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  • La trêve, la moins mauvaise des options pour l’Ukraine ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Renaud Girard cueilli sur Geopragma et consacré aux tractations autour d'une paix (ou d'une trêve) en Ukraine. Grand reporter au Figaro, Renaud Girard est membre du comité d'orientation stratégique de Geopragma.

     

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    La trêve, la moins mauvaise des options pour l’Ukraine

    Le plan Trump pour la paix en Ukraine du 23 novembre propose une trêve susceptible d’ouvrir la voie à la paix, à condition que le pouvoir ukrainien obtienne des garanties de sécurité.

    Le plan Trump pour la paix en Ukraine, tel qu’il a été amendé lors des discussions américano-ukrainiennes du 23 novembre 2025 à Genève, doit être pris très au sérieux. Il représente une chance historique d’arrêter le massacre entre chrétiens slaves orthodoxes, commencé en février 2022 par l’agression de la Russie contre son voisin ukrainien. La trêve que ce plan propose – la paix ne viendra qu’après des années, voire des décennies de diplomatie – est de loin la moins mauvaise des options, pour les Russes, comme pour les Ukrainiens.

    Combien de jeunes Russes et Ukrainiens, jadis frères au sein de l’Union soviétique, ont-ils perdu la vie après le passage à l’acte irrationnel de Vladimir Poutine ? Un demi-million ? Davantage ? Je dis irrationnel car cette agression, outre ses enfants morts, a coûté à la Russie quatre atouts qui étaient très importants à ses yeux : l’influence importante qu’elle avait en Ukraine ; un commerce très profitable avec l’Union européenne ; une économie prospère prête à développer l’immense Sibérie ; une Otan en « mort cérébrale » à ses frontières.

    Le but stratégique de Vladimir Poutine était de faire de l’Ukraine un pays soumis à Moscou, un peu comme l’est la Biélorussie. Le président russe a échoué ; il n’a pas pris Kiev en une semaine ; il a seulement renforcé la combativité des Ukrainiens, ainsi que leur goût pour la liberté, l’indépendance, l’ouverture à l’Europe. Vladimir Poutine devrait se rendre compte qu’il peut continuer à faire souffrir l’Ukraine par sa guerre d’usure (où la Russie perd progressivement ses infrastructures pétrolières), mais qu’il ne parviendra jamais à la soumettre.

    Une «opération militaire spéciale»

    Si l’on se met dans les chaussures d’un président russe rationnel, on s’aperçoit qu’il aurait intérêt aujourd’hui à accepter l’offre américaine inespérée que lui fait le président Trump, à savoir le cessez-le-feu sur la ligne de contact actuel, la levée des sanctions, l’amnistie de tous les crimes commis, le retour de la Russie sur tous les marchés pétroliers et gaziers, l’édification de projets miniers et énergétiques communs entre la Russie et les États-Unis.

    En forçant un peu sur la propagande, comme il sait très bien le faire, Poutine a les moyens de présenter à son peuple son « opération militaire spéciale » de février 2022 comme une nécessité passée et un succès présent. Il est faux de dire que Poutine ne peut pas arrêter les hostilités car il perdrait la face devant la nation russe. Sauver la face devant son peuple ne lui serait pas très difficile : il peut dire avoir protégé les russophones et russophiles du Donbass, avoir fait de la mer d’Azov une mer russe, avoir arrêté l’expansion de l’Otan vers l’est. Il peut, en outre, présenter un avenir radieux à son peuple, fait d’une exploitation commune de l’Arctique avec les Américains et de la Sibérie avec les Chinois.

    La trêve est la moins mauvaise des options pour Poutine car l’actuel grignotage du territoire ukrainien par son armée lui coûte très cher et est particulièrement lent. Les Ukrainiens, passés maîtres dans le combat moderne par drones, savent très bien se défendre. Les experts militaires considèrent que la défense est trois fois moins coûteuse en hommes que l’offensive dans une guerre telle que celle d’Ukraine. Au regard des gains territoriaux conquis par Poutine sur l’Ukraine en 2025, il lui faudrait un demi-siècle pour conquérir l’intégralité du pays.

