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Métapo infos - Page 469

  • Le "New Space" : un univers spatial en transformation accélérée...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christopher Coonen, cueilli sur Geopragma et consacré à l'espace comme nouveau champ de déploiement de la puissance et de la conflictualité. Secrétaire général de Geopragma, Christopher Coonen a exercé des fonctions de directions dans des sociétés de niveau international appartenant au secteur du numérique. 

     

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    Le New Space : un univers spatial en pleine transformation accélérée

    Il semble opportun, au moment où l’humanité célèbre le soixantième anniversaire du premier homme Yuri Gagarine à voyager dans l’espace, le lancement réussi de la fusée Space X pour transporter quatre astronautes à la Station spatiale internationale (ISS) et en ramener quatre autres hier via le module Space X, de se pencher sur ce phénomène qu’est le New Space.  Même si en apparence c’est un contraste avec le Old Space, dominé alors par les superpuissances géostratégiques et militaires concurrentes qu’étaient les Etats-Unis et l’URSS, il révèle en fait l’émergence fracassante du New Space ; et il convient sans doute de non pas parler d’un New Space mais des New Space. En réalité, il s’agit de plusieurs phénomènes qui se conjuguent et concourent à une dynamique globale.

    Qu’est-ce que le New Space ? C’est la transformation du Old Space en New Space autour de quatre axes majeurs : l’ouverture de l’espace à de nouveaux acteurs essentiellement privés, à de nouveaux pays, à de nouveaux champs d’application y compris militaires, et afin de poursuivre de nouveaux objectifs y compris financiers. Le Old Space, c’est l’industrie spatiale telle qu’on la concevait il y a quelques années encore : les acteurs étaient avant tout des monopoles d’Etat, les objectifs étaient pour l’essentiel des objectifs politiques et stratégiques avec un lien très étroit entre les enjeux militaires nationaux et les aspects scientifiques des missions spatiales. Ils étaient cantonnés à des tâches d’observation de la Terre, d’étude de l’univers, d’exploration, de démonstration de technologie et d’une activité humaine en orbite basse. Et la maîtrise des coûts et la profitabilité n’étaient pas du tout une priorité. 

    Les nouveaux acteurs sont des milliers d’entreprises, pour le moment américaines pour la plupart, qui visent à conquérir l’espace. Cela se traduit dans les faits par la privatisation de l’accès à l’espace et à l’arrivée dans l’économie spatiale d’acteurs de la Silicon Valley et des GAFAM. Ces nouveaux entrants dans un secteur d’activité qui était jusqu’alors réservé aux Etats et Institutions publiques font bénéficier au spatial traditionnel des innovations et des technologies issues d’autres domaines comme celles du numérique ou de la Big Data. Jeff Bezos (fondateur de Blue Origin et patron d’Amazon) voit son rôle comme bâtisseur d’infrastructures spatiales afin que « la prochaine génération puisse bénéficier d’un environnement entrepreneurial dynamique dans le domaine spatial. »

    Les partenariats public-privé se multiplient également : l’abandon de la navette spatiale américaine en 2011 a contraint la NASA à ouvrir le marché du ravitaillement de l’ISS au secteur privé avec Space X, car elle dépendait depuis lors de la fusée russe Soyouz pour transporter les astronautes américains jusqu’à la station orbitale. Space X n’est pas la première à avoir mis sur le marché un lanceur réutilisable (la navette spatiale américaine ayant cet honneur) ; toutefois, c’est effectivement la première société à avoir réussi à recycler un lanceur… et à réduire ainsi drastiquement les coûts (avec une réduction, semble-t-il, de près de 30% du coût habituel). 

    L’impact capital lié au New Space sont les réactions entraînées par l’irruption de ces start-ups et de ces nouveaux acteurs dans le domaine spatial. Cette irruption n’est pas sans lien avec la conception de la nouvelle fusée Ariane 6, plus économe, car se voyant légèrement bousculée, cet acteur traditionnel se voit contraint d’innover à son tour avec un lanceur réutilisable. Pour l’Europe, l’Agence Spatiale Européenne a démontré que l’on devait compter sur elle. ArianeSpace, fondée en 1980, est devenue non seulement le premier « opérateur de transport spatial privé » mais est restée leader du marché de façon incontestable jusque très récemment. Et elle a permis à un grand nombre de pays de lancer leur premier satellite de télécommunications.

