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  • Le Système a perdu une bataille, mais pas la guerre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré aux résultats des élections législatives.

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021) et dernièrement Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021).

     

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    Succès du RN : le Système a perdu une bataille, mais pas la guerre

    Ce devait être la martingale infaillible : pour la présidentielle, un duel Macron-Le Pen conduisant la gauche extrême à voter pour le premier afin de « faire barrage » à la seconde. Et pour les législatives, la même gauche en repoussoir pour effrayer le bourgeois et présenter Ensemble comme un recours. Las, il suffisait de regarder les mines réjouissantes des médiacrates, dimanche soir, pour se douter que cette belle manœuvre avait échoué.

    Caramba, Jupiter s’est planté !

    Non seulement la NUPES n’atteint pas du tout les scores mirifiques que nous promettaient les instituts de sondage – ce qui démontre en passant le caractère hautement « scientifique » de leurs travaux ! – mais avec 89 élus, le RN enregistre une progression sans précédent.
    Au point que le Président Macron ne dispose pas de la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale et se retrouve de fait dans une situation de cohabitation non-désirée, obligé de constituer des alliances de circonstance, comme au bon vieux temps de la quatrième république.

    Caramba, Jupiter s’est planté !

    Les astrologues médiatiques tombés dans un puits

    Trop occupés à faire la promotion de la NUPES, les médias mainstream (plus de 50 % du temps de parole donnés aux candidats NUPES sans que cela ne gêne l’Arcom !) et les instituts de sondage ont en effet totalement sous-estimé deux phénomènes :

    • d’une part, la très grande déception, pour ne pas dire plus, de l’opinion devant la réélection d’Emmanuel Macron, le gendre de moins en moins idéal ;
    • d’autre part, l’inquiétude que suscitait la perspective d’un second mandat sans aucun contrepoids politique. Inquiétude renforcée par le ralliement ostensible d’Emmanuel Macron au camp des bellicistes anglo-saxons et par son indifférence affichée aux conséquences catastrophiques des sanctions antirusses.

    Les experts de plateaux télé ont aussi négligé que la diabolisation de Reconquête avait aussi servi l’image du RN et que si l’union de la droite ne se faisait pas au niveau des états-majors, elle pouvait se faire dans les urnes. Il est d’ailleurs probable qu’une alliance RN-Reconquête au premier tour des législatives aurait amplifié la débandade des candidats macroniens, globalement dépourvus d’implantation locale réelle.

    Raison garder

    La belle percée électorale du RN, malgré tous les obstacles placés sur sa route, témoigne de son implantation populaire. Elle confirme aussi qu’en politique le désespoir absolu est bien la sottise absolue.
    Mais il faut cependant raison garder.

    D’abord l’histoire parlementaire abonde d’exemples où de braves gens, élus sous une étiquette de rupture, ont été vite digérés par le régime. Ce fut notamment le cas des élus poujadistes sous la IVème république[1].

    Sur ce plan la gauche échappe généralement à ce péril car elle est plus motivée idéologiquement et plus disciplinée.
    Le RN, dont l’expérience parlementaire est limitée, va donc devoir faire preuve de vigilance et de compétence afin d’éviter cet écueil.

    La France ingouvernable, vraiment ?

    Ensuite, il faut relativiser une victoire électorale parce que l’Assemblée nationale a tout simplement perdu l’essentiel de ses pouvoirs au 21e siècle. Nous ne sommes plus en 1958 ni même en 1981 !
    Les médias nous abreuvent de titres selon lesquels la France serait devenue « ingouvernable » depuis le 19 juin. Quelle plaisanterie !

    La France va au contraire continuer d’être gouvernée par la Commission Européenne – qui fixe chaque année nos grandes orientations de réformes –, par la BCE, par l’OTAN, par le pouvoir judiciaire (non élu…), par les lobbies, les ONG ou les dirigeants des grandes entreprises mondialisées.

    Face à tous ces vrais pouvoirs, notre parlement – dont l’essentiel de l’activité législative consiste, il faut le rappeler, à retranscrire des directives bruxelloises – compte les coups, en simple spectateur. Même ses pouvoirs de contrôle sont incapables de rivaliser avec eux et sont de toute façon très inférieurs à ceux des parlements étrangers, notamment anglo-saxons.

