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peine de mort

  • Libres réflexions sur la peine de mort...

    Les éditions Desclées de Brouwer ont publié voilà quelques semaines un essai de Jean-Louis Harouel intitulé Libres réflexions sur la peine de mort. Agrégé de droit, professeur émérite de l'Université Panthéon-Assas, Jean-Louis Harouel a, notamment, publié Les droits de l'homme contre le peuple (Desclée de Brouwer, 2016).

     

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    " On présente aujourd'hui l'abolition de la peine de mort comme un progrès majeur de civilisation. En est-il vraiment ainsi ? S'inscrivant en faux contre la vulgate ambiante, Jean-Louis Harouel propose une autre lecture, iconoclaste et originale.
    Il montre que, contrairement aux apparences - et à ce que bien des gens croient sincèrement -, la phobie de la peine de mort qui caractérise aujourd'hui l'Europe occidentale ne procède pas du Tu ne tueras pas de la Bible, mais est un des effets d'une religion séculière ayant pris le relais du communisme comme projet universel de salut terrestre : ce que l'auteur appelle « la religion des droits de l'homme ». Or celle-ci est la continuatrice de vieilles hérésies oubliées qui manifestaient une grande désinvolture à l'égard de la vie des innocents, tout en professant un amour préférentiel envers les criminels, considérés comme d'innocentes victimes.
    Là se trouve la source de l'humanitarisme anti-pénal qui a fait triompher l'abolition de la peine de mort, laquelle, même très peu appliquée, constituait la clé de voûte d'un système pénal fondé sur l'idée de responsabilité. Au lieu de quoi, la suppression de la peine capitale a frayé la voie à une perversion de la justice - l'imposture de la perpétuité de vingt ans ! - au profit des criminels et au détriment de la sécurité des innocents. "

     

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  • Où mène la logique guerrière contre l'Iran ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Pierre Conesa et Thierry Coville, cueilli sur le site du quotidien Le Monde et consacré aux menaces de l'Occident contre l'Iran. Chercheur associé à l'IRIS, Pierre Conesa a récemment publié un essai intitulé La Fabrique de l'ennemi (La Découverte, 2011).

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    Où mène la logique guerrière contre l'Iran ?

    L'Iran est seul pays du monde contre lequel 5 livres en vente en librairie appelle à faire la guerre rapidement, certains d'ailleurs écrits par ceux là même qui avaient justifié l'attaque américaine en Irak pour y trouver les armes de destruction massives.

    L'embargo sur le pétrole que discutent les Européens constitue sans nul doute un casus belli pour Téhéran qui tire des hydrocarbures 60 % de ses recettes budgétaires (et financent aussi le logement, l'éducation, etc.). La république islamique y a donc répondu de la même façon, par des menaces de blocage du Détroit d'Ormuz. Le décor est donc planté pour un conflit. Au regard des insuccès obtenus par les Occidentaux en Afghanistan et en Irak, on peut se demander qu'est ce qui pousse nos décideurs à repasser les plats ? Que cherche-ton en Iran ? Le Washington Post du 10 janvier citant un responsable du renseignement américain dit que c'est le changement de régime (regime change) par une révolte contre les autorités. Espérer qu'une population durement marquée par un embargo stupide par son étendue et sa généralité (sur les pièces détachés d'avion, sur les médicaments…) va se révolter contre son gouvernement est méconnaitre l'histoire. Comme on l'a vu en Irak et en Afghanistan, le mécano qu'utilisent les responsables occidentaux pour changer un régime ne marche pas.

