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emmanuel macron

  • Guerre en Ukraine : une politique étrangère macroniste qui interpelle...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Michel Leblay, cueilli sur Polémia et consacré à l'étrange politique étrangère d'Emmanuel Macron sur la question du conflit russo-ukrainien.

    Michel Leblay a été un des animateurs du Club de l'Horloge.

     

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    Guerre en Ukraine : une politique étrangère macroniste qui interpelle

    Le président de la République puis le premier ministre, dans leurs interventions respectives, ont formulé, s’agissant de la guerre en Ukraine, une position de la France d’une grande intransigeance au regard de la négociation engagée entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie. Cette position veut s’inscrire dans une politique qui serait celle de l’Union européenne à laquelle, de plus, le Royaume-Uni s’associerait. Au-delà, de la dénonciation de l’agression de la Fédération de Russie et de l’impérialisme dont fait preuve son président, le réquisitoire vise, en apparence, la volonté du nouveau président des Etats-Unis de parvenir rapidement à une paix négociée.

    À l’origine, un incident diplomatique non une aggravation de la situation militaire

    Bien sûr, s’il est pour le moins normal que les autorités françaises affichent une préoccupation majeure pour un conflit de haute intensité qui se déroule sur le sol européen et dont l’un des deux protagonistes est l’une des deux grandes puissances nucléaires de la planète, le ton par rapport au moment suscite quelques réflexions. Au premier degré, la situation est présentée comme alarmante comme si l’armée russe avait percé les défenses ukrainiennes et qu’elle pourrait maintenant menacer à bref délai d’autres Etats, impliquant l’organisation d’une riposte. En fait, exprimé du point de vue de la politique étrangère, le discours s’avère être, en la circonstance, une condamnation de la volonté du nouveau président des Etats-Unis de parvenir à un accord de paix dans un duo avec la Russie. Il lui est reproché de trahir une alliance en abandonnant l’Europe et de bafouer des valeurs morales. L’enchainement des déclarations de ces derniers jours fait suite à l’échange tendu entre les présidents Trump et Zelinsky, avec la présence active du vice-président des Etats-Unis, lors de la conférence de presse tenue le 28 février 2025 à la Maison Blanche. S’il est exceptionnel dans ce type de tractations qu’un différend soit publiquement affiché, de manière aussi brutale, entre les deux chefs des Etats parties prenantes, pour autant, sur le fond, aucun bouleversement n’était intervenu sur le plan militaire dans les jours qui précédaient. Le projet de Donald Trump d’engager des pourparlers de paix était connu de longue date, avant même son élection.

    Des références historiques mal appropriées

    Pour qualifier la menace, considérée comme inédite sur le sol européen depuis la capitulation allemande du 8 mai 1945, les références historiques aux années 1930 sont allées bon train. Vladimir Poutine s’apparenterait au maître du IIIè Reich. Après l’absorption de l’Ukraine, il pourrait avoir pour ambition de s’en prendre à ses voisins d’Europe centrale avant d’étendre sa domination sur le continent. C’est au moins par les comparaisons faites, le sous-entendu. En évitant toute digression morale sur la gradation dans le mal, force est de reconnaître que la comparaison historique avec les années 1930 est mal appropriée. Relativement, la Fédération de Russie de 2025 n’a pas la puissance de l’Allemagne de 1938 et le président russe n’a pas développé de doctrines s’apparentant à celle d’Hitler. D’une manière générale, les parallèles historiques entre des époques fort différentes dans l’environnement qui les constitue, les mentalités et le cadre des idées et des croyances, exigent la culture et le discernement qui permettent d’en montrer les limites.

    Vladimir Poutine, un russe affligé par la chute de l’URSS et de la puissance perdue

    Vladimir Poutine à une conception de l’exercice du pouvoir certainement fort distincte de celle qui prévaut dans les sociétés occidentales mais qu’il faut, sans l’excuser ni la justifier, situer dans un héritage historique où le pouvoir absolu a été la règle et que trois quarts de siècle d’un régime communiste, totalitaire n’ont, pour le moins, pas contribuer à en amender profondément la pratique. Le président de la Fédération de Russie est, à tout le moins, un nationaliste russe pour lequel le démembrement de l’URSS, héritière de l’empire des tsars et de l’espace qu’il dominait, a été vécu comme un insupportable effondrement. Cet empire s’étendait de la frontière occidentale de l’Ukraine aux rives du Pacifique, d’ouest en est, et de l’arctique au Caucase, du nord au sud. Nul ne peut affirmer ce que pourrait entreprendre ou pas, dans le futur, le président russe. Si, Vladimir Poutine a pour ambition de recouvrer une zone d’influence dans les limites de l’ancienne URSS, Hitler, conquérant, avait pour objectif d’accaparer un « espace vital » sur les terres de l’est, en particulier l’Ukraine, pour y implanter une population allemande se substituant à celle slave installée avant notre ère.

    Les erreurs initiales de la politique étrangère américaine

    Sans excuser en quoi que ce soit l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe en février 2022, il est nécessaire pour envisager les voies d’une résolution du conflit de comprendre la succession d’évènements intervenus depuis le démembrement de l’URSS en décembre 1991. A cet égard, un article de l’auteur de ces lignes avait été publié le 13 décembre 2023 par Polemia : Guerre en Ukraine : une histoire, une géopolitique. Il est bien certain que Le grand échiquier de Zbigniew Brzeziński, publié en 1997, ne reflétait pas le rapport de puissance à venir. La nouvelle Russie restait pour les Etats-Unis une préoccupation sinon un adversaire potentiel tandis qu’ils ouvraient la voie à l’adhésion de la Chine à l’OMC le 11 décembre 2001. Dans la lignée d’une fin de l’histoire, il y avait probablement l’illusion que cette intronisation économique et commerciale de l’empire du Milieu amènerait celui-ci à terme à se convertir aux valeurs défendues par l’Amérique. Il n’en fut rien.

