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Métapo infos - Page 920

  • Feu sur la désinformation... (147)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Macron - Villiers, le lâchage médiatique du baby boss...
      Démission du général de Villiers ! Dans un creux d’actualité, les journaux revivent. Le fait politique devient un fait médiatique majeur. La presse dénonce d’une seule voix le comportement capricieux du président de la République qui humilie publiquement le chef d’état-major des armées.
      Voici la deuxième phase du triptyque médiatique : le léchage a laissé place au lâchage en attendant le lynchage.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média
      Transfert tout bénef pour Audrey Pulvar. La journaliste quitte CNews pour prendre la tête de la Fondation pour la nature et l’homme, dite fondation Nicolas Hulot. L’exfiltration d’Audrey Pulvar se fera probablement à son avantage : une fondation très médiatique, un poste prestigieux et une rémunération probablement très généreuse.

    • 3 : Attentat de Nice : fallait-il censurer Paris Match ?
      Paris Match publie des photos inédites de l’attentat de Nice. Scandale dans la presse, c’est de la « pornographie terroriste ». Quand les images choquent la bien pensance, la presse peut-elle encore informer ?

    • 4 : Les tweets de la semaine.
      Mercato médiatique : l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché » recrute Christine Angot. En quelques années, Yann Moix et Christine Angot ont remplacé Eric Zemmour et Eric Naulleau. Un véritable virage à gauche déséquilibrant une nouvelle fois la pluralité des opinions.
    • 5 : France intox : propagande par la vidéo
      France info en pleine propagande ! :
      1) Ne faites pas d’enfants, c’est bon pour votre bilan carbone ! 2) Pleurez sur un air de violon pour les clandestins expulsés du centre de la Chapelle.
      Une aubaine pour la bien pensance tant sur la forme que sur le fond.

     

                                    

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  • Cedant Arma Togae ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jacques Sapir, cueilli sur son site RussEurope et consacré à la démission du Chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers.

     

    Macron_de Villiers.jpeg

    Cedant Arma Togae et la démission de Pierre de Villiers

    Le Général Pierre de Villiers a démissionné le mercredi 19 juillet. C’est la conclusion, logique, du conflit qui l’opposait au Président de la République. Dans une démocratie « les armes cèdent à la toge »[1]. Mais, cette décision extraordinaire, car c’est la première fois depuis 1958 qu’un chef d’Etat-Major des armées démissionne, est loin de mettre fin au conflit qui oppose les forces armées à notre Président. Cette démission entache le quinquennat d’Emmanuel Macron de manière indélébile.

    La démission du Général de Villiers est logique. Il le dit lui même dans le texte du communiqué qui a été diffusé le mercredi 19 juillet : « Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays. Par conséquent, j’ai pris mes responsabilités en présentant, ce jour, ma démission au Président de la République, qui l’a acceptée ». Mais, la phrase qui précède est tout aussi importante : « Dans le plus strict respect de la loyauté, qui n’a jamais cessé d’être le fondement de ma relation avec l’autorité politique et la représentation nationale, j’ai estimé qu’il était de mon devoir de leur faire part de mes réserves, à plusieurs reprises, à huis clos, en toute transparence et vérité ».

    On connaît l’origine du conflit : les 850 millions que le gouvernement, et donc le Président, entendent prélever sur le budget de la Défense. Or, le budget, avant ces coupes sombres, était déjà notoirement insuffisant, ce que Emmanuel Macron avait lui même reconnu. Le Général de Villiers s’est exprimé sur ce sujet devant la Commission aux Forces Armées de l’Assemblée Nationale. C’était son droit, c’était même son devoir. En tant que chef d’Etat-Major des armés, il doit dire quand il considère que des coupes budgétaires mettent en péril la capacité des forces armées à remplir leurs missions. Ce n’est pas lui qui a porté « sur la place publique » ce débat. C’est ce que le Général de Villiers rappelle dans la seconde phrase citée.

    Le fait que le Président ait pris la déclaration du Général Pierre de Villiers devant cette Commission pour un acte contestant son autorité, alors qu’il s’agissait de l’exercice normal de la démocratie, nous en dit long – et même très long – sur le caractère et l’irascibilité du chef de l’Etat. Ce fait nous en dit aussi beaucoup sur son respect des procédures démocratiques les plus élémentaires.

