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  • Wakanda...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue publié sur le site Idiocratie et consacré à Black Panther - Wakanda forever la dernière production en date des studios Marvel, instruments du soft power américain...

     

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    Wakanda

    Le ridicule ne tue pas, sauf entre les mains des Etats. Là, il devient assurément une arme létale, d’autant plus mortelle qu’elle se confond avec un instrument de divertissement, partagé par la planète entière. En 1990, le politologue Joseph Samuel Nye théorise le concept de softpower et le définit comme la capacité d’un Etat à obtenir ce qu’il souhaite d’un autre Etat, ou à faire en sorte que cet autre Etat veuille la même chose que lui sans le contraindre. A la différence de la propagande, qui ne s’embarrasse pas de subtilité et qui est le fait d’un gouvernement, le softpower prend les formes les plus diverses et est construit par de multiples acteurs, étatiques ou non. A l’ère de l’information de masse, le cinéma est un instrument privilégié du softpower et la franchise de films MCU – pour Marvel Cinematic Universe – produite par les studios Marvel, propriété de Walt Disney, constitue sans nul doute le navire amiral de la flotte de guerre culturelle hollywoodienne. En un peu plus de vingt ans et plus de trente films, la franchise Marvel a rapporté plus de trente milliards de dollars et rendu la planète accro aux super-humains bodybuildés en collants. Après avoir essoré les superstars comme Spiderman ou Iron Man, les studios Marvel doivent désormais aller piocher parmi les seconds couteaux, tout en s’efforçant d’être dans l’air du temps. Depuis quelques années déjà, la mode est à la cancel culture et le fond de l’air est woke. La Panthère noire (« Black Panther » en version originale), super-héros créé par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Jack Kirby et apparu pour la première fois dans le 52e opus des aventures des Fantastic Four en juillet 1966, était donc le candidat parfait pour incarner le nouveau super-symbole conscientisé de l’ère Trump. 

    Le softpower américain est un instrument économique, géopolitique et idéologique, soigneusement calibré pour répondre aux attentes du public américain. En 1954, quand le magazine de comics Jungle Tales présente le héros « Waku, le prince Bantu », son éditeur, Atlas Comics (nom utilisé par Marvel Comics à l'époque), suit avec précision l’actualité du moment et le combat pour les droits civiques. En 1966, l’héritier de Waku, rebaptisé « Black Panther », s’adresse directement aux lecteurs noirs américains en mettant en scène ce super-héros qui règne sur le Wakanda, royaume imaginaire situé en Afrique, très avancé technologiquement, seul endroit au monde possédant des mines de vibranium, métal extrêmement rare aux propriétés fantastiques. Dans les années 1960, cette Panthère Noire rencontre un tel succès auprès du lectorat afro-américain qu’elle aurait même inspiré le nom du Black Panther Party, créé en octobre 1966. Cinquante ans plus tard, la Panthère noire a donc logiquement repris du service pour coller à une autre actualité, celle de #metoo et Black lives Matter. Et le pari de Marvel a été payant. Le film Black Panther, sorti en 2018, a été un succès planétaire. Il a coûté 200 millions de dollars et en a rapporté 1,3 milliard et son protagoniste principal est devenu une icône pop culture du nouveau combat pour les droits civiques dans le climat de tensions ethniques et de violences qui a marqué le mandat de Donald Trump.

    En 2022, Marvel tente de rééditer l’excellente opération commerciale du premier film. Malheureusement, l’acteur principal, Chadewick Boseman, interprète du roi T’Challa, souverain du Wakanda, alias The Black Panther, est tragiquement décédé en août 2020 d’un cancer du côlon. Qu’à cela ne tienne, le nouvel opus de Black Panther sera non seulement un film de super-héros afro-américains mais également dominé par les femmes. Et les nouveaux ennemis du Wakanda sont les anciennes puissances coloniales qui tentent de lui voler son vibranium. Nous ne gâcherons pas la surprise des quelques lecteurs qui n’auraient pas encore vu Black Panther : Wakanda Forever (c’est le titre) en révélant que l’on apprend dès le début du film le nom de cette odieuse nation sans foi ni loi : la France. La toute première scène du film montre les forces spéciales françaises qui tentent de s’attaquer à une base avancée du Wakanda… au Mali. Confrontés aux fières guerrières wakandaises, les soldats de l’ancienne puissance coloniale sont facilement vaincus et capturés et amenés pieds et poings liés face à l’assemblée des Nations-Unies devant laquelle ils sont forcés de se mettre à genoux. 

