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remigration

  • Feu sur la désinformation... (466)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Lucas Chancerelle.

     

                                                

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : les manifs de transsexuels et leur traitement médiatique.

    Dossier du jour : la guerre qui sévit dans le service public entre l’extrême gauche et l’extrême centre après l’éviction de Guillaume Meurice de France Inter.

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    Pastilles de l’info :

    1) Le bon point mainstream : Balladur se repent !
    2) Le coup de chapô : Le PDG de Ryanair veut participer à la remigration!
    3) Le coup de gueule : Les restos sans cœur
    4) Décryptage : Débat Bardella/Hayer, manipulation de BFM

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Christine Kelly, une journaliste professionnelle et charmante !

     

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  • Collaborer ou mourir : la France n'a plus le choix...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Laurent Ozon à Nicolas Stoquer sur Géopolitique profonde, dans lequel il évoque les voies qui s'offrent à notre pays pour surmonter la convergence de crises écologiques, géopolitiques et culturelles que nous affrontons.

    Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, premier promoteur de l'idée de remigration, Laurent Ozon est l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015).

     

                                           

    " Face à une convergence de crises écologiques, géopolitiques et culturelles, Laurent Ozon présente une analyse puissante de la nécessité impérieuse pour la France de repenser ses stratégies de coopération et de survie. Cet entretien incisif explore la profondeur des défis auxquels la nation est confrontée, critiquant vivement les politiques actuelles tout en proposant une voie radicalement différente basée sur l'écologie profonde et le localisme. Ozon, avec son expérience diverse en tant que pompier militaire, entrepreneur et penseur écologique, dénonce les méthodes de gestion politique qui exacerbent le stress sociétal et limitent l'innovation authentique. Il remet en question la viabilité des solutions technocratiques qui, selon lui, éloignent l'humanité de ses racines naturelles et de sa capacité à innover de manière organique.

    L'œuvre de Ozon est un appel à réveiller face à l'adoption passive de technologies qui, tout en promettant d'augmenter notre bien-être, posent de sérieux dilemmes éthiques et moraux. Il plaide pour un retour aux principes de l'écologie profonde, suggérant que la véritable innovation vient de notre capacité à comprendre et à respecter les systèmes naturels qui nous soutiennent tout en intégrant le fonctionnement biologique de l'être humain.

    Avec une critique acérée de l'uniformisation culturelle provoquée par des siècles de centralisation et de politiques d'assimilation, Ozon illustre comment la France, et par extension l'Europe, doit valoriser et préserver sa diversité culturelle comme un atout pour la résilience future. Il argue que face à la globalisation et à ses impacts homogénéisants, la sauvegarde des cultures locales devient un acte de résistance essentiel.

    Laurent Ozon nous incite à envisager une société où la coopération remplacerait la compétition, où l'intégrité culturelle et écologique primerait sur les gains économiques à court terme. Cet entretien du monde réel est crucial pour ceux qui cherchent à comprendre les enjeux de notre époque et à participer activement à la redéfinition de notre futur collectif. "

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  • Connaissez-vous vraiment l’"extrême-droite" ?...

    Sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, Corentin Perrigny et François Bousquet s’entretiennent avec le politologue Frédéric Saint Clair, qui vient de publier L’extrême-droite expliquée à Marie-Chantal (Nouvelle Librairie, 2024), pour analyser l’aveuglement satisfait de la bourgeoisie macroniste, « successful » et cosmopolite, au travers d’un dialogue évoquant les grands thèmes habituellement rattachés à cette terrifique « extrême-droite », du coup d’état à la remigration en passant par la discrimination.

     

                                           

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  • Les Européens sont-ils sortis de l'histoire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Dir cueilli sur Breizh-Info et qui évoque la sortie de l'histoire des Européens...

    Europe endormie.jpg

    Israël, Palestine, Gaza… et nous et nous et nous... les Européens ?

    On le sent depuis plusieurs années déjà, mais on en a la preuve très récente avec les évènements en Israël et à Gaza. Les Européens sont sortis de l’Histoire. Ils n’existent plus, aux yeux du monde, comme par rapport à eux-mêmes. Depuis plusieurs semaines, tout le focus médiatique, politique, en France notamment, a été mis d’abord sur l’attaque massacre du Hamas contre Israël, puis sur la riposte d’Israël contre Gaza. 

    Tout ça pour ce qui s’apparente à une guerre sans fin entre deux mondes qui ne peuvent pas vivre ensemble, et donc il parait même difficile qu’ils parviennent à vivre côte à côte dans deux États séparés sans poursuivre la guerre qu’ils se mènent depuis le milieu du 20e siècle.

    Des Européens réduits au silence…

    Mais c’est leur histoire. Celle des Israéliens, celle des Palestiniens. Pas la nôtre. Et nous avons un peu tendance à l’oublier ces derniers temps, alors que chaque plateau télévision est transformé en champ de bataille médiatique.

    Un champ de bataille à sens unique tout de même, toute objection faite à la riposte sanglante d’Israël vis-à-vis de Gaza et de ses habitants — qui ne sont pas tous des membres du Hamas — étant balayée d’un revers de la main, par des chroniqueurs et des journalistes qui semblent totalement sortis de leur rôle et de leurs gonds.

    Une attitude que l’on ne voit jamais, ou pas à cette intensité, lorsque des évènements sanglants frappent la France, ou lorsque des Français subissent au quotidien les conséquences de décisions politiques criminelles, et cela depuis des lustres.

    Ce champ de bataille médiatique — et la guerre politique parallèle, qui conduit à qualifier de «soutien au terrorisme» tous ceux qui émettent des objections, sur les termes employés, sur les mots choisis, ou tout simplement sur la conduite d’un gouvernement qui, comme ceux qui l’ont précédé, ne respecte même pas les recommandations de l’ONU, est révélateur de notre effacement.

    Tout comme sont révélatrices de notre effacement ces manifestations spontanées, à Londres, Paris, Berlin, ou même à Istanbul (rappelons que certains veulent faire entrer la Turquie dans l’UE), en solidarité avec la Palestine, avec Gaza, et très souvent contre Israël et son peuple, manifestations qui témoignent de l’ampleur d’une immigration extraeuropéenne que les décideurs politiques coupables ont laissée s’installer depuis 50 ans maintenant sur  notre sol.

