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politique de la ville

  • Bienvenue à Beyrouth-sur-Loire...

    "La Justice, c'est de la merde en barre. La plupart des gens n'en ont rien à foutre de la Justice. Tout ce qu'ils veulent, c'est du pognon, et tant qu'il y a le pognon, ils s'en tapent du reste. Alors comme il existe malheureusement des types qui tueraient père et mère pour un peu de pognon, on prend d'autres types comme moi pour faire en sorte que monsieur-tout-le-monde puisse faire pisser son chien le soir sans se faire égorger trop vite. Ou que son marmot aille à l'école sans se faire enlever contre une demande de rançon, ou pour lui extraire un oeil ou un rein, ou pour se retrouver dans un porno pédophile bien crade. C'est un équilibre permanent et précaire entre la merde totale, la jungle cannibale et le petit confort moderne. Je suis juste un éboueur, ma pauvre Rachel, j'évacue la merde vite fait sous le tapis avant que les invités ne s'en rendent compte, mais grâce à Dieu, ça fait un bout de temps que je ne crois plus en une connerie comme la Justice."

     

    Les éditions Auda Isarn ont eu la judicieuse idée de rééditer, dans une version corrigée et réactualisée, l'excellent, polar de Pierric Guittaut, intitulé Beyrouth-sur-Loire, et premier volet d'une Trilogie française, qui avait été publié initialement en 2010 chez un éditeur aujourd'hui disparu.

    Écrivain et chroniqueur pour les revues Éléments et Réfléchir & Agir, Pierric Guittaut est déjà l'auteur de plusieurs romans et polars dont La fille de la pluie (Gallimard, 2013), D'ombres et de de flammes (Gallimard, 2016), Ma douleur est sauvagerie (Les Arènes, 2019) et Docteur Geikil & Mister Hussard (Auda Isarn, 2020), ainsi que d'une enquête consacrée à la Bête du Gévaudan, La Dévoreuse (De Borée, 2017).

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    " Bienvenue à Beyrouth-sur-Loire, 100 000 habitants. La campagne municipale enflamme le tissu associatif et politique. Louis Berthomier, hussard du BTP, entend se faire réélire dans ce fief historique de la gauche mais Sylvaine Lecat rêve de revanche depuis son fauteuil au Conseil général.

    Soudain, une série de meurtres endeuille les quartiers Nord. Des petites frappes locales sont assassinées les unes après les autres. Qui tue, et pourquoi ? Les lieutenants de police Antoine Carpentel et Michel Jeddoun mènent l’enquête. Le premier nourrit une ambition quasi-maladive tandis que le second remâche les vieux souvenirs de la guerre civile qui a broyé son Liban natal. Les charognards se disputent le cadavre en décomposition de la Politique de la Ville et corruption, violence et émeutes sont au menu…

    À l’occasion des dix ans de sa parution originale, Auda Isarn vous propose de redécouvrir le premier polar de Pierric Guittaut dans une version corrigée et réactualisée, premier tome d’une trilogie sans concession sur le corps social en état de mort cérébrale de ce qui fut autrefois la France. "

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  • Radouane Lakdim, le quartier Ozanam et la politique de la ville...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur Atlantico et consacré au quartier Ozanam de Carcassonne, dont le terroriste islamiste Radouane Lakdim est un pur produit...

     Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et a également coordonné l'ouvrage collectif intitulé La première cyber-guerre mondiale ? (Eska, 2015).

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    Opération de police dans le quartier Ozanam après l'attaque terroriste de Trèbes

     

    Le lieutenant-colonel Beltrame égorgé par Radouane Ladkim ET victime de la "Politique de la Ville"

    On entend d'ici les pleureuses, "flocons de neige" et indignés à répétition, trépigner et attiser une de leurs fameuses tornades morales. Qu'ils prennent plutôt le temps de lire et méditer ce qui suit - dans l'intérêt même de leur propre sécurité, argument qui devrait les séduire.

    24 mars matinée : l'hybride racaille-salafiste Radouane Lakdim vient d'assassiner quatre innocents et d'en blesser 15 autres. Des journalistes affluent à la cité Ozanam de Carcassonne, dont Lakdim est un pur produit. Réaction de la milice narco-islamiste locale "Casse-toi, je vais t'éclater"... "Barre-toi d'ici ou je te casse les jambes". Regards haineux ; des journalistes sont molestés, leur matériel, volé. Milice vraiment ? Oui : "Toutes les issues sont contrôlées... Les journalistes fuient... des jeunes les poursuivent à bord d'un véhicule"...

    Une "retraitée" [décodeur : l'ultime Française du coin] : "Une minorité pourrit le quartier... Ils ont pris le pouvoir". Notons que tout ceci provient de la notoirement bienséante France-Info.

