Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique percutante d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 22 janvier 2015 et consacrée aux incohérences de notre politique diplomatique et militaire...
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Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique percutante d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 22 janvier 2015 et consacrée aux incohérences de notre politique diplomatique et militaire...
Les éditions Chronique ont récemment publié un essai d'Eric Branca intitulé 3000 ans d'idées politiques. Journaliste, Eric Branca est notamment l'auteur, avec Arnaud Folch, d'une excellente Histoire secrète de la droite - 50 ans d'intrigues et de coups tordus (Plon, 2008).
" La république ou la monarchie ? La démocratie ou l’aristocratie ? L’économie de marché ou l’économie dirigée ? Le libéralisme ou le socialisme ? L’état laïque ou l’état religieux ? Depuis l’Antiquité, les philosophes s’affrontent sur la question du meilleur gouvernement possible. Et ils le font avec d’autant plus d’opiniâtreté que cette question est loin d’être purement théorique et que les réponses qui lui ont été données sont à l’origine de tous les grands changements historiques. La formation des États modernes, telle qu’elle s’ébauche au Moyen Age et à la Renaissance, prend directement sa source dans les traités politiques d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin. La Révolution française s’explique largement par les écrits de Voltaire, de Rousseau et des Encyclopédies, et l’on ne peut comprendre l’expansion de capitalisme sans se référer à Adam Smith et aux autres philosophes anglo-saxons du XVIIIème siècle. Quant à Karl Marx, il reste à bien des égards le père du XXème siècle dans la mesure où son oeuvre a inspiré la plupart des révolutions et des totalitarismes que ce siècle a connus. Ce sont bien les idées qui mènent le monde, et telle est bien l’ambition de cet ouvrage, unique en son genre, que d’en raconter l’histoire. Une histoire indispensable à la compréhension des grands enjeux politiques de notre temps.
Il ne s’agit donc pas d’un manuel, austère et abstrait, mais, tout au contraire, d’une fresque vivante où, par le texte et par l’image, les idées politiques sont clairement exposées et replacées dans leur contexte historique souvent tumultueux et parfois même tragique, mais aussi dans leur dimension humaine. Les grands penseurs qui ont animé depuis 3 000 ans le débat politique n’étaient pas en effet de purs esprits, et beaucoup n’ont pas hésité à mettre leur vie en jeu pour aller jusqu’au bout de leur engagement philosophique. "
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré aux suites des attentas des 7, 8 et 9 janvier 2015...
On pourra regretter le caractère un peu superficiel de la réponse à la dernière question...
D'abord pourquoi parler d'islamophobie ? Le fait de ne pas apprécier l'islam, religion monothéiste extra-européenne, ou à tout le moins de s'inquiéter de la place un peu envahissante qu'il commence à prendre en France, n'est pas une maladie mentale mais bien une opinion, pas totalement absurde me semble-t-il.
Il faudrait faire une distinction entre islam et islamisme... Soit. Mais on nous demande maintenant de faire une distinction entre islamisme modéré et islamisme radical... Reconnaissons que cela devient un peu compliqué. Le "vivre-ensemble" implique-t-il de devenir des spécialistes de théologie islamique ? Comme le notait fort justement Vincent Coussedière dans un texte intitulé « Six thèses sur l'angélisme qui nous gouverne » : "Pourquoi les Français devraient-ils être savants en matière d’islam et être rendus responsables de la difficile articulation entre islam et islamisme? C’est aux musulmans, par définition «savants» en islam, qu’il appartient de ne pas s’amalgamer à l’islamisme et de montrer à leurs concitoyens, par leurs paroles et par leurs actes, qu’il n’y a pas lieu d’avoir peur et que cet amalgame est effectivement infondé".
Enfin je ne vois pas en quoi le rejet de l'islam envahissant impliquerait automatiquement l'approbation du mode de vie occidental et de l'américanisation de la société... Il me semble que les Etats-Unis ont assez vigoureusement critiqué la loi interdisant le port de la burqa dans l'espace publique. L'islam envahissant et le communautarisme qu'il génère ont donc, au contraire, tout à voir avec l'américanisation de la société. En fréquentant un peu la banlieue, on le découvre rapidement : une jeune femme peut avoir des Nike aux pieds et porter le voile intégral !...
