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Métapo infos - Page 434

  • Vous avez dit médecine ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au fiasco américain en Afghanistan.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

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    Vous avez dit médecine ?

    Un vent mauvais souffle sur la France. Jamais la parole publique n’a été aussi discréditée. Rarement les Français ont été aussi divisés. Au-delà de la polémique pour ou contre le pass sanitaire, les questions de libertés publiques qu’il suscite et la corruption massive qu’il suggère ; la question posée est celle que j’avais initiée dans : « L’Avènement du Corps » (Gallimard, 2006) : que se passe-t-il dans une société qui fait de la longue vie, sans accident, sans maladie et sans souffrance, son objectif majeur ? Que se passe-t-il dans une société qui a pour modèle de vie d’en profiter à fond, le plus longtemps possible, avant le déluge ?

    L’évolution de la médecine et du corps : une révolution

    Au-delà des polémiques actuelles, l’évolution de la médecine vaut attention. Car elle fournit une réponse, la seule ; la société de la longue vie est prête à abdiquer toutes ses libertés pour un souffle de plus. A payer sans limites. Et les industriels de la santé, de la pharmacie et du numérique l’ont bien compris. Car c’est une révolution analogue à celle qui a vu la chasse aux sorcières et la destruction de l’héritage paîen-magique qui a lieu, sous l’égide de la santé numérique, du «Big Pharma», et de la privatisation de la santé. Les bûchers s’allument tous les jours pour les sorcières qui s’obstinent à proposer autre chose que la vaccination ; faut-il se réjouir que ces bûchers ne soient encore que médiatiques, ou s’inquiéter d’un climat de persécution et de délation qui rappelle les sombres temps de l’Inquisition, ou des régimes totalitaires, ceux des vérités révélées, de la censure des idées et des procès d’opinion?

    La dérive française vaut intérêt. Car elle nous concerne tous. Avez-vous vu combien d’homéopathes ferment les portes de leur cabinet sans être remplacés ? Le déremboursement a frappé fort, les interdictions professionnelles menacent. Hors de l’industrie pharmaceutique, pas de salut. Les pratiques millénaires, de l’acupuncture aux massages, n’ont qu’à bien se tenir. Que va devenir le laboratoire Boiron, français, et leader mondial de l’homéopathie ?

    Savez-vous que les pharmaciens ont perdu la liberté de préparer ces concoctions d’herbes médicinales qui ont fait la santé florissante de tant de famille, sans rien payer à la mafia des «Big Pharma» mondiaux ? Et savez-vous que la liberté de prescrire et de conseiller qui a fait la grandeur et la richesse du métier de médecin vient de subir les plus rigoureuses restrictions, depuis qu’un Conseil soumis au gouvernement, c’est-à-dire aux intérêts privés qui le gouvernent, a la capacité de supprimer l’autorisation d’exercer de tout médecin qui n’appliquerait pas la politique de santé du gouvernement — c’est-à-dire des intérêts privés de l’industrie de la santé ?

    J’entendais la semaine dernière cet officier avouer que le médecin de famille leur avait recommandé d’attendre avant de se faire vacciner, puis conseillé divers produits pour renforcer leur immunité naturelle. Il fait perdre des revenus à Pfizer, Sanofi, Astra-Zeneca, etc. doit-il être interdit d’exercer la médecine ? Cette pharmacienne voisine m’a en douce conseillé d’acheter une potion à base de produits naturels, substitut efficace aux antibiotiques des laboratoires. Doit-elle être interdite d’exercice pour ôter des dividendes aux amis de M. Macron, et aux experts en délocalisations, captation de fonds publics et évasion fiscale, comme Moderna ou Pfizer qui ont imposé des contrats léonins à la Commission européenne — tous les bénéfices pour nous, tous les risques pour le patient et le contribuable !

    J’ai acheté un produit venu des abeilles serbes, présenté comme un élixir, dois-je être condamné parce que les abeilles serbes n’enrichissent pas Sanofi ? Et que penser de la mise à la retraite de Didier Raoult, de la censure médiatique imposée à des chercheurs, des médecins, des pharmaciens, comme les professeurs Montagnier ou Perronne, dont le seul tort est d’apporter des informations qui contredisent la propagande des laboratoires et la main basse sur la santé de l’industrie numérique ?

