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  • Pologne : un deux poids, deux mesures assumé par nos médias...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous l'analyse par l'Observatoire du journalisme du traitement par les médias du muselage progressif des médias de droite en Pologne par le gouvernement autoritaire de Donald Tusk...

     

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    Pologne : un deux poids, deux mesures assumé par nos médias

    En Pologne, le journal d’extrême-centre Gazeta Wyborcza qui coche toutes les cases de la bien-pensance (pro-UE, pro-immigration, pro-LGBT, etc.) faisait pleurnicher dans les chaumières des équipes de rédaction des grands médias français quand le gouvernement du PiS, issu des élections de l’automne 2015, lui avait retiré la manne des annonces de l’État et des sociétés publiques. Son cas était avancé comme un exemple des supposées attaques du gouvernement conservateurs contre le pluralisme médiatique en Pologne.

     

    L’extrême-centre polonais persécute les médias conservateurs

    Aucun de ces médias ne vient aujourd’hui pleurer sur le sort des journaux de droite auxquels le nouveau gouvernement Tusk retire aujourd’hui de la même manière la manne des annonces publicitaires de l’État et des sociétés publiques. Pas plus qu’ils ne s’offusquaient quand ces mêmes médias de droite étaient déjà privés de publicités sous les gouvernements précédents de Donald Tusk. Et aucun d’entre eux ne s’offusque non plus de la campagne menée en ce moment par Gazeta Wyborcza pour exiger des annonceurs qu’ils retirent leurs publicités de la télévision privée TV Republika. Seule chaîne d’information de droite restant en Pologne, TV Republika a récupéré une large partie des téléspectateurs de la chaîne d’info en continue publique, TVP Info, après la reprise en main musclée des médias publics polonais par le gouvernement de Donald Tusk.

    Le parti-pris des grands médias français n’est plus à prouver, mais les événements en Pologne nous en donnent un exemple flagrant et nous montrent bien ce que valait toute la rhétorique sur les atteintes à l’État de droit et aux valeurs démocratiques en Pologne jusqu’à décembre dernier et en Hongrie jusqu’à aujourd’hui.

    Janvier 2016/janvier 2024, changement de ton

    Alors que la prise de contrôle des médias publics par le PiS en janvier 2016, en passant par une loi votée au parlement, avait suscité une levée de boucliers à Bruxelles et le début des critiques des médias français contre ces vilains « populistes de droite », la prise de contrôle des mêmes médias par le gouvernement de Donald Tusk en violant la loi en vigueur et en utilisant la force, avec l’aide d’agences de sécurité privées recrutées pour l’occasion, suscite des commentaires beaucoup plus compréhensifs. Et cela même si la cour constitutionnelle polonaise a mis en avant la violation de la Constitution que représentait cette prise de contrôle des médias publics et même si les tribunaux chargés de la tenue du registre des sociétés en Pologne ont refusé d’inscrire à ce registre les nouveaux dirigeants nommés par le ministre de la Culture, du fait du caractère illégal et inconstitutionnel flagrant de ces nominations.

    Le Figaro au diapason de l’extrême-centre

    Ainsi, pour Le Figaro, « quinze jours après son retour à la tête du gouvernement polonais en décembre dernier, qui mettait fin à huit ans de pouvoir aux mains des populistes conservateurs du parti Droit et justice (PiS), Donald Tusk s’en était pris de façon spectaculaire aux médias publics polonais qu’il accusait d’être à la solde du gouvernement déchu. Ce sont désormais les juges du Tribunal constitutionnel polonais qui s’en mêlent, jugeant cette réforme des médias publics «illégale» — ces juges étant eux-mêmes soupçonnés par l’Union européenne d’être sous l’influence du PiS. »

    On remarque que le mot « illégale » est mis entre guillemets et la légitimité du Tribunal constitutionnel polonais est mise en doute (« soupçonné d’être sous l’influence du PiS »). On lit d’ailleurs plus loin dans le même article : « En réalité, le Tribunal constitutionnel lui-même est perçu par les pro-européens et adversaires du PiS comme une instance sous l’influence de l’ancien pouvoir populiste. »

    En 2016, les mêmes médias n’avaient pas remarqué que, après huit ans de gouvernements de la Plateforme civique de Donald Tusk, le Tribunal constitutionnel était sous l’influence de l’ancien pouvoir libéral. Forcément, les juges de ce tribunal sont chacun élu pour neuf ans à la majorité simple de la chambre basse du parlement, et donc une majorité qui se maintient au pouvoir pendant huit ans a une majorité de juges de son bord au Tribunal constitutionnel. Est-ce si étonnant et si scandaleux que cela ? Le Figaro n’est-il pas au courant du mode de nomination des « sages » du Conseil constitutionnel en France ainsi que de sa composition actuelle ?