« Une France plongée en état d’apesanteur et noyée dans la moraline »
Près de quatre millions de personnes qui défilent, après les attentats, pour un journal qui vendait péniblement à 30.000 exemplaires, c’est en soi un événement. Grand moment de communion nationale ou psychose collective ?
Les manifestations auraient eu du sens si elles s’étaient bornées à exprimer de façon solennelle le refus du terrorisme par le peuple français. Organisées par le gouvernement et les partis politiques, elles se sont transformées en une immense vague d’identification victimaire symbolisée par le slogan « Je suis Charlie », promu de manière orwellienne nouveau mot d’ordre « républicain ». Dès lors, il ne s’agissait plus tant de condamner des attentats et des assassinats que de s’identifier aux « valeurs » de Charlie Hebdo, c’est-à-dire à la culture du blasphème et de la dérision.
Durant la manifestation et les jours qui ont suivi, dans une France plongée en état d’apesanteur et noyée dans la moraline, on aura tout vu. Les cloches de Notre-Dame de Paris sonnant le glas pour les bouffeurs de curé. L’« union nationale » sans le Front national. La « liberté d’expression » réduite au droit au blasphème et s’arrêtant à Dieudonné. Celle des caricaturistes dépendant de la personne visée (Mahomet en train de sodomiser un porc : tellement drôle ! Christiane Taubira en guenon : intolérable !). Des bataillons de chefs d’État (deux fois le G20 !) chantant les louanges d’un titre dont ils n’avaient jamais entendu parler huit jours plus tôt. Des millions de zombies se ruant dans les kiosques pour acheter, tel le dernier smartphone, un journal qu’ils n’avaient jamais eu la curiosité d’ouvrir depuis vingt ans. Le badge « Je suis Charlie » succédant au ruban pour le SIDA et à la petite main de « Touche pas à mon pote ». Spectacle surréaliste ! Tout le monde il est gentil, tout le monde il est Charlie, dans le grand hospice occidental transformé en bisounurserie. Les rédacteurs de Charlie Hebdo, qui se voulaient tout sauf « consensuels », auraient été les premiers stupéfaits de se voir ainsi canonisés. Quant aux djihadistes, ils ont dû bien rigoler : un défilé des moutons n’a jamais impressionné les loups.
Ces cortèges peuvent-ils être mis sur le même plan que le défilé gaulliste sur les Champs-Élysées en 1968, les marches contre Jean-Marie Le Pen en 2002 ou la déferlante de la Manif pour tous ?
Je ne le crois pas. Pour Valls et Hollande, la manifestation avait au moins six objectifs : marginaliser le Front national et neutraliser l’UMP (qui est évidemment tombée dans le panneau la tête la première) au nom de l’« union sacrée », solidariser les Français autour d’une classe politique gouvernementale discréditée, justifier l’engagement de la France dans une nouvelle guerre d’Irak où elle n’a rien à faire, mettre en place un espace policier européen où l’on sait d’avance que ce ne sont pas seulement les islamistes qui seront surveillés (Manuel Valls affirmant sans rire que les « mesures exceptionnelles » qu’il s’apprête à prendre ne seront pas des mesures d’exception !), faire croire que le terrorisme auquel nous sommes aujourd’hui confrontés a plus à voir avec le Proche-Orient qu’avec l’immigration et la situation des banlieues, enfin persuader l’opinion que, « face au terrorisme », la France, fidèle vassale du califat américain, ne peut qu’être solidaire de pays occidentaux qui n’ont jamais cessé d’encourager l’islamisme, tout en noyant leurs erreurs et leurs crimes derrière le rideau de fumée du « choc des civilisations » (Poutine n’avait bien sûr pas été invité !). Force est de reconnaître que tous ces objectifs ont été atteints.
J’ai eu le tort, dans un entretien précédent, de parler de réactions spontanées. Celles auxquelles ont eu droit les journalistes de Charlie Hebdo – mais non le malheureux otage français Hervé Gourdel décapité en Algérie trois mois plus tôt – ont en réalité été mises en forme par les injonctions sociales et médiatiques, la grande fabrique postmoderne des affects et des émotions. Il faudrait un livre entier pour analyser dans le détail ce coup de maître qui a permis, en l’espace de quelques heures, de récupérer la colère populaire au bénéfice d’une adhésion « républicaine » à l’idéologie dominante et d’une « union nationale » avant tout destinée à redresser la courbe de popularité du chef de l’État. La classe politique gouvernementale apparaît ainsi comme la principale bénéficiaire de la légitime émotion soulevée par les attentats.
