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Métapo infos - Page 1644

  • Un Etat ? Mais quel Etat et dans quel état ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Flavia Labau, paru sur le site de Metamag, le magazine de l'esprit critique (qui porte bien son nom !...), et consacré au délitement de l'Etat, au travers de l'affaire MAM et de celle de l'ineffable Boris Boillon, ambassadeur, sarkoboy et éphèbe de plage...

     

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    Un Etat ? Mais quel Etat et dans quel état ?

    L’année 2011 a décidément fort mal commencé pour la France. Et pour Michèle Alliot-Marie, son éminente représentante internationale. Notre ministre des Affaires étrangères s’est trouvée d’abord impliquée personnellement, puis avec son compagnon, également Ministre, et enfin avec ses parents, dans une promiscuité vacancière puis dans des relations financières avec des personnages politiques et des affairistes d’un régime qui ne fut pas un modèle de probité. Sans attendre que la boue des révélations lui monte petit à petit jusqu’au cou et déconsidère à la fois sa personne et sa fonction, MAM, présentée comme le prototype du gaullisme pur  et dur, aurait dû démissionner sans état d’âme. Et anticiper l’autre mise en cause. 


    Celle de son administration, aveugle et sourde aux prémisses de mouvements sociaux et politiques. Non seulement notre ambassadeur avait la tête ailleurs, mais aucun des relais dispersés sur ce territoire francophone n’a fait remonter le moindre indice. Pierre Ménat a été rappelé au Quai d’Orsay. 

    A-t-il été envoyé à Bagdad en remplacement de Boris Boillon qui, à peine arrivé à Tunis, fait un esclandre magistral ? Est-ce par une sorte de mimétisme envers le langage du Président de la République, dans la galaxie duquel il aurait évolué, qui a conduit ce diplomate quadragénaire, aux allures de golden boy en lunettes fumées, à employer envers des journalistes des termes fort peu diplomatiques ?

    Les leçons de la rue tunisienne

    Sans doute la « carrière » n’a-t-elle plus le lustre des Paul Claudel ou Cambon. Et les ambassadeurs sont devenus des voyageurs de commerce, avec les pratiques concomitantes. Mais se faire donner des leçons de comportement diplomatique par la rue tunisienne est aussi cuisant pour notre pays que le coup d’éventail d’un bey sur la joue.

    Elevé dès le berceau comme tout bon Français dans la culture de l’excuse, Monsieur Boillon (comme avant lui d’autres éminents personnages politiques et fonctionnaires de gauche comme de droite) nous a fait le dérisoire numéro de l’enfant tancé : je ne m’en suis pas  rendu compte; je ne recommencerai plus. A l’heure où cet article est écrit, il est toujours en poste alors qu’il aurait dû démissionner illico. Lui a-t-on même demandé ? Qui l’aurait fait ? Son ministre qui est toujours au Quai, toute honte bue.


    L’Etat France - déficit budgétaire de 150 milliards d’euros (7,7% du PIB), une dette qui va atteindre les 1.500milliards d’euros (100% du PIB) - est en faillite, comme l’a dit en 2008 François Fillon, sans en tirer sérieusement les conséquences ; toujours la culture de l’excuse. Il est mortellement atteint dans sa substance intellectuelle et morale, pour plagier ce bon Renan. On se gausse de la Belgique sans gouvernement depuis 249 jours, mais ses gouvernements régionaux fonctionnent. 

    Notre Etat jacobin n’a lui qu’une seul tête, grosse et malade. Il n’est plus en mesure d’assurer les fonctions régaliennes qui sont le siennes, au premier rang desquelles les Affaires Etrangères. Mais on pourrait décliner le constat à la Justice pitoyable ces jours-ci dans son corporatisme irresponsable et inique dans ses procédures et jugements (dernière en date l'affaire Zemmour), à l’Education Nationale totalement disloquée ou à la Défense Nationale qui compte ses morts inutiles (encore un ce week-end) des guerres sans fin.

