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  • Alain de Benoist : « Les Européens sont incorrigibles »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Breizh-Info et consacré à la rupture stratégique en cours.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021), L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021), L'exil intérieur (La Nouvelle Librairie, 2022), Nous et les autres - L'identité sans fantasme (Rocher, 2023) et, dernièrement, Martin Buber, théoricien de la réciprocité (Via Romana, 2023).

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    Alain de Benoist : « Si Trump veut faire l’Amérique « great again », c’est avant tout parce qu’elle ne l’est plus »

    Breizh-info.com : Comment interprétez-vous l’évolution des relations internationales après les récentes déclarations de Trump et de Vance sur l’Ukraine et leurs implications pour les relations entre l’Union européenne et les Etats-Unis.

    Alain de Benoist : Je n’ai connu dans ma vie qu’un seul grand événement historique : la chute du Mur de Berlin et l’implosion du système soviétique. Je pense assister maintenant à un deuxième. Les « observateurs », comme d’habitude, ne l’ont pas venu venir. L’histoire s’accélère brusquement. C’est au point que l’actualité quotidienne prend des allures de dystopie.

    L’élection de Trump avait déjà représenté une rupture historique majeure. La reprise, le 12 février, des contacts entre la Maison-Blanche et le Kremlin en a constitué une autre. Deux jours plus tard, à Munich, le vice-président J.D. Vance déclarait une véritable guerre idéologique à une Europe submergée par l’immigration et en proie à l’amnésie collective, dont il n’a pas dissimulé qu’elle constitue à ses yeux un contre-modèle de décadence et de suicide civilisationnel. Il y a eu ensuite l’annonce que l’Ukraine ne rentrera jamais dans l’OTAN, et qu’elle ne retrouvera pas les territoires qu’elle a perdus dans le Donbass ou en Crimée. Le 3 mars, Donald Trump décidait l’arrêt de toute aide à l’Ukraine. Finalement, c’est à la désagrégation de l’Alliance atlantique que nous assistons en direct. Oui, même si l’on manque encore de recul, c’est un moment historique.

    Breizh-info.com : Que nous dit l’hallucinante altercation du 28 février dans le Bureau Ovale de la Maison-Blanche entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky ?

    Alain de Benoist : S’en tenir aux éclats de voix, c’est comme s’en tenir à regarder le doigt qui vous montre la Lune. Ce qui compte, c’est ce qui s’est dit. Face à un Zelensky proclamant son refus d’arrêter une guerre qu’il ne peut pas gagner, et réclamant des « garanties de sécurité » que les Américains ne sont pas disposés à lui accorder, Trump lui a rappelé qu’il n’est pas en position de dicter ses conditions car il n’a aucune carte ou atout de négociation à faire valoir. Il lui a dit aussi que s’il n’acceptait pas ce qu’on lui propose, il sera obligé de signer un accord encore plus défavorable à son pays, sinon d’aller vers une capitulation totale.

    Notons d’abord qu’il n’y a rien d’anormal à ce que le sort de l’Ukraine soit réglé entre la Russie et les Etats-Unis, puisque la Russie et l’OTAN étaient les vrais belligérants. La guerre en Ukraine a été, dès le départ, une guerre par procuration. On comprend du même coup que ce n’est pas seulement l’Ukraine qui a perdu. Emmanuel Todd l’avait très justement annoncé : « Le job de Trump va être de gérer la défaite américaine face aux Russes ». C’est en effet de cela qu’il s’agit. Ce qui amène à regarder d’un autre œil cette horrible guerre fratricide qui dure maintenant depuis trois ans. Une guerre que je trouve personnellement insupportable parce que j’ai des amis ukrainiens et des amis russes, et que je n’éprouve que de la tristesse à les voir se massacrer mutuellement.

    Tous les experts sérieux savent que la cause première de la guerre a été la volonté des Américains d’installer des troupes de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie. Poutine a réagi comme le ferait n’importe quel président américain qui se verrait menacé de voir des fusées russes déployées à sa frontière avec le Mexique ou le Canada. La guerre a donc commencé bien avant 2022. Et elle aurait pu être évitée. On aurait parfaitement pu, par exemple, régler les problèmes intérieurs de l’Ukraine en y installant un système fédéral dans lequel sa partie russophone aurait joui d’une certaine autonomie. Mais c’est l’inverse qui s’est passé. Montesquieu distinguait ceux qui débutent la guerre et ceux qui la rendent inévitable. Ce ne sont pas forcément les mêmes. François Fillon déclarait récemment : « J’ai toujours dit que cette guerre aurait pu être évitée si les dirigeants occidentaux avaient cherché à en comprendre les causes plutôt que de se draper dans le camp du bien ». Traduisons : s’ils avaient analysé la situation en termes politiques, pas en termes de morale.

