Au sommaire cette semaine :
- sur la lettre de Comes Communication, Bruno Racouchot interroge Eric Branca sur la guerre de l'information menée par les États-Unis contre de Gaulle...
La guerre secrète de Washington contre de Gaulle, cas d'école du soft power américain
- sur Theatrum Belli, on peut découvrir un texte de Régis Boyer, grand spécialiste de la civilisation scandinave récemment décédé, consacré à la figure du Destin dans le monde nordique...
Le guerrier nordico-germanique face au Destin
Métapo infos - Page 830
-
Tour d'horizon... (133)
-
Feu sur la désinformation... (157)
Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé Grandchamp.
Au sommaire :
- 1 : Cohen contre Zemmour entre censure et mépris.
Zemmour et Naulleau, invités de « C à vous » sur France 5. Pendant 25 minutes, Anne Elisabeth Lemoine, comme Patrick Cohen, ont tout fait pour isoler et blâmer Eric Zemmour. Deux visions du journalisme se sont affrontées : la liberté d’expression d’un côté et la censure au service du politiquement correct de l’autre. -
2 : Le Zapping d’I-Média
Individualisme poussé à l’extrême... Dimanche 8 octobre, dans l’émission Salut les terriens, le youtubeur Jeremstar a annoncé qu’il allait se marier avec… Lui-même : « Je pense que finalement je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi extraordinaire que moi-même ». La blague est d’autant plus gênante que le narcissique Jeremstar s’est mis en scène en essayant des robes de mariée.
- 3 : Dove victime de l’hystérie « antiraciste »
Une publicité pour le savon Dove s'attire les foudres du politiquement correct. Un photomontage enflamme Twitter, les médias suivent en dénonçant une publicité raciste... Une femme de couleur se transformerait en femme blanche sous l’effet du gel douche. Mais la publicité a été volontairement tronquée pour y voir un message haineux et les médias sont tombés dans le panneau de l’hystérie « antiraciste ».
- 4 : Les tweets de la semaine
Bertrand Cantat en Une des Inrocks, L'ancien membre du groupe Noir Désir revient sur la scène médiatique et fait la couverture du journal bobo. Le chanteur y fait la promotion de son nouvel album dans lequel il vante l’immigration de masse et l’accueil des clandestins. Une leçon de morale difficile à entendre venant de l’homme qui a massacré à coup de poings sa compagne Marie Trintignant.
- 5 : Attentat de Marseille : Opération diversion, le préfet limogé
Attaque terroriste à Marseille par un clandestin tunisien délinquant. Le gouvernement fait croire à des dysfonctionnements administratifs. Une version reprise en cœur par les journalistes qui n’ont pas pris la peine de lire le rapport de l'Inspection Générale de l'Administration. La paresse journalistique au service de la communication gouvernementale.
- 1 : Cohen contre Zemmour entre censure et mépris.
-
Essais sur le mythe...
Les éditions Allia viennent de publier un recueil de textes de Walter F. Otto intitulés Essais sur le mythe. Philosophe et historien des religions Walter F. Otto est notamment l’auteur de deux livres importants, traduits en français : Les Dieux de la Grèce et Dionysos, le mythe et le culte.
"« Dans les temps archaïques, lorsque le mythe n’était pas seulement le battement d’ailes d’un rêve, et ne provoquait pas seulement un bref séisme au fond de l’âme humaine, comme si le monde lui-même s’était soudain déclaré ; lorsqu’il parut dans toute sa violence irrésistible, telle une colonne de feu projetant ses lueurs à l’horizon, alors les peuples allèrent à sa rencontre par des actes cultuels dont le sens originel nous est devenu à vrai dire aussi obscur que le sens propre du mythe. »Cronos dévorant ses enfants, Athéna sortie de la tête de Zeus ou Persée tranchant la tête de Méduse... Aujourd'hui encore, la sauvagerie des mythes nous frappe alors même que leur invraisemblance nous maintient à distance. Là est la nature ambivalente du mythe, qui a perdu sa capacité de persuasion sans perdre de sa puissance visionnaire. Le mythe gît dans l’ombre quand la raison se déploie dans la lumière, comme le jour cède à la nuit, comme une part cachée de nous-mêmes.