    Le chef d’Etat-Major des armées ne se faisait visiblement aucune illusion sur la suite des événements. En témoigne un court article qu’il a posté sur la page Facebook du Chef d’Etat-Major, et intitulé « Confiance »[2]. Ce texte commence par un éloge appuyé du Général Delestraint, inspirateur et ami du Général de Gaulle, chef de l’armée secrète sous l’occupation, et qui périt en déportation. Il dit deux choses très importantes. La première concerne la confiance : « La confiance, c’est le refus de la résignation. C’est le contraire du fatalisme, l’antithèse du défaitisme… » Cela montre la nécessité de cette confiance. Et il montre l’importance de la confiance en soi, qui se construit dès l’enfance. La seconde, non moins importante, concerne ceux à qui on peut faire confiance, c’est la confiance en autrui. Cette confiance est nécessaire car un commandant, ou tout autre responsable, ne peut tout par lui même ; il doit avoir confiance envers tant ses subordonnés que ses supérieurs. Et il conclut par une mise en garde contre la confiance aveugle : « Méfiez-vous de la confiance aveugle ; qu’on vous l’accorde ou que vous l’accordiez. Elle est marquée du sceau de la facilité. Parce que tout le monde a ses insuffisances, personne ne mérite d’être aveuglément suivi. La confiance est une vertu vivante. Elle a besoin de gages. Elle doit être nourrie jour après jour, pour faire naître l’obéissance active, là où l’adhésion l’emporte sur la contrainte ».

    Ces mots sont importants. Ils ont un sens précis dans l’institution militaire. Au-delà, ils font écho à l’un des attendus du Procès de Nuremberg contre les dignitaires nazis, qui avait rejeté l’excuse d’obéissance sous prétexte que cette dernière ne saurait être aveugle. C’est en réalité le propos du Général de Villiers.

    Cette mise en garde vise tout autant les militaires (qui ne doivent pas se réfugier derrière l’excuse d’obéissance) que les civils. Et c’est ici que l’on touche à la tension qui existe dans l’aphorisme romain « les armes cèdent à la toge ». L’historien du Droit Mario Bretone, dans son grand livre sur l’histoire du droit à Rome[3], à propos de la loi d’investiture de l’empereur Vespasien, note que : « la subordination du souverain à l’ordre légal est volontaire, seule sa ‘majesté’ pouvant lui faire ressentir comme une obligation un tel choix, qui demeure libre » [4]. De fait, l’empereur réunit dans ses mains tant la potestas que l’auctoritas. S’y ajoute l’imperium, que détenaient avant lui les magistrats républicains.

    La phrase de Mario Bretone ouvre une piste[5]. Quand il écrit, « seule sa ‘majesté’ pouvant lui faire ressentir comme une obligation » cela peut signifier qu’un empereur qui violerait les lois existantes pour son seul « bon plaisir » et non dans l’intérêt de l’État, perdrait alors la « majesté » qui accompagne l’imperium. Dans ce cas son assassinat deviendrait licite car le « dictateur » se serait mué en « tyran ». Et l’on sait que nombre d’empereurs sont morts assassinés, ou ont été contraints de se suicider. On pense entre autres à Néron ou à Caligula. On voit ici que les armes ne cèdent à la toge qu’à la condition que cette dernière soit digne, soit recouverte de la « majesté », un mot qui a un sens profond dans le latin juridique de l’Empire.

    Il ne s’agit pas de transposer directement des coutumes de la Rome antique dans les institutions de la France du XXIème siècle. Néanmoins, on comprend, à lire le Général de Villiers, que si les gages de la confiance ne sont pas donnés, cette confiance ne saurait être accordée, et le principe d’obéissance du militaire au civil pourrait donc être révoqué. Et ces gages ne sauraient être uniquement financiers. La relation de confiance, qui est une relation essentiellement politique apparaît comme brisée.

    Cela nous met en face d’une situation particulière qui découle de cette crise opposant le Général de Villiers au Président Macron. Pour la première fois, depuis fort longtemps, se pose donc la question de la « dignité » ou de la « majesté » du premier magistrat de la République. On voit ici que cette crise a partie lié aux déclarations scandaleuses du Président Macron à propos de la rafle du Vel’ d’Hiv’. Cette crise découle directement du comportement d’Emmanuel Macron, depuis sa récente élection.