    Qu’importe, dormez bonnes gens, vous êtes protégés. Patelins, Nicolas ou Dominique vous le promette-ront. Vous êtes bien 60% à ne pas leur faire confiance. Mais cela ne change rien, pour le moment.

    Flavia Labau (Metamag, 21 février 2011)



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  • Malaparte, vies et légendes...

    Les éditions Grasset viennent de publier Malaparte - Vies et légendes de Maurizio Serra, une remarquable biographie de l'auteur de Technique du coup d'état, de Kaputt ou encore de La peau. Le parcours complexe de ce grand italien, fasciste dissident, intellectuel engagé, journaliste irrévérencieux et romancier y est finement analysé. Maurizio Serra, diplomate italien à l'UNESCO, est aussi l'auteur d'un ouvrage consacré à Drieu La Rochelle, Malraux et Aragon, intitulé Les frères séparés, qui vient d'être réédité à la Table ronde, dans la collection de poche La petite vermillon.

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    "Kurt Suckert dit Malaparte (1898-1957), écrivain italien de père allemand à vocation cosmopolite, a défié toutes les conventions de son temps, dans une épopée flamboyante où se mêlent d'un bout à l'autre vies et légendes multiples. Talent précoce, à la sensibilité éveillée par les carnages de 1914, dont il fit l'expérience comme volontaire en France, conspirateur roué, envoyé spécial sur tous les fronts de guerre, capable de passer des salons aux tranchées, des usines aux longues marches, des bûchers aux bénitiers, de Lénine à Hitler, de Mussolini à Mao, des anarchistes au Pape, militant de toutes les causes et de leur contraire, Malaparte fut un précurseur incontournable de l'intellectuel engagé.
    Mythomane, exhibitionniste, séducteur invétéré, "caméléon" prêt à servir tous les pouvoirs et à s'en servir, l'auteur mondialement célèbre de Technique du coup d'Etat, de Kaputt et de La peau aura tout fait pour cacher son vrai visage. Prophète de la décadence de l'Europe face aux puissances globales (URSS, Etats-Unis, Chine) et aux idéologues de masse (fascisme, communisme, tiers-mondisme), il demeure le grand inconnu parmi les interprètes majeurs du XXe siècle. Cette biographie écrite spécialement pour le public français, se propose, à partir d'un immense matériel souvent inédit, d'offrir le portrait de celui qui voulut « perdre à Austerlitz et vaincre à Waterloo »."

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  • Pour une humanité plurielle...

    Nous reproduisons ci-dessous un éditorial de Robert de Herte (alias Alain de Benoist), publié en juillet 2003 dans la revue Eléments et consacré aux peuples menacés.

     

     

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    Pour une humanité plurielle

    Les « populations autochtones » – dites parfois « indigènes » ou « tribales » – représentent à l’heure actuelle environ 350 millions d’hommes répartis entre plus de 5000 ethnies. L’actualité les évoque parfois, qu’il s’agisse des Inuits du Canada, des Bushmen du Kalahari, des Papous de Nouvelle-Guinée, des Batwa (Pygmées) d’Afrique centrale, des Aborigènes d’Australie, des Yanomanis du Brésil et du Venezuela, des Nambikwara du Matto Grosso, des Naga de Birmanie, des Iakoutes de Sibérie, des Touaregs d’Algérie et du Maroc, des Masaï du Kenya, des Hmong du Vietnam, des Aïnous du Japon, des Karens de Birmanie, des Penan de Bornéo, des Saami de l’extrême nord européen, des Amérindiens de Guyane. Bien décrite par un Jean Malaurie, un Lucien Bodard ou un Jean Raspail, dans une tradition qui va de Montaigne à Lévi-Strauss, leur condition est dans le meilleur des cas celle de minorités ethniques et culturelles. Mais avec une tendance lourde : vingt à trente langues ou dialectes disparaissent chaque année.