Dans cet ensemble de quatre essais complémentaires (La percée jusqu'au mythe antique au XIXe siècle ; Mythe et parole ; Le mythe ; La langue comme mythe), parus entre 1934 et 1959, Walter F. Otto nous montre combien les représentations et les impulsions qui nous habitent s’accordent secrètement avec le mythe. Loin d'être un récit primitif, il est aux origines mêmes de toute création : civilisation, langue, art et poésie." -
Guerre civile ou décomposition nationale et civilisationnelle ?...
Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la décomposition nationale et civilisationnelle de la France. Québécois, Mathieu Bock-Côté est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et est déjà l'auteur de plusieurs essais comme Le multiculturalisme comme religion politique (Cerf, 2016) ou Le nouveau régime (Boréal, 2017).
Guerre civile ou décomposition nationale et civilisationnelle ?
S’ils sont nombreux à avouer quelques réserves devant la référence à la guerre civile lorsqu’ils évoquent la situation de la France contemporaine, c’est que ce concept est traditionnellement associé à la division intime d’un pays entre deux clans où des familles se déchirent, où des parents voient leurs enfants se déchirer, où des frères se prennent mutuellement pour cibles. Ce n’est pas vraiment la situation présente de la France, pour peu qu’on ne la réduise pas à une entité juridique artificielle et désincarnée.
Les tensions qui se multiplient mettent moins en scène un peuple divisé dans ses profondeurs historiques qu’un pays bouleversé par une immigration massive et victime de fragmentation identitaire, où se sont multipliés les territoires se dérobant à la communauté nationale, dans lesquels l’islam radical parvient à s’implanter, le terrorisme n’en représentant qu’une facette parmi d’autres. Dans Rue Jean-Pierre Timbaud, Géraldine Smith a bien illustré de quelle manière la conquête islamiste s’avance en plein Paris. Le même phénomène se reproduit partout dans le pays.
Ce n’est pas sans raison qu’en l’espace de quelques années, ceux qui parlaient des territoires perdus de la république en sont venus à parler des territoires perdus de la France. Des pans du pays se dérobent à la souveraineté française, à la culture française, aux mœurs françaises. Il faut néanmoins nommer cette dynamique de partition territoriale et résister au relativisme ambiant qui invite à la dédramatiser. On se désole avec raison de l’avènement d’une France soumise, pour emprunter la formule d’un récent ouvrage. Mais on peine à trouver le terme adéquat pour décrire une crise qui fait surgir des profondeurs de la cité la peur de la dissolution de la patrie.
Il y a toujours quelque chose d’étonnant à voir les élites d’un pays travailler très fort à nier ce qui lui arrive, comme s’il fallait plaquer un écran sur le réel, pour prévenir une éventuelle révolte du commun des mortels. Ne s’agit-il pas, d’abord et avant toute chose, de ne jamais faire le jeu du Front national, quitte, s’il le faut, et comme nous y invitent certains philosophes, à dissimuler la part du réel qui pourrait alimenter sa progression? On peut y voir la mécanique propre à l’idéologie qui mobilise le langage non plus pour décrire le monde mais pour le voiler. Notre époque n’est pas sans évoquer, à certains moments, un tableau orwellien. L’intelligence se retourne contre elle-même.
Il n’en demeure pas moins que les événements de Marseille nous obligent à penser plus radicalement le surgissement de la violence la plus barbare au cœur de la cité. On a beaucoup vu circuler sur les médias sociaux la photo des deux jeunes victimes. N’y voyons pas qu’un symptôme du triomphe de l’émotion et de l’image. Alors qu’on en vient presque à s’habituer aux attentats en précisant chaque fois mécaniquement le nombre des victimes, le visage souriant des victimes ensuite poignardées et égorgées peut encore bouleverser les âmes, désensibilisées par les carnages à répétition.
Une chose est certaine, c’est que les Français sont en droit de se sentir assiégés. Reprenons la formule litigieuse: c’est peut-être une forme de guerre civile au jour le jour. La sécurité du commun des mortels n’est plus garantie et tous savent, d’une certaine manière, que la violence peut surgir n’importe où, de n’importe quelle manière, et frapper indistinctement ceux qui sont en uniforme et ceux qui ne le sont pas. Dans l’œil des islamistes, tous les Français, et pourrait-on dire plus largement, tous les Occidentaux peuvent indistinctement servir de cibles. C’est qu’ils sont engagés dans une guerre totale où conséquemment, tout est permis.
