiLeaks. Menace d'une extradition aux États-Unis, où il fait l'objet de poursuites judiciaires pour espionnage, complot et conspiration générale, il vit réfugié dans l’ambassade d’Équateur à Londres depuis juin 2012.

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    " En juin 2011, Julian Assange reçoit un visiteur inhabituel dans sa petite maison de campagne anglaise en résidence surveillée de Ellingham Hall : le président de Google en personne, Eric Schmidt, venu tout droit de la Silicon Valley. 

    Le général assiégé de WikiLeaks, la plus audacieuse entreprise d'édition insurrectionnelle connue à ce jour, et l'empereur d'Internet vont croiser le fer : du Printemps arabe aux bitcoins, et des solutions technologiques aux problèmes politiques, tout les oppose. La collision Assange/Schmidt déferlera sur le rôle, le pouvoir et le contrôle de la Toile, la " colonisation digitale " de Google, ses relations avec le gouvernement américain et ses répercussions sur la vie privée, la surveillance de masse et la liberté d'expression. Enregistré sur magnétophone, Eric Schmidt ignorait que Julian Assange ferait un jour un livre de leur confrontation. 

    Google contre WikiLeaks est l'histoire de l'affrontement entre Schmidt et Assange, et tente de répondre à cette lancinante question : qui a réellement rendu visite à Julian Assange ce jour-là ? Fascinant et inquiétant, il contient la transcription intégrale de leur face-à-face et des textes additionnels écrits par Assange pour l'occasion, offrant la meilleure source disponible sur sa vision de l'avenir de l'Internet. "

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  • Le Bug !...

    Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial du dernier numéro de Centurie News (n°9, 4 novembre 2016) qui est consacré aux élections américaines et à ce qu'elles révèlent...

     

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    Le Bug

     

    Les élections aux Etats-Unis se terminent le 8 novembre au soir. A moins d’une semaine de ces élections, les sondages semblent encore donner une avance en terme de nombre de sièges de grands électeurs à Clinton, tandis que Trump s’approche et dépasse parfois cette dernière en pourcentage d'intentions de vote. Le résultat est incertain et à cette heure, rien ne permet d'anticiper les résultats. Mais quoi qu’il en soit, cette élection marquera un tournant de l’histoire du monde et ce, pour plusieurs raisons.

     

    D’une part, au cœur de la puissance politique, économique et militaire de notre époque, une véritable opposition s’est manifestée. Les élections, qui étaient depuis 30 ans l’occasion d’une opposition factice entre membres modérés d’une élite globalement solidaire, ont laissé la place à un affrontement direct, dur et sous l’œil de l’opinion publique internationale, entre deux candidats que presque tout oppose (Voir Centurie News n°2). Cette opposition fixe la ligne de fracture entre deux destins devenus irréconciliables pour l’Amérique : redevenir une nation ou rester le bras armé d’un empire financier transnational.

     

    Cette campagne a mis en lumière les gouffres d’intérêts entre deux camps qui s’appuient sur des populations bien distinctes : d’un côté, une élite aux pratiques mafieuses (chaque nouvelle publication de Wikileaks permet d’en mesurer l’étendue) appuyée sur des bourgeoisies libérales, des minorités sexuelles ou des minorités ethniques qu’elle manipule, alimente et promeut grâce à une politique sociale structurellement déficitaire. Le remboursement des intérêts de ces déficits alimente d’ailleurs un cœur financier resté pour l’essentiel dans l’ombre. De l’autre, une classe moyenne blanche sinistrée par la mondialisation soutenue par des bourgeoisies conservatrices, rejointe par des travailleurs, artisans, employés et entrepreneurs encore insérés économiquement et socialement mais inquiets des effets visibles de la mise en oeuvre de l'agendade la société ouverte : immigration, chômage, pauvreté, déstructuration des normes, marchandisation, violence, destruction de la nature, etc.