    La montée de la rivalité chinoise face à une Amérique empreinte de faiblesses économiques et financières

    L’ascension économique de la Chine devenue progressivement l’atelier du monde depuis la fin du XXè siècle, développant des capacités techniques de premier ordre, a constitué un facteur de puissance que jamais, au niveau où il a été porté, l’URSS n’a pu atteindre dans sa rivalité avec les Etats-Unis. Face à ceux-ci, la Chine est devenue le compétiteur sinon l’antagoniste à même de les supplanter économiquement, les dégradant dans leur richesse et le niveau de vie de leur population. Avec le conflit ukrainien et les sanctions prises à l’encontre de la Russie, il s’est formé un « Sud global », certes hétérogène mais caractérisé par une hostilité à l’Occident. Si les Etats-Unis demeurent la première puissance économique, leur économie est fortement désindustrialisée depuis le dernier quart du XXè siècle et leur endettement public est colossal en valeur absolue comme en valeur relative par rapport au PIB (plus de 125 %). Dans ces conditions, le caractère du dollar comme monnaie de réserve internationale s’avère indispensable à l’Amérique. Au-delà de la forme prise par sa politique, c’est à cette situation que Donald Trump est confronté, situation prise en compte depuis Barack Obama. De son point de vue, le conflit ukrainien impose un coût géopolitique et financier inutile face au défi que représente la rivalité chinoise. Plus largement, raisonnant en termes financiers, le président américain considère que la contribution en termes de dépenses militaires des pays européens, au sein de l’Alliance atlantique, n’est pas en proportion de l’effort consenti par les Etats-Unis pour assurer la protection du Vieux continent.

    Une position d’Emmanuel Macron qui interpelle

    Si la défense des pays européens est effectivement une question primordiale dont dépend leur indépendance donc leur souveraineté, la manière dont elle est posée par Emmanuel Macron, en rapport avec les derniers évènements relatifs au conflit ukrainien, interpelle. Comme il a été précédemment indiqué, aucun bouleversement n’est intervenu dans la situation militaire et l’enjeu présent tient aux négociations qui s’engagent entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie. Pour une guerre, de haute intensité, qui se déroule sur le sol européen, il est à l’évidence regrettable qu’aucun pays européen ne soit une partie prenante des pourparlers et, bien sûr, en premier lieu la France. Aurait-ce été le cas au temps où le général De Gaulle présidait aux destinées du pays. Il est permis d’en douter. Dans les apparences qu’il présente, le président de la République procède comme si l’éventualité d’un accord de paix était un danger en elle-même. Il est certain aujourd’hui que même avec une aide militaire accrue, l’Ukraine ne pourra pas reconquérir les territoires perdus depuis 2014 et, même si la progression de l’armée russe est très lente, le risque d’une percée, certes limitée en importance est réel. L’Ukraine se trouverait alors dans une position plus défavorable. Si l’aide militaire américaine est réduite, les pays européens n’ont aucunement les moyens de la compenser. Cette aide ne saurait être que matérielle, l’engagement d’unités de combat étant exclu. Tout en condamnant la violation du droit international commise par la Fédération de Russie, il eut mieux valu qu’une diplomatie discrète soit engagée offrant un rôle à notre pays. L’agressivité affichée à l’encontre du président russe ne peut être qu’un facteur de marginalisation. Même si cela heurte, la politique étrangère ne serait se réduire à une affaire de morale. Pour autant, dans les rapports avec la Fédération de Russie, l’action que celle-ci mène à l’encontre de la France ne saurait être occultée : expulsion du Sahel par l’appui accordé aux gouvernements des Etats de la région, entreprises de déstabilisation dans les territoires d’outre-mer, cyberattaques sur le territoire. Guerre de l’ombre, cela nécessite, bien entendu, les réponses adaptées à ce type d’opérations.

    Que peut être une politique européenne de défense ?

    Quant à une politique de défense européenne, elle ne se définit pas dans l’immédiateté. Elle exige des moyens importants mais surtout une configuration. L’Europe n’étant ni un Etat, ni un peuple, l’échelon d’une direction au niveau de l’Union européenne n’aurait aucun sens. Il ne pourrait donc s’agir que d’une alliance entre Etats pour laquelle il faudrait définir les menaces et les moyens en rapport. Pour les premières, la Fédération de Russie est-elle appréhendée au même niveau par tous les partenaires de l’alliance potentielle, pour les autres y-aurait-il un accord sur ces menaces et, là encore, seraient-elles perçues au même degré de risque ? Pour les moyens, la première distinction, essentielle, tient à détention de la force nucléaire, d’une part, et ce qui est de l’ordre des moyens dits conventionnels, d’autre part. La force nucléaire, force de dissuasion absolue, ne peut relever que d’un Etat et de son chef. De plus, l’opportunité de son emploi en fonction du caractère de la menace ne saurait faire l’objet d’un affichage. Pour les moyens conventionnels, si des coopérations doivent être envisagées et certaines structures mises en place, là aussi, les menaces n’étant pas à l’identique pour chaque Etat, ceux-ci, tout en respectant le cadre d’une alliance, ces moyens doivent rester d’abord à la disposition de l’Etat. Par exemple, si nos territoires d’outre-mer encouraient la menace de puissances adverses, nos partenaires européens appréhenderaient-ils celle-ci, au à un même degré que la France. Le sujet demande donc du temps et de la réflexion.

    La motivation qui peut être prêtée à Emmanuel Macron

    Il est à craindre que le président ait voulu répondre à la fois à une considération idéologique, faire progresser l’idée européenne, au sens où il l’entend et, même si cela est nié, polariser l’opinion sur un risque majeur, la guerre, afin de rétablir sa position politique interne et d’affaiblir durablement une opposition dont l’hypothèse de l’accès aux responsabilités est sérieuse. Malheureusement pour le Président, les échéances électorales ne sont pas immédiates et l’émotion suscitée dans l’opinion risque d’être fugace. La réalité présente n’est pas celle d’une aggravation du conflit et de son extension mais une voie vers une solution diplomatique, certes avec tous les aléas qu’elle comporte. Par rapport à d’autres sujets de politique étrangère la même fermeté sera réclamée. Il est fort peu probable que les semaines passant, il soit possible de détourner l’attention des Français et de l’électeur à venir d’une situation intérieure politique, économique et en termes de sécurité, très dégradée, source d’instabilité et de contestation.