    Avec beaucoup de cynisme et fort peu de nuance, les studios Marvel s’efforcent de séduire un public soucieux de saupoudrer la bûche de Noël hollywoodienne d’une pincée de conscientisation ethno-différentialiste et soi-disant anticoloniale. L’industrie du cinéma a la mémoire courte évidemment et on se souviendra qu’il y a vingt ans, en 2003, c’est un autre héros de comics, Captain America, qui traitait les Français de lâches, pour avoir eu l’audace de refuser de soutenir l’intervention de l’Oncle Sam en Irak. Bien sûr, en refourguant aussi grossièrement leur clinquante camelote, les studios Marvel insultent la mémoire des 58 soldats français, tués au cours des opérations Serval et Barkhane au Mali, dont le sacrifice a permis d’éviter la contagion islamiste dans toute l’Afrique de l’ouest et au Mali de conserver son intégrité territoriale, mais Marvel estime peut-être que la présence des mercenaires de Wagner est préférable à celle des soldats français au Mali…Le softpower des studios Marvel n’est, certes, pas directement responsable de la mort de 58 soldats français au Mali mais pour des raisons bassement mercantiles, dissimulées derrière le politiquement correct le plus lourdaud qui soit, il insulte la mémoire de ceux qui sont morts entre autre pour que les films de merde de la Marvel puissent être projetés dans les salles de cinéma de Tombouctou, tant que les islamistes d’AQMI n’ont pas encore mis la main dessus. Souhaitons aux maliens de trouver leur bonheur avec les miliciens de Wagner maintenant que l’odieuse ex-puissance coloniale a plié bagage.

    Des idiots (Idiocratie, 21 janvier 2023)

     

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  • Géopolitique et cinéma...

    Les éditions L'Harmattan viennent de publier un essai de Maxime Didat intitulé Géopolitique et cinéma - Image(s) de la puissance et puissance des images. Juriste et politologue, Maxime Didat enseigne à l'Université libre de Bruxelles et est également conseiller au ministère de la Défense de Belgique.

     

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    " Davantage que des objets de divertissement ou des produits culturels consommés à l'échelle mondiale, les films sont aussi des porte-étendards de valeurs, des outils de propagande utilisés tant dans des démocraties confirmées qu'au sein de régimes autoritaires. Cet ouvrage analyse les moyens dont disposent les industries du cinéma pour aider les États à exercer des moyens de domination dans les relations internationales, qu'il s'agisse d'une domination « concrète » ou plus « symbolique » démontrant ainsi que les films ne sont pas « juste » des produits de divertissement, mais bien un instrument stratégique à part entière. "

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  • L'Empire vous divertit...

    Les éditions Investig"action viennent de publier une enquête de Matthew Allford et Tom Secker intitulée L'Empire vous divertit - Comment la CIA et le Pentagone utilisent Hollywood.

    Cette enquête vient utilement compléter les essais de Philippe d'HuguesL’Envahisseur américain - Hollywood contre Billancourt (Favre, 1999), de  Jean-Michel Valantin, Hollywood, le Pentagone et le monde (Autrement, 2010) ou de  Pierre Conesa, Hollywar - Hollywood, arme de propagande massive (Robert Laffont, 2018).

     

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    " Bien installé dans une salle obscure ou dans son canapé, tout le monde a déjà été exposé à une production hollywoodienne. Mais derrière l’écran se cache parfois l’influence du lobby militaire : Pentagone et CIA.

    De fait, ils fournissent du matériel, des véhicules, des lieux de tournage et même des figurants pour de nombreux films comme Top Gun, certains Terminator, Avatar, Hulk et Iron Man. En contrepartie, ils imposent des modifications aux scénarios, du navet au film de qualité. Ils vont parfois jusqu’à tout réécrire !