    Il dépend de lui de mesurer rapidement l’ampleur des dégâts qu’il a commis, et de fournir les gages qui permettront à l’ensemble de la Nation, et donc à ses forces armées, de reconstruire une relation de confiance. Car, ce que le Général de Villiers appelle la confiance n’est rien d’autre que la légitimité, un principe sans lequel il n’y a plus de démocratie[6]. S’il manquait à le faire, il ouvrirait de fait une période de grande incertitude quant au fonctionnement des institutions, y compris le mandat présidentiel qui pourrait, dès lors, s’en trouver dès lors abrégé.

    Jacques Sapir (RussEurope, 19 juillet 2017)

     

    Notes :

    [1] Ou Cedant arma togae, première partie d’une citation de Cicéron, De Officiis (Des Devoirs), I, 22

    [2] https://www.facebook.com/notes/chef-détat-major-des-armées/confiance/1548451188570705/

    [3] Bretone M., Histoire du droit romain, Paris, Editions Delga, 2016

    [4] Bretone M., Histoire du droit romain, op.cit., p.216.

    [5] Sapir J., (Avec B. Bourdin et B. Renouvin) Souveraineté, Nation et Religion – Dilemme ou réconciliation ?, Paris, Le Cerf, 2017

    [6] Sapir J., Souveraineté, Démocratie, Laïcité, Paris, Michalon, 2016

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  • En finir avec la République ?...

    Le nouveau numéro de la revue Réfléchir & agir (n°56 - été 2017) est disponible en kiosque. Le dossier (à charge) est consacré à la République. Évidemment, Marianne passe un mauvais quart d'heure. On peut tout de même regretter que la conception virile, et romaine, de la République soit expédiée en deux lignes dans le texte d'introduction... Pour le reste, hors dossier, on trouvera d'excellents articles et un bon entretien avec Piero San Giorgio !

     

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    Au sommaire :

    Tour d'horizon

    Antipasti

    Présidentielles 2017, par Eugène Krampon

    DOSSIER : Il faut buter la République

    Pourquoi la République est-elle un régime toujours né dans le sang, par Aristide Leucate

    Entretien avec Pierre Hillard

    La France, une nation juridique ou une nation par héritage ?, par Eugène Krampon

    Entretien avec Alain Escada

    République scolaire, école mortifère, par le CREA

    Entretien avec Jean-Noël Audibert

    A bas la République ! Et après ?, par Georges Feltin-Tracol

    Grand entretien

    Piero San Giorgio

    Héritage

    L'ours et nous..., par Klaas Malan

    Réflexion

    L'Idiot international, par Georges Feltin-Tracol

    Spiritualité

    Pèlerinage aux sources du Gange, par Christian Bouchet

    Histoire

    Le tyrannicide, une tradition sacrée, par Flavien Blanchon

    Bande-dessinée

    La case de l'Oncle Charlier, par Pierre Gillieth

    Un livre est un fusil

    Julien Freund. L'essence du politique, par Georges Feltin-Tracol

    Notes de lecture

    Musique

    À la cour du Roi Cramoisi, par Thierry Durolle

    Disques

     

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  • La défense sous le feu des technocrates...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 13 juillet 2017 et consacrée à la réduction du budget de la défense imposée par Emmanuel Macron et les  technocrates de Bercy et qui a débouché hier sur la démission du Chef d'état major des armées, le général d'armée Pierre de Villiers...

     

                                           

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  • Aux armes de Bruxelles...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de rééditer Aux Armes de Bruxelles, une flânerie urbaine de Christopher Gérard. Animateur de la défunte revue d'études polythéiste AnTaios, Christopher Gérard a notamment publié aux éditions L'Age d'Homme un journal spirituel, La source pérenne (2007), plusieurs romans dont Le songe d'Empédocle (2003), Maugis (2007),  Porte Louise (2010) et Vogelsang (2012), et un journal de lecture, Quolibet (2013).

