Pour sa nouvelle émission Orages de papier, TV Libertés, en partenariat avec La Nouvelle Libraire et François Bousquet, nous propose de découvrir une œuvre ou un auteur. Pour ce premier numéro, François Bousquet reçoit l'écrivain Renaud Camus.
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Pour sa nouvelle émission Orages de papier, TV Libertés, en partenariat avec La Nouvelle Libraire et François Bousquet, nous propose de découvrir une œuvre ou un auteur. Pour ce premier numéro, François Bousquet reçoit l'écrivain Renaud Camus.
Les éditions Ecriture viennent de publier Alphonse Boudard, une vie à crédit, une biographie de l'auteur de La Métamorphose des cloportes signée par Dominique Chabrol. Journaliste, Dominique Chabrol est l'auteur de biographies consacrées à Desproges (Flammarion, 1994) et Michel Audiard (Flammarion, 2001).
" Alphonse Boudard (1925-2000) n'était pas un auteur " convenable ". Né de père inconnu, confié dès sa naissance à un couple de paysans, il a connu la misère sous l'Occupation, avant de rejoindre la Résistance et de participer à la libération de Paris. Il fera tout pour échapper à l'usine, et ses mauvaises fréquentations le conduiront une première fois en prison, d'où il sortira gravement malade.
Pendant près de dix ans, il alterne les séjours dans des cellules putrides et les salles communes de sanatoriums. Il y connaîtra la plus noire débine et les mauvais traitements. Mais il y croise aussi les vedettes des faits divers de l'après-guerre et y lit les meilleurs auteurs. Au fond du trou, entre deux hostos, deux condamnations, il trouvera la force de devenir écrivain en publiant La Métamorphose des cloportes (1962), futur classique du film policier.
Deux romans autobiographiques, La Cerise (1963) et L'Hôpital (1970), feront de Boudard un auteur populaire, salué par la critique et distingué enfin par l'Académie française avec Mourir d'enfance (1995). Ce maître de l'argot et du bitume parisien y tire de l'ombre toute une galerie de laissés-pour-compte, de tueurs et de demi-fous, avec un parti pris : faire sourire des plus terribles histoires.
Démêlant le vrai du faux de cette existence soigneusement romancée, Dominique Chabrol retrace le parcours d'un gamin de Paris devenu l'inventeur de sa propre vie – dont quelques-uns des personnages se nommaient Céline, Paraz, Gabin, Ventura, Simenon, Brassens, Audiard ou Nucéra. "
Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la question de la surpopulation. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).
Alain de Benoist : « Avec la surpopulation, c’est un monde invivable qui se dessine… »
La population mondiale ne cesse d’augmenter. La procréation, par nature, peut être exponentielle, alors que les ressources terrestres ne le sont pas. C’est ce que disait déjà Malthus, dont certains pensent qu’il n’a jamais eu que le tort d’avoir raison trop tôt. Aujourd’hui, y a-t-il péril en la demeure ?
Passé un certain seuil, toute augmentation en nombre entraîne un « saut qualitatif » qui se traduit par un changement de nature. Comme chacun le sait, la population mondiale augmente régulièrement, mais, surtout, elle augmente de plus en plus vite. Vers 1700, on comptait moins de 700 millions d’habitants sur Terre. En 1900, on en était à 1,6 milliard. Aujourd’hui, avec plus de 250.000 naissances par jour, on a dépassé les 7,7 milliards. Pour la fin du siècle, les estimations moyennes tournent autour de douze milliards, les estimations hautes autour de seize milliards. Bien entendu, on peut discuter à perte de vue sur le nombre de bipèdes qui peuvent vivre sur cette planète. La seule chose qui est sûre, c’est qu’il y a une limite : pas plus qu’il ne peut y avoir de croissance matérielle infinie dans un espace fini, la population ne peut s’accroître indéfiniment sur une étendue limitée. Malheureusement, nous sommes à une époque qui ne supporte pas les limites. Malthus (Essai sur le principe de population, 1803) ne se préoccupait que de l’épuisement des ressources. Aujourd’hui, c’est le nombre qui, à lui seul, pose problème : la quantité est plus que jamais le contraire de la qualité. Avec trois ou quatre milliards de bipèdes en moins, le monde se porterait beaucoup mieux !
La surpopulation aggrave mécaniquement tous les problèmes, en les rendant peu à peu insolubles. Elle est belligène, car la pression démographique crée des conflits nouveaux. Elle accélère l’épuisement des réserves naturelles. Elle accroît la dépendance économique et la soumission aux fluctuations ravageuses des marchés mondiaux, elle favorise les migrations de masse en provenance des pays surpeuplés, elle aggrave les effets de la surconsommation, de l’épuisement des sols, de la pollution des nappes phréatiques, de l’accumulation des déchets. Il n’y a déjà plus de réserves de productivité en matière agricole, l’extension des terres agricoles est en train d’atteindre ses limites et les ressources halieutiques des océans s’épuisent également. Plus de 90 % de toute la biomasse produite annuellement dans le monde sont d’ores et déjà exploités.