    D’un côté, ceux qui donnent le la politique et médiatique ne tolèrent rien d’autre qu’un soutien inconditionnel à Israël, parfois sans la moindre mesure, parfois avec des dérapages verbaux sur les plateaux TV qui auraient envoyé n’importe quel Européen devant les tribunaux s’il les avait tenus pour dénoncer l’immigration et ses conséquences ici, chez nous.

    De l’autre, des rues de grandes métropoles européennes qui, spontanément encore une fois, se transforment en «rue Arabe» si l’on peut s’exprimer ainsi, avec des manifestations de colère qui devraient d’ailleurs inciter les autorités à la plus grande prudence quant à la capacité de mobilisation, mais aussi de violences inhérentes à ce conflit qui ne devrait pourtant pas nous regarder, si nous étions encore en Europe, sur la terre des Européens.

    Dressons un parallèle très simple : Les dirigeants occidentaux s’évertuent (et dans l’indifférence d’Israël et de son peuple pour le coup) à imposer depuis 50 ans une immigration extraeuropéenne de plus en plus importante. Une immigration extraeuropéenne qui n’est plus individuelle, mais collective, populaire, et qui provoque dans tous nos pays des changements culturels, ethniques, religieux, tribaux. Et qui a des conséquences lourdes sur le «vivre ensemble à l’Européenne».

    Les exactions visant nos populations se sont multipliées de manière exponentielle. Les chiffres de la délinquance confirment ce que tout le monde pense, voit, mais n’ose pas dire. Combien d’Européens tués ces 20 dernières années par des individus qui n’avaient rien à faire sur notre sol, ou dont les familles ont bénéficié des largesses du droit du sol? Combien d’agressions, de viols, de cambriolages, d’exactions, en lien avec des individus qui n’auraient jamais dû venir ici, chez nous? Et enfin, combien d’enfants européens, blancs (n’ayons pas peur des mots), qui naissent ou à naître sur cette terre d’Europe, et combien d’extraeuropéens?

    Et pourtant, malgré ces injustices, malgré ces crimes, malgré cette dépossession progressive de la souveraineté des peuples Européens, malgré leur disparition démographique programmée… combien de manifestations massives, réunissant des dizaines, des centaines de milliers de personnes, spontanément, dans les rues des grandes métropoles, pour dire stop à des dirigeants de plus en plus mal élus, de moins en moins légitimes, mais qui se reproduisent socialement et qui règnent en maîtres sur notre continent? Vous ne voyez toujours pas le problème? Vous ne voyez pas que pendant que des masses défilent dans nos pays, pour soutenir leurs frères — puisqu’ils s’identifient aux Palestiniens comme leurs frères, eux qui ont des consciences raciales, ethniques, culturelles et religieuses ne souffrant d’aucun sentiment de culpabilisation, sentiment dont nous sommes pétris — nous en sommes rendus au silence? Même les urnes ne servent plus de défouloir, puisque moins de 50 % de la population française en âge de voter a voté aux dernières élections.

    Nous sommes à terre. Non pas par la faute des millions de défenseurs de la Palestine qui habitent aujourd’hui en Europe (et à qui il faudrait tout de même poser la question de savoir pourquoi ils ne vont pas en terre palestinienne aider leurs frères, puisque la question leur tient tellement à cœur). Mais par notre faute. Par notre aveuglement. Par notre recul permanent. Par notre culpabilisation permanente aussi, que nous devons y compris à des gens qui défendent aujourd’hui «le droit inconditionnel d’Israël à se défendre», et donc à quasiment éradiquer Gaza.

    Nous disparaissons de l’histoire parce que nous ne pouvons même plus exprimer notre colère sous peine d’être dissouts, arrêtés, jugés, condamnés, d’après des lois qui n’ont pas été votées en Palestine ou en Israël, mais bien ici, chez nous. Nos élites médiatiques, politiques, institutionnelles, ont obligé les Européens, depuis le nazisme, à ne plus se penser différents du reste de la planète. À croire que chacun est l’égal de l’autre, que tout se vaut, que nous serions tous des frères sur cette planète. Alors que la réalité, le quotidien, montre justement que partout où sur la terre, des hommes et des femmes aux religions, cultures, nationalités, ethnies, couleurs de peau différentes, se côtoient de manière trop massive, il y a la guerre.

    …Ou à n’être que des supporteurs d’une équipe de football !

    C’est ainsi qu’est l’Homme. On ne peut pas se reprogrammer. Certains voudraient bien en finir avec l’Homme, virer de cap vers le transhumanisme, ou le voir disparaitre dans une Apocalypse environnementale que certains anxiologues professionnels prédisent. Mais les faits sont têtus. L’Homme est toujours là. Et depuis des siècles, il conquiert des territoires, il fait la guerre, il fait la paix, il cherche le meilleur, d’abord pour lui, puis pour son foyer et sa famille, être social qu’il est, puis pour ses amis, puis pour ceux qui lui ressemblent et avec qui il a fondé une tribu, un clan, une ethnie. Puis éventuellement, s’il y a encore un peu de la place et de temps dans ses préoccupations, il s’intéresse à l’autre, le distant, le trop différent pour lui. Un trop différent qui raisonne de la même façon. C’est ainsi, c’est la vie, l’Histoire se répète.

    L’Histoire se répète, mais sans nous. Nous en sommes rendus à être non pas les arbitres — les voix diplomatiques y compris françaises font rigoler toute la planète — mais les supporteurs d’une équipe ou d’une autre. Des supporteurs qui, et c’est le principe, n’ont ni objectivité, ni compassion, et, lâchés en meute, se révèlent être parfois de fieffés salopards, chacun sachant ici comment une meute peut rendre con et barbare y compris le plus gentil des personnages de cette planète.