    Cela est d'autant plus immoral que les Iraniens ont marqué leur volonté de changement pacifique en 2009. En outre, la politique de sanctions ne contribue qu'à affaiblir la société civile iranienne et à renforcer le poids des filières proches du régime qui contrôlent les filières d'importations de contrebande. Faut-il encore une fois penser que quelque conseiller secret garantit le résultat positif de l'opération comme en d'autres temps Monsieur Ahmed Chalabi pour l'Irak ou de monsieur Karzai pour l'Afghanistan auprès de l'administration Bush ? C'est peu probable. Arrêter le programme nucléaire ? L'objectif est louable mais est ce le droit de pays qui ont soutenu l'agression de l'Irak de Saddam Hussein en mettant sous embargo l'Iran agressé, avant de se retourner contre leur protégé et ont tout fait pour que l'ONU ne condamne pas Bagdad, de définir la sécurité de la région ? Apparemment oui puisque monsieur Kouchner avait vertement rappelé à l'ordre le Brésil de Lula et la Turquie de Erdogan qui avaient trouvé un accord avec Téhéran sur l'enrichissement. Le résultat de l'accord avait moins d'importance que les signataires apparemment.

    Annoncer que la bombe iranienne serait déstabilisante doit faire se retourner le Général de Gaulle dans sa tombe, lui qui avait justifié le programme français par la volonté de notre pays de ne plus jamais se soumettre à une puissance étrangère. Lutter contre le terrorisme ? Mais la république islamique a fourni moins de terroristes et de prédicateurs salafistes que les universités saoudiennes ou les madrasas pakistanaises. Et la République islamique a été souvent la cible privilégiée des terroristes sunnites radicaux. Défendre les droits de l'homme régulièrement violés en Iran ? Objectif louable qui devrait être étendu à l'Arabie saoudite qui dispute avec succès le titre à Téhéran ainsi qu'à la Chine, à la Russie (la liste est malheureusement longue).

    Quant à dénoncer l'usage de le peine de mort, on s'en étonne venant du gouvernement américain. Protéger Israël ? De quelle menace ? Si l'Iran avait la bombe qui peut penser qu'il l'utiliserait contre qui que ce soit sans menace vitale sur le pays, alors que les rétorsions militaires occidentales vitrifierait le pays dans sa totalité. Si une bombe devait préoccuper nos stratèges, ce devrait être celle du Pakistan, pays instable et fournisseur de terroristes. Donc il faut en conclure que nous allons à la confrontation directe. La guerre a d'ailleurs commencé puisque 6 ingénieurs et responsables du programme nucléaire iranien ont été assassinés, le dernier Monsieur Ahmadi Roshan en date le 10 janvier 2012.

    Que dirait-on si des ingénieurs français, israéliens ou américains étaient assassinés dans leur propre pays ? Avant le début des hostilités, un blocage du détroit d'Ormuz additionné à la crise nigériane, générerait une hausse brutale du prix du pétrole, exactement le genre de conjoncture qui nous aidera à sortir de la crise économique. Excluons enfin une indigne intention électoraliste américaine ou française dans cette brutale montée de fièvre. L'embargo unilatéral décidé par l'Europe ne sera jamais appliqué par l'Asie, Chine en tête.

    Il faut probablement chercher l'explication des décisions récentes de nos dirigeants dans la vieille croyance que la terre est toujours plate et que nous en sommes le centre. En attendant, la politique iranienne des Occidentaux ne fait qu'affaiblir leur légitimité chez les nouvelles puissances émergentes qui ne supportent plus cette politique de double standard.

    Pierre Conesa et Thierry Coville (Le Monde, 16 janvier 2012)

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  • Peine de mort : le point de vue d'Alain de Benoist

    Dans le numéro 27 de Flash (19 novembre 2009), Alain de Benoist répondait aux questions de Nicolas Gauthier sur la peine de mort.

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    Alain de Benoist : "Je ne me suis pas battu pour l'abolition de la peine de mort. Je ne me battrai pas pour son rétablissement..." 

    Si l'on en croit les clichés médiatiques, l'homme de droite serait pour la peine de mort et l'homme de gauche contre... C'est sûrement un peu plus compliqué que ça...