    Le pouvoir n’est plus à prendre mais à reforger

    Aujourd’hui, le pouvoir est avant tout économique, financier, judiciaire, européen ou technologique, et de moins en moins national, législatif, populaire et démocratique.
    Les hommes politiques visibles – président, ministres ou parlementaires – ne sont pas les décideurs en dernier ressort, ce qu’a très bien compris, manifestement, le plus grand parti de France : celui des abstentionnistes.
    Et si les projets – que soutient Emmanuel Macron évidemment – de suppression de la règle de l’unanimité dans le fonctionnement européen, voient le jour, la souveraineté nationale sera définitivement enterrée au sein de la zone euro.

    Il faut donc replacer l’incontestable victoire électorale du RN, dans ce contexte frustrant. De nos jours, le pouvoir est moins à prendre qu’à reforger, en redonnant du pouvoir au pouvoir, en investissant de nouveaux lieux de pouvoir, justement.

    Espérons que les députés du RN auront compris l’enjeu et sauront agir en ce sens.

    Le Système a perdu une bataille, mais pas la guerre

    Il ne faut pas bouder son plaisir pour autant : en juin 2022, le Système a bien perdu une bataille politique en France, et le nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron, commence bien mal.

    Mais la guerre qui oppose le bloc élitaire – l’oligarchie qui a pris le pouvoir en Europe avec ses idiots utiles – au bloc populaire – qui ne veut pas être remplacé ni réduit à la mendicité – ne s’achève pas pour autant.
    Elle ne fait que commencer.

    Michel Geoffroy (Polémia, 23 juin 2022)

     

    Note :

    [1] A l’exception d’un certain Jean Marie Le Pen…..

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  • Guerre en Ukraine : la fin d’un monde ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 7 mai 2022 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Philippe Murer, pour évoquer les répercussions économiques de la guerre en Ukraine sur l'Europe et sur la France...

    Économiste, Philippe Murer est spécialiste des questions liées à la souveraineté économique, à l'environnement et à l'énergie. Il a récemment publié Sortir du capitalisme du désastre (Jean-Cyrille Godefroy, 2021).

     

                                              

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  • Une élection, et après ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman, cueilli sur son blog A moy que chault ! et consacré au résultat des élections...

    Animateur du site Paris Vox, rédacteur en chef de la revue Livr'arbitres et collaborateur de la revue Éléments, Xavier Eman est l'auteur de deux recueils de chroniques intitulés Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016 et la Nouvelle Librairie, 2019), d'un polar, Terminus pour le Hussard (Auda Isarn, 2019) et, dernièrement, d'Hécatombe - Pensées éparses pour un monde en miettes (La Nouvelle Librairie, 2021).

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    Une élection, et après ?

    Ce n'est qu'une élection. Le résultat fait un peu mal au cul, certes, car on pouvait raisonnablement penser que le fait d'enfermer, de tabasser et de vacciner de force son peuple pour finir par lui promettre la retraite à 90 ans n'était pas forcément un super bilan ni un top programme pour être réélu triomphalement... Mais soit. 58 % des gens sont satisfaits de la France telle qu'elle est et du monde tel qu'il va. Dont acte. Nous n'étions pas non plus très convaincus par l'alternative proposée, qui ne représentait finalement que quelque chose entre une infime possibilité de rupture et un hypothétique moindre mal.