    Ce n’est pas ce destin que je souhaite pour mes enfants, ni pour tous ceux de mon peuple. J’aimerais d’abord que mon peuple puisse abolir les lois et les constitutions qui empêchent nos peuples d’Europe de faire le travail nécessaire pour ne pas disparaitre ethniquement et civilisationnellement. J’aimerais en finir avec l’immigration, et mettre en place la remigration massive d’une partie des populations qui ne sont pas Européennes (par exemple tous ceux qui aujourd’hui, se sentent supporteurs d’une des deux équipes qui se mènent une sale guerre sur un territoire martyr). Et qu’importe les chouineries de l’ONU, du FMI, de l’OTAN, ou de quelconque organisation non élue par mon peuple qui prétendrait vouloir lui dire ce qui est bon ou pas pour lui.

    J’aimerais que les Européens puissent s’exprimer librement, sur tous les sujets. Et s’affranchir des diktats d’organisations, de lobbys, de castes politiques, médiatiques, économiques, qui ne représentent que leurs intérêts propres. J’aimerais que les Européens réapprennent qui ils furent, qui ils sont, et qui ils doivent devenir. J’aimerais voir un sourire sur le visage de mes enfants, et ne pas lire en eux la peur de l’avenir, y compris de disparaitre englouti par les eaux parce que des faux prophètes leur lavent le cerveau.

    Et quand tous ces problèmes seront réglés, quand notre civilisation aura enfin redressé la tête, quand elle aura compris qu’on peut vivre, de façon quasi autarcique, comme l’Inde, sans emmerder ni se laisser emmerder par le monde entier, alors effectivement oui, je pourrais me poser, et accepter que les grands débats du moment puissent être, le cas échéant, la question israélo-palestinienne, ou le conflit religieux à l’ouest de la Chine, ou encore le devenir des Aborigènes d’Australie.

    En attendant, nous avons des peuples et une civilisation à défendre, qui n’est pas la civilisation occidentale comme voudraient nous faire croire ceux qui nous poussent sans jamais prendre de risque à la guerre des civilisations, mais bel et bien l’Europe.

    « Ni kippa, ni Keffieh » qu’ils disaient dans les années 80. Et Européen d’abord!

    Julien Dir (Breizh-Info, 1er novembre 2023)

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  • Alain de Benoist : « Je suis résolument hostile à l’immigration, pas aux immigrés »

    Nous reproduisons un entretien donné récemment par Alain de Benoist à la revue Monde & Vie dans lequel il évoque la question de l'immigration.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021), L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021) et, dernièrement, L'exil intérieur (La Nouvelle Librairie, 2022).

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    Alain de Benoist : « Je suis résolument hostile à l’immigration, pas aux immigrés »

    MONDE & VIE : Peut-on encore parler de l’immigration de façon raisonnable ? Sur ce sujet, quelle est votre position ?

    ALAIN DE BENOIST. Faisons déjà un état des lieux. Depuis plus d’un demi-siècle, la plupart des pays d’Europe occidentale subissent une immigration massive mal contrôlée, voire pas contrôlée du tout. Au fil du temps, et avec l’instauration du regroupement familial, ces arrivées ont pris la forme d’une immigration de peuplement : en 2020, près d’un tiers des enfants nés en France avaient au moins un parent d’origine extra-européenne. En l’espace de quelques décennies, la France est ainsi devenue une société non pas tant multiculturelle que multiraciale.

         Paradoxalement, l’immigration rassemble aujourd’hui plus encore qu’elle ne divise. Toutes les enquêtes d’opinion dont on dispose montrent en effet qu’entre les deux tiers et les trois quarts des Français sont hostiles à l’immigration. Non par racisme (la société française est beaucoup moins raciste qu’il y a trente ou quarante ans), mais du fait des pathologies sociales associées au phénomène migratoire, notamment la délinquance et l’insécurité (la grande majorité des immigrés ne sont pas des délinquants, mais la grande majorité des délinquants sont issus de l’immigration), et parce que le « seuil de tolérance » a depuis longtemps été franchi. Cela signifie que de plus en plus de Français se sentent devenir eux-mêmes étrangers dans leur propre pays, parce qu’ils voient disparaître les modes de sociabilité qui étaient les leurs et qu’ils ne parviennent plus à se reconnaître dans la plupart des gens qu’ils côtoient.

         Bien conscients de cette évolution, rares sont désormais les partis politiques qui souhaitent toujours plus d’immigration. Il y a cependant au moins trois milieux qui y sont favorables : d’abord la majorité des libéraux, qui pratiquent la religion du libre-échange et militent traditionnellement pour la libre circulation des personnes et des biens, et donc pour la suppression des frontières. Le libéralisme n’envisageant les collectivités que comme des regroupements d’individus, l’immigration ne se définit à ses yeux que comme l’entrée sur un territoire donné d’un certain nombre d’individus qui choisissent de rejoindre d’autres individus. C’est ce qui permet aux libéraux d’affirmer que toutes les immigrations sont les mêmes, celles des populations sub-sahariennes comme celles de Italiens ou des Polonais. Le patronat, qui sait bien que l’immigration a toujours été l’armée de réserve du capital, appuie cette position : l’immigration à ses yeux se traduit par une simple augmentation du nombre des consommateurs et par l’arrivée d’une force de travail peu revendicative, ce qui favorise une pression à la baisse sur les salaires.

         Le deuxième milieu pro-immigration est celui des « humanitaires », qui pensent qu’il n’y a pas de problèmes que la « générosité » et l’amour désincarné ne puissent résoudre. Aspirant à la « communion universelle » capable de « surmonter toutes les barrières historiques et culturelles » dont parle l’encyclique Fratelli tutti, leurs armes favorites sont l’intimidation morale, l’appel à la repentance, la définition de l’accueil sans conditions comme devoir sacré, la victimologie compassionnelle et lacrymale – ce qui leur permet d’affirmer qu’ils incarnent l’empire du Bien. Il y a enfin une minorité plus radicale, qui en tient pour une conception « rédemptrice » de l’immigration, censée apporter un « sang neuf » à une société qui aurait besoin de plus « diversité », c’est-à-dire plus de métissage, et qui compte sur les immigrés pour subvertir et régénérer une France historique qui lui fait horreur.