    Ozanam, cloaque en sécession, coup de tonnerre dans un ciel bleu ? Non : le 30 juillet 2012, une association d'habitants du lieu écrit au président de la République (les pauvres, c'était Hollande...), au ministre de l'Intérieur, etc. (La Dépêche, 12/08/2012) Ces habitants veulent juste "vivre en paix". Or au quotidien, disent-ils, agressions de citoyens et de policiers... cambriolages... rodéos... vols dans les véhicules... trafics multiples... Le programme de réhabilitation urbaine d'Ozanam et autres coupe-gorge devait apaiser le climat ? A Ozanam en tout cas "le résultat est moins probant" [Décodeur : total échec]. Précision : ces habitants avaient déjà appelé au secours en 2008 - ce qui fait bientôt dix ans.

    Accélérateur avant. Que fait-on aujourd'hui pour nettoyer ces repaires de trafiquants, d'islamistes et d'assassins-terroristes ? (Coulibaly N°1, de l'Hyper-Cacher, venait de la Grande-Borne, célèbre cité hors-contrôle de l'Essonne). Lisons (décembre 2017) le "Contrat de ville de Carcassonne, appel à projets 2018" (il figure sur Internet).

    Bienvenue dans le gentil petit monde de la Politique de la Ville. Pas d'islamistes ! Nuls trafiquants de drogue ! Ni bandes, ni racailles.

    Mais procédons par ordre :

    1 - La Conte-Ozanam est bien un "Quartier prioritaire de la politique de la ville". Le confirme, le décret N°2014-1750 du 30/12/2014.

    2 - L'assassin et terroriste Redouane Lakdim est bien un pur produit d'Ozanam.

    3 - "Contrat de ville" : 16 bonnes fées se sont penchées sur son berceau : Carcassonne-Agglo - L'Etat (CGET) - Ville de Carcassonne - Conseil départemental de l'Aude - Conseil régional d'Occitanie - Ministère de la Justice - Pôle-Emploi - Caisse d'allocations familiales de l'Aude - Direction académique de l'Aude - Agence régionale de la santé - Caisse primaire d'assurance-maladie - Caisse des dépôts et consignations - Chambre des métiers de d'artisanat de l'Aude - Chambre de commerce et d'industrie - Mission locale ouest-audois - 3 bailleurs sociaux.

    Alors qu'ils ignoraient le coupe-gorge et repaire salafiste, voici ce que ces nobles organismes et brillants sujets ont pondu : "lutte contre les discriminations et le racisme...vivre ensemble... travail de mémoire... Construction d'une image positive du quartier (!!)...prises en charge individualisées des jeunes les plus fragiles (bonjour la culture de l'excuse)... Valeurs de la République... Conseils citoyens". 24 "critères de discrimination" aimablement étalés (si un racketteur venait à en oublier un...).

    Bref, l'usuelle ratatouille, boy-scouts attardés, Abbé-Pierre-gaga-terminal et néo-dames patronnesses.

    Résultat : l'aveuglement. Une invisible zone de guérilla où l'on expédie les gendarmes, comme dans la bonne vieille banlieue d'antan. Pourquoi se méfieraient-ils ? "Vivre ensemble... valeurs de la République" ? Face à eux bien plutôt, un fauve. Ainsi périssent quatre innocents ; ainsi souffrent quinze autres malheureux, victimes d'une collective impuissance à regarder en face le réel criminel et terroriste.

    Ne pas régler une fois pour tous le sévère problème des Ozanam & co. ; ne pas y rétablir cet "ordre républicain" promis depuis TRENTE-SEPT ans, c'est l'assurance d'autres attentats, d'autres victimes.

    C'est la certitude d'autres Beltrame. Gloire à lui et honte à ceux qui, par lâcheté ou bienséance, ont laissé pourrir la situation, à Ozanam et ailleurs.

    Xavier Raufer (Atlantico, 26 mars 2018)



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  • « Politique de la ville » : la spirale criminelle...

    Nous reproduisons ci-dessous les deux parties d'un article de Xavier Raufer, cueilli dans Le Nouvel Economiste et consacré à l'échec de la « politique de la ville » menée depuis 40 ans...

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    « Politique de la ville » : la spirale criminelle

    Toujours plus, le cancer aimablement nommé “politique de la ville” ronge la vie politique française, d’abord au niveau municipal, mais aussi désormais, à ceux du département et de la région.
    Houla ! “cancer”… “crime organisé”… Serait-on ici dans la polémique, dans l’outrance ? Nullement – il suffit de lire Le Monde de ce 12 juin pour réaliser la virulence criminelle et criminogène d’une “politique de la ville” corrompant notre pays depuis trois décennies.

    Nous voici à la cour d’appel de Marseille, où l’on juge une élue au conseil régional pour détournements de fonds publics. Citons Le Monde : “Entre 2005 et 2008, un total de 716 000 euros a ainsi été ‘flambé’ par les deux principaux bénéficiaires de la fraude”, notamment “un caïd plusieurs fois condamné”. Mme Zerbib, la présidente de la cour, s’indigne – lisons-la bien : “C’est quoi la politique de la ville ? C’est des charrettes de billets qu’on déverse dans les quartiers et on se sert ?”