     

    Sur le plan médiatique, cette campagne fut tout aussi marquée. D’un coté, les médias de masse occidentaux, renforcés par le géant Google (Facebook et Twitter étant globalement restés plutôt neutres) et une armada d’ONG, de spécialistes rémunérés, de publicitaires, de people et de journalistes. De l’autre, une population sans médias ou presque, partageant son stress, son enthousiasme, ses informations et ses colères sur les réseaux et les courriers des lecteurs avec une myriade de petites ONG et de médias alternatifs, et une contribution qui restera historique, celle de la communauté informatique alternative mondiale qui, sous la houlette de Wikileaks, a joué un rôle clé dans cette titanesque confrontation.

     

    On ne peut évidemment pas ignorer les possibles contributions financières, technologiques ou autres, d’Etats étrangers à cette campagne dont il reste difficile de mesurer l’importance exacte. Le rôle d’une partie des cadres de l’Administration  américaine, qui ne veulent pas se résoudre à ce que leur pays poursuive sa course vers la société ouverte, reste lui aussi à déterminer. En effet, l’intervention du FBI à une grosse semaine de l’échéance et les soutiens militaires dont bénéficie Trump ne laissent aucun doute sur le rôle discret de ces acteurs du jeu. 

     

    Autre effet de cette campagne, l’incroyable amateurisme du clan Clinton a dévoilé au monde entier, et dans le détail, une part significative de ses connexions, ses accointances, ses faiblesses et ses orientations stratégiques. La divulgation de dizaines de milliers d’emails du cœur organisationnel d’Hillary Clinton, connecté à celui de la Maison Blanche et à des réseaux financiers, médiatiques et fédéraux, rendra probablement très compliqué l’exercice de son mandat, au moins dans un premier temps. A cela s’ajoutent les risques réels pesant sur elle et son mari d’inculpations dans un grand nombre d’affaires graves dans les mois à venir.

     

    Les Français eux, se sont une nouvelle fois regardés dans le miroir de leurs politiques et de leurs médias. Sur ce point, comme sur presque tous les autres, les médias français n’ont pu, à aucun moment, restituer les enjeux réels de cette élection. Dans le protectorat qu’est devenue la France, la colère gronde aussi car les fossés révélés aux Etats-Unis y sont parfaitement transposables : l’élection encore possible de Donald Trump grâce à Julien Assange et sa communauté, aurait un effet d’accélérateur sur le processus de renouvèlement des élites de toute l’Europe occidentale dans les prochaines années. Le bug approche.

     

    Centurie News n°9, 4 novembre 2016

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  • Conspirationnisme contre dévoilement dans l'affaire Clinton...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente analyse de François-Bernard Huyghe, cueillie sur son blog Huyghe.fr et consacrée à la tentative d'étouffement par le système des révélations produites par WikiLeaks à l'encontre d'Hillary Clinton.

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    Conspirationnisme contre dévoilement dans l'affaire Clinton

    La stratégie de la révélation - celle du lanceur d'alerte ou whistleblower consiste à diffuser auprès du public des documents confidentiels produits par une bureaucratie (une armée, un ministère, une grande entreprise), et en révéler les turpitudes. Que ce soit pour avertir d'un danger, ou pour dénoncer des crimes ou pratiques occultes de l'organisation à laquelle il appartient (mais dont il ne veut plus moralement être complice), le lanceur d'alerte fait donc appel au public et aux autorités pour mettre fin à une situation scandaleuse. Il y a eu des lanceurs d'alertes connus dès les années 70 (Ralph Nader est un des premiers à employer le terme), mais le phénomène a vraiment explosé avec les réseaux sociaux. Pour des raisons notamment techniques : plus on stocke de secrets présumés honteux dans ses ordinateurs (et une bureaucratie ratée produit forcément beaucoup d'archives), plus il y a de probabilités statistiques qu'un membre de l'organisation copie des documents et les fasse parvenir à une association ou à la presse qui lui donneront une publicité efficace.