    Matthew Alford et Tom Secker ont enquêté minutieusement sur une trentaine de films célèbres. En invoquant le Freedom of Information Act (qui, depuis le Watergate, oblige les administrations US à dévoiler une partie au moins de leurs archives), ils ont pu analyser plus de 4 000 pages de documents et de mails. Ils ont ainsi déterré toutes les formes de propagande.

    Passionnant et richement illustré, L’Empire vous divertit est incontournable pour mieux saisir les rouages de l’industrie cinématographique. Expliquant aussi comment les États-Unis ont utilisé Hollywood pour justifier leur domination. Le cinéma… une puissante arme de guerre ! "

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  • Le cinéma d'Hollywood, arme de propagande massive...

    Le 3 juillet 2018, Élise Blaise recevait, sur TV libertés, Pierre Conesa pour évoquer avec lui son dernier essai, intitulé Hollywar - Hollywood, arme de propagande massive (Robert laffont, 2018). Chef d'entreprise, ancien haut-fonctionnaire spécialiste des questions de sécurité nationale, Pierre Conesa a publié ces dernières années La fabrication de l'ennemi (Robert Laffont, 2012) ou Dr. Saoud et Mr. Djihad - La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite (Robert Laffont, 2016).

     

                                      

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  • Hollywood, arme de propagande massive...

     Les éditions Robert Laffont viennent de publier un essai de Pierre Conesa intitulé Hollywar - Hollywood, arme de propagande massive. Agrégé d'histoire et énarque, Pierre Conesa a fait partie dans les années 90 de la Délégation aux affaires stratégiques du Ministère de la défense. Il est l'auteur de plusieurs essais, dont Les Mécaniques du chaos : bushisme, prolifération et terrorisme (L'Aube, 2007), La fabrication de l'ennemi (Robert Laffont, 2012) ou Dr. Saoud et Mr. Djihad - La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite (Robert Laffont, 2016) ainsi que d'un excellent polar géopolitique, intitulé Dommages collatéraux (Flammarion, 2002).

    Sur le même thème, on pourra également consulter un ouvrage de Jean-Michel ValantinHollywood, le Pentagone et le monde (Autrement, 2010) et aussi L’Envahisseur américain - Hollywood contre Billancourt (Favre, 1999) de Philippe d'Hugues.

     

    pierre conesa,hollywood,cinéma,propagande

     

    " Le Noir, le Rouge, le Jaune, le communiste, le barbu... : quand Hollywood fabrique des ennemis, ce n'est pas que du cinéma.

    Hollywood est une usine à rêves mais aussi une formidable machine à créer des méchants. À chaque époque sa cible. D'abord incarné par le Noir, représenté comme un illettré, un paresseux obsédé par la femme blanche, l'ennemi a ensuite pris les traits de l'Indien, sauvage et agressif, puis du Chinois cruel, du basané - bandit mexicain, gras et transpirant, ou trafiquant colombien -, du nazi ou du communiste... Plus récemment, lors de la deuxième guerre du Golfe, c'est le " Frenchie " qui a cristallisé la rancœur des États-Unis, avant qu'il soit remplacé par l'Arabo-Irano-terroristo-musulman.
    Pour mener l'enquête, l'auteur a passé au crible plus de trois mille films, le plus souvent des objets cinématographiques de consommation courante, ceux qui forgent l'opinion publique bien plus que les chefs-d’œuvre. De manière implacable, il démontre comment Hollywood, en jouant de la confusion entre fiction et réalité, cinéma et géopolitique, est devenu une arme de propagande massive, capable de transformer les ennemis des États-Unis en menaces planétaires. "

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  • Le cercle doré...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue grinçant de Paul Fortune, cueilli sur son blog et consacré à l'affaire du producteur Harvey Weinstein qui secoue Hollywood et le monde du cinéma... On doit à Paul Fortune un excellent récit intitulé Poids lourd.

     

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    Le cercle doré

    Harvey Weinstein semble être la preuve qu’il faut juger les gens sur leur physique. Laid et obèse, le regard torve et libidineux,  on ne peut l’imaginer autrement qu’en prédateur sexuel au contact gluant et à l’odeur insupportable. Ce genre de type me dégoûte aussi bien physiquement que moralement, mais en faire un horrible violeur me rappelle surtout le proverbial chien qu’on accuse de la rage pour le tuer, et il me semble qu’il y a une différence entre coucher avec cette limace à force de pression et se faire violer par une quinzaine de migrants dans un local à poubelles. Hollywood n’est pas Rotherham, loin s’en faut.