Il est révélateur que la plupart des écologistes autoproclamés se comportent comme si la démographie et l’environnement étaient des sujets séparés, alors qu’ils sont indissociablement liés. À quoi bon parler de préservation des écosystèmes et de sauvegarde de la diversité, à quoi bon s’inquiéter de la gestion des déchets et des effets de la combustion des énergies fossiles si la croissance démographique entraîne toujours plus de pollutions et de déchets et que l’espace laissé aux espèces sauvages est appelé à disparaître ? À quoi bon vouloir limiter les émissions de gaz à effet de serre si on ne limite pas aussi la population ? Dans trente ans, du fait de l’accroissement naturel et de l’exode rural, 68 % de la population mondiale vivra dans des villes, soit 2,5 milliards d’individus de plus que maintenant. Avec des bidonvilles de plus de vingt millions d’habitants et des mégapoles de plus de cent millions d’habitants, c’est un monde proprement invivable qui se dessine.
La mondialisation aggrave apparemment la situation, mais elle révèle aussi des disparités considérables. Au-delà de la surpopulation, n’avons-nous pas également affaire à un problème de répartition ?
C’est évident. En 1950, avec 228 millions d’habitants, le continent africain représentait 9 % de la population mondiale. En 2017, avec 1,2 milliard d’habitants, il en représentait près de 17 %. À la fin du siècle, avec 4,2 milliards d’habitants (dont 89 % au sud du Sahara), il en représentera le tiers. Avec un taux de fécondité moyen de 4,6 enfants par femme, l’Afrique accroît sa population de 2,5 % par an, soit un doublement tous les vingt-huit ans. L’Europe, elle, ne représentait plus que 9,8 % de la population mondiale en 2017, et ce chiffre est encore appelé à baisser. Depuis la chute du mur de Berlin, l’Europe centrale et orientale a perdu 24 millions d’habitants. En France, on vient d’enregistrer la quatrième année consécutive de baisse des naissances : l’âge moyen à la maternité ne cesse de reculer et le solde naturel n’a jamais été aussi bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le problème, ici, n’est toutefois pas d’abord le nombre, mais la détérioration de la pyramide des âges. Que l’Europe soit moins peuplée n’est pas un drame, loin de là ; ce qui est un drame, c’est qu’elle vieillit inexorablement. Cela dit, il n’est pas sérieux d’imaginer que les Européens peuvent se lancer dans une course à la concurrence démographique où ils feraient « mieux » que les 6,4 enfants par femme de la République démocratique du Congo ou les 7 enfants par femme du Niger !
« Croissez et multipliez », lit-on dans la Genèse, adresse qui vaut tout autant pour les chrétiens que pour les musulmans et les juifs. Cet axiome religieux vous paraît-il toujours d’actualité ?
À une époque où la plus grande partie du monde était inhabitée et où le premier impératif, pour les petites communautés existantes, était de s’étendre numériquement pour maximiser leurs chances de survie, le « croissez et multipliez » était parfaitement justifié. Le problème commence lorsqu’on ignore le contexte et qu’on soutient qu’un principe valable dans telles ou telles circonstances est à considérer comme un dogme valable en tous temps et en tous lieux. C’est la raison pour laquelle, dans nombre de milieux, la surpopulation est un sujet tabou : au nom de l’« accueil de la vie » et de la critique du « malthusianisme », on préfère se mettre un bandeau sur les yeux. Or, le laisser-faire nataliste est aujourd’hui irresponsable, et le « respect de la vie » ne saurait s’étendre à ceux qui ne sont pas encore conçus. Quelle est, alors, la solution ? Avec des mesures coercitives, la Chine est parvenue à freiner sa natalité, mais les « incitations » à ralentir la croissance démographique sont généralement des vœux pieux, surtout dans les pays où les enfants sont l’équivalent d’une assurance-vieillesse. L’émigration de masse vers d’autres planètes relève de la science-fiction. Que reste-t-il, alors ? Les épidémies, peut-être !
Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 25 janvier 2020)
Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°182, février 2020 - mars 2020) est en kiosque !
A côté du dossier consacré à l'identité, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, des entretiens, notamment avec le journaliste David Goodhart, le politologue François-Bernard Huyghe, l'historien Jean Lopez, le médecin et essayiste Laurent Alexandre, et les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, d'Hervé Juvin, de Ludovic Maubreuil, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers et d'Yves Christen...
Bonne lecture !
Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.