    « Après les médias publics, c’est donc aux juges constitutionnels que Donald Tusk devra s’attaquer s’il veut poursuivre sa reprise en main du pays », nous dit Le Figaro. On l’imagine donc écrire sur le même ton approbateur, si jamais Marine Le Pen et le Rassemblement national remportent les prochaines élections présidentielles et législatives en France, « après les médias publics, c’est donc aux juges constitutionnels que Marine Le Pen devra s’attaquer si elle veut poursuivre sa reprise en main du pays ».

    Manifestation de protestation sous-estimée

    Et quand des dizaines de milliers de Polonais ont manifesté à Varsovie contre la méthode utilisée pour prendre le contrôle des médias publics, mais aussi pour le pluralisme médiatique (largement amoindri à la télé par le passage forcé des médias publics dans le camp gaucho-libéral) et la remise en liberté de deux députés du PiS (dont le vice-président du parti) arrêtés en violation d’une décision de la Cour suprême (cour de cassation) polonaise qui invalidait l’extinction de leur mandat de député par le président de la Diète, et donc maintenait leur immunité parlementaire, Le Figaro titrait : « Pologne : l’opposition manifeste à Varsovie contre les réformes de l’administration pro-UE ». Et il évoquait des milliers de manifestants là où ils étaient de toute évidence des dizaines de milliers.

    Un relais d’Adam Bodnar issu de la galaxie Soros

    Le Figaro, toujours, avait relayé les avertissements du Médiateur polonais des droits civiques, Adam Bodnar, dans un article de mai 2021 intitulé « La Pologne vire à l’État ‘non démocratique’ prévient son Médiateur des droits. » Adam Bodnar est un militant de gauche, pro-LGBT, ce qu’il a prouvé en tant que médiateur des droits nommé par la majorité libérale sortante juste avant les élections de 2015. Auparavant, il était à la tête de la Fondation Helsinki des droits de l’homme, une ONG financée, entre autres, par l’Open Society Foundations de George Soros. Comme les autres grands journaux français, Le Figaro ne dit toutefois pas mot de la grave crise de l’État de droit déclenchée par le ministre de la Justice Adam Bodnar, en poste depuis le 13 décembre, quand il a décidé à la mi-janvier de limoger le procureur national sans demander son avis au président de la République Andrzej Duda, issu du PiS. La loi polonaise régissant les rapports du ministre de la Justice avec le parquet exige l’aval du président pour le limogeage du procureur national et l’aval du procureur national pour le limogeage des procureurs des niveaux inférieurs. Qu’à cela ne tienne, le ministre de Donald Tusk a d’abord exigé que lui soient confié toutes les enquêtes qui venaient d’être ouvertes par le parquet sur les agissements du ministre de la Culture vis-à-vis des médias publics avant de remplacer le procureur national et de limoger les procureurs par dizaines sans se soucier de la loi.

    La coalition dirigée par Donald Tusk sait qu’elle n’a pas la majorité des trois cinquièmes nécessaires pour renverser un éventuel veto du président Duda et elle ne perd donc pas son temps à voter des lois. Mais du coup, en termes de violations de l’État de droit, entre la prise de contrôle des médias, l’arrestation de deux députés du PiS et la prise de contrôle du parquet, le gouvernement de Donald Tusk est sans conteste allé beaucoup plus loin en un mois que le PiS en huit ans de pouvoir.

    Libération et Le Monde d’accord avec l’extrême centre liberticide

    « De fait, depuis l’intronisation du nouveau gouvernement en décembre, la Pologne vit une crise institutionnelle », explique gentiment Libération.