    Michel Leblay (Polémia, 15 mars 2025)

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  • Macron face à la Russie : halte à la paix !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré au discours agressif du président de la république qui vient entraver l'ouverture de négociations de paix en Ukraine...

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, ainsi que plusieurs essais, dont La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021), Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021), Bienvenue dans le meilleur des mondes (La Nouvelle Librairie, 2023) et, dernièrement Occident go home ! - Plaidoyer pour une Europe libre (Via Romana, 2024).

     

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    Macron face à la Russie : halte à la paix !

    Cela faisait des années que la propagande officielle nous le suggérait. Mais, depuis l’allocution d’Emmanuel Macron du 5 mars 2025, c’est désormais une certitude : la Russie nous menace. Tout est clair pour nous désormais. Notre vie a maintenant un sens : nous opposer à la menace russe, y compris par la force des armes que nous n’avons pas encore. Quelle magnifique perspective pour les jeunes générations !

    L’insupportable port du voile russe

    La Russie nous menace. On le voit tous les jours.

    L’insécurité galopante, les viols et les attaques au couteau dans nos villes ? Les Russes, bien sûr. Le narcotrafic qui s’installe partout en France ? Les mafias russes, évidemment. Les immigrés qui s’installent irrégulièrement chez nous ? Des Slaves encore et toujours.
    Dans nos écoles, les jeunes filles russes veulent imposer le port du voile et les petits Russes s’en prennent violemment aux enseignants.
    Les influenceurs russes que l’on ne parvient pas à expulser déversent leur haine antifrançaise en toute impunité. Pendant que les prêtres orthodoxes font des prêches antisémites, misogynes et homophobes dans leurs églises qui se multiplient dans notre pays.
    Et des milliers de binationaux franco-russes pèsent de plus en plus sur la vie politique française alors que certains quartiers russes deviennent des zones de non-droit où les forces de l’ordre n’osent plus entrer.
    Et où les jeunes Russes multiplient les trafics, les conduites dangereuses et les refus d’obtempérer à bord de leurs autos de luxe, qu’ils conduisent en faisant hurler l’autoradio.

    La Russie fait exprès de nous embêter

    Oui, la Russie nous menace. Elle n’a de cesse de nous provoquer.

    Elle a mis exprès ses frontières à côté de celles des bases de l’OTAN. Elle provoque partout des révolutions de couleur pour renverser les gouvernements qui lui déplaisent. Elle finance des milliers de journalistes européens pour faire sa propagande.
    Elle n’a pas accepté l’épuration ethnique des russophones dans le Donbass, alors que cela ne gênait ni la France ni l’Allemagne, pourtant garantes du respect des accords de Minsk.
    Elle a fait sauter ses propres gazoducs pour nous priver de son gaz bon marché.
    Et son économie refuse méchamment de se ruiner, comme le demandait pourtant gentiment notre ministre des Finances, Bruno Le Maire, dès 2022.
    La Russie nous menace car elle ne prend pas au sérieux nos sanctions à répétition, alors que nous en sommes pourtant au 16e paquet européen. Et elle va nous obliger de surcroît à nous endetter encore plus pour financer l’augmentation de nos dépenses militaires et l’extension de la dissuasion nucléaire à toute l’UE, comme l’a annoncé notre génial président.

    Non à la paix !

    Et voilà maintenant qu’elle voudrait s’entendre avec les États-Unis pour faire la paix en Ukraine, sans nous demander notre avis. Alors, là, la coupe est pleine !

    Car faire la paix, c’est inacceptable quand on est, comme nous, un pays de gauche gouverné par des bourgeois éclairés par les Lumières de la raison, qui depuis 1792 n’ont de cesse de vouloir faire la guerre au monde entier sous prétexte de lutter contre les tyrans. Ou plus exactement d’envoyer les autres, avant tout les « gens de rien », faire la guerre à leur place et sans leur donner les moyens de la gagner.

    La paix priverait en outre notre complexe militaro-industriel de ressources et d’emplois dont nous avons tant besoin. Notre Bourse ne se porte-t-elle jamais si bien que quand la guerre menace ?

    Donc vouloir faire la paix, comme Poutine et Trump, c’est mal. C’est être d’extrême droite comme l’explique si bien Thomas Legrand dans Libération du 5 mars 2025. C’est se comporter en mauvais Français, comme ceux qui « fument des clopes et roulent au diesel », pour reprendre l’expression d’un ancien porte-parole du gouvernement.

    Alors rendons grâce à notre génial président Emmanuel Macron de faire de grands efforts, et surtout de grands discours, pour nous préserver d’une telle perspective honteuse.
    Ayons avec lui la « force d’âme » de refuser la paix en Europe !

    Michel Geoffroy (Polémia, 7 mars 2025)

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  • Le monde qu'ils veulent...

    Les éditions de L'Artilleur viennent de publier une enquête de Ludovic Greiling intitulée Le monde qu'ils veulent - Lire et écouter nos élites pour comprendre la révolution en cours. Journaliste, ancien collaborateur du Revenu Français, spécialisé dans l'économie et les grandes entreprises, Ludovic Greiling travaille aujourd'hui pour différents journaux français et internationaux.

     

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    " Ludovic Greiling s’est astreint à une relecture méticuleuse de nombreux textes et interventions publiques de dirigeants politiques occidentaux : Emmanuel Macron, Ursula Von der Leyen, Pascal Lamy, Antonio Guterres, Jose Manuel Barroso, Barack Obama, Jean-Claude Trichet, Mario Draghi, etc… auquel de nombreux analystes politiques n’ont pas vraiment prêté attention.

    Il a été frappé par l’évidente anticipation des décisions qui ont été effectivement prises.