    Pour les Ukrainiens, la trêve proposée par le plan Trump est aussi la moins mauvaise des options. Zelensky a lui-même avoué que son peuple était las de la guerre. Les jeunes générations fuient le pays. Où est la relève, quand on sait que plus de 600.000 jeunes hommes ukrainiens en âge de combattre vivent à l’étranger et n’envisagent pas de revenir au pays faire leur devoir patriotique ? Vu ce qu’elle coûterait en hommes, la reconquête militaire des territoires ukrainiens pris par les Russes depuis 2014 n’est pas envisageable.

    Crier victoire et sauver la face

    La trêve offrirait une stratégie de paix fructueuse au pouvoir de l’Ukraine, à la condition que Kiev obtienne les garanties de sécurité qu’elle réclame légitimement. Exploitation des terres rares avec les investisseurs américains. Lutte contre la corruption, qui est le fléau de toujours du pays. Édification d’institutions publiques fiables, permettant une accélération du processus d’entrée dans l’Union européenne. Zelensky pourrait, lui aussi, crier victoire et sauver la face : il a résisté à l’une des plus fantastiques armées du monde pendant près de quatre ans, il a sauvegardé la liberté et l’indépendance de son pays. Ce n’est pas rien !

    Certes, on peut reprocher au plan Trump de bafouer la justice. Il est vrai qu’on ne verra pas la Russie rendre les territoires qu’elle a conquis par la force, livrer ses criminels de guerre à la CPI, verser des dommages de guerre à l’Ukraine. Mais c’est un idéal qu’il est totalement irréaliste d’attendre. La vérité est qu’il n’y a de justice internationale possible que lorsqu’un camp est clairement le vainqueur. Ce fut, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le cas des procès de Nuremberg et de Tokyo. Ce fut aussi le cas du Tribunal pénal international pour le Rwanda.

    Mais quand des crimes de guerre sont commis par une puissance non défaite dans un conflit, ils n’ont aucune chance d’être jugés. L’invasion illégale de l’Irak en 2003 a provoqué des centaines de milliers de morts et un chaos toujours présent en Mésopotamie. George W. Bush et Donald Rumsfeld ont-ils été présentés à des juges ?

    Il est indéniable que le plan Trump malmène fortement le droit international et la justice internationale. Mais il serait encore plus immoral de laisser se poursuivre le massacre sous prétexte de justice. Quelle serait la valeur d’une justice qui laisserait mourir demain des dizaines de milliers de jeunes gens pour la seule satisfaction potentielle de condamner un jour des dizaines de criminels de guerre ? Dans les relations internationales, la justice est évidemment une belle chose. Mais elle est rarement préférable à la paix.

    Renaud Girard (Geopragma, 2 décembre 2025)

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  • Feu sur la désinformation... (513) : Macron, Trump et Zelensky au Vatican, la chaise de la discorde !

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                            

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : la rencontre entre Trump et Zelensky, dont Macron semble bel et bien avoir été exclu. Une certaine idée des rapports de force internationaux…

    Dossier du jour : Quand les médias occultent les origines… jusqu’à ce que la vérité éclate ! ...

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    Pastilles de l’info:

    • Pub-Média : quand les produits se vendent comme une information
    • IA et journalisme !

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Thomas Guénolé, l’"expert" militant...

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  • Activisme belliqueux de Macron : les minets jouent aux durs...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'activisme belliqueux du président de la république et de ses affidés qui cherche à s'opposer à l'ouverture de négociations dans le conflit russo-ukrainien...

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, ainsi que plusieurs essais, dont La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021), Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021), Bienvenue dans le meilleur des mondes (La Nouvelle Librairie, 2023) et, dernièrement Occident go home ! - Plaidoyer pour une Europe libre (Via Romana, 2024).