     

    Tout peuple est par définition menacé. Ceux-là le sont d’une manière particulière : ils ont été victimes du plus fondamental « choc des civilisations » de l’histoire, le choc avec le modèle occidental. Au fils des siècles, ils ont été successivement victimes du paternalisme des missionnaires, du feu des militaires et de l’intérêt des marchands. Depuis 2000 ans, l’Occident n’a jamais cessé de vouloir convertir, assimiler, imposer. Il a violé les âmes, dépossédé les communautés de leurs terres, colonisé leur imaginaire, détruit leur système de croyances. Il l’a fait parce qu’il croyait invariablement que ce qu’il apportait était ce qu’il y avait de meilleur, et qu’il en était la meilleure incarnation possible. On a ainsi procédé au saccage des milieux naturels, des traditions locales et des savoirs enracinés. L’occupation des terres, la déforestation, la pollution, les maladies, l’alcool et la télévision ont fait le reste.

     

    Ce n’est ni le romantisme ni le goût de l’exotisme qui conduit à s’intéresser à ces peuples, et moins encore une conception de la vie qui conduirait à ne plus s’attacher à son bien propre. C’est bien plutôt la claire conscience que, dans une vision traditionnelle du monde, il n’y a jamais de séparation totale entre les êtres : seule le principe d’une commune appartenance peut fonder l’harmonie « cosmique ».

     

    Deux attitudes opposées menacent ce principe : la xénophobie et l’universalisme. D’un côté, ceux qui se font gloire de ne s’intéresser qu’aux leurs ou à eux-mêmes (c’est le principe même de l’individualisme), de l’autre, ceux qui ne s’intéressent à tous les hommes que l’idée de leur indistinction. Quand l’amour des siens devient prétexte pour rabaisser ou nier les qualités des autres, ou refus de reconnaître ce qu’ils peuvent avoir à nous apprendre, la xénophobie domine : on se donne alors le droit de supprimer les autres. Mais l’universalisme menace lui aussi la vie humaine, car il ne garantit de libertés et de droits qu’aux convertis, à ceux qui ont accepté de se conformer au modèle dominant. Il exige de l’Autre qu’il cesse d’être Autre, car en lui il ne veut reconnaître que le Même. Or, le fait naturel de l’altérité ne doit conduire ni à la négation ni à l’assimilation, mais à la reconnaissance et à la réciprocité. Les cultures sont des ensembles cohérents par eux-mêmes, mais ce ne sont pas des planètes séparées. L’Un et le Multiple doivent donc être saisis ensemble, d’un même mouvement. L’altérité est toujours un bien positif face à l’idéologie du Même.

     

    Historiquement, c’est dans la Bible qu’apparaît, non pas seulement le droit moral de tuer, mais le devoir de massacrer certains peuples. C’est au nom de Yahvé que des populations entières ont été vouées à l’anathème (hérem), c’est-à-dire exterminées, anéanties corps et biens (Deut. 20,13) ; Josué 6,17). Pour la première fois, l’altérité fut alors désignée comme le danger, comme le mal. Or, le seul moyen de vaincre le mal, c’est d’en extirper jusqu’aux racines. A l’origine, le précepte du Décalogue : « Tu ne tueras pas » signifie seulement : tu ne tueras pas les tiens, ou bien : tu ne tueras pas en dehors des cas où il est prescrit de tuer !

     

    L’ethnocide n’est pas toujours brutal. Il y a même bien des façons pour un peuple d’être dépossédé de lui-même : la domination politique, l’immigration incontrôlée, l’hégémonie culturelle, l’assimilation. Les Vendéens le furent en leur temps différemment des Sioux et des Iroquois. Aujourd’hui, les Yanomanis ou les Indiens du Chiapas sont menacés à leur manière, les Berbères et les Tibétains aussi, les Palestiniens également.