On a enregistré ces derniers jours une recrudescence des actes antimusulmans (attaques contre des mosquées, etc.). Cela vous surprend ?
Cela me surprend d’autant moins que les attentats sont faits pour ça : stimuler une islamophobie que les terroristes djihadistes considèrent comme un « vecteur de radicalité » privilégié. Les terroristes islamiques adorent les islamophobes. Ils souhaitent qu’il y en ait toujours plus. Ils savent que plus les musulmans se sentiront rejetés par les non-musulmans, plus ils pourront espérer les convaincre et les radicaliser. Les djihadistes assurent qu’ils représentent le « véritable islam », les islamophobes leur donnent raison en disant qu’il n’y a pas de différence entre l’islam et l’islamisme. Que les premiers commettent des attentats alors que les seconds verraient plutôt sans déplaisir se multiplier les pogroms contre ceux qui « rejettent le mode de vie occidental » (le sympathique mode de vie mondialisé de la consommation soumise) n’y change rien. Les islamophobes sont les idiots utiles de l’islamisme radical.
À l’époque de la guerre d’Algérie, que je sache, on ne faisait pas grief aux harkis d’être musulmans, et l’on ne s’étonnait pas non plus qu’il y ait des mosquées dans les départements français d’Alger, d’Oran et de Constantine. Pour ma part, je ne ferai pas aux terroristes islamistes le cadeau de devenir islamophobe. Et je ne fantasmerai pas non plus sur la « France musulmane » comme Drumont fantasmait sur La France juive (1885), en associant mécaniquement islam et terreur comme d’autres associaient naguère les Juifs et l’argent.
Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 18 janvier 2015)
Les éditions du CNRS publient cette semaine Cybercriminologie, un essai de Xavier Raufer. Journaliste et criminologue, Xavier Raufer enseigne à l'université de Paris II et a récemment publié Les nouveaux dangers planétaires - Chaos mondial, décèlement précoce (Editions du CNRS, 2009), Géopolitique de la mondialisation criminelle - La face obscure de la mondialisation (PUF, 2013) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014).
" « L’univers cybernétique est désormais l’un des principaux domaines de la fraude et du crime », a déclaré un expert anglais à la suite du piratage de 233 millions de fiches clients d’un géant du e-commerce. Aujourd’hui, les victimes de la cyber-criminalité se comptent par dizaines de millions, des stars d’Hollywood aux habitués des réseaux sociaux ou du commerce en ligne. Comment, à partir de quels ordinateurs et de quelles techniques les nouveaux gangs du net opèrent-ils ? C’est ce que révèle le nouveau livre de Xavier Raufer. Fondé sur des informations seulement connues des spécialistes, Cyber-criminologie dévoile la gravité d’un phénomène qui menace le citoyen ordinaire, les grandes entreprises, les États, les banques, etc. Piratage et vente clandestine de données personnelles, maliciels pénétrant les ordinateurs publics et privés, fraudes identitaires ou à la carte bancaire, sites marchands illicites cachés dans le dark web : le monde du cyber-crime est aussi florissant qu’insaisissable.
Xavier Raufer explique ici comment notre société hyper-connectée a donné naissance à un cyber-monde où prolifèrent hackers, mafias du net russes, chinoises ou iraniennes, hacktivists libertaires exploitant les failles de nos systèmes informatiques. Sans parler de la surveillance omniprésente des États comme l’affaire Prism l’a révélé. Des dangers qui vont de pair avec la croissance exponentielle du Net… "
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman, cueilli sur son blog A moy que chault ! et consacré aux renforcements des mesures de surveillance et de restriction des libertés que le gouvernement est en train de mettre en place sous couvert de l'émotion suscitée par les attentats des 7,8 et 9 janvier...
Drame de « Charlie Hebdo » : vers un Patriot Act à la française ?
Au delà de la tragédie humaine en tant que telle, l'attaque sanglante ayant visé le journal « Charlie Hebdo » et son traitement médiatique et institutionnel ont indiscutablement démontré l'effacement, pour ne pas sire la dissolution, du politique au profit de l'émotionnel pur, du sentimentalisme débridé et exacerbé.