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    Activisme belliqueux de Macron : les minets jouent aux durs

    Il y a deux États profonds : la maison mère, située aux États-Unis et sa succursale en Europe, qui s’appelle Union européenne. La nouvelle administration républicaine entreprend de réduire le pouvoir de l’État profond nord-américain. Alors l’oligarchie néo-conservatrice entend ériger sa succursale européenne en bastion anti-Trump et en bantoustan woke. L’activisme belliqueux d’Emmanuel Macron et de certains dirigeants européens, purs produits de l’État profond, s’inscrit dans cette grossière et puérile manœuvre transatlantique. Mais les minets européens ne brassent que du vent.

    Torpiller la paix russo-américaine ?

    L’agitation macronienne et « européenne » pour continuer de soutenir envers et contre tout l’Ukraine, malgré une défaite de plus en plus évidente, a pour but principal de torpiller les initiatives de paix de l’administration Trump. Avant tout, en promettant de confier à des troupes européennes le respect d’un futur cessez-le-feu avec la Russie.

    Nul ne peut ignorer en effet que cette perspective constituerait un chiffon rouge pour Moscou qui n’a eu de cesse d’indiquer ne pouvoir accepter la présence de troupes de l’OTAN, quel qu’en soit le drapeau, en Ukraine.
    Macron le sait et c’est bien pourquoi il pousse dans cette voie tout en agitant à la télévision la menace russe qui serait à nos portes.
    L’idéal serait bien sûr aux yeux des néo-cons que la Russie en tire argument pour rejeter tout cessez-le-feu, que le conflit s’éternise et que Trump échoue dans ses négociations.

    Le rêve d’un enfant gâté

    Une implication européenne directe dans le conflit russo-ukrainien permettrait aussi à Emmanuel Macron de réaliser son rêve politique : celui d’un troisième mandat présidentiel, adossé ou non à la mise en œuvre de l’article 16, avec la bénédiction du Conseil constitutionnel. Et vraisemblablement d’une bonne partie des parlementaires aussi, puisqu’en France l’opposition institutionnelle à la macronie n’existe tout simplement pas.

    Et un conflit permettrait de museler durablement toute dissidence accusée de « faire le jeu de la Russie ».
    Un rêve d’enfant gâté ? Mais, comme dit l’Ecclésiaste, « malheur à la ville dont le prince est un enfant ».

    Réarmer l’Europe ou déconstruire la France ?

    Emmanuel Macron aimerait bien aussi profiter du prétendu « réarmement européen » qui, si l’on comprend bien Mme von der Leyen, doit surtout nous conduire à acheter rapidement du… matériel américain, pour faire avancer son agenda antinational.
    Macron a pour mission en effet de déconstruire la France, de la faire rentrer dans le rang, et force est de reconnaître qu’en sept ans il a déjà bien avancé : destruction des services publics, déficits et dette abyssaux, immigration massive, insécurité galopante, désindustrialisation, plus de 20 % de la population au chômage, natalité en berne.
    La dramatisation de la menace russe doit alors permettre de s’attaquer, au nom de l’Europe bien sûr, au dernier pan de la souveraineté française : l’arme nucléaire et le siège permanent de la France au Conseil de sécurité des Nations unies. En attendant l’armée européenne. De façon à tirer un trait définitif sur l’héritage gaullien.

    Une absurde mutualisation

    Emmanuel Macron a donc lancé l’idée, absurde, d’une mutualisation de l’arme nucléaire française pour protéger l’Europe contre la Russie, tout en promettant de garder pour lui seul… le bouton nucléaire. Proposition d’autant plus irréaliste que notre armement nucléaire est dimensionné pour les enjeux français, pas pour couvrir le continent européen.