    Le lecteur sera peut-être étonné de découvrir l’extravagance et parfois la violence des propos tenus.

    Mais ils n’ont rien inventé, la majeure partie de ces affirmations et de ces projets portent la marque d’organisations créées antérieurement. Ces hommes et femmes ne sont que les figures les plus récentes d’une élite qui a rêvé d’un nouveau monde tout au long du 20ème siècle et qui cherche aujourd’hui encore à le transformer radicalement. Le terme anglais de "reset", popularisé par le forum de Davos, n'est pas un hasard lexicologique.

    Ce que l’on découvre dans les écrits et discours des principaux dirigeants occidentaux actuels , c’est un état d’esprit révolutionnaire. La Révolution y est souvent invoquée publiquement. Des paragraphes laissent pantois par leur violence ou leur bizarrerie. On y trouve, de manière quasi systématique, une obsession du contrôle et de la planification. Mais on perçoit aussi d’autres aspects, plus ou moins mis en avant  : une volonté de faire table rase des sociétés actuelles, une vision apocalyptique, ou encore l’appel à un nouveau monde.

    Il faut vraiment prendre au sérieux les politiques quand ils parlent de révolution. "

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  • Feu sur la désinformation... (480)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Lucas Chancerelle.

     

                                           

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : l’incendie d’une église dans le Pas-de-Calais par un multirécidiviste. Nous vous dirons ce que les médias taisent sur le profil du présumé coupable.

    Dossier du jour : les tergiversations d’Emmanuel Macron pour nommer son Premier ministre et les enjeux de loges et de médias derrière ce choix.

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    Pastilles de l’info :

    1) La suite du feuilleton Arcom vs Hanouna
    2) Victoire de l'AfD en Allemagne : les médias amers
    3) International : France Info au summum de sa forme !
    4) Les intérêts des oligarques français en Ukraine
    5) Dissonance médiatique quant aux JO de Paris

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Laure Mandeville, surnommée “bons baisers de Washington”.

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  • Alain de Benoist : « Il faut s’attendre à une paralysie institutionnelle quasi totale, à de l’instabilité, à de la violence sans doute »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à la revue Monde & Vie, cueilli sur le site de la revue Éléments, dans lequel celui-ci donne sa lecture des résultats des élections législatives.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021), L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021), L'exil intérieur (La Nouvelle Librairie, 2022) et, dernièrement, Nous et les autres - L'identité sans fantasme (Rocher, 2023).

     

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    Législatives : « L’incroyable spectacle de centristes faisant élire des communistes ou des fichés S et d’une extrême gauche hystérique appelant à soutenir les fondés de pouvoir du grand capital ! »

    MONDE&VIE. Alain de Benoist, vous êtes chef d’école, mais vous êtes aussi un des meilleurs analystes politiques sur la place de Paris. Avez-vous vécu la soirée électorale du 7 juillet comme une surprise, annonçant éventuellement un grand bouleversement politique, ou bien plutôt avez-vous pris ce scrutin comme un simple effet de tectonique des plaques électorales, au nom de l’impératif antifasciste, toujours de sortie ?

    ALAIN DE BENOIST : J’ai bien sûr été surpris, comme tout le monde. Mais aussi et surtout consterné de voir, dans les réactions qui ont suivi, les affects prendre immédiatement le dessus sur les nécessités de l’analyse scientifique. D’un côté une sorte d’affliction désespérée (« tout est foutu ! »), de l’autre un lâche soulagement assorti de forfanterie (« on a gagné ! »). Or, si l’on regarde les choses d’un peu près, aucune de ces deux réactions ne permettait de comprendre ce qui s’est passé. Ma conclusion personnelle est bien différente. Elle tient plutôt dans les deux constats suivants : le Rassemblement national continue à progresser, et la France est devenue ingouvernable.

    Sur le premier point, les chiffres sont parlants. En 2017 le RN avait seulement 6 députés à l’Assemblée nationale. Aux législatives de 2022, il avait bondi à 89 députés (ce qui avait été considéré, à juste titre, comme un extraordinaire succès). Le 7 juillet dernier, il en a obtenu 143, ce qui est tout le contraire d’un échec (Bardella n’a pas eu tort de parler de « la percée la plus importantes de l’histoire » de son parti) ! Il a également recueilli près de 10 millions de suffrages (en 2022, il n’en avait obtenu que 4,2 millions), contre 7,4 millions pour le Nouveau Front populaire et 6,5 millions pour Ensemble, la coalition électorale du centre macronien. Parler d’un « recul du RN » est, dans ces conditions, parfaitement grotesque.

    Certes, le RN n’est pas parvenu à atteindre la majorité absolue (289 sièges sur 577), contrairement à ce que laissaient prévoir ses excellents résultats (plus de 34 % des voix) obtenu aux dernières élections européennes et au premier tour des législatives, résultats qui s’expliquent avant tout par le sentiment de dépossession des couches populaires toujours plus confrontées aujourd’hui à l’insécurité, à l’immigration, à l’inflation, à la baisse du pouvoir d’achat et à la précarité.

    Cet échec s’explique par les particularités du scrutin majoritaire à deux tours, qui autorise entre les deux tours tout une série de tractations et de marchandages qui ont l’étrange caractéristique de ne pas favoriser les gagnants du premier tout mais la coalition des perdants. Au total, 224 candidats de la gauche et du centre se sont retirés ou désistés dans le seul objectif d’empêcher le RN d’emporter la majorité qui aurait normalement dû lui revenir. On a alors assisté, sous prétexte de « faire barrage à l’extrême droite », et dans un climat d’hystérie entretenu par les grands médias, qui présentaient l’arrivée du RN comme la version moderne de l’Apocalypse, à une série d’alliances contre-nature – Jordan Bardella a parlé d’« alliance du déshonneur » – entre des personnalités et des partis que tout opposait la veille encore, à seule fin de priver le Rassemblement national, arrivé très souvent en tête au premier tour, de la victoire qu’il aurait dû obtenir. Incroyable spectacle des centristes faisant élire des communistes ou des fichés S et d’une extrême gauche hystérique appelant à soutenir les fondés de pouvoir du grand capital !