         Le point commun de tous ces milieux est une adhésion inconditionnelle à l’idée d’une société « ouverte » (ou « inclusive »), dont l’objectif final est de remplacer un monde diversifié formé de peuples et de cultures relativement homogènes en un monde homogène formé de sociétés radicalement « créolisées ».

         Ma position est simple : comme la majorité des Français, je suis résolument hostile à l’immigration. À l’immigration, mais pas aux immigrés. À leur endroit, je n’ai aucune inimitié de principe, pas plus que je n’en ai pour leurs cultures d’origine ou pour les pays d’où ils proviennent. Je ne les tiens pas pour interchangeables, et je ne suis pas de ceux qui se réjouissent de voir un certain nombre d’entre eux se noyer en Méditerranée. Pierre Manent me disait récemment qu’il ne croyait ni à la laïcité, ni à l’assimilation, ni à la remigration. C’est aussi ma position.

    MONDE & VIE : Stephen Smith, à propos de l’abondance du flux migratoire en provenance de l’Afrique sub-saharienne, a pu parler, sans être démenti par personne, de « ruée vers l’Europe ». Est-ce la misère qui explique et qui justifierait l’immigration ? Quels sont dans les pays d’origine, ceux qui peuvent partir vers l’Europe ?

    ALAIN DE BENOIST. Au départ, la motivation est purement économique : il s’agit de trouver en Occident un travail mieux payé, fût-ce au prix d’une prise de risque vital. S’y ajoute l’illusion persistante, mais entretenue par la télévision, que l’Occident est un Eldorado. Sur place, bien sûr, on déchante – mais on reste. Cependant, de plus en plus d’immigrés invoquent aujourd’hui un motif familial plutôt qu’un motif de travail.

         Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les plus pauvres qui émigrent, mais plutôt des hommes appartenant à la fraction inférieure de la petite-bourgeoisie, souvent éduqués et parfois diplômés. Outre les dangers du parcours, qu’on aurait tort de négliger, la « ruée vers l’Europe » coûte cher (plusieurs milliers d’euros pour satisfaire aux seules exigences des passeurs). Il n’est pas rare que tout un village se cotise pour aider les candidats au départ. C’est une sorte d’investissement.

    MONDE & VIE : Que faut-il penser de ceux qui invoquent l’« État de droit » ou la Déclaration des droits de l’homme pour défendre une immigration sans limite ?

    ALAIN DE BENOIST. D’abord qu’il y a une certaine ironie à vouloir soutenir au nom des droits de l’homme des populations dont on nous dit par ailleurs qu’elles violent quotidiennement ces mêmes droits. Cela dit, on peut s’étonner de voir tant d’hommes « de droite » reprendre à leur compte sans état d’âme ces critiques directement héritées des Lumières, visant des mœurs « archaïques » ou « moyenâgeuses » qui sont exactement celles que l’on adressait autrefois aux sociétés traditionnelles et au catholicisme.

         Mais il y a aussi là un vrai problème de fond. Quand Michèle Tribalat dit qu’« on est passé d’une immigration de travail à une immigration fondée sur des droits », elle fait une observation qui va loin, bien que beaucoup ne s’en rendent pas compte. Autrefois, on cherchait à s’installer dans un autre pays pour toutes sortes de raisons. On déposait des demandes, on espérait être accepté, mais on ne faisait pas de l’immigration un « droit ». On ne disait pas : « Je veux rentrer chez vous parce que j’en ai bien le droit. » Ce glissement est lui aussi d’origine libérale : s’il n’y a que des individus et des « territoires », interchangeables les uns comme les autres, la libre circulation des personnes implique que n’importe qui peut s’installer où il veut.

         On touche par ailleurs ici à un autre aspect essentiel de la question. Beaucoup de gens s’imaginent qu’il suffirait, pour régler le problème des flux migratoires, de faire preuve de plus de volonté. C’est oublier que les politiques ont les mains liées par les juges, et qu’en dernière instance ce sont eux qui décident, et donc qui dirigent. Là encore, le libéralisme est fautif puisqu’il n’a jamais cessé de vouloir soumettre les souverainetés nationales et populaires à la « sur-souveraineté » des instances juridiques. C’est une décision de la Cour de justice de l’Union européenne, par exemple, qui a fait que le séjour irrégulier n’est plus un délit. De même est-ce le conseil d’État qui, en décembre 1978, a consacré le droit au regroupement familial que les pouvoirs publics voulaient limiter. Il ne fait pas de doute, pour prendre deux exemples simples, que si l’on décidait l’abolition du droit du sol ou que l’on décidait de ne plus admettre aucune demande d’asile sur le territoire français (les demandes devant obligatoirement être faites auprès des consulats dans les pays d’origine), les juges y mettraient pareillement leur veto.

    MONDE & VIE : M. Dupond-Moretti a expliqué naguère à la télévision, qu’il était pour l’immigration parce que grâce à elle il pouvait employer une femme de ménage à un prix abordable et trouver facilement un taxi. De quoi, selon vous, ce genre d’argumentation est-elle le symptôme ?

    ALAIN DE BENOIST. D’une forme typiquement postmoderne de néocolonialisme. Hier, on avait des « boys », aujourd’hui on a des livreurs de pizzas et des nounous à domicile. L’évolution des centres-villes en témoigne : à terme, on n’y trouvera plus que des bobos et des domestiques issus de l’immigration, convenablement exploités en toute bonne conscience au nom des lois du marché.

         C’est aussi une forme évidente de racisme de classe. Dans la France périphérique, les choses ne se passent pas comme ça. Les classes populaires, qui représentent près d’un Français sur deux, sont les plus hostiles à l’immigration parce que, contrairement aux habitants des beaux quartiers, ce sont elles qui en subissent de plein fouet les conséquences. Les classes populaires stigmatisées, les classes moyennes désaffiliées vivent aujourd’hui une triple insécurité : culturelle, politique et sociale. La sociabilité à la française est souvent leur seule référence culturelle, mais elles ont aussi besoin d’un État social et protecteur. C’est la raison pour laquelle le social et le culturel sont strictement indissociables dans leur hiérarchie d’attentes. C’est pour ne l’avoir pas compris qu’Éric Zemmour a perdu son pari, qui visait à réactiver le clivage gauche-droite, en abandonnant le social à la gauche.