    Pour les pays en développement et en accélération, cette nouvelle ère est aussi une opportunité inédite dans l’histoire de la conquête spatiale. Le Japon a procédé avec succès au lancement de sondes lunaires et pour explorer aussi des astéroïdes. La Chine avec les missions lunaires Chang’e et son rover Lapin de Jade qui a pu parcourir la surface de la Lune, en a fait l’un des rares pays à avoir réussi un tel exploit. En outre il y a quelques jours, la Chine a réussi le lancement d’un des trois modules qui constitueront sa future station spatiale orbitant la Terre. Et elle vise elle aussi des missions sur Mars. L’Inde est également extrêmement dynamique : déploiement d’un orbiteur autour de la Lune, mise en orbite autour de Mars d’une sonde, et une autre mission lunaire comprenant un orbiteur, un atterrisseur et un rover.

    Enfin, Israël procède régulièrement au lancement de satellites de basse orbite grâce à son lanceur Shavit.

    La multiplication des acteurs étatiques et l’émergence d’acteurs privés ont abouti à la constitution de l’embryon de ce nouvel âge spatial.

    À l’ère du New Space, ce n’est pas parce qu’une destination existe qu’elle est un objectif. Elle doit correspondre à des objectifs commerciaux, ce qui impose de réfléchir aux débouchés sur les marchés dès l’étude de chaque programme. Ce faisant, à la différence du Old Space, le New Space pense en premier lieu aux besoins du client et des utilisateurs de la donnée.

    L’économie du New Space fait de la donnée spatiale un produit à forte valeur ajoutée. Pour rentabiliser les investissements consentis, elle doit être immédiatement disponible et utilisée pour une très grande variété d’applications et de services commerciaux, y compris dans des domaines jusqu’ici réservés aux acteurs gouvernementaux, tels que la recherche scientifique ou l’exploration spatiale.

    L’un des catalyseurs essentiels pour le New Space repose sur la miniaturisation des satellites : les microsatellites et nanosatellites permettent à de nouveaux acteurs de « se payer » leur satellite, les coûts de lancement et de mise en orbite payés par les clients dépendant avant tout du poids de la charge utile à transporter. De plus petits satellites se traduisent par des satellites plus légers – ils ne se mesurent plus en tonnes et mètres mais en kilos et centimètres – et sont donc moins chers.

    Cela permet également de transporter plus de satellites à la fois : ce seul mois de mars 2021, plus de 360 satellites ont été mis en orbite. 

    En d’autres termes, des dizaines de milliers de satellites, dont le lancement par grappes a déjà commencé, vont peupler l’espace. Ils seront d’ailleurs au cœur du projet Starlink qui vise à construire un réseau très puissant et global et qui rendra l’Internet accessible à des utilisateurs qui aujourd’hui n’y ont pas accès dans les contrées les plus reculées de notre planète.

    Ce foisonnement d’innovation va entraîner la conception d’usines spatiales, le minage lunaire et d’astéroïdes,  le tourisme spatial et suborbital, des stations spatiales privées, les missions d’exploration spatiale de « l’espace lointain », mais aussi des entreprises spécialisées dans l’information financière sur le marché spatial. On peut sans doute parier que cette nouvelle industrie pèsera des centaines de milliards de dollars d’ici quelques décennies …

    De façon un peu plus nouvelle, l’Espace n’est plus seulement un vaste lieu où affirmer sa puissance symbolique ou militaire. C’est devenu un enjeu pour gagner de l’argent, ce qui implique une politique de réduction des coûts de l’accès à l’espace afin d’être compétitif. Cette réduction des coûts a pour conséquence un plus grand nombre d’acteurs pouvant se lancer dans l’exploitation commerciale de l’espace et de gagner ainsi des parts de marché, tout en suscitant une demande plus importante. Néanmoins, les Etats restent de très gros clients et ils soutiennent parfois avec énormément de fonds publics « leur » industrie spatiale – que serait Space X sans le financement de la NASA ? La prochaine étape sera l’essor de sociétés commerciales financées uniquement par des fonds privés. La structure du marché est donc appelée à évoluer encore, allant en grossissant si l’écosystème s’avère viable, et devenir autonome par rapport aux Etats au fur et à mesure de cette croissance.