L’islamisme excite les passions morbides et offre le fanion nécessaire à ceux qui veulent entrer en guerre contre la France. Il magnifie certaines pulsions nihilistes et peut ainsi assurer aisément le passage de la délinquance au terrorisme, comme on le constate de plus en plus souvent. Le djihad n’est pas une illusion occidentale. On rappellera aussi, puisqu’il faut encore le faire, que l’islamisme ne se réduit pas à la seule question du terrorisme. Il cherche aussi, de différentes manières, à occuper l’espace public et à soumettre la vie française à des mœurs qui lui sont étrangères. Plusieurs capitulent au nom de la tolérance.
C’est une guerre que le monde occidental peine encore à nommer, étrangement. On applaudit lorsqu’un leader politique ose nommer l’islamisme, sans se rendre compte qu’on se contente alors de célébrer le droit de nommer des évidences. C’est un peu comme si le simple fait de mentionner le réel sans le filtrer par le politiquement correct avait quelque chose de scandaleux. Il faut dire que du point de vue de la gauche médiatique, il s’agit effectivement d’un scandale. Elle est prête à se bander les yeux pour ne pas voir que le multiculturalisme mène au désastre.
Le réel ne passera pas: tel pourrait être son slogan. De même, si une information perce dans le débat public en empruntant le canal de la presse qui se prétend alternative, on l’entourera de la plus grande suspicion, comme si l’essentiel n’était pas de savoir si elle était vraie, mais de savoir qui la rapportait et pour quelle raison. On ne vérifie pas la crédibilité de la source, on s’intéresse plutôt à sa conformité idéologique. Comment ne pas voir là un exaspérant sectarisme idéologique? Quiconque conserve la mémoire du XXe siècle n’en sera pourtant pas surpris.
Il est de plus en plus difficile de se le cacher: une partie naturellement minoritaire mais néanmoins significative de la population des banlieues carbure à la haine antifrançaise. La mouvance des Indigènes de la République est ouvertement en lutte contre la France. Les immigrés seraient victimes d’une forme de colonialisme intérieur et la France abuserait de ses privilèges en rappelant que la civilisation française n’est pas optionnelle chez elle. C’est ce que certains appellent le racisme d’État à la française.
Lorsqu’on trouve une mouvance qui milite ouvertement pour déboulonner les statues d’une figure historique comme Colbert, on comprend jusqu’où peut aller le rejet de la nation. Il s’agit en fait de criminaliser la mémoire de la nation pour ensuite justifier son éradication. On devine que ce zèle destructeur ne s’arrêtera pas là. On dépècera morceau par morceau l’héritage historique français pour qu’il n’en reste plus rien. Sans surprise, une nation dépossédée de son identité verra ses ressorts existentiels rompus et son instinct de survie inhibé.
À gauche de la gauche, on en vient presque à faire preuve de complicité avec l’islamisme en refusant systématiquement de le nommer, comme si le simple fait de mentionner les problèmes spécifiques à l’islam et à l’immigration musulmane relevait de la stigmatisation et d’une logique discriminatoire. Danièle Obono, de la France insoumise, semble se spécialiser dans ce créneau. On n’oubliera pas qu’il lui semblait plus aisé de dire Nique la France que Vive la France. Le slogan «pas d’amalgame» contribue à l’imposition d’un débat public de plus en plus abrutissant et déréalisé
On en revient à l’attentat de Marseille. Il est facile et probablement nécessaire de blâmer les autorités pour leur négligence dans les circonstances. Mais il faut aller au-delà des critiques politiciennes qui cherchent un coupable à désigner à la vindicte publique pour prendre le problème avec plus de hauteur. Ce qu’il faut critiquer plus profondément, c’est une mutation en profondeur de la démocratie occidentale qui s’est laissé enfermer dans le carcan de la judiciarisation du pouvoir, qui le condamne à une impuissance de plus en plus définitive. Le droit-de-l’hommisme conjugué au multiculturalisme empêche finalement à la nation d’assurer la protection de ses membres.
On me pardonnera une question simplètte: comment se fait-il qu’on tolère sur le territoire national des clandestins multirécidivistes? On pourrait élargir la question: Comment la France en est-elle venue, au fil du temps, à normaliser et à banaliser la présence massive de clandestins sur son territoire, comme s’il ne s’agissait pas d’une violation de la souveraineté nationale et des règles élémentaires de l’hospitalité qui veut qu’on n’impose pas sa présence chez autrui sans en demander la permission ? Mais le simple rappel de cette évidence peut vous valoir la pire étiquette.