    La liberté de prescrire est morte, mais pas seulement

    Le débat n’est pas français. Devant la mise en place d’un oligopole mondial de la santé, l’Union européenne doit réagir. Elle en a les moyens, mais la volonté ? Cet automne, le Parlement européen va devoir se prononcer sur l’application de la directive « Reach » aux huiles essentielles. La directive « Reach » est l’une des réussites écologiques de l’Union. Elle soumet les produits chimiques, issus de l’industrie, à des critères rigoureux concernant la santé humaine, les impacts, environnementaux, le recyclage, etc. Elle demeure incomplète, en partie incontrôlée, elle a fait pousser les hauts cris à l’industrie chimique, notamment allemande, elle constitue une référence mondiale ; Reach est une avancée européenne à saluer. Mais voilà ! L’industrie a trouvé sa revanche ; pourquoi ne pas soumettre les produits naturels, ces herbes, ces fruits, ces fleurs, ces « huiles essentielles », aux contraintes qui sont imposées  au glyphosate ou au chlordécone ?

    Et voilà le mouvement qui se dessine ; la soumission absolue de la médecine et de la pharmacie aux intérêts de l’industrie. La prise de pouvoir d’une industrie qui procède par data et par mécanique, au détriment de la relation personnelle et du sentiment humain — qui réduit le corps humain à une mécanique de pièces et de cellules. L’antériorité d’usage, par exemple de la chloroquine ou de l’ivermectine, interdites de prescription, d’accès et de mise en concurrence, les traditions établies par l’histoire et l’expérience, n’auront plus cours ; la raison de la data, des algorithmes et des nombres dispose d’elles.

    La fin de la médecine libérale, de la pharmacie d’officine, indépendants et responsables, est prononcée. Le silence l’entoure. Que sont ces médecins, ces pharmaciens, qui prétendent soigner ? Ils sont là pour prescrire les produits de l’industrie. Dans une note de 2018, un analyste de Goldman Sachs a tout dit ; un remède qui guérit fait perdre des occasions de profit, l’idéal est un médicament qu’il faut prendre en permanence. Et voilà pourquoi il faudra un vaccin annuel contre le Covid (Israël semble ouvrir la voie à la vaccination semestrielle), et voilà pourquoi l’industrie pharmaceutique prend le contrôle de la médecine, et voilà pourquoi le numérique entend se substituer à ce fossile vivant qu’est le médecin de famille, le médecin libéral, celui qui agit en son âme et conscience — éclatent de rire ceux qui n’ont pour âme et conscience que leur intérêt individuel.

    Révolution de la santé, en effet. Fin de la liberté de prescrire, de soigner et surtout de guérir ; le médecin comme le pharmacien sont au service du capital investi dans l’industrie de la santé. Fin de la liberté individuelle de choisir de se faire soigner ou non, examiner ou non, la surveillance permanente des outils numériques sera là pour contraindre, inquiéter, consulter — et malheur à qui ne disposera pas de son autorisation sanitaire.

    Le changement du permis de conduire, qui perd sa forme « papier », assuré à vie, pour prendre une forme numérique soumise à validation périodique, pourrait bien obliger les conducteurs lors de chaque renouvellement (tous les cinq ans ?) à un contrôle de santé pour obtenir le renouvellement de leur permis de se déplacer, et instaurer au nom de la santé l’ordre biométrique auquel tout nous conduit.

    La médecine libérale sera-t-elle la première victime collatérale de la pandémie ? Le seul complot qui ait jamais fonctionné est celui d’intérêts convergents, et puissants. Pour la fin de la médecine comme savoir guérir et de la santé comme liberté, des intérêts puissants sont en jeu, puisque la santé est la première industrie mondiale — et que je n’ai que cette vie. Un financier dirait ; en matière de santé, l’effet levier est infini. Cette situation pose une question. Si le vaccin était national, produit par une entreprise nationale, propriété de tous les Français, le débat qui entoure la vaccination aurait-il lieu ?

