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progrès

  • Une encyclopédie des nuisances...

    Les Éditions de l'Encyclopédie des nuisances viennent de rééditer en un volume les quinze numéros de la revue L'Encyclopédie des nuisances publiée entre 1984 et 1992 sous la direction de Jaime Semprun.

    Traducteur et éditeur, influencé par Guy Debord et le situationnisme, Jaime Semprun (1947-2010) a notamment publié L'abîme se repeuple (Encyclopédie des nuisances, 1997), Défense et illustration de la novlangue française (Encyclopédie des nuisances, 2005) et, conjointement avec René Riesel, Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable (Encyclopédie des nuisances, 2008).

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    " A l'initiative de Jaime Semprun qui en fut le maître d'oeuvre et le principal rédacteur, le projet d'une Encyclopédie de nuisances devait contribuer à "redonner tout son emploi historique à la négation passionnée des chaînes de la superstition et de la hiérarchie" qui animait les encyclopédistes du XVIIIème siècle. Renversant leur perspective, ce Dictionnaire de la déraison dans les arts, les sciences et les métiers se donnait pour but de réarmer la critique de la superstition techno-scientifique devenue hégémonique, ainsi que la révolte contre toutes les hiérarchies qui en procédaient, unifiées dans un nouvel absolutisme bureaucratique, synonyme de progrès. Le lecteur pourra juger sur pièces que ce qui pouvait alors sembler excessif aux esprits timorés est devenu, en ces sombres jours où la déraison menace sans équivoque la vie sur terre, d'une évidence éclatante et a rendu d'autant plus impérieuse la nécessité de s'y opposer. Ce volume regroupe les quinze numéros de la revue Encyclopédie des Nuisances, parus entre 1984 et 1992, et les prospectus annonçant respectivement la publication du premier tome en novembre 1984 et celle du second en novembre 1989. Nous y avons adjoint un index des noms cités. "

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  • Anachronismes...

    Les éditions Ovadia viennent de publier un nouvel essai de Baptiste Rappin intitulé Anachronismes - Éléments pour une philosophie de l'intempestivité.

    Philosophe, Baptiste Rappin a concentré sa réflexion sur les implications de la révolution managériale dans nos sociétés contemporaine et est l'auteur de plusieurs essais sur le sujet, dont De l'exception permanente (Ovadia, 2018) et Abécédaire de la déconstruction (Ovadia, 2021). Il a également publié un recueil de pensées et d'aphorismes intitulé Pétales pour une fleur de lys d’or (Ovadia, 2022).

    Le numéro 71 de la revue Nouvelle Ecole a publié un article d'introduction à la pensée de cet auteur important sous la plume de Francis Moury.

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    " Est anachronique ce qui est contraire à la chronologie, c’est-à-dire à la raison du temps ou encore, dans le cadre de la société industrielle, à l’irrésistible marche en avant du Progrès. Les présents Anachronismes exposent ainsi une série de huit contresens historiques, non pas dans la mesure où ils entretiendraient maladroitement une certaine confusion des époques, mais parce qu’ils explorent volontairement des directions contraires à l’esprit du temps. Au bon sens communément admis, ils opposent des interprétations, des explicitations et des déchiffrages qui, invariablement, recherchent une forme de désajustement du contemporain. Ce faisant, ils favorisent l’avènement d’une pensée de l’intempestivité. "

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  • Les croyances de luxe...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de du psychologue Maxence Carsana cueilli sur Figaro Vox et consacré aux "croyances de luxe " des classes dominantes...

     

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    « La croyance de luxe, ou la nouvelle stratégie de distinction de nos élites »

    L'analyse des motivations des élites passe souvent par celle de leurs intérêts économiques mais cela est insuffisant pour expliquer le maintien de décisions peu rentables. Pourquoi tant d'entreprises prennent-elles un virage woke alors que le public semble ne pas suivre ? On se souvient de la campagne publicitaire désastreuse de Gillette en 2019 expliquant aux hommes ce qu'est la masculinité ou, plus récemment, de l'annonce du niveau des revenus de Victoria's secret au plus bas depuis 2020 à la suite de sa campagne inclusive.

    Pourquoi tant de films et de séries devancent-ils les demandes des spectateurs en termes d'inclusivité, quitte à arrêter une série avant sa fin par manque de rentabilité ? En ne prenant que quelques exemples : le film d'animation Buzz l'éclair est boudé par le public. Le reboot de SOS Fantômes est un échec cuisant. L'idée de faire des suites à d'anciennes franchises n'est pourtant pas le fond du problème. En témoigne l'immense succès de Top Gun : Maverick juste à la sortie du Covid. Au niveau des séries, Cowboy Bebop est annulé et l'avenir de Velma semble incertain, suscitant des commentaires acerbes de la part de leurs réalisateurs respectifs vis-à-vis de la réponse du public. Une rupture semble exister entre les ambitions des créateurs et les attentes du public. Le cinéma français ne fait pas exception à cette tendance et profite de généreuses subventions publiques pour survivre (1,7 milliard d'euros en 2022, soit 31 % de son financement).