    Médiapart – de gauche, lui aussi – parle, ce 7 juin, de “procès de voyous”. Il nous présente “le relais de Mme Andrieux, son fer de lance dans la campagne de 2007”, Abrerrazak Z, “condamné à quatre ans de prison dans un dossier de trafic international de cannabis”. Un nervi multicarte ayant tout compris de la politique de la ville, car à la fois membre de l’UMP et du PS. Ce chef d’une bande de voyous “connus de la justice pour violences volontaires, tentatives de meurtres, séquestration ou escroquerie” (Libération, 11/03/2013) “assurait la sécurité des élections” – et comment. L’un de ses sbires, Boumediène B., menace ainsi un récalcitrant au racket politico-criminel : “Tu veux faire le mariolle, je vais m’occuper de ton cas, tu vas morfler.”

    Après chaque homicide ou presque, un élu local bêle à la télévision que “Marseille n’est pas Chicago”, mais à entendre Abderazak et Boumediène, on éprouve un sérieux doute…

    Doute encore aggravé quand la Chambre régionale des comptes de Provence – Alpes – Côte d’Azur nous apprend que le conseil général des Bouches- du-Rhône avait attribué plusieurs marchés à des sociétés (comme Alba-Sécurité) proches du truand Bernard Barresi, fiché au grand banditisme.

    Une nouveauté à Marseille, cette corruption criminelle de la politique de la ville ? Pas vraiment, car voici comment se défend M. Michel Vauzelle, président socialiste du conseil régional de Paca (Libération, 14/03/13) : “Les procédures viciées étaient déjà en place lorsqu’il est devenu président en 1998” – donc 15 ans minimum que ça dure…

    Rappelons ici que, selon la Cour des comptes et de 2000 à 2005, cette politique de la ville a coûté, tous financements confondus, Union européenne, Etat, collectivités locales, la somme pharaonique de 34 milliards d’euros. Et sans doute autant depuis.

    Mais dans les cités hors contrôle, sur les territoires la “politique de la ville”, siphonner le pactole de la “politique de la ville” est-il la seule ressource illicite ? Non : publié en décembre 2013, un rapport sur l’ “Impact des nouveaux dispositifs sur la population des cités sensibles marseillaises” dépeint les trafics de stupéfiants dans les quartiers Nord de la ville. Il constate que “les centaines de milliers d’euros de bénéfices tirés [chaque mois] du trafic [de stupéfiants] prennent probablement une part dans l’économie locale”.

    Voilà donc l’indéniable preuve que la politique de la ville, créée vers la fin de la décennie 1970 pour insérer les “quartiers chauds” dans le droit commun et y faire émerger des élites policées, a abouti à l’exact inverse : concentrer dans ces quartiers d’énormes trafics illicites, contrôlés par des gangs “tenant” par ailleurs des politiciens complices ou épouvantés.
    Cela, même les actuels politiciens socialistes ne tentent plus de le nier : le précédent ministre de la Ville, M. Lamy, veut “rompre avec trente ans d’échecs de la politique de la Ville” et l’actuelle titulaire du poste, Mme Vallaud-Belkacem, parle des politiques de naguère comme d’un “empilement de dispositifs formant un millefeuille aussi illisible que souvent incohérent”.
    Même désormais, de grands prêtres de la culture de l’excuse comme les sociologues Didier Lapeyronnie et Michel Kokoreff en viennent à dénoncer (Le Nouvel Observateur, 10/01/13) “la montée des violences des bandes en lien avec des trafics de drogue”.

    Jusqu’au Monde, impavide soutien de la “politique de la ville” trente ans durant, contraint de lâcher (7/06/13), dans un article intitulé “Cités mortelles : la mort violente frappe plus en banlieue qu’ailleurs”. Et le 7 février 2014 encore, à propos du quartier hors contrôle du Mirail, à Toulouse : “Les voyous se sont structurés en équipes de malfaiteurs… Le trafic de drogue s’est aggravé de manière quasi exponentielle ces dernières années… la présence des trafiquants pèse de plus en plus.”

    Tout cela, notons-le, prévu, décrit et publié par les criminologues sérieux depuis à peu près vingt ans.

    Avouer tardivement ne suffit cependant pas. Il faut autopsier cette “politique de la ville” car la corruption criminelle des cités et quartiers “sensibles” n’est ni récente, ni bien sûr cantonnée à la seule ville de Marseille.

    Dès 1999, un rapport de l’instance régionale (Ile-de-France) d’évaluation de la politique de la ville s’alarme de “l’apparition des vols à main armée” et de la “présence de bandes bien visibles dans les espaces collectifs privés”.