    Rien de bon ni de bien, dans notre histoire, n'est jamais sorti, pour notre culture et notre civilisation, de ces urnes déifiées par le système que nous voulons justement abattre. N'en soyons donc ni surpris ni accablés. A l'aigreur, au dépit et au découragement qui nous tendent les bras, répondons par un surcroît d'engagement, de vigueur, d'enthousiasme, par une explosion d'activisme, par un débordement d'amour. Car si leur monde de calculateurs, de boutiquiers, de bourgeois, de déracinés, de cyniques, de matérialistes, de profiteurs, de séniles, de corrompus, de prébendiers, de pleutres et de robots se renforce, le nôtre n'en devient que plus impérieux et urgent. Nos rires, nos feux de camp, nos poèmes et nos chansons face à leurs bilans comptables et leurs rapports d'experts. La vie contre la survie, l'idéal contre l'inexorable. Non pas que sous soyons meilleurs, plus brillants ou intelligents que quiconque, mais simplement vivants et conscients que ce court espace de temps qui nous est accordé sur cette terre n'a de sens et de valeur que s'il est mis au service d'objectifs qui nous dépassent, qui nous transcendent, de la mémoire de nos aïeux à l'avenir de nos enfants en passant par la grandeur de notre culture et la sauvegarde de notre identité. Ils se servent, nous sommes des serviteurs. De nos pères, de nos morts, de nos héros, de nos promesses, de nos rêves... Demain comme hier, le combat n'est pas un choix. Soyons meilleurs, plus travailleurs, plus courageux, plus radicaux, plus cohérents, plus formés, plus efficaces, plus empathiques, plus généreux... De toute façon, il n'y a pas d'alternative. Rejoindre leur monde c'est dépérir, et nos cœurs comme nos âmes n'ont pas fini de hurler, même au cœur des plus sombres souffrances, leur violente et indomptée passion pour la vie.

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  • Macron, le triomphe de l'impolitique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue cueilli sur le site d'Idiocratie et consacré à Emmanuel Macron comme agent d'une opération de marketing politique destinée à faire perdurer un système à bout de souffle en neutralisant par avance tout jugement critique.

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    Macron, le triomphe de l'impolitique

    Quelques mois après les élections présidentielles de 2017, Harold Bernat se fendait  d'un délicieux petit essai à la tonalité vive et au fond roboratif : Le néant et le politique. Critique de l’avènement Macron. En 2022, rien n'a vraiment changé sinon que le contenu de l'essai apparaît encore plus révélateur au vu de l'entrée en campagne du président. Certes, les circonstances exceptionnelles s'y prêtent mais, tout de même, le néant politique qui s'ouvre devant nous ne doit pas tout à la conjoncture; au contraire, il a été entretenu par la technostructure gouvernementale et par la majesté présidentialiste pour que l'action politique ne soit évaluée qu'à l'aune de sa faisabilité et de son efficacité. Bref, l'on vend du programme d'action publique comme des marchandises consommables, et ceux qui s'écartent de cette raison ratiocinante sont aussitôt taxés de complotistes, extrémistes, incultes, inconscients, etc. Le réel, et rien que le réel mis en narration par les classes dirigeantes politico-médiatiques. Aussi, le président peut-il se présenter devant les Français sans se plier à un quelconque débat d'idées ni même soumettre ne serait-ce que le début d'un programme d'action - on n'ose plus parler de vision du monde ou même de perspective de long terme. Il ne s'agit pas d'un braquage électorale ou d'un déni de démocratie, non, tout simplement d'un évidement de la politique réduite à sa portion congrue : la forme, le contenant, le paquet, le ruban. Circulez il n'y a rien à voir.

    C'est pourquoi il nous semble utile de revenir à l'ouvrage de Bernat qui, il y a cinq ans, avait déjà tout dit. Placé sous le patronage de Jean Baudrillard, Guy Debord et Michel Clouscard, l'auteur commence par rappeler que la personnalité de Macron – qui a tant fait gloser les commentateurs ! – n’a tout simplement aucun intérêt dans la mesure où elle n’est que la révélatrice d’un processus beaucoup plus profond : l’effacement du politique. En cela, Macron est bien un simulacre qui permet de représenter un réel qui n’existe plus. L’énorme batelage médiatique qui a accompagné son ascension n’avait d’autre but que de donner chair à ce produit préfabriqué : le montrer, le raconter, le soupeser, bref, le rendre réel puis incontournable.