     

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    « Aux Armes de Bruxelles n’emprunte pas par hasard son titre à un restaurant célèbre, il regorge lui-même de saveurs. L’auteur se promène dans Bruxelles comme autour de sa chambre. Il entame d’ailleurs son périple en quittant le refuge d’où il peut contempler le parc Tenbosch. Et puis, par cercles concentriques mais qui seraient ceux d’un paradis urbain, il pérégrine parmi ses lieux d’élection, librairies, jardins publics, musées, maisons de thé et autres étapes hospitalières d’une capitale dont il nous confirme qu’elle est imprégnée d’un art de vivre sans équivalent. Auteur de romans érudits et raffinés, il nous donne là un ouvrage qui deviendra un talisman que se recommanderont les Bruxellois de souche et de coeur, et un sésame indispensable à ceux qui se sentent la vocation de les rejoindre. Il faut avoir son couvert à ces Armes de Bruxelles. »

    Jacques De Decker, Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique

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  • « Vous n’aurez pas ma haine ! » : réflexion sur un leitmotiv médiatique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Laurence Maugest, cueilli sur Polémia et consacré au formatage médiatique et social des réactions aux attentats. Diplômée en psychologie sociale, Laurence Maugest a travaillé pendant plus de vingt ans dans des services d'écoute et de soutien destinés à des personnes en difficulté.

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    « Vous n’aurez pas ma haine ! »

    Nous nous souvenons, après l’attentat du 20 avril dernier où Xavier Jugelé a trouvé la mort, des propos que son compagnon a formulés. Parmi ceux-là, une phrase que nous lisons ou entendons fréquemment dans les médias, dans les fumées acres des bougies, sur les pages FaceBook, en leitmotiv depuis l’épidémie d’attentats : « Vous n’aurez pas ma haine » (1).

    Phrases à tiroirs, à tiroirs cachés

    « Vous n’aurez pas ma haine », cela signifie que la haine existe mais qu’elle est rétractée, par force, muselée. En effet, ce qui fait « la grandeur » de l’homme n’est pas de contenir ou contourner sa haine mais de la dépasser, de la métamorphoser, de la sublimer, diraient les psychanalystes, en énergie positive, énergie qui est l’expression d’une humanité singulière, élevée et transcendante qui se nourrit de ses affects pour mieux les franchir. C’est, je crois, ce que l’on appelle la civilisation.

    Imposer la forme de son deuil à l’homme, c’est chercher à le formater

    Nous pouvons redouter que cette retenue requise par les mises en scène médiatisées ne soit aussi superficielle que des images télévisées fugitives. En effet, ces commémorations peuvent-elles être assimilées à des rituels qui seraient d’ordre ethnologique alors qu’elles sont fortement incitées par les médias ? Leur forme, qui se développe à chaque attentat, à l’identique, indique une certaine « modélisation » et cela dans tous les pays occidentaux. Cette « modélisation » du travail de deuil est le signe que la globalisation, via les médias, influence ce qu’il y a de plus intime chez l’individu comme dans une société donnée.

    Nous pourrions en rester là et constater simplement qu’il est, en définitive, assez normal que les médias, qui ont une place de plus en plus considérable au sein des groupes humains, interviennent dans l’expression de ces rituels collectifs et individuels comme le rappelle cette phrase qui est devenue un hymne : « Vous n’aurez pas ma haine ».

    Nous espérons, évidemment, que ces comportements psychopompes puissent aider, un temps, les victimes directement concernées ainsi que les habitants des pays ciblés.

    Mais, néanmoins, nous pouvons réfléchir sur l’effet de ces « modélisations » qui imposent, de l’extérieur, une forme au processus de deuil et une attitude retenue de la colère. Ne perturbent-elles pas ainsi le travail de deuil naturel et singulier à chaque individu, à chaque société ? Le deuil comme l’amour, les naissances, les traumatismes et les joies d’importance construisent et révèlent la profondeur et l’énergie particulières à chaque homme. L’application d’un « formatage » dans ces rouages les plus intimes ne risque-t-elle pas de nuire à l’élévation et à l’évolution de l’humanité à titre individuel et collectif ?

    Ce « formatage » qui bride la colère ne perturbe-t-il pas le travail de deuil qui, selon Freud, après le déni, se poursuit par une période de rébellion et de haine inévitable qui permet le dépassement de la perte douloureuse ?

    De surcroît, ces manifestations et hymnes répétitifs et médiatisés ne sont en rien des incantations destinées à des forces surnaturelles, incernables. Si elles gardent des allures religieuses, dues sans doute à quelques « vertus chrétiennes devenues folles », elles ne portent pas de dimensions spirituelles, ontologiques réelles.