Durant une semaine, la réflexion, l'analyse, le recul et la mise en perspective ont totalement abandonné l'espace public au profit d'un cantilène hystérique psalmodié par un cœur de pleureuses débitant un discours aussi niais que larmoyant sur l'air de « pourquoi sont-ils aussi méchants ? » et de l'éternel « Plus jamais ça ! ». Le point d'orgue de ce grand gémissement plaintif a bien sûr été la grande « marche républicaine » où une marée de bisounours ont pu défiler en rangs serrés, chapeaux-crayons sur la tête et nez de clown au milieu du visage, derrière de grands démocrates et défenseurs des droits de l'homme tels que Benyamin Netanyahou, Avigdor Libermeran ou Abdhallah II de Jordanie... Une manifestations sensée représenter la fameuse « union nationale », dernière planche de salut d'un système à bout de souffle, mais dont on avait pris soin d'exclure le Front National, premier parti de France et seule mouvement politique à avoir inlassablement dénoncé les méfaits de l'immigration de masse, les inévitables drames qu'elle produit et la dangerosité de l'islamisme. A contrario, tous les chantres du « vivre ensemble » sans nuage ni écueil, du « multiculturalisme heureux », tous les tenants d'un monde sans frontières, tous les promoteurs de l'Islam « religion de paix et d'amour », tous les va-t-en guerre qui ont encouragé la mise à feu et à sang les derniers états laïcs du Maghreb et du Proche-orient étaient bien présents, au premier rang desquels l'ineffable Bernard-Henri Levy, vice-ministre des affaires étrangères, l'homme qui a appelé à armer les milices islamistes contre Mouammar Kadhafi et Bachar El-Assad. Tous les responsables de la situation actuelle, tous ceux qui ont contribué à bâtir la poudrière actuelle se pressaient donc dans la rue pour dénoncer les effets de leur politique aveugle et masochiste, pas un ne manquait à l'appel. Fort heureusement pour eux, l'indécence ne tue pas.
Et maintenant ? Alors que la logique voudrait qu'un tel événement, révélant les fractures internes de la société française (de nombreux incidents, notamment dans les établissements scolaires des quartiers à fort peuplement extra-européen ont fait apparaître la solidarité d'une frange de la population avec les terroristes) entraîne une remise en cause drastique des politiques migratoires et pseudo-assimiliationnistes, une réflexion sur la protection et la défense des frontières ainsi qu'une interrogation sur la politique étrangère du pays, c'est bien évidemment un tout autre scénario qui se met en place. Au delà des discours, les seules actes concrets réalisés depuis lors ont été la mise en garde à vue de l'humoriste antisioniste Dieudonné et la mise en examen d'une cinquantaine de personnes pour « hagiographie du terrorisme » (via des propos ou des écrits sur internet). Curieuse réponse lorsque l'on prétend défendre la sacro-sainte « liberté d'expression » face à l'obscurantisme.
Parallèlement, le gouvernement annonce des « mesures exceptionnelles » en matière de renseignement, de surveillance et de contrôle d'internet. Bref de nouvelles restrictions des libertés publiques et une augmentation du flicage des moyens de communication et d'information alternatifs, dont on se doute bien qu'il ne se limitera pas à la « sphère islamiste ». Bref c'est une ébauche de « Patriot act » à la française qui est en train de se dessiner, sous les applaudissements de français prêts à sacrifier les dernières bribes de leur liberté pour acquérir une illusoire « sécurité », d'autant plus improbable que le pouvoir se borne une nouvelle fois (c'est son plus grand intérêt) à prétendre traiter les effets du mal sans s'attaquer à ses causes. Un « Patriot act » à la française que certains, comme l'ex-ministre UMP Valérie Pécresse, appellent ouvertement de leurs vœux et dont la perspective ne choque même plus ceux qui le dénonçait lors de sa mise en place outre-atlantique. Si la peur et l'émotion sont toujours mauvaises conseillères, elles règnent actuellement en maître à tous les niveaux en France. C'est peut-être d'ailleurs là la vraie victoire des assassins du 7 janvier.
Xavier Eman (A moy que chault ! , 22 janvier 2015)
Au sommaire cette semaine :
- sur le site de Minute, Julien Jauffret dézingue l'hystérie du « Je suis Charlie »...
- sur Nouvelles de France, H16 flingue Hollande et sa politique réduite à de pitoyables opérations de communication...
Hollande ou la dissolution de la réalité dans la communication