    Mais en la matière, l’omerta joue vite et ce rapport est enterré. Le lobby pro-politique de la ville fait tout aussi vite disparaître le rapport (2005) d’un “Observatoire national des faits d’insécurité dans l’habitat social”, suscité par la puissante Union sociale pour l’habitat, qui regroupe quelque 800 organismes HLM (4 millions de logements, 76 000 salariés). Occultation encore et toujours (2007) du rapport de “l’Observatoire de l’activité commerciale dans les quartiers sensibles”.

    La criminalisation des cités et quartiers ? Le pillage des commerces par des bandes organisées ? La classe politique et les médias font, pour l’essentiel, silence. Balayons la poussière sous le tapis, édulcorons tout cela sous le nom de “faits divers” – le cauchemar se dissipera bien tout seul.

    Mais ce cauchemar ne peut cesser si le diagnostic est faux et si journalistes et politiciens continuent d’occulter le fait massif qu’une ville, c’est d’abord ceux qui y vivent – ce qui est ici en cause étant la désastreuse politique d’immigration conduite un demi-siècle durant :

    - Le rapport précité sur les cités marseillaises souligne que “la majeure partie de la population a une origine du Maghreb, d’Afrique subsaharienne ou des Comores”.

    - Le Monde (26/10/09) : “Il pourrait y avoir de 100 000 à 300 000 migrants clandestins en Seine-Saint-Denis.”

    - En avril 2011, le Haut Conseil à l’intégration (conduit par un ex-président de la Licra) souligne que dans les “Zones urbaines sensibles” d’Ile-de- France, 64% de la population entre 18 et 50 ans est issue de l’immigration. Dans son rapport au Premier ministre (12/04/2011) “La France sait-elle encore intégrer ses immigrés”, le HCI ajoute par ailleurs que “la politique de la ville est née des concentrations d’immigrés jugées excessives et plus particulièrement des désordres qui leur sont associés” [nous soulignons]. Et le fort progressiste Jacques Donzelot (Quand la ville se défait, Le Seuil, 2006) renchérit : “La politique de la ville fut le nom donné à une politique d’intégration des immigrés qui n’osait pas dire son nom” : la cause est entendue.

    Or bien sûr, nier au XXIe siècle les séquelles criminelles du problème migratoire ne règle pas plus le problème qu’en 1850, le fait d’occulter les amours ancillaires (Friedrich Engels et sa femme de chambre irlandaise…) ne faisait disparaître l’exploitation de classe.

    L’essentiel étant nié, les choses s’aggravent ensuite fatalement. Si bien que les grands médias d’information, ne pouvant pas tout camoufler, mais idéologiquement tenus d’édulcorer, ont dû concevoir un rituel annuel, qui se déroule comme suit :

    - Grande séance de lamentations, d’usage en novembre quand paraissent divers rapports, tous pires les uns que les autres, sur le chômage dans les banlieues et autres drames périurbains. Que d’affreuses nouvelles ! Pire encore que l’an passé ! Les quartiers à feu et à sang ! Des bandits partout ! Le Monde est affligé, Libération, en ébullition.

    Ici, le modèle est celui des congrès du Parti communiste de l’Union soviétique, évoquant la politique agricole : c’est la phase “camarades, ne cachons pas les dysfonctionnements de la société socialiste”.

    - La messe dite, les médias tournent la page et tout continue comme avant : le budget de la politique de la ville est reconduit – voire augmenté. Les milliards coulent à flot. L’agriculture soviétique est tragiquement inefficace ? Planifions-la plus encore et tout ira bien.

    Mais survient un désastre banlieusard majeur, entraînant l’émotion populaire. La classe politique se doit alors d’agir – ou de simuler. Le stratagème est alors de “rebattre les cartes”.

    M. Lamy et 2012, Mme Vallaud-Belkacem en 2014, “rebattent les cartes”. Mais – tout joueur de belote le sait – les cartes qu’on rebat sont toujours les mêmes : en l’occurrence et à perpétuité, celles des plans Bonnemaison-Dubedout, jamais repensés depuis la décennie 1980.

    On est ici dans un gâtisme administratif chimiquement pur – pathologie mentale ainsi définie : accomplir toujours un identique geste, dans l’espoir qu’à chaque fois, il produise un effet différent.

    De là, l’incohérence gagne toute l’administration périurbaine : on apprend ainsi en juin 2014 que dans les banlieues “la carte d’implantation des agences de Pôle-Emploi est sans rapport avec celle du chômage”. Et que les emplois d’avenir (explicitement prévus pour les jeunes des ZUS) “sont pour l’instant affectés à plus de 80 % à des jeunes hors de ces zones”.

    Ce toxique mélange de militantisme paléo-gauchiste, d’incompétence grossière et de corruption grimée en moralisme peut-il perdurer ? Il ne semble pas. Car voici comment le géographe Christophe Guilluy dépeint la France des espaces périurbains, ruraux ou industriels, des villes petites ou moyennes. Là vivent les nouvelles classes populaires, employés, ouvriers, retraités – 60 % de la population, quand même. La France qui boucle ses fin de mois à 50 euros près. Les bobos des centres-villes peuvent tant et plus ériger une barrière symbolique entre eux-mêmes et les “autres” – la France périurbaine, désarmée et exposée, est absolument privée de cette capacité.