    Ce sont ces désistements qui expliquent que le RN n’a pu gagner que 93 duels de second tour sur les 353 où il était représenté.

    Ce système profondément antidémocratique, il faut le souligner, est une particularité française : avec les modes de scrutin qui existent en Grande-Bretagne ou en Allemagne, Jordan Bardella, qui a encore battu son record des élections européennes en remportant 37 % des voix, serait aujourd’hui à Matignon !

    On peut comprendre bien sûr la déception de ceux qui, au RN, se voyaient déjà « aux portes du pouvoir ». Mais les portes en question étaient en fait des fourches caudines. Je suis de ceux qui se félicitent que Jordan Bardella n’ait pas eu à assumer la tâche de Premier ministre d’un gouvernement de cohabitation. La cohabitation était un piège très intelligemment tendu par Macron pour amener le président du RN, qui aurait eu à faire face à la fois aux chausse-trappes du chef de l’Etat et aux manœuvres obliques du Conseil constitutionnel, de mesurer son impuissance et d’apparaître comme incapable. La cohabitation revenait à lui confier les clés d’un camion sans roues ni carburant. Pour Macron, c’était le plus sûr moyen d’empêcher le RN de gagner la présidentielle de 2027.

    MONDE&VIE. Peut-on dire qu’Emmanuel Macron, en imposant cette dissolution de l’Assemblée le plus tôt possible après les européennes, a pris de court le RN, qui demeure le premier parti en voix, mais devient le dernier des trois blocs en nombre de sièges. Il paye donc, avec la culture antifasciste, son manque d’ancrage local. Et quoi d’autre ?

    ALAIN DE BENOIST : Le Rassemblement national n’a pas commis de faute majeure, sinon de croire qu’on pouvait vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. On peut en revanche lui reprocher d’avoir trop vite (et trop mal) sélectionné ses candidats, dont un bon quart, sinon un tiers, n’avaient pas les capacités ou le profil. Gilles Pennelle, qui avait été chargé de ce travail, a d’ailleurs remis sa démission. Il est vrai que la dissolution a pris tout le monde de court, à commencer par ceux qui l’avaient réclamée à grands cris sans y croire, et qu’une campagne aussi courte permettait difficilement de trouver en quelques jours les hommes idoines. Quant à l’ancrage local du mouvement, il est bien meilleur qu’à l’époque du Front national, quand Jean-Marie Le Pen s’en désintéressait complètement, mais il est encore très insuffisant. Ces choses-là prennent du temps.

    Le « front républicain » fonctionne encore, mais de moins en moins. La preuve en est que nombre de candidats RN ont perdu sur le fil, avec des écarts de voix très faibles. Avec le temps, la culture « antifasciste » ne pourra plus qu’apparaître que comme un simulacre. Les gens savent bien que ce n’est pas en agitant le spectre des « années noires », en leur parlant du pétainisme ou du petit peintre bavarois, qu’on va résoudre les problèmes qui empoisonnent leur vie quotidienne.

    MONDE&VIE. Quelles leçons pour l’avenir le RN doit-il tirer de sa défaite ?

    ALAIN DE BENOIST : En tout premier lieu, qu’il doit tout faire pour ramener le centre à sa plus simple expression : le « bloc bourgeois » doit être pour lui l’ennemi principal.  Qu’il doit privilégier l’analyse et la formation plutôt que de ne marcher qu’à l’enthousiasme ou à l’indignation. Qu’il doit comprendre que la recomposition politique entamée il y a quinze ans se poursuit, mais qu’on ne peut pas brûler les étapes. Et surtout que la seule faute qui ne lui sera jamais pardonnée serait de décevoir les classes populaires et les classes moyennes qui ont mis et continuent à mettre en lui tous leurs espoirs. Tous les sondages montrent que sur des questions-clés comme l’insécurité, le pouvoir d’achat et l’immigration, 70 % des Français sont d’accord avec lui.

    MONDE&VIE. A quel avenir politique peut prétendre Eric Ciotti après son coup d’état chez les Républicains ?

    ALAIN DE BENOIST : Son avenir politique va maintenant se confondre avec celui du Rassemblement national, mais il peut jouer un rôle de passerelle non négligeable en direction des membres de LR qui n’ont pas encore fait le même choix que lui.

    MONDE&VIE. Que signifie le succès au second tour de Marine Tondelier ? Un simple feu de paille lié aux manœuvres électorales du Nouveau Front populaire ou un retour de l’écologie sur la scène politique ?

    ALAIN DE BENOIST :L’écologie a conquis tous les esprits, mais les écologistes se sont discrédités. Le cas de Marine Tondelier relève pour l’instant de l’anecdote. Comme Sandrine Rousseau, j’ai tendance à voir en elle un personnage plutôt pittoresque, sinon burlesque.

    MONDE&VIE. Malgré les prophéties, le parti présidentiel sauve les meubles et semble désormais inscrit pour longtemps dans le paysage politique français. Qu’en pensez-vous ?

    ALAIN DE BENOIST : Il ne sauve nullement les meubles !  Il va certes s’efforcer de débaucher quelques LR non ciotistes et quelques sociaux-démocrates modérés, mais je doute que cela lui serve à grand-chose. Je le vois plutôt comme le grand perdant. Il avait justifié sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale par un souci de « clarification ». En fait de clarification, il a créé une situation totalement opaque et chaotique. En fait de dissolution, il a d’abord dissous son ancienne majorité, il a dissous le macronisme et il s’est en quelque sorte dissous lui-même.

    Trois grands blocs de taille comparable vont demain coexister à l’Assemblée nationale. Mais aucun ne possède une majorité lui permettant de gouverner. Avec 168 députés, Ensemble est loin de retrouver les 250 députés que possédait Macron dans la précédente législature, pour ne rien dire des 350 députés qu’il avait fait élire en 2017. Le Nouveau Front de gauche, de son côté, avec 182 députés, se situe encore en dessous des 250 macroniens qui siégeaient au Parlement ces derniers mois.