    Enfin, un autre champ d’application prioritaire est militaire, comme en témoigne la création par le président Trump du US Space Force, rejoint par la France avec le Commandement de l’espace basé à Toulouse. Le US Space Force constitue une nouvelle branche et sera composée de 16 000 militaires et civils déjà employés de l’US Air Force. Le secrétaire à la Défense américain a résumé l’enjeu ainsi : « L’US Space Force protégera les intérêts nationaux des Etats-Unis en se concentrant uniquement sur l’espace. Conformément à notre stratégie de défense nationale, l’US Space Force veillera à ce que nous soyons compétitifs, dissuasifs et gagnants en position de force, en protégeant notre mode de vie et notre sécurité nationale.“ Il est certain que d’autres puissances s’engageront dans cette voie, la Chine et la Russie étant les candidats les plus évidents. Même si cette évolution est sans doute inévitable, elle est inquiétante car le Traité de 1967 sur les principes régissant les activités des Etats en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, interdit le placement dans l’espace d’armes et prône donc des activités pacifiques. Mais ce traité important à sa signature parait totalement insuffisant à notre époque avec la multiplication des acteurs, le changement des intérêts et l’évolution des technologies spatiales. En effet, les missiles envoyés depuis la terre pour détruire des objets spatiaux sont hors du champ d’application de ce traité. De plus, ce traité ne fait pas mention des armes par destination ;  en effet, n’importe quel satellite peut devenir une arme s’il est placé en orbite et envoyé sur un satellite ennemi. Il devient urgent donc de renégocier ce Traité d’une époque bien lointaine. 

    Avec le New Space, un foisonnement d’innovations sont donc à attendre dans les années à venir, mais aussi l’extension des rivalités géopolitiques terriennes à l’espace, notamment entre les Etats-Unis et la Chine. On ne peut que regretter que l’Europe, ayant abandonné ses programmes d’exploration humaine de l’espace, soit désormais reléguée au rang de partenaire junior. 

    Christopher Coonen (Geopragma, 3 mai 2021)

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  • La fin d'un monde...

    Les éditions Albin Michel viennent de publier une étude historique, culturelle et politique de Patrick Buisson intitulée La fin d'un monde et qui doit être le premier tome d'une œuvre plus vaste dans laquelle il veut se pencher sur cinquante années de déclin de la France.

    Politologue et historien, Patrick Buisson est notamment l'auteur d'une étude historique originale et éclairante, 1940-1945, années érotiques (Albin Michel, 2008), et d'un essai politique important, La cause du peuple (Perrin, 2016).

     

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    " « C'était mieux avant. » Avec la pandémie, l'unanimité de ce thème qui paraissait jusqu'alors marqué d'une nostalgie stérile revient avec insistance.
    Mais de quel « avant » parlons-nous ? Celui de la société de consommation triomphante des années 1960-1975 ou de la société chrétienne millénaire qui l'a précédée ?
    Dans une plongée vertigineuse vers notre passé récent, Patrick Buisson nous entraîne des coulisses du concile Vatican II aux assemblées générales des « Gouines rouges », de la piété teintée de paganisme des pardons bretons aux bistrots sans femmes des cités ouvrières, du stade à l'alcôve. De ce cheminement inattendu et fascinant, nul ne sort intact.
    Tout change en effet au cours de ces « quinze piteuses » qui voient la destruction méthodique de l'art de vivre et de la culture populaire, la remise en cause du monde vertical de l'autorité et l'effondrement des vieilles croyances.
    La petite-bourgeoisie éduquée, soucieuse de se démarquer du moule dans lequel elle avait été formée a imposé l'hégémonie du progressisme.
    Au fil de ce texte remarquablement documenté et écrit, dérangeant mais profondément argumenté, Patrick Buisson nous confronte à nos contradictions. Avec La fin d'un monde, il nous éclaire sur ces passions françaises dont il s'est fait le décrypteur et nous donne le grand livre contemporain des objecteurs de modernité.  "

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  • Pourquoi la gauche s’effondre ?...