    Là est la vraie fracture française.

    Là réside le péril – et en même temps l’espoir, comme le souligne le prophétique vers de Friedrich Hölderlin (Patmos) : “Mais où est le danger, croît aussi ce qui sauve.”

    Ce vers, méditons-le.

    Xavier Raufer (Le Nouvel Economiste, 19 juin et 16 juillet 2014)

     

    Annexe : Quelques repères sur la « politique de la ville »

    • Un monstre gouvernemental

    Le ministère de la Ville est créé en 1991 sous Mitterrand ; de là à 2014, ont défilé 3 ministres en charge de la Ville, 7 ministres notamment chargés de cette politique, 6 ministres délégués, 4 secrétaires d’Etat. Parmi ceux-ci : Michel Delevoye, Bernard Tapie, Simone Veil, Eric Raoult, Xavier Emmanuelli, Claude Bartolone, Jean-Louis Borloo, Fadela Amara, etc.

    • Les étapes du désastre

    1977 – (Giscard d’Estaing) Plan “Habitat et vie sociale”
    1981-83 – (Mitterrand) Plan “Développement social des quartiers” et “plan banlieue 89”
    1991 – (Rocard) Loi d’orientation pour la ville
    1996 – (Chirac) Pacte de relance pour la ville (“Plan Marshall 1”)
    1999-2001 – (Jospin) Rénovation urbaine et solidarité
    2003 – (Borloo) Loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine
    2008 – (Sarkozy) Espoir Banlieue (“Plan Marshall 2”)
    2013 – Plan Hollande Ayrault (“absence d’objectifs chiffrés”)
    2014 – Plan Vallaud-Belkacem – pour la dixième fois, la mouche fonce sur la vitre, persuadée que, cette fois-ci, elle passera à travers…

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  • Le fiasco de la "politique de la ville"...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site du Nouvel Economiste et consacré à l'échec patent de la politique de la ville.

     

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    Cataclysme aux municipales : la raison méconnue

     

    Ignorée par la gauche, négligée par les libéraux, mal mesurée par la droite nationale, l’origine profonde du séisme est la “politique de la ville”

     

    La société humaine est toujours plus complexe ; tout problème grave y forme désormais un inextricable écheveau de causes et conséquences, de tenants et aboutissants. Il est donc rafraîchissant de pouvoir analyser simplement le résultat des dernières élections municipales et l’origine de la débâcle socialiste ; d’accéder sans peine à une lumineuse explication.

     

    Car au-delà du superficiel et du brouhaha médiatique, une cause décisive explique à la fois le dégoût d’une part de l’électorat et la fureur de l’autre ; la percée de la droite nationale et la déroute de l’ “antifascisme” onirique. En toile de fond, ignorée par la gauche, négligée par les libéraux, mal mesurée par la droite nationale, l’origine profonde du séisme est la “politique de la ville”.

     

    Ni cette désastreuse, ruineuse et interminable (1977-2014) “politique”, ni l’aveuglement des politiques, ni les alertes de l’auteur ne sont nouveaux ; mais désormais les dégâts sont si vastes, le gouffre financier si profond – et si cruelle la détresse des victimes de cette “politique” -, qu’on doit à nouveau remonter à ses origines, exposer ses folies et son tragique échec, sur fond de ghettos et de prolifération des gangs.

     

    [Par souci d’objectivité, l’auteur ne cite ici que des médias favorables en principe à la politique de la ville.]

     

    -“Politique de la ville”, son objectif autoproclamé : Dès l’origine (1977), il est clair : “éviter le décrochage social… corriger les inégalités… fournir un cadre permettant de résorber la misère” ; loi Borloo, août 2003 : “Réduction progressive des écarts constatés avec les autres villes et quartiers, retour au droit commun.”

     

    Or c’est tout l’inverse. Pour Libération (22/07/2013), on rejoue aujourd’hui “le même mauvais film que celui des Minguettes, il y a plus de trente ans”. Documentation française, rapport, décembre 2012 : “La plupart, sinon tous les quartiers qui furent l’objet des premières interventions de la politique de la ville, à la fin des années 70, sont encore prioritaires en 2012.” Dans ces quartiers dits “populaires” (comme l’Allemagne de l’Est était une démocratie “populaire”…) cette politique “n’a pas empêché la ghettoïsation progressive… la répétition des émeutes et la montée des violences des bandes en lien avec les trafics de drogues” (Nouvel Obs’, 10/01/13). Et sur les territoires subissant cette “politique”, les disparités s’accroissent toujours : 45 % de pauvres à Roubaix aujourd’hui – mais 7 % seulement à Versailles… (L’Express, 28/01/14).