    MONDE & VIE : Que pensez-vous de ceux qui entendent utiliser cette ruée démographique en défendant une immigration choisie (par les pays d’accueil) plutôt qu’une immigration sans contrôle ? Y a-t-il une autre solution que l’immigration choisie pour mettre fin au chaos migratoire que représentent les 500 000 migrants légaux et illégaux qui s’installent en France chaque année ?

    ALAIN DE BENOIST. Une immigration choisie est sans doute préférable à une immigration totalement incontrôlée. Mais choisie selon quels critères ? Il n’est que trop évident que ce seront des critères économiques, puisqu’aux yeux de la classe dominante l’immigration est avant tout un problème économique, et plus encore un problème « technique », étant donné que pour les libéraux les problèmes politiques ne sont en dernière analyse que des problèmes techniques. En termes clairs, on choisira les immigrés dont l’apport permettra de maximiser les profits du capitalisme libéral. Et du même coup, en écrémant les « meilleurs », c’est-à-dire les plus performants, on privera les pays d’origine d’un certain nombre d’élites dont ils auraient le plus grand besoin.

    MONDE & VIE : Pensez-vous que l’on puisse maîtriser le phénomène migratoire par une loi immigration, c’est-à-dire par un certain nombre de mesures issues de la technocratie étatique ?

    ALAIN DE BENOIST. Permettez-moi de vous rappeler que des « lois immigration », il y en a eu en moyenne une tous les deux ans depuis plus d’un demi-siècle, sans que le problème soit réglé pour autant. Cela montre que les pouvoirs publics ont toujours agi au coup par coup, en fonction des conjonctures économiques et des échéances électorales, en se bornant à répéter des pieux souhaits et des mantras. La vérité, comme le notait récemment le sociologue Smaïn Laacher, c’est qu’il n’y a jamais eu de doctrine française en matière d’immigration, doctrine dont on aurait pu déduire des principes et des règles d’action.

         Le problème, c’est que la mise au point d’une telle doctrine exigerait une véritable transformation des esprits. Pas de doctrine migratoire en l’absence d’une claire idée de ce qu’est un peuple (et non un agrégat d’individus), de ce qu’est un pays (et non un « territoire »), de ce qu’est une culture, une civilisation, une sociabilité spécifique, des valeurs partagées, etc. On en est plus loin que jamais.

    MONDE & VIE : L’Europe nous donne à voir un christianisme décomposé après une longue période de prospérité, en particulier missionnaire, et un islam recomposé après une longue léthargie. Quelle est la place du fait religieux dans le caractère anxiogène des flux migratoires aujourd’hui ?

    ALAIN DE BENOIST. Une place indéniable, mais qui n’est pas exempte de fantasmes. Qu’un grand nombre d’immigrés soient de religion musulmane complique évidemment les choses, surtout à un moment où l’on assiste au réveil d’un islamisme agressif dont l’actualité nous fournit des exemples quotidiens. Beaucoup interprètent cet islamisme comme synonyme de l’islam, ce qui reste à démontrer, et y voient un phénomène fondamentalement religieux, alors qu’à mon avis il s’agit d’un phénomène politique sous couvert d’habillage religieux.

         Vous êtes probablement de ceux qui estiment que le problème de l’immigration se réglerait beaucoup plus facilement si les nouveaux venus étaient catholiques, et non pas musulmans. Il y a du vrai dans cette opinion, mais il ne faut pas non plus la surestimer. Les États-Unis connaissent un problème d’immigration d’une ampleur redoutable, et pourtant la grande majorité de leurs immigrés sont des catholiques latinos. Tout centrer sur la religion revient à dire qu’un chrétien préfèrera toujours voir s’installer en France un Malien catholique plutôt qu’un athée norvégien, et qu’un païen préfèrera toujours voir s’y installer un animiste congolais plutôt qu’un catholique polonais ! On voit bien que ce genre de considérations ne mène pas bien loin. Il montre seulement que le problème de l’immigration ne peut pas se réduire exclusivement à des questions de croyance ou de religion.

    MONDE & VIE : Vous qui avez beaucoup réfléchi sur le problème de l’identité et qui republiez ces jours-ci votre ouvrage « Nous et les autres » aux éditions du Rocher, pensez-vous que dans cette crise migratoire l’Europe ait des valeurs à défendre ? Quelles sont-elles ? Comment pouvons-nous à nouveau dire « nous » et sur quels critères désignons-nous « les autres » ?

    ALAIN DE BENOIST. Pour répondre à cette question, il faudrait déjà s’étendre sur le périmètre de la « nostrité ». Qui est-ce « nous » dont vous parlez ? Les catholiques ? Les Français ? Les Européens ? Les Occidentaux ? L’Europe a certainement des valeurs à défendre, mais surtout une histoire et une personnalité à faire aimer. Malheureusement, le débat sur l’immigration s’enferme aujourd’hui dans une confrontation entre assimilation et intégration, universalisme et « communautarisme », qui n’est qu’une impasse. Le « communautarisme » que l’on pourfend au nom des « valeurs de la République » n’est qu’une caricature d’esprit communautarien, une manière inavouée de faire sécession pour mettre en place une contre-société. Les communautés véritables ne posent pas ce genre de problèmes, à commencer par la communauté juive, les communautés asiatiques, arméniennes, tamoules, etc., qui ont très bien su concilier particularismes et acceptation d’une nécessaire loi commune.

         Mon livre sur l’identité aborde ce vaste sujet sous toutes ses dimensions. Il montre que l’identité n’est jamais un sujet simple et que, sur la question de l’immigration, l’affirmation identitaire des nouveaux venus contraste singulièrement avec l’appauvrissement du sentiment d’identité en Europe. On dit souvent que les immigrés détestent la France. C’est en effet parfois le cas (pas toujours !). Mais l’idéologie dominante n’a-t-elle pas sa part de responsabilité dans cette détestation ? Écoutons plutôt Christophe Guilluy : « Quand on débarque de l’autre bout du monde, et qu’on nous dit que notre voisin est raciste, à moitié débile, à fond dans la consommation, son objectif de vie étant de bouffer et de regarder la télé, on ne va pas épouser ses valeurs ! »

    Alain de Benoist (Monde & Vie, janvier 2023)

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  • Immigration clandestine : l’heure des choix...

