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Défendre le peuple libyen ?...

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean Bonnevey sur la guerre contre la Libye, publié sur Metamag, le magazine de l'esprit critique. Bie vu !...

 

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Défendre le peuple libyen ? Mais quel peuple libyen ?

L’approche du président Sarkozy de l’intervention franco- anglo-saxonne en Libye est plus que simple. Elle est simpliste. La France, pays des droits de l’homme et de la démocratie, reprendrait son rôle historique en se portant au secours d’un peuple combattant pour sa liberté et contre un tyran. Ce sont les « gentils », menés par le plus gentil d’entre eux, contre un très méchant, qui tue les siens. 

A dire vraie, cette présentation fait l’unanimité dans les médias, à quelque réserve près, émise par des spécialistes et consultants. Cette unanimité est spectaculaire, puisque même les journalistes de Marianne, qui ont fait de la démolition de Sarkozy leur ligne éditoriale, se sentent obligés de le féliciter.

Personne ne pose la question, qui cependant ne tardera pas à l’être : les raisons cachées de cette précipitation militaire ? Mais pourquoi donc Nicolas Sarkozy a-t-il brusquement décidé de « karcheriser » son » ami » Kadhafi ? Si Sarkozy avait été un dictateur, on aurait déjà dit qu’il tentait, par une opération extérieure, de faire oublier ses déboires intérieurs et de rebondir. Cela viendra. On se demandera si sa dernière chance de changer son image pour se représenter ne passait pas finalement par Benghazi. Pour le moment en tout cas, cette approche critique est quasi absente. Quasi, puisque nous en parlons.

A dire vrai, on peut tout à fait approuver un soutien militaire aux insurgés, pour débarrasser la Libye de son dictateur, et envisager pour ce pays un avenir meilleur. Encore faut-il ne pas se leurrer et ne pas hésiter a prendre en compte des éléments qui rendent relatifs la présentation officielle par Paris de ce qui se passe.

On notera d’abord que la position très en pointe de Paris est loin de faire l’unanimité, que les USA traînent des pieds - et d’ailleurs Obama est allé comme si de rien n’était en Amérique latine… si loin de Tripoli - que l’Allemagne nous a lâchés ;  le couple franco allemand a du plomb dans l’aile et Kadhafi n’y est pour rien.

On notera encore que « la communauté internationale » est très hésitante et, à dire vraie, assez réduite. La Russie, la Chine l’Inde ne sont pas d’accord. Les pays africains ont lâché Paris et ne se sont pas rendu au rendez vous de Paris, préférant se réunir à Nouakchott pour initier une médiation.Et, malgré leur proximité, les deux nouvelles démocraties - la Tunisie et l’Egypte - ne manifestent pas une solidarité très active envers leurs frères de combat pour la liberté. Reste la Ligue Arabe dont l’inefficacité est connue. 

A l’exception notable du Qatar, dont les relations avec la France sont souvent jugées suspectes, deux soutiens méritent réflexion. L’Irak, occupé et au statut démocratique improbable , malgré la guerre faite paraît-il pour ça, est le plus mal placé pour se manifester. L’Arabie Saoudite, qui a envahi le Bahreïn pour réprimer une partie du peuple de l’archipel, ne manque pas d’air non plus. Il s’agit donc bien d’une nouvelle opération militaire occidentale contre un pays arabo-musulman.

Reste l’essentiel : protéger le peuple libyen. Mais les opérations militaires engagées visent, de toute évidence aussi, à briser le régime, quitte a faire des victimes civiles chez les pros-Kadhafi. Or ,et jusqu’a preuve du contraire, ils sont eux aussi des Libyens. Parlons-en car le fond du problème c’est qu’il n’y a pas de peuple libyen. Il y a des tribus. Celles de l’Est se sont soulevées contre un régime plus favorable aux tribus de l’Ouest. Présenter des rebelles, qui tirent dans tous les sens et veulent en découdre, comme des civils désarmés est tout de même un peu excessif.

Enfin que fera t-on d’une victoire? Une fois Kadhafi renversé, mettra-t-on les gens de Benghazi au pouvoir à Tripoli ? Ce serait condamner le pays à une instabilité permanente, à une « somalisation » A-t-on vraiment pensé à l’après-Kadhafi au-delà du dogmatisme démocratique ? Pas sûr.

D’autant que, derrière notre très actif chef des armées, le ministre des Affaires étrangères est tout de même celui qui pensait sauver le Rwanda par la démocratie, en mettant l’ethnie la plus nombreuse au pouvoir grâce au bulletin de vote. Condamnant la minorité à une soumission permanente inacceptable dans un système tribal. Alain Juppé qui est considéré encore souvent par de nombreuses victimes civiles comme partiellement responsable, par erreur d’analyse, d’un des plus terribles génocides de l’après-guerre. La bonne conscience, surtout dogmatique, est dangereuse pour ceux qui en bénéficient sans vraiment l’avoir demandée.

Jean Bonnevey (Metamag, 22 mars 2011)

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Commentaires

  • Bjr,

    les influences qui ont, en coulisse, pesées sur la décision de Sarko d'intervenir pricipitamment en Libye, amènent qques questions.

    Les influences qui ont, en coulisse, pesées sur les interventions militaires occidentales de ces 20 dernières années amènent qques réponses.

    La partition du choc des civilisations, le courant atlantiste, le jeu des apprentis sorciers qui essaient de modeler le monde pour le seul profit d'une caste d'élites qui s'apparentent de plus en plus visiblement à des psychopathes.

    La consultation de forums tels que
    LE SILENCE DES LOUPS (Décryptage d’un monde interdit aux moins de 16 dents)
    [http://www.pro-at.com/forums-bourse/bourse-182-30072.html#1233879]
    permet de s'en faire une bonne idée.

    La variété et la justesse des messages postés par l'auteur du forum
    (et par quelques intervenants), permet d'appréhender lucidement la sombre réalité qui se terre derrière le masque démocratique.

    Et pour info,
    j'ai été censuré hier sur Slate.fr
    en postant un commentaire similaire à celui-ci,
    à la suite de l'article de Daniel vernet, intitulé
    Et maintenant, on fait quoi en Libye?
    (http://www.slate.fr/story/36029/que-faire-libye)

    Par contre, un peu plus tard, un commentaire allant ds le sens du soutien aux frappes militaires est, lui, paru.

    Philippe

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