    Pourquoi l'école s'interroge sur de potentielles réformes permissives alors que les résultats ne cessent de chuter ? D'après certains experts, pourquoi ne pas directement simplifier l'orthographe, supprimer l'accord du participe passé ou carrément supprimer les notes ? Pour comprendre ce décalage récurrent, il faut réaliser que l'analyse économique possède un angle mort : l'argent n'est en réalité qu'un mode de transaction parmi d'autres et n'est même pas le plus important pour une certaine élite progressiste.

    Les membres de cette élite, via leurs relais médiatiques, sont les premiers à remettre en question la famille traditionnelle, l'intérêt du mariage, à encourager la permissivité dans l'école publique, à l'accueil d'une immigration massive, au désarmement de la police, à l'écologie punitive, etc. Ils sont également les premiers à moins divorcer, à mettre leurs enfants dans le privé, à habiter loin des zones défavorisées dans des lieux préservés et à voyager régulièrement en avion. Ce n'est pas uniquement une affaire d'hypocrisie. Le prestige est la monnaie la plus importante de l'économie de cette élite. Dans une société de l'abondance matérielle généralisée, il ne suffit plus d'avoir le chauffage, l'électricité, des vêtements de qualité ou une Rolex, il faut trouver un autre moyen de se démarquer des autres classes et de ses concurrents au sein de la même classe. Et cette solution, c'est ce que Rob Henderson, essayiste et docteur en psychologie de l'Université de Cambridge, nomme une «croyance de luxe».

    Plus l'incarnation d'une idée coûte potentiellement cher à son porteur, plus elle est prestigieuse. Le summum du prestige, c'est de professer des idées dont seul un statut social élevé permet d'en éviter les conséquences. Ainsi, en professant publiquement certaines croyances, on signale indirectement notre appartenance à une élite et on renforce la hiérarchie sociale. Cela permet d'une certaine manière de fermer la porte derrière soi. Quiconque tenterait de faire la même chose sans avoir cette position et ces moyens en paiera tôt ou tard les conséquences et restera pauvre. L'altruisme ostentatoire est un luxe que peu peuvent se payer. Ce qui caractérise ces idées n'est pas leur sujet mais l'opulence qu'elles suggèrent. Elles sont donc susceptibles de prendre des formes différentes selon les époques et la culture dominante en place. L'ascétisme est par exemple toujours plus à la mode dans les classes supérieures car pour pouvoir se priver, encore faut-il déjà posséder plus que le nécessaire. Ces croyances de luxe ne sont pas forcément conscientes ni même motivées par de mauvaises intentions, c'est même rarement le cas. Elles font d'une certaine manière partie du capital culturel d'un milieu éloignée de la nécessité.

    Le psychiatre Theodore Dalrymple a déjà observé cette démission morale des élites dans Life at the bottom (2001). Ces valeurs aujourd'hui jugées «conservatrices», et si souvent attaquées - la common decency chère à Orwell - structuraient la vie des moins favorisés pour qui l'argent ne permet pas de combler l'absence d'une famille stable et d'une communauté unie. Pire qu'un abandon, ce clivage entre les classes ne cesse de s'agrandir avec le temps.

    Prenons le cas de l'immigration : d'après les sociologues médiatiques, le Français périphérique qui n'a pas fait beaucoup d'études vote souvent RN. On explique alors cette différence par des préjugés, un manque d'ouverture et, à demi-mot, un manque de raffinement. Ils n'ont jamais compris le sens de la corrélation. C'est parce qu'il n'a pas le luxe de pouvoir déménager quand son quartier devient invivable ou qu'un autocar de migrants débarque dans son village depuis Paris que notre Français moyen se montre intolérant. Il n'aura pas droit à une seconde chance en cas d'erreur et il le sait très bien. Il ne s'agit pas de gentillesse ni de sainteté pour la classe dominante mais d'une démonstration de force, un potlatch moral. Cette observation se décline pour presque tous les sujets clivants qui opposent le haut et le bas de la société.

    Quel est le rôle du milieu social dans ce phénomène ? Les classes populaires, elles, vivent en dehors de l'économie de la création culturelle. Elles subissent passivement les «progrès» de leur temps. Et même si elles décident de désapprouver un point et veulent vivre selon d'autres principes, leurs enfants sont exposés à ces idées par les agents de la classe moyenne que sont les professeurs et les fonctionnaires. Ceux-ci les appliqueront avec d'autant plus de ferveur qu'ils croiront encore dans l'ascenseur social et ce, même s’ils doivent le payer très cher. En arborant les mêmes croyances que la classe à laquelle ils s'identifient, ils s'approprient une partie de son prestige. Un peu comme un enfant espère inconsciemment associer à sa personne l'aura de sa star de football favorite en portant son maillot.