    Rien en effet n’obligeait les Européens à soutenir un camp, que ce soit celui de l’Ukraine ou celui de la Russie, ni à réagir tous de la même façon (en tant qu’« Occident collectif »). La moindre des choses aurait été qu’ils déterminent leur position en fonction de leurs intérêts. Pour des raisons purement idéologiques, ils ont préféré voir dans ce conflit une « guerre juste » où l’ennemi doit être criminalisé et tenu pour un coupable. En prenant position d’entrée de jeu, ils se sont mis en position de ne plus pouvoir proposer leur médiation, renonçant du même coup à se poser en « puissance d’équilibre ».

    Trump est un grand réaliste. Après trois années durant lesquelles on a annoncé toutes les semaines, sur les plateaux de télévision, que la Russie allait s’effondrer, il constate que l’Ukraine a perdu cette guerre, en dépit du matériel militaire et des centaines de milliards qu’elle a reçus, et que les Européens n’ont jamais été capables, durant ces mêmes trois années, de fixer un but à la guerre. Or, la guerre n’est jamais qu’un moyen au service d’un but. Clausewitz : « Le dessein politique est le but, la guerre le moyen ; un moyen sans but ne se conçoit pas ». Les Européens ne savent même plus ce qu’est une guerre, à savoir un acte de violence dont le but est une paix. Dans cette affaire, ils n’ont jamais eu aucun but politique, diplomatique ou stratégique, préférant pousser Zelensky à se précipiter dans le piège qu’il s’était lui-même tendu.

    Contrairement à ce qui se dit ici ou là, Trump n’est pas un isolationniste, pas plus qu’il n’est un « défenseur de la paix ». Comme nombre de ses prédécesseurs, il pense au contraire que la défense des intérêts américains exige un interventionnisme constant. La grande différence est qu’il ne masque pas cet interventionnisme derrière de sublimes idéaux tels que la défense de la démocratie libérale et de l’Etat de droit, (« democracy and freedom »), et qu’au lieu de se lancer dans des aventures guerrières, il veut privilégier le commerce. C’est un va-t-en guerre, mais un va-t-en guerre commercial. Voyez la façon dont il parle du Groënland, du Canada ou du canal de Panama, en adoptant de façon martiale une posture impérialiste fondée sur le vieux mythe américain de la « frontière ». Pour lui, tout est transaction, tout peut être acheté ou vendu, tout se négocie, tout repose sur les démonstrations de force commerciale, sans états d’âme. Il sait très bien que le « doux commerce » n’exclut ni les agressions, ni les chantages, ni les conquêtes. Son « pacifisme » est de même nature : il repose sur le simple constat que la guerre militaire coûte beaucoup plus qu’elle ne rapporte, et que les Etats-Unis sont mieux placés pour gagner les guerres commerciales que pour l’emporter sur le champ de bataille. Pour servir ses intérêts de puissance, il entend s’abriter derrière le chantage aux tarifs douaniers, tout en prônant la dérégulation et le libre-échange quand cela l’arrange.

    Breizh-info.com : A en croire les médias, Trump parle désormais de la même voix que Vladimir Poutine. On parle d’un nouveau condominium américano-russe, voire d’une triple alliance Washington-Moscou-Pékin. Cela vous paraît-il vraisemblable ?

    Alain de Benoist : C’est de l’enfumage. Les deux hommes sont d’abord trop différents : Poutine est un joueur d’échecs, Donald Trump se borne au golf et au Monopoly. Et surtout leurs intérêts géopolitiques sont opposés. Ce qui est vrai, en revanche, c’est que Trump veut prendre un nouveau départ dans ses relations avec Moscou, car il pense apparemment qu’une normalisation avec la Russie de Poutine sera plus profitable à l’Amérique que ne l’est l’Alliance atlantique. Cela peut se traduire par une levée des sanctions contre la Russie, par des projets énergétiques communs, notamment dans les territoires arctiques, voire par la mise sur pied d’un plan qui éviterait la guerre avec l’Iran. Peut-être espère-t-il aussi desserrer, non l’alliance (le mot « alliance » n’existe pas en chinois), mais les liens d’« amitié sans limite » entre Poutine et Xi Jingping proclamés en février 2022. Mais il ne ralliera pas la Russie à l’« hégémonisme occidental ». Et je ne crois pas non plus à un « triumvirat illibéral » américano-sino-russe, car un tel attelage serait miné par les contradictions.

    Trump est de toute évidence un grand caractériel à tendances paranoïaques (ce n’est pas rare en politique). Il se moque des idées, de la morale ou du droit international (pas plus que Néthanyahou toutefois). Il aime les winners, les gagnants, il préfère le charisme au légalisme. Il n’admire que la force et pense qu’on peut tout gagner par des menaces à l’emporte-pièces. Avec lui, le rapport de forces remplace le droit, ce qui a au moins le mérite d’éclaircir les choses.