    Nous reproduisons ci-dessous un oint de vue de Paul Tormenen, cueilli sur Polémia et consacré aux choix politiques cruciaux en matière d'immigration clandestine.

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    Assaut de clandestins africains contre la frontière espagnole, le 24 juin 2022, à Melilla.

     

    Immigration clandestine : répartir ou renvoyer les migrants ? L’heure des choix

    Comment faire face à l’immigration clandestine extra-européenne toujours plus importante qui arrive dans le sud de l’Europe ? Vaut-il mieux l’organiser en la répartissant entre pays européens ou faut-il la dissuader en renvoyant les migrants en Afrique ? En fonction de l’objectif poursuivi, des pays européens ont adopté des politiques radicalement différentes en la matière. Les premiers enseignements que l’on peut en tirer montrent qu’il est pour l’heure plus facile de céder au business des passeurs que de tenter de l’arrêter en organisant des relocalisations de migrants en dehors de l’Europe.

    Une pression migratoire croissante

    Avec la fin des restrictions des déplacements internationaux et la crise alimentaire qui se profile en Afrique, les migrants clandestins sont de plus en plus nombreux à arriver en Europe.

    L’agence de garde-côtes et garde-frontières Frontex a recensé entre janvier et mai 2022 86 420 franchissements illégaux des frontières extérieures de l’U.E (1). Et encore, ce nombre, en progression de 82 % par rapport à 2021, ne prend en compte que les franchissements détectés par l’agence européenne. Il apparaît largement sous-évalué au regard des statistiques tenues par le HCR des Nations unies, notamment concernant le nombre de migrants arrivés clandestinement en Espagne (2).

    Il faut ajouter à ces recensements tous les extra-Européens arrivés légalement qui se maintiennent illégalement dans les pays de l’U.E. après l’expiration de leur titre de séjour. Un autre facteur contribue à l’augmentation constante du stock de clandestins présents en Europe : la forte progression du nombre des demandes d’asile déposées au sein des pays de l’U.E. Elles ont atteint 535 000 en 2021, soit 28 % de plus qu’en 2020 (3). Bien que la grande majorité d’entre elles soit rejetée, les déboutés de l’asile venus pour des raisons économiques restent ultra-majoritairement sur le territoire européen. Ainsi, en 2021, sur les 342 100 clandestins ayant reçu un ordre de quitter le territoire européen, seuls 82 700 sont effectivement partis du pays où ils se trouvaient, soit moins d’un sur quatre ! (4).

    Face à l’essor de l’immigration clandestine et des demandes d’asile, des pays européens ont pris des orientations radicalement différentes. Les uns ont choisi d’organiser une répartition entre pays européens des clandestins arrivés dans le sud de l’Europe, au risque de susciter de nouveaux départs des côtes africaines et turques. D’autres, moins nombreux, veulent dissuader les arrivées clandestines sur leur territoire en organisant la relocalisation de migrants en Afrique. Nous présentons ci-après un résumé de ces initiatives radicalement divergentes.

    La répartition et relocalisation des migrants en Europe

    L’immigration clandestine à destination de l’Europe transitant par la mer Méditerranée a pris une ampleur considérable depuis le début des années 2010. Au plus fort de ladite « crise migratoire » en 2015, la Grèce et dans une moindre mesure l’Italie ont été confrontées à un afflux massif de migrants. La Commission européenne et des chefs d’États de pays européens ont souhaité alléger la pression sur les pays de première entrée, non pas en renvoyant les clandestins chez eux, mais en organisant la relocalisation de migrants dans d’autres pays européens sur la base de quotas.

    En septembre de cette même année, le Conseil de l’Union européenne adoptait un mécanisme temporaire de répartition et de relocalisation de 160 000 demandeurs d’asile présents dans le sud de l’Europe dans les différents pays composant l’Union européenne (5).

    Au terme de cet accord, fin 2017, seuls deux pays européens ont rempli les objectifs quantitatifs de relocalisation de migrants qui leur étaient assignés (6). Mais les foudres de la Commission européenne se sont portées sur trois pays en particulier : la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. En avril 2020, ces trois pays étaient condamnés pour non-respect de leurs quotas d’accueil de migrants par la Cour de justice de l’Union européenne (7).

    Quatre ans plus tard, en septembre 2019, un préaccord sur un « mécanisme européen de répartition » était conclu entre neuf pays membres de l’U.E. à Malte. Celui-ci visait à répartir et à relocaliser des migrants arrivés clandestinement dans les pays du sud de l’Europe par la mer Méditerranée centrale (8). Néanmoins, les négociations n’ont pas permis d’obtenir un accord pérenne, qui s’appliquerait à tous les débarquements de clandestins en Europe. Cela n’a pour autant pas empêché que de nombreuses répartitions et relocalisations de migrants aient depuis été organisées à partir de l’Italie et de la Grèce, la France étant l’un des plus pays acceptant de relocaliser le plus de migrants (9).

    D’autres opérations de grande envergure ont été organisées, notamment la relocalisation de 1 600 jeunes migrants en mars 2020 suivie de celle de plus 4 000 clandestins présents en Grèce en juin de cette même année (10).

    Le nouveau pacte européen sur les migrations et l’asile « avance »

    Sous la présidence française du Conseil de l’U.E., les négociations sur le nouveau pacte européen sur les migrations et l’asile ont franchi une nouvelle étape. À l’occasion d’une réunion organisée le 10 juin 2022 à Luxembourg, les ministres de l’Intérieur des 27 pays composant l’Union européenne sont parvenus à un accord sur un nouveau « mécanisme de solidarité » entre pays membres de l’U.E (11).