    Ce ruissellement de vertu ostentatoire depuis les élites fabrique une spirale infernale au fur et à mesure que toutes les couches de la société se mettent à copier des idées coûteuses alors qu'elles ne peuvent pas totalement en assumer le coût. Collectivement, nous contribuons à la formation de futures crises car le gain social immédiat pour notre situation nous semble plus important que les conséquences à venir. Une large partie de la bourgeoisie urbaine, devant maintenir son prestige, doit sans cesse professer des idées toujours plus coûteuses et délirantes pour se démarquer de la classe moyenne qui cherche à la rejoindre. Ainsi, le système se déplace toujours plus vers un altruisme maladif (c'est-à-dire, la forme la plus commune que prennent les croyances de luxe) jusqu'à l'effondrement.

    Quelle solution ? Nous pouvons toujours espérer que les hérauts de ces croyances de luxe prennent de nouveau conscience du rôle de guide qu'elles occupent mais cela paraît peu probable. L'alternative pour enrayer cette machine semble être de redonner ses lettres de noblesse à la décence commune, de récuser l'attaque facile de «populisme» et de neutraliser le prestige associé aux déclarations de la classe dominante. Dans une économie symbolique différente, la partie médiatique et progressiste de la classe dominante en place et ses alliés n'auront plus autant de raison de s'accrocher à leurs idées ostentatoires et irréalistes, ou alors céderont naturellement la place à de nouveaux prétendants du même milieu plus en phase avec les besoins des classes populaires. Lorsque les élites seront directement touchées par les conséquences de leurs idées, peut-être arriveront-elles à reconsidérer leur position que doit subir pour l'instant la majorité moins aisée de la population.

    (Figaro Vox, 30 octobre 2023)

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  • Malaise dans la science...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier dans leur collection Krisis un essai de Denis Collin intitulé Malaise dans la science. Agrégé de philosophie et docteur ès lettres, Denis Collin est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à la philosophie, à la morale et à la pensée politique, dont Introduction à la pensée de Marx (Seuil, 2018) et Après la gauche (Perspective libres, 2018).

     

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    " « Qui aurait pu imaginer qu’on se donnerait un jour l’objectif de changer radicalement la nature de l’homme, qu’autrefois on se contentait de vouloir éduquer ? » Si la crise du Covid a bien montré quelque chose, c’est la soumission généralisée de l’homme au règne de l’appareil de la médecine. Certes la révolution scientifique a contribué à améliorer la qualité de la vie, mais elle s’est  d’autant plus érigée en « nouvelle religion ». Cela a aussi donné naissance au mythe de l’homme remplaçable et permis de trouver de nouvelles voies pour l’accumulation du capital.

    Dans cet essai enlevé, Denis Collin s’attaque à ce nouveau dogmatisme imposé par une partie des scientifiques pour domestiquer l’homme moderne et apporte une réflexion déterminante sur la place de cette science déshumanisante ainsi que sur ses limites. Au vu de ces « progrès », comment ne pas nourrir des regrets ? "

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  • Face au progrès...

    Les éditions de L'escargot viennent de publier un essai de Laurent Ottavi intitulé Christopher Lasch face au progrès. Journaliste, Laurent Ottavi collabore au magazine Marianne.

     

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    " L'œuvre de l’américain Christopher Lasch (1932-1994) gagne en lucidité à mesure que se confirment ses intuitions sur l’idée de Progrès. Un effondrement successif de cette croyance en un avenir toujours plus radieux, utopie initiée par les libéraux écossais, avait fait s’interroger l’historien sur la cécité de ses contemporains. Les évidences les plus massives, s’étonnait-il, auraient dû les conduire à abandonner cette chimère dès les premiers vacillements.

    Lasch a ainsi rédigé une œuvre totale. Du surgissement des gilets jaunes à l’élection de Donald Trump, des mouvements féministes aux manifestations antiracistes, l’américain anticipe une quantité de mécanismes socio-politiques majeurs des dernières décennies. En puisant notamment à la source de ses racines familiales et du passé égalitaire méconnu des États-Unis, le critique social parvient à bâtir ce qu’il nomme « une sensibilité populiste », la meilleure façon de tourner la page du capitalisme.

    L’ouvrage présent, nourri par des articles de l’historien inédits en français, met à portée une œuvre dense et complexe. Avec un style clair et passionné, Laurent Ottavi retrace les échecs imprévus de cette idéologie et en dévoile les fractures inédites, la plus flagrante étant celle entre les peuples et leurs élites. Dans cet essai majeur sur la pensée de l’historien américain, le projet laschien se dessine en creux : retrouver des limites, cultiver la vie intérieure et la vie publique, nourrir les liens de fidélité, de solidarité, de transmission, de courage et d’indépendance. "

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  • L'idéologie du progrès...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », Rémi Soulié, pour évoquer l'idéologie du progrès, reçoit l’historien Olivier Dard et le juriste Frédéric Rouvillois, qui ont codirigé avec Christophe Boutin le Dictionnaire du progressisme (Cerf, 2022), ainsi que Michel Geoffroy qui a récemment publié Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021).

     

                                            

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