    « Un nouveau paroxysme a été atteint ce mardi 9 janvier. La police a fait irruption dans le palais présidentiel pour arrêter Mariusz Kamiński et Maciej Wąsik, deux anciens ministres du PiS, qui avaient tenté d’y trouver refuge pour éviter d’être conduits en prison où ils doivent purger une peine de deux ans pour abus de pouvoir. L’épisode a mis en lumière la concurrence de légitimité entre les institutions toujours aux mains de fidèles du PiS et celles loyales au nouveau gouvernement, ou en tout cas à l’État de droit. »

    En 2016, de nombreuses institutions étaient toujours aux mains des fidèles des libéraux et cela ne choquait personne. C’est assez normal dans une démocratie qu’il faille gagner plusieurs élections de suite pour étendre progressivement son contrôle sur les institutions et c’est aussi le cas en France. Il n’y a qu’à voir l’influence des socialistes sur nos institutions françaises alors qu’ils ne représentent plus rien électoralement. Mais quand ce sont les conservateurs qui perdent des élections, il faudrait apparemment purger immédiatement toutes les institutions au nom du rétablissement de la démocratie et de l’État de droit, y compris en violant les lois et la constitution.

    Dans un « décryptage » publié le 31 janvier, Le Monde, explique justement à ses lecteurs que « le premier ministre polonais, Donald Tusk, s’emploie à rétablir l’État de droit depuis son arrivée à la tête du gouvernement, en décembre 2023. Un combat de tous les jours dans ce pays où le parti nationaliste populiste Droit et justice (PiS), au pouvoir durant huit ans, continue de disposer de solides relais. » Et Le Monde nous explique cela sous un titre plutôt inquiétant pour la démocratie : « La Pologne refait sa révolution, trente-cinq ans après sa sortie du communisme. »

    Le journal cite plus loin « Adam Michnik, qui joua un rôle de premier plan dans l’élaboration de la feuille de route de 1989 et observe, à 77 ans, cette deuxième transition inédite depuis son bureau débordant de livres au siège de Gazeta Wyborcza, le journal qu’il a fondé, en mai 1989, pour faire tomber le communisme » (en fait Michnik ne l’a pas fondé, mais en a rapidement pris le contrôle à la chute du communisme en roulant dans la farine le syndicat Solidarność, qui en était propriétaire à l’origine).

    Rares auront donc été, dans les médias français, les articles critiques des manières de Donald Tusk et de sa coalition des libéraux, du centre et de la gauche.

    Observatoire du journalisme (OJIM, 3 avril 2024)

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  • La chimère du vivre ensemble et les médias face aux émeutes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'Observatoire du journalisme qui revient sur le traitement par les médias des émeutes ethniques qui ont mis notre pays à feu et à sang pendant près d'une semaine.

     

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    La chimère du vivre ensemble et les médias face aux émeutes

    Depuis une cinquantaine d’années, le journalisme de grand chemin est un outil indispensable pour véhiculer le fantasme du vivre-ensemble. Cette chimère a du plomb dans l’aile depuis les émeutes qui ravagent notre pays depuis le mercredi 28 juin 2023. Malgré ces événements, certains médias s’attachent à cette utopie tandis que la presse est parfois prise pour cible lors de ces affrontements. Entre gymnastique mentale et incohérences flagrantes, petit tour d’horizon de la presse française en période de pré-guerre civile.

    Des journalistes pris pour cibles

    Dans ce climat de chaos, les photographes, cameramen et reporters sont les plus exposés. En tout, ce sont près d’une dizaine de journalistes qui ont été agressés, volés et tabassés durant ces émeutes. Venus de rédactions très différentes, nous observons que ces journalistes ont été pris pour cible car ils étaient sur les lieux des émeutes, parfois confondus avec un policier. Ainsi, un journaliste du Point, deux journalistes du Figaro, un photographe de Libération et deux journalistes d’Al Jazeera ont été visés. La presse locale a elle aussi été ciblée : des journalistes d’un média de Besançon et enfin un journaliste de Ouest-France ont eux aussi fait les frais du chaos. Certaines agressions ont été particulièrement violentes. Le photographe de Libération a été frappé avec un pavé à l’arrière de la nuque, le journaliste du Point a été tabassé à coups de pierres par certains émeutiers. Notons que même des rédactions « indulgentes » — pour ne pas dire plus — avec les émeutiers, comme Libération ou Al Jazeera, ont été ciblées. Souvent le récit est le même : ces journalistes étaient présents dans un point chaud, souvent après le départ de la police, et prenaient des photos lorsqu’ils ont été pris pour cible.