    Celui-ci va rapidement aboutir à la répartition et à la relocalisation de migrants arrivés clandestinement en Grèce, en Italie, en Espagne, à Chypre et à Malte vers d’autres pays européens plus au nord, afin de les « soulager » de la charge migratoire. 10 000 demandeurs d’asile seront concernés la première année.

    L’accord appelé « plateforme de solidarité » doit être défini dans ses aspects opérationnels dans les prochains jours. Selon les premières informations qui ont filtré de la réunion du Conseil de l’U.E., cette répartition de migrants se fera sur la base du volontariat. Une douzaine de pays, dont la France et l’Allemagne, ont manifesté leur volonté d’accueillir des migrants avec ce mécanisme. Les pays qui ne participeront pas aux répartitions devront pour leur part apporter une contribution financière ou en personnel à la gestion des frontières de l’U.E.

    Le nombre de 10 000 migrants répartis entre pays européens volontaires la première année de l’entrée en vigueur de l’accord pourrait très rapidement augmenter les années suivantes. Tant la Commission européenne, les pays favorables à l’accueil des clandestins et les pays de premier accueil ignorent superbement l’opinion publique, majoritairement opposée à l’immigration clandestine. Le nombre croissant d’arrivées par la mer dans le sud de l’Europe et la situation totalement chaotique dans les zones où accostent les bateaux chargés de migrants (Lampedusa, Canaries, etc.) ne manqueront pas d’être invoqués par les pays de premier accueil pour faire accepter le « toujours plus » : toujours plus d’immigration clandestine, toujours plus de répartition et de relocalisation de migrants.

    Mais, au-delà de ces éléments, avec ce mécanisme pérenne de relocalisation, c’est désormais un circuit complet de migration clandestine qui est organisé des côtes turques et africaines jusqu’aux différents pays européens, avec la demande d’asile comme précieux sésame.

    Certains dirigeants européens ne s’y sont pas trompés : le ministre autrichien de l’Intérieur a déclaré à l’issue de la réunion du 10 juin à Luxembourg refuser d’envoyer un « mauvais signal aux passeurs ». Son homologue néerlandais a également décliné la participation de son pays à cette répartition car il estime que son système d’asile est déjà sous tension.

    Toutes ces considérations réalistes n’ont bien évidemment pas ébranlé les convictions des immigrationnistes les plus ultra, la commissaire européenne aux affaires européennes, Ylva Johansson, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz en tête.

    Si certains gouvernements de pays européens ont choisi d’avaliser l’immigration clandestine, d’autres ont pris une direction radicalement opposée. Partant du constat que leur niveau de vie et les aides sociales sont un puissant facteur d’attraction, ils ont décidé d’envoyer un signal fort aux clandestins : si vous arrivez chez nous clandestinement, nous vous expulserons dans un pays africain. Quand certains pays envoient un puissant push factor aux migrants, un signal positif entraînant un appel d’air, pour d’autres, il s’agit de mettre en place un pull factor, un facteur de répulsion visant à dissuader les clandestins de venir chez eux.

    Les tentatives de relocalisation de migrants dans des centres d’asile en dehors de l’Europe ne sont pas nouvelles. Le gouvernement danois a en été un précurseur. En 1986, il proposait l’instruction des demandes d’asile dans des centres régionaux gérés par les Nations unies. En 1994, les autorités néerlandaises présentaient à l’Union européenne un projet de création de centres de traitement des demandes d’asile à proximité des pays de départ des migrants. En 2004, les négociations menées par le Premier ministre britannique de l’époque, Tony Blair, avec la Tanzanie pour que ce pays instruise les demandes d’asile n’ont, comme les autres démarches précédemment citées, pas abouti. Mais les événements semblent se bousculer en cette année 2022.

    Objectif « zéro demandeur d’asile » au Danemark

    Au début de l’année 2021, le Premier ministre danois annonçait son souhait d’atteindre « zéro demandeur d’asile » pour le motif qu’un trop grand nombre de migrants remet en cause la cohésion sociale du pays (12). Quelques mois plus tard, le 3 juin, le Parlement danois adoptait un amendement législatif autorisant le transfert des demandeurs d’asile vers un pays extérieur de l’Union européenne, tant pour l’instruction de leurs demandes que pour la prise en charge des bénéficiaires de la protection internationale (13). Lors d’une visite au Rwanda en avril 2022, le représentant du gouvernement danois signait deux accords de coopération en matière d’asile et de migration avec l’État rwandais, afin de mettre en œuvre la nouvelle loi (14).

    Cette initiative a été très fortement critiquée par la Commission européenne (15). Des organisations et des juristes pro-migrants estiment que la Cour européenne des droits de l’homme empêchera le gouvernement danois d’organiser des relocalisations de migrants au Rwanda, en dépit de la réserve (opt-out) du Danemark aux dispositions de l’U.E. sur l’asile (16). Force est de constater qu’un an après l’adoption de la nouvelle disposition le permettant, les autorités danoises n’ont à ce jour relocalisé aucun migrant au Rwanda.

    Le Royaume-Uni prêt à relocaliser « sans limite »

    Le Royaume-Uni souhaite depuis plusieurs années mettre un terme aux arrivées incessantes de clandestins sur son territoire par le détroit de la Manche. Le ministère de l’Intérieur britannique déplore que « les filières d’immigration clandestine amènent des migrants économiques dans le dispositif de l’asile, ce qui ne nous permet pas d’accueillir comme il faudrait ceux qui en ont réellement besoin » (17).

    En dépit du renforcement considérable des moyens mis en œuvre pour stopper l’immigration clandestine, les résultats sont plus que mauvais. Partant de ce constat, le 14 avril 2022, le Royaume-Uni et la Rwanda dévoilaient le contenu d’un accord de partenariat migratoire et économique. Celui-ci prévoit pour les migrants qui arrivent au Royaume-Uni par des « méthodes illégales et dangereuses » leur relocalisation au Rwanda, où ils pourront déposer une demande d’asile. Les déboutés pourront rester au Rwanda ou être raccompagnés dans leur pays. Le nombre de personnes pouvant être relocalisées est selon le gouvernement britannique « sans limite », bien qu’il s’inscrive dans un cadre juridique et financier contraint.