     

    Mais il y a encore une autre raison de s’intéresser aux peuples menacés. C’est que ces peuples ont souvent su maintenir ce que nous avons connu nous-mêmes, mais que nous n’avons pas été capables de conserver. C’est chez eux que subsiste une vision cosmique et holiste du monde, où les notions de tradition, de communauté et de clan n’ont pas encore perdu leur sens. L’éthique de l’honneur, le système vindicatoire, les groupes de lignages, le sens de l’hospitalité, les épreuves initiatiques et les rites de passage, relèvent de cette vision du monde. Un monde où la terre est sacrée, où la parole engage plus que l’écrit, où les animaux sont nos frères, où ce qui a de la valeur ne peut s’acheter ni se vendre. « Que l’idée nous plaise ou non, écrit Teddy Goldsmith, les peuples vernaculaires détiennent une véritable sagesse dans leur rapport au cosmos ». Il y a plus de véritable socialité organique sur le moindre marché africain que dans n’importe quel supermarché occidental, qui n’est que le reflet du nihilisme contemporain.

     

    La Genèse prétend qu’au commencement, « tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots » (Gen. 11,1). C’est encore un mensonge. L’humanité a toujours été plurielle. Mais c’est précisément cette diversité qui est aujourd’hui menacée. La destruction exponentielle du monde par une société en proie à l’obsession du « développement » résulte d’une perspective dans laquelle le « progrès » se définit comme une lutte contre la nature, oubliant que les systèmes naturels tendent à maintenir l’ordre des ensembles dont ils font partie. Avec la globalisation, il semble n’y avoir plus de place dans le monde que pour un seul monde. Mais la globalisation suscite le renouveau identitaire comme l’exil stimule le désir de patrie. « Vivre comme l’autre de l’autre, dit Hans-Georg Gadamer, cette tâche humaine fondamentale vaut à une échelle infime comme à une échelle supérieure ». La biodiversité commence avec la diversité humaine, c’est-à-dire la sociodiversité.

     

    Les peuples menacés ne sont pas des « bons sauvages ». Ils ne sont pas non plus des peuples fossiles, « arriérés » ou « primitifs », des témoins d’un stade dépassé de l’histoire, mais des peuples qui possèdent des cultures distinctes et des manières différentes d’être au monde qui, en tant que telles, sont aussi porteuses d’avenir. C’est pour cela que nous avons besoin d’eux. Ils essaient de survivre au moment où nous croyons vivre, alors que pour tout ce qui est important nous sommes devenus plus pauvres qu’eux.

    Robert de Herte (Eléments, juillet 2003)

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  • La forme de la peur...

    Les éditions Métailié viennent de publier La forme de la peur, un polar politique italien signé par Giancarlo De Cataldo et Mimmo Rafaele. Giancarlo De Cataldo est déjà l'auteur de l'excellent Romanzo criminale, dont on a tiré un film et, surtout, une série remarquable, ainsi que de La saison des massacres. Le lecteur bénéficie d'une traduction de qualité réalisée par Serge Quadruppani.

     

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    "Marco Ferri, hooligan devenu policier pour combattre la fureur qui gronde en lui, entre dans l’équipe de Mastino, adepte des solutions expéditives et ultra-violentes, et bientôt responsable d’une unité antiterroriste. Dantini, le mentor bien-aimé de Marco, est assassiné. Tout a été préparé pour que le meurtre soit imputé à Guido, un jeune anarchiste qui doit mourir en même temps que sa cible, mais le garçon survit. Il est pris en charge par Lupo, le chef des Affaires internes, qui pressent derrière le crime la main d’un vieil ennemi, le Commandant. Sous les ordres de celui-ci, Mastino met en scène un énorme attentat islamiste. Entre ces hommes et leurs jeux de pouvoirs circulent Daria, la brillante assistante de Lupo, et Alissa, impitoyable tueuse marquée d’une fêlure d’enfance qui fera tout basculer…
    Corruption généralisée et individus intègres, manipulations géopolitiques et guerres de civilisations : voici, dans une Italie crépusculaire et un Belleville de légende, une plongée dans les coulisses du monde contemporain comme nous y a habitués l’auteur de Romanzo criminale. Où tout l’enjeu sera de donner une forme à cet inégalable outil de gouvernement : la peur."