    Dans Cette année-là, l'équipe de la revue Éléments, autour de Patrick Lusinchi,  nous fait découvrir sur TV Libertés des revues, des livres, des chansons, des films, des évènements, des personnages qui ont marqué la société française en bien ou en mal et qui marquent encore notre présent. Un rendez-vous classé par année, sous le signe d’un retour sur notre passé, avec ce qu'il faut de passion et d'impertinence... Et on retrouve sur le plateau Pascal Eysseric, directeur de la rédaction, François Bousquet, rédacteur en chef, Olivier François et Rémi Soulié...

    Au sommaire ce mois-ci :

    en s'appuyant sur le numéro d'Éléments de 2016 consacré à la crise des migrants et sur celui de la revue Front populaire de 2021 consacré à l'immigration, c'est l'occasion de s’interroger sur la façon dont la crise migratoire et la question de l’islam ont scindé la gauche en deux camps apparemment irréconciliables : les indigénistes et les universalistes....

     

                                              

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  • Ce qui est arrivé à Wounded Knee...

    Les éditions Flammarion publient cette semaine une enquête historique de Laurent Olivier intitulée Ce qui est arrivé à Wounded Knee - L'enquête interdite sur le dernier massacre des Indiens. Historien et archéologue, conservateur en chef du patrimoine au musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, Laurent Olivier est notamment l'auteur de Le pays des Celtes - Mémoires de la Gaule (Seuil, 2018).

     

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    " Ce qui est arrivé à Wounded Knee, le 29 décembre 1890, dans le Dakota du Sud aux États-Unis, est l’une des pages les plus sombres de l’histoire américaine : l’apogée d’une escalade mortelle qui a commencé quelques jours plus tôt et voit la mort des derniers grands chefs indiens Sitting Bull et Big Foot, avec leurs tribus, au total 300 personnes dont des femmes et des enfants tués à bout portant lors d’une bavure militaire d’une ampleur inouïe.
    À cette date, l’Empire sioux n’est déjà plus que l’ombre de lui-même, soumis à une rééducation accélérée pour convertir son peuple à l’American way of life. Mais, à Wounded Knee, la violence des actes est relayée par les survivants indiens et des témoins du drame. En vain. Dans un simulacre de jugement qui se tiendra à huis clos, les officiers prétendront avoir réagi à un guet-apens tendu par des Indiens fanatisés. 130 ans plus tard, dans une enquête totalement inédite, l’archéologue Laurent Olivier confronte les faits et apporte les preuves qui manquaient encore à l’établissement complet de la vérité. "

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  • La tentation du chaos ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré au choix que pourrait faire Emmanuel Macron de la fuite en avant pour échapper à une possible défaite...  

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020) et tout dernièrement Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    Emmanuel Macron. Face à l’impopularité, la tentation du chaos ?

    Napoléon affirmait que « la nation française est la plus facile à gouverner quand on ne la prend pas à rebours… Elle distingue à l’instant même ceux qui travaillent pour elle ou contre elle [1] ». L’impopularité d’Emmanuel Macron et de son gouvernement le confirme.

    Selon le dernier sondage BVA pour RTL et Orange réalisé les 21 et 22 avril 2021, 61 % des personnes interrogées excluent désormais de voter pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle de 2022 s’il se représente, une majorité d’entre elles le considérant comme « un mauvais président ».
    Un autre sondage réalisé par Redfield & Wilton Strategies révèle un résultat pire encore : seulement 16 % des répondants déclarent qu’ils voteraient pour Emmanuel Macron lors de la prochaine élection présidentielle.