    Les cas de Manning ou de Snowden sont de parfaites illustrations de la façon dont un individu qui éprouve des scrupules peut transmettre des quantités énormes de documents authentiques pour prouver des pratiques - diplomatiques, militaires, d'espionnage...- qui vont choquer l'opinion. Wikileaks apparu en 2006 est par excellence l'organisation pratiquant la stratégie de la révélation (même si Anonymous, Cryptome, Openleaks ou d'autre on apporté une aide considérable à des dénonciateurs de pratiques cachées. En 2010, l'affaire du cablegate (des centaines de milliers de documents sur la guerre d'Irak ou la diplomatie américaine) a un impact mondial.Julien Assange le fondateur de Wikileaks le paiera cher : il est assiégé dans l'ambassade de l'Équateur à Londres depuis 2012.

    Donc le whistleblowing constitue un souci constant pour Washington (et d'autres capitales). Jusqu'à présent l'administration Obama avait essayé de parer à ce danger - outre la répression qui frappera aussi Manning ou contraindra Snowden à l'exil et quelques attaques informatiques- par une rhétorique assez simple :
    La dangerosité du dévoilement qui mettrait en jeu la vie de soldats ou d'agents américains ou faciliterait des actions ennemies
    La dénonciation de la dictature de la transparence : l'Etat, pour protéger ses citoyens et mener ses mission, a besoin de garder certains secrets et de restreindre certaines libertés

    Depuis quelques temps, l'offensive idéologique contre Wikileaks a adopté de nouveaux angles :

    - L'accusation de sensationnalisme racoleur : lors des attentats de Nice, le compte Twitter de Wikileaks a posté des vidéos prises sur le vif (pour ne pas dire sur le mort) ; elles étaient particulièrement choquantes ; cela n'apporterait rien à l'information et ne peut que soulever des peurs et des passions (ce qui ne serait pas le cas des photos d'Alep, par exemple ?).
    - L'accusation de complicité objective (ou subjective) avec les forces du mal (Trump et Poutine). L'été dernier, Wikileaks a publié des documents sur les biais de l'appareil du parti démocrate en faveur d'Hillary. Puis a récidivé en faisant d'autres révélations sur la correspondance de son chef de campagne Podesta et sur les mails de la candidate démocrate. On y apprend des choses ses rapports avec les grandes compagnies financières ou son opinion que les saoudiens et qataris fournissent un soutien financier et logistique aux djihadistes dont l'EI.

    Du coup, le service du renseignement national (DNI) et du département de la sécurité intérieure (DHS) lancent l'accusation : la Russie tenterait d'interférer avec le processus électoral américain (et, comprend-on à demi-mot, de faire élire leur candidat vendu au Kremlin avec la complicité du traître Assange). Et les médias et élites américaines d'embaucher les trompettes.

    Le tout par un remarquable raisonnement complotiste de guerre froide et qui se décompose ainsi :

    1- Un hacker de l'est, Guccifer 2.0, se vante d'avoir mené l'opération de pénétration mais des experts pensent qu'il pourrait être un leurre..
    2- Des sociétés de sécurité informatiques accusent des groupes de hackers russes (Fancy Bear et Cozy Bear) d'être derrière Guccifer. En tout cas, les attaques seraient perpétrées à partir de serveurs russes.
    De là à penser que c'est le renseignement russe qui a mené l'opération - sophistiquée, forcément sophistiquée mais laissant forcément des traces évidentes de leur origine- pour transmettre à Assange, il n'y a qu'un pas. Franchissons-le.
    3- Un ancien conseiller de Trump, Roger Stone est bien informé de ce qui se passe chez Wikileaks.
    Trump a dit (en plaisantant) qu'il attendait d'autres publications de mails de Clinton. Quel aveu !
    Assange qui a peut-être quelques raisons de ne pas aimer l'administration Obama, a annoncé de futures révélations sur Hillary.
    4- Il y a eu des intrusions dans des bases de données électorales. De là à imaginer que des puissances occultes cherchent à fausser le décompte en faveur de leur complice... (ce qui est techniquement douteux.