    Les vidéos cachées par les autorités

    Si elle est malmenée par le bas, la presse est aussi malmenée par le haut avec le gouvernement. Face à une situation qui lui échappe, le gouvernement a voulu feindre la maîtrise de la situation en contrôlant les images qui étaient postées sur les réseaux sociaux. C’est dans cette optique que les services du ministère de l’Intérieur sont rentrés en contact avec le directeur adjoint de Cerfia, l’un des comptes Twitter les plus populaires qui diffusé des vidéos des émeutes, permettant aux usagers de voir ces dernières autrement que par le prisme des chaînes d’information ou de la presse mainstream. Comme l’explique Pierre Delcombel, directeur adjoint de Cerfia, à Libération : « Ils [les services du ministère de l’Intérieur] nous ont demandé notre soutien pour faire passer un peu les bonnes infos et apaiser la situation. ». Si rien n’obligeait Cerfia à accepter cette demande, le simple fait de vouloir contrôler l’information fait tache dans un pays où l’indépendance de celle-ci est érigée en dogme. Rien de nouveau pour nos lecteurs assidus.

    Les réseaux sociaux révèlent le réel que L’Obs veut cacher

    Les réseaux sociaux ont été une source primordiale d’informations durant ce chaos. Comme l’a souligné Pierre Sautarel, de FdeSouche, sur son compte Twitter, durant cette période l’information a été avant tout l’apanage d’une poignée d’anonymes sur des canaux Telegram. La presse de gros tirages était occupée à minimiser les événements. Un exemple nous est fourni avec L’Obs. Dans un papier publié dimanche 2 juillet 2023, le journal titre : « aucun incident majeur n’a été recensé dans la nuit de samedi à dimanche ». Un constat très loin de la réalité, mais en accord avec le récit gouvernemental. Dans la nuit de samedi à dimanche 2 juillet 2023, le maire de la commune de L’Haÿs-les-Roses, Vincent Jeanbrun, a été victime d’une attaque à la voiture bélier enflammée à son propre domicile. Sa femme a eu le tibia cassé, ses enfants étaient également présents. Durant cette même nuit, à Mulhouse, six pompiers ont été victimes d’une tentative d’assassinat. Ajoutons des pillages encore nombreux ainsi que des affrontements tendus à Marseille et vous aurez ce que L’Obs appelle une nuit sans « aucun incident majeur ». Sans doute sous la pression de ses lecteurs, ou dans un instant de lucidité, le journal a renommé son article « Première nuit d’accalmie dans la nuit de samedi à dimanche ». Un réajustement qui colle davantage à la réalité, mais qui euphémise la réalité. Notons que l’article ne parle pas de l’attaque de Vincent Jeanbrun.

    La cagnotte comme dérivatif

    Lorsqu’elle n’euphémise pas la violence de ces émeutes, une partie de la presse cherche d’autres cibles. L’une d’elles est la cagnotte mise en place pour soutenir la famille du policier ayant tué Nahel (nous écrivons bien Nahel et non pas Naël comme certains l’ont repris fautivement). Le Monde, dans un papier du 3 juillet 2023, se demande « comment l’extrême droite instrumentalise la cagnotte de soutien à la famille du policier ? ». Comme un chat qui retombe toujours sur ses pattes, qu’importe le contexte, une partie de la presse revient toujours sur l’hydre qu’est l’extrême droite. Libération a lui aussi fait son petit commentaire sur cette cagnotte. Dans un article du 2 juillet, le journal note que l’idée de cette cagnotte « ne vient pas de n’importe qui : Jean Messiha, soutien d’Éric Zemmour et agitateur approximatif des plateaux de télévision ». Nous retombons dans la tambouille que nous avait faite France 5 il y a quelque temps. Le même article souligne que Jean Messiha a dû se tourner vers la plateforme GoFundMe, un organisme américain, après avoir vu sa première cagnotte bloquée par Tipeee. Enfin, Libération évoque la tentative des Sleeping Giants de bloquer cette cagnotte, un sujet que nos lecteurs connaissent bien. Hélas pour les censeurs, le site américain a jugé la cagnotte en accord avec les termes d’utilisation de son site.

    Deux claques et au lit

    Une déclaration a fait couiner Libération, la phrase du préfet de l’Hérault, Hugues Moulouh, qui a préconisé « deux claques et au lit » aux parents des jeunes émeutiers afin de calmer les ardeurs de leur progéniture. Dès lors, il n’en fallait pas plus pour que Libération, dans un article du 3 juillet, parle de « méthode forte ». Citant quelques personnes proches de La France Insoumise, l’article parle de « phrase-choc », tandis que la fin du papier souligne les liens du préfet avec Nicolas Sarkozy. Mater des émeutes, des pillages, des attaques et des tentatives d’assassinat par « deux claques », une méthode-choc selon Libération. Voilà qui ferait une belle synthèse.