À vouloir réduire la poussée migratoire des dernières années à une simple crise humanitaire, on en est venu à s’aveugler devant ses inévitables conséquences catastrophiques. On s’égosillera comme on veut en répétant que la diversité est une richesse et qu’il faut s’ouvrir à toutes les différences mais cela ne changera rien au fait qu’une mutation démographique aussi brutale et d’aussi grande ampleur peut provoquer le déclin du pays qui la subit ainsi que des convulsions sociales et identitaires de plus en plus radicales.
L’antiracisme nord-américain a son slogan: no one is illegal. Personne n’est illégal. On en comprend la signification: il faut abolir progressivement, et un jour totalement, la différence entre les nationaux et les étrangers, entre ceux qui sont citoyens et ceux qui ne le sont pas. Il n’y a plus, dans cet esprit, de peuples et de civilisations. Il n’y a que des populations interchangeables: aucune d’entre elles n’est en droit de se croire maître chez elle. Le droit des peuples à demeurer eux-mêmes est assimilé à un repli identitaire propre à l’émergence de toutes les phobies.
On revient à l’essentiel: il n’y a pas de bonne politique sans bon diagnostic. Dans cet esprit, il faudrait moins parler de guerre civile que d’un processus de décomposition nationale et civilisationnelle que les autorités ont décidé d’accompagner et de modérer, sans prétendre le combattre et le renverser, comme s’il était inéluctable. L’appel au redressement qui s’est fait entendre depuis quelques années ne relevait pas du fantasme réactionnaire. On voit mal, toutefois, qui est prêt à l’entendre et à le traduire en politique de civilisation.
Mathieu Bock-Côté (Figaro Vox, 6 octobre 2017)
-
Beren et Lúthien...
Les éditions Christian Bourgois viennent de publier un récit de J.R.R. Tolkien intitulé Beren et Lúthien. Le fils de l'auteur du Seigneur des anneaux nous livre une version étoffé de ce récit dont les lecteurs du Silmarillion connaissent déjà la trame. Une lecture évidemment indispensable !...
" Avec ce nouveau livre de J. R. R. Tolkien, édité par son fils Christopher Tolkien, découvrez l'histoire d'amour qui est coeur du monde du Seigneur des Anneaux ! Des milliers d'années avant Bilbo et Frodo, avant Gandalf et l'Anneau, un homme et une Elfe tentent de vivre un amour interdit par la rivalité entre leurs peuples et se lancent dans la plus grande des aventures en Terre du Milieu : reprendre un Silmaril au terrible dieu Morgoth.
Traversant mille périls, ils parviendront à la forteresse du maître de Sauron, où l'Elfe Lúthien montrera que le plus grand des héros de Tolkien est une héroïne, qui inspirera à son tour l'amour d'Aragorn et Arwen, dans Le Seigneur des Anneaux. Magnifiquement illustré en couleurs et en noir et blanc par Alan Lee, illustrateur du Seigneur des Anneaux, des Enfants de Húrin, artiste oscarisé pour son travail de conception des films de Peter Jackson, ce texte a été écrit en 1917, alors que Tolkien rentre du front pendant la Première Guerre mondiale – il a participé à la bataille de la Somme.
Il est présenté par Christopher Tolkien, qui raconte le monde d'avant les Hobbits et l'Anneau, et qui rappelle comment est née cette histoire d'amour et d'aventures, reflet de l'histoire de ses propres parents, Edith et J. R. R. Tolkien. Cette édition contient plusieurs versions de l'histoire, peu connues des lecteurs du Hobbit, du Silmarillion et du Seigneur des Anneaux. " -
Hasta siempre, comandante Che Guevara...
« J'avais avec toi un compte d'admiration à régler et tu m'as aidé dans cette tâche. En effet, par-delà les idées qui furent les tiennes et pour lesquelles, dit-on, tu es mort, j'ai découvert, en écoutant la musique de ta vie, le rythme sourd d'une Passion. De toi on ne voulut voir que le guérillero, le révolutionnaire et le poster. Ici, je viens dire, sous ces masques, un autre homme - l'aventurier, le héros et le martyr - qui n'eut jamais qu'une unique soif, faute d'orgueil et d'humilité, la soif du sacrifice. »
Jean Cau, Une passion pour Che Guevara
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gabriele Adinolfi, cueilli sur Geopolitika et consacré à l'emblématique et discuté Che Guevara.