    Rappelons que la simulation est une liquidation par redoublement de la réalité par les signes de la réalité. Une fois installée dans les représentations, la simulation comme copie de la réalité disparaît au profit d’une nouvelle réalité qui ne repose plus sur rien, c’est le simulacre. D’où la fameuse phrase de Baudrillard : « Le simulacre n’est jamais ce qui cache la vérité – c’est la vérité qui cache qu’il n’y en a pas. Le simulacre est vrai ». Avec Macron, la scène du politique s’est déplacée dans un autre espace, celui de la simulation, avec pour fin dernière de liquider le politique en tant qu’espace de conflictualités. Concrètement, cela passe par la réduction du langage au code et du discours à la communication. Ainsi, Macron a pu tout dire et son contraire sans que cela n’apparaisse comme contradictoire ; son message informe, malléable, épouse les standards de la publicité politique : « se retrouver ensemble », « dépasser les clivages du passé », « projet d’avenir », etc. A cela s’ajoute une volonté de lisser toutes les oppositions afin d’apparaître comme un émetteur neutre, pragmatique et toujours positif – un émetteur dépolitisé. Dans ce contexte, tous ceux qui portent une parole contestataire ou simplement critique sont de suite rabattus au rang d’extrémistes irresponsables. Alain Deneault parle à ce propos de « neutralisation par le centre » que l’on peut considérer comme une version sophistiquée du reductio ad hitlerum

    Cette bouillie idéologique a également pour fonction de substituer l’image à la parole et de faire advenir ainsi une société du spectacle politique. Selon ce schéma, Macron ne doit pas être envisagé comme le « candidat des médias » comme feignent de le croire les journalistes qui se veulent insoumis (Aude Lancelin, Edwy Plenel, etc.) mais comme un candidat calibré pour les médias, suscitant les commentaires, les « unes », les fantasmes. « Macron n’est pas vide. Il jouit du vide qui le fait être (…). Il se nourrit de l’idiotie médiatique qu’il flatte et dont il est le candidat par excellence » écrit Harold Bernat. Il est moins une figure charismatique qu’un agent chromatique qui reflète les lumières artificielles de la société virtualisée.

    Dans cette configuration, l’auteur souligne que les citoyens-consommateurs ne sont pas exempts de toute responsabilité. Non seulement ils jouissent du spectacle offert mais se croient volontiers au-dessus du lot en développant une indifférence amusée voire un cynisme de bon aloi. En vérité, la rationalité du jugement critique disparaît derrière l’évidence indiscutable de l’opérationnalité : Macron est devenu un désir fétichisé sur lequel chaque citoyen peut transférer son besoin de positivité, d’optimisme, d’empathie. Ainsi, le progressisme – dont la faillite est quasi-totale – réussit l’incroyable tour de force de se présenter comme la seule vision acceptable de l’avenir. 

    Enfin, il faut ajouter au dispositif pour qu’il soit complet les recettes de la gestion managériale appliquée à la manipulation des affects. Quand la parole se réduit au slogan, les images à la mise en scène du spectacle et la politique à la neutralité bienveillante, la fabrication du consentement peut s’appuyer sur « une foule d’hommes semblables et égaux, qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils emplissent leur âme » (Tocqueville). Dès lors, les structures du pouvoir se confondent avec les structures de la subjectivité moyenne pour donner naissance à une sorte de despotisme mou qui gère davantage les émotions de la multitude qu’il ne met en discussion les opinions individuelles.

    Au final, le but de cette gigantesque opération de marketing politique est naturellement de faire perdurer un système à bout de souffle en neutralisant par avance, comme on l’a vu précédemment, tout jugement critique. Il en résulte un effacement progressif du politique compris comme le lieu de la discussion et donc de l’opposition au profit d’un « esthétisme global, cool et instantané ». De la même façon, le sens de la communauté voire la simple espérance d’une destinée collective sont relégués au rang des vieilles antiquités quand ils ne sont pas vus comme le substrat d’idéologies nauséabondes. Désormais, dans cette société impolitique, il appartient à chacun de faire de son existence une petite entreprise prospère avec l’espoir un jour d’intégrer le camp des vainqueurs, celui de la start-up nation. 

    Des Idiots (Idiocratie, 13 mars 2022)

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  • La tyrannie juridique du politiquement correct...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bruno Mégret cueilli sur Polémia et consacré à l'état de droit comme outil permettant au système de maintenir son emprise sur la société.

    Ancien haut-fonctionnaire, numéro 2 et organisateur du Front national dans les années 90, puis fondateur du Mouvement national républicain, Bruno Mégret est retiré de la politique depuis 2008 et a publié en 2016 un roman de politique-fiction intitulé Le temps du phénix.