    Par ailleurs, alors que le Rassemblement national, avec ses alliés républicains regroupés autour d’Eric Ciotti, forme un bloc relativement unifié, ses deux concurrents sont tout sauf unis. Ce sont des agrégats hétéroclites, c’est-à-dire des coalitions de circonstance. Nous entrons dans une période d’instabilité, de rivalités incessantes et de discussions permanentes, où les gouvernements successifs risquent de ne pas durer plus longtemps que sous la IVe République, le tout sur fond de guerre en Ukraine et de tensions internationales d’une gravité exceptionnelle. Au parlement, le groupe Renaissance a déjà commencé à se disloquer. Les Républicains vont connaître de nouvelles scissions avant de disparaître définitivement. Le Nouveau Front de gauche se cassera en morceaux à la première occasion.

    Quel que soit le Premier ministre qu’Emmanuel Macron décidera de nommer, il aura le plus grand mal à trouver une majorité pour gouverner (d’autant que les « grandes coalitions » à l’allemande ne sont pas dans la tradition française). Le chef de l’État, dont les proches ont déjà commencé à s’éloigner – à la façon dont les rats quittent un navire en train de couler – a clairement perdu la main. Il a réussi une sorte de coup d’État institutionnel, mais il risque d’emporter la France dans son échec. Il a fait perdre au RN une bonne centaine de circonscriptions, mais il n’est pas arrivé à enrayer sa progression. La dynamique reste nettement du côté du Rassemblement national, qui est aujourd’hui le premier parti de France.

    MONDE&VIE. LFI restera-t-il le parti extrême que ses ennemis veulent qu’il soit ? Ne va-t-il pas plutôt se fondre dans le paysage politique, en devenant une succursale française de la gauche américaine et de son appel à la colère et au désordre ?

    ALAIN DE BENOIST : Je ne le vois pas se fondre dans le paysage politique, ni se rallier à une gauche américaine déjà éminemment représentée par Raphaël Glucksmann. Au soir du second tour, Mélenchon a prononcé un grand discours lyrique d’où il ressortait que LFI avait remporté la victoire. En réalité, LFI est aujourd’hui minoritaire au sein du Nouveau Front de gauche, ce qui n’était pas le cas à l’époque de la NUPES. Mais Jean-Luc Mélenchon, qui est moins mauvais stratège qu’on ne le croit, raisonne visiblement sur long terme. Il n’a sans doute pas tort.

    Le centre étant appelé à s’éroder progressivement, s’il est à la fois attaqué par le RN et par LFI (dont les intérêts coïncident sur ce point), la logique voudrait qu’à la prochaine élection présidentielle, Marine Le Pen (ou Jordan Bardella) se retrouve au second tour face à un homme comme Jean-Luc Mélenchon. Elle aurait toutes chances de sortir vainqueur d’un tel duel, d’autant que la situation du pays se sera encore dégradée, tandis que la frustration et la colère de ses partisans aura continué d’augmenter. D’ici là, il faut s’attendre à une paralysie institutionnelle quasi totale, à de l’instabilité, à de la violence sans doute. La Ve République n’avait encore jamais connu cela. C’est une situation inédite. 

    Alain de Benoist, propos recueillis par Guillaume de Tanoüarn (Monde et Vie, 21 juillet 2024)

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  • Nouveau Front populaire : anatomie d’un monstre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Camille Galic, cueilli sur le site de Polémia et consacré au Nouveau Front populaire qui s'est constitué pour faire face au "péril fasciste" qui rappelle, bien entendu, les heures les plus sombres de notre histoire...

     

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    Nouveau Front populaire : anatomie d’un monstre

    Néo-Front populaire contre contre front national

    De Lille à Papeete le 14 juin, et à l’appel d’une partie de la presse (les journalistes de BFMTV s’étaient même mis en grève pour participer aux réjouissances), des élus de gauche et de tous les représentants des « forces laborieuses », de SUD-Rail au Syndicat de la magistrature regroupant hélas 32 % des magistrats, on a compté 265 000 manifestants selon le ministre de l’Intérieur et même 630 000 selon la CGT familière des grands chiffres.

    Motif de ces rassemblements qui en annoncent sans doute bien d’autres d’ici au 7 juillet : faire barrage au « péril fasciste » et surtout remettre dans le droit chemin, fût-ce contre son gré, le peuple souverain, qui s’est égaré lors des élections européennes en donnant la préférence à la liste Bardella. Incompréhensible, et scandaleux, aux yeux des démocrates patentés.

     Il était d’autant plus vital d’agir que, simultanément, une rafale de sondages créditait le « rassemblement des Droites » composé du RN renforcé par soixante-dix élus Les Rpublicains ayant suivi leur président Eric Ciotti d’un nombre record d’intentions de votes au premier tour des législatives : avec un électorat sûr de son vote à 87 %, le RN pourrait en effet obtenir 235 à 265 sièges, contre 89 actuellement avec 29,5 % selon le Cluster 17 du Point, 34 % pour l’institut Opinion Way et même 35% pour l’IFOP, résultat selon Le Journal du dimanche des « deux coups politiques réussis en à peine une semaine : récupérer Marion Maréchal en écrasant Éric Zemmour et faire exploser les Républicains avec le ralliement d’Éric Ciotti ».

    Face à ce déferlement, qui devra toutefois être vérifié dans les urnes le 6 juin, le parti présidentiel et ses alliés du Modem et d’Horizons jouent les utilités avec au mieux 19%, loin devant Les Républicains tendance Bertrand-Larcher-Wauquiez, réduits à 9%, mais loin derrière le Nouveau Front populaire (NFP) crédité au maximum par les sondeurs de 28,5% des intentions de vote. Mais qu’est donc ce conglomérat concocté à la va-vite après la victoire de Jordan Bardella aux élections européennes et la dissolution par Macron de l’Assemblée nationale qui s’ensuivit?