    Et comment expliquer le silence abyssal des économistes sur ce sujet majeur pour nos sociétés, nos démocraties, et notre consentement aux politiques de santé publique ; la santé peut-elle être un service comme un autre, les médicaments des produits comme les autres, l’hôpital une entreprise comme une autre, au moment même où dans nos sociétés débarrassées du sacré, du religieux et de l’espoir politique, rien ne vaut plus qu’une vie, ce qui signifie que plus aucune des règles de la concurrence et du marché ne s’applique entre celui qui peut mourir et celui qui lui offre de vivre — que chacun est prêt à tout donner, à tout payer au nom du dernier impératif catégorique : « une minute encore, Monsieur le Bourreau » ?

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 5 septembre 2021)

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  • La France a-t-elle dit son dernier mot ?...

    Les éditions Rubempré viennent de publier le nouvel essai d'Eric Zemmour intitulé La France n'a pas dit son dernier mot. Le journaliste polémiste poursuit sa réflexion entamée avec Le suicide français (Albin Michel, 2014) et Destin français (Albin Michel, 2018) et veut désormais envisager des solutions qui permettrait de sortir notre pays de son marasme.

     

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    " Dans la tête d'Eric Zemmour. Journal d'une autobiographie politique.

    « J'avais mis au jour dans le Suicide français la mécanique de l'idéologie progressiste qui a conduit notre pays à l'abîme. Mises en danger, ses élites ont compris que la survie de leur projet passerait par la radicalisation du processus de destruction.
    Rarement nous n'avons été aussi affaiblis, désunis, subvertis, envahis qu'aujourd'hui.
    Pas un jour sans sa provocation, sans sa déconstruction, sans sa dérision, sans son humiliation.
    J'ai décidé de poursuivre le récit des choses vues, des choses tues, trop longtemps tues. Pour que la France ne se contente pas d'avoir un futur mais trace aussi les voies d'un avenir. Pour continuer l'histoire de France.
    L'histoire n'est pas finie.
    La France n'a pas dit son dernier mot. » "

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  • Bernard Lugan, une certaine idée de la France en Afrique (1)...

    "Les conversations de Paul-Marie Coûteaux" permettent de partir à la découverte d'une personnalité en évoquant avec elle ses passions, ses souvenirs et les éléments fondateurs de sa vie pour mieux comprendre son œuvre. Volontairement intimiste, "Les conversations de Paul-Marie Coûteaux" sont filmées in situ, là où ces personnages hors du commun trouvent leurs forces et leur inspiration.

    Dans cette nouvelle série d'émissions, Paul-Marie Coûteaux part à la rencontre de Bernard Lugan, historien, pour évoquer avec lui l'Afrique où il a vécu, en diverses capitales, le plus clair de sa vie, dont il a écrit l'Histoire et dont la connaissance approfondie fait partout autorité.

    Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020) et dernièrement Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021).

     

     

                                                

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  • Les poètes bas-normands...

    Les éditions Nos chères provinces, diffusées par Francephi, viennent de rééditer Les poètes bas-normands, un recueil de textes et de poèmes rassemblé par Jean-Louis Vaneille et publié initialement dans les années 40.

     

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    " La Normandie, pays des pommes, est aussi le pays des cathédrales, et aussi le pays des poètes. Pommes, cathédrales et poèmes y sont au même titre un produit du sol ; car je tiens les humains pour beaucoup plus végétaux qu’on ne croit, et suis persuadée que c’est le climat de chez nous qui suscita les maîtres-d’œuvre du Moyen Âge et les inspirés d’aujourd’hui, tout aussi facilement qu’il met des corbeilles de noces aux branches tortes dont s’ombragent nos prés, dès que le printemps s’en mêle.

    Le recueil que voici nous montre une parenté certaine entre les poètes de l’ancien duché. Trois éléments y reviennent sans cesse : la nostalgie du passé, l’orgueil atavique de la descendance viking, la mélancolie native de la race. Ceux que nous appelons en Normandie les horsains, c’est-à-dire les étrangers, – c’est-à-dire les touristes, hélas ! – imaginent notre province comme une contrée simplement réaliste et matoise, sans rien savoir de nos mystères, lesquels sont justement si nuancés qu’ils échappent à leur regard superficiel.