    Et promesse trompeuse car on voit mal pourquoi des pays européens accepteraient de financer en partie l’arsenal nucléaire français sans avoir la moindre garantie quant à son utilisation pour les protéger.
    Peut-on enfin sérieusement penser que les Français accepteraient le risque de vitrification pour défendre l’Estonie ou la Pologne ? Alors même qu’on doute sérieusement en Europe de la réalité du parapluie nucléaire américain.

    Bref, toute cette agitation nucléaire et guerrière n’est qu’un vain brassage de vent télévisuel. Une spécialité macronienne, il est vrai.

    La revanche de Laval sur De Gaulle

    Le but réel d’Emmanuel Macron n’est donc pas la défense de l’Europe, encore moins celle de la France ; mais bien d’essayer de placer la stratégie nucléaire française sous la tutelle de fait de l’Allemagne et donc de la Commission européenne. Comme le projet de « réarmement européen » permet à la Commission européenne de s’immiscer dans les budgets de défense des États, au mépris des traités européens.

    Et derrière l’arme nucléaire se profile évidemment la question du siège permanent de la France au Conseil de sécurité des Nations unies, que l’Allemagne, depuis des années, souhaite qu’il soit « européanisé » c’est-à-dire également partagé. Une perspective qui ne choquerait pas le mondialiste Emmanuel Macron, même s’il reste pour le moment peu disert sur la question. Peut-être pour un troisième mandat ?

    Si ces projets se concrétisaient, ils traduiraient en quelque sorte la revanche posthume de Laval contre De Gaulle : la revanche de la gauche collaborationniste, obnubilée par le front de l’Est, sur les dissidents de l’indépendance nationale et de la grandeur de la France.
    Quel beau programme, en effet !

    Les minets jouent aux durs

    Il y a quelque chose de tragi-comique de voir tous ces minets déconstruits, qui n’ont même pas fait de service militaire, jouer au « chef de guerre » et tripoter Zelensky devant les caméras.
    Comme de voir tous ces partisans d’un monde sans frontières nous inviter maintenant à prendre les armes pour défendre – un peu tard, il est vrai – celles de l’Ukraine.

    À vrai dire, on aimerait bien voir tous ces minets aller vraiment crapahuter, avec 20 kg de matériel sur le dos, en Ukraine où l’on ne peut pas marcher 100 mètres sur le front, sans risquer de recevoir un drone ou une bombe planante sur la tête. Au lieu d’essayer d’y envoyer les autres.
    Heureusement que, pendant que les minets jouent aux durs dans la cour de récréation, les grands – les États-Unis, la Russie, l’Inde, la Chine, la Turquie, l’Arabie Saoudite et tous les BRICS – prennent les vraies décisions. Et préparent le monde de demain, mais sans nous, hélas.

    Comme le dit une célèbre réplique du film Les Tontons flingueurs[1], « quand les hommes parlent, les gonzesses se taillent »…

     

    Michel Geoffroy (Polémia, 21 mars 2025)

     

    Note :

    [1] De Georges Lautner, sorti en 1963.

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  • Feu sur la désinformation... (505) : Face à la paix de Trump, des médias pro-Zelensky, va-t-en-guerre et irresponsables ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                               

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : les cérémonies des César et des Oscars où l'entre-soi et les navets wokes se côtoient et où le cinéma français semble s'éloigner des préoccupations du public. Avec un focus sur le film qui a retenu toutes les attentions et un grand nombre de prix : “L'Histoire de Souleymane”, un jeune migrant, livreur, qui attend d’être régularisé, mis en abîme par Abou Sangaré, lui-même migrant anciennement sous OQTF...

    Dossier du jour : retour sur le clash entre Trump et Zelensky, et les implications pour l'Ukraine et l'Europe. Décryptage des discours des journalistes et des politiques français va-t-en-guerre qui tentent de façonner l'actualité internationale...