    Le choix de la référence au Front populaire constitué en 1936 par le socialiste Léon Blum peut sembler curieux puisque Jean-Luc Mélenchon, qui se sent « capable » d’être Premier ministre, affirme lui-même que quand le vénérable Blum arriva au pouvoir, « il n’avait pas le niveau qu’ont aujourd’hui Manuel Bompard et Mathilde Panot », deux des députés les plus frénétiques de La France Insoumise.

    Glucksmann cocufié

    D’autre part, nombre de sénateurs et de députés membres de cette coalition devaient quatre ans plus tard voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Ce souvenir ne gêne-t-il pas Raphaël Glucksmann qui, tête de liste de Place publique/PS, faisait figure le 9 juin au soir de vainqueur à gauche du scrutin européen avec 13,83 %, à peine moins que la candidate macronise Valérie Hayer, quand LFI devait se contenter de 9,89 % des suffrages, Europe Écologie les Verts de 5,50% et le PC de 2,36 %?

    Mais la Roche tarpéienne est proche du Capitole et, star des plateaux télés pendant quelques dizaines de minutes, Glucksmann devait s’effacer sitôt après l’annonce de la dissolution. Avec Manon Aubry et François Ruffin appelant aussitôt à l’union sacrée contre l’« extrême droite », La France Insoumise reprenait la main et c’est autour d’elle que s’édifiait le nouveau rempart contre « la petite bête qui monte, qui monte » jusqu’au sommet, comme prophétisait Jean-Marie Le Pen.

    Cela n’est pas allé sans réticences. Présidente de l’Occitanie mais ayant des visées sur la mairie de Toulouse et, dit-on, l’Élysée, Carole Delga renâclait ainsi que d’autres hiérarques socialistes ou EELV tel leur ancien patron Yannick Jadot. Mais, quelques heures après sa rédaction, la pétition unitaire lancée par François Ruffin recueillait plusieurs centaines de milliers de signatures, et 350 « personnalités » suivaient le mouvement en publiant dans Le Monde une tribune dont les premières signataires étaient Esther Duflo, prix Nobel d’économie, et Annie Ernaux, prix Nobel de littérature. Du beau linge. Car il fallait mettre la pression en prévision des législatives souverainement fixées par Emmanuel Macron aux 30 juin et 7 juillet, la campagne électorale la plus courte dans l’histoire de la Vème République. Devant l’urgence de faire front contre le Rassemblement national et son nouvel allié Eric Ciotti, président de Les Républicains — destitué par ses pairs mais reconduit dans ses fonctions par la Justice qu’il avait saisie —, tout était rapidement bouclé.

    Le 11 juin, Delga cédait et, le 14 juin, Glucksmann qui avait le 11 repoussé les conditions imposées par La France Insoumise, se résignait à les accepter. Au grand désarroi de ses électeurs modérés, mais l’essentiel était que l’on pouvait produire une séduisante photo de famille. D’ailleurs uniformément blanche, ce qui est surprenant de la part d’une gauche qui a pour mots d’ordre inclusion et diversité.

    Un programme commun pour les Français ou pour les immigrés ?

    Regroupant finalement autour des pères fouettards LFI les écologistes, le PS, le PC, Place Publique, la Gauche républicaine et jusqu’au Nouveau Parti anticapitaliste (issu de la Ligue communiste révolutionnaire d’Alain Krivine), aux ultras basques de Euskal Herria Bai, aux indépendantistes polynésiens d’Oscar Tomaru ou aux Maghrébins de Génération.s, ce rassemblement de bric et de broc a fini par s’accorder sur un programme commun attrape-tout assorti d’un « contrat de législature » et surtout à se distribuer les rôles afin de présenter avant la date fatidique du 16 juin pour le dépôt des candidatures un candidat dans les 577 circonscriptions de France et d’Outre-mer— dont 229 pour les mélenchonistes qui se sont taillé la part du lion.

    Comme on pouvait s’y attendre, figurent dans ce programme commun des mesures financières extravagantes ou démagogiques comme la généralisation du « remboursement du sport sur ordonnance » et d’autres carrément inquiétantes. Ainsi de la promesse de donner à la justice encore plus de « moyens pour poursuivre et sanctionner les auteurs de propos ou actes racistes, islamophobes et antisémites » (pas un mot évidemment sur les actes antichrétiens, de loin les plus fréquents) ou du « remplacement de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et de l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGPN) par un nouvel organisme indépendant rattaché au Défenseur des droits » — autorité administrative créée en 2008 par un certain Sarkozy et disposant de prérogatives particulières en matière de promotion des droits de l’enfant, de lutte contre les discriminations, du respect de la déontologie des des activités de sécurité et d’orientation et de la protection des lanceurs d’alerte. Sauf ceux d’« extrême droite », bien sûr, traqués et condamnés avec la plus extrême sévérité— voir le site Asla.fr qui organise la « résistance judiciaire » pour défendre les nationaux.

    L’actuel Défenseur des droits (concept imaginé par… Gracchus Babeuf !) est la journaliste Claire Hédon, ancienne présidente d’ADT Quart Monde, en pointe justement contre les contrôles d’identité « au faciès » ou les « violences policières » ; elle s’était d’ailleurs déchaînée après l’«exécution» du délinquant récidiviste Nahel Merzouk, le « petit ange » dont la mort consécutive à un refus d’obtempérer fut le prétexte des émeutes de juin 2023 avec leurs cortèges d’incendies et de destructions aveugles d’écoles ou de médiathèques flambant neuf — coût : plus de 900 millions d’euros.

    Naturellement, le programme et le contrat de législature du NFP abordent longuement la question des immigrés. Ils prévoient ainsi la régularisation des « travailleurs, étudiants, parents d’enfants scolarisés », la « création d’un statut de “déplacé climatique” », l’instauration d’une « voie légale et sécurisée d’immigration » avec « mise en place d’une agence de sauvetage en mer et sur terre » et un « accès garanti à l’Aide médicale d’État » qui nous coûte déjà 1,2 milliard par an.