    À ceux-là, laissons la Normandie mondaine et ses plages carnavalesques ; laissons-leur la Normandie des routes nationales où leurs autos se dépêchent d’aller nulle part. Gardons pour nous les chemins creux interdits aux pneus détestables, avec leurs petites fermes moisies où la vie, aristocratiquement retardataire, conserve à nos gens leur personnalité si farouchement marquée, les met à l’écart de l’envahissante banalité dont la marée, en même temps que celle du progrès, finira bien par submerger le monde.

    Julia Abbadie, Jules Barbey d’Aurevilly, Louise Bailleul, Jean Barbaroux, Maurice Canu-Tassilly, Eugène Crespel, Eléonor Daubrée, Aristide et Charles Frémine, Auguste Pierre Garnier, Eugène Guilmard, Rémy et Jean de Gourmont, Paul Harel, Louis Lansonneur, Eugène Le Mouël, Wilfrid Lucas, Albert Lucas de Longprey, Joseph Mague, Renée Mauger-Kauffmann, Maurice Nonet, Joseph Polin, Léon Robine, Étienne de Saint-Denis. "

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  • Un glissement vers un "autoritarisme doux"...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Marion Maréchal à Boulevard Voltaire et consacré à l'actualité sociale et politique. Marion Maréchal dirige l'Institut des sciences sociales économiques et politiques.

     

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    Marion Maréchal : « Nous assistons à un glissement vers une forme d’ “autoritarisme doux” exercé par un État qui voudrait faire notre bien malgré nous »

     

    La société française est plus fracturée que jamais. On fait beaucoup d’analogies entre les gilets jaunes et les opposants au passe sanitaire. Est-ce le cas et que révèle-t-elle ?

    Tout ne se recoupe pas parfaitement sur le plan territorial ou sociologique, mais à la manière des gilets jaunes, ce qui s’exprime ici est une profonde défiance nourrie par des mois, voire des années de mensonges.

    Il est probable que ces mobilisations aient pour origine commune une perte de confiance profonde vis-à-vis des institutions et des autorités quelles qu’elles soient. Depuis longtemps, déjà (et pas toujours sans raison !), les élus sont considérés comme des traîtres, les journalistes comme des menteurs, les professeurs comme les acteurs de l’effondrement de l’école et les magistrats comme des laxistes. L’une des rares autorités à faire encore consensus, jusque-là, était le monde médical et scientifique. Cette confiance a explosé en vol avec la crise du Covid, les scientifiques et médecins ayant révélé au grand jour de vives oppositions entre eux, des contradictions dans les analyses, des revirements ou encore des liens d’intérêt douteux avec des laboratoires pharmaceutiques qui remettent en cause l’impartialité de leurs positions. Un vrai traumatisme au pays de Descartes.

    Cette crise de confiance contribue à freiner l’adhésion tant aux restrictions qu’à la vaccination. Elle pousse également au doute, à la remise en cause du discours officiel et médiatique, à la recherche d’informations alternatives, le tout encouragé par le foisonnement d’informations disponibles sur Internet.

    Vous voulez parler des « complotistes » ?

    Cette posture vis-à-vis de l’autorité crée une véritable différence entre des citoyens qui suivent les injonctions gouvernementales sans se poser de question et ceux qui les remettent en cause par principe, ces derniers étant volontiers qualifiés, en effet, de « complotistes » dans la presse et dans la bouche des ministres.

    Attardons-nous un peu sur ce terme. Toute l’histoire de la politique n’est qu’une lutte permanente entre le bien commun, l’intérêt général et des intérêts privés. Parfois, le bien commun gagne et parfois les intérêts d’argent et de pouvoir l’emportent au détriment du collectif. Cette injustice est souvent le moteur qui conduit beaucoup d’entre nous à nous engager dans les élections. Il n’y a rien de « complotiste » à imaginer que les décisions prises par les gouvernements ne soient pas toujours animées par la recherche de l’intérêt général. Il est, au contraire, tout à fait réaliste qu’elles puissent être parfois influencées par des calculs politiciens, des logiques de réseaux, des puissances privées, des lobbys d’argent, quelquefois à l’insu même des gouvernants qui se laissent intoxiquer par des informations partiales ou partielles.