     

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    L’État de droit ou la tyrannie juridique du politiquement correct

    Depuis quelques années, l’État de droit est devenu la nouvelle formule magique des apôtres du politiquement correct. Une formule qui revient de façon récurrente dans le discours de tous ceux qui défendent le statut quo. Après les droits de l’homme, après les valeurs de la République, l’État de droit est aujourd’hui le principal outil du Système pour maintenir son emprise idéologique sur la société et sur la nation.

    L’État de droit, un montage idéologique pernicieux

    Le dispositif est monté de façon particulièrement pernicieuse car, au premier abord, l’État de droit renvoie à l’idée qu’il faut à notre pays un cadre constitutionnel et législatif pour régir la vie nationale. Or qui aujourd’hui pourrait s’opposer à cette exigence et prôner l’arbitraire et le bon plaisir des puissants ? La formule de l’État de droit est donc censée s’imposer comme une évidence démocratique incontestable. Mais derrière cette première lecture, l’État de droit renvoie à un autre concept bien différent : celui selon lequel l’État doit être soumis au droit. Ce qui signifie que l’État, en l’occurrence la nation et donc le peuple, doivent être subordonnés aux juges qui disent et incarnent le droit.

    Le Conseil constitutionnel contre la souveraineté du peuple

    Or ce concept est déjà mis en application dans notre pays par le Conseil constitutionnel qui s’est arrogé le pouvoir de censurer les lois pourtant votées par les représentants du peuple souverain. Pour écarter les textes jugés non conformes, ce dernier n’hésite plus en effet à prendre des décisions d’opportunité aux fondements juridiques parfois plus qu’incertains. De plus, au-delà de cette instance suprême qui contrôle le législateur, le dispositif de l’État de droit  se trouve encore renforcé par l’influence grandissante du Conseil d’État et des juridictions administratives qui, n’hésitant plus à juger en opportunité des actes du gouvernement et de ses représentants, brident, eux aussi, l’action de l’exécutif.

    Le gouvernement des juges, une tyrannie juridique

    Ainsi a été mis en place un dispositif juridique qui limite le champ d’action des gouvernants comme des législateurs. Et, bien sûr, ce dispositif juridique, entièrement habité par l’idéologie politiquement correcte, s’oppose à tous les textes législatifs et réglementaires qui ne sont pas politiquement corrects. En d’autres termes, l’État de droit implique que le peuple n’est plus pleinement souverain ni totalement libre de ses choix et de son destin mais qu’il doit être enfermé dans un cadre juridique infranchissable fixé et défendu par le pouvoir judiciaire. Un pouvoir qui place ainsi sous sa tutelle le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. L’État de droit, c’est le gouvernement des juges et leur tyrannie juridique.

    Dénoncer l’État de droit pour rendre le pouvoir au peuple

    Il n’est donc pas étonnant que les Français aient l’impression que leur vote ne sert à rien. Quel que soit leur choix, les élus qu’ils désignent sont aujourd’hui condamnés à rester dans l’enclos délimité par l’État de droit.  Aussi est-il essentiel de dénoncer cette imposture et de libérer le politique de cette contrainte paralysante qui prive le peuple de son pouvoir. L’État de droit est un concept qui n’a en réalité aucune légitimité. Il n’existe que sous un vocable inconnu il y a encore quelques années et qu’on ne trouve d’ailleurs ni dans le texte de la constitution ni dans  aucune loi.

    Réformer le Conseil constitutionnel pour rétablir la démocratie

    Pour rétablir la démocratie, rendre sa puissance au politique et se donner les moyens de relever les défis migratoires et civilisationnels qui menacent la France, il est donc essentiel de réformer les institutions  qui concourent aujourd’hui à cette tyrannie juridique, à commencer par le Conseil constitutionnel qui doit perdre son pouvoir de censurer les lois.

    La question de l’État de droit devrait être au cœur des débats de la présidentielle. Il est dramatique que ce ne soit pas le cas.

    Bruno Mégret (Polémia, 28 janvier 2022)

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  • L'élection présidentielle, les maires et les cinq cents signatures...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Lévine, cueilli sur le site de la revue Eléments et consacré à la protection que constitue pour le système la quête de cinq cents parrainages d'élus locaux pour les candidats à l'élection présidentielle.