    Trump et Poutine ont en commun de voir l’Europe comme une vieille chose fatiguée, incapable de régler politiquement les problèmes internationaux, incapable de s’imposer, une vieille chose divisée, ruinée, submergée, oublieuse de son passé et de ses traditions, battant sa coulpe tout en pratiquant une censure morale permanente, et de façon générale incapable d’affronter les situations d’exception. Dans une telle perspective, le reste du monde se répartit entre des partenaires qui n’ont jamais été des égaux mais des vassaux, des protégés ou des dominés, jamais des alliés. Ce qui ne veut pas dire que les Etats-Unis sont en position de force face à la Chine, à la multipolarité, aux menaces de dédollarisation. N’oublions pas que si Trump veut faire l’Amérique « great again », c’est avant tout parce qu’elle ne l’est plus.

    Breizh-info.com : Que pensez-vous de l’activité fébrile déployée par les Européens, Emmanuel Macron en tête, en vue d’un réarmement de l’Europe ?

    Alain de Benoist : Les Européens sont incorrigibles. Ils n’ont pas vu venir la déferlante populiste, ils ont parié sur l’élection de Kamala Harris, ils se sont reposés pendant des décennies sur le « parapluie américain » au lieu de prendre leurs responsabilités. Ils constatent maintenant que, conformément à leurs habitudes, les Américains lâchent les Ukrainiens comme ils ont lâché les Sud-Vietnamiens et les Afghans. (On connaît l’adage : être l’ennemi des Américains est dangereux, être leur ami est fatal). Ils n’ont pas vu non plus le tropisme qui conduit depuis des années les Etats-Unis à s’éloigner de l’Europe. Ils constatent maintenant que les Américains, qui se réservent pour une confrontation avec la Chine, sont en train de se désengager de la sécurité européenne, ce qui les laisse tout nus. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. Devant l’ampleur du gouffre qui s’est creusé entre les deux bords de l’Atlantique, ils ne parviennent pas à y croire. Tétanisés comme des lapins pris dans les phares, ils pleurent le démantèlement de l’Otan, une organisation dont Macron avait en 2019 affirmé qu’elle était en état de « mort cérébrale ».

    Mais rien ne leur sert de leçon. Ils auraient pu profiter de ce basculement pour réfléchir à ce que la guerre en Ukraine leur a coûté. Ils ont englouti 150 milliards d’euros en pure perte, perdu l’accès au gaz et au pétrole russe, perdu aussi des dizaines de milliards d’investissements en Russie, ils ont accepté sans mot dire le sabotage du gazoduc Nordstream, mais ils s’imaginent être en mesure de donner à l’Ukraine des garanties de sécurité et de faire en sorte qu’on puisse continuer le massacre. Leur seule réaction, en d’autres termes, c’est de remettre une pièce dans la machine.

    Après nous avoir répété durant plus d’un demi-siècle que « l’Europe, c’est la paix », ils veulent continuer la guerre, au risque d’être considérés comme des belligérants à part entière. Comme ils ne tirent jamais la leçon de leurs erreurs, ils sont prêts à remettre le doigt dans un nouvel engrenage, dont on ignore jusqu’où cela nous entraînera. Les écologistes eux-mêmes prêchent le militarisme. Une fuite en avant dans une surenchère belliciste totalement délirante qui montre que les Européens n’ont toujours rien compris au nouvel Ordre Mondial, au nouveau Nomos de la Terre, qui se met en place sous leurs yeux. Ils étaient montés à bord d’un bateau ivre, ils veulent maintenant embarquer sur une comète morte.

    Ceux-là mêmes qui ont, depuis trente ans, détruit toutes les capacités de production industrielle et militaire des nations européennes, se proposent maintenant, sous la conduite de l’agent d’influence Ursula von der Leyen (la Hyène), de mettre en place une « économie de guerre » européenne en vue d’un « réarmement ». Macron, à la tête d’un pays qui est de plus en plus isolé sur la scène internationale, politiquement paralysé et endetté au point que le paiement des intérêts de la dette (plus de 50 milliards d’euros par an) représente maintenant le second poste des dépenses de l’Etat, rêve visiblement de prendre la tête de ce parti de la guerre (« nous sommes en guerre, quoi qu’il en coûte », air connu). L’armée française, dont les arsenaux sont presque vides et dont le budget a été réduit jusqu’à l’os, est incapable de participer plus de huit jours à une guerre de haute intensité, mais il n’en assure pas moins qu’on va voir ce qu’on va voir. Ah que la guerre est jolie quand on ne l’a jamais faite ! Lui qui recommandait en juin 2022 à ses partenaires de « ne pas humilier la Russie » appelle aujourd’hui à faire exactement l’inverse. Il est incapable de dire son fait au président algérien ou d’affronter celui des Comores, mais il roule des mécaniques en assurant qu’il va faire face à la « menace russe » qui, selon lui, pèse sur la France et l’Europe occidentale. Une menace qui n’est qu’un fantasme grotesque dont le seul objectif est de créer la peur. Une menace brandie comme un épouvantail. C’est le moment de se souvenir d’un excellent proverbe géorgien : le mouton passe sa vie dans la peur du loup, mais à la fin c’est le berger qui le mange !