    Il est donc sain que le citoyen passe la décision publique à la moulinette de son esprit critique, d’autant plus quand celle-ci s’est révélée maintes fois incohérente, comme c’est le cas depuis de nombreux mois, en France.

    J’ai récemment lu l’article d’un auteur roumain, Radu Portocală, écrivain et journaliste exilé de son pays par le pouvoir communiste roumain, en 1977, qui faisait un parallèle entre certains mécanismes actuels et ceux à l’œuvre au sein de l’URSS. J’aime autant vous citer directement l’extrait : « La différence est minime avec le monde soviétique, où la vérité était édictée par le Parti – sans, pour autant, qu’elle fût constante : les intérêts politiques pouvaient, à tout moment, la faire changer. Les gens vivaient donc sous l’empire de la vérité du moment. Nul n’avait le droit de s’en abattre ni de la contester, sous peine de graves persécutions. Nul, non plus, ne pouvait demander pourquoi ce qui avait été vrai la veille cessait de l’être le lendemain. Ou pourquoi énoncer une chose tenue pour vraie une semaine plus tôt, mais tombée en désuétude depuis, faisait courir un risque insensé. Il fallait, sans arrêt, se tenir au courant des fluctuations de la vérité.

    Le propagandiste était l’équivalent de l’actuel vérificateur de vérité. Lui seul savait ce qu’il fallait croire à chaque moment. Celui qui contredisait ses propos ou, simplement, les nuançait tombait dans la catégorie pénale des « lanceurs de fausses rumeurs », devenait un « rumoriste ». Des peines de prison étaient prévues pour ces imprudents.

    Nous n’en sommes pas encore là. Ou, plutôt, nous n’y sommes pas de la même manière. Pour l’instant charitables, les progressistes se contentent de fustiger les complotistes, de les exposer à l’opprobre général et de les censurer, quand leurs devanciers, plus expéditifs, envoyaient en prison les rumoristes, ancêtres involontaires de nos complotistes. Cela viendra peut-être. »

    « Dictature », « autoritarisme », ce sont les mots qui reviennent le plus souvent pour qualifier la mise en place de ce passe sanitaire. Pensez-vous qu’ils traduisent une réalité ?

    Je pense, en effet, que nous assistons à un glissement vers une forme d’« autoritarisme doux » exercé par un État qui voudrait faire notre bien malgré nous, y compris par la contrainte s’il le juge nécessaire. Un État qui voudrait nous garder en bonne santé à tout prix, même si cela implique de restreindre nos libertés fondamentales sans notre consentement. Je trouve cette dérive très inquiétante.

    Il y a à peine quelques années, tout le monde était horrifié par la mise en place du crédit social chinois. Ce système qui attribue des points à chaque citoyen en fonction de ses bonnes ou mauvaises actions – un retard de paiement d’impôt entrant dans cette catégorie, notamment – et qui leur interdit certaines activités en fonction de leur crédit, par exemple de prendre l’avion.

    Selon moi, il n’y a pas de véritable différence de nature entre le crédit social chinois et le passe sanitaire, simplement une différence de degrés. Certains diront que j’exagère, mais la logique n’est pas très éloignée. Vous êtes un bon citoyen vacciné, alors vous avez le droit à une vie normale. Vous êtes un mauvais citoyen non vacciné, eh bien, vous serez privé de sport, de culture, de vie sociale au bar ou au restaurant et vous serez suspendu de votre emploi sans indemnités. Certains me rétorqueront que l’État français fait cela pour notre bien et la santé de tous ; le gouvernement chinois justifie aussi sa politique pour le bien du pays.