    Ne soyons pas naïfs. Quand un homme aussi puissant que Weinstein est la cible d’accusations de ce genre, c’est que d’autres puissants ont tout intérêt à ce qu’il en soit ainsi. Ce genre d’affaire ne fait surface que parce que certains le veulent bien. Weinstein ne doit pas manquer d’ennemis, c’est le lot de tous les puissants, et il n’est certainement pas arrivé là où il est sans marcher sur quelques pieds, pour dire le moins. Il avait perdu de sa superbe ces derniers temps, les affaires allaient moins bien, il commençait à être physiquement diminué. Il était vulnérable et ses ennemis ont saisit l’opportunité de lui envoyer le coup de grâce. Qui sont-ils ? Ont-ils agit par intérêt ou par pur désir de vengeance pour des turpitudes passées ? Nous l’ignorons. Lorsqu’un homme au sommet de sa puissance est attaqué de la sorte, tout se règle avec un gros chèque, en toute discrétion. Et si l’actrice qui l’accuse de viol persiste, elle finit généralement dans un accident de voiture après avoir absorbé un cocktail d’alcool et de médicament. Mais si le nabab est en perte de vitesse, alors tout peut s’enchaîner très vite car ses ennemis ne le lâcheront plus.

    Tout le monde savait. Exactement comme pour DSK. Exactement comme pour Baupin. Exactement comme pour tant d’autres, hier ou demain. Mais bizarrement tout le monde se met à parler d’un coup. Pourtant, ce que toutes ces actrices ne disent pas, c’est qu’elles ont acquis fortune et gloire grâce au système qui cautionne ce genre d’agissement. En vérité, elles ont payé leur ticket d’entrée dans le cercle doré en toute connaissance de cause. Quel métier peut vous apporter du jour au lendemain, avant l’âge de 30 ans, fortune et gloire ? Sportif professionnel, musicien ou acteur. À moins d’être héritier ou entrepreneur de génie, personne d’autre ne peut arriver si haut si vite. Les places sont peu nombreuses et très lucratives. Le prix du ticket d’entré pour le cercle doré est donc très élevé. Depuis que le monde est monde, c’est ainsi que les choses fonctionnent. Peu importe que cela soit bien ou mal, moral ou immoral. L’accès au cercle doré coûte cher, tellement cher que toutes ces actrices n’assument jamais totalement le prix qu’elles ont dû payer. Mais sur le moment, elles ont fait le choix de la gloire et de la fortune plutôt que celui de l’anonymat et des jobs de serveuse pour joindre les deux bouts entre deux castings minables. Je ne juge pas leur choix, je juge leur hypocrisie. Je ne dis pas que leur choix a été facile, je ne nie pas les contraintes et pressions dont elles ont pu faire l’objet, je comprends parfaitement qu’un homme de pouvoir comme Weinstein a abusé de leur faiblesse. Mais elles pouvaient refuser de monter dans sa chambre d’hôtel. Cela aurait signifié la fin de leur carrière. Terminé les admirateurs, les grandes maisons, la nuée de courtisans et d’assistants de toutes sortes. Fini le confort, l’adulation. Elles ont préféré payer le prix de la chair. Sans joie, avec honte et dégoût peut-être. Mais personne ne me fera croire qu’elles ne savaient pas ce qu’elles faisaient. Quand on veut faire son chemin à Hollywood, on sait où on met les pieds. Weinstein n’est pas un type bien. Mais si on veut fréquenter des gens biens, on ne va pas à Hollywood.

    Il y aura d’autres Weinstein. Parce qu’il y aura toujours des gens qui voudront désespérément entrer dans le cercle doré. Celles qui accusent Weinstein auront-elles le courage de jeter dans la balance tout ce qu’elles ont gagné grâce à lui ?

    Paul Fortune (Blog de Paul Fortune, 15 octobre 2017)

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