     

    - L’origine du drame : après 1968, un malfaisant urbanisme gauchiste – avoué du bout des lèvres par des journalistes eux-mêmes de gauche : “le temps des grandes espérances”… un “pari de mixité sociale et de nouveautés urbaines”… (Le Monde, 19/02/2013 et 7/2/2014). Trente ans plus tard, voilà sur quoi débouche la “douce utopie” : “Les populations gauloises ont déserté”… “Des quartiers où ne vit plus aucun Blanc” (Le Monde, 27/10/2010).

     

    - Le stalinisme à visage urbain : pendant trente ans, tous nient un échec pourtant patent dès la décennie 1990 : sur le ton d’Aragon à Tcheliabinsk (1931) on parle de “plus grand chantier du siècle” et, à l’instar du Gosplan soviétique, on regrette du bout des lèvres le “caractère mitigé” du bilan de la politique de la ville, ses “résultats nuancés”.

     

    - Que fait, que coûte, la “politique de la ville” ? Mystère. Un rapport après l’autre en dénonce la parfaite opacité : “Les députés ont tenté, en vain, de mesurer l’effort des différentes administrations dans les zones urbaines sensibles” (Le Monde, 16/10/2010)… “Il reste difficile aujourd’hui d’identifier les mécanismes sous-jacents producteurs d’inégalités, de discrimination et d’exclusion… Il faut encore construire ou parfaire les outils de l’observation… absence de données permettant d’objectiver la mobilité sociale…” (Documentation française, op. cit.). “Gestion chaotique… Il n’existe aucun outil permettant de chiffrer, donc de vérifier, les efforts des administrations envers les quartiers en difficulté” (Cour des comptes, juillet 2012).

     

    Résultat, ce terrible aveu de la députée communiste Marie-George Buffet (Seine-Saint-Denis) : “Cela fait trente ans que le ministère de la Ville existe, ces hommes et femmes n’ont pas vu changer leur vie… Nous avons des cités qui deviennent des ghettos.” (Le Monde, 11/03/2012). Le Monde, encore du 7/02/2014, sur la cité du Mirail, à Toulouse : “Ghettoïsation d’une population issue de l’immigration maghrébine, désarroi social, chômage des jeunes, précarité, pauvreté, violence et trafics en tout genre”… “On meurt dans les cités sensibles plus que partout ailleurs en France.” (Le Monde, 7/06/2013).

     

    Pire encore, si possible : depuis trente ans, par milliards d’euros, la “politique de la ville” a multiplié des programmes de rénovation urbaine… dont au détour d’une phrase, on découvre aujourd’hui qu’ils n’ont servi à rien ! Le Monde, 19/12/2013, citant l’Observatoire national des zones sensibles : “72 % des ménages interrogés estiment que [ces travaux de rénovation urbaine] n’ont pas changé leur quotidien.”

     

    Face à ce terrifiant aveu, face à trente ans de massives souffrances, face à ces milliards dont nul ne peut expliquer l’usage, les ténors politiques sont dans le déni. Pour l’élection présidentielle de 2012, Les Echos (5/03/2012) signalent que “la thématique des banlieues en souffrance brille aujourd’hui par son absence dans les discours de campagne et les programmes des candidats”.

     

    Ainsi, depuis trente ans, nulle décision politique sérieuse n’a été prise pour résoudre, une bonne fois pour toutes, un drame affectant des millions de personnes. Or ici, décider est tout : “Les décisions ne s’obtiennent pas du fait de discourir à leur sujet, mais du fait qu’est créée une situation et que sont appliquées des dispositions, au sein desquelles la décision est inéluctable et où toute tentative pour l’éluder revient en fait à la décision la plus grave.” (Martin Heidegger).

     

    Xavier Raufer (Le nouvel Economiste, 11 avril 2014)

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  • Et la sécurité ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur Valeurs actuelles, dans lequel il déplore le silence des candidats à l'élection présidentielle sur la lutte contre les bandes criminelles armées et l'échec total de la «politique de la ville»... 

     

     

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    Campagne : et la sécurité ?

    Dans ce qui aura constitué le sommet de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont affrontés dans un âpre duel télévisé. Ordre du jour supposé : l’avenir de la France dans tous les domaines vitaux et, dans ce cadre, les grandes oppositions droite-gauche. Tous, vraiment ? Non, hélas, car jamais dans les 170 minutes du débat il ne fut question de sécurité.

    S’est-il seulement agi d’un incroyable et mutuel oubli ? D’un implicite (ou explicite) souci d’occulter ce qui fâche et de balayer la poussière criminelle sous le tapis ? Une criante absence en tout cas – et d’autant plus malheureuse qu’en matière de sécurité, la France n’est pas en bon état.

    Infiniment plus qu’un rabâchage convenu qui n’aura rien appris de nouveau aux Français sur les positions économiques respectives des deux finalistes de la présidentielle, deux sujets au moins auraient mérité une attention soutenue, en raison à la fois de leur gravité et de leur coût : l’explosion criminelle marseillaise et la tragique “politique de la Ville”.