    Sans doute. Je connais beaucoup d'hommes de droite révulsés par la peine de mort, surtout quand ils ont eux-mêmes fait de la prison. Je connais aussi des hommes de gauche hostiles à la peine de mort, qui trouvent cependant qu'on n'a pas assez fusillé à la Libération. Le débat sur la peine de mort n'est pas seulement archi-rebattu. Son caractère. émotionnel (d'un côté "toute vie humaine est sacrée", de l'autre "le sang appelle le sang") le rend aussi plutôt ennuyeux. Les partisans de la peine de mort, qu'ils en tiennent pour des arguments utilitaristes (protéger la société en mettant définitivement hors d'état de nuire) ou moraux (la peine de mort comme punition exemplaire ou sacrifice expiatoire), ont souvent du mal à comprendre que la justice publique est quelque chose d'autre que la vengeance privée ou la loi du Talion, et que la justice pénale n'a pas pour but premier de satisfaire les victimes. Leurs adversaires, eux, tombent souvent dans l'angélisme. Mais le plus détestable, ce sont ceux qui s'opposent à la peine de mort ... sauf bien sûr dans les cas où elle leur apparaît tout à fait justifiée! Les hommes de droite observent souvent que la peine de mort a été constamment appliquée dans l'histoire (elle était pourtant peu fréquente à Rome à l'encontre des citoyens romains), tandis que les hommes de gauche se réclament plutôt de l'esprit de "tolérance" des Lumières. Mais chez les philosophes du XVIIIe siècle, le refus de la peine de mort ne faisait pas l'unanimité. Diderot disait :"Le malfaisant est un homme qu'il faut détruire et non punir" ! Quant à Cesare Beccaria, grand adversaire de la peine de mort, il prônait son remplacement par un "esclavage perpétuel" ...

    Autre cliché médiatique, la peine de mort ne serait à l'honneur que dans des nations "arriérées"... dont les USA ou la Chine, pourtant assez "avancées"... Comment expliquer cette distorsion dialectique entre une ONU qui la proscrit et une Amérique qui l'applique? "Faites ce que je dis et pas ce que je fais" ?

    L'ONU n'est pas l'Amérique. Et l'Amérique n'applique pas uniment la peine de mort: elle existe dans certains États, pas dans d'autres. C'est d'ailleurs ce qui permet de constater que la peine de mort n'est nullement dissuasive : la majorité des criminologistes savent bien que la criminalité n'est pas plus forte là où on l'a abolie. D'ailleurs, la principale cause des crimes, c'est que leurs auteurs sont convaincus qu'ils ne se feront pas prendre. Aujourd'hui, la peine de mort reste prévue dans la législation de près de 100 nations. Elle est appliquée dans les quatre pays les plus peuplés du monde: la Chine, l'Inde, les États-Unis et l'Indonésie. Géographiquement, c' est l'Asie qui est de nos jours la moins abolitionniste. À noter que la peine de mort existe aussi au Japon, et qu'en Chine, on exécute couramment pour corruption, détournement de fonds ou évasion fiscale.

    Au-delà de sa valeur éventuellement dissuasive - qui demeure à démontrer -, la peine de mort a-t-elle une valeur symbolique?

    C'est ce que l'on dit souvent. Mais symbolique de quoi ? Au-delà de la peine de mort, la torture pourrait aussi avoir une valeur symbolique ! Et d'un point de vue "symbolique", qu'est-ce qui est le pire : la condamnation à mort ou la condamnation à vie ? L'idée générale est que "les crimes les plus horribles méritent le châtiment suprême". Le problème est qu'il n'existe aucun accord sur ce qui est le plus "horrible" (on retombe ici dans l'émotionnel). Personnellement,je trouve que les crimes contre la collectivité sont beaucoup plus graves que les crimes contre les personnes individuelles, mais je doute que beaucoup de gens partagent cette opinion. Remarque subsidiaire: les crimes généralement considérés comme les plus "horribles" sont le plus souvent des crimes pulsionnels, dont les auteurs sont tout à fait inaccessibles à la notion rationnelle de dissuasion. Beaucoup sont des malades, qui relèvent de la psychiatrie plutôt que des tribunaux.

    Et vous, au fait, vous êtes pour ou contre?

    Je ne me suis pas battu pour l'abolition de la peine de mort. Je ne me battrais pas pour son rétablissement.

     

    Propos recueillis par Nicolas GAUTHIER ( Flash n°27 du 19 novembre 2009)  

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