    Un autre élément qui a fait réagir est la constitution de groupes de défense dans certaines villes pour faire face aux pilleurs. Certains, issus de l’extrême droite, ont permis à la presse mainstream de retomber dans son jargon habituel de lutte contre cette menace fantôme en mettant sous le tapis les débordements en banlieues.

    Le NYT plus réaliste

    Dans ce climat tendu, la presse internationale n’a pas manqué de réagir. Dans un article, le New York Times parle de « problèmes qui traînent depuis longtemps ». L’article fait le lien entre les émeutes et des problèmes d’identités latents depuis plusieurs années en France, évoquant les minorités qui résident dans les quartiers qui se révoltent. De manière globale, peu de papiers font le lien entre ces émeutes et les minorités immigrées. Souvent, ce lien est fait seulement pour insister sur le racisme de la police française et de l’État.

    Nous aurions pu souligner d’autres éléments. Comme le silence relatif sur les appels — à moitié voilés — à la révolte que fait La France Insoumise, encourageant sans le dire les émeutiers, requalifiés en « révolutionnaires politiques ». La presse de grand chemin et le gouvernement préfèrent lutter contre les « vraies menaces », comme le colloque de l’Action française ou une journée d’hommage à Dominique Venner au nom de ce qui « pourrait » y être dit.

    Ojim (Observatoire du journalisme, 5 juillet 2023)

     

     

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  • Celui que les médias craignent...

    Pour ce numéro spécial de l'émission I-Média sur TV libertés, Jules Blaiseau reçoit Claude Chollet, président de l'Observatoire du journalisme pour évoquer le monde opaque des médias...

     

                                              

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  • Relations troubles entre ONG et passeurs : les médias français détournent le regard...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'Observatoire du journalisme consacré au silence des médias français sur les enquêtes qui mettent au jour les liens entre ONG et les passeurs de migrants en Méditerranée...

     

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    Révélations sur les relations troubles entre ONG et passeurs : les médias français détournent le regard

    L’étau se resserre autour de certaines ONG suspectées de collaborer avec les trafiquants d’êtres humains en Libye et de faciliter l’immigration clandestine en mer Méditerranée. Les récentes révélations du journal suisse Le Temps à ce sujet, bien qu’explosives, n’intéressent visiblement pas les médias français de grand chemin, probablement trop occupés à vanter les mérites de l’immigration et de la diversité.

    L’immigration clandestine en Méditerranée : un phénomène massif passé sous silence

    Il y a encore quelques mois, l’actualité était rythmée par les annonces des arrivées incessantes de bateaux chargés de clandestins sur les côtes italiennes ou à Malte. La question de la répartition des migrants entre pays européens se posait inévitablement. Les progressistes s’empressaient de minimiser l’ampleur des flux migratoires, les populistes préconisaient quant à eux la tolérance zéro face à cette immigration incontrôlée.

    Nos dirigeants ont rapidement compris le mauvais effet que les annonces sans cesse renouvelées des répartitions de migrants entre pays européens faisait auprès de l’opinion publique, en particulier en pleine pandémie de coronavirus. Ils sont désormais beaucoup plus discrets au sujet de celles-ci, et elles échappent maintenant à toute médiatisation. Mais cela ne signifie en aucun cas que l’immigration clandestine arrivant sur les côtes européennes soit à l’arrêt, comme en témoignent les statistiques tenues par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations Unies.

    Depuis le début des années 2010, c’est par millions que les clandestins sont arrivés en Europe par la mer méditerranée. Et comme nous le soulignions en début d’année, la pandémie de coronavirus a à peine infléchi la tendance en 2020. Cette immigration illégale massive ne serait pas possible sans un écosystème favorisant les passages incessants de clandestins, un écosystème dont les rouages n’intéressent, à la lumière des dernières révélations, pas beaucoup les médias de grand chemin.

    Des suspicions déjà anciennes

    Les suspicions de collusion entre les passeurs et certaines Organisations Non Gouvernementales pour favoriser le transport des clandestins sur les côtes italiennes et grecques ne sont pas nouvelles. L’Observatoire du journalisme a consacré plusieurs articles à ce sujet :

    - Le 16 décembre 2016, nous faisions état du travail d’investigation de la fondation néerlandaise Gefira qui accréditait la thèse selon laquelle des ONG font passer les migrants en Europe « à une échelle industrielle » en lien étroit avec certains passeurs. Ces travaux avaient fait l’objet d’un pitoyable debunkage de Libération.