    Une continuité dans la défiance

    Certes les élections ne se réduisent pas aux sondages.
    Mais il faut néanmoins les prendre en considération quand ils confirment la plupart des enquêtes d’opinion depuis 2018 : globalement deux Français sur trois – voire trois sur quatre selon les questions posées –, manifestent leur désapprobation de la politique conduite voire de la personnalité même du président de la République.

    En d’autres termes, l’impopularité d’Emmanuel Macron ne fait que se confirmer depuis 2018. Et le président n’a pas réussi en quatre années de pleins pouvoirs à créer une dynamique électorale en sa faveur : en réalité le « parti » présidentiel, minuscule et aphone, n’a pas gagné une seule élection nationale !

    Une certaine idée de la déconstruction

    Une telle continuité dans la défiance augure mal de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron en 2022, voire de sa simple candidature.
    D’autant que le locataire de l’Élysée continue obstinément de narguer les Français par ses déclarations à l’emporte-pièce : la dernière en date, une interview en anglais à CBS, où, sous prétexte de revenir sur son passé colonial, notre pays devrait « déconstruire son histoire ».

    Homme du Système, Emmanuel Macron n’a que mépris pour la France et le peuple français qu’il ne connaît pas et qu’il perçoit avant tout comme un obstacle à la mise en œuvre de l’agenda dont l’oligarchie l’a chargé.
    De Gaulle affirmait se faire une certaine idée de la France ; Emmanuel se fait, lui, une certaine idée de la déconstruction de la France, la nuance est de taille.

    Comme Biden ?

    Comme Joe Biden aux États-Unis, Emmanuel Macron mise sur les « minorités » et l’action conjuguée du patronat, de l’extrême gauche, des médias et des GAFAM pour l’emporter en 2022. Et bien sûr aussi sur l’éparpillement des autres candidatures, notamment à droite. Et peut-être aussi sur quelques manipulations électorales.
    Malheureusement, une telle stratégie, de plus en plus visible, ne donne pas forcément le résultat attendu.

    D’abord, nos concitoyens ressentent de plus en plus le parti pris officiel en faveur des immigrants, des musulmans, des minorités ou des racailles comme une insupportable injustice.
    Ensuite, plus la macronie fait du sociétal, de la déconstruction, ou de l’immigration, plus elle augmente l’insécurité culturelle de la population et plus elle suscite l’inquiétude et le mécontentement.
    Ce que la macronie gagne en répondant aux lubies des minorités activistes, elle le perd en révoltant la majorité de la population.

    L’homme du passif

    En outre, à la différence de Joe Biden, Emmanuel Macron incarne un bilan, un passif particulièrement lourd.
    En particulier dans le domaine de la sécurité des biens et des personnes, qui se dégrade à une vitesse vertigineuse en France. Or il s’agit d’une question essentielle au pacte civil : un État incapable d’assurer l’ordre et la paix civile devient tout simplement un état illégitime.

    Sur le plan économique et social, Macron présente un bilan tout aussi mauvais : notre pays devient la lanterne rouge de l’Union européenne, accumulant les mauvais résultats, de plus en plus à la traîne derrière l’Allemagne.

    La gestion de l’épidémie de Covid n’a pas non plus convaincu nos concitoyens.

    La présidence Macron se caractérise enfin par un catastrophique bilan liberticide : état d’urgence intégré dans le droit commun, prolongation permanente de l’état d’urgence sanitaire, censure de l’information sous prétexte de lutter contre les fake news, opposition parlementaire muselée, renforcement des pouvoirs de police, répression féroce du mouvement des Gilets jaunes, accord passé avec les GAFA et YouTube pour censurer les dissidents, conservation générale des données de connexion en contravention avec le droit européen [2], harcèlement judiciaire des opposants, attaques contre la liberté d’association et la liberté d’enseignement sous prétexte de lutter contre l’islamisme, etc.

    La France porte un masque obligatoire depuis 2020, une France bâillonnée donc : quel symbole de la macronie !

    Impasse Macron

    À un an de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron se trouve donc dans une impasse.