    Un premier vol à destination du Rwanda devait partir du Royaume-Uni le 14 juin dernier, avec à son bord 37 migrants. Mais, au fur et à mesure que le jour du départ approchait, les associations pro-migrants et un syndicat de la fonction publique ont multiplié les recours devant la justice britannique pour empêcher le retour forcé des migrants (18). L’estocade finale est venue de la Cour européenne des droits de l’homme qui, par une mesure d’urgence, a stoppé l’expulsion d’un migrant irakien, au motif de l’obligation pour la justice britannique d’examiner la légalité du projet de loi sur le renvoi des migrants (19). Faute d’un nombre suffisant de migrants pouvant être renvoyés immédiatement, le vol vers l’Afrique a été annulé. La cheffe de la diplomatie britannique, Liz Truss, n’a pour autant pas cédé au découragement : « Il y aura des personnes sur ces vols et si elles ne sont pas sur ce vol, elles seront sur le suivant. »

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    D’un strict point de vue numérique, le bilan actuel de ces deux expériences, la répartition et relocalisation de migrants entre pays européens d’une part, et leur renvoi dans un pays tiers à l’U.E. d’autre part, est sans appel. Alors que des dizaines de milliers de clandestins ont bénéficié depuis le milieu des années 2010 de leur relocalisation dans un pays européen, aucun migrant n’a été relocalisé dans un pays tiers dans le cadre des accords bilatéraux conclus par le Danemark et le Royaume-Uni.

    Le lobby immigrationniste évoque des obstacles juridiques insurmontables pour envoyer les migrants dans un pays extérieur à l’Union européenne. La convention européenne des droits de l’homme et la convention de 1951 sur l’asile, ratifiées tant par le Danemark que par le Royaume-Uni, ne manqueront pas d’être utilisées dans le cadre de recours contre les décisions d’éloignement futures.

    Il est cependant utile de rappeler que la Commission européenne elle-même a conclu un accord de relocalisation de migrants en dehors de l’Union européenne. En mars 2016, l’U.E. et la Turquie s’entendaient pour « réinstaller un Syrien depuis la Turquie pour tout Syrien réadmis par la Turquie après être arrivé illégalement dans l’une des îles grecques » (20).

    D’autres exemples montrent que la relocalisation de migrants dans un pays tiers est du domaine du réalisable. Depuis 2013, l’Australie envoie en Papouasie-Nouvelle Guinée, avec un effet dissuasif incontestable, les migrants se dirigeant clandestinement vers ses côtes. L’État d’Israël a envoyé entre 2014 et 2017 près de 4 000 migrants en Ouganda et au Rwanda.

    Entre les pays européens qui font le choix de pérenniser l’immigration clandestine et ceux qui cherchent, non sans difficultés, à la freiner voire à l’arrêter, le fossé est immense. L’avenir dira si les gouvernements danois et britanniques arriveront à décourager les arrivées illégales et jusqu’où ils sont prêts à aller pour y parvenir. Pour le Royaume-Uni en particulier, l’urgence et l’ampleur des flux migratoires pourraient précipiter les événements. On peut également espérer que l’appel d’air suscité par le mécanisme de relocalisation de migrants entre pays européens volontaires amène ces derniers à y mettre un terme, si tant est qu’il reste un peu de rationalité chez nos dirigeants… Mais, dans ce domaine-là, rien n’est moins sûr.

    Paul Tormenen
    29/06/1989

     

    Notes :

    (1) « EU external borders in May: Detections in Western Balkan region more than double ». Frontex. 13 juin 2022.
    (2) Operational data portal. UN HCR. Arrivées par la mer en 2022. Espagne.
    (3) Annual asylum statistics. Eurostat. 2021.
    (4) Enforcement of immigration legislation statistics. Eurostat. 2021.
    (5) « Asile, relocalisation et retour des migrants : il est temps de renforcer la lutte contre les disparités entre les objectifs et les résultats ». Cour des comptes européenne. 2019.
    (6) « “Relocalisation” des migrants en Europe : quels pays ont tenu leurs engagements ? ». Le Monde. 26 septembre 2017.
    (7) « Accueil des réfugiés : la Pologne, la Hongrie et la République tchèque ont enfreint le droit de l’UE ». InfoMigrants. 2 avril 2020.
    (8) « Comment fonctionne le “mécanisme européen de répartition” des migrants secourus en mer ? ». InfoMigrants. 20 janvier 2020.
    (9) « Participation de l’OFII en 2021 aux missions de relocalisations de migrants ». OFII. 29 mars 2022.
    (10) « Migrations : la Commission prend des mesures en vue de trouver des solutions pour les enfants migrants non accompagnés se trouvant sur les îles grecques ». Commission européenne. 6 mars 2020.
    (11) Communiqué du Conseil européen sur le Conseil “Justice et affaires intérieures”, 9-10 juin 2022.
    (12) « Danish Prime Minister Sets Target of Zero Asylum Seekers to Protect Social Cohesion ». Breitbart. 23 janvier 2021.
    (13) « Forslagtil Lov om ændring af udlændingeloven ». Gouvernement danois. 29 avril 2021.
    (14) « Statement on cooperation agreements with Denmark ». Site de la république du Rwanda. Avril 2021.
    (15) « #TimeToDeliverMigrationEU- Sending applicants for international protection outside the European Union is a bad idea ». Ylva Johansson. 18 juin 2021.
    (16) « The Danish opt-outs from EU cooperation ». Site du gouvernement danois.
    (17) « Factsheet: Migration and Economic Development Partnership ». Home Office (U.K.). 14 avril 2022.
    (18) « Les associations jettent leurs dernières forces dans des recours pour empêcher l’expulsion de migrants vers le Rwanda ». InfoMigrants. 13 juin 2022.
    (19) « The European Court grants urgent interim measure in case concerning asylumseeker’s imminent removal from the UK to Rwanda ». Communiqué de presse. CEDH. 14 juin 2022.
    (20) « Relocalisation et réinstallation : les États membres de l’UE doivent agir d’urgence ». Commission européenne. 12 avril 2016.

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