    - Le 20 décembre de la même année, nous relations une enquête menée par le Financial Times à partir d’informations de Frontex. Celle-ci aboutissait à la conclusion de l’existence de liens entre des réseaux criminels et certaines ONG dont les bateaux croisent en mer méditerranée, dans un objectif affiché de « sauvetage en mer ».

    - En juillet 2017, nous consacrions un revue de presse au rôle des ONG dans la crise des migrants. Nous relevions que le journal Le Monde avait fait état le 24 avril 2017 des déclarations d’un procureur italien affecté à Catane, dans l’est de la Sicile, Carmelo Zuccaro, affirmant « avoir « des preuves » que des navires humanitaires qui secourent des migrants en Méditerranée (sont) en contact direct avec des trafiquants d’êtres humains en Libye ».

    - En décembre 2018, l’Observatoire du journalisme reprenait un article très fouillé du site l’Antipresse sur « ce phénomène étonnant : des navires qui orchestrent, financent, organisent de massifs transferts de population ».

    La justice italienne mène l’enquête

    Dernier rebondissement en date, le journal suisse Le Temps vient de révéler les conclusions du travail d’enquête mené par un juge italien, Maurizio Agnello, accréditant l’existence d’une collusion entre certaines ONG et des passeurs. Le journal suisse Le Temps a eu accès aux 651 pages de son rapport, qui est le fruit de 3 ans de travail. Il en présente les grandes lignes dans un article du 11 mars. Celui-ci mentionne en substance :

    « Les organisations de sauvetage auraient développé des relations de proximité avec les trafiquants afin d’être avertis à l’avance des départs de bateaux transportant des migrants et d’être ainsi les premiers sur place. Les trois ONG (Save the Children, Médecins sans frontières et Jugend Rettet, NDLR) auraient agi de concert et « contourné le système de secours mis en place par les autorités italiennes ».

    Le rapport pointe la responsabilité d’une vingtaine de personnes, de nationalité italienne pour moitié, et également allemande, espagnole, française et belge. Celles-ci encourent des peines de 4 mois à 20 ans de prison. L’acte d’accusation serait sur le point d’être rédigé. D’autres faits de collusion alléguée avec les passeurs sont mentionnés dans l’article du journal suisse qui viennent alourdir les charges pesant contre les membres des 3 ONG.

    Si le Temps révèle un scoop, il n’en oublie pas pour autant, pour faire bonne mesure, de donner un coup de griffe aux policiers et à certains politiciens italiens qui n’ont de cesse de dénoncer les liens entre des ONG et des passeurs. C’est oublier un peu vite que, comme nous le relevions dans une revue de presse, les ministres de l’intérieur italien, français et allemand soulignaient, lors d’une réunion informelle organisée le 7 juillet 2017, que « les ONG doivent certes répondre à leur vocation de sauvetage en mer, mais ne pas alimenter elles-mêmes ce flux incessant »…

    D’autres accusations plus récentes

    Ces accusations ne sont les seules à l’encontre de certaines ONG dont les bateaux croisent en mer méditerranée. Le site d’information Breizh Info a consacré le 3 février 2021 un article aux déclarations du contre-amiral italien à la retraite Nicola De Felice, qui était à la tête du commandement naval italien en Sicile dans les années 2015–2018, au plus fort de la crise des migrants.

    Celui-ci affirme notamment :

    « Les navires de sauvetage de migrants ne font qu’encourager des tentatives de traversée plus dangereuses et violent toute une série de lois » Des ONG européennes « coopèrent avec les trafiquants d’êtres humains et violent le droit international en mer ».

    L’opacité du financement des ONG est également fréquemment pointée du doigt. Le site Riposte Laïque a révélé récemment les grandes lignes d’un rapport rédigé par un parlementaire allemand mettant en avant l’attribution en 2019 de près de 34 millions de subventions aux ONG de l’Open Society Foundation du milliardaire américain George Soros. 

    Black-out quasi-total en France

    Les récentes accusations de la justice italienne contre les 3 ONG n’intéressent visiblement pas les médias français, contrairement à la presse étrangère qui y a consacré plusieurs articles, notamment le journal britannique The Guardian, Arabnews, etc. Le journaliste Olivier Bault a publié sur le site d’information Remix news un article très complet à ce sujet, qui mentionne notamment d’autres poursuites engagées par le procureur de Ragusa contre l’ONG Saving Human.