     

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  • Balkans, boucherie et bidonnages...

    Retour douze ans en arrière sur l"ingérence humanitaire" des troupes de l'OTAN contre les Serbes au Kosovo... Xavier Raufer revient sur ce conflit et sur la campagne de désinformation massive à laquelle il a donné lieu, dans un article publié par Le nouvel économiste le 15 février 2011...

     

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    Balkans, boucherie et bidonnages

    Bienvenue dans la boucherie balkanique, rayon Kosovo. Fin janvier, l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe adoptait un rapport du sénateur helvétique Dick Marty, dont le contenu, de type Grand Guignol, fait dresser les cheveux sur la tête.

    On y lit que de l'été 1998 à octobre 1999, alors que l'UCK contrôle peu ou prou le Kosovo, des chefs de cette guérilla mafieuse kosovare ont fait assassiner des prisonniers, surtout serbes, détenus dans des camps secrets. Les organes de ces victimes étant ensuite prélevés et vendus, aux fins de greffes, sur le marché noir international.

    Une immense machine criminelle internationale s'était alors constituée : un réseau extensif de planques et de cliniques existait, entre le Kosovo et le nord de l'Albanie, jusqu'à l'aéroport de Tirana, servant aux "livraisons". Plus, nombre de complices étrangers, intermédiaires louches, médecins ripoux, cliniques véreuses, etc.

     

    Combien de victimes pour ce crime contre l'humanité chimiquement pur ? "Des centaines de Serbes, de Roms ou d'Albanais "collabos" ont été séquestrés et torturés dans des camps secrets de l'UCK", dit le rapport Marty. Là-dedans, une désormais inévitable enquête devra dire si les victimes des Frankenstein de Pristina se comptèrent alors par dizaines ou bien par centaines.

    Silence gêné sur les deux rives de l'Atlantique à la publication du rapport Marty, les Etats-Unis et nombre de pays d'Europe ayant, à l'époque, soutenu, armé et financé l'UCK, avant de lancer la croisade anti-Serbes du printemps 1999. Silence d'autant plus lourd que cette histoire d'organes était, dans la région, le secret de Polichinelle, nul n'ignorant, de Washington à Ankara, que le Kosovo n'est en fait qu'une zone grise criminelle. Un drame pour la population locale, étouffée par la féroce loi du silence imposée par ses propres mafieux et facilitée par ses "libérateurs" qui, tel Bernard Kouchner, proconsul local de 1999 à 2001, déclarait au quotidien suisse Le Matin (24/11/2000) : "Ne croyons pas à la légende de ce pays mafieux."

    Tous ces silences, cette muette complicité, au nom de la "stabilité" : plutôt la mafia que le désordre. Tout plutôt qu'on apprenne que, voici dix ans, deux millions de malheureux furent livrés à des mafieux, sous la botte desquels ils vivent encore. Mais il y a pire encore, car si l'enquête Internationale sur les trafics d'organes humains fait bien son travail, elle devra forcément s'intéresser aux conditions mêmes dans lesquelles la "guerre de libération" du Kosovo s'est engagée. Là, elle tombera sur la plus incroyable campagne mondiale de désinformation de l'histoire récente - qui pourtant n'en manque pas.

    Voyons plutôt :

    - En janvier 1999, quelque quarante cadavres d'hommes, tués par balles, sont découverts entassés près du village de Račak, au Kosovo. Tempête immédiate ! Le "Massacre de Račak" enflamme (imprudemment) les médias mondiaux. Sauf que : nul ne sait si les victimes sont des civils, ou des guérilleros de l'UCK tués au combat de par le Kosovo et regroupés pour les besoins du show ; nul ne sait (omerta oblige...) si les victimes proviennent de Račak ou de la région ; un seul corps porte des traces de poudre révélant un tir mortel à bout touchant. Les médecins légistes finlandais chargés des autopsies révéleront ensuite avoir subi de longues, d'intenses pressions, pour consentir à parler de "massacre". Fort prudente, l'assemblée parlementaire de l'OTAN parlera enfin, du bout des lèvres, de "massacre présumé de Račak, qui n'a toujours pas été élucidé".

