Auteur d'un Mourir pour l'Afghanistan (Jacob-Duvernet, 2008), très défavorable à l'intervention française, le journaliste Jean-Dominique Merchet présente ce Journal du bourbier afghan, composé de documents tirés de la documentation dévoilée par Wikileaks, et publié cette semaine aux éditions Jean-Claude Gawsewitch.
Quarante ans après les Pentagon Papers, ces fameux « papiers secrets du Pentagone » qui éclairèrent brutalement aux yeux des Américains la face la plus sombre du conflit au Viêtnam en 1971, l'histoire se répète avec l’Afghanistan. Depuis juillet 2010 et la divulgation par le site Internet Wikileaks de près de 100 000 documents militaires américains confidentiels, le bilan accablant de la guerre conduite par les États-Unis et leurs alliés en Afghanistan est devenue une réalité. Outre la recrudescence des attaques menées par les Talibans, des centaines de rapports classés « secret défense » ont révélé pour la première fois l’étendue des bavures commises contre des civils par les troupes de la Coalition, mais aussi la multiplication des « tirs amis » entre l’Otan et ses alliés afghans ou encore l’implication des services secrets pakistanais et iraniens aux côtés des insurgés. C’est une partie de ces rapports, celle qui concerne notamment les troupes françaises, celle surtout qui plonge le lecteur au cœur du « bourbier afghan », qui est proposée dans cet ouvrage. Initialement rédigés en anglais dans un vocabulaire militaire complexe et peu accessible aux non-initiés, les 350 rapports ici rassemblés ont été traduits et adaptés afin de composer un véritable journal de bord du conflit afghan dans ce qu’il a de plus absurde. Souvent poignant, parfois révoltant, ce Journal du bourbier afghan offre ainsi une description chronologique de l’enlisement général des forces de la Coalition entre 2005 et 2009… un récit sans fard et fascinant des réalités les plus sombres de la guerre moderne.