    Agitez tout cela dans un chapeau et cela donne : Trump, agent de Moscou et son complice Assange essaient de fausser l'élection américaine pour faire élire frauduleusement leur marionnette (qui est accessoirement un pervers sexuel comme l'on révélé des ...fuites). Donc la démocratie est en danger.

    En mélangeant ainsi le vrai, le possible et les hypothèses complotistes, on réussit à la fois à démontrer
    - que les adversaires (lanceurs d'alerte, Russes, trumpistes, gros imbéciles populistes qui croient les rumeurs en ligne) sont une seule et même force ennemie du vrai et du bien : il faut sauver le camp de la démocratie contre le camp des faussaires.
    - que la question de savoir ce qu'il peut y avoir de vrai dans ces révélations n'a aucune importance et ne doit pas être discutée;

    Nous sommes entrés dans la guerre de la crédibilité. Elle combine l'arme technique (les algorithmes qui permettent de s'approprier des informations confidentielles), l'arme cognitive de la révélation (elle fonctionne dans les deux sens : exposer des données dans un sens, diffuser une grille d'explication dans l'autre) mais aussi l'arme psychologique du soupçon : ces révélations serviraient objectivement les intérêts des ennemis des USA (Poutine), plus ceux d'Hillary Clinton (Trump), plus ceux de l'État (Assange), donc ils sont alliés et dangereux.
    Belle application du principe de causalité diabolique, ou variante de la métapropagande (qui consiste à décrédibiliser tout discours favorable à l'adversaire comme truqué, manipulateur et ne pouvant tromper que des naïfs ou des salauds). Au-delà, il nous semble de plus en plus que nous rentrons dans l'ère de la guerre du réel, où les forces idéologiques ne s'affrontent plus pour interpréter le réel, mais pour décider de ce qui sera décrété réel, pensable, ou discutable. La lutte pour le pouvoir est devenue la lutte pour l'exposition des faits et la direction de l'attention des foules.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 14 octobre 2016)

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  • Les dissidents du XXIe siècle ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré au nouvelles formes de dissidence en ce début de XXIe siècle...

     

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    France / Occident : les dissidents du XXIe siècle

    Honneur aux dissidents

    Les dissidents soviétiques avaient bonne presse en Occident dans les années 1970, car ils permettaient d’attaquer l’URSS sur les droits de l’homme – dont l’idéologie commençait à prendre sa forme moderne – et en particulier sur le droit d’émigrer (déjà…). Ils révélaient aussi la réalité cachée du communisme, même si en fait on savait déjà tout depuis Victor Kravtchenko (J’ai choisi la liberté, 1946) et même bien avant.

    On se souvient notamment de V. Boukovski, d’A. Zinoviev, d’A. Ginsburg, des frères Kopelev, ou Medvedev, de L. Pliouchtch et, bien sûr, d’A.Soljenitsyne.

    Les dissidents ont cependant commencé à moins intéresser l’Occident quand, ayant quitté l’URSS, ils ont commencé à déclarer que le « monde libre » n’était pas non plus le paradis. Et plus encore quand ils ont préféré revenir en Russie après la chute du communisme, comme Soljenitsyne, par exemple. Mais tant qu’il s’agissait de mettre en accusation l’Union soviétique, l’Occident souhaitait la bienvenue aux dissidents. Mais aujourd’hui les rôles se sont inversés.

    Le phénomène de dissidence marque l’usure d’un système

    L’apparition de la dissidence montre qu’un système touche à sa fin.

