"La Justice, c'est de la merde en barre. La plupart des gens n'en ont rien à foutre de la Justice. Tout ce qu'ils veulent, c'est du pognon, et tant qu'il y a le pognon, ils s'en tapent du reste. Alors comme il existe malheureusement des types qui tueraient père et mère pour un peu de pognon, on prend d'autres types comme moi pour faire en sorte que monsieur-tout-le-monde puisse faire pisser son chien le soir sans se faire égorger trop vite. Ou que son marmot aille à l'école sans se faire enlever contre une demande de rançon, ou pour lui extraire un oeil ou un rein, ou pour se retrouver dans un porno pédophile bien crade. C'est un équilibre permanent et précaire entre la merde totale, la jungle cannibale et le petit confort moderne. Je suis juste un éboueur, ma pauvre Rachel, j'évacue la merde vite fait sous le tapis avant que les invités ne s'en rendent compte, mais grâce à Dieu, ça fait un bout de temps que je ne crois plus en une connerie comme la Justice."
Les éditions Auda Isarn ont eu la judicieuse idée de rééditer, dans une version corrigée et réactualisée, l'excellent, polar de Pierric Guittaut, intitulé Beyrouth-sur-Loire, et premier volet d'une Trilogie française, qui avait été publié initialement en 2010 chez un éditeur aujourd'hui disparu.
Écrivain et chroniqueur pour les revues Éléments et Réfléchir & Agir, Pierric Guittaut est déjà l'auteur de plusieurs romans et polars dont La fille de la pluie (Gallimard, 2013), D'ombres et de de flammes (Gallimard, 2016), Ma douleur est sauvagerie (Les Arènes, 2019) et Docteur Geikil & Mister Hussard (Auda Isarn, 2020), ainsi que d'une enquête consacrée à la Bête du Gévaudan, La Dévoreuse (De Borée, 2017).
" Bienvenue à Beyrouth-sur-Loire, 100 000 habitants. La campagne municipale enflamme le tissu associatif et politique. Louis Berthomier, hussard du BTP, entend se faire réélire dans ce fief historique de la gauche mais Sylvaine Lecat rêve de revanche depuis son fauteuil au Conseil général.
Soudain, une série de meurtres endeuille les quartiers Nord. Des petites frappes locales sont assassinées les unes après les autres. Qui tue, et pourquoi ? Les lieutenants de police Antoine Carpentel et Michel Jeddoun mènent l’enquête. Le premier nourrit une ambition quasi-maladive tandis que le second remâche les vieux souvenirs de la guerre civile qui a broyé son Liban natal. Les charognards se disputent le cadavre en décomposition de la Politique de la Ville et corruption, violence et émeutes sont au menu…
À l’occasion des dix ans de sa parution originale, Auda Isarn vous propose de redécouvrir le premier polar de Pierric Guittaut dans une version corrigée et réactualisée, premier tome d’une trilogie sans concession sur le corps social en état de mort cérébrale de ce qui fut autrefois la France. "