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    Pastilles de l’info:

    • Luchini se paye les médias de gauche
    • L’avocat du policier dans l’affaire Nahel monte au front
    • Homo-politcus et homosexualité : Luc Ferry en roue libre sur LCI !
    • Xavier Niel : les dossiers sur le minitel rose ressortent
    • TPMP se réinvente sur internet, sur les box !
    • Sur France 2 Nagui se fait le chantre de la voiture électrique et de la leçon de morale
    • Dechavanne démissionne en direct

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Gilles Bouleau, un arbitre qui fait parfois du sale boulot !...

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  • Feu sur la désinformation... (503) : Vance, le discours qui dérange...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                              

    Au sommaire cette semaine :

    L'image de la semaine : C8 : la chaîne interdite, contrainte de cesser d’émettre...

    Dossier du jour : JD Vance, un vent de liberté face à l’Europe des oligarchies...

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    Pastilles de l’info:

    • La famille et les enfants au cœur de la communication américaine
    • La lutte contre Musk et Trump s’organise…
    • Zelensky : les petites phrases de fin de règne ?
    • Elias : le meurtre à la machette dont les médias ne parlent pas
    • Drogue : députés et journalistes depuis les tests d’Elise Lucet, ça raille

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    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Daniel Kretinsky, l’oligarque médiatique qui étend son empire à la TNT...

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  • La paix en Ukraine, un chemin semé d'embûches...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue réaliste de Maxime Lefebvre cueilli sur le site du Figaro Vox et consacré aux perspectives de paix dans le conflit russo-ukrainien. Ancien diplomate, Maxime Lefebvre est professeur de géopolitique à l'ESCP.

     

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    « La paix en Ukraine, un chemin semé d'embûches »

    La musique de la paix se fait entendre depuis quelques mois au milieu de la guerre en Ukraine. Le sommet organisé en Suisse en juin, sans la Russie, a servi à réaffirmer le soutien de la moitié des pays du monde à l'Ukraine, mais s'est aussi soldé par un appel à négocier avec Moscou, ce qui a ouvert une fenêtre d'opportunité pour une rencontre entre les parties en novembre, alors que le G20 tiendra son grand sommet à Rio, après l'élection présidentielle américaine.

    Vladimir Poutine a annoncé de son côté des «conditions de paix» (la souveraineté de la Russie sur la Crimée et sur les quatre oblasts annexés, que Moscou ne contrôle pas entièrement à l'heure actuelle ; la non-adhésion de l'Ukraine à l'Otan ; la levée des sanctions) dont on peut penser qu'elles sont une base de départ pour une négociation.

    L'Ukraine semble ouverte à la diplomatie. Le ministre des Affaires étrangères ukrainien s'est rendu à Pékin, qui avait envoyé un émissaire en 2023 dans plusieurs capitales, y compris Moscou et Kiev, pour parler de la paix. Viktor Orban a commencé sa présidence de l'Union européenne en juillet par une «mission de paix» à Moscou, Kiev et Pékin - très critiquée car effectuée sans aucun mandat de l'Union, alors que la Hongrie n'est pas complètement alignée sur la ligne européenne de ferme soutien à Kiev. Le premier ministre indien s'est lui aussi rendu à Moscou puis Kiev.

    Toutes ces évolutions ne sont pas sans lien avec l'impasse du conflit, marqué par une forme de lassitude ukrainienne, et dans la perspective d'un éventuel retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis (devenu cependant moins probable depuis le remplacement de Joe Biden par Kamala Harris). Aucun camp ne paraît aujourd'hui pouvoir l'emporter sur le champ de bataille. Si l'Ukraine a engrangé des succès notables contre la flotte russe en Crimée et dernièrement par son incursion en Russie, celle-ci détruit méthodiquement ses infrastructures énergétiques (c'était le bombardement des infrastructures énergétiques qui avait amené la Serbie à capituler face à l'OTAN en 1999) et profite d'un rapport de force favorable malgré l'aide occidentale à Kiev. Elle représente quatre fois la population et le PIB de l'Ukraine, et les sanctions n'ont pas empêché la mobilisation à plein régime de son industrie d'armement. Elle grignote du terrain sur le front, dans ce qui reste une guerre d'usure et d'attrition, et non une guerre de mouvement et d'offensive qui nécessite une nette supériorité de moyens.