    Il a épuisé son capital politique et usé sa parole : le « en même temps » a perdu toute crédibilité. La « majorité » LREM à l’Assemblée nationale fond lentement mais sûrement. Le Premier ministre fait rire les Français.

    Un discours présidentiel désormais inaudible tant il s’écarte de la réalité française ; comme lorsque le président affirme sans rire : « Je me bats pour un droit à la vie paisible [3] », dans un pays en proie aux violences et aux agressions quotidiennes !

    Moi ou le chaos ?

    Emmanuel Macron ne peut espérer une réélection que si un événement extraordinaire le plaçait dans la position du recours, dans un pays en proie au chaos. Ou lui permettait de suspendre les élections…
    Une nouvelle et opportune pandémie ? Un conflit en Ukraine ? Un attentat particulièrement meurtrier ? Des émeutes ethniques entre les deux tours de la présidentielle ? Une catastrophe financière mondiale ?
    D’une certaine façon, le chaos qui s’installe en France du fait de l’action et surtout de l’inaction gouvernementale n’entre-t-il pas aussi dans une telle stratégie ?

    Cependant Emmanuel Macron a tellement entamé sa crédibilité et son capital de confiance qu’il devient chaque jour plus improbable qu’il apparaisse comme un recours français.

    Le tour de passe-passe macronien, ouvert en 2017 par le coup d’État des médias et du parquet national financier, ne pourra pas durer éternellement.

    En 2022, il faudra bien que l’oligarchie lui trouve un remplaçant ou que le peuple français retrouve sa liberté et sa fierté et referme la parenthèse Macron.

    Michel Geoffroy (Polémia, 30 avril 2021)

     

    Notes :

    [1] Cité par Thierry Lentz, Pour Napoléon, Perrin, 2021, page 75.

    [2] Autorisée par le Conseil d’État dans sa décision du 21 avril 2021 malgré la décision contraire de la Cour de justice de l’Union européenne.

    [3] Interview au Figaro du 18 avril 2020.

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  • Cahiers noirs, suite...

    Les éditions Gallimard viennent de publier un nouveau volume des  Cahiers noirs (1939-1941) de Martin Heidegger. Si la méditation philosophique constitue le cœur de ces cahiers, le lecteur y trouvera aussi de nombreuses réflexions prenant l'actualité politique ou intellectuelle pour point de départ. On notera que Jünger et son œuvre sont cités à plusieurs reprises et font l'objet de critiques acerbes, qui tranchent avec le ton policé des échanges épistolaires d'après-guerre entre les deux hommes (cf. Ernst Jünger / Martin Heidegger - Correspondance 1949-1975 (Christian Bourgois, 2010))...

     

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    " Ce troisième volume des Réflexions regroupe les Cahiers XII à XV dont la rédaction court de 1939 à 1941. Comme les précédents, il témoigne de l'approfondissement décisif que connaît la pensée de Heidegger dans les années 1930 : non à la manière d'un "journal philosophique" écrit en contrepoint de l’œuvre, mais plutôt d'un espace de travail et d'écriture où s'exerce ce qu'il nomme quelques années plus tard "un regard au cœur de ce qui est" . S'y répondent les différents chemins explorés par cette pensée, toujours à nouveau repris d'un pas qui change librement de rythme et d'allure : la préparation d'un autre commencement dont l'enjeu est une métamorphose de l'être humain dans son rapport essentiel à l'être ; la remémoration du premier commencement grec où s'est initialement exposé ce rapport ; enfin, la méditation de l'histoire de ce premier commencement, histoire dont l'achèvement dessine le visage de notre époque, celui d'un monde soumis au déchaînement uniforme de la puissance. Au moment où les événements prennent en Europe un tour terriblement dramatique - le déclenchement de la guerre, le pacte germano-soviétique, l'attaque allemande en Russie -, les Réflexions consignées dans ces quatre Cahiers font face à cet inquiétant visage du monde, avec angoisse mais sans aucune déploration stérile, attentives avant tout à entendre, en retrait du vacarme public, "le bruit et la germination du temps" dont parlait Ossip Mandelstam. "

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