    Pour les Européens, la guerre n’oppose pas des ennemis, au sens traditionnel du terme, mais un « agresseur » et un « agressé ». Dans un conflit il faut toujours donner tort à l’« agresseur », car c’est lui le coupable – alors que cet « agresseur » peut très bien avoir agi parce qu’il était en situation de légitime défense. Ce changement de vocabulaire confirme le grand retour de la « guerre juste ». Ramener la guerre à un duo de l’« agresseur » et de la « victime » (comme dans les attaques au couteau ou les agressions sexuelles) fait nager en pleine moraline. Cela nous ramène au beau temps de la Société des Nations, dont on connaît l’histoire, et plus encore du Pacte Briand-Kellogg de 1928, à l’époque où l’irénisme consistait à penser qu’on pouvait mettre la guerre hors-la-loi. Aujourd’hui, c’est le bellicisme qui donne le ton. Mais c’est tout aussi impolitique.

    Il n’est certes pas mauvais pour les différents Etats européens de se doter d’une puissante industrie de défense, mais à condition qu’elle soit indépendante, c’est-à-dire à condition d’oublier les Etats-Unis. Ce n’est pas cela en tout cas qui sauvera Zelensky : si l’Ukraine ne peut plus bénéficier de l’aide américaine, ce ne sont pas les maigres moyens dont dispose l’Union européenne qui vont le faire gagner. Il y a en outre trop de divergences entre les Etats-membres pour qu’on puisse définir entre eux des intérêts ou des buts communs, et donc des politiques opérationnelles communes. Il ne peut y avoir d’armée européenne aussi longtemps que l’Europe n’est pas unie politiquement, ce qui revient à dire que c’est aujourd’hui une chimère. Quant à un « parapluie européen » qui naîtrait de la décision de la France d’étendre à ses voisins le périmètre de sa dissuasion, il serait moins crédible encore que ne l’a jamais été le « parapluie américain ». Comme l’a souligné Jacques Sapir, qui peut penser que la France accepterait de « risquer de voir Paris vitrifié pour sauver Bucarest, Prague ou Varsovie » ? Bref, dans l’immédiat, on va multiplier les palabres sur des moyens militaires et financiers que nous n’avons pas et continuer à brasser du vent.

    Breizh-info.com : J.D. Vance, figure montante du trumpisme, semble incarner une nouvelle droite américaine antilibérale et conservatrice, mais en même temps totalement décomplexée face au gauchisme. Voyez-vous en lui une réorientation durable du conservatisme américain ?

    Le trumpisme est un mélange improbable de plouto-populisme, de césarisme technologique, d’anarcho-capitalisme, de souverainisme anti-étatique et d’idéologie libertarienne. Donald Trump y forme avec Elon Musk un duumvirat césarien qui évoque irrésistiblement la fin de la République romaine. J.D. Vance a des côtés très sympathiques, mais il est difficile de savoir ce qu’il représente exactement dans cette constellation, où l’on retrouve aussi bien des mythes américains : : la « destinée manifeste » et la nouvelle Terre promise, l’analyse de la société à partir de l’individu, l’autosuffisance du marché, le primat de l’économie et du commerce, la dévotion envers la technique et l’optimisme messianique. N’oublions pas, surtout, que ce n’est pas la grandeur de l’Europe que Donald veut restaurer, mais celle de l’Amérique, qu’il sait menacée.

    Breizh-info.com : Comment percevez-vous la division profonde (irréparable) entre l’Amérique conservatrice anti-woke et l’Amérique progressiste ou gauchiste ? N’est-ce pas le même chemin que prennent les nations et les peuples européens ?

    Il n’est pas impossible que les Etats-Unis soient au bord d’une guerre civile, ou d’une nouvelle guerre de Sécession. Mais je ne pense pas que ce scénario vaille pour les Européens. Ce qui menace le plus l’Europe, ce n’est pas la guerre civile. C’est pire encore : c’est le chaos.

    Breizh-info.com : L’Union européenne (ou plutôt ses dirigeants) semble s’enfermer dans des combats idéologiques alors que le reste du monde redevient pragmatique et brutal. Faut-il voir cela comme une marque de décadence ou comme une tentative désespérée de maintenir une domination morale sur les peuples ?