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    Éric Zemmour et les cinq cents

    Ça ne leur suffit pas que des millions de voix ne soient pas représentées dans les chambres et les assemblées, encore faut-il que les candidats putatifs de ce peuple bafoué ne puissent pas se présenter à l’élection présidentielle faute de signatures. C’est le risque qui pesait hier sur la candidature Le Pen, aujourd’hui sur celle de Zemmour. Ces 500 signatures, c’est le pass vaccinal de la République, celui qui ouvre les portes et les referme. La démocratie est morte, vive l’oligarchie !

    Vous vous souvenez du Grand débat ? Alors que la magistrature et les antifas, alliés comme jamais, réduisaient les Gilets jaunes sous les applaudissements des gardiens de la démocratie, des vigies de l’humanisme – je parle bien sûr des journalistes, mais tout le monde aura deviné qui étaient ces héros des temps modernes –, Macron, avec la cape de premier de la classe qu’il porte depuis la première échographie de sa mère, se lançait dans une tournée des salles des fêtes, invitant les maires à venir le questionner afin de sortir de la « crise ». J’ai longuement regardé. C’était dingue. Les journalistes politiques n’en pouvaient plus, ils étaient excités comme un soir de partouze. Ohlala ! qu’il était beau, qu’il était intelligent, comme il tombait bien la veste, comme il était bien peigné, comme il avait – c’est vrai – réponse à tout, Macron ! Au moment où une majorité de Français, selon tous les sondages, continuait de soutenir le mouvement des Gilets jaunes malgré les tombereaux de merde que la plupart des commentateurs jetaient sur ces derniers et les manipulations de toutes sortes dont ils étaient l’objet, ces élus, eux, manifestaient une servilité totale.

    Le Kennedy d’Amiens

    Il est vrai que l’Élysée sélectionnait les élus en question. Les rares maires RN et LFI étaient écartés. Pour le fun et parce que, depuis fort longtemps, le PCF est révolutionnaire comme moi j’aime le RnB, on avait bien choppé deux ou trois vieux communistes à béret pour animer un tout petit peu un exercice qui, en fait, tenait plus de l’autofellation que du « débat ». Dotation, subvention, péréquation : de toute évidence, parmi tous les problèmes soulevés par cette « crise », les maires de France ne voyaient que celui de leurs ressources – donc de leur réélection. Alors que, durant quatre mois, les Gilets jaunes, en plus de très justes revendications sociales, avaient mis sur la table la représentation d’abord, l’immigration, la souveraineté, l’Europe ensuite, les maires, eux, se lamentaient parce que les travaux de la médiathèque Nelson-Mandela et de la piscine Salvador-Allende avaient pris du retard… La déconnection entre représentants nationaux et peuple était acquise – sauf aux yeux des oligarques, bien sûr. Grâce au grand one-man-show du Kennedy d’Amiens, ceux qui ignorent tout de la politique locale, comment elle se fait – entre Rotary et Grand Orient de France –, purent découvrir que les « élus de terrain », les « élus des territoires » (sic) représentaient finalement encore plus mal les citoyens français. Il y eut cinq cents questions posées à Macron, ai-je entendu. Sur cinq cents questions, il y en eut une seule, UNE SEULE sur l’immigration – il faut rendre hommage au maire de Montauban, Brigitte Barèges, qui seule osa et qui fut alors huée par les autres maires présents dans la salle – et qui fut, ensuite, lourdement punie pour cette audace.