    À combien la note s’élèverait-elle si la Marine nationale recevait l’ordre d’amener à bon port (français) toutes les cargaisons exotiques acheminées par les passeurs et s’il nous fallait-il accueillir tous les réfugiés climatiques ?

    Les Insoumis sont-ils d’extrême gauche ? Un simple “ressenti”

    Mais que le bon peuple se rassure et que les milieux financiers s’apaisent : il est erroné de considérer La France Insoumise comme d’extrême gauche. C’est du moins le quotidien gratuit 20 minutes (qui a renoncé à sa version papier mais reste très actif sur « la Toile » où il affiche ses partis-pris sociétaux, en faveur des immigrés et des LGBT notamment) qui l’assurait le 16 juin, dans un entretien avec Aurélien Dubuisson. Pour ce chercheur associé au Centre d’histoire de Sciences po, LFI est « un mouvement réformiste qui ne vise pas une rupture nette avec le capitalisme mais désire plutôt, au moins dans un premier temps, l’adoption de mesures limitant les effets des formes débridées du libéralisme économique actuel ». C’est donc « une erreur » que de le cataloguer à l’extrême gauche alors que les fondateurs, dirigeants et militants du Rassemblement national, eux, « inscrivent indubitablement l’histoire de ce parti dans la filiation de l’extrême droite française ». «Erreur notamment provoquée par la droitisation de l’échiquier politique ces dernières années ».

    En somme, si vous vous méfiez de LFI, c’est seulement du « ressenti », comme pour la météo ! Même si Mélenchon a tenu absolument à investir à Lyon le voyou Raphaël Arnault, porte-parole du mouvement antifa La Jeune Garde, tabasseur de jeunes royalistes dont l’un fut sérieusement blessé puis agresseur d’Alice Cordier, présidente du groupe d’action identitaire et alterféministe Némésis — et dont les interventions furent très appréciées en février dernier lors de notre cérémonie des « Bobards d’or ». Ces exploits n’avaient d’ailleurs pas empêché le camarade Arnault d’être invité le 3 avril dernier à l’Assemblée nationale pour débattre de « la lutte contre le terrorisme d’extrême droite », en dépit des protestations de divers élus de droite… tel Éric Ciotti.

    Rififi à LFI

    Et si vous n’êtes pas convaincu, vous pouvez toujours vous consoler avec l’espoir de l’implosion — moins grave toutefois que celle qu’a connue Reconquête — de ce parti après l’exclusion de cinq de ses députés sortants, les « mutins » Danielle Simonnet, dont Sophia Chikirou, la muse de Mélenchon — qui l’avait fait élire en 2022 député de Paris, s’est réjoui publiquement d’avoir « enfin eu la peau », Hendrik Davi et Frédéric Mathieu ainsi que les époux Alexis Corbière et Raquel Garrido — la Franco-Chilienne devant céder sa circonscription, où elle se maintient, de Seine-Saint-Denis au bénéfice du Franco-Gambien Aly Diouara. Pendant la campagne des élections européennes, ce fonctionnaire de la mairie de Drancy s’était pourtant distingué par des tweets vengeurs contre « le candidat sioniste de la droite libérale de gôche » Raphaël Glucksmann ; lequel, apparemment sonné, n’a pas moufté devant ce choix délibérément insultant à son égard (2). Pas de réactions non plus du côté du revenant François Hollande qui, investi dans son ancien fief de Tulle sous l’égide du NFP, rêve de revenir à l’Assemblée et, « pourquoi pas ? », selon ses termes, de décrocher Matignon pour se venger du « traître » Macron… dont lui-même avait fait un fleuron de son quinquennat et favorisé le vedettariat.

    Macron : moi ET le chaos

    Nul n’ignore cependant que les « forces de gauche » savent mieux que celles de droite préserver leurs intérêts et donc leur unité. Si hétéroclite, bancal — et profondément amoral — soit-il, nous ne serons donc pas de sitôt débarrassés du Nouveau Front populaire qui, s’il parvenait par malheur à ses fins, ruinerait notre nation, voire l’annihilerait dans son essence même.

    Mais à qui la faute ? La dissolution ne fut pas une foucade de « l’enfant roi » trônant à l’Élysée mais une stratégie longuement méditée. C’est lui-même qui l’a reconnu — et avec quel cynisme en un tel lieu ! — le 10 juin dernier, lors de la solennelle commémoration de la tragédie d’Oradour-sur-Glane. Interrogé sur les difficultés de la situation, il répondit en effet en s’esclaffant : « Mais pas du tout ! Je prépare ça depuis des semaines, et je suis ravi. Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent ! »cité par Le Monde, qui n’a pas été démenti.

    Immaturité, perversité, malheur au pays dont le prince est un enfant. Mais la culpabilité doit aussi être partagé par tous ceux, politiques ou journalistes, syndicalistes ou grands patrons, obédiences maçonniques et dignitaires religieux qui, agitant l’épouvantail Le Pen, avaient concouru en 2022 à la reconduction de ce psychopathe se prenant pour un démiurge. De même d’ailleurs que les électeurs « raisonnables » qui, redoutant la peste mariniste, avaient opté pour le choléra morbus macronien. Espérons qu’ils ne referont pas en juillet cette erreur diabolique.

    Camille Galic (Polémia, 17 juin 2024)

     

    Note :

    (1) Hostile au contraire à « une extrême gauche qui est sous l’emprise de La France Insoumise avec des relents antisémites et un violent antisionisme », Serge Klarsfeld a déclaré le 15 juin sur LCI : « En cas de duel avec la gauche lors des législatives, je voterai pour le Rassemblement national. » Pour savourer ce virage, se souvenir que le fondateur du lobby Fils et filles de déportés juifs de France fut à l’origine de maints procès contre des journaux, en particulier Rivarol pour une interview de Jean-Marie Le Pen accusé par Arno Klarsfeld de « négationnisme ».

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