    L'opération ukrainienne surprise dans la région de Koursk ne change pas fondamentalement la donne, sinon qu'elle retarde peut-être l'ouverture de négociations. Elle a été contenue (1000 km² sur les 17 millions que compte la Russie, contre 107000 km² contrôlés par Moscou en Ukraine, soit 18 % du territoire de cette dernière). Si l'Ukraine entendait sans doute obtenir un gage et une monnaie d'échange, on peut aussi s'attendre à ce que Vladimir Poutine cherche d'abord à reprendre la totalité du contrôle du territoire russe, tout en poursuivant sa pression dans le Donbass. L'ouverture de contacts russo-ukrainiens secrets, sous l'égide du Qatar, a été rendue publique et interrompue.

    À supposer que des négociations réelles puissent s'engager, des obstacles très sérieux hypothèquent un accord de trêve, et encore plus un accord durable.

    C'est d'abord évidemment la question territoriale, que complique encore l'affaire de Koursk. Un simple cessez-le-feu reviendrait aujourd'hui à confirmer de facto le gain territorial de Moscou, comme ce fut le cas en Géorgie en 2008, même si l'Ukraine garde son gage en territoire russe, qui oblige la Russie à insister sur le respect de son intégrité territoriale. Une discussion pourrait s'engager sur les frontières, mais elle se heurterait vite à un blocage. Contrairement à la situation en 2014-2015 lorsque l'insurrection du Donbass (soutenue par la Russie) avait conduit aux accords de Minsk sur la réintégration de ces républiques dans l'Ukraine, la Russie a désormais franchi le pas d'une annexion territoriale de territoires et de populations, dans le sud et l'est de l'Ukraine, qu'elle considère comme russes (au-delà de la Crimée, déjà annexée en 2014), et on peut penser qu'elle ne reviendra pas là-dessus volontairement. L'Ukraine de son côté ne peut renoncer à son intégrité territoriale, qui fait partie de l'identité fondamentale des États, et elle trouve d'ailleurs l'appui de la Chine sur ce point, du fait entre autres de la question de Taïwan.

    Si aucune des parties n'est en mesure de reprendre l'offensive, la question territoriale a toutes les chances de se solder par un accord de fait pour geler les lignes du front, à travers un armistice (possiblement accompagné d'un dispositif de surveillance et de mesures de confiance), et par l'impossibilité de progresser sur une reconnaissance de droit. Le conflit ukrainien rejoindrait alors un certain nombre d'autres conflits gelés dans le monde, comme le Cachemire, la Corée, Chypre, etc., où une situation de fait n'a pas débouché sur une situation de droit.

    Mais la question territoriale n'est qu'une partie du problème. La question plus fondamentale, qui était déjà à l'ordre du jour depuis de nombreuses années, est celle des garanties de sécurité qui pourraient bénéficier à l'Ukraine comme à la Russie. Celles de 1994 (le mémorandum de Budapest confirmant l'intégrité territoriale de l'Ukraine) ont volé en éclat, tout comme l'accord Otan-Russie de 1997 limitant les déploiements de troupes occidentales en Europe orientale. L'Ukraine attend désormais sa sécurité de l'Otan et des Occidentaux, qui ne lui promettent que de continuer à lui livrer des armes et ont gelé le processus d'adhésion. La Russie, si elle n'y est pas forcée par le sort des armes, n'arrêtera pas le conflit pour se retrouver nez à nez avec des troupes de l'Otan de l'autre côté d'une ligne d'armistice (d'où la neutralité demandée par Poutine). Or une neutralité négociée de l'Ukraine par rapport à l'Otan serait une capitulation des Occidentaux par rapport à ce qu'ils ont toujours affirmé sur le droit de l'Ukraine à choisir ses alliances, et n'apporterait aucune garantie de sécurité réelle à l'Ukraine, qui risquerait de subir une nouvelle agression.