    La grève des isoloirs

    La perpétuation du scrutin uninominal majoritaire à deux tours n’a qu’un objectif : exclure de la représentation ceux qui votent mal et, par là même, pourraient brider la marche du Progrès. Dans le peuple, le MODEM ne représente rien : il a pourtant plus de quarante députés. LFI et le RN en ont respectivement dix-sept et… six1. Soit, tous les mots sont aujourd’hui galvaudés ; Macron se dit patriote… Mais je ne vois pas bien comment quelqu’un qui se dit démocrate peut soutenir un système qui admet sans faiblesse qu’un pan considérable de l’électorat ne peut pas être représenté dans nos chambres. La proportionnelle produirait une instabilité ? Sans doute, mais s’il faut choisir entre la stabilité de nos institutions fantoches et la justice, je choisis tous les jours la seconde. Ce n’est évidemment pas le choix des macronistes, des libéraux en général ; êtres moralement très supérieurs, êtres de lumière qui, comme le Skippy des Inconnus, conduisent leurs semblables dans une totale liberté de pensées cosmiques vers un nouvel âge reminiscent, les libéraux se satisfont visiblement très bien d’un régime qui leur assure, de trahison en trahison, sans rien changer à leurs convictions – ce qui est plutôt facile quand on n’en a aucune sinon la volonté de faire carrière, voyez par exemple Gérald Darmanin –, de garder le pouvoir. Sans cesse plus importante, la grève des isoloirs, qui concerne pour l’essentiel les classes populaires, s’explique d’abord ainsi. Ceux qui, à commencer par les politiques, ont chialé après les dernières régionales à cause du minable taux de participation sont au mieux des gros crétins, au pire de gros Tartuffes.

    La quête des signatures

    Ainsi donc, la « démocratie locale » se porterait mieux, nous dit-on. Les dizaines de milliers de maires que notre pays compte seraient de meilleurs porte-parole des « petites gens ». À l’heure où j’écris ces mots, Éric Zemmour ne dispose pas des signatures nécessaires pour entrer officiellement dans la course à la présidence de la République française. Les sondages lui donnent entre 14 et 17 % au premier tour ; ce sont justement et surtout les « petites gens » qui le suivent ; il suffit de ne pas être macroniste, de connaître d’autres « travailleurs » que les nounous ivoiriennes et les Uber maghrébins des « métropoles connectées sur le monde » (sic) pour savoir combien l’homme est populaire dans le peuple. À chaque présidentielle, le RN galère pour trouver ces fameuses cinq cents signatures ; ses difficultés en la matière sont, hélas, un marronnier des campagnes élyséennes. Zemmour fait donc face au même problème, rendu quasi insoluble depuis que François Hollande, entre deux humiliations des Françaises-et-des-Français – ô, Leonarda ! ô, Mistral ! –, a décidé que lesdites signatures seraient rendues publiques. Quel pouvait être le but de cette décision – que personne ne réclamait – sinon de compliquer encore davantage la vie des vraies oppositions et de renforcer le bipartisme, de nous empêcher d’échapper à la légendaire « alternance » entre sociaux-démocrates et démocrates-sociaux, gauche libérale et droite libérale, mondialistes bourgeois et bourgeois mondialistes ?

    Vos papiers, candidat Zemmour !

    Si Éric Zemmour ne pouvait finalement pas se présenter à cette élection, il ne s’agirait pas d’un « déni de démocratie », expression que même une Valérie Pécresse peut éhontément employer. Il s’agirait de l’acte de décès officiel du peu qu’il reste de notre démocratie. Et bien sûr, passée la fausse indignation produite par la subséquente « polémique », on trouverait sans peine des zozos libéraux pour venir défendre, au nom de la « transparence », la porte claquée au nez de celui derrière qui tous les patriotes vraiment désireux de vaincre, de rendre enfin aux élites apatrides qui les méprisent, les moquent, les nazifient la monnaie de leur pièce se rangent aujourd’hui.

    Il en va de ces fichues signatures comme de l’incroyable pass vaccinal : dans l’incapacité d’interdire, le système entend bien « emmerder jusqu’au bout » ceux qui le défient. Cette logique nourrit une colère on ne peut plus légitime. Et c’est cette colère qui est la plus authentiquement démocratique.

    Nicolas Lévine (Site de la revue Éléments, 8 janvier 2022)

     

    Note :

    1. Si l’absence de l’extrême gauche dans les chambres est scandaleuse, elle l’est moins que celle de l’extrême droite dans la mesure où la première est hégémonique dans le champ culturel même si, comme le dit justement Mathieu Bock-Côté, la gauche est tellement habituée à dominer intellectuellement depuis l’après-guerre – et en fait depuis 1789 – qu’il lui suffit d’être contestée pour se sentir assiégée.

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