    Marseille d’abord. Ces dernières décennies, l’exubérance criminelle, la dimension proprement politique du grand banditisme régional provoquaient une seule réaction des élus et officiels locaux : à chaque drame, ils bêlaient en cœur “Marseille n’est pas Chicago” puis, ce rituel de conjuration accompli, retournaient à leurs combines. Or aujourd’hui, Marseille, c’est Chicago en pire : les jours pairs, des bandits s’entre-tuent à l’aide d’un inépuisable arsenal d’armes de guerre et les jours impairs, on exhume des cadavres calcinés des futaies alentour.

    Au fait, à quand remonte le début de la tuerie ? Une amusante coïncidence se constate avec la tenue, au printemps 2010, d’un “atelier professionnel” voulu et financé par la Mairie de M. Gaudin (dite “de droite”), sur le thème “Trafic de drogue et intervention sociale dans les quartiers populaires”. Cet incroyable hymne à la culture de l’excuse produisit alors l’effet d’une hormone de croissance sur les “bandits des cités” marseillaises, présentés comme autant de victimes, dont les trafics et les exactions résultaient « de la débrouille et de la pauvreté » et constituaient (je cite toujours) « des formes d’accès aux ressources » (voir ma chronique du 11 mars 2010, "De la limite des tables rondes").

    Ce que les calamiteux élus de la “droite” marseillaise ignoraient, c’est qu’en pareil cas, les “débrouillards” se coalisent forcément en bandes pour “accéder aux ressources” sur “leur” territoire. Et qu’entre eux éclatent vite des guerres – on y est – d’autant plus meurtrières que la côte grouille d’armes libyennes, bradées par des milices tribales et des trafiquants africains.

    Partant du désastre marseillais, des échanges auraient ainsi été les bienvenus entre candidats : que faire contre cette prolifération des gangs ? Comment interdire les flux d’armes de guerre entre les deux rives de la Méditerranée ? Comment constituer un outil performant de renseignement criminel ? Mais rien.

    Autre sujet majeur – et lié au précédent : celui de la “politique de la Ville”, la pire catastrophe des trente dernières années, cogérée dans l’opacité par les partis de gouvernement. Désastre ? Et comment ! Rappelons que, dès l’origine, la très idéologique “politique de la Ville” avait pour objet exclusif de « mettre un frein à la poussée des ghettos, à la dérive insécuritaire et à la montée en puissance du Front national » (le Figaro du 23 mai 1990). On voit le résultat.

    Des milliards ont depuis lors été engloutis dans l’aventure : « Les pouvoirs publics n’ont pas ménagé leurs efforts. Des centaines de millions d’euros investis dans la rénovation urbaine pour… reconstruire des quartiers entiers » (le Monde du 4 novembre 2011). Pour 2004-2013, le “plan Borloo” aura ainsi coûté 42 milliards d’euros – ou même 45, selon les sources. Cependant, toujours plus de communautarisme, de drames et de kalachnikovs – car le syndrome marseillais tend à contaminer la périphérie d’autres métropoles. Et tous le savent, le Monde du 17 mars dernier qualifiant même cruellement la rénovation urbaine de « ghetto, mais en plus propre ». Donc, silence sur les gangs et la “politique de la Ville” : sur les banlieues, « les candidats à la présidentielle sont en panne d’idées », lisait-on dans les Échos, en mars.

    Une panne de mauvais augure, car dans cet oubli du réel et dans l’occultation systématique de ce qui fâche, un précédent existe : le face-à-face George Bush-Al Gore organisé lors de campagne présidentielle américaine de 2000. Un face-à-face qui démontre une fois de plus que, dans la société de l’information, le plus dangereux, c’est ce qu’on n’a pas pu ou pas voulu voir.

    Lors de ce face-à-face, composé de trois débats d’une heure chacun, l’ensemble des sujets vitaux pour l’avenir des États-Unis devait en effet être abordé. De la fiscalité à l’agriculture en passant par l’éducation, ils le furent tous, effectivement. Tous, sauf un, radicalement oublié : le terrorisme.Moins d’un an plus tard, le 11 septembre 2001, la foudre tombait sur New York.

     Xavier Raufer (Valeurs actuelles, 17 mai 2012)

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  • En finir avec les faux diagnostics !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site de Valeurs actuelles et consacré aux erreurs de diagnostic qui ont conduit à mener pendant trente ans une politique de la ville absurde et à se laisser se développer une culture de l'excuse en faveur des voyous de banlieue...

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    En finir avec les faux diagnostics

    L’affaire Mohamed Merah aidant, voici les “quartiers chauds” revenus au centre des débats de l’élection présidentielle. Sont-ils des pépinières à djihadistes ? Des couveuses pour bandits ? Alimentés par cent poncifs et idées reçues, les commentaires coulent à flots, issus de la culture de l’excuse, et véhiculés par nombre de journalistes et politiciens.

    Or, confronté aux faits et chiffres, ce catéchisme lacrymal a pour caractéristique majeure d’être entièrement et matériellement faux.