    Certains voient dans cette numérisation de la société et ce laissez-passer sanitaire sous forme de QR code les prémices de la mise en place d’une identité numérique qui, à moyen terme, fusionnerait les différentes données bancaires, fiscales, sociales, de santé, professionnelles, permis de conduire, etc., de chaque personne et donnerait accès à différents services gouvernementaux. Des données dont disposent déjà l’État mais qui, une fois, pourraient potentiellement permettre à l’État de sanctionner un individu en le privant d’accès aux autres services. Par exemple, une amende impayée pourrait entraîner le blocage de votre carte bancaire.

    Dans certaines régions des États-Unis, le déploiement des identités numériques est déjà en cours. La Floride lance le permis de conduire numérique et le Queensland, en Australie, a mis à l’essai une licence numérique de l’État. Cette année, l’Union européenne a fait un pas vers un projet d’identité numérique pour l’ensemble des citoyens, résidents et entreprises européennes, avec un objectif de 80 % en 2030. Cette ID permettrait, via le téléphone, d’avoir accès à de nombreux services gouvernementaux et de justifier l’identité des individus. Si cela facilitera certainement les démarches, il faudra être extrêmement vigilant à l’usage qui en sera fait, vu la piste glissante dans laquelle nous sommes engagés. Chacun se souvient quand nos gouvernants proclamaient que jamais ils ne mettraient en place le passe pour les activités du quotidien. Or, nous y sommes.

    Chaque citoyen doit avoir conscience des dangers que peut engendrer cette numérisation de la société. Cela implique d’avoir des exigences très fortes sur le plan de la souveraineté numérique, du cadre juridique et technique de protection des données et je dirais même de la moralité des gouvernants. En Afghanistan, une base de données biométriques, HIIDE, développée par les Américains, ainsi que les dizaines de milliers de caméras installées à cette fin sur le territoire sont aujourd’hui dans les mains des talibans. Tout cela pour dire que des technologies formidables tombées entre de mauvaises mains pourraient, demain, être le fossoyeur de nos libertés démocratiques si nous n’y prenons garde.

    Alors certes, contrairement à une dictature, les opposants politiques et les journalistes dissidents ne sont pas jetés en prison, mais l’autocensure et la peur de la mise au ban social suffisent souvent à faire taire les voix dissidentes. Le bannissement des opinions politiquement incorrectes sur les réseaux sociaux fait le reste.

    De même, il n’y a pas de « propagande officielle » proprement dite, dont la dénonciation entraînerait une condamnation, mais il y a néanmoins les prémices d’une vérité médicale d’État. Alors que le débat sanitaire a toujours été libre dans la société civile et la médecine indépendante, pour la première fois, l’État a établi une interdiction de prescrire un médicament pourtant autorisé. C’est le gouvernement qui décide de la liste (très limitée) des contre-indications au vaccin et non plus les médecins qui sont pourtant à même d’évaluer les risques courus par leurs patients au cas par cas. Les médecins qui émettent une opinion divergente sur la vaccination ou décident de soigner leurs patients atteints du Covid avec autre chose que Doliprane™ sont rappelés à l’ordre, voire interdit d’exercer par l’Ordre des médecins.

    Or, la plupart de ces médecins n’ont fait que poser une réflexion médicale sur le fait que l’injonction du « Faites-vous vacciner pour protéger les autres » est infondée, tout simplement parce que les vaccinés contaminent autant ou presque, comme l’affirme, par exemple, le CDC, l’agence de santé publique américaine. Ce qui rend, de fait, la justification du passe sanitaire caduque.

    Comment expliquer que, malgré l’existence de contre-pouvoirs (les deux chambres, le Conseil d’État, le Conseil constitutionnel…), rien ne semble pouvoir contredire l’action de ce gouvernement ?

    La peur est un puissant anesthésiant politique. Sous la présidence d’Emmanuel Macron, l’exercice du pouvoir a été particulièrement solitaire. Cette situation politique doit nous conduire à interroger non seulement le fonctionnement de nos institutions, excessivement centrées autour de la présidence, mais aussi nos modes de scrutin. Nous vivons, aujourd’hui, dans un système de démocratie non représentative, de manière évidente, encore amplifié par l’abstention massive qui tend à devenir chronique. Le Conseil constitutionnel est un organe dont la composition est excessivement politique, cette situation ne peut que nuire à l’impartialité de cette juridiction suprême. Or, il est indéniable que le passe sanitaire, obligation vaccinale déguisée, viole non seulement plusieurs dispositions de notre droit, de notre Constitution mais aussi du droit international.