    Ni l’un ni l’autre – d’autant que la domination morale n’est pas incompatible avec la décadence ! L’Union européenne ne s’enferme pas non plus dans des « combats idéologiques », elle s’enferme dans une idéologie bien particulière dont les trois piliers essentiels sont la société des individus, le capitalisme libéral et les droits de l’homme. La démocratie libérale, l’Etat de droit et le règne des seules valeurs marchandes en sont les conséquences.

    Breizh-info.com : Quid du rôle de l’Europe dans le nouvel ordre mondial qui se dessine sous nos yeux. Quelles stratégies devrait-elle adopter pour maintenir son influence ?

    Il est inutile de parler de stratégies quand les hommes ne sont pas là pour les concevoir ou les appliquer. Les Européens sont aujourd’hui les hommes malades de la planète. Ils n’ont pas la moindre idée de ce que pourrait être le destin de l’Europe, parce que le mot « destin » n’a pas de sens pour eux. Dirigée par des ectoplasmes ou des somnambules, qui n’ont jamais eu l’occasion de se battre mais sont aujourd’hui prêts à engager leurs peuples dans une guerre nucléaire, l’Europe est en état d’épuisement civilisationnel, conformément aux prédictions de Spengler. Viennent à l’esprit ces mots terribles de Cioran : « C’est en vain que l’Occident se cherche une forme d’agonie digne de son passé ».

    Breizh-info.com : Vous avez souvent mis en garde contre l’uniformisation du monde. Voyez-vous dans ce basculement global une chance pour les peuples d’Europe de retrouver une souveraineté culturelle et civilisationnelle ?

    La lutte finale est maintenant engagée : soit une planète régie par une seule puissance hégémonique (ou une seule idéologie universaliste), soit un monde articulé entre plusieurs pôles de puissance et de civilisation, des « grands espaces » correspondant aux grandes régions du monde, dirigés pour chacun d’eux par le pays qui est le plus à même d’exercer son influence dans l’aire civilisationnelle à laquelle il appartient. Mais rien ne sera possible aussi longtemps qu’on s’obstinera à croire que le monde est d’abord peuplé par des individus, alors qu’il est d’abord partagé entre des peuples, des langues, des nations, des aires civilisationnelles différentes, ayant leurs ambitions et leurs principes propres. Le nouveau Nomos de la Terre exige que ces grandes aires civilisationnelles tiennent compte en priorité de leur identité, c’est-à-dire de leur histoire, et s’abstiennent d’intervenir dans les autres aires pour y appliquer des valeurs pseudo-universelles qui en réalité leur sont propres. Les « Etats civilisationnels » ou le chaos !

    Breizh-info.com : L’accélération formidable de l’histoire à laquelle nous assistons aujourd’hui est-elle pour vous une source d’inquiétude… ou bien d’optimisme ?

    Je ne suis ni optimiste ni inquiet. J’essaie seulement de comprendre ce qui va se passer.

     

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-Info, 12 mars 2025)

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  • Feu sur la désinformation... (505) : Face à la paix de Trump, des médias pro-Zelensky, va-t-en-guerre et irresponsables ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                               

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : les cérémonies des César et des Oscars où l'entre-soi et les navets wokes se côtoient et où le cinéma français semble s'éloigner des préoccupations du public. Avec un focus sur le film qui a retenu toutes les attentions et un grand nombre de prix : “L'Histoire de Souleymane”, un jeune migrant, livreur, qui attend d’être régularisé, mis en abîme par Abou Sangaré, lui-même migrant anciennement sous OQTF...

    Dossier du jour : retour sur le clash entre Trump et Zelensky, et les implications pour l'Ukraine et l'Europe. Décryptage des discours des journalistes et des politiques français va-t-en-guerre qui tentent de façonner l'actualité internationale...

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    Pastilles de l’info:

    • Luchini se paye les médias de gauche
    • L’avocat du policier dans l’affaire Nahel monte au front
    • Homo-politcus et homosexualité : Luc Ferry en roue libre sur LCI !
    • Xavier Niel : les dossiers sur le minitel rose ressortent
    • TPMP se réinvente sur internet, sur les box !
    • Sur France 2 Nagui se fait le chantre de la voiture électrique et de la leçon de morale
    • Dechavanne démissionne en direct

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Gilles Bouleau, un arbitre qui fait parfois du sale boulot !...

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Manipulation et influence, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Feu sur la désinformation... (504) : Macron face humilié par Trump ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                      

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : Pierre-Alain Cottineau, un scandale pédocriminel à bas bruit médiatique...

    Dossier du jour : Qu’a vraiment obtenu Macron pour la France et l’Europe? Si certains affirment qu’il a “retourné” Donald Trump en le contredisant avec fermeté, d'autres affirment au contraire que cette rencontre révèle les tensions entre la France et les États-Unis...