    Cette question (la sécurité de la Russie par rapport à l'OTAN, la sécurité de l'Ukraine par rapport à la Russie) est en vérité le premier obstacle à l'arrêt des combats. Elle n'avait jamais pu faire l'objet d'une négociation sérieuse, avant la guerre, entre l'Otan et la Russie ou au sein de l'OSCE. Les Occidentaux avaient promis à l'Ukraine (et à la Géorgie) l'entrée dans l'Otan et avaient insisté sur le respect par la Russie des frontières post-soviétiques. Dans l'état d'escalade atteint aujourd'hui par le conflit, entre la Russie et l'Ukraine, et entre les Occidentaux (Otan, UE) et la Russie, on peut craindre qu'une trêve éventuelle ne puisse être qu'une paix armée et fragile, qui ne mette fin ni à l'accumulation des forces ni à la guerre économique.

    Il s'ajoute un troisième obstacle de taille sur le chemin d'une normalisation, ou même d'une simple trêve, entre l'Occident et la Russie. C'est le facteur Poutine, qui a franchi le Rubicon en agressant ouvertement l'Ukraine en 2022 (et non plus indirectement, comme en 2014), et qui est désormais inculpé par la Cour pénale internationale pour son rôle présumé dans l'enlèvement d'enfants ukrainiens, sans parler des crimes de guerre commis par l'armée russe. Parler de normalisation, de levée des sanctions, de garanties de sécurité de long terme, de droits des minorités, de retour de la confiance, avec un régime qui a franchi tant de limites, paraît aujourd'hui hors de portée.

    Rappelons que dans la guerre de Corée, débutée par l'agression nord-coréenne (encouragée par Staline) en 1950, des pourparlers de paix s'engagèrent entre les parties après la stabilisation du front en 1951, et n'aboutirent qu'après la mort de Staline en 1953. Ils ne débouchèrent que sur un armistice, pas signé à l'époque par la Corée du Sud (qui espérait encore réunifier l'ensemble du pays), qui ne fut jamais transformé en accord de paix.

    L'élection présidentielle américaine est évidemment un facteur clé. Kamala Harris se place dans la continuité de Joe Biden sur le soutien à l'Ukraine, mais même si Donald Trump était élu, il n'est pas dit qu'il forcera la main à Kiev pour capituler. Même dans une logique de diplomatie «transactionnelle», quel serait l'intérêt des États-Unis à faire sans contrepartie un cadeau à leurs adversaires : la Russie, mais aussi la Chine qui en sortirait renforcée ? Trump dans son premier mandat n'avait ni normalisé la relation avec la Russie, ni fait la paix avec la Corée du Nord, et il avait durci la politique américaine face à la Chine et à l'Iran.

    Malgré ces obstacles, il n'est pas trop tôt pour réfléchir à la fin du conflit et la préparer. Une première étape pourrait être la création d'un format de négociation qui garantirait la place des Européens et de la France. Ce pourrait être, par exemple, le format utilisé dans la négociation nucléaire avec l'Iran, associant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne (P5 + 1), ou dit autrement les trois grandes puissances européennes avec les États-Unis, la Chine et la Russie (E3 + 3), en ajoutant le Haut Représentant pour l'Union européenne, et bien sûr l'Ukraine. L'Inde pourrait être la voix du «Sud global» dans ces discussions : la création d'un concert mondial, réunissant les 7 principales puissances économiques et militaires du monde, toutes membres du G20, pourrait s'avérer utile dans une perspective beaucoup plus large. En tout état de cause, l'ouverture de discussions sur l'Ukraine ne marquerait pas l'abandon d'une partie de bras de fer qui est engagée depuis longtemps et qui n'est pas terminée.

    Maxime Lefebvre (Figaro Vox, 3 septembre 2024)

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