Figure marquante de la mouvance nationaliste-révolutionnaire italienne, responsable du Centre d'étude Polaris et principal inspirateur du mouvement Casapound, Gabriele Adinolfi est l'auteur de plusieurs livres, dont certains ont déjà été traduits en français, comme Nos belles années de plomb (L'Æncre, 2004), Pensées corsaires - Abécédaire de lutte et de victoire (Edition du Lore, 2008), Orchestre rouge (Avatar, 2013) et Années de plomb et semelles de vent (Les Bouquins de Synthèse nationale, 2014).
Hasta siempre, comandante Che Guevara
Le 8 octobre 1967, tombait dans une embuscade Ernesto Guevara dit le Che.
Blessé au ventre, il fut laissé à l’agonie jusqu'à ce que la mort le prenne dans les premières heures du jour suivant (1).
Depuis Che Guevara est devenu un mythe, une légende et, malheureusement, surtout un produit de merchandising.
Il se retrouve partout : imprimé sur les T-shirts de la bourgeoisie snob, sérigraphié en pin’s, tatoué sur les bras du milliardaire Maradona, imprimé sur les banderoles des groupes de supporter de club de football quand ils se prétendent « de gauche », etc.
Devenu l’emblème d'une transgression formelle, d'une nostalgie sage, il est assassiné chaque jour que Dieu fait par cette bourgeoisie décadente contre la domination de classe de laquelle il avait décidé, lui, comme un lion indompté, de rugir et de mourir
Il a été tué une première fois par la réaction qui armait les militaires boliviens.
Il l'a ensuite été une seconde fois, en devenant la référence d’une jeunesse « progressiste » avec laquelle la révolution du Che, n’a pourtant rien, mais vraiment rien, en commun.
Entre temps, à contre-courant, discrètement, avec délicatesse, chez beaucoup de ceux qui auraient dû le haïr a mûri une passion pour ce condottiere.
Aujourd'hui que les temps sont changés, dans le camp de l’ultra-droite, il est de bon ton de détester viscéralement le guérillero parce que on n’envisage pas de pouvoir faire autrement que de mépriser ce que « les autres » encensent. Si tu me dis a, je dis b, si je dis b, tu diras c... C’est une stupidité diffuse bien que compréhensible.
Pourtant, pour notre génération, pour ceux chez qui les passions étaient de la vie et non pas du virtuel, le Che fit une brèche dans nos coeurs. Il fit une brèche en inspirant à un des plus pointus et des plus brillants penseur de l'extrême-droite française, Jean Cau, le magnifique livre Une passion pour le Che. Un livre qui fut le préféré et le plus fut relu par Walter Spedicato durant son exil (2). Notre camarade éprouvait d’ailleurs pour le Che une passion qui n’était pas inférieure à celle de Jean Cau.
Il avait fait une brèche immédiatement après son meurtre barbare dans le coeur du très fasciste animateur du cabaret Bagaglino qui produisit alors un 45 tours qui eut vraiment « une double face ». L’une se composait de Le légionnaire de Lucera (3) et l'autre d’Adieu au Che !
Il était expliqué sur la couverture, la raison qui avait poussée à rendre cet hommage à deux figures ainsi opposées en apparence : leur identité existentielle. Et le texte de la chanson dédiée à Guevara contenait des phrases qui voulaient tout dire : « Les gens comme toi ne crèvent pas dans un lit, ils ne meurent pas de vieillesse... » et encore « Tu n'étais pas comme eux, tu devais mourir seulement, adieu Che ! ».
Le Bagaglino avait saisi la raison réelle, c'est-à-dire l'estime et la sympathie existentielle, qui poussaient tant d'ennemis politiques du Che, animés par le feu de l’idéal, à en être des admirateurs inconditionnels.
Dans les années qui suivirent, la passion hétérodoxe pour le Che fut alimentée par des motivations beaucoup moins valides.
Pour certains, qui éprouvaient un sentiment d'infériorité vis-à-vis de la gauche extrême, qui était alors médiatiquement et militairement dominante, et qui ressentaient une certaine culpabilité pour notre passé diabolisé, le poster du Che représentait une sorte de voie de sortie, une étape esthétiquement acceptable sur la route du reniement.
Pour d’autres, la motivation était toute différente. Pour eux le Che n'était pas communiste parce que sa vie niait le matérialisme en étant l’incarnation d'une éthique guerrière.