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    Pastilles de l’info:

    • Roumanie : Calin Georgescu : le candidat populiste sous contrôle judiciaire
    • Élections allemandes : montée de l’AfD, la fin du modèle Merkel ?
    • LCI : guerre et “optimisme"… vraiment ?
    • L’ARCOM dans le viseur de C8 après des propos "off" au restaurant
    • Jean-Michel Aphatie : voix de l’Algérie
    • Des policiers pourchassés… à la Tour Eiffel !

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Jean-Michel Aphatie...

     

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Manipulation et influence, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Feu sur la désinformation... (503) : Vance, le discours qui dérange...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                              

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : C8 : la chaîne interdite, contrainte de cesser d’émettre...

    Dossier du jour : JD Vance, un vent de liberté face à l’Europe des oligarchies...

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    Pastilles de l’info:

    • La famille et les enfants au cœur de la communication américaine
    • La lutte contre Musk et Trump s’organise…
    • Zelensky : les petites phrases de fin de règne ?
    • Elias : le meurtre à la machette dont les médias ne parlent pas
    • Drogue : députés et journalistes depuis les tests d’Elise Lucet, ça raille

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Daniel Kretinsky, l’oligarque médiatique qui étend son empire à la TNT...

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Manipulation et influence, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Ukraine : l'Union européenne humiliée ?...

    Le 18 février 2025, Liselotte Dutreuil recevait Mériadec Raffray , journaliste à Valeurs actuelles, pour évoquer avec lui les négociations russo-américaines à Riyad sur la question de l'Ukraine.

     

                                           

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  • Qu’est-ce que l’USAID, cette énième agence du « soft power » américain  ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de François-Xavier Consoli cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à l'USAID, agence d'influence américaine que compte démanteler l'administration Trump, aux grand désarroi des innombrables organismes et officines qu'elle finançait à travers le monde et notamment en Europe...

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    Qu’est-ce que l’USAID, cette énième agence du « soft power » américain  ?

    Entité typique de la guerre froide, « l'Agence des États-Unis pour le développement international » (United States Agency for International Development), est un peu le visage « humanitaire » du pays de l'Oncle Sam. Créée en 1961 par le président John Fitzgerald Kennedy, l'USAID s'inscrit dans la continuité du Plan Marshall, destiné à l’Europe, mais avec une perspective « d'aide économique et humanitaire » étendue au monde entier. Au cours des décennies qui ont suivi, républicains et démocrates se sont affrontés au sujet de cette agence, des ses objectifs, et de son financement. Elle est désormais sur la sellette.

    Ce mardi 12 février, l’inspecteur général de l’USAID, Paul Martin, s’est fait éjecter manu militari de son poste, sur ordre de la Maison Blanche. Un licenciement intervenant un jour après la mise en garde de l’inspecteur général de l’agence où il s’en prend vertement au président Donald Trump et au nouveau responsable du Département de l’Efficacité gouvernementale (Department of Government Efficiency /DOGE), Elon Musk, notamment quant à la gestion des 8,2 milliards de dollars de fonds humanitaires inutilisés, après cette énorme secousse qui vient frapper l’agence d’aide au développement. Le patron de X s’est d’ailleurs illustré sur son réseau en expliquant : « L’USAID est une organisation criminelle », l’accusant de « mener les basses œuvres de la CIA ».

    Précédemment à ce limogeage tonitruant, l’administration Trump est venue purger plus d’une douzaine d’inspecteurs généraux après la fracassante annonce du gel d’une partie importante de son aide internationale, en ce début de mois de février 2025. Des dizaines de hauts fonctionnaires mis en congé, des milliers de contractuels licenciés, des programmes à l’arrêt, des bénéficiaires poussant des cris d’orfraie… Une véritable bascule dans la logique interventionniste américaine, bouleversant un réseau pléthorique d’associations et filiales installées dans le monde entier.
    Ce gel brutal de l’aide étrangère par l’administration américaine oblige également les fournisseurs et les entrepreneurs américains de l’USAID à procéder à des licenciements massifs, dont 750 dans une entreprise, Chemonics International 1, basée à Washington.

    « On ne saurait exagérer l’impact de cette conduite illégale : sur les entreprises, grandes et petites, contraintes de mettre fin à leurs programmes et de licencier leurs employés ; sur les enfants affamés du monde entier qui n’auront rien à manger ; sur les populations du monde entier confrontées à des maladies mortelles ; et sur notre ordre constitutionnel », ont déclaré les entreprises et les organisations américaines touchées par cette décision. Les « enfants affamés » ont toujours bon dos…

    Recours en justice

    Une organisation représentant 170 petites entreprises américaines, de grands fournisseurs, une association d’avocats, l’American Bar Association 2 et d’autres se sont rassemblés pour un recours en justice. Celui-ci a été déposé devant le tribunal du district de Washington contre le président Donald Trump, le secrétaire d’État Marco Rubio, l’administrateur adjoint par intérim de l’USAID, Peter Marocco, nommé par Trump, et Russell Vought, le directeur du Bureau de la gestion et du budget de Trump.