    Parmi les très rares médias français à parler de cette affaire, le site Infomigrants soulignait le 4 mars, soit 7 jours avant Le Temps, une « pluie d’accusations contre les ONG d’aide aux migrants en méditerranée », suivi le 11 mars par le site de revue de presse Fdesouche, puis le 12 mars par le site du journal Front Populaire et C News le 15 mars. Depuis, à l’heure où nous écrivons ces lignes, le 16 mars, plus rien. La maison mère de l’information politiquement correcte, l’Agence France Presse, a très probablement trouvé des informations plus importantes à proposer à ses clients bien peu hardis…

    Le tropisme pro-ONG et pro-migrants des médias français de grand chemin n’est pas un nouveauté.

    En 2018, c’est dans un silence médiatique assourdissant que le média anglophone The Investigative journal mettait en lumière le financement de groupes terroristes islamiques en Afrique du nord par la traite de migrants. A l’époque comme maintenant, les médias français de grand chemin avaient traité ces informations avec dédain. Il est vrai qu’il est plus facile de recopier laborieusement des dépêches de l’AFP plutôt que de s’attirer des ennuis en évoquant les sujets qui dérangent…

    Observatoire du journalisme (OJIM, 17 mars 2021)

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  • Comprendre le pouvoir des médias...

    Le 3 décembre 2020, Grégory Roose recevait Claude Chollet dans son émission Reconquête pour évoquer le pouvoir des médias.  Chroniqueur régulier sur  Sud Radio et le fondateur du site d'informations  Adoxa, Grégory Roose a publié Pensées interdites - Chroniques de la France bâillonnée (2019).

     

                                               

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  • Terrorisme et immigration selon Le Monde : pas d’amalgame !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'Observatoire du journalisme consacré à un article récent du quotidien Le Monde cherchant à minorer le lien entre terrorisme islamique et immigration...

     

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    Terrorisme et immigration selon Le Monde : pas d’huile sur le feu et pas d’amalgame

    Y a t-il un lien entre terrorisme et immigration ? Le quotidien Le Monde s’est posé cette grave question dans un article publié le 12 novembre 2020. En appelant à la rescousse plusieurs spécialistes patentés ou désignés d’office, le journal entend mettre ce lien « à l’épreuve des faits ». Ses arguments sont loin d’être convaincants.

    Tu parles d’où, camarade ?

    Dans les années 1960 et 1970, lorsqu’un intervenant prenait la parole dans une Assemblée Générale dans une salle de cours enfumée d’une université, il était très fréquent qu’on lui demande : « Tu parles d’où, camarade ? », afin de connaitre le courant idéologique qu’il représentait. À la même période, le quotidien Le Monde bénéficiait aux yeux de certains de la réputation de « quotidien de référence ». S’il s’agit d’une autre époque, bien lointaine, il est toujours utile de savoir dans quel courant de pensée s’inscrit un journaliste avant de lire son article.

    La journaliste Julia Pascual écrit de nombreux articles sur l’immigration dans le quotidien du soir. Leur point commun : présenter les migrants comme des victimes et les moyens considérables que déploie l’État français pour leur accueil comme insuffisants. C’est une opinion que l’on peut ne pas partager mais qui est respectable. Il est néanmoins utile de l’avoir à l’esprit lorsqu’on lit un article de la journaliste.

    Le lien entre terrorisme et immigration : un véritable tabou

    La journaliste donne comme exemples de ceux qui établissent un lien entre immigration et terrorisme des leaders de partis à la droite de l’échiquier politique et des populistes.

    « Ces propos suscitent un certain malaise, notamment au sein du secteur associatif ». En employant une telle formulation, Julia Pascual se focalise sur ceux qui rejettent ce lien réel ou supposé. Sont-ils nombreux ? Elle aurait pu également rappeler qu’un sondage de l’IFOP réalisé en 2018 fait ressortir qu’une majorité de Français estime que l’immigration « maximise le risque terroriste ».

    Un panel bien choisi

    Pour tenter de répondre à la question, la journaliste interroge un responsable d’une association aidant les migrants, un universitaire qui a tenté de cerner le profil des terroristes, un représentant du Centre d’analyse du terrorisme (CAT) et le directeur du Centre migrations et citoyennetés de l’Institut français des relations internationales.