Or, ils se trompaient parce que le Che était bien communiste. Il avait combattu et il était mort en communiste, en donnant, certes, au communisme un sens divergent, souvent opposé à celui qu’adoptait l'immense majorité, en l’anoblissant.
Cependant, il était communiste, et cela en dépit d'une anecdote qu'on racontait à l'époque en Italie. Le Che, disait-on, quelques semaines avant être capturé avait refusé de donner un interview à un journaliste de L'Unita (le quotidien du PCI). « J’ai trois bonnes raisons pour ne pas vous l’accorder, aurait-il dit, parce que vous êtes journaliste, parce que vous êtes communiste, parce que vous êtes Italien ».
Même si l'anecdote était réelle, il fallait la comprendre autrement qu’il plaisait à certains, à l'époque, de l'entendre.
Le Che dans son combat pour la guerre révolutionnaire, pour l'affirmation titanesque d'une utopie latino-américaine, était en conflit avec les nomenclatures officielles du communisme.
Avec celle de Moscou - qui selon certaines versions aurait facilité son élimination - et même avec celle de la Chine, alors alliée objective de la politique étrangère des Etats-Unis.
Les communistes italiens, par tradition, étaient les chiens de garde du régime soviétique et c’était pour cela, probablement, que le Che les détestait.
Il est vrai aussi que le Che n'obtint pas de grands appuis des gauches mondiales quand il décida d'abandonner un tranquille fauteuil ministériel pour aller jouer son destin en Bolivie, en espérant y allumer le feu d'une révolution continentale.
Pour préparer l'entreprise il s'était adressé à de nombreux gouvernants et hommes politiques non alignés, parmi lesquels il y avait nombre d’anciens communistes.
Chez eux, il ne trouva aucun soutien alors que ce furent des anticommunistes convaincus qui l’écoutèrent et qui lui apportèrent un peu d’aide. Ainsi firent son compatriote, et adversaire politique, Peron qui se trouvait alors en exil en Espagne, le dictateur espagnol Francisco Franco et le président algérien Boumedienne. Pour le reste le ce fut le vide.
« Tu n'étais pas comme eux, tu devais mourir seulement... ».
Le Bagaglino, animé de la sensibilité particulière des artistes, comprit la véritable raison qui avait fait du Che une figure chère à beaucoup de ses ennemis politiques, à tant d'admirateurs de Mussolini, de Pavolini, de Skorzeny. Son Che allait à la mort pratiquement tout seul, sans aucune autre perspective possible, au nom d'une passion, renonçant à vieillir riche et puissant dans un fauteuil ministériel.
Tout ceci fit pour nous, alors, du Che, un noble guerrier et un exemple.
Et pour moi, il est resté tel.
Pour comprendre l'esprit atypique, spartiate, du Che, voici quelques citations de ses paroles ou de ses écrits : « Il faut être dur sans jamais perdre la tendresse. » « Le vrai révolutionnaire est guidé un grand sentiment d’amour. » « La vraie révolution doit commencer à l’intérieur de nous. » « Le silence est une discussion continuée avec d’autres moyens.»
J’ajouterai à celles-ci, une autre, pour moi particulièrement significative, que je cite de mémoire et qui est plus ou moins ainsi : « La Révolution c’est transposer dans la vie de tous les jours les valeurs de la guérilla. »
Comme vous le voyez l'essentiel est dit.
Peu reste à ajouter, sinon que l’on peut apprécier un communiste décédé sans oublier qu’il l’était.
Nous sommes assez forts pour cela. Nous l’apprécions parce que dans un monde de somnambules nous aimons ceux qui rêvent !
« Hasta siempre, comandante Che Guevara ».
Gabriele Adinolfi (Geopolitika, 8 octobre 2017)
Notes :
1 - Si le Che tomba dans une embuscade le 8 octobre en essayant d'aider son camarde el Chino , il ne fut pas blessé au ventre mais au pied, et il n'agonisa pas mais fut assassiné le lendemain par le sergent Mario Teran d'une rafale de son uzi dans l'école de La Higuéra , il était 13h10. Comme il n'était pas mort , l'agent de la CIA Felix Ramon lui tira une balle dans le cœur.
2 - Walter Spedicato, membre de l’Organisation lutte du peuple puis de Troisième position. Poursuivi par la « justice » italienne, il décéda alors qu’il était exilé en France.
3 - Un chant du répertoire « d’extrême droite » sur un mercenaire parti combattre au Congo.