    En effet, elles sont essentiellement destinées à éviter « les amalgames ». Tout au moins officiellement, elles s’adressent à la cité et non pas au Divin.

    Le deuil et, avec lui, ce qu’il porte d’amour, de haine et de questions existentielles révèle aussi ce qu’il y a de plus bas et de plus élevé en l’homme. Ce sont ces sphères sacrées qui sont peu à peu façonnées par la puissance médiatique internationale.

    Il ne s’agit pas, évidemment, de faire l’apologie de la haine mais de reconnaître, encore une fois, son rôle essentiel dans l’élévation et la singularisation des individus et des sociétés qui doivent la dépasser comme en témoignent la littérature, des tragédies grecques au théâtre de boulevard.

    Mais qui donc va la recevoir cette haine ?

    Contenir la haine semble un vœu bien dangereux. Elle risque de se scléroser et d’exploser plus fort, plus tard. Elle peut aussi se détourner vers les individus qui « ne jouent pas le jeu », n’acceptent pas le silence des affects et expriment une réalité crue qui met à mal la rétention de la colère imposée par les médias et « l’air du temps ».

    Il est classique d’avoir du ressentiment pour une personne qui nous annonce une très mauvaise nouvelle, les professionnels de santé connaissent bien ces réactions épidermiques.

    Parmi les « cons » épinglés sur le fameux Mur se trouvait un rebelle qui n’a pas souhaité « allumer de bougies » pour éviter tout amalgame. En effet, le père d’une jeune fille assassinée lâchement fut placardé sur ce mur, à côté d’Eric Zemmour et d’Alain Bauer, eux-mêmes mouchetés pour leur acharnement à identifier les causes réelles des attentats.

    Désormais, ceux qui dénoncent les raisons de ces attaques meurtrières font l’objet paradoxal de cette haine qui reste entière. L’acharnement médiatique contre le Front national qui tourne à la caricature et contre Robert Ménard qui ne fait que dire courageusement la vérité en témoigne. Tous ces exemples confirment que la classe médiatique casse le thermomètre pour éviter de constater la fièvre.

    Plus dangereusement encore, ce passage de la « ritualisation » au « formatage » du deuil prouve la puissance de l’endoctrinement par les médias sur les individus qui va jusqu’à manipuler ceux qui sont touchés dans leur chair.

    Existe-t-il un trans-sentimentalisme ?

    Cette manipulation est, en définitive, effrayante, surtout si on la rapproche des recherches en cours sur le trans-humanisme au budget colossal. Elle vise à contrôler les réactions affectives des foules et se destine à asservir ce qu’il y a de plus libre et de moins prévisible chez l’homme : sa sensibilité au monde – sensibilité, qui est le tremplin du développement spirituel et de l’évolution de l’humanité qui tend vers la recherche du « sens » de la présence de l’homme sur Terre. Une telle recherche, le mythe du Progrès l’a proscrite en revendiquant sa connaissance de l’avenir : forcément meilleur que le passé, et en limitant l’évolution de l’humanité aux simples domaines techniques donc strictement humains, bien loin de tout sens métaphysique.

    Nous entendons parler au quotidien de l’intelligence artificielle qui émerge des couveuses de la Silicon Valley. Au grand jour, domestiquée dans les arènes de nos cités, façonnée par les tapages médiatiques, la sensibilité artificielle est en train d’être imposée par ceux qui savent que l’homme augmenté dans ses aptitudes intellectuelles et sensorielles doit être impérativement un « sous-doué » de la sensibilité au monde. En effet, il doit perdre sa lecture personnelle qu’il a de l’univers et de sa raison d’être mais aussi sa lecture culturelle – par le déracinement des peuples et le multiculturalisme – pour répondre aux exigences de la consommation globalisée du mondialisme.

    Laurence Maugest (Polémia, 27 juin 2017)

    Note :

    (1) http://www.liberation.fr/video/2017/04/25/le-conjoint-de-xavier-jugele-tue-sur-les-champs-elysees-vous-n-aurez-pas-ma-haine_1565202

    http://www.huffingtonpost.fr/2015/11/16/vous-naurez-pas-ma-haine-message-terroristes-bataclan-facebook_n_8577988.html

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