    Rappel de la ritournelle des Diafoirus-sociologues : dans des “quartiers pauvres” et “territoires de relégation”, croupirait toute une “jeunesse abandonnée et méprisée”… “moins dangereuse qu’en danger”, des damnés de la terre condamnés à “une vie de galère” et ne recherchant finalement qu’“un peu d’attention et de reconnaissance”.

    Observons d’abord que cette doctrine misérabiliste n’a absolument rien de marxiste, Karl Marx lui-même qualifiant férocement ce Lumpenproletariat (“prolétariat en haillons”) de “racailles”. On est là à mi-chemin entre le pire mélodrame hugolien et l’abbé Pierre du crépuscule – le tout dans un total mépris de réalités manifestes et établies. Qu’on en juge.

    – Misère (entraînant et expliquant la révolte et la violence) ? faux ! D’après l’Insee, la Seine-Saint-Denis est le quinzième département le plus riche de France – compte non tenu, par définition, de l’économie souterraine qui l’irrigue. En y ajoutant les milliards de la drogue, le “9-3” est sans doute en réalité parmi les cinq départements les plus riches de France.

    – Quels sont à l’inverse les plus pauvres ? L’Ariège (91e), le Cantal (92e) et la Creuse (96e). Ajoutons un taux de pauvreté de 19 % dans un tiers des départements ruraux de France métropolitaine – c’est-à-dire plus élevé que dans le “9-3”. Plus largement, souligne lumineusement le géographe Christophe Guilluy, « 85 % des ménages pauvres ne vivent pas dans les quartiers sensibles et… la majorité des chômeurs de longue durée se répartit sur l’ensemble du territoire ». Or, où brûlent les voitures ? Où tire-t-on à la kalachnikov sur les policiers ? Dans la Creuse ou en Seine-Saint-Denis ?

    – Les pauvres “assignés à résidence”, dans de lointains territoires de relégation ? Archifaux, là encore ! À l’échelle du Bassin parisien dans son entier, la Seine-Saint-Denis est dans une position confortablement centrale, non dans une lointaine bordure – et dans les “zones urbaines sensibles” (Zus) de ce département, comme dans celles des autres de la région parisienne, la mobilité de la population est la plus élevée de France (taux de mobilité de 61 %, selon l’Observatoire national des Zus).

    – Les quartiers sensibles représentent la jeunesse, la France rurale n’étant plus peuplée que de paysans âgés ? Faux ! Ces quartiers et cités ne rassemblent que 9 % de la jeunesse (l’Insee, toujours), la France périphérique au contraire (grande banlieue et villes-satellites des métropoles) abritant un jeune sur trois de 18-24 ans – et ce, avec un taux de criminalité fort bas.

    Ajoutons que l’espace rural (18 % de la population métropolitaine, 11 millions d’habitants) compte désormais 32 % d’ouvriers, 27 % d’employés – et seulement 7 % d’agriculteurs… sans que nulle déprédation ou exaction ne s’y commette, ou presque.

    Industrielle ou rurale, cette France périurbaine est celle des précaires, agriculteurs percevant les minima sociaux, ouvriers pauvres, travailleurs à temps partiel. Cette “France des plans sociaux” abrite les nouvelles classes populaires évincées des grandes métropoles (centre-ville et première couronne) – désormais fiefs de la bourgeoisie-bohème (“bobo”) et des immigrés récents. Or quoique victime de la recomposition sociale du territoire, cette France périphérique est calme. Malgré une pauvreté invisible, la délinquance y est rare et la criminalité, plutôt exceptionnelle.

    Avec une insondable morgue, les journalistes “tendance bobo” dénigrent cependant cette France périphérique et sa “logique de repli”. Alors que, pour ces populations victimes de la mondialisation et de la prédation financière, il s’agit, tout au contraire, d’une demande de protection.

    Or il est crucial de poser justement ce diagnostic, sans se laisser emporter par des lubies idéologiques ou par un sentimentalisme niais. Car, de même qu’on ne raisonne pas juste sur des figures fausses, on ne peut édifier de politique efficace sur des concepts erronés. Pourtant, c’est ce que l’on fait depuis trente ans sous le nom – déjà absurde – de “politique de la ville”.

    Comme de l’eau dans un trou, cette “politique” déverse des milliards d’euros dans des programmes immobiliers opaques et dans d’incontrôlables subventions : 550 millions d’euros en 2012 pour la politique de la ville ; 390 millions pour la “cohésion sociale et l’égalité des chances”, nom fort noble pour ce qui ressemble souvent à du racket ou du chantage à l’émeute. À la lumière des réalités que je viens d’énoncer, c’est cette politique-là, d’abord, qu’il faut revoir de fond en comble. Administré à partir d’un faux diagnostic, un médicament n’a aucune chance, jamais, de faire le moindre effet !

    Xavier Raufer (Valeurs actuelles, 29 mars 2012)

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