    Mais au fond, qu’est-ce que l’USAID ?

    Kennedy a créé l’USAID au plus fort de la guerre froide qui opposait alors les États-Unis à l’Union Soviétique. Ce dernier souhaitait ainsi mettre en place un moyen plus efficace de contrer l’influence soviétique dans le monde par le biais de l’aide étrangère et considérait que le département d’État était limité dans ses moyens d’action par sa bureaucratie. Le Congrès a adopté la loi sur l’aide à l’étranger et Kennedy présentait alors l’USAID comme une agence indépendante. Cette création s’inscrit dans la continuité du Foreign Assistance Act, promulgué le 4 septembre 1961, une loi régissant la politique d’aide internationale qui vient définir les principes politiques et idéologiques de l’aide étrangère des États-Unis, remanie et réorganise de manière significative la structure des programmes d’aide, établissant une distinction juridique entre l’aide militaire et l’aide non militaire. C’est en vertu de cette même loi que le président Joe Biden, le 16 mars 2022,  a autorisé une nouvelle aide à la sécurité de 800 millions de dollars pour l’Ukraine. Cette disposition juridique subtile est donc d’une redoutable efficacité pour le soft power américain.

    L’USAID a survécu à l’Union soviétique, qui s’est effondrée en 1991. Aujourd’hui, les partisans de l’USAID affirment que l’aide américaine aux pays contrecarre l’influence russe et chinoise tandis que ses détracteurs affirment que ces programmes sont inutiles, et qu’ils ne correspondent plus  à la politique non-interventionniste préconisée par l’administration Trump. Le financement des agences des Nations Unies, y compris les agences de maintien de la paix, des droits de l’homme et des réfugiés, a toujours été la cible des administrations républicaines. La première administration Trump avait déjà pris des mesures pour réduire les dépenses d’aide étrangère, en suspendant les paiements à diverses agences de ces mêmes Nations Unies, y compris ses fonds pour la population et le financement de l’Autorité palestinienne. Au cours du premier mandat de Donald Trump, les États-Unis se sont retirés du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et de leurs obligations financières à l’égard de cet organe.

    Quelques exemples de l’implication de l’USAID au sein de différents programmes de santé, de développement économique, de gouvernance, ou d’environnement pour y voir plus clair :

    -Lutte contre le VIH/SIDA : Via des initiatives comme le PEPFAR (President’s Emergency Plan for AIDS Relief), l’USAID a soutenu des programmes de prévention, de traitement, et de soutien aux orphelins et enfants vulnérables.

    -Planification familiale : projets visant à augmenter l’accès aux services de planification familiale de qualité.

    -Développement de l’énergie : à travers l’initiative Power Africa, l’USAID a soutenu le développement de nouvelles sources d’énergie, notamment en aidant à des transactions énergétiques en Côte d’Ivoire.

    -Promotion des droits humains : soutien à des ONG pour défendre les droits de l’homme, dans les Balkans dans les années 1990 notamment, ou en Russie.

    -Stratégies climatiques : financement de projets pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation au changement climatique.

    Les exemples sont pléthoriques. Personne au monde, évidemment ne s’offusquerait de ses programmes d’aide au développement, qui semblent, à première vue, contribuer à l’amélioration du sort des populations prises en charge. Mais il existe une face sombre à ces aides, car un interventionnisme international sur une durée aussi longue ne peut se garder de quelques critiques. Par exemple :

    Bolivie, en 2013, le président Evo Morales expulse l’USAID, accusant l’agence de manipuler des dirigeants et de soutenir financièrement des groupes d’opposition, y compris des organisations séparatistes à Santa Cruz. Au Nicaragua, l’USAID a été associée à des opérations de soutien à l’opposition aux régimes marxistes ou « anti-américains », notamment dans les années 1980 avec des projets de pacification qui servaient aussi de couverture pour des actions de contre-insurrection de la CIA. Au Chili, l’agence a été impliquée dans des projets liés à des efforts de la CIA pour soutenir des coups d’État, notamment pendant l’ère Pinochet. En Ukraine, l’USAID a été accusée d’avoir financé des initiatives qui ont contribué aux événements du Maïdan en 2014, avec des accusations de soutien à des groupes politiques pour déstabiliser le gouvernement en place. Des personnalités comme Victoria Nuland ont été mentionnées dans ce contexte par des observateurs. Toujours en Ukraine, mais aussi Serbie ou Kirghizistan, l’USAID, via des ONG comme Freedom House, a financé des formations pour soutenir des « révolutions colorées », visant à renverser des régimes jugés hostiles aux États-Unis. Au Vietnam, durant le conflit, les fonds de l’USAID étaient utilisés pour financer des projets de développement qui faisaient partie de la stratégie de pacification, visant à contrer le soutien populaire au Viet Cong. Ou encore en Russie, qui expulse l’USAID en 2012, accusant l’agence de financer des ONG pour influencer la politique interne russe, notamment dans des régions sensibles comme le Caucase du Nord.