    Cette crise de confiance entre le politique et le citoyen peut-elle être résorbée par l’élection présidentielle à venir ? 

    Malheureusement, je crains que l’élection ne se joue pas sur les sujets essentiels, elle sera verrouillée autour de la question du Covid et du passe sanitaire. Le Premier ministre semble déjà vouloir prolonger le passe sanitaire après le 15 novembre. Chose invraisemblable : le gouvernement n’a donné aucune indication sur les conditions de sa levée ! L’état d’urgence qui devait durer trois mois dure depuis près d’un an et demi et suspend le fonctionnement normal de notre démocratie. L’immigration, sujet vital, l’Union européenne et la souveraineté, l’indépendance industrielle et militaire, même les réformes économiques resteront au second plan. Bref, on va sacrifier la discussion autour de l’avenir de la France, qui doit être le grand débat de chaque élection présidentielle, au profit d’une discussion cadenassée et hystérisée autour de l’actualité sanitaire.

    Voyez-vous une dynamique, un espoir quelconque se dessiner autour de n’importe lequel des candidats ou du camp que représentent les uns et les autres ?

    Ce qui est certain c’est que tous les candidats auront un immense défi : réussir à reconstruire un fait majoritaire dans un pays socialement, territorialement, culturellement, ethniquement et maintenant sanitairement fracturé. Une démocratie fonctionne sur la constitution d’une majorité. Or, la construction de cette majorité implique que le système soit adossé à un peuple possédant suffisamment de principes, références, attentes, expériences partagées pour pouvoir dégager un consensus. C’est, manifestement, de moins en moins le cas, en France, du fait des clivages métropole-périphérie, du fossé générationnel, de l’immigration, de l’écart de revenus, de la disparition d’une religion commune, du phénomène de l’individualisme consumériste, etc. La facilité restera donc de faire de la politique catégorielle par l’addition des groupes d’électeurs en les flattant sur leurs intérêts immédiats, comme le fait très bien Emmanuel Macron. Mais les intérêts catégoriels, les clientèles électorales, ça ne fait pas un peuple. Le véritable chef d’État sera celui capable de sortir de cette logique mortifère pour rassembler vers un horizon commun.

    Marion Maréchal (Boulevard Voltaire, 1er septembre 2021)

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  • Qui veut faire la peau aux Européens ?...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier, dans la collection de l'Institut Iliade, un essai de Georges Guiscard intitulé Le privilège blanc - Qui veut faire la peau aux Européens ? , avec une préface de François Bousquet. Georges Guiscard est étudiant en sciences politiques et est auditeur de l’Institut Iliade, promotion Don Juan d’Autriche (2015 – 2016).

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    Georges Guiscard est étudiant en sciences politiques et est auditeur de l’Institut Iliade, promotion Don Juan d’Autriche (2015 – 2016).

    " Privilège blanc, racisme systémique, appropriation culturelle, micro-agressions… Voilà quelques-uns des concepts à la mode qui submergent les États-Unis et l’Europe depuis plusieurs mois. Que cachent-ils ? Un projet d’effacement de nos peuples et de nos cultures, avec une « chasse au Blanc » désormais ouvertement revendiquée. Pour le comprendre, il faut se plonger dans cette pensée « décoloniale ». C’est à cela que s’attelle ce livre avec une grande clarté.
    Outre de multiples contre-vérités, ce qui est démasqué est une idéologie de nature religieuse, le « wokisme » et ses prophètes, ses martyrs – saint George Floyd –, ses dogmes, ses excommunications. Une idéologie pleine de ressentiment qu’appuie, pour diverses raisons, une partie croissante de l’élite occidentale. Face à l’offensive dont ils sont la cible, aux Européens de réaffirmer avec fierté leur héritage. "

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