Au sommaire :
Éditorial
La majorité dépossédée, par Alain de Benoist
Agenda, actualités
L’Entretien
Le « populisme décent » selon David Goodhart, propos recueillis par Thomas Hennetier
Cartouches
Montal en bleu et gris, le regard d’Olivier François
Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman
Je me souviens du cinéma, par Ludovic Maubreuil
Carnet géopolitique : Brexit, suite et fin ?, par Hervé Juvin
J’ai vu le Tigre des Ardennes, par Laurent Schang
Les leçons de Delphes (2/4) : l’oracle d’Apollon, par Fabien Niezgoda
L’égautiste, par Bruno Lafourcade
Économie, par Guillaume Travers
Bestiaire : Tendres vampires, une amitié scellée par le sang, par Yves Christen
Sciences, par Bastien O’Danieli
Le combat des idées
La liste noire des écrivains maudits, par François Bousquet
Procès d’Auch : Kafka en Gascogne, par Renaud Camus
Culture du viol : accusé Joël Séria, déshabillez-vous ! par Ludovic Maubreuil
Pour en finir avec la politique de caniveau, par Andréa Kotarac
Leçons sur la guerre idéologique avec François-Bernard Huyghe, propos recueillis par François Bousquet
Extension du domaine de la pub, par Guillaume Travers
Ubérisation du X : Internet a-t-il été créé pour le porno ? par Marie Chancel
Pom, pom, pom, pom… C’est Beethoven qu’on assassine ! par Jean-François Gautier
Catastrophisme écologique : les leçons de Laurent Mermet, par Fabien Niezgoda
Paysans 2.0 : les usines à la ferme, par Pierric Guittaut
L’histoire de nos origines révélée par l’ADN : la bombe de David Reich, propos recueillis par Thomas Hennetier
Opération Barbarossa : entretien avec Jean Lopez, propos recueillis par Laurent Schang
L’homme, le chef-d’œuvre d’Arnold Gehlen, propos recueillis par Walter Aubrig
Arnold Gehlen, une philosophie de l’ordre, propos recueillis par Walter Aubrig
Jean-Claude Michéa : Garde-toi à droite, garde-toi à gauche ! David L’Épée face à Kévin Boucaud-Victoire
Minorités d’Orient : entretien avec Tigrane Yégavian, propos recueillis par Christophe A. Maxime
Les Pikkendorff, la saga du génie européen, par François Bousquet
Le cas Matzneff : au-delà de la fureur morale, par Patrice Jean et David L’Épée
Ezra Pound au-dessus du volcan, par François Bousquet
Dossier
Transhumanisme : Marchands de futurs, marchands d’illusions
Silicon Valley des merveilles, par François Bousquet
Non, la biologie ne pense pas ! Chimères transhumanistes, par Jean-François Gautier
Entretien avec Laurent Alexandre, propos recueillis par Alain de Benoist
L’IA en débat : l’éclairage de Marie David et Baptiste Rappin, propos recueillis par Thomas Hennetier
Panorama
L’œil de Slobodan Despot
Reconquête : Marcher pour soi, marcher vers soi, par Slobodan Despot
Un païen dans l’Église : la collégiale Saint-Nicolas à Nogaro, par Bernard Rio
L’anti-manuel de philosophie : l’existence du sentiment religieux, par Jean-François Gautier
L’esprit des lieux : le chant du cygne de Louis II de Bavière, par Marc Hocine
C’était dans Éléments : comment peut-on ne pas être rebelle ? par Dominique Venner
Éphémérides
Vous pouvez découvrir ci-dessous un débat sur Cnews entre Eric Zemmour et Michel Onfray sur les révoltes qui secouent le peuple français. Journaliste et polémiste, Eric Zemmour a publié récemment Le suicide français (Albin Michel, 2014) et Destin français (Albin Michel, 2018) ; quant à Michel Onfray, philosophe populaire, tenant d'un socialisme libertaire, il a publié de nombreux ouvrages, dont sa trilogie Cosmos (Flammarion, 2015), Décadence (Flammarion, 2017) et Sagesse (Flammarion, 2019), et dernièrement Grandeur du petit peuple (Albin Michel, 2020).
Les éditions Konfident viennent de publier un ouvrage d'Olivier Pigoreau intitulé Son âme au diable - Jean-Marie Balestre 1940-1945, consacré à la jeunesse de l'ancien président de la Fédération internationale de sport automobile, avec une préface de l'historien Jean-Marc Berlière. Journaliste et historien, Olivier Pigoreau a notamment publié 1944 - L'Été chaud des collabos (Histoire & Collections, 2014).
" Jean-Marie Balestre fut sans doute le seul Français à porter l'uniforme des Waffen-SS et à se voir attribuer la carte de déporté interné de la Résistance. Déroutante jeunesse que celle de cet homme, engagé jusqu'au point le plus ultime de la collaboration, pour finir la guerre derrière les barbelés d'un camp de concentration. Qui fut au juste, entre 1940 et 1945, celui qui, avec son ami Robert Hersant, allait bâtir le plus grand groupe de presse français et, seul, régner pendant près de 15 ans à la tête du sport automobile mondial ? Ce livre rouvre un dossier qui, des décennies après la guerre, défraya la chronique, donna lieu à un retentissant procès et causa quelque embarras à un très haut niveau de l'Etat. Au-delà du cas Balestre, sont ici mises en lumière les ambiguïtés d'une époque propice à toutes les aventures et à tous les retournements, dans un Paris sous la botte allemande où, entre collabos patentés et résistants authentiques, évoluèrent d'insaisissables aventuriers. "