    Au total, selon un rapport publié le mois dernier par le Congressional Research Service, les États-Unis ont dépensé environ 40 milliards de dollars en aide étrangère pour l’année fiscale 2023. Les États-Unis sont le premier fournisseur d’aide humanitaire au monde, bien que d’autres pays y consacrent une part plus importante de leur budget. Dans l’ensemble, l’aide étrangère représente moins de 1 % du budget des États-Unis. Mais elle demeure un levier d’influence non négligeable.

    Une tirelire gouvernementale pour les causes d’extrême gauche

    Après l’annonce du démantèlement de l’USAID, les libéraux sont montés au créneau. Des manifestants versant des larmes de crocodile se sont même rassemblés devant le siège de l’organisation à Washington pour condamner le président Trump. Certains responsables démocrates, comme la députée Ilhan Omar du Minnesota et le sénateur Chris Van Hollen du Maryland ont également dénoncé cette liquidation de l’USAID.

    Pour d’autres, comme Nayib Bukele, président du Salvador, il ne s’agit pas d’y aller avec le dos de la cuillère : « Alors qu’ils sont présentés comme un soutien au développement, à la démocratie et aux droits de l’homme, la majorité de ces fonds sont acheminés vers des groupes d’opposition, des ONG aux agendas politiques et des mouvements déstabilisateurs », a-t-il écrit sur X.

    Selon lui, en 2021, l’administration Biden a utilisé l’agence pour soutenir un mouvement de protestation communiste s’opposant au gouvernement. Il en veut pour preuve des messages WhatsApp de fonctionnaires de l’agence, venant corroborer ses propos quant à l’ingérence américaine dans le processus démocratique de son pays.

    Après une rencontre avec Bukele à San Salvador, le secrétaire d’État Marco Rubio a exprimé la même frustration à l’égard de l’USAID. Il a déclaré que les objectifs de la politique étrangère de l’America first du président Trump étaient sapés par « des agents malhonnêtes au sein de la bureaucratie. »

    S’appuyant sur un audit réalisé par une équipe de jeunes prodiges réunie sous la houlette d’Elon Musk, nombreux programmes et financements de l’USAID ont été mis en lumière. Un écheveau d’associations, groupes et autres partenariats, distribuant pléthore de dollars. Ainsi, la Maison Blanche a pu dresser une liste de ces aides étrangères, dont certaines confinent à l’absurde : 5,5 millions de dollars pour les causes LGBTQ en Ouganda, 1,5 million de dollars pour l’inclusion sur le lieu de travail en Serbie, 7,9 millions de dollars pour lutter contre le « langage binaire » au Sri Lanka, 6,3 millions de dollars pour une étude sur la santé sexuelle des hommes en Afrique du Sud, 20 millions de dollars pour la production d’une version locale du programme télévisé pour enfant, Sesame Street, en Irak, 47 000 dollars pour un opéra transgenre en Colombie, 32 000 dollars pour une bande dessinée transgenre au Pérou, 2 millions de dollars pour « l’activisme LGBT » au Guatemala, ou encore 70 000 dollars pour une comédie musicale « Diversité Équité et Inclusion » en Irlande.

    Près de 200 millions de dollars de dépenses douteuses de la part de l’USAID, ont été ainsi mis à jour par l’administration Trump. Et l’une d’elle, 10 millions de dollars alloués à la distribution de repas destinés à des groupes liés à Al-Qaïda, passe très mal..

    La course contre le gaspillage menée par Elon Musk pourrait donc mettre l’USAID définitivement sur la touche.

    François-Xavier Consoli (Site de la revue Éléments, 17 février 2025)

     

    Notes :

    1 – Chemonics International est une société de conseil et de développement international, ayant reçu certains des plus gros contrats d’aide du gouvernement américain dans les domaines suivants : agriculture, conflits et crises, démocratie, développement économique, éducation, énergie, gouvernance, soins de santé et chaîne d’approvisionnement, commerce international, micro-finance, développement durable, eau, réforme de l’aide sociale et programmes pour la jeunesse. Cette société a travaillé sur des projets dans plus de 150 pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe, d’Amérique latine et des Caraïbes, et du Moyen-Orient.

    2 – L’American Bar Association (ABA) est une association d’avocats dits « bénévoles » et d’étudiants en droit américaine. D’envergure nationale, elle n’est pas spécifique à une seule juridiction. Fondée en 1878, elle se donne pour objectif, comme énoncé dans ses statuts « le progrès de la science de la jurisprudence, la promotion de l’administration de la justice et l’uniformisation de la législation dans l’ensemble du pays… »

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