    - En avril 1999 (deux semaines avant le début des frappes aériennes sur la Serbie), Joshka Fisher, ministre allemand des Affaires étrangères, annonce, mélodramatique, que le plan secret de l'état-major serbe, visant au nettoyage ethnique du Kosovo, a été découvert : les Albanais, dit ce ministre, doivent y être massacrés par l'armée yougoslave, puis chassés vers la Macédoine et l'Albanie. Sans rien vérifier, la presse du monde entier révèle alors cette "opération Fer à cheval". Un faux, révèle en février 2000 le général allemand Heinz Loquai, associé au bidonnage ("Serbian ethnic cleansing scare was a fake, says general", Sunday Times, 22/02/2000). Si grossier le faux, que le terme utilisé pour fer à cheval, "Potkova", n'est pas un mot serbe, mais... croate ! Par la suite, l'OTAN se déclare pudiquement "incapable de retrouver l'origine de l'histoire "fer à cheval"". Au même moment, Washington parle du "comportement génocidaire" des Serbes au Kosovo. Le 14 avril 2000, le Monde titre sur "Les sept cent mille fantômes du Kosovo" ; et M. Antoine Garapon, humaniste émotif, lamente à Télérama (23/06/1999) les "centaines de milliers de Kosovars massacrés". Rappel : Le Tribunal pénal international estime en août 2000 (Le Monde, 19/08/2000, une "brève" de 15 lignes) que "le nombre définitif des corps découverts... se situera sans doute entre 2.000 et 3.000"

    Bien sûr, les mafieux et bouchers albano-kosovars doivent être châtiés - notre total rejet de la culture de l'excuse ne s'arrêtant pas aux portes des Balkans. Cependant, ceci : les mafieux des Balkans ne sont pas de grands Machiavels. L'auteur de ces lignes en a côtoyé plus d'un : ils sont violents, madrés, émotifs, sadiques parfois - mais pas très doués. Séculairement, dans leurs fiefs, ils tendent à calquer leur attitude sur ceux qui, à l'instant, les dominent. Leur expérience est millénaire ! Byzantins, Ottomans, Austro-Hongrois, communistes - ils ont tout vu passer chez eux.

    D'où leur sens inné de la réciprocité - comme tu es, je suis ; comme tu agis, j'agis.

    Ainsi, multiplier sous les yeux mêmes des mafieux locaux les coups de voyou comme ceux ci-dessus dépeints - pire, les y associer ; nier (à leur grande joie) l'existence même des mafias, tout cela stimule en eux la pulsion criminelle. Agir en voyou dans les Balkans garantit, ô naïfs de Washington et de Bruxelles, de voir les voyous s'y déchaîner.

    Xavier Raufer (Le nouvel économiste, 15 février 2011)

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  • Tour d'horizon... (1)

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    "Tour d'horizon..." sera un nouveau rendez-vous de Métapo infos qui viendra en alternance avec "Les snipers de la semaine" pour vous signaler des textes dignes d'intérêt qui, pour diverses raisons (droits, longueur...), ne peuvent être reproduits sur le site, mais qui n'en méritent pas moins d'être lus !...


    Au sommaire cette semaine :

    - Jean-Philippe Immarigeon sur son blog American Parano, nous appelle à abandonner la pensée unique et ses vielles recettes "pour nous mettre en posture de saisir l’opportunité, et même la créer"...

    Souvenirs du monde de demain

     

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    - un entretien avec Cyrille Lemieux, sociologue des médias sur Les influences - Des idées et des hommes.

    Les démons de l'info

     

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