    Leurs témoignages vont essentiellement dans le même sens : certains discours feraient un lien abusif entre les deux phénomènes.

    Julia Pascual rappelle les propos du ministre de l’intérieur : « Sur les 30 derniers terroristes confondus pour des actes commis sur notre sol, 22 étaient français, 8 seulement étrangers ».

    Le représentant du CAT estime que « nous sommes face à un terrorisme essentiellement endogène, conçu et exécuté dans le pays d’origine ».

    On monte d’un cran avec les propos du directeur du Centre migrations et citoyennetés de l’Institut français des relations internationales : « la problématique est davantage que la société française produit cette violence » (sic).

    Pour parachever le tout, la parole est donnée au directeur des études migratoires du think tank libertarien américain CATO qui estime que le terrorisme est un « phénomène rare » et qu’il n’y a pas d’« association significative entre la part des migrants dans un pays et une activité terroriste ». Il est utile de préciser que le think tank américain est un fervent défenseur de l’immigration, comme en témoignent les nombreux articles à ce sujet sur son site internet.

    Parmi les personnes interrogées sur le sujet, aucun n’établit donc de lien direct entre terrorisme et immigration. Par respect du pluralisme et du contradictoire, la journaliste aurait pu confronter ces positions à celles d’autres spécialistes de la question. Comme celle de Thibault de Montbrial par exemple. Le Président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure affirme dans un récent essai que « si l’islamisme découle de l’immigration, le terrorisme est le résultat de l’islamisme ». Mais poser le débat dans ces termes aurait peut-être fait vaciller des certitudes solidement pro-immigration…

    Les informations que vous ne trouverez pas dans l’article du Monde

    À ce stade, face à cette avalanche de chiffres, le lecteur du Monde ne peut que se rallier à la thèse selon laquelle, non, il ne peut pas être établi de lien entre terrorisme et immigration. Pourtant, d’autres informations toutes aussi « sérieuses » méritent d’être mentionnées :

    • Le think tank Fondapol a mis en avant dans un rapport publié en novembre 2019 que « La France a été le pays le plus touché de toute l’Union européenne, avec 71 attentats islamistes commis sur son sol entre 1979 et 2019. Ces attentats ont fait au moins 317 morts ». Le fait que la France ait la communauté musulmane la plus importante d’Europe n’est pas mentionné dans le rapport. Ce n’est d’ailleurs pas son propos. Parmi cette communauté, on peut trouver des islamistes à velléités terroristes. Chacun est libre d’établir les corrélations qu’il souhaite.

    • Le terrorisme ayant causé des morts dans notre pays dans les dernières années est exclusivement à motivation islamiste. Pour rappel, 263 Français ont péri en 5 ans pour ce motif. Le journal le Monde aurait été bien inspiré de rappeler que cette forme de terrorisme n’existait pas il y a quelques décennies. La multiplication des actes terroristes islamistes en France est étroitement liée à la propagation de l’islamisme, qui s’est lui-même développé avec l’immigration extra-européenne massive organisée et subie depuis les années 1960. Le terrorisme islamiste dit « endogène » concerne très majoritairement des jeunes d’origine immigrée de la deuxième génération.

    • Un internaute, Pont d’Arcole, a fait un minutieux recensement des islamistes ayant commis un attentat terroriste durant les cinq dernières années. Le résultat de son travail figure sur Twitter.
      On y constate que sur les 45 terroristes ayant organisé des attentats depuis 2015, seuls 5 sont des français convertis. Les autres sont soit des étrangers, soit, beaucoup plus rarement, des français d’origine étrangère (souvent maghrébine).

    • Un autre internaute Walker, a recensé « quelques déséquilibrés ayant tué en France ces 25 dernières années. Si vous trouvez leur point commun, merci de me le dire en commentaire », écrit-il, de façon espiègle…

    Déni du réel

    Le déni du réel n’est pas nouveau. En 2015, de nombreux médias dénonçaient déjà en bloc le « fantasme de l’infiltration terroriste », avant de rétropédaler laborieusement. Entre la généralisation hâtive et le déni, il y a un espace que n’a pas exploré le Monde. Désormais, c’est en niant le caractère exogène du terrorisme islamiste et son lien avec l’immigration que « pas d’huile sur le feu » et « pas d’amalgame » sont brandis à l’opinion publique. Il n’est pas sûr que même les lecteurs du Monde croient encore à ces sornettes.

    Observatoire du journalisme (OJIM, 18 novembre 2020)

     

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