    Le phénomène de dissidence correspond au fait qu’un jour, et d’une façon imprévisible, des personnes du système décident de ne plus jouer le jeu en acceptant, en outre, d’en supporter personnellement les conséquences. Ce qui signifie qu’ils ne croient plus au système dans lequel ils vivent et qu’ils n’ont en outre plus peur de vouloir le changer.

    Ainsi, recrutés avant tout parmi les intellectuels et les chercheurs choyés par le régime, les dissidents soviétiques montraient que le mythe communiste ne faisait même plus rêver « l’avant-garde du prolétariat ». Comme le décrit A. Soljenitsyne dans son livre Le Chêne et le Veau, l’existence de la dissidence portait des coups de boutoir répétés sur le régime soviétique d’autant plus redoutables qu’elle provenait de l’intérieur du système lui-même. Comme un jeune veau têtu peut finir par abattre à la longue un vieux chêne.

    Ce phénomène s’est déjà produit dans l’histoire, notamment à la fin de l’Ancien Régime, quand une partie de la noblesse s’est ralliée aux « Lumières ».

    Les dissidents du XXIe siècle 

    La dissidence réapparaît aujourd’hui en Occident.

    Julian Assange, Bradley Manning et Edward Snowden sont en effet des dissidents du XXIe siècle. Et comme leurs homologues soviétiques, ils annoncent que le système occidental se fissure de l’intérieur.

    Bien qu’anglo-saxons, donc issus de la population dominant le système occidental, ces trois dissidents ont décidé un jour, et d’une façon imprévisible, de révéler au monde la réalité cachée de la politique américaine, en faisant la lumière sur les activités secrètes d’écoute des communications mondiales par la NSA auxquelles il participait, pour Snowden, ou en organisant la divulgation de documents diplomatiques ou militaires américains classifiés, pour Assange et Manning, via Wikileaks.

    Ces dissidents ne pouvaient ignorer les risques auxquels ils s’exposaient. Ils les ont pourtant assumés en démontrant par là même qu’ils plaçaient l’exigence de vérité plus haut que leur propre sécurité ou que leur loyauté vis-à-vis du système occidental.

    Leur dissidence porte aussi sur les télécommunications et l’internet : donc sur le cœur du réacteur occidental contemporain et sur le levier principal de sidération des populations.

    Tous les trois sont jeunes, enfin : ce qui montre que la contestation monte des profondeurs du système.

    Comme en URSS

    Le sort des dissidents occidentaux n’a rien à envier à celui des soviétiques. Les dissidents soviétiques ne trouvaient pas asile dans les pays du Pacte de Varsovie. Il en va de même pour les dissidents du XXIe siècle : aucun pays « libre » du bloc occidental – qui croule pourtant sous les « réfugiés » venus de toute la terre – n’a couru le risque de les accueillir et de mécontenter ainsi le « grand frère » américain. Y compris les pays espionnés par la NSA et qui se sont donc montrés pas très rancuniers ! L’oligarchie présente, bien sûr, les dissidents comme des délinquants et des hooligans, comme au temps de l’URSS.

    Manning, qui a déjà passé 1200 jours sous les barreaux, a été condamné à 35 ans de prison, même s’il a évité l’incrimination de « collusion avec l’ennemi » qui lui faisait courir le risque d’emprisonnement à vie. Manifestement, pour la justice militaire américaine le reste du monde s’assimile donc à un territoire ennemi, cela soit dit en passant. Peut-être le retrouvera-t-on un jour pendu dans sa cellule, comme cela arrive parfois en Occident ? Assange, réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres, se trouve sous le coup d’une demande d’extradition et de différentes accusations notamment d’abus sexuel. On a fait aussi circuler la rumeur qu’il se compromettait avec l’extrême droite (Le Monde du 23 août 2013), ce qui correspond en Occident au crime suprême de « contre-révolution » dans le bloc soviétique. Snowden, accusé d’espionnage, de vol et d’utilisation illégale de biens gouvernementaux, n’a pu obtenir que l’asile temporaire en Russie.

    Le goulag médiatique

    Les médias, habituellement si aimables avec les délinquants de toute sorte, n’ont cessé, avec un bel ensemble, de dévaloriser la portée de leurs gestes (ils n’auraient révélé qu’un secret de Polichinelle) ou leur personnalité.

    Manning, que l’on présentait ainsi comme un « jeune homme » un peu dépassé, en a d’ailleurs profité habilement devant le tribunal militaire pour faire adoucir sa peine ! Le goulag médiatique est, certes, plus soft que le goulag soviétique, mais il vise à produire les mêmes effets : réduire au silence et condamner à la mort sociale.

    L’Occident, URSS du XXIe siècle

    Les dissidents se multiplient en réalité en Occident, pour la même raison qu’en Union soviétique. Car on croit de moins en moins aux mensonges idéologiques sur lesquels repose le Système et ses résultats inspirent de plus en plus la défiance.

    Dissidents littéraires qui rejettent la médiocrité et le conformisme, artistes dissidents qui refusent l’art officiel cosmopolite déraciné, dissidents politiques qui ne croient plus aux partis institutionnels, dissidents médiatiques qui ne supportent plus les bobards, dissidents économiques qui préfèrent l’exil au fiscalisme, dissidents moraux qui manifestent contre le mariage homosexuel, dissidents scolaires qui fuient le naufrage de l’école publique, dissidence populaire qui ne fait plus confiance à l’oligarchie, dissidence identitaire contre le grand remplacement programmé des Européens, dissidents contre les fauteurs de guerre occidentaux.

    Malgré la police, malgré le goulag médiatique, malgré la menace économique, la dissidence progresse partout en Occident. Parce que le Système craque de toute part.

    Nous sommes tous des Assange, des Manning et des Snowden !

    Michel Geoffroy (Polémia, 15 septembre 2013)

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  • Journal du bourbier afghan...

    Auteur d'un Mourir pour l'Afghanistan (Jacob-Duvernet, 2008), très défavorable à l'intervention française, le journaliste Jean-Dominique Merchet présente ce Journal du bourbier afghan, composé de documents tirés de la documentation dévoilée par Wikileaks, et publié cette semaine aux éditions Jean-Claude Gawsewitch.

     

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    Quarante ans après les Pentagon Papers, ces fameux « papiers secrets du Pentagone » qui éclairèrent brutalement aux yeux des Américains la face la plus sombre du conflit au Viêtnam en 1971, l'histoire se répète avec l’Afghanistan. Depuis juillet 2010 et la divulgation par le site Internet Wikileaks de près de 100 000 documents militaires américains confidentiels, le bilan accablant de la guerre conduite par les États-Unis et leurs alliés en Afghanistan est devenue une réalité. Outre la recrudescence des attaques menées par les Talibans, des centaines de rapports classés « secret défense » ont révélé pour la première fois l’étendue des bavures commises contre des civils par les troupes de la Coalition, mais aussi la multiplication des « tirs amis » entre l’Otan et ses alliés afghans ou encore l’implication des services secrets pakistanais et iraniens aux côtés des insurgés. C’est une partie de ces rapports, celle qui concerne notamment les troupes françaises, celle surtout qui plonge le lecteur au cœur du « bourbier afghan », qui est proposée dans cet ouvrage. Initialement rédigés en anglais dans un vocabulaire militaire complexe et peu accessible aux non-initiés, les 350 rapports ici rassemblés ont été traduits et adaptés afin de composer un véritable journal de bord du conflit afghan dans ce qu’il a de plus absurde. Souvent poignant, parfois révoltant, ce Journal du bourbier afghan offre ainsi une description chronologique de l’enlisement général des forces de la Coalition entre 2005 et 2009… un récit sans fard et fascinant des